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COBRA SPELL (heavy metal), 666 (01/12/2023)

Le 30/11/2023

Avec un talent long comme les cheveux de Roxy Herrera, Cobra Spell impose donc un album de heavy efficace jusque dans son moindre détail.
Par Ahasverus

C'est avec le groupe Kiss que Sonia Anubis découvre le Metal à l'âge de quatorze ans. Sonia commence alors son parcours de musicienne autodidacte. Inspirée par Gene Simmons, elle jette son dévolu sur la basse et elle oeuvre au sein de diverses formations métalliques. Elle tient son premier poste de guitariste en 2017 au sein de Jackal, puis rejoint les Suissesses de Burning Witches de 2018 à 2020, ainsi que le groupe de death metal brésilien Crypta de 2019 à 2022. Si elle sait aussi jouer du synthétiseur, c'est à la guitare lead qu'elle établit sa réputation.
Parallèlement, en 2019, notre jeune Hollandaise (elle n'a que vingt-et-un ans) fonde son propre groupe. Il s'appelle Cobra Spell. Officiant dans un registre heavy 80's (on parle aussi de sleaze rock), Cobra Spell enregistre deux EP très respectables. « Love Venom » est réalisé en 2020, avec Sonia Anubis et Sebastian Silva aux guitares, Alexx Panza au chant, Angelina Vehera à la basse et Mike Verhof à la batterie. « Anthems Of The Night » suit en 2022. Sonia est à la guitare lead, Esmée van Sinderen à la guitare rythmique, Alexx Panza encore au chant, Angelina Vehera toujours à la basse, et le Français Léonard Cakolli (Adam Bomb) à la batterie. Sonia signe la musique et les arrangements, ainsi qu'une partie des textes et de la production de cet EP.
Cobra spell epL'année 2022 est le théâtre de changement radicaux : Sonia quitte Crypta (elle restera en bons termes avec ses partenaires brésiliennes qu'elle n'hésite pas à applaudir lors de leurs concerts européens) pour se concentrer sur Cobra Spell qui connaît de gros remaniements de line-up. Fin 2022 sort le single « Flaming Heart ». Il voit l'arrivée de l'Espagnole Kristina Vega (Born In Exile)  au chant et de la Brésilienne Noelle dos Anjos (Nungara) à la guitare rythmique, tandis que la batterie est créditée au nom mystérieux de Jess et qu'Angelina Vehera  a conservé son poste de bassiste.
Le line-up enfin stabilisé est dévoilé courant 2023. Il est désormais 100% féminin avec, autour de Sonia à la guitare lead, Noelle dos Anjos à la guitare rythmique, Kristine Vega au chant, l'Espagnole Hale Naphtha (Tales Of Arken) à la batterie et la Vénézuélienne Roxy Herrera à la basse. (Photographie : Raquel Garcia)
Cobra spelle par raquel garciaA part Sonia Anubis, il ne reste dans Cobra Spell aucun des membres ayant participé à l'enregistrement des deux EP. C'est donc un tout nouveau line-up qui présente « 666 », le premier long format de la carrière de Cobra Spell, dans un artwork signé Isabella Stabile. 
Enregistré aux  Comeback Studios (en Espagne, ou Sonia a passé la plus grande partie de son enfance), « 666 » a été mixé par Jens Bogren et masterisé par Tony Lindgren aux Fascination Street Studios (Arch Enemy, Kreator, Dimmu Borgir).
La sortie de l'album a été précédée de trois single-clips, avec en premier choix le titre « S.E.X.», première chanson de l'album. Noelle dos Anjos (guitare) expliquait la genèse de ce clip : 
« Ce tournage vidéo a été le plus complexe et le plus long de tous car il comportait plusieurs scènes à filmer dans plusieurs endroits. Pour chaque membre du groupe, nous avions prévu des scènes représentant différents aspects du sexe et de la sensualité. L'idée initiale était que Kris se réveille entourée de filles puis traverse un couloir, regardant à l'intérieur de différentes pièces où elle nous verrait. Chacune dentre nous a eu l'occasion d'apporter sa propre pierre à l'édifice. Pour ma scène, je me suis inspirée du polémique Like a Virgin de Madonna. Ce morceau a notoirement provoqué beaucoup de buzz à l'époque. Une femme qui chante suggestivement à propos du sexe avant le mariage n'était rien de moins qu'une hérésie. J'ai choisi de jouer sur ma belle Fury, une Schecter Hellraiser rouge qui m'a été offerte par l'un de nos amis. Les détails de l'ormeau et la couleur rouge s'adaptent parfaitement à l'esthétique vidéo ! C'était le clip vidéo le plus excitant auquel j'ai eu le plaisir de participer jusqu'à présent. De la planification à l'exécution, je me suis bien amusée ! »

Ce premier clip  était suivi par le très heavy « The Devil Inside Of Me », avec ses guitares rythmiques qui tricotent. Sonia Anubis confiait à propos des lyrics : « The Devil Inside of Me raconte comment une fille laisse de côté sa vie opprimée par son éducation religieuse. Elle décide de suivre son propre chemin en faisant ce qui la rend vraiment heureuse, ce qui se traduit par des tensions peu communes dans les milieux religieux. Sa famille la considère comme troublée et perdue – alors qu’en réalité, elle vit simplement sa vie librement, comme elle est censée le faire. Sa vie lui appartient. Sa famille s'éloigne d'elle en raison de ses choix. Vivre libre a parfois un coût extrêmement élevé. »

Enfin, juste avant le coup de gong, Cobra Spell revenait avec « Warrior From Hell » et son mid-tempo martelé. Un morceau à propos duquel le groupe commentait : 
« Cette chanson est un véritable banger rock’n’roll ! Elle convient aux âmes les plus sauvages, aux esprits indomptés. C'est une manifestation de l'individualité et de la rébellion. Entrez en contact avec votre alter ego maléfique et libérez ce guerrier de l'enfer ! »

