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Back to the roots
Back to the roots : HEAVY DUTY, Endgame (2016), STILL ALIVE AND WELL ?
Le 03/03/2021
« Heavy Duty, c’est pas du playback. On a ça chevillé au corps. »
Heavy Duty, groupe de métal musclé, au talent régulièrement salué par les critiques, présentait en 2016 un album au nom prophétique : "Endgame". Il mettait ensuite sa carrière entre parenthèses. On notait cependant en cette année 2021 quelques soubresauts et une envie intacte de jouer chez la formation toulonnaise. L'occasion de revenir avec Chris Caprin (batterie) et Ivan Pavlakovic (chant) sur la dernière ruade discographique du groupe et de s'interroger : Heavy Duty est-il toujours en vie ?
HEAVY DUTY par Low Faure
Bonjour Heavy Duty. Tout d'abord replaçons "Endgame" dans son contexte de 2016 : François Hollande est président de la république. La France est en état d'urgence et la menace terroriste est "plus élevée que jamais". C'est aussi l'année de l'affaire Cahuzac, et Macron qui quitte le gouvernement pour fonder LREM. Musicalement, Gojira sort "Magma", Black Sabbath annonce "The End". Individuellement, vous êtes tous les quatre des musiciens très confirmés. Où se situe Heavy Duty sur la scène française ?
Chris (batterie) : J’aurais tendance à répondre : « au trou du cul du monde »… Ça peut paraître un peu exagéré, mais c’est pourtant pas loin d’être vrai ! Si je devais placer Heavy Duty sur une carte de France du hard rock cette année-là, ce serait un petit village du Haut-Var d’une centaine d’habitants… C’est en tout cas à peu près le maximum de personnes que l’on attirait à l’époque dans notre région pour un concert.
HEAVY DUTY par Low Faure
Il ne faut pas être superstitieux pour appeler son album "Endgame". On s'attendait plutôt à un "Built To Resist, Vol. II" !
Chris : Ah mais, c’est au départ comme ça qu’il aurait dû s’appeler. L’idée de base était de sortir les deux volumes à moins d’un an d’intervalle. Nous avions enregistré suffisamment de matériel pour remplir deux albums et nous étions partis sur l’idée de scinder les morceaux en deux parties…
Malheureusement, l’année 2015 n’a pas été terrible du tout au niveau du nombre de concerts et au lieu de sentir que le groupe avait franchi un cap au niveau notoriété en jouant dans d’autres coins de la France, nous n’avons pas bougé de la région PACA. L’avenir nous semblait bien sombre, l’horizon bouché et nous avons perdu la foi.
Pourtant, je peux t’assurer que jusque-là, nous y avions toujours cru. Mais en huit ans et quatre albums, nous avions l’impression d’avoir tout fait, tout donné, sans avoir récolté le fruit de ce que nous avions semé…
Je n’aime pas dire ça, car depuis nos débuts en tant que musiciens de heavy metal, nous avons toujours fonctionné avec la même passion en donnant tout pour notre musique. Seulement là, devant le peu de connexions avec le milieu du rock, le manque de soutien local et l’absence d’un booker qui nous aurait permis d’aller conquérir un autre public, on a lâché l’affaire… D’où l’annonce – à demi-mot – que la partie était terminée !
HEAVY DUTY (Chris) par Low Faure
Comment ce nouvel album avançait-il ? Aviez-vous une idée de la direction à prendre après "Built To Resist, Vol. I" ?
Ivan (chant) : Comme l’a dit Chris, les morceaux étaient déjà enregistrés et nous avons finalement décidé de les faire mixer par Serge Begnis, un mec bien, professionnel, qui avait travaillé avec Respect, l’ancien groupe d’Alain (guitare) et Olivier (basse) dans les années 90.
Résultat, il s’est avéré que le son était bien mieux que sur “Built To Resist, Vol.1” et c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de sortir l’album en le renommant différemment.
"Venir envoyer le bois de temps en temps avec mes potes de Heavy Duty, en ce moment, c’est comme une bouffée d’oxygène…"
Musicalement, Endgame est très au point. Les mélodies sont accrocheuses, les soli magnifiques, et Ivan développe tout son panel vocal. Heavy Duty semble en forme et au sommet de son art...
Ivan : Merci, mec… Ça fait plaisir !
Chris : C’est bien pour dire qu’au bout du compte, nous y avons toujours cru. Nous étions tous d’accord pour stopper l’aventure Heavy Duty, mais dès que nous nous retrouvions en studio ou dans le local, l’envie et l’énergie étaient toujours présentes… Et ne nous ont finalement jamais quittés.
Nous ne sommes pas des dilettantes. Nous sommes juste une bande de mecs qui travaille sérieusement sans se prendre au sérieux. Si je peux me permettre, Heavy Duty, c’est pas du playback. On a ça chevillé au corps, on s’entend tous les quatre très bien et quand on se retrouve ensemble, que ce soit en répète, sur un soundcheck, en électro-acoustique devant vingt personnes ou sur un festival devant cinq cents, on se donne tous de la même façon : à 100 % !
D’ailleurs, aujourd’hui encore, à l’âge qu’on a, une fois que l’on se retrouve derrière nos instruments ou un micro, c’est comme si nous avions toujours vingt ans. J’estime que c’est une chance, car, avouons-le, combien d’autres ont jeté l’éponge à peine casés professionnellement, mariés et père ou mère de famille ?
HEAVY DUTY (Ivan) par Low Faure
Ivan : Un paquet ! Moi, chanter, c’est ma vie, c’est mon métier. Et je peux t’avouer qu’en cette période difficile pour la culture et le spectacle vivant, je suis extrêmement malheureux de ne plus pouvoir exercer ma passion. Il y a une vraie frustration. C’est pour ça que de venir envoyer le bois de temps en temps avec mes potes de Heavy Duty, en ce moment, c’est comme une bouffée d’oxygène…
L'artwork, avec cette carcasse rouillée sur fond rouge, est l'un des plus beaux de votre discographie. On dirait une affiche de film...
Chris : Merci. C’est signé Laurence Faure, ma femme. Tous les deux, nous avions eu l’idée de nous inspirer de l’affiche du film “Death Proof” (“Boulevard de la Mort” en français) de Quentin Tarantino. On a fait ce qu’on a pu… Tu sais, pour parvenir à réaliser et sortir “Endgame”, on a mis les bonnes volontés à contribution. Et crois-moi, elles n’étaient pas nombreuses. Que les quelques personnes qui ont toujours œuvré dans l’ombre soient ici remerciées. Elles se reconnaîtront.
L'artwork de Endgame par Low Faure
Tout se passe comme prévu dans la réalisation de l'album ?
Ivan : Je dirais même que, bizarrement, tout ne s’est jamais si bien passé ! Les prises avaient le son, le mix s’est fait rapidement, dans une ambiance au top et comme tu l’as souligné, c’est certainement le meilleur truc qu’on ait réalisé avec Heavy Duty. On voulait terminer sur une bonne note et c’est exactement ce qu’il s’est passé…
"Quand tu t’investis à fond et que tu donnes le meilleur de toi-même, impossible d’être déçu."
Aucun clip pour défendre "Endgame" à sa sortie, si ce n'est une "lyric video" de "Because". Pourquoi ?
Chris : Parce que c’était la fin, mec ! On a vraiment tout fait avec nos bites et nos couteaux et nous n’avions plus les moyens ni l’envie d’investir de nouveau pour un projet qui était voué à s’arrêter dans l’année qui suivrait la sortie de l’album.
Le succès critique est au rendez-vous, comme pour tous vos albums. L'accueil du public est-il à la hauteur ?
Chris : Oui, et ça, on ne pourra pas nous l’enlever. De “Second Coming” à “Endgame”, les critiques ont toujours été très positives. En revanche, côté public, c’était que dalle… Les gens ne nous connaissaient pas, en fait. On va donc dire qu’on a eu un succès d’estime. Ce qui est toujours mieux que pas de succès du tout ! Personnellement, ça me va et je n’ai aucun regret. Quand tu t’investis à fond et que tu donnes le meilleur de toi-même, impossible d’être déçu.
La reprise de Lynyrd Skynyrd, je l'aurais plutôt vue en bonus sur l'EP qui précédait...
Ivan : Tu as bien le droit de penser ça… Mais nous, on trouve que cette version vitaminée de “That Smell” a au contraire tout à fait sa place sur l’album. C’est une reprise que l’on a joué à notre pogne, qui sonne vraiment comme du Heavy Duty, bref, comme on dit aujourd’hui, nous nous la sommes appropriée. Et franchement, on en est assez fiers !
HEAVY DUTY (Olivier) par Low Faure
"Endgame" se termine par "So Far Away", un très beau morceau acoustique. Un peu comme "No Tomorrow" clôturait "Built To Resist"...
Chris : Eh ouais, à la base, il y avait eu le concept du Volume 1 et 2… C’est donc normal que “Endgame” se termine comme ça. On n’allait quand même pas tout changer ! Et puis c’est aussi une manière de montrer une autre facette de Heavy Duty que nous avions dévoilée sur une petite série de concerts en électro-acoustique.
Ivan : A l’époque, il y avait eu un gros travail d’adaptation pour faire sonner certains de nos morceaux en acoustique… Je me souviens que des titres comme “Rage” ou “Haters” de l’album “Second Coming” sonnaient même mieux que les originaux ! On a toujours eu une démarche créative et le désir de se remettre en question.
"Si tu as entendu un long silence, c’est juste parce que tu étais loin et qu’on n'a pas dû jouer assez fort."
Michaelle Rudelle, la chanteuse du premier Heavy Duty, partage avec Ivan le chant sur "Complete", un titre de "Built To Resist, Vol. 1". Ca ressemble à une manière de boucler la boucle...
