ESTETICA NOIR fait partie de cette génération synthwave capable de faire perdurer le genre en le portant à son meilleur niveau.
Par Ahasverus
ESTETICA NOIR est un groupe de synthwave formé à Turin en 2013. Il pratique une musique issue des courants darkwave/new wave/electropop et cite pour références Nine Inch Nails, The Cure, Depeche Mode et Killing Joke. Auteur de trois opus (discographie in fine), il a déjà partagé des scènes françaises, italiennes ou belges avec des formations telles que The Chameleons, Christian Death, Norma Loy, Whispering Sons ou Frozen Autumn. Il a également vu deux de ses titres rejoindre la bande-annonce et la bande originale du film « Al Massimo Ribasso » (2017) de Riccardo Iacopino. « Amor Fati », le quatrième album de la formation italienne, est sorti le 05/04/2024 sur le label Swiss Dark Nights Records. Cette galette d'environ trente-sept minutes est produite par Riccardo Sabetti (This Eternal Decay, Spiral 69). « Burnout », « The Cell », « Pain » ou « Faded » sont autant de titres-miroirs révélateurs des notes sombres qui hantent la musique d'ESTETICA NOIR.
Torturée, elle est pourtant portée par légèreté des claviers qui tentent d'ignorer la morosité latente.
C'est qu'« Amor Fati » est intrinsèquementpessimiste et tourné vers la fin, la sienne, la notre, celle du monde.
Il en ressort un album à l'esthétique gothique et cependant parent de The Cure et Visage.
Mais les préoccupations des Italiens sont tangibles et actuelles et leur dark rock ne cède pas totalement aux sirènes de la new wave portées par le clavier.
A l'instar de Wisborg en Allemagne et de Je T'Aime en France, ESTETICA NOIR prouve une nouvelle fois qu'il fait partie de cette génération synthwave capable de faire perdurer le genre en le portant à son meilleur niveau.
Line-Up :
Silvio Oreste : chant, guitare, programmations
Rik Guido : basse
Marco Caliandro : synthétiseur, programmations, chant
Groupe : DRAMA KING Album : « Mud & Concrete » Genre : Dark Folk / Funeral Rock Influences : Un savant mix de Nick Cave, Madrugada, Lana del Rey et Elvis Presley Origine : Quelque part vers Rennes Sortie : 11 avril 2025
Par Pépé St@kaTTo
Quand Yann Landry (Tadam Records / ASAP Conseils / La Grosse Radio Rock) m’a contacté pour me demander si je pouvais faire la chronique de « Mud & Concrete » de DRAMA KING pour « Ahasverus Métaux En Tous Genres », j’avoue que je n’étais pas très chaud pour me replonger dans une énième chronique d’album. D’abord parce qu’avec le temps j’avais perdu ce « mojo » qui me poussait à écrire, et puis parce que c’était devenu presque une routine, l’émotion de nouveaux albums n’étant plus au rendez-vous, je m’étais donc, tel un vilain vieil ours bigourdan, volontairement plongé en sommeil léthargique depuis quelques mois maintenant.
Mais ce nom de groupe et cette pochette avaient quelque chose d’inhabituel, un truc qui malgré moi m’attirait comme un aimant … Comme promis, j’y jetais une oreille, puis deux, et décidais finalement de me pencher sur le cas DRAMA KING ! Artwork réalisé par David Brabançon. Tracklist :
01.Broken Wings - 02.Brown & Grey - 03.Waiting for the Shades - 04.Every Dream That I Make Takes Me Back to the Start - 05.Silent Homes - 06.Drama King - 07.Between the Store Shelves - 08.Rock'n'Roll Lies
On poursuit l’immersion dans l’univers lugubre et obscur du quotidien de notre crooner triste avec « Brown & Grey ». Cette balade hivernale nous amène dans une virée en voiture dans la campagne bretonne. Les couleurs sont délavées, la musique dépouillée à l’extrême. Quelques accords plaqués sur le piano, des arpèges dégoulinants de regrets, invitent à la réflexion. Quel avenir pour ce monde ? Et puis un gazouillement raisonne sur le siège arrière, un bébé dors paisiblement, le futur est là, il faut continuer à rouler et aller de l’avant. Un sublissime morceau sur la paternité, très touchant.