De ce premier long format, Cobra Spell expliquait qu'il le concevait comme « un album qui définit les conventions et se rebelle contre les limites qui nous sont imposées à nous, les femmes. C'est un voyage sonore qui embrasse le chiffre du diable comme symbole d'autonomie personnelle et de liberté. 666 n'est pas seulement de la musique ; c'est un acte de rébellion contre l'inégalité des sexes, un cri pour la liberté d'expression et un combat pour déstigmatiser l'expression sexuelle des femmes. Rejoignez-nous dans cette quête sans concession de l'égalité et de l'autonomisation. »
Surfant musicalement sur un large registre heavy 80's, Cobra Spell assemble dans un opus homogène dix morceaux qui ne se ressemblent pas. De l'intime « Fly Away » au heavy « Love Crime », du groovy « Bad Girl Crew » au  nerveux « High On Love », usant parfois d'un riff qui nous rappelle que Sonia Anubis a biberonné en écoutant Gene Simmons (« Satan Is A Woman »), sortant des claviers et un saxophone qui nous évoquent le bon temps d'un Foreigner « 4 » (« Love=Love »), ou s'imposant en version girls gang des Twisted Sister (« You're a Cheater »), tout est fait avec le plus grand talent. 
Par ses choix judicieux, la production permet d'apprécier au mieux le magnifique travail des orchestrations, des backing vocals purement savoureux (« Love Crime », « Satan Is A Woman », « Love=Love »), sachant parfaitement souligner le claquement de la basse ou le toucher de cymbales.
Enfin, on goûte ces guitares lead pleines de mélodie et de richesse, évoluant souvent en twins, tandis que l'épaisseur vocale de Kris Vega, particulièrement éclatante sur cet album, trouve dans les compositions un écrin à sa mesure.
Avec un talent long comme les cheveux de Roxy Herrera, Cobra Spell impose donc un album efficace jusque dans son moindre détail et passe avec aisance la barre du long format.
Habituée aux paris risqués (elle a quand même quitté coup sur coup deux formations en plein essor !) Sonia Anubis a fait les bons choix une fois de plus, marquant l'année 2023 d'un album de heavy particulièrement abouti. Ce disque est à écouter impérativement.

« 666 » sera disponible dans les formats suivants via Napalm Records :
> CD digisleeve
> Lot : CD digisleeve + t-shirt
> Vinyle rouge
> Vinyle noir
> Format digital
Cobra spell coffret

NI (rock in opposition), Fol Naïs (01/12/2023)

Le 29/11/2023

Ni sait mettre de la mélodie où l'on n'imagine pas  qu'elle puisse pousser !
Par Ahasverus.

Après le superbe « Pantophobie » qui déclinait en neuf pistes quelques peurs irraisonnées dans un album qui tenait autant de l'avant-garde que de Devin Townsend ou de Dream Theater, Ni revient secouer le cocotier du rock français avec un troisième album intitulé « Fol Naïs ».
Cover ni fol nai sFol naïs, c'est le bouffon, et plus précisément, puisqu'il en existe deux sortes, le bouffon naturel, celui dont la folie pouvait distraire le roi, mais dont il convenait de ne pas se moquer.
Comme il donnait à chaque piste de son précédent album le nom d'une phobie, Ni conceptualise à nouveau son propos en baptisant chacune des pistes de Fol Naïs du nom d'un bouffon ayant marqué l'histoire ou notre culture, tels Dagonet, bouffon du roi Arthur, Brusquet et Triboulet, qui servirent François Ier, ou Catherine, dite Cathelot, qui fut à la cour de Marguerite de Savoie... 

Fol Naïs, un terme qui peut parfaitement s'appliquer par extension à Ni dont la musique n'emprunte pas les voies communes. 
Après le sombre « Pantophobie », le groupe de Bourg-en-Bresse souhaitait renouer avec des rythmes plus rapides. Le résultat n'en est pas léger pour autant. Ni a surtout voulu ne pas répéter le même album, mais il n'a pas changé sa nature profonde. 
Continuant ses explorations, il évolue en terrain accidenté, gardant la maîtrise et brossant ses pièces sous les secousses. Monté sur une structure métallique, chaos et anarchie ne sont qu'apparence dans la musique de Ni, car tout est contrôlé, même s'il arrive à l'hypnotique « Chicot » de mettre les doigts dans la prise. « Rigoletto » vous saisit par son tempo et vous happe dans ses tourbillons hurlants sans cependant vous perdre. Car tout avant-gardiste qu'il soit, Ni sait mettre de la mélodie où l'on n'imagine pas  qu'elle puisse pousser ! Et des titres comme « Berdic », « Rigoletto » ou  « Triboulet » deviennent d'accessibles passeports pour l'avant garde.
Ainsi Ni propose à nouveau un album remarquable et profondément séduisant, un animal sauvage et nerveux qui peut se cabrer à la moindre note et qu'il vous appartiendra d'apprivoiser. Jouant des figures de style comme il a joué avec nos sens, il conclut son opus en épanadiplose, reprenant en conclusion la figure musicale qui ouvrait son album.
« Fol Naïs  » a été enregistré au Hacienda Studio par Stéphane Piot. Il a été mixé et masterisé par R3myboy.
« Fol Naïs  » est une sortie Dur & Doux. Il est disponible le 01/12/2023.

BLOODORN signe chez Reaper Entertainment

Le 27/11/2023

Des membres de Sirenia, Freedom Call, et Silent Winter réunis dans un projet de power metal mélodique.