Chris : C’est exactement ça. On a commencé l’aventure Heavy Duty avec elle et on la termine avec ce clin d’œil. Pour la petite histoire, si nous n’étions pas fâchés, nous ne nous sommes pas parlé pendant plus de cinq ans… Puis sur un concert de HD, j’ai recroisé le fils de la chanteuse et je lui ai demandé si sa mère m’enverrait chier si je lui passais un coup de fil. Il m’a dit non. J’ai appelé, ça s’est bien passé et j’ai ainsi pu lui proposer ce featuring qui me trottait dans la tête depuis quelque temps !
Michaelle est même venue chanter “Complete” sur scène avec nous plusieurs fois après la sortie de “Endgame”. La boucle était bien définitivement bouclée et la hache de guerre enterrée (rires) !
Le long silence qui suivra "Endgame" était donc prévisible pour vous à ce moment-là.
Ivan : D’autant plus prévisible que programmé… J’ai eu l’opportunité de me lancer dans un autre projet avec Disconnected, qui est aujourd’hui mon groupe. Mais ça ne nous a jamais empêchés de continuer à nous voir et à jouer du bon vieux HD régulièrement pendant ces quelques années.
Chris : Oui, si tu as entendu un long silence, c’est juste parce que tu étais loin et qu’on n'a pas dû jouer assez fort (rires)…
HEAVY DUTY (Alain) par Low Faure
J'ai choisi "Endgame" pour revenir sur votre carrière parce qu'il est extrêmement bien composé, et parce que, d'une manière ou d'une autre, il me semble une pierre angulaire dans la carrière du groupe. Qu'en pensez-vous ?
Chris : Tu peux demander à tous les membres du groupe, la réponse sera la même : musicalement, “Endgame” est la meilleure chose que nous ayons faite ensemble.
Le groupe était à maturité, Ivan avait réellement trouvé sa voie, mais devant l’absence de plans promos, de concerts, il fallait passer à autre chose et ne pas ruminer éternellement sur ce que l’on n’avait pas eu. Plutôt penser à ce que nous avions : un bon album dont nous sommes fiers.
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur "Endgame", et est-ce l'album à recommander pour découvrir Heavy Duty ?
Ivan : Je conseillerais plutôt “Second Coming”… C’est le premier album avec moi au chant, c’est brut, live, sans fioritures, bref, c’est nous. C’est Heavy Duty.
Chris : Oui, je suis d’accord. Cet album contient de très bons morceaux, il a même été classé album du mois à sa sortie dans Rock Hard et c’est une bonne entrée en matière.
Après, mon cœur va tout de même plus vers “Endgame”… C’est plus mature, c’est là où on voulait tous aller.
HEAVY DUTY, "Second Coming" (2012)
Même s'il n'a plus rien sorti depuis 2016, Heavy Duty n'a jamais annoncé sa dissolution.
Alors aujourd'hui, vous êtes plutôt... "Endgame" ou "Built To Resist" ?
Chris : “Still Alive And Well” (1), plutôt… Avec, pourquoi pas, une petite touche de “Back In Business” si l’occasion se présente !
Merci Heavy Duty d'avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Ivan : Merci à toi de nous avoir permis de nous replonger dans ce qui restera comme une super aventure musicale.
Chris : Oui, merci. Et puis bon, on est toujours vivants. Toujours aussi passionnés, alors comme nous jouons encore ensemble régulièrement, qui sait, on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise dès que les salles rouvriront…
(1) "Back In Business" est le titre d'un EP de Heavy Duty.
Photographies de Heavy Duty : Low Faure. Nous la remercions pour son aimable autorisation.
LES CRITIQUES ONT DIT :
- "Je me demande encore une fois si les amateurs de metal sont conscients de la qualité des groupes de nos contrées."
https://www.auxportesdumetal.com - "Une galette de qualité et d'une efficacité redoutable. Bénéficiant d'une bonne production qui pourrait rendre jaloux certains groupes d'Outre-Atlantique, il faut saluer ici la qualité d'écriture du quartet et leur souhaiter le meilleur pour l'avenir."
https://www.pavillon666.fr - "Un excellent album, le son et l'interprétation de l'ensemble des musiciens étant sans reproches."
http://rockmeeting.com - "Un disque très puissant, plein d’énergie."
http://www.soilchronicles.fr" - "Résolument le meilleur album du groupe à ranger parmi les plus grands noms."
https://hardforce.com
Back to the roots : SEYMINHOL I, Nothern Recital (2002) - Le contexte
Le 31/01/2021
« Nous étions sûrement les premiers à proposer cette thématique dans le style avec un concept historique aussi fouillé. »
Seyminhol, 1989-2019. Trente ans de métal, cinq albums, quelques EP, une marque de fabrique, signe d'ambition et de qualité.
Le groupe d'Algrange, qui ne connaît pas la langue de bois, a accepté de revenir sur l'album "Nothern Recital", (2002), qui devait influencer la suite de sa carrière.
Cette interview "Back to the roots" est réalisée en deux parties : dans la première, nous verrons le contexte dans lequel "Nothern Recital" est sorti ; dans la seconde, Seyminhol nous parlera de La réalisation et de l'accueil de cet opus, ainsi que de sa place dans leur discographie.
Seyminhol 2002 - de gauche à droite Chris, Julien, Nico et Kevin.
"Nous avons réalisé que le groupe prenait un nouveau virage."
Ahasverus : Pour commencer j'aimerais situer "Nothern Recital" dans son contexte : il sort en 2002. C'est le quatrième opus de Seyminhol, mais le premier au format "album". 2002, c'est l'année de sortie du "Rock In Rio" de Maiden, du "Reroute to Remains" d'In Flames et de "Six Degrees of Inner Turbulence" de Dream Theater. La France adopte l'Euro, le Front National accède pour la première fois de son histoire au deuxième tour des élections présidentielles contre Jacques Chirac. Comment se porte la scène française et où situe Seyminhol, en cette période ?
Kévin (chant) : L'origine de "Northern Recital" est réellement à rechercher en 1998 lorsque nous préparions notre MCD "Indian Spirit". Sur cet album, le titre "Fury of the North" annonçait vraiment notre virage heavy metal alors que le reste du mini album était très orienté hard rock FM voire rock français (seuls quelques titres ont été conservés à l'époque alors que nous avions composé un véritable album). Mais ce virage il fallait l'amorcer et, surtout, il fallait pouvoir le faire. En 2000, après une énième séparation du groupe (déjà à l'époque), et le flop du MCD précité, il était temps d'évoluer. Je rêvais de faire du power metal symphonique à la Rhapsody qui était le groupe du moment et les anciens membres étaient plutôt ouverts à cette idée. En France, il n'y avait rien dans le style à l'exception de Dyslesia ou d'Heavenly.
Seyminhol, "Indian Spirit", (1998)
En tous cas ces deux formations avaient une forte visibilité. Il fallait donc oser parce qu'il y avait encore de la place pour ce genre de métal et qu'il y avait des labels prêts à nous suivre. Le seul problème était les musiciens. Marco (guitariste) était un excellent soliste très inspiré par Malmsteen, Éric (second guitariste) avait un superbe jeu bluesy et savait s'adapter à tout mais ils n'étaient pas du tout prêts à trop évoluer. Nous n'avions pas de clavier, ni même un batteur capable d'assurer sur un style si particulier qui demandait beaucoup de double grosse caisse. C'est donc le moment où Julien Truttman nous a rejoints - un jeune très talentueux qui écoutait Dream Theater en boucle – et où j'ai proposé à Nicolas Pélissier - avec lequel je jouais dans Heresy (projet prog metal trop ambitieux…) - de nous rejoindre dans Seyminhol comme claviériste.
Il avait un très bon niveau, les idées pour modifier complètement notre son et les mêmes envies que moi. C'est donc lui qui a donné cette première couleur symphonique à nos morceaux, cette impulsion salvatrice. Le MCD dont je parle a ouvert la porte à "Northern Recital" et c'est sur ce premier album que l'alchimie entre Nico et moi a commencé à fonctionner. Il a composé une grande partie du disque et a donné un son plus moderne et une identité différente au groupe. Ce qui a engendré des tensions avec nos deux guitaristes de toujours (Nico était lui-même guitariste et il avait des idées bien arrêtées sur le style à développer).
Bref, nous étions malgré tout gonflés à bloc, sûrs de bouger les lignes avec ce disque qui, avec le recul, a fait l'effet d'une bombe à sa sortie. Il faut dire que le thème développé, les Vikings, était très novateur en ce temps-là. Nous étions sûrement les premiers à proposer cette thématique dans le style avec un concept historique aussi fouillé.
Julien (batterie) : Tout cela est vieux, j'étais encore un jeune étudiant à l'époque. Il me semble que cela bougeait plus que maintenant. Il y avait encore plein de cafés-concerts où voir jouer des groupes régulièrement.
"Je savais qu'il fallait tout changer : visuel, logo, style vestimentaire, son, ambiance. Bref, entrer dans les années 2000."
Seyminhol affiche donc de nouvelles ambitions et s'ouvre de nouvelles perspectives ?
Kévin : Comme je te le disais plus haut les ambitions étaient fortes pour ce qui me concerne. Je savais qu'il fallait tout changer : visuel, logo, style vestimentaire, son, ambiance. Bref, entrer dans les années 2000. J'avais depuis longtemps des contacts avec Brennus, Musea et d'autres labels. Je sortais beaucoup en concert, je travaillais ma voix comme un dingue, j'avais calmé mon mode de vie déjanté pour donner le meilleur de moi-même mais les freins venaient des anciens membres du groupe. L'arrivée du synthétiseur et des orchestrations posaient problème même si avec le recul tout le monde s'accordait à dire que cela était extrêmement bénéfique pour l'avenir du groupe. Je pense que Seyminhol a connu une renaissance en 2002 grâce à "Northern Recital".
