Par Ahasverus.
ANTHONY GOMES est un songwriter, guitariste et chanteur canadien. Il est né en 1970 à Toronto d'un père portugais et d'une mère franco-canadienne.
Il découvre la guitare à l'âge de quatorze ans. Il ne l'a plus lâchée depuis !
Photographie David Pbost
Spécialiste reconnu du blues, il est l'auteur du livre « The Black & White Of Blues: The Cultural and Racial Development of Electric Blues Music ». Il est aussi le fondateur de l'association à but non lucratif Music Is The Medicine Foundation, qui promeut les bienfaits de la musique dans le milieu médical et qui est notamment intervenue auprès d'enfants atteints de cancer, de jeunes adultes autistes, ou de personnes souffrant de stress post-traumatique.
Bluesman établi, Anthony Gomes Gomes s'est produit dans dix-sept pays et a fait les premières parties d'artistes tels que B.B. King, Buddy Guy, Robert Plant, Joe Bonamassa, Heart, Sammy Hagar, ou encore 38 Special.
Sa discographie suit une évolution logique, du blues pur de « Blues In Technicolor » vers la soul, le rythm & blues et le hard-rock. « J’ai une âme blues et un cœur rock’n’roll. J'aime faire des allers-retours entre les deux avec une approche moderne », explique-t-il.
Nous vous proposons de faire un tour dans sa discographie studio. Robert Johnson, Rory Gallagher, James Brown, Glenn Hugues, The Golden Gates Quartet, ou Whitesnake, font partie des nombreuses références qui nous sont venues à l'esprit en parcourant les albums du Canadien talentueux, de 1998 à 2022
Photographie : Stephen Jensen
BLUES IN TECHNICOLOR (1998)
Son premier album l'annonce : Anthony Gomes voit le blues en technicolor ! Si certains titres se nourrissent au plus profond des racines du blues américain (« Misery For Company », « Hard Year for the Blues », « Monday Kinda Tuesday »), d'autres, plus soul regorgent de groove, de rondeurs, de claps et de choeurs (« Love's Got The Power », « High Calorie Woman »). Les dialogues entre la voix légèrement rocailleuse d'Anthony Gomes et sa guitare ne sont pas sans rappeler le charme de Rory Gallagher (« Bad Luck Child », « Outta the Cathouse »).
« Blues In Technicolor » reste, près de trente ans après sa sortie, un album de blues particulièrement convaincant.
SWEET STRINGIN' SOUL (2000)
Plus léger, plus américain, « Sweet Stringin' Soul » voit des compositions gospel (« Higher », « When I Play The Blues ») s'inscrire aux côtés de blues traditionnels (« Trouble In Our Land », « We Were Made To Fall In Love », « Please Be Mine », « Wolf In The Henhouse ») avec un son parfois très roots, proche des débuts du jazz (« Hamhock Booty »).
UNITY (2002)
Sans abandonner le gospel (« Going Down Slow ») ni le blues (« Thrash Talkin' Jive », « Bad For You »), « Unity » fait l'effort sur sa base soul dont il renforce l'effet par des cuivres (« When The Walls Come Down »), tourné vers un son 60's rythm and blues (« Darkest Before The Dawn ») qui annonçait déjà le funk (« Upside (To the Downside) » ) avec des artistes tels qu'Otis Redding et James Brown (« Unity »).
Photographie David Probst
LONG WAY HOME (2006)
« Bring It », qui ouvre « Long Way Home », semble vouloir remettre l'église au milieu du village avec un titre particulièrement enlevé sur lequel la guitare prend le lead. « Without You » ou « Long Way Home » tiennent cependant à amener de la souplesse, délaissant les cuivres pour un fond d'orgue. L'album bascule ainsi dans les 70's, d'une ambiance l'autre, globalement plus dur que la discographie qui précède, optant pour un rock enjoué (« Mississipi Hurricane », « Tilt-A-Whirl ») qui frise les territoires hard-rock (« Hard Line To Ride »). Un groove à la Glenn Hugues insère brillamment des éléments soul dans certaines compositions rock (« Purple Whiskey Sack »), genre représentée par le titre « Soul Power ».
NEW SOUL COWBOYS (2009)
Après avoir occupé le terrain avec une compilation (« Primary Colours ») et un album live, Anthony Gomes électrise son propos avec l'album « New Soul Cowboys ». Le riff est préféré à la lead (« Painted Horse », « Rebel Highway », « Gamblin' Man », « Purple Whiskey Sack », « Chicken Bone Cross »), édifiant un big rock épais (« What It's All About ») à peine entrecoupé de quelques pauses qui n'en demeurent pas moins intéressantes et qui permettent au chanteur de montrer l'épaisseur de sa voix (« Somebody's Missing », « Carolina », « You're Amazing », « Losing You »), accrochant parfois le vibrato d'un Joey Tempest (Europe).