Le label allemand Reaper Entertainment a annoncé la signature de Bloodorn, un groupe composé de Niels Courbaron et Michael Brush de Sirenia, de Franco Saverio Ferraro de Freedom Call, et de Mike Livas, chanteur de Silent Winter.
BloodornInfluencé par des groupes tels que Gamma Ray, Angra et Beast in Black, Bloodorn puise également dans certains éléments de la scène metal extrême, avec une musique très rapide et technique, parfois même brutale, mais également très mélodique et entraînante. L'annonce nous apprend également que le nom de Bloodorn est un jeu de mot tiré du mot anglais blood et de Blôdörn, une mise à mort norroise qui consistait à ouvrir le dos d'une personne pour en sortir les poumons et les déposer sur les épaules comme des ailes (on traduit Blôdörn par Aigle de sang).
Sur la genèse du groupe, le guitariste Nils Courbaron commente : « Pendant la première vague de la pandémie, j'ai senti que c'était le bon moment pour moi de créer mon propre groupe. Je voulais faire quelque chose de mélodique, rapide, accrocheur et aussi brutal ! Bloodorn est né et est devenu ma priorité. Je cherchais le bon label pour sortir notre premier album et je suis ravi de travailler avec Reaper. Je suis très heureux de travailler avec une si bonne équipe et je suis sûr que nous créerons quelque chose de formidable en travaillant ensemble ! » De son côté, Flori, de Reaper Entertainment, ajoute : Quand Nils m'a fait jouer l'album, j'ai tout de suite été enthousiasmé. Du power metal à grande vitesse, entrecoupé de parties modernes et brutales. Je n'avais jamais rien entendu de tel auparavant et j'ai tout de suite su que nous devions le sortir via Reaper.  »
On attend la suite avec impatience...

VIVA LA WOLFE (grunge), Prosperity (24/11/2023)

Le 27/11/2023

Entre Black Sabbath et Alice In Chains, Viva La Wolfe ne manque ni d'inspiration ni de souffle pour restituer ses racines.
Par Ahasverus

On n'a pas réussi à gratter grand chose sur ce Viva La Wolfe, peu loquace sur son passé. On sait tout de même que la formation est originaire d'Esbjerg, une ville qui possède le port le plus important du Danemark sur la Mer du Nord, et que le quintette est en ordre de marche depuis au moins cinq ans puisqu'il sortait un single-clip bien abouti dès 2018.
En 2023 c'est avec un long format que Viva La Wolfe refait parler de lui via le label français M&O Music. L'album s'appelle « Prosperity ».

Viva la wolfe prosperity

C'est d'abord dans les champs que souhaite nous entraîner l'équipe danoise ; elle annonce sa rusticité, privilégiant le noir et blanc dans un premier single-clip.

Rusticité restera le maître-mot de cet opus de cinquante-trois minutes : rusticité dans le son, crade jusque dans les arabesques de la guitare de « Paralysis » ; rusticité dans les figures tutélaires que ne manquera pas de vous évoquer l'écoute des neuf morceaux.
C'est certainement le nom de Black Sabbath qui vous viendra à l'esprit, « Justice », « Breath Out », « Despot » ou « Leech » ayant une parenté avec les premiers albums du quatuor de Birmingham, mais ce sont encore plus les similitudes avec le Alice In Chains de Layne Staley qui vous frappera à l'écoute du titre « Long Gone », qui aurait parfaitement pu compléter la setlist de l'album « Jar Of Flies ».
Un possible rapprochement avec le son d'un Pearl Jam ne vous échappera certainement pas non plus sur des titres comme « In The Fields » et « Druid's Trail ».
Tanguant parfois sans jamais tomber, Viva La Wolfe n'en abat pas moins un grunge puissant (« LAX »), sans fioritures, désinvolte tout au long d'un premier album sombre. Pleinement maîtrisé, d'un caractère affirmé, « Prosperity » glisse nonchalamment comme un esquif fendant les eaux d'un marais saumâtre (« Justice »). Efficace et archaïque, il impose Viva La Wolfe, qui ne manque ni d'inspiration ni de souffle pour restituer ses racines. Une sortie intéressante, qui révèle un groupe au potentiel certain. Il pourrait trouver un public qui ferait bien de le suivre.

Viva la wolfe« Prosperity » est disponible depuis le 24/11/2023 chez M&0 Music.

VISIONS OF ATLANTIS (metal symphonique), Pirates Over Wacken (31/03/2023)

Le 26/11/2023

Un album live beau comme un soleil.
Par Ahasverus
Dans le cadre de la tournée européenne qui suivait la sortie de son album « Pirates », le groupe de métal symphonique Visions Of Atlantis jouait le 04/08/2022 au Wacken Open Air Festival. Les Italo-Autrichiens et leur chanteuse française en profitaient pour capturer leur prestation sur sillons et sortaient, le 31/03/2023 l'album live « Pirates Over Wacken ».
Visions of atlantis pirates over wacken 1

Comme son nom semblait l'indiquer, « Pirates Over Wacken » fait la part belle à la tracklist de « Pirates », un album suffisamment riche pour fournir sept titres prompts à enflammer le public chaleureux du festival allemand. Les quatre morceaux restants sont extraits des albums « The Deep And The Dark » (« Silent Mutiny ») et « Wanderers » (« Life Of Our Own », « A Journey To Remember » et « Heroes Of The Dawn ») sortis respectivement en 2018 et 2019.
Le groupe faisait le choix d'enregistrer l'intégralité du set qui voyait monter sur scène un orchestre à cordes, et les douze pistes de cet album long de cinquante-sept minutes nous emmènent de l'entrée en scène des de Visions Of Atlantis jusqu'à la photographie finale avec le public du Wacken, ne renonçant même pas au speech central de Clémentine.