Julien : Pour moi, à seize ans, aller en studio pour enregistrer était incroyable. Une fois le disque fini, il était évident qu'il fallait achever l'histoire. Nous avions, de plus, fait la connaissance de Nicolas pour quelques nappes de synthé. Ces nouvelles possibilités d'orchestrations enthousiasmaient tout le monde.
Chris (Basse) : C'est à ce moment que nous avons réalisé que le groupe prenait un nouveau virage, nos ambitions ainsi que l'apport d'une maison de disque devaient nous y aider.
Kévin : Et, hormis une escapade risquée en terre "electro-trash" en 2009 (cf. Ov Asylum), Seyminhol a depuis ce disque toujours produit des morceaux épiques à tendance progressive et symphonique.
Nico (guitares, claviers) : Moi je débarquais dans le groupe, au début pour faire les claviers, mais j'ai de suite entraperçu le potentiel et la belle ambiance qui régnait entre nous.
"On n'a même pas essayé de s'inscrire à la Sacem parce qu'on souhaitait éviter de sortir trop d'argent."
La nouvelle orientation musicale de Seyminhol génère du rififi au sein du groupe et même des départs...
Kévin : Et donc voilà la suite "logique" du groupe, les nouveaux départs. Mais nous avions l'habitude de cela puisque, le groupe ayant été officiellement fondé en 1989 sous le nom de Spirith, il y a eu beaucoup de musiciens dans nos rangs dès les origines. En 2002, au départ de Marco et d'Éric nous en étions par exemple à notre sixième batteur… Bref, je savais que la période qui allait s'ouvrir serait très compliquée.
Julien : En effet… Les vrais problèmes sont arrivés vers la moitié de la composition. Nous décidions d'inclure Nico dans la formation comme claviériste. Ce dernier étant également un talentueux guitariste, il apportait de bonnes idées. Les guitaristes ne virent pas cela d'un bon œil et leurs égos non plus. Seules la qualité et la musicalité nous importaient mais la jalousie a terni le tableau.
Chris : La nouvelle orientation musicale suggérée par Nico a généré des tensions avec les membres originels. Il a pris les rennes des compositions avec notre approbation à Kévin et à moi-même.
Ces désaccords entraînent un retard dans la sortie de l'album...
Kévin : Alain Ricard m'a téléphoné en mars 2002 pour me dire que Marco et Éric nous attaquaient en justice. On s'est rencontrés au tribunal et nous avons dû établir un document officiel qui évoquait les droits des uns et des autres. C'était davantage pour la forme que pour le fond parce nous n'envisagions absolument rien en terme de vente. Les royalties que nous percevions à cette date étaient dérisoires. Pour tout dire, on n'a même pas essayé de s'inscrire à la Sacem parce qu'on souhaitait éviter de sortir trop d'argent au moment du pressage de nos disques. En effet, depuis le début de nos enregistrements tous nos albums avaient été payés par nos soins à l'exception de "Septentrion's Walk" (pris en charge par Brennus en coffret collector).
Nico : Je pense avec le recul que ce retard nous a été très préjudiciable compte tenu du succès underground de «Nordic Tales» et des concerts que l'on a donnés sans pouvoir rien proposer. De plus les chroniques commençaient à sortir sans que nous ayons de quoi contenter nos auditeurs.
Seyminhol, "Nordic Tales" (2001)
Du coup, quel line-up jouera sur Nothern Recital ?
Kévin : En live, ce sera la formation avec Chris Billon-Laroute à la basse, il était avec moi dans le groupe depuis les débuts (même depuis la création en 1989 pour ce qui le concerne) ; Julien Truttmann, le petit nouveau à la batterie, qui a très vite trouvé sa place au sein de l'équipe ; Nicolas Pélissier au synthétiseur (il est devenu le compositeur attitré) ; moi au chant ; Régis Reinert (un ancien Seyminhol et le compositeur principal d'Indian Spirit) à la guitare. Il y avait aussi des potes sur scène, avec nous pour les chœurs, les voix rauques, etc. Bref, l'aventure pouvait commencer. Nos problèmes juridiques se réglaient progressivement, les dates de concerts se multipliaient et nous gagnions en notoriété à chaque nouvelle prestation.
Nico : Voir ce fameux concert à Woippy (57) dans un très gros festival de metal plutôt typé «extrême» où je me suis senti obligé de quitter mes synthés pour densifier les guitares (bon, jouer «The final Countdown» était un pari osé ! ).
"Cet album nous a différencié du métal français de l'époque."
Vous décrochez un contrat chez Brennus. Nouveaux espoirs, nouvelles contraintes ?
Julien : Nouveaux espoirs… trop peut être. Des contraintes pas vraiment. C'est un label très petit.
Kévin : Nouveaux espoirs, oui. Et puis je connaissais Alain Ricard depuis 1995 et notre premier MCD "Thunder in the Dark". Il avait trouvé cet essai très chouette et m'avait juré que si nous pondions un disque complet avec la même qualité il nous signerait. Et c'est donc ce qu'il a fait en 2001. Mais bien sûr, malgré des ventes conséquentes en France (plus de 3000 albums vendus), les retombées financières se sont avérées bien maigres. On touchait seulement quelques euros par album et, si tu fais le calcul, cela représentait moins de dix mille euros à partager en cinq. Avec l'investissement pour les enregistrements, les décors de scène et tout le reste, autant dire que cela était beaucoup trop peu pour s'offrir les services d'un producteur. Nous avons toujours payé pour faire avancer la machine.
Chris : Surement plus d'espoirs que de contraintes...
Le contrat en poche, vous vous attelez à l'album. Passer de quelques EP à un concept-album historique c'est gonflé et totalement différent du Seyminhol de la décennie précédente...
Chris : Cet album nous a différencié du métal français de l'époque, nous donnant accès à de belles scènes et festivals. Il pose les fondations du «nouveau» Seyminhol.
Kévin : Oui, et en plus les morceaux du MCD ont été repris sur "Northern Recital" pour constituer le dernier chapitre de notre "œuvre". Ils avaient été composés par Éric et Marco en grande partie. Avec l'arrivée de Nico, le synthétiseur a boosté les premiers enregistrements mais l'évolution lors de l'écriture des deux autres chapitres du disque a été tellement phénoménale qu'il y avait un sérieux décalage. À tel point qu'il a fallu réenregistrer les morceaux du MCD pour qu'ils collent davantage à l'album complet, rechanter des parties, refaire des chœurs, des orchestrations, etc. Un boulot de titan avec un très petit budget. Heureusement, notre ami de toujours, Gilles Kauffmann, - un ingénieur du son rencontré au studio Linster à Luxembourg - était là pour nous aider. Et il n'a pas compté ses heures tout au long des phases d'enregistrement, de pré-mixage et de mastering. Il appréciait notre musique et donnait vraiment tout ce qu'il pouvait pour que nous puissions avoir un super résultat et le meilleur son possible. J'ai dû aussi m'atteler à la création d'une histoire plausible mais largement romancée, qui devait intervenir juste avant le fameux MCD "Nordic Tales". Je suis donc parti de l'attaque Viking sur le couvent de Lindisfarne en 793 et j'ai imaginé l'épopée d'un danois, Thorgis, cherchant à venger ses frères Saxons défaits par Charlemagne à Verden en 785. La suite de l'histoire a été un véritable casse-tête.
Julien : Je n'étais pas là pour le Seyminhol d'avant, mais pour en avoir écouté tous les albums c'est vrai que l'évolution est grande ! Pour l'anecdote : à mon arrivée dans le groupe, Chris m'a donné tous les vieux albums sauf un, "Thunder in the dark", plus disponible. Je l'ai trouvé au Cash Converter quelques années plus tard pour compléter ma collection.
Nico : En contextualisant cet album et surtout sa thématique, tu peux te rendre compte que seuls des groupes mondialement connus comme Amon Amarth (et souvent Scandinaves) traitaient du sujet, et encore de façon plus extrême que nous. Les ambiances, cette richesse historique était remarquable car elle a été produite sans gros moyens, à l'aide d'amis et de passionnés comme nous.
La suite sur Back to the roots : SEYMINHOL II, Nothern Recital (2002) - L'album, son accueil, sa place
Retrouvez nos interviews "Back To The Roots" :
Back to the roots : HOT HELL ROOM, "Kali Yuga Bonfire" (2013)
Le 25/12/2020
«Kali Yuga Bonfire» représente une sorte de fusion, de rencontre avec les membres de ce groupe.
Roots, bloody roots... Après Mobius et The SoapGirls, c'est au tour des Franciliens d'Hot Hell Room de revenir sur l'opus dans lequel ils posaient les fondations de leur Heavy Rock. Nous avons choisi leur premier album : "Kali Yuga Bonfire".
Mais remettons les choses dans leur contexte : nous sommes en 2013. C'est l'année folle où l'on trouve de la viande de cheval dans des plats "100% pur bœuf" et où l'on découvre qu’un ministre du budget planque ses sous en Suisse. C'est aussi le mariage pour tous, et Léonarda qui interpelle François Hollande, président de la République.
Côté musique ça marche plutôt bien : Deep Purple sort "Now What ?!", Daft Punk "Random Access Memories". Stromae triomphe avec "Racine Carrée". Où se situe Hot Hell Room dans tout ça ?
Ludo Rouix (batterie) : Salut Ahasverus. En effet l’actualité a été, comme tu la citais, un peu folle cette année-là ! Concernant Hot Hell Room, en 2013, nous présentions et défendions sur quelques scènes notre premier album «Kali Yuga Bonfire». Il est sorti au début de l’année 2013, de mémoire (Alan a une meilleure mémoire que moi). C’est également l’arrivée de Sébastien (guitariste), ce qui nous a permis de renforcer la présence des guitares au sein des morceaux. Donc le groupe était composé de Loïc Malassagne (Chant), Alan Raoul (basse), ShazyBob (Guitare), Sébastien Luccioni (guitare) et moi-même (batterie).