C’est sur des arpèges très flamenco/rock typés années ’50 que démarre « Waiting for the shades ». Beaucoup de réverbe et de chorus dans cette intro mélodique, pour cette fois une ballade à l’ambiance gothique. Les paroles sont envoutantes et abrasives, noires et profondes. Ces nuances très sombres nous plongent dans de longues nuits d’angoisses sans cesse renouvelées, mélange de messe funèbre et de tango sinistre, comme un appel du néant, une malsaine fuite en avant … C’est triste mais si beau à la fois !
Le très Country Rock Galatique « Every dream that I make takes me back to the start » nous plonge dans le western urbain des HLM que côtoie Kevin, savant mélange de despérados et de sheriffs où chacun fait sa propre loi ! La chevauchée à travers cet univers hostile s’effectue sur une musique très chaloupée, typiquement Far West, enjôlée par un discret piano bastringue et une guitare folk envoutante. Après avoir quitté le saloon, le cow-boy rejoint donc paisiblement son « Home Sweet Home » pour retrouver un semblant de sérénité auprès des siens. Encore une très belle ballade épique !
« Silent Home » démarre sur la voix seule de Kevin, comme une mystique prière. Les nappes de claviers accentuent cette atmosphère d’abandon que l’on retrouve tout au long du morceau. On retrouve ici toute la symbolique de la pochette de l’album, celle de ces maisons fermées une bonne partie de l’année, ces bâtisses silencieuses le jour et glauques la nuit, aux volets fermés, qui ne revivent que pour quelques jours. Un morceau triste et joyeux à la fois mais malgré tout d’une beauté surprenante.
La piste numéro 6 « Drama King » qui porte le nom du projet est également une ballade très sombre. Drama pour tous ces évènements tragiques qui jalonnent notre vie quotidienne, et King comme pour un ultime clin d’œil à Elvis, le seul et unique Roi, « martyr maudit » tragiquement disparu … Comment rester soi-même sans faire semblant, comment faire pour ne pas porter les mêmes masques, neutres et anonymes, pour se fondre dans la masse ? Il subsistera toujours les chanceux, les nantis d’un côté, les défavorisés, les laissés pour compte, les paumés de l’autre ! La voix de Kevin est grave et torturée, et les arpèges égrenés, comme des coups de canif dans l’âme, raisonnent comme une funeste prophétie.
L’angoissant « Between the store shelves » est assurément le morceau le plus rock de l’album. Plusieurs changements de rythmes dans ce titre, avec des parties claviers se voulant plus légères et aérées, des riffs guitares toujours aussi incisifs, une batterie beaucoup plus présente ; et un final explosif, de toute beauté. Le sujet abordé ici est la précarité, le mépris des classes populaires et l’exploitation de ces employés anonymes qui travaillent dans les rayons de grandes enseignes et auxquels on laisse entrevoir pour le futur un avenir radieux, mais qui restent malheureusement coincé dans un présent statique et impersonnel.
Une intro arpégée, une voix résignée et éthérée, appuient ce mantra maléfique, « Rock’n’roll lies », nos rêves d’adolescents ne sont que de la poudre aux yeux, nos « Rocks Stars » d’antan qui nous ont tant fait rêver ne seraient en fait que de « fausses idoles » ! Kevin l’affirme, lui qui a côtoyé ce milieu du « showbiz », cette pseudo liberté n’est qu’autodestruction et égocentrisme … Ce dernier titre vient conclure de manière magistrale ce premier opus de DRAMA KING.
« Mud & Concrete » est une plongée en apnée dans les profondeurs sombres de notre époque, une chronique de cette vie tourmentée, huit tableaux intimes et personnels, pour au final, un album sombre et mélancolique qui ne peut pas vous laisser indifférent et dont vous ne ressortirez pas indemne !