Visions of Atlantis livrait les premiers extraits de l'album avec ce commentaire :
« Il y a quelque chose de purement magique à propos de Wacken. Peut-être est-ce la croyance collective selon laquelle il s'agit de la Terre Sainte du Heavy Metal. Peut-être que c'est tout simplement la Terre Sainte du Heavy Metal. Peut-être que cela projette une énergie spécifique autour des scènes et des champs de cette ville allemande spéciale. Nous n'avons pas manqué de ressentir cette magie, en criant le nom "WACKEN" à haute voix sur scène ou en regardant autour de nous et en voyant des milliers de personnes, en paix, aimant être là et partager cela ensemble. C’était encore une fois très spécial pour nous, même si ce n’était pas la première fois que nous jouions au Wacken. Nous avons été submergés par l'émotion à plusieurs reprises durant le spectacle. Il y avait tellement de choses que nous voulions dire. Nous nous sentions responsabilisés en tant qu’artistes et en tant qu'êtres humains. Le Wacken est un endroit où vous sentez que vous pouvez changer le monde. Regarder cette foule et lui parler ce jour-là était quelque chose que nous n'avions jamais vécu auparavant et nous nous en souviendrons pour toujours. Rien n'est éternel, sauf les souvenirs. Merci Wacken de nous avoir fait entrer dans ta légende. »
Il est vrai qu'on sent le groupe porté, et  les versions live, débordantes d'énergie, n'ont pas à pâlir de leurs cousins studio, soutenues par un public chaud comme la braise, régulièrement mis à contribution par une formation qui le tient dans sa main et qui vous fera regretter de n'avoir pas été dans l'assistance. Les morceaux gagnent en d'efficacité (« Clocks »), tandis que les voix de Clémentine Delauney et de son alter-ego italien Michele Guaitoli sont remarquables de complémentarité.
Réalisant le sans faute dans la setlist comme dans la prestation, Visions Of Atlantis était donc bien au rendez-vous du Wacken et il réalise un album live beau comme un soleil, assurément l'un des meilleurs de cette année 2023. Vous pourrez placer cet opus, qui nous rappelle à quel point cette énergie à haute dose avait pu nous manquer durant la pandémie, dans votre CDthèque tout à côté d'un classique tel que le « End Of An Era » de Nightwish, il ne dépareillera pas.

ETERNAL EVIL (heavy/thrash), The Gates Beyond Mortality (27/10/2023)

Le 26/11/2023

Préservant sa patine old school, « The Gates Beyond Mortality » permet aux Suédois de ne pas enferrer ce deuxième album dans la seule logique du « plus vite que moi tu meurs ».
Par Ahasverus
Eternal evil 2 photographie scott bradshaw 1Photographie : Scott Bradshaw


Après l'ébourriffant « The Warriors Awakening... Brings The Unholy Slaughter! » (2021) qui filait comme une caisse à savon le long d'une pente vertigineuse, Eternal Evil revient avec un deuxième album intitulé « The Gates Beyond Mortality » qui nous arrive via Listenable Records.
Eternal evilLe line-up de la formation suédoise se voit renouvelé pour moitié par une section rythmique toutes fraîche constituée par Niklas Saari (Atonement) à la basse et Adam Schmidt à la batterie . (Photographie Scott Bradshaw) 
Eternal evil 3 scott bradshawLe nouvel opus nous accueille avec quelques arpèges avant de s'élancer dans une course effrénée le temps d'un premier titre. Eternal Evil a cependant choisi pour ce second long format de se démarquer de son premier album en ralentissant sa cadence pour proposer un opus plus sombre, plus heavy, sans cependant écarter les structures thrash. 
Le rythme trouve donc une première rupture dès la troisième piste, celle qui donne son titre à l'album.

Alternant moments ravageurs, échappées thrash et riffs heavy, la nouvelle combinaison permet d'éviter cette linéarité qui pouvait frapper le néanmoins respectable « The Warriors Awakening... » sur le long terme.
Si des morceaux comme le savoureux « Signs of Ancient Sin », avec ses plans variés et ses rythmiques si bien martelées, partent en chasse d'un nouveau public, les dernières pistes de l'album rassureront les fans de la première heure qui retrouveront la recette initiale sauvegardée dans des morceaux comme « The Astral Below » ou plus encore dans l'incandescent « Immolation », qui envoie à nouveau la caisse à savon dévaler à tombeau ouvert les pentes sinueuses et infernales du thrash le plus speedé.

Préservant remarquablement sa patine old school, « The Gates Beyond Mortality » permet donc aux Suédois de ne pas s'enferrer dans la seule logique du « plus vite que moi tu meurs » qui l'aurait conduit à terme dans une impasse. Il présente un bon compromis heavy/thrash dont les  quarante-et-unes minutes particulièrement digestes regorgent de moments de haut niveau qui ne manqueront pas de vous donner dans la nuque ces fourmillements nécessaires à provoquer le processus de headbang libérateur que vous espérez à chaque sortie d'album.

Sortilège, Avaland, Tentation, Star Rider (Jas'Rod 18/11/23) - Le live-report

Le 24/11/2023

Par Dam'Aël

Sortilege jas rod

 

Préambule :

Oh combien nous courons dans le Sud et plus particulièrement dans le Sud-Est après les concerts proposés dans les salles locales et espérons un plus grand nombre de festivals dans notre région. J'en profite pour faire un petit clin d'œil au Tribal Roch Association pour son Tribal Festival (Peymeinade-06), et dans un périmètre plus élargi au Pyrenean Warriors Open Air (Torreilles - 66), au Festival de Nîmes (34), au Orange Metalic Festival (84) - liste non exhaustive - qui nous ont ravis cette année.

Sortilège, Avaland, Tentation, Star Rider @ MARSEILLE  - 18 novembre 2023

 La passion gère la vie de tous et c'est aussi le moteur princeps de vie de Sébastien Bailly, aux commandes de French Heavy Metal Connection et du South Troopers Festival (http://fhmc.fr/ - https://www.southtroopersfestival.fr/), le South Troopers Festival qu'on espère vivement revoir sur pieds bientôt.

En attendant Sébastien avait mis toute son âme et tous ses efforts dans cet évènement exceptionnel du 18 novembre au sein de la salle du Jas'Rod, réunissant en tête d'affiche Sortilège (Paris), soutenu par Avaland (Grenoble), Tentation (Perpignan-Torreilles) et Star Rider  (Grenoble). Quatre groupes très représentatifs de la scène hexagonale (les mathématiciens vont y perdre leur formule) de part la qualité de leurs prestations et leur capacité à nous surprendre : come-back explosif, découverte magistrale, compositions détonnantes, prestations enflammées et autres...