Alan Raoul (basse) : On a lancé la machine à remonter le temps, le convecteur temporel est en marche, direction 2013 (rires). Mais pour commencer, et si on veut parler de cet album, il faut revenir à l’année 2011, car il a été composé au début et enregistré à la fin de cette même année. Ensuite, la finalisation et le mixage ont été réalisés au début de l’année 2012. A cette époque on évoluait sous la forme d’un trio composé de Loïc, Ludo et de moi. C’est à l’automne 2012 que Shazy Bob nous a rejoints comme second guitariste. La suite, Ludo l’a bien résumée : c’est en 2013, que nous avons donné les quelques premiers concerts pour défendre l’album sur scène et que Sébastien est arrivé. Ces années représentent vraiment les débuts de l’aventure Hot Hell Room sous sa forme actuelle. C’est aussi l’année de notre première vidéo, avec le titre «Humanity Will Never Change», réalisée par Eddy Norman.
Après une démo sortie en 2005, quand vous décidez d'écrire un album, vous parlez de la direction à prendre, des thématiques à aborder ?
Alan : Il y a eu deux démos avant la sortie de «Kali Yuga Bonfire» : « Lies Box » en 2005, une démo de trois titres enregistrée à la maison avec les moyens du bord, ainsi qu’un album démo « Hot Hell Room » en 2009(*) .Pour l’écriture de « Kali Yuga Bonfire », on ne s’est pas trop posé de questions, cet album a été le fruit d’un vrai travail de groupe, car la plus part des titres ont été écrits en répétition et certains autres étaient issus de l’album démo réarrangé et réadapté avec le jeu de batterie de Ludo.
(*) voir https://www.metal-archives.com/albums/Hot_Hell_Room/Hot_Hell_RooM/250359
Justement, d'où sortent les treize titres qui composent "Kali Yuga Bonfire" ?
Ludo : Ouh la la ! Je dirai de nos esprits abyssaux tordus (rire) ! Plus sérieusement, certains titres sont issus de la démo «Hot Hell Room» composée par Loïc et Alan avant mon arrivée, fin 2009. Au départ nous avons travaillé ces morceaux et j’ai réécrit les parties batterie avec mon jeu. Cette démo comportait à mon sens de très bons titres, que j’aimais beaucoup écouter. Nous avons commencé à composer d’autres titres, avec des mélanges d’idées, d’influences, en répétition, parfois en jammant. La plupart du temps, l’un de nous amenait des riffs ou des titres écrits en partie, que nous avons mixé comme une bonne soupe.
J’ai un souvenir de répétition pour la composition du titre « Undergo », disant aux deux gars brassant des manches, en partant sur l’idée d’une ligne de basse groovy d’Alan : «Hey les gars, ne vous affolez pas, j’ai une idée ! Ce pattern de batterie, là, genre disco, il serait cool de le placer au milieu du morceau, genre couplet ou autre mais en version Rock/Heavy ! » Alors on teste, et Bingo ! Ce titre a été finalisé comme cela ! Super moment d’osmose, de communication. Et de bonnes barres de rires aussi !
Alan : A cette époque, (début 2011), on s’est donnés le pari fou d’enregistrer ce premier album à la fin de l’année, et donc en six mois. On a composé pas mal de titres, il me semble que les trois premiers morceaux écrits ont été « World of Kali », suivi de près par « Humanity Will Never change » et « Berlin Girl ». Comme l'a précisé Ludo, ce premier album comporte aussi quelques titres réarrangés de l’album démo de 2009, comme par exemple : « Love Kills », « At The Junkies bedside », « Hell City », ou encore « You Don’t belong to them » qui, pour la petite anecdote, est le plus vieux morceau du groupe, la toute première chanson que nous ayons écrite, Loïc et moi, en 2002, pour ce groupe qui ne s’appelait même pas encore Hot Hell Room...
HOT HELL ROOM en 2013 - Photographie Eddy Norman
Vous appelez l'opus "Kali Yuga Bonfire". C'est un constat sur l'état du monde ?
Alan : Le Kali Yuga, appelé aussi l’Age sombre, est un concept hindou. Il repose sur une conception cyclique du temps qui se manifeste par plusieurs segments dans le domaine du développement de l’esprit humain, du plus élevé de sa spiritualité jusqu’à sa dégénérescence vers une phase destructrice et chaotique qui se régénère par une renaissance, d’où l’effet de cycles. Dans la mythologie hindouiste elle est amorcée par la déesse Kali, déesse du temps, de la mort, de la délivrance, mère destructrice et du chaos, mais aussi mère de la création et de la renaissance. Ce constat est bien un état de l’humanité actuelle, mais ce monde est constitué de cycles qui se répètent à l’infini depuis les premiers siècles, allant de la création vers la destruction la plus totale. C’est un des domaines (parmi tant d’autres) que Loïc aime développer dans ces textes. Sur l’album, les textes de « World Of Kali » et de « Humanity will never change » y font écho.
« On n’était pas vraiment aguerris dans les choix et les envois promotionnels. Être Musicien est un métier ; être attaché de presse en est un autre. »
"Rejection" est l'un des titres les plus rapides que vous ayez enregistré !
Alan : « Rejection » est une très vieille composition de Loïc. Il l’a écrite quand il était ado et nous l’a proposée lors d’un jam en répétition. On a trouvé que ça fonctionnait bien et on l’a adaptée avec nos jeux et mise tout de suite dans la setlist de l’album. C’est un titre assez rapide, court et direct.
Je peux écouter "Love Kills" dix fois par jour ! Il me fait penser à "Starway to Heaven", et à "November Rain". Pour vous c'est un standard ou une chanson parmi les autres ?
Ludo : Ahhh « Love kills » ! Merci pour cette comparaison ! Personnellement c’est une power balade que j’affectionne beaucoup, elle est à la fois calme et puissante, avec beaucoup d’émotion. Sans vouloir nous jeter de fleurs je pense qu’on l’a bien travaillée et qu'on a bien retranscrit le feeling du moment. Cette chanson est aussi tirée de la démo 2009 dont je parlais tout à l’heure, « Hot Hell Room ». Je dirais que pour nous c’est un standard !
Alan : Merci beaucoup pour les comparaisons avec ces deux grandes ballades mythiques de ces deux grands groupes. « Love kills » est une chanson que j’aime beaucoup et que l’on continue à jouer en live. Les ballades et les titres acoustiques font aussi partie intégrante de notre marque de fabrique.
« Love kills », c’est l’un des morceaux que Loïc choisira de réorchestrer sur le Ep Morrison. Au fait, pourquoi cette réorchestration de certains titres en 2015 ? vous étiez frustrés par le son de l'album original ?
Ludo : C’est Loïc qui a eu cette idée. Il a ajouté des parties d’orgue, de clavier et de piano sur ces trois titres de l’album, et en effet cela a son charme sur les morceaux. Le EP « Morrison » est en écoute et téléchargeable en numérique sur le Bandcamp officiel du groupe. (voir lien in fine)
Alan : Nous sommes très satisfaits de la production globale de « Kali Yuga Bonfire », qui marque aussi notre première collaboration avec Andrew G du Hybreed Studio. L’idée de base de réorchestrations était juste de redonner plus d’ampleur aux couleurs musicales de ces trois titres. Pour le titre Morrison, qui fait, comme son nom l’indique, référence directe à Mr James Douglas Morrison (Jim Morrison), il était logique que l’orgue y fasse une apparition plus que succincte. C’est aussi en quelque sorte aussi un hommage à Ray Manzarek, l’éminent organiste des Doors décédé en 2013.
HOT HELL ROOM - "Morrison" (EP - 2015)
Comment se passe la mise en boîte de "Kali Yuga Bonfire" ? Vous aviez déjà une expérience du studio.
Alan : L’enregistrement de « Kali Yuga Bonfire » s’est fait en plusieurs étapes, comme pour chacune de nos productions depuis celle-ci. La première phase commence par l’enregistrement des Batteries au «Roots Note Studio» par Pierre Houllier, un ami avec qui nous collaborons sur chacun de nos albums. En l’occurrence, pour « Kali Yuga Bonfire », ce fut en septembre 2011. Ludo a enregistré les parties de batteries en une journée.
Ludo : Nous décidons de rentrer en studio de façon générale quand tous on se sent prêts et quand les morceaux tournent bien. Comme on commence par les batteries, j’ai besoin au maximum d’être à l’aise au niveau des structures des morceaux. J’aime bien pourvoir développer mon jeu en essayant et en testant des breaks, parfois en improvisant et en enregistrant direct avec le groupe pour trouver le bon truc. On n’est pas un groupe axé sur la technique. Pour ma part, je compose mes parties pour me faire plaisir et servir la musique en y apportant une touche musicale. Et oui c’est possible même à la batterie !
Alan : Pour la deuxième phase, en octobre 2011, nous sommes allés enregistrer le reste au Hybreed Studio. Tout le reste : Les guitares, la basse, le chant, etc. Dans la joie et la bonne humeur avec Andrew G. C’était la première fois que nous enregistrions là-bas, et tout a été bouclé en une semaine.
En Guest sur cet album nous avons invité Jessie Lee Houllier (NDLR : Jessie Lee & The Alchemists). Elle fait deux solos de guitare, sur le titre « Wistful Sunset » ainsi que sur « Morrison ».
La troisième phase débute au tout début 2012, avec le mixage ainsi que le mastering de l’album, toujours avec Andrew. Elle marque le début d’une longue collaboration pour les deux albums suivants.
La quatrième phase, un peu plus tard, a été la conception de la pochette et du livret avec notre ami Jean-Paul Ferrer, qui nous a malheureusement quittés en cette année 2020, et à qui nous rendons hommage.
