« Pour réussir un tout petit peu il faut rater beaucoup. »
RED BEANS AND PEPPER SAUCE par Denis Charmot.
Dix ans d’existence et cinq albums.
Red Beans And Pepper Sauce est l’un des groupes de Rock les plus intéressants de la scène française. Son nouvel opus, “Mechanic Marmalade” est une réussite de plus dans sa discographie, et 2019 pourrait bien s'avérer l’année du Haricot.
Mais Qu'est-ce qui distingue les Red Beans d'un haricot à la sauce ordinaire ? Nous sommes allés poser la question à son flamboyant guitariste, Laurent Galichon.
(Interview réalisée pour Hard French Metal le 30/10/2019)
Bonjour. Je pense que c’était Thriller, de Mickael Jackson, en k7.
Ton premier concert ?
Je crois que c’était FFF à Béziers en centre ville, un concert gratuit.
Mes parents m’ont acheté une platine vinyle pour mes dix ans, avec le 45 tours Beat It, toujours de Mickael Jackson. Je me rappelle encore avoir écouté ce solo de Van Halen en boucle. J'ai même probablement dû faire quelques solos de raquette devant la glace (Rires). Et puis je suis allé fouiller dans la collection de mes parents où je suis tombé directement sur le 45 tours quatre titres de Hey Joe de Jimi Hendrix puis sur le 33 tours Led Zeppelin II. Les jeux étaient faits…
La vie d'artiste est-elle conforme à ce que tu imaginais alors ?
Pas vraiment (Rires) ! Quand on est spectateur on n’a pas idée de l’envers du décor ni de la somme de travail que ça représente. Cela dit c’est passionnant, les bons moments valent sans problème les mauvais.
Eleanor Rigby, Voodoo child, Since I've Been Loving you, The Weight, I Shall Be Released, Little Wing, A Change is Gonna Come, I’ve Been Loving You Too Long, Child in time... Il y en a trop ! (Rires)
Le premier album qu’on écrit on met toute sa vie jusque-là pour l écrire. C’est donc des années d apprentissage, de réussites, d’échecs. On tente des choses. Des fois ça marche des fois non. Il y a un coté créature de Frankenstein dans certains trucs que j’ai écrit au début. Mais c’est un passage obligé. Pour réussir un tout petit peu il faut rater beaucoup.
Non, on a épuisé les stocks et comme il y a eu un changement de chanteuse on a décidé de ne plus le commercialiser.
RED BEANS AND PEPPER SAUCE - Le Gardien (2010)
Tu joues aussi de la batterie. Pratiquer cet instrument a-t-il influencé ton processus de composition ?
Carrément ! Ça arrive même que je parte d’un pattern en particulier. C’est pratique aussi pour communiquer avec Niko qui produit les albums et joue la batterie. Il est très impliqué dans l’arrangement des morceaux et du coup on parle la même langue même si lui la maîtrise beaucoup mieux que moi.
RED BEANS AND PEPPER SAUCE - Who Made The Sauce ? (2012)
Non pas vraiment, je ne sais pas si cela me conviendrait. En fait dès que j’ai une idée je la joue et j’enregistre avec mon smartphone. Si je suis en voiture je chante le truc. J'archive tout ça sur mon PC et je m’en sers comme boite à idée quand je fais une session d écriture.
A mon ego surdimensionné qui ne supporte pas la présence d’un deuxième guitariste sur scène. (Rires)
Plus sérieusement le truc à deux guitares ça rend l’histoire très très rock. J’adore ça chez AC/DC mais je voulais faire quelque chose de plus nuancé, avec des touches funky, ou parfois même pop. Je voulais aussi que mes racines blues soient bien présentes et à deux grattes j’aurais une tendance à imaginer des arrangements beaucoup plus hard. Ça ne nous empêche pas de jouer heavy quand c’est nécessaire mais ça nous donne la possibilité de faire autre chose si on en a envie. Il n’y a pas de formule parfaite mais celle-ci me convient le mieux.
C’est le troisième album avec la même équipe, soit depuis 2014.
Qu'est-ce qui distingue les Red Beans d'un haricot à la sauce ordinaire ?
Le piment ! Les haricots rouges si tu veux ça représente nos racines blues, ça représente notre héritage. La sauce au poivre c’est ce qu’on y apporte, c’est notre façon de le cuisiner. Le blues est une musique de tradition. Nos glorieux aînés l'ont façonné à leur image au fil du temps.
Ce qui est intéressant désormais c’est de voir ce que nous allons en faire. Et puis ce qu’en fera la génération d’après et ainsi de suite. Chacun le fait à sa façon. Sinon c’est comme manger tous les jours la même chose.
Notre musique prend vraiment une autre dimension sur scène, c’est en tout cas ce qu’on nous dit régulièrement après nos concerts, du coup il y a un vrai intérêt à essayer de capter ça régulièrement. Mais effectivement ça demande beaucoup de moyens et aussi un peu de chance pour faire les bonnes rencontres. On réfléchit actuellement au prochain live qu’on va réaliser. On étudie plusieurs possibilités. Ce qui est sûr c’est qu’on veut faire autre chose et ne pas simplement sortir un Blu-ray qui ressemblerait au précédent avec seulement les titres qui changent. La technologie nous offre sans cesse de nouvelles possibilités donc on va essayer de faire quelque chose d’original.
Il devrait bientôt être disponible sur le site en version CD et MP3.
Oui tout à fait. Depuis RED on s’est fixés musicalement. On assume clairement ce côté Classic Rock mais on fait attention à respecter nos racines Blues et notre attirance parfois pour la Soul. Ce n’était pas quelque chose de si étonnant que ça dans les 70’s de mélanger les genres. Nous avons un gout prononcé pour la fusion. Cela dit il est impossible de savoir ce qui se passera par la suite, on se donne un cadre histoire d’être cohérent mais un cadre ça peut s’élargir.
Il y a maintenant pas mal de gens qui nous suivent, il y a une certaine attente à la sortie de l’album. Du coup même si je n’ai pas la peur de mal faire, parce qu’après tout un artiste doit se laisser porter par son inspiration, je ressens surtout la peur de décevoir. C’est une vraie grande fierté d’avoir créé quelque chose qui plaise à ce point à des gens que je ne connais pas, qui font des bornes pour venir nous écouter, qui dépensent de l’argent pour un disque. Bien sûr nous n’avons pas autant de public que des rock stars, mais peu importe le nombre, je serais malheureux s’ils ne trouvaient plus ce qu’ils viennent chercher dans nos albums ou à nos concerts.
Arf, c’est difficile. J’ai adoré jouer “Son” sur scène parce que j’ai écrit ce titre, paroles et musique, pour mon petit garçon et que ça me donnait des ailes sur scène. Même les mauvais soirs ça me faisait penser à lui et ça me permettait de me remettre dans la musique. C’était une belle expérience. Il en existe une belle version, une de mes préférées, sur le Blu-Ray live. Je suis vraiment très heureux qu’elle ait pu être enregistrée. Mais maintenant on l’a sortie du set pour éviter de saturer. Et puis il a grandi, il va falloir que je lui en écrive une autre. (Rires)
J’en aime beaucoup d’autres mais j’ai souvent eu des frissons sur celle-là