UP 2 ZERO (2012)
Comme l'indique sa première piste (« Back To The Start »), l'album « Up 2 Zero » revient aux sources du blues avec des titres comme « One Last Time » et « Room 414 », ses inspirations remontant jusqu'à Robert Johnson (« Last Bluesman Gone »). Ne vous attendez pourtant pas à un « Blues In Technicolor II » car le nouvel album ne dédaigne pas le rock à la Clapton (« Love Sweet Love ») ou à la Tom Waits (« Voodoo Moon »). L'album se termine par un titre en Français (« N'abandonne Jamais »).
Photographie David Probst
... BEFORE THE BEGINNING (2013)
Avec ses intro et outro gospel, « ... Before The Beginning » nous ramène aux années cinquante, avec un blues qui swingue (« Sinner's Song »). Les choeurs et les thèmes musicaux nous évoquent les Platters (« Lady Soul »), le Golden Gate Quartet (« Sinner's Song », « Old Ten Wheeler »), Screamin' Jay Hawkins (« Rescue Me ») ou les Andrew Sisters (« Let's Fall In Love ») sans autre anachronisme que le titre « Golden Wings ». Il est à découvrir si cette période vous est agréable
ELECTRIC FIELD HOLLER (2015)
Il était évident qu'avec un tel titre Anthony Gomes n'allait pas rester bloqué dans les 50's. Nous voici dans les 80's. Riffs et leads hard-rock parsèment la galette (« Turn It Up! ») et « Back Door Scratchin' » ou « Listen To The Universe » auraient presque des airs de Whitesnake, tandis que « Whiskey Train » nous rappelle que les racines du Canadien viennent bien du blues. L'album se termine joliment avec la ballade « It's the Way (You Make Me Feel) ».
PEACE, LOVE & LOUD GUITARS (2018)
Ressorti en 2024 dans une version remixée, « Peace, Love & Loud Guitars » se plaît à rêver du retour sur terre du roi du blues, B. B. King (« Come Down »), dont l'esprit vit encore à travers « Blues in the First Degree ».
Entre blues dynamique (« The Whiskey Made Me Do It ») et hard-rock à la Whitesnake (« Peace, Love & Loud Guitars », « Hard Road Easy »), la voix de Gomes s'est encore bonifiée, lorgnant désormais celle de Coverdale (« The Only Woman I've Ever Loved »). L'album propose des guitares ronflantes, soutenues par des tartines de choeurs et une section rythmique des plus sûres (« White Trash Princess »). La guitare n'hésite jamais à partir en lead pour relayer la voix (« Nasty Good » ). « Peace, Love & Loud Guitars » est un album tout en riffs, solide de piste en piste, auquel il ne manque pas même les ballades de circonstance (« You Are Amazing », « Take Me Back Home »). L'une des plus belles pièces de la discographie du Canadien.
CONTAINMENT BLUES (2020)
Avec ses riffs typiques des grands du blues, (« Make A Good Man (Wanna Be Bad) », « Stop Calling Women Hoes And Bitches », « Containment Blues ») et une voix qui prend de plus en plus d'épaisseur (« Hell And Half Of Georgia »), « Containment Blues » modernise de belle manière le propos d'Anthony Gomes, entré désormais dans l'ère moderne.
La guitare se fait moins bavarde, se faisant même voler la vedette par un harmonica (« No Kinda Love »). Alliant simplicité du rythme et délicatesse des arrangements (« Praying For Rain », « Tell Somebody », « The Greatest 4 Letter Word »), « Containment Blues » est une réussite franche qui balance des mélodies succulentes avec une efficacité remarquable (« Let Love Take Care Of Love »). La plus belle prise de la discographie du Canadien.
HIGH VOLTAGE BLUES (2022)
Le dernier album studio en date d'Anthony Gomes est une compilation qui propose trois nouveaux titres et onze classiques du répertoire du Canadien réenregistrés. Pour l'opération, Anthony a fait appel au bassiste Billy Sheehan (Mr Big) et au batteur Ray Luzier (Korn), ainsi qu'aux chanteuses Bekka Bramlett (qui a notamment travaillé avec Robert Plant et Buddy Guy) et Wendy Moten . Le choix des morceaux est très orienté hard-rock, et les lignes des guitares et de la basse d'un titre comme « Fur Covered Handcuffs » ne sont parfois pas si éloignées de ce que propose AC/DC.
Le blues n'est cependant pas délaissé, et la guitare a de la place pour s'exprimer (« Blues-A-Fied »). Le lifting prend bien (« Peace, Love & Loud Guitars ») et confère à l'ensemble une homogénéité de son qui donne l'impression d'avoir affaire à un album de compositions originales. On pourra opter pour cette compilation pour avoir un panorama confortable sur les derniers albums (2009-2020) d'Anthony Gomes.