En ce qui me concerne, « M&C » devient un opus majeur dans ma discothèque, une balise temporelle, le témoin d’un début de mois d’avril 2025 funeste, où j’ai perdu un être cher, un pansement miraculeux sur mes blessures, un talisman poétique pour l’avenir, une béquille sonore pour mes vieux jours. Merci m’sieur Kevin pour cette œuvre magnifique !
Kevin a également bien voulu me fournir quelques informations sur l’élaboration de cet album, et je l’en remercie :
[Concernant la prise de son, tous les instruments ont été enregistrés au Studio SOVAJ, dont le cœur est une console analogique SAJE (visible sur les photos) : https://www.facebook.com/studiosovaj/
J'ai fait les prises de voix tout seul dans un gîte isolé dans les monts d'Arrées avec ma carte son RME et un micro Neuman TLM193.
Pour la prise de son :
- Toutes les pistes guitares ont été faites avec ma Fender Jazzmaster qui passait dans un ampli Vox AC30 et une ribambelle de pédales d'effets : Overdrive OCD Fulltone, Reverb Strymon BIg Sky, chorus et disto MXR entre autres.
- En claviers et synthés on a utilisés un Mellotron (nappes violons, chorales et piano), Un Kork Minilogue XD (pour les sons plus modernes et les textures) et un Moog Minotaur (pour les basses synth). Tout ça passait dans le même pedalboard que la guitare.
- Pour la guitare basse j'ai utilisé ma Fender Precision.
- Pour les batteries on a utilisé une Pearl des 60's (visible sur une des photos du studio)].
C'est donc en « vrai groupe de rock » que cet album sera présenté sur scène, outre Kevin, quatre musiciens additionnels seront présents sur la tournée 2025 ! De gauche à droite les Rennais : Nico à la batterie, Ced à la basse (Food Fight, Slim Wild Boar, The Decline), et les Nantaises : Alice à la guitare (Middle Child, Panique, Alice HA) et Marthe aux claviers (Feu !, Brainfreeze). Pour commander la galette c’est ici :
Une oeuvre délicate qui suspend le vol du temps et près de laquelle il fait bon se poser. Par Ahasverus
Peut on être et avoir été ? Le quatorzième album studio de THE CURE tend à prouver que oui...
Seize ans après « 4.13 Dream », The Cure, le groupe aux trente millions d'albums vendus à travers le monde, revient. « Songs of a Lost World », son nouvel opus, est livré dans une pochette présentant une oeuvre du sculpteur slovène Janez Pirnat.
Privilégiant les longues plages instrumentales (« Alone », « Endsong », « And Nothing is Forever »), The Cure aligne les compositions marquantes (« A Fragile Thing », « Drone:Nodrone »). Créatif et séduisant, quand bien même il n'a plus le souffle novateur de ses premiers albums, The Cure reste tutélaire et semble inoxydable. Imperméable au temps, la voix de Robert Smith est une madeleine de Proust extraordinaire qui nous fait voyager. Aujourd'hui, c'est clair, The Cure a ce pouvoir extraordinaire d'en appeler à la nostalgie pour nous renvoyer aux premiers temps de sa new wave tout en nous touchant de ses mélodies nues actuelles (« I Can Never Say Goodbye »). On sort de l'album ému, désireux de l'écouter encore tandis qu'il grandit et fait son oeuvre en nous. Cultivant la mélancolie en expert, The Cure a traversé des décennies de musique sans vraiment changer, conservant statut et magie. On ne passera donc pas à côté de « Songs of a Lost World », une oeuvre délicate qui suspend le vol du temps et près de laquelle il fait bon se poser.
« Songs of a Lost World » a été écrit et arrangé par Robert Smith, produit et mixé par Robert Smith & Paul Corkett. Il a été enregistré aux Rockfield Studios (Queen, Motörhead, Coldplay).
« Songs of a Lost World » est disponible depuis le 01/11/2024.