D'ailleurs le public ne s'y est pas trompé et savait pertinnement dès la présentation de l'affiche que cette soirée ne devait pas être ratée. Bingo! La salle du Jas'Rod est comble et la magie s'est opérée dès les entrées avec les rencontres de têtes connues, de têtes pas vues depuis longtemps, et de rencontres inopinées guidées par la passion et cet amour indéfectible de la musique. En somme une rencontre plus que conviviale et oh combien réussie!

La ponctualité est l'apanage des rois et surtout dans un timing très serré ; aussi 19h30 retentissant dans les airs, le premier groupe se tient prêt, excité comme une puce rien qu'à l'idée d'ouvrir pour sa majesté Sortilège.

STAR RIDER :

Star rider

Pas d'erreur !!! C'est Star Rider : le mitrailleur, le bombeur, le dépoussiéreur, l'embraseur. Bon, je ne vais pas vous citer tous les termes finissant par eur pour faire la rime (phonétique) et nommer les adjectifs qui qualifient ce quintet grenoblois, mais pétard (synonyme de p***in) quelle vandale dans la tête! Quartiers Nord n'aurait pas hésité à vociférer :"Bonne mère, ils nous ont envoyé l'aïoli dans la tronche"

Les gaillards dans les starting-blocks ont embrasé la scène dès l'amorce du set, dans une démonstration incontestable d'un savoir faire en live. Indéniablement ces "musicadou*" savent tenir une scène et mettre le feu sans attiser une longue attente dans le pit. Non, ça envoie direct. Le duel des deux guitares, l'une plus aigue que l'autre, arguant quelques shreds par-ci, par-là, confère une excellente complémentarité des 6 cordes supplées par une basse agressive et la rage du chanteur, tous bien décidés à défendre haut et fort la musique des Isérois.

Sacrée surprise! Star Rider a bluffé les 400 personnes présentes dans la salle, dépoussiérant jusqu'à l'usure les planches du Jas'Rod. 

Line-up :

    Kim Saxx - Vocals (ancien mbr de SWINE DIAMON et  EROTIC DISTRIXX dans un style sleeaze, glam rock.)
    Chainsaw Charly - Guitars
    Läther Deth - Guitars lead
    Alex Renegade - Bass
    Lizzy Kicks remplacé lors de ce concert, car blessé, par Gabe Thunderforge (batteur de Takedown)

La preuve en vidéo :

0. Présentation du runner du concert

1. Shoot to Kill
2. Give Me Speed (Or Give Me Death)
3. Burning Star
4. Rock Brigade (Def Leppard cover) 
5. Out of the Cave

6. Rock Muscle :

 

7. To Fast To Die :

Si vous avez besoin de démonteur de scène, vous avez le lien de STAR RIDER.

 

TENTATION :

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Elle était grande la Tentation quand on a su que les Perpignanais seraient de la partie. D'autant quand on est une festivalière régulière du Pyrenean Warriors Open Air... A l'instar du premier groupe, le quartet n'est pas venu pour enfiler des perles mais bien décidé à envoyer la pâtée et des envolées de fureur catalane. Force est de constater que les fans du groupe était bien présents, reprenant en un karaoké magistral les paroles des compositions de Tentation et préparant en quelque sorte les cordes vocales de chacun en prévision de la version Monumentale réservée à Sortilège. Un coup de chapeau à Laurent qui derrière ses fûts s'est déchaîné en bête enragée.

Line-up :

    Patrice 'Darquos' Rôhée Chant 
    Guillaume Dousse Guitare
    Guillaume 'Guix' Pastor Basse
    Laurent 'Lole' Metivier Batterie

La Tentation en vidéo :

Dans la setlist, 7 titres extraits de l'album Le Berceau des Dieux sorti le 24 septembre 2021, 2 titres tirés du dernier album Prémices dans les bacs depuis le 21 avril 2023 et un inédit

1. L'Enfant du Ghostal

2. Le Couvent

3. L'Exode

4. La Chute des Titans

5. L'Epreuve du Sang

6. Le Taureau d'Airin

7. Interlude 

8. Illusion

9. l'Enfant et le Dragon         Inédit

10. Heavy Metal 

Pour tout débroussaillage de scène, pensez à TENTATION.

 

AVALAND :

Avaland 1

Deuxième surprise de la soirée, la première étant STAR RIDER, Avaland est lui aussi originaire de Grenoble. Quel terreau cette région iséroise! Pour les personnes qui ne connaissent pas Avaland , la formation se résume ainsi : "AVALAND est un Opéra Métal Épique et Symphonique, écrit et composé par Adrien G. Gzagg , né en 1998 à Grenoble, inspiré par la fantasy, l'alchimie, les légendes et l'Histoire ". Gzagg a créé un album d'histoires épiques avec 8 personnages qui racontent l'histoire d'un jeune sorcier, Adam Wilstorm qui pourrait être le salut pour ramener la lumière au royaume d'Avaland et au cours de son voyage, il doit apprendre à contrôler ses pouvoirs liés à la tempête. Le projet se veut du pur Metal Opera et Power Metal.

Et pour cause la prestation scénique se veut très théâtrale avec la présence de deux chanteurs qui se donnent l'échange. On note aussi les costumes particuliers  en chemise à jabot que chacun des membres porte, signant une mise en scène parfaite. Les compositions sont évidemment très inspirées et pour ma part, je n'ai eu de cesse d'alterner mon regard et déplacer mes esgourdes entre la  formation complète et le bassiste à la 6 cordes (placé devant moi) dont le jeu m'a époustouflée. Au sein d'un même titre, Camille Souffron alterne son jeu avec ou sans médiator, ponctué d'accentuations efficaces qui donnent du corps à l'instrumental associées à différentes technique (slap...) de jeu qui lève le voile sur le talent évident de ce musicien. Quant aux guitares, une 8 cordes!!! Des blast beats du côté percussions! Les mecs ont l'apanage du Tech Death... hum hum, les bougres... La pépite à suivre absolument!