Ludo : Niveau expérience studio, Alan et moi avions déjà joué et enregistré ensemble au sein du groupe Evolvent, en 2010. J’ai pas mal d’expérience de studio depuis de nombreuses années, et j’ai beaucoup appris avec le groupe de Doom/metal Progressif Anthemon, vers les années 2005. Et comme quoi le monde est petit : Loïc en était le chanteur, à cette époque !
Alan : Pour les expériences de studio, nous avions tous les trois déjà eu l’opportunité d’enregistrer avec nos anciens groupes. Loïc y était accoutumé depuis de nombreuses années avec ses multiples projets musicaux, comme par exemple Invading Chapel. Pour ma part, j’avais déjà enregistré avec mes précédents groupes et fait des sessions, notamment pour les deux premiers albums d’Evolvent dont parlait Ludo. C’est à cette époque qu’on s’est connus...
« Ce fut le début d’une belle aventure, concrète et pleine d’énergie à la fois. »
Avez-vous été satisfaits de l'accueil critique de "Kali Yuga Bonfire" ? Vous êtes arrivés à le faire chroniquer ?
Alan : Je dois bien avouer qu’à cette époque on était complètement novices pour tout ce qui était promotion. On s’est occupés de tout Loïc, Ludo et Moi, mais on n’était pas vraiment aguerris dans les choix et les envois promotionnels. Être Musicien est un métier ; être attaché de presse en est un autre (Rire) ! L’album est sorti via le E-shop de Dooweet record - pour la partie physique en CD - et chez Zimbalam pour la partie numérique. On a régulé le tout sur notre Bandcamp par la suite : nos trois albums y sont disponibles.
On a eu des retours favorables à l’époque. D’ailleurs la plupart des CD de «Kali Yuga Bonfire» ont été vendus ! Par la suite, nous avons travaillé avec des attachés de presse qualifiés. Elodie, de « Ellie Promotion », a fait du très bon travail pour l’album suivant, « Architect Of Chaos (2016), et Gilson, de «Impérative Music», nous a permis d’obtenir pour «Stasis» (2020) une signature chez STF Record, en Allemagne.
HOT HELL ROOM - "Architect Of Chaos" (2016)
Êtes-vous parvenus à le diffuser convenablement et êtes-vous contents des retours du public ?
Ludo : Disons que, depuis plusieurs années, les supports physiques ne sont plus à la mode… Nous sommes dans l’ère numérique. Par ailleurs, la discographie est disponible sur les plateformes tel que Deezer, Spotify, Amazon… et beaucoup d’autres. Les supports CD partent le plus souvent pendant les concerts et via les labels.
Mais je suppose que les gens qui achètent nos albums apprécient notre musique ! Enfin, je fonctionne comme cela, moi (rire). Parmi ces personnes, nous avons d’excellents retours, et nous les remercions pour leur soutien !
Quel est votre titre préféré sur "Kali Yuga Bonfire" et pourquoi ?
Ludo : Sans surprise « Love Kills » ! De l’émotion, de la douceur, et puissante à la fois ! et puis « Morrison » !
Alan : C’est difficile de n’en choisir qu’un, alors j’en donnerais trois (Rires) : « Humanity Will Never Change », « Undergo » et « World Of Kali ». Tout simplement parce que ce sont des titres qui sont agréables à jouer. Mais je pense que je pourrais en citer d’autres, comme « Wistful Sunset ». Bon... Ca fait quatre, j’arrête là ! Promis ! (Rires)
S'il était à refaire, que changeriez-vous à cet album ?
Alan : « Kali Yuga Bonfire » est l’aboutissement de plusieurs années de travail. Je reste assez fier de cet album, mais il y a certaines choses qu’on aurait fait différemment si on avait dû l’enregistrer actuellement. Quand on fait une rétrospective sur son travail artistique, avec les années de pratique, on obtient plus de réflexion et plus de maturité dans son jugement sur le travail effectué. A mon avis, certains titres auraient mérité un peu plus d’attentions et d’arrangements. Mais cela n’empêche pas qu’on reste très contents du résultat, de la cohésion globale de l’album et de la production d’Andrew. On a toujours plaisir à jouer en concert la plupart de ces titres. Je garde une grande fierté de « Kali Yuga Bonfire ».
Individuellement, qu'est-ce que "Kali Yuga Bonfire" vous a appris ?
Ludo : Je pense qu’on a appris à se connaître musicalement et humainement, à travailler et à prendre du plaisir à le faire ensemble. « Kali Yuga Bonfire » représente une sorte de fusion, de rencontre avec les membres de ce groupe. Pour moi ce fut le début d’une belle aventure, concrète et pleine d’énergie à la fois. Et… qu’il allait falloir les supporter les gaillards ! Je plaisante : ce sont surtout eux qui ont dû apprendre à me supporter !
Alan : Comme le souligne si bien Ludo, Hot Hell Room est avant tout une aventure humaine. Ce qui nous lie en plus du partage au niveau de la fibre artistique, c’est l’amitié, même si parfois certains sont plus difficiles que d’autres à supporter (Rires). « Kali Yuga Bonfire » a été le début d’une belle aventure qui perdure toujours.
"Kali Yuga Bonfire" est-il l'album fondateur d'Hot Hell Room ?
Alan : Je ne sais pas si on peut dire que « Kali Yuga Bonfire » est un album fondateur, mais je pense que c’est pour nous un album formateur, car c’est avec celui-ci que nous avons trouvé notre voie et on a beaucoup appris en le réalisant. Sans prétention je verrai plutôt « Stasis », notre troisième et dernier album, comme fondateur, car il est notre disque le plus mature à ce jour. Mais ça reste mon avis propre, et si ça se trouve, je dirai pareil pour le prochain album ! (Rires)
HOT HELL ROOM - "Stasis" (2020)
Vous parliez de "Stasis", votre nouvel album. Comment a évolué votre son depuis "Kali Yuga Bonfire" ?
Alan : En premier lieu, le line-up est différent, car depuis cette fameuse année 2013, il y a eu deux nouveaux membres, deux sensibilités nouvelles. Depuis l’album « Architect Of Chaos », on essaye de répartir démocratiquement par membres les choix des compositions. Hot Hell Room à la chance d’avoir en son sein cinq compositeurs, ça aide beaucoup, et comme je le disais plus haut, je pense vraiment que nous avons acquis plus de maturité avec le temps, ainsi que plus de réflexion sur le travail du songwriting, et ça se ressent sur la totalité des dix chansons de « Stasis ».
Merci Hot Hell Room d'avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Alan : Merci pour ton soutien. Je ne le répéterai jamais assez, mais merci à toi pour le soutien dont tu fais preuve pour la scène locale, et pour la passion qui t’anime depuis toujours.
Ludo : Un grand merci à toi ! Merci également à toutes les personnes qui nous soutiennent. Nous espérons vous revoir très bientôt !
Les Liens :
Hot Hell Room sur Facebook :
https://www.facebook.com/hothellroom/
Hot Hell Room sur Spotify :
https://open.spotify.com/album/4bxDa8Cku2KIg87lqCLUl5
Hot Hell Room sur Bandcamp :
https://hothellroom.bandcamp.com/
Discographie HOT HELL ROOM :
Lies Box (EP - 2005)
Hot Hell RooM (demo – 2009)
Kali Yuga Bonfire (2013)
Morrison (Arranged Version - EP - 2015)
Architect Of Chaos (2016)
Stasis (2020)
Back to the roots : THE SOAPGIRLS, "Calls For Rebellion" (2015)
Le 26/11/2020
« Nous avons rapidement réalisé qu'être signées n'était pas tout à fait ce que nous avions envisagé. »
En 2015, après des débuts dans la pop music, The SoapGirls renversaient les tables et commettaient "Calls For Rebellion", le premier acte d'un revolt rock qui allait devenir la marque de fabrique de ce duo sud-africain. Nous avons demandé à Camille et Noémie Debray de revenir sur cette pierre angulaire de leur carrière.
Mais d'abord situons l'album dans son contexte.
2015 est marqué par des attentats terroristes en France (Charlie Hebdo, le Bataclan) et en Tunisie (Sousse). En Afrique du Sud, Jacob Zuma est président de la République depuis six ans. Musicalement, Bjork sort "Vulnicura", et Motörhead assène son tout dernier album, "Bad Magic". Où en sont The SoapGirls au milieu de tout ça ?
The SoapGirls : En 2015, nous écrivions des chansons sans arrêt. En Afrique du Sud à cette époque, il y avait de fortes attaques xénophobes tous les jours, et notre musique d'alors reflétait l'époque dans laquelle nous vivions. L'une des chansons, "Snakes and Ladders", nous a été directement inspirée après avoir été piégées dans un supermarché lors d'un vol à main armée.
Quant à "Bloody", elle a été écrite pour protester contre les attaques d'agriculteurs en Afrique du Sud, et contre tous les politiciens qui avaient du sang d'innocents sur les mains. Nous étions dans un environnement super merdique. Nous avons travaillé comme serveuses, essayant d'économiser suffisamment d'argent pour enregistrer et partir en tournée, "Champagne Cocaine" est née de ces expériences de serveuses. Après avoir enregistré cet album de seize titres en deux jours, nous sommes parties pour notre première tournée internationale au Royaume-Uni. Nous avons eu de nombreuses expériences révélatrices qui allaient inspirer le prochain album et réaffirmer notre passion de diffuser notre message de liberté à travers la musique.
Après une carrière Pop dans laquelle vous ne vous reconnaissez plus, vous reprenez votre indépendance, opérant un virage rock radical. Qu'est-ce qui vous décide ?
Nous avons toujours été des rockers et nous avons toujours porté un message à travers notre musique. Mais nous avons dû nous conformer à toutes les limites et aux idées que nous imposait le label. C'était une torture, qu'on nous dicte ce que nous n'avions pas le droit de faire. Être nous-mêmes et réaliser qu'ils ne partageaient pas notre vision... Nous avons essayé de sortir du contrat, il nous a fallu des années pour retrouver notre indépendance. Depuis, nous n'avons jamais regardé en arrière. L'un des moments les plus risibles a été quand ils nous ont dit de brûler tous nos vêtements et qu'ils nous habilleraient comme ils pensaient que nous devrions nous habiller. C'était fou ! Nous avons rapidement réalisé qu'être signées n'était pas tout à fait ce que nous avions envisagé.
Ce changement de direction est-il compris par votre entourage ?
Nous nous sommes retrouvées sur une liste noire en Afrique du Sud. Le grand public était furieux, mais nous avons appris qu'ils n'étaient pas de vrais fans. C'était très dur pour nous de devoir tout recommencer, avec tant d'obstacles sur notre chemin, mais nous n'avons jamais regardé en arrière. Nous avons simplement continué à écrire et à faire évoluer notre son.
De quand datent les compositions qui figurent sur "Calls For Rebellion" ?
Toutes les chansons de "Calls For Rebellion" ont été écrites dans une salle crasseuse à l'arrière de notre maison ; ces compositions étaient l'aboutissement de nos propres expériences personnelles et de ce qui se passait dans le monde à l'époque, entre 2014 et 2015.
Un «kiss my ass» subliminal
Vous rencontrez pas mal de problèmes pour enregistrer cet album. Vous partez jusqu'en Angleterre...
Nous n'avions pratiquement pas de budget à l'époque et nous avions besoin de seize chansons enregistrées en un peu moins de deux jours. C'était une entreprise énorme, mais nous l'avons fait. C'était une période très stressante.
Sur la pochette de l'album on vous voit de dos, peu vêtues, l'image coupée à mi-corps. On aperçoit vos guitares...
Cette image, c'est un «kiss my ass» subliminal à une société qui conteste la liberté d'autrui plutôt que de la protéger.
Voodoo Child me fait penser aux 70's. C'est l'une de mes chansons préférées. "Hater" et "Champagne Cocaïne" font toujours partie des setlists de vos concerts. "Calls For Rebellion" a bien passé l'épreuve du temps.
Merci beaucoup. Nous avons joué des chansons de chaque album lors de nos concerts et elles tiennent toutes leur place. Les vraies émotions et la passion brute ne seront jamais une mode passagère, même dans cent ans, les gens seront toujours sensibles aux difficultés et à l'oppression.
Quelles sont les forces et les faiblesses de cet album ?
Les points forts de "Calls For Rebellion" résident dans la diversité de ses chansons, les changements de tempo inattendus et sa brutalité absolue ; les faiblesses pourraient être qu'avec plus de temps certaines chansons auraient pu être plus développées, comme notre titre "Real" par exemple. Et le disque est "Low Fi".
"Calls For Rebellion" a-t-il été bien accueilli par les critiques ?
Il a été très bien accueilli par l'industrie mondiale de la musique. Cela nous a pris complètement par surprise car c'était un album tellement brut, enregistré en un peu moins de deux jours...
Quel écho a-t-il reçu auprès du public ?
L'accueil de l'album est toujours positif, et ce qu'il raconte résonne dans la vie de nombreuses personnes.
Individuellement, qu'est-ce que Calls For Rebellion vous a appris ?
Camille : Cela m'a appris qu'il y a un besoin énorme et un désir ardent de musique brute, authentique et originale, qui ne se détourne pas des sujets que la société préfère ignorer ou éviter de peur de remettre en question les idéaux des gens.
Noémie : Il m'a appris que, peu importe la situation dans laquelle je suis, en musique, je serai toujours mon maître, et cela ne connaîtra jamais ni limite, ni chose impossible.
Cet "appel à la rébellion" il me semble que c'est surtout à vous-même que vous l'adressiez...
Toutes nos chansons sont personnelles. C'est notre façon de refléter nos pensées et nos expériences intérieures, c'est autant pour nous que pour les autres. Des gens tirent leur force des messages de notre musique.
The SoapGrils, photographiées par Denis Charmot. (https://www.facebook.com/DenisCharmotPhotos)
Aujourd'hui Calls For Rebellion est épuisé en version CD. Une réédition verra-t-elle le jour ?
Il est toujours disponible ! Nous avons dû le réimprimer plusieurs fois mais avons toujours du stock !
De "Calls For Rebellion" au double album "Elephant In The Room", comment le son "SoapGirls" a-t-il évolué ?
Nos chansons sont écrites d'après des expériences de vie et des choses qui nous affectent dans le monde entier. Plus nous vivons et expérimentons, plus nous devons écrire. A mesure que nous évoluons en tant que personnes, notre musique évolue également. Avec le temps, nous avons économisé de l'argent, pour de meilleurs budgets d'enregistrement qui nous aident toujours. "Society's Rejects", notre deuxième album, est le premier que nous avons pu nous permettre d'enregistrer correctement, et nous avons utilisé l'argent du merchandising, des téléchargements et des fonds de tournée, pour finaliser "Elephant In the Room". Donc encore une fois nous avons pu améliorer le son par rapport à "Calls For Rebellion" et "Society's Rejects".
"Johnny Rotten", extrait de l'album "Society's Rejects" (2017)
Quelle est votre actualité ?
Nous sommes actuellement occupées avec notre quatrième album, et nous sortirons de nouveaux singles dans les semaines à venir, en vue de l'édition complète de notre prochain opus.
Le double album "Elephant In The Room" (2019)
Camille, Noemie, merci pour ces précisions et pour votre accueil. Au plaisir de vous revoir en France.
Merci beaucoup pour votre soutien. Nous avons hâte de vous voir aussi, et nous avons hâte que toutes ces c*** de COVID soient terminées pour que nous puissions repartir en tournée !
Les Liens :
The SoapGirls sur Facebook :
https://www.facebook.com/thesoapgirls
La fan page :
https://www.facebook.com/groups/thesoapgirls
The SoapGirls sur Spotify :
https://open.spotify.com/artist/1OLHfdAPzzmWwnOVSX67km
The SoapGirls sur Bandcamp :
https://thesoapgirls.bandcamp.com/
"My Development", extrait de l'album "Elephant In The Room" (2019).
Discographie :
- Xperience (2011)
- Calls For Rebellion (2015)
- Society's Rejects (2017)
- Elephant In The Room (2019)
"Society's Rejects" en version live unplugged.
Back to the roots : MOBIUS, "The Line" (2016)
Le 15/10/2020
« The Line c'est une écriture sincère qui m'a permis de mettre sur papier et en musique le passé. »
Voici à peine quatre ans, le 10/10/2016, sortait "The Line", le premier album de Mobius.
Les Lyonnais ont fait du chemin depuis. On les retrouvait début 2020 avec "Kala", qui mélangeait métal progressif et musiques du monde.
Mais qu'est-ce que "Kala" doit à "The Line" ? Et comment Mobius voit-il cet album aujourd'hui ?
Loin de tout challenge commercial, voici le genre de questions que nous posions aux Lyonnais, tout en soufflant avec plaisir les quatre bougies de cette première pierre à leur édifice. Guillaume Deveaux (claviers) et Heli Andrea (chant), ainsi que l'ingénieur du son Raphaël James, ont accepté de revenir sur ce premier album.
Bonjour Mobius. Tout d'abord replaçons "The Line" dans son contexte : en 2016. François Hollande est président de la république. La France est en état d'urgence et la menace terroriste est "plus élevée que jamais". C'est aussi le temps de l'affaire Cahuzac, et Macron quitte le gouvernement pour fonder LREM. Musicalement, Gojira sort "Magma", Black Sabbath annonce "The End". Où est Mobius sur la scène française ?
Guillaume (claviers) : Pour ces premières années, Mobius, vis à vis de la scène française, ça se passait... et bien à Lyon et sa banlieue ! Pas beaucoup plus loin... On a quand même eu l'occasion inouïe de jouer en première partie de Leprous en 2013, tout ça avec trois chansons-démo dans notre besace et le tout six mois après notre tout premier concert ensemble (c'est même la toute première scène foulée pour certains !). Cette date inoubliable nous avait mis un coup de boost, elle nous avait aussi ouvert les yeux sur ce qu'on était capables de faire.
Depuis quand le line-up se connaît-il ?
Guillaume : Le line-up d'origine, celui qui a donné naissance à The Line, s'est formé en deux étapes. D'abord Adrien, Anthony et moi même, qui nous connaissions depuis le collège (sur l'île de La Réunion). Une fois sur Lyon, on s'est mis à rechercher des musiciens pour compléter le groupe, et porter au mieux les ébauches de compositions que l'on avait sous le coude. On a rencontré Julien puis Héli, en 2012 il me semble. Quelques années pour se connaître, s'apprivoiser, faire murir les compositions, et on s'est lancé dans l'enregistrement de quelques titres en démo !
Mobius 2016. De gauche à droite : Julien Pelisson, Guillaume Deveaux, Héli Andrea, Anthony Laravine, Adrien Brunet. (photographie Julie Gobelin)
Trois ans après la démo trois titres dont tu parlais, vous préparez donc un album. Aviez-vous une idée de la direction à prendre ?
Guillaume : On avait une idée de l'album sur papier avant de monter Mobius. En tout cas on avait les titres, le concept (bien éloigné du résultat final), le nombre de pistes, l'ambiance de chaque chanson. Adrien et Anthony avaient vraiment bien formalisé leurs idées. Même si au final "The Line" est assez éloigné du concept de base, ça nous a permis d'avoir une ligne directrice pour composer, agencer les chansons, ce qui n'est pas une mince affaire lorsqu'on se lance dans ce genre de projet pour la première fois. Première fois pour nous tous d'ailleurs, ingénieur du son inclus !