Indéniablement une très belle découverte où la synergie de groupe est une merveille d'alchimie artistique.

Line-up :

2016-     Adrien G. Gzagg - chant, claviers, Compositeur, Ecrivain, et Orchestrations (Eyezery, ex-Amon Sethis)
2018-     Camille Souffron - basse et contrebasse   - qui ce soir-là sortait d'une hospitalisation
2018-     Leo Mouchonnay - drums (ex-Nightmare (live)   - qui ce soir-là était malade
2018-     Lucas Martinez - guitars
2021-     Jeff Kanji - vocals (Seasons of Silence)

Du son et des images :

1. Theater Of Sorcery

2. Storyteller

3. To Be The King

4. Betrayers

5. Kingslayer

6. Holy Kingdom Of Fools

7. Madness Of The Wise

8. You'll Be The Legend

9. Crimson Tyranny

A la recherche d'un spectacle épique et talentueux," pourta avertànço*" aux Grenoblois et allez sonner à la porte d'AVALAND.

 

SORTILEGE :

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Je ne sais pas s'il existe des détracteurs de Sortilège qu'on imagine scander "Oh Blasphème, oh Sacrilège" reprochant le nouveau line-up de la formation parisienne...

Baissez vos armes Métalleux en colère car le quintet Sortilège 2.0 n'est pas un reliquat dégoulinant de la formation d'origine. Oh que nenni. Leur prestation au Hellfest 2022 avait déjà envoyé la couleur sur la seconde vie de la formation parisienne mais cette prestation au Jas'Rod a belle et bien confirmé la légitimité du groupe dorénavant composé par :

Christian Zouille Augustin chant compositions

Olivier Spitzer guitare rythmique chœurs compositions production

Bruno Ramos lead guitar compositions

Sébastien Bonnet basse chœurs

Clément Rouxel batterie

Tout était en place, complicité entre musiciens, syntonie, échange avec le public, joie visible d'être sur scène, envie de donner le meilleur aux 400 tatoués ou non présents dans la salle, énergie, reconnaissance de la part de Zouille franchement exprimée au micro. Je craignais une certaine déception, vite évincée par la claque que Zouille et ses acolytes nous ont mis dans la tronche! Les 90 minutes de show n'ont montré aucune défaillance : "parfèt*" s'égosillerait Pagnol s'il était encore là! Les quelques défauts présents à Clisson sur la Mainstage ont de toute évidence été revus et corrigés, laissant place à un véritable moment d'anthologie, un monumental karaoké suivi par une horde de fans à la mémoire intacte, un tsunami bénéfique à force d'acharnement mais aussi de talent. La voix de Zouille est bien présente et quand bien même il lui a fallu descendre d'un demi-ton, les notes sont envoyées avec une puissance qui décolle l'élastique de ton string (heu pas les strings des guitares! tu me suis? Hein?). Justesse, tenue et puissance sont bien l'apanage de Sire Christian AUGUSTIN. Bruno RAMOS n'a pas baissé d'un iota son jeu scénique, aux côtés des tout aussi excellents Olivier Spitzer,  Sébastien Bonnet et Clément Rouxel.  Quelle magie! Des étoiles dans les yeux, des notes salvatrices dans les oreilles, des micro-sillons dans les mains, le retour à la réalité de la vie en est moins difficile.

0. Intro
1. Amazone                                                                                          Sortilege 1983

2. Phoenix                                                                                            Phoenix 2021


3. Le Sacre du Sorcier                                                                         Apocalypso 2023
4. Chasse le Dragon                                                                             Larmes de héros 1986


5. Poséidon                                                                                          Apocalypso 2023


6. Marchand d'Hommes                                                                      Larmes de héros 1986
7. D'Ailleurs                                                                                        Métamorphose 1984
8. Quand un Aveugle Rêve                                                                 Larmes de héros 1986
9. Trahison                                                                                          Apocalypso 2023
Présentation de Kévin CODFER de MYRATH pour le titre :
10. Derrière les Portes de Babylone                                                  Apocalypso 2023


11. Vampire                                                                                       Apocalypso 2023
12. Toujours Plus Haut                                                                      Phoenix 2021
13. Civilisations Perdues                                                                   Phoenix 2021
14. Attila                                                                                            Apocalypso 2023
15.  La Parade des Centaures                                                            Apocalypso 2023
16. Messager                                                                                     Larmes de héros 1986
17. Sortilège                                                                                      Sortilege 1983

Et en cadeau, ce titre "Sortilège" capturé par French Heavy Metal Connection.

Pour tous les organisateurs de concerts qui ont les "ue d'espalancoun*" et savent "quiha leis auriho*", SORTILEGE est une valeur sûre.

Un grand merci et surtout un gigantesque bravo au maître de cérémonie Sébastien Bailly que nous encourageons dans la récidive de tels évènements, en parallèle de... ses talents de pâtissier. Que de telles passions créatives et emplies d'initiatives puissent durer et perdurer longtemps avec le soutien des fans et du public en général. Des concerts d'une telle couleur sont une source insoupçonnée d'endorphines, véritable trame d'une bonne santé, sans aucune ordonnance. Quant aux effets secondaires on les prend à bras la corps!

 

Les liens :

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http://https://www.starrider.fr/

https://www.facebook.com/tentationfrance

https://www.facebook.com/avaland.metal.opera

https://www.facebook.com/SortilegeWithZouille

 

Lexique provençal* :

musicadou : musiciens

pourta avertànço : porter attention

parfèt : parfait

ue d'espalancoun : yeux écarquillés

quiha leis auriho : dresser les oreilles

Lerka-Jo - Lerka la bouillonnante

Le 21/11/2023

« Les peuples slaves sont nés avec la musique, elle les accompagne dans tout ce qu'ils font. »
Lerka joEn mars 2023 sortait « Je suis Lerka-Jo », un EP au gros son prometteur qui nous interpellait, écartelé entre des textes graves et des chansons festives construites à gros riffs autour de la bouillonnante Lerka.
Nous avons eu envie d'en savoir plus sur l'opus et sur le projet. Lerka a répondu à nos questions.