La démo en elle-même n'était pas sur le calendrier, l'objectif c'était de sortir un album. Mais quand on a rencontré Raphaël James (l'ingénieur du son), on avait déjà ces trois chansons de terminées. C'était l'occasion de voir ce que ça pouvait rendre. C'était aussi une opportunité de se confronter aux difficultés d'un enregistrement, de voir ce qui était impossible à faire, de cerner les éventuels problèmes sur les chansons dans leur version de l'époque. C'était vraiment excitant de découvrir nos chansons avec tous les arrangements que permettent le studio, et avec un son "professionnel", suffisamment pour mes oreilles de l'époque en tout cas ! Ca a été un exercice extrêmement important pour nous tous, ces premieres sessions.
Les tâches se répartissent naturellement ?
Guillaume : Déjà à l'époque, c'était Adrien et moi qui composions l'essentiel de la musique. Certaines chansons ont pu bénéficier d'arrangements de façon collégiale ("Rising Mind" et "The Heresiarch"), mais Adrien et moi avions déjà les idées claires sur la plupart des chansons. Je dis bien la plupart, parce que pour des chansons comme "Cosmopolis" ou "Evasion", je n'ai eu le "déclic" que très peu de temps avant la date d'enregistrement ! Pour le plus grand bonheur de mes camarades (rires).
Pour l'écriture, la tâche a naturellement été donnée à Héli. Rien de naturel là-dedans à vrai dire, elle n'avait pas plus d'expérience que nous sur le sujet. Mais au fil du temps elle a réussi à trouver les sujets qu'elle voulait aborder sur l'album dans sa globalité, et individuellement dans chaque chanson. C'est d'ailleurs elle qui est à l'origine du titre de l'album. C'était important qu'elle soit maître de ses textes et de ses mélodies pour ce premier essai.
Qu'est-ce qui lui sert de fil rouge dans l'écriture, et pourquoi l'album s'appelle-t-il "The Line" ?
Heli (chant) : A l'époque de la sortie de "The Line", je n'en parlais pas ouvertement, mais j'avais besoin d'exprimer des traumatismes pour avancer dans la vie. Maintenant je pense que c'est un bon moment pour ça, et ton interview me donne l'occasion de parler plus librement du concept de "The Line".
Les textes sont principalement axés sur le besoin de trouver de la force en soi pour se construire. Je sortais d'un procès contre mon père qui a duré huit ans pour violence physique et harcèlement. J'ai grandi dans un climat de violence et de terreur. Ma mère est passée près de la mort plusieurs fois et aujourd'hui elle en porte de lourdes séquelles. Pour ma part, je n'ai pas de séquelles physiques mais psychologiques : ne jamais se sentir en sécurité, se sentir abandonnée par la famille, la société, vivre dans la pauvreté et l'exclusion sont des choses qui ont fait partie de mon histoire et qui ont fait de moi une adulte fragilisée. Donc quand j'ai commencé à chanter j'étais effrayée de tout, je n'avais aucune confiance, ni en moi, ni dans la vie, mais j'avais une certaine force de résilience et j'aimais chanter avec Mobius. Ainsi pour moi, The Line, c'est un cri, parfois bancal dans les paroles, pas toujours bien cohérent, mais une écriture sincère qui m'a permis de mettre sur papier et en musique le passé, et de me dire : "Ok, c'est fini maintenant." La première phrase de l'album c'est "Who am I today?" c'est la question que je me posais. Les paroles sont volontairement larges pour que chacun puisse les plaquer sur son propre vécu, mais aussi parce qu'elles parlent de moi et que je ne me sentais pas, alors, de porter ce message publiquement.
Sur "The Line" vous réenregistrez les trois titres de la démo de 2013. Pourquoi avoir transformé "Heretic Disaster" en "The Heresiarch" ?
Guillaume : Les trois chansons de la démo s'inscrivaient dans tous les cas dans l'album. Les enregistrer une première fois nous a permis de prendre un peu de recul sur la direction que l'on voulait prendre, et de ré-arranger certaines choses qui ne nous plaisaient plus (voire beaucoup de choses, sur "Herectic Disaster" par exemple). Dans tous les cas, les enregistrer de nouveau était un passage obligé pour avoir une unité de son et de production sur "The Line".
Héli : A mon arrivée dans le groupe, il m'a fallu du temps pour prendre ma place et mettre mes concept dans les chansons. Donc pour les trois titres de la demo (qu'on a enregistrée en premier), les concepts et paroles ne sont pas vraiment les miens. J'essayais de coller au concept qu'Anthony, Guillaume et Adrien avaient écrit avant mon arrivée. Mais ce n'était pas vraiment personnel. L'écriture de "The Line" a réellement été le moment où j'ai pris ma place et où j'ai pu parler de choses qui me tenaient à coeur. Donc les trois chansons de la demo sont celles dans lesquelles je me reconnais le moins. On a gardé les anciens titres, mais ils ne représentaient plus, pour la plupart, le contenu réel des chansons. Les titres ont aussi un côté daté, comme "Heretic Disaster", donc on a essayé de faire un entre-deux : garder les titres et les moderniser un peu. "Heretic Disaster" est devenu "The Heresiarch" par exemple. Aujourd'hui, je vois ça comme un premier pas vers une écriture plus mature.
Un premier album j'imagine que c'est un peu Candide qui découvre le monde... Y a t-il des réalités techniques ou financières, des déconvenues qui vous font descendre de votre petit nuage ou revoir vos ambitions ? (je pense par exemple à Héli qui pensait faire chanter des amis en chorale...)
Guillaume : La réalité financière, on y a été confronté avant même de commencer. Nous étions encore tous étudiants à l'époque, et louer un studio ou du matériel coûteux n'a même pas été envisagé. Le DIY (Ndlr : Do It Yourself) s'est vite imposé. J'exagère peut être avec le terme DIY, car même si Raphaël n'en était qu'à ses débuts en terme de mixage de cette envergure, ingénieur du son restait son métier et il était donc équipé en conséquence ! La réalité technique ne nous a pas vraiment effrayé, il faut savoir que pour 80% des enregistrements guitares, Anthony n'était pas à Lyon près de nous ! Il était retourné à La Réunion pour une longue période, mais on a pu trouver un autre ingénieur du son, de la même promotion que Raphaël, pour prendre en charge l'enregistrement des guitares.
Héli : Je n'ai jamais été déçue parce que je ne m'attendais à rien de particulier, faire un album, c'était une totale découverte pour moi. Les réalités techniques d'abord. Je ne savais pas gérer la distance au micro pour chanter, je n'avais pas de technique vocale pour me préserver et avoir de l'endurance, ce qui est essentiel. Donc j'ai eu des passages assez éprouvants pendant les enregistrements. Parfois, il y avait le volume mais pas l'émotion, ou l'émotion mais pas la technique... C'est après ces enregistrements que j'ai décidé de prendre des cours de chant pour gagner en confort, en endurance et en technique globalement. Ça a été très formateur et j'ai pris des notes tout du long avec notre ingé-son qui m'a coachée pour ces enregistrements. En terme financier, comme tout était fait maison avec notre ingé son, ça a beaucoup amorti les coûts. La batterie était électronique, et pour la voix on a mis un canapé debout et du linge tendu dans un salon pour créer une cabine studio. Quant à la chorale de potes : j'ai tenté, mais le travail était plus important que je le pensais. On s'adapte, on trouve de nouvelles idées, de nouveaux arrangements... Au lieu d'une chorale de copains, j'ai enregistré toutes les voix moi-même et c'était super. Je fais plein de chorales moi-même maintenant, j'adore !
"The Line" marque le début de votre collaboration avec Above Chaos. Un mot sur l'artwork ? Quel message vouliez-vous véhiculer ?
Héli : Pour résumer l'album, notre ancien guitariste et moi-même avons écrit : "Their choices designed my path, now I design the future. On the Line of who we are, between resistance and possibility". On naît et on grandit dans un environnement qu'on n'a pas choisi. On est prédestinés à porter un bagage culturel et social, mais on peut se défaire d'une partie si on le veut. Le foetus sur la pochette est dans une bulle confortable mais il va naître dans un monde abstrait où il devra trouver sa place. C'est un individu fragile qui va tracer sa voie dans un univers qu'il devra décoder. Donc pour résumer cette pochette qui est très épurée : c'est une sensation de petitesse face au monde qui nous entoure.
Avec Vincent Fouquet, alias Above Chaos, on a très vite accroché en terme de façon de travailler et dans notre manière de voir les choses. Il a rapidement dépassé son rôle de graphiste pour nous donner des conseils sur la promotion par exemple. On est devenus amis et au même titre que Raphaël, il fait partie des personnes qui nous ont boostés et encouragés, et qui nous suivent toujours aujourd'hui. Artistiquement, il a clairement une patte à lui, avec son background black metal (et donc pas du tout prog/djent/moderne), mais il a une palette d'émotions et d'univers riche. Il a donc réalisé la pochette de "Kala" par la suite, et on était vraiment sereins sur le résultat qu'il proposerait.
Comment votre son, signé Raphaël James sur cet album comme sur tous vos opus, a-t-il évolué ?
Raphaël (ingénieur du son) : L'évolution du son de Mobius c'est avant tout notre évolution à tous, techniquement et musicalement. "The Line" était notre premier LP, pour eux comme pour moi. Il y aurait beaucoup de choses que j'aimerais changer si je le refaisais maintenant, mais ça nous a permis d'évoluer avec Kala, de savoir où on voulait aller en terme de son, au niveau des arrangements, etc.
Héli : En terme de voix, de performance, d'intention et d'arrangements, je pense que depuis "The Line" on est beaucoup plus sur la voie de trouver "notre propre son" en tant que groupe. Tout a évolué. "The Line" était très formateur mais "Kala" l'a été tout autant, et l'expérience de "The Line" nous a permis d'aborder "Kala" avec plus de maturité. On a une meilleure direction, avec plus de recherches ensemble et plus de liberté sur le son qu'on voulait.
Si vous deviez réenregistrer THE LINE, que changeriez-vous ?
Héli : Enregistrer une batterie acoustique, changer les sons de guitare, certains arrangements voix, faire un coaching avant d'entrer en studio, changer les noms des chansons, etc. Mais c'est un témoin des musiciens qu'on était à cette époque, une photo de nos goûts à ce moment là, donc je ne changerais rien.
Guillaume : Je ne vais pas te mentir : TOUT ! Que ce soit le son des instruments, ou les arrangements musique et voix. Déjà à l'époque, les idées de modifications jaillissaient alors que l'enregistrement était terminé. Ca nous a appris l'importance des pré-productions pour chaque chanson. De toutes façons, je ne suis pas vraiment partisan de faire du neuf avec du vieux. Pour expérimenter sur "The Line", il nous reste le live ! Comme on a pu le faire avec la version maloya-acoustic de Rising mind au CriDuCol Festival.
Musicalement, y a-t-il eu des "fausses routes", des directions dont vous vous écarterez ?
Guillaume : Pas vraiment de fausses routes à mon sens, mais quand les chansons de "The Line" ont été enregistrées on peut dire qu'elles étaient déjà assez éloignées de nos aspirations musicales du moment. Certaines chansons dataient de plusieurs années, avant même que l'on pose le pied à Lyon ! Les premières ébauches de "Mist of Illusions", "Rising Mind" ou "Bursting Chaos" sont nées quand on baignait encore tous les trois (Adrien, Anthony et moi) dans le métal symphonique, le power et le prog traditionnel. Il y a forcément eu un travail de ré-arrangement assez conséquent pour harmoniser les compos anciennes et récentes, mais aussi pour intégrer les souhaits de Julien et Héli le mieux possible. Bref, il était clair pour nous tous que cet album n'était pas l'idéal musical que l'on aurait envisagé si l'on avait composé des choses entièrement nouvelles sur le moment. Mais ce projet de longue date nous tenait à coeur, on voulait le finir !
Aujourd'hui avec "Kala", on a volontairement laissé de côté l'aspect orchestre/choeur et chant lyrique, au profit de couleurs plutôt orientées moyen-orient et musiques du monde. Mais ça ne veut pas dire qu'on n'y retournera pas, rien n'est figé ! Malgré tout je n'ai pas résisté à mettre un ensemble de cordes sur Akasha et Bhati.
"J'en parle comme si c'était une ascension de l'Himalaya, mais un premier album, et même le fait d'avoir un groupe et de vouloir le développer, c'est un peu ça. C'est des sensations fortes et un panorama magnifique, mais c'est aussi des prises de risques, des limites, des frustrations."
Les chroniques de "The Line" m'ont paru majoritairement très élogieuses. Elles soulignent déjà la maturité, la maîtrise technique et le potentiel du groupe (voir in fine). Comment avez vous ressenti cette phase ? Sortez-vous satisfaits de l'accueil critique de "The Line" ?
Héli : Quelques semaines avant la sortie de l'album, on faisait de la promo sur les réseaux sociaux, on était impatients. En même temps, j'étais stressée à l'idée que tous ces efforts payent et qu'on découvre ma voix plus largement. "Que vont penser les gens ? Vais-je être cataloguée "chanteuse symphonique ?" Je cachais mon visage sur les réseaux sociaux, je voulais être jugée sur ma voix et ce que j'avais à dire, donc sur ma personnalité musicale. C'était le stress, j'avais l'impression qu'on allait me voir nue (rires). Je crois que quand l'album a été publié sur Bandcamp (sortie officielle), je me suis tenue loin d'internet pendant plusieurs heures.
Les premières critiques sont tombées, plutôt positives, puis de plus en plus de super critiques. On a eu un retour très positif de certains musiciens et de personnes qu'on respecte pour leur travail. Tous ces retours nous ont encouragé à défendre cet album et notre musique, et nous ont donné confiance. C'était très valorisant, et accueillir ces retours ensemble avec le nouveau line-up fraîchement formé, ça nous a solidifiés en tant que groupe je pense.
Le line-up, j'y venais : il y a du mouvement après l'enregistrement de "The Line" : Anton (guitare) et Julien (basse) sont remplacés par Xavier (guitare) et Alexandre (basse). Un rapport de cause à effet ?
Héli : Faire un album, y mettre tout ce qu'on a, son temps, son énergie, sa patience, son argent, c'était quelques sacrifices. Et quand on se rend compte que l'album est fait mais qu'il faut donner encore plus d'efforts pour le promouvoir, ça pousse dans ses limites, du moins quand on est autoproduits et qu'on veut faire passer le mot. Je pense que quand on mène un tel projet, c'est dans le but de grandir et de réitérer l'expérience. J'en parle comme si c'était une ascension de l'Himalaya, mais un premier album, et même le fait d'avoir un groupe et de vouloir le développer, c'est un peu ça. C'est des sensations fortes et un panorama magnifique, mais c'est aussi des prises de risques, des limites, des frustrations. Donc chacun d'eux, pour des raisons différentes, ne se sentait pas de s'investir par la suite à la hauteur de ce qu'on voulait, ce qu'on a compris sans aucun souci.
L'album a-t-il pu être suffisamment distribué ?
Héli : A l'époque on ne connaissait rien à la promotion. J'ai bénéficié de quelques conseils de Vincent Fouquet et d'Eddy Chaumulot (ex-T.A.N.K et Vise Versa) qui m'ont expliqué le principe du teaser, des chroniques et du reste. Alors j'ai pris un ordinateur et commencé des petits messages et emails. C'était un travail de fourmi qui nous a permis d'atteindre un premier public sur la toile, confidentiel à l'échelle du monde musical, mais de plusieurs milliers de personnes tout de même. De mémoire, on a du vendre quelque chose comme trois cents CDs, en France principalement, puis en Europe (pays voisins), et puis carrément à l'autre bout de la planète (USA, Canada, Japon, Mexique, Indonésie...). Merci Internet ! Donc je dirais que c'était un bon début pour nos petits moyens et notre connaissance limitée du domaine.
Quel jugement portez-vous aujourd'hui sur "The Line" ?
Héli : C'est un premier album dont je suis fière. C'est une étape dans ma vie musicale, et c'est un magnifique travail de groupe. Pour moi, il a ses défauts, ses petites longueurs, son aspect un peu démonstratif (cinquante-quatre minutes !) mais aussi son charme. Il porte les prémices d'un son et de concepts personnels, et c'est un beau témoin des musiciens que nous étions il y a des années. "Cosmopolis" et "Mist of Illusions" sont les morceaux dont je suis la plus fière parce qu'ils sont variés en intensité, punchy et hyper fun à jouer en live.
Guillaume : Même si j'ai énormément de mal à l'écouter aujourd'hui (!), il a une place spéciale dans mon coeur. Contrairement à "Kala", il y a mille choses et mille choix que j'aurais voulu faire différemment. Mais c'était l'album de toutes les premières fois et dans cette optique je ne peux en être plus fier, que ça soit en terme de plaisir personnel mais aussi au regard des critiques de l'album. Le son global de "The Line" n'est peut être plus à mon goût, mais en tout cas jouer certains de ces titres sur scène avec notre son actuel reste un réel bonheur. Je me demande bien comment ça pourrait sonner si on devait ré-enregistrer une des chansons de "The Line" de nos jours, tiens...
Individuellement, qu'est-ce que "The Line" vous a appris, et qu'est-ce que "Kala" doit à "The Line" ?
Héli : Ce qu'on doit à "The Line" ? Tout ! L'expérience du studio, de la promotion, la communication, mais surtout découvrir que des gens aiment ce qu'on fait ; avoir des retours géniaux de la part de professionnels ; à titre personnel, que des gens aiment ma voix et qu'ils la trouvent émouvante, mes premiers concerts et d'autres.
The Line portait quelques prémices du style qu'on voulait aborder par la suite notamment avec un petit peu de chant mongol et la piste "A Mazing World" qui contient du duduk et une derbouka. On était curieux de ça mais on le réservait pour Kala.
Guillaume : "Kala" doit tout à "The Line". Je pense que chacun de nos projets nourrira le suivant. Cette première expérience nous a permis d'être meilleurs sur tous les aspects pour "Kala", que ce soit en terme d'organisation, de composition, de promotion. Chacun des choix pour "Kala" a été conscient et réfléchi, et si on avait pris la décision de se concentrer dès le début sur les compos qui allaient devenir celles de "Kala", le résultat n'aurait jamais été à la hauteur de ce que l'on a produit aujourd'hui.
Individuellement, "The Line" m'a appris à devenir un meilleur compositeur, à toujours réfléchir à ce qui rendra une chanson meilleure et à ne pas tartiner chaque section avec des claviers ! Ca a surtout été le point de départ d'une aventure humaine incroyable. C'est cliché, mais c'est vrai !
Merci, Mobius, pour votre accueil.
Merci à toi !
Mobius 2020. De gauche à droite : Adrien Brunet, Guillaume Deveaux, Héli Andrea, Xavier Pompon, Alexandre Gaudencio. (Photo Héli Andrea)
THE LINE - LES CRITIQUES ONT DIT :
- Pour ce premier opus Mobius met la barre très haute.
https://www.unitedrocknations.com - Oui j’ai été séduit, et je ne peux que vous inviter vivement à découvrir ce groupe qui fera inévitablement parler de lui tant la maturité des musiciens transparait dans The Line.
https://amongtheliving.fr - Mobius a énormément de potentiel et en dévoile une grosse partie sur ce premier album.
https://one-standing.com - Un travail vocal d’autant plus impressionnant lorsque l’on sait qu’Héli assure à elle seule toutes les parties vocales et chœurs «féminins».
https://metaldream.soforums.com - Ce disque est bouleversant du début à la fin.
https://www.lesuricate.org