Interview réalisée par Ahasverus par mail et par téléphone entre octobre et novembre 2023. 

Ahasverus : Bonjour Lerka. Pour commencer, d'où vient ce nom de Lerka-Jo ?
Lerka : Lerka c'est le nom qu'on me donnait quand j'étais enfant. Ca qualifie une personne qui fait des bêtises. Jo, c'est un nom que j'avais dans mon voisinage, un ajoût que j'ai trouvé sympa à utiliser quand j'avais douze ans. Cette sonorité américaine, je trouve que ça fait plus joli.

Ahasverus : Faute de mieux, j'ai qualifié votre musique de punk fusion. Ca vous correspond ?
Lerka : Et bien le destin, comme on dit, le mélange des cultures, d’expériences diverses, ont créé notre style qui fusionne tous les genres musicaux. L’esprit de subversion personnelle, en tous cas, y est !

Ahasverus : Quels sont les artistes qui vous ont influencés ?
Lerka :  Adolescente en Ukraine, des artistes comme Kuz’ma Skryabin, Valentin Strikalo, le groupe T.a.T.U, Noize MC, m’ont fait une belle compagnie,  je les écoute toujours d’ailleurs ! En ce moment je passe également beaucoup de Kanye West. Enfin, Oxxxymiron, le rappeur russe, m'inspire énormément. Je préfère le rap russe au rap US, je le trouve plus... intellectuel ! Les rappeurs russes glissent pourtant aussi beaucoup de gros mots dans leurs chansons, mais  les gros mots, en Russie, font partie inhérente de la langue !

« Je ne pensais pas pouvoir écouter de Metal jusqu'à ce qu'il me traîne à un concert de punk où je me suis dit « Cette énergie, c'est ça en fait ! C'est cette musique que je veux faire ! »

Ahasverus : Quel parcours vous a conduit à Lerka-Jo ? 
Lerka : J'ai toujours baigné dans la musique. J'ai toujours connu mon père jouant de la guitare. Il n'était pas une journée sans qu'il ne joue un ou deux morceaux. Ma mère chantait aussi... Les peuples slaves sont nés avec la musique, elle les accompagne dans tout ce qu'ils font. J'ai été sur scène toute petite, la première fois à cinq ans pour jouer le rôle d'un ange. Puis pour chanter dans une première chorale, puis pour suivre des cours de pianoforte durant sept ans  —  mes soeurs et moi on jouait toutes du piano... Je ne voulais pas y aller au départ. Je pleurais. Ma mère disait que ça me servirait. Elle avait raison...
J'ai aussi participé à des compétitions de chant en Crimée, mais je n'ai jamais gagné (Rire). Puis il y a eu des soirées de reprises de Queen au collège, des concerts organisés par la mairie… La scène a toujours fait partie de ma vie, en Ukraine, et je donnais des concerts régulièrement. J'ai fait le conservatoire . J'ai commencé le piano à six ans, et le chant aussi. J'ai commencé à chanter dans une chorale Le professeur aimait ma voix. Il m'a proposé de suivre des cours de chant, ce que j'ai fait pendant cinq ans tout en poursuivant mes études de piano, jusqu'en 2014. C'est cette année-là que j'ai quitté l'Ukraine... J'avais à peine quinze ans quand je suis arrivée en France. Je ne savais pas comment m'y prendre pour continuer ce que j'avais mis en place en Ukraine, et j'ai donc pris un peu de retard. Je n'ai rien fait musicalement pendant cinq ans, car j'avais d'autres priorités : aller à l'école, finir mes études, apprendre le Français... J'ai repris la musique à l'âge de dix-huit ou dix-neuf ans. Aujourd’hui je suis heureuse d’avoir lancé le projet Lerka-Jo, et j’espère le developper au maximum avec les meilleures intentions et toute ma volonté.
Lerka jo 1Ahasverus : Le 24/03/2023 vous sortez l'album « Je suis Lerka-Jo ». Comment avez-vous construit les huit morceaux qui le composent ?
Lerka : La construction a été assez fluide. Le processus de la création musicale est ma partie préférée : avoir des idées qui survolent incessamment, les rattraper et les rendre concrètes, c’est la plus belle des choses. J'ai travaillé sur cet album avec Thomas, et nous avons eu une cohésion musicale et créative qui a permis aux huit morceaux qui composent cet EP de sortir l'un après l’autre à la vitesse de la lumière ! Pour ma part, même si j'ai composé au piano dès l'âge de onze ou douze ans, j'ai toujours besoin d'un intervenant, et Thomas m'a beaucoup apporté. Il a eu la base et le talent nécessaires. J'ai l'oreille musicale et la pratique du solfège, mais je manque de connaissances technologiques pour mettre en place des chansons, et c'est surtout dans ce domaine que j'avais besoin de quelqu'un. Je ne pensais pas pouvoir écouter de Metal, jusqu'à ce q'on me traîne à un concert de punk où je me suis dit « Cette énergie, c'est ça en fait ! C'est cette musique que je veux faire ! » Ca m'a parlé directement ! Limb Bizkit, Rage Against The Machine, c'était l'univers de Thomas, mais c'est désormais aussi mes références. Musicalement, « Je Suis Lerka · Jo » reste donc principalement le fruit des influences de Thomas, mais j'ai pu rajouter des choses qui me plaisaient. 

Ahasverus : Votre album commence par « Champagne », un titre festif, avec un clip tourné au bord d'une piscine. Placer ce titre en ouverture était une évidence ?
Lerka : J’adore l’été, et pour bien représenter ma personnalité c’était la seule réalité…. Soleil, eau (pétillante !), bikini… Vivre d’amour et d'eau fraiche ou de « Champagne » frais, c'est mon tube de l'été sans hésitation !

Ahasverus : Le virage de l'album, la claque, même, arrive avec le morceau « Je Suis Lerka · Jo ». C'est pour ne plus répondre aux questions que vous avez décidé de vous dévoiler dans un titre ?
Lerka : Oui, c’était clairement une réponse générale à tous… car au bout d'un moment c’est toujours les mêmes questions qui reviennent.  Cette chanson, « Je Suis Lerka · Jo », est une idée de Thomas, là encore, qui m'a suggéré d'écrire quelque chose en relation avec mon parcours. Ca ne me plaît pas de parler de mon parcours à des gens que je croise dans la rue et qui se montrent curieux parce qui'ls entendent mon accent, même si je comprends leur curiosité. Ce titre était l'occasion de leur faire une réponse collective. J’ai trouvé indispensable d’en parler fort et Thomas m’a encouragée  à écrire ces paroles. « Je Suis Lerka · Jo » est selon moi l'un des titres forts de l'album. Comme t’as dit : « Ça claque » !

Ahasverus : Quelles sont les langues utilisées dans les lyrics de Lerka -Jo ?
Lerka : En majeure partie j’utilise l’Anglais, le Français et le Russe pour l’écriture. Puis je rajoute les phrases en Ukrainien, et parfois en Italien pour arranger les rimes et les passages mélodiques, car selon moi l’Ukrainien et l’Italien sont deux langues chantantes. Pour le nouvel album vous verrez comment je mixe toutes les langues ensembles, telle une salade de fruits !

Ahasverus : Qui a écrit les paroles de l'album ?
Lerka : C'est moi. Thomas a apporté des corrections aux textes en Français. 

Ahasverus : Les thématiques que tu abordes sont très écartelées...
Lerka : Il n'est pas envisageable pour moi de rester sur une seule thématique. J'ai beaucoup d'idées qui ne sont pas toujours exploitées, mais qui restent dans ma tête et qui tournent. Parfois je veux faire quelque chose de festif, parfois j'ai envie de  parler de quelque chose de plus profond. 

Ahasverus : Ton parcours est-il une force pour ta musique ?
Lerka : C'est une force de vie, comme chaque parcours. Ce que je vis aujourd'hui même m'inspire pour de nouvelles chansons.
Lerka jo portraitAhasverus : Un mot sur la production de l'album ? 
Lerka :  Hahaha ! C’était ma première expérience dans l’industrie musicale, depuis j’apprends tous les jours. J’avoue qu’au début rien n'était facile, durant la production du disque j’étais extrêmement têtue… Je pense que je le suis encore, mais j’ai appris à faire confiance aux professionnels. Notre ingé-son Xavier « Goosh » Le Gouix à Loud Studio, s’est montré très indulgent et je l'en remercie, Et mince, à vrai dire y’a toujours des choses qui ne vont pas, mais on les surmonte a chaque fois et je suis très fière de ça !

Ahasverus : Fin 2022 vous jouez dans une soirée « Projection & Concert » organisée par l'IAATA (Information Anti-Autoritaire Toulouse et Alentours). Simple opportunité, ou c'était important d'en être ?
Lerka :  Je n’avais aucune idée qu’est ce que voulait dire l’IAATA, on s’est présentés car des amis nous ont demandé de jouer. On a fait le show, mais  on l’a pris comme une simple opportunité.

« En ce moment c'est l'écriture du nouvel album avec des amis musiciens. Cet album, on va l'écrire tous ensemble, et  ça va être super chouette ! »

Ahasverus : Vos projets dans les prochains mois ?
Lerka : Les concerts arrivent, je suis tranquille, pas de surcharge mentale, step by step... Puis l’écriture du nouvel album à déjà débuté, je travaille dessus avec des amis musiciens. Cet album, on va l'écrire tous ensemble, et  ça va être super chouette ! Je n'aime pas me répéter, je souhaite donc explorer des styles différents pour Lerka-Jo, par exemple rajouter du drum and bass, des sons électro, des choses plus classiques avec une jolie voix, même s'il y aura toujours du punk rock et du punk fusion. Je souhaiterais pouvoir tenir le rythme d'un EP ou d'un album par an. Je prépare aussi une tournée en Ukraine, pour dix ou quinze dates. Il est important pour moi d'aller porter cette musique hybride, faite de langues ukrainienne et russe, et de montrer qu'il y a des gens qui, même s'ils sont déracinés, portent encore leur pays dans leur coeur. Malgré la guerre, les gens n'ont pas arrêté de vivre ;  il y a toujours en Ukraine de la musique, des concerts... J'irai peut-être aussi en Italie... Pour l’année qui arrive, nous avons donc du boulot, et même beaucoup de boulot ; je recherche très activement des dates pour 2024. Ce serait certainement le moment pour prendre un directeur artistique et un booker pour développer le projet Lerka-Jo. Il faut se faire connaitre car il faudra défendre le prochain album, qui sortira au printemps 2024 si Dieu le veut.Lerka jo 3Ahasverus : Lerka-Jo sur scène, ça donne quoi ?
Lerka : C'est chaque fois différent, avec une énergie extra-explosive qui donne le sentiment de la fête éternelle, avec des ballons et des papillons, et bien sur le Champagne super friendly ! Une fois vue en concert = fan pour toujours ! Il y a un impact très positif sur scène, le lien avec le public est très puissant.
Lerka jo 2Ahasverus : Vous avez le trac avant de monter sur scène ?
Lerka : Je sais que le set est bien préparé, je n'ai pas le trac.

Ahasverus : Que trouve-t-on sur le stand de merch de Lerka-Jo ?
Lerka : Hihihaha ! C’est ma partie préférée aussi ! Déjà le logo de super-héro designé par Thomas fait comprendre l’authenticité de Lerka-Jo Si l'on rajoute des couleurs éclatantes ça donne le pur esprit du personnage ! Pour l’instant Lerka-Jo propose des t-shirts de toutes  les couleurs et des sous-vêtements white/pink  homme et femme… Et ce n'est que le début !

Ahasverus : Merci, Lerka-Jo, d'avoir répondu à mes questions...
Lerka : Merci, ça m'a fait plaisir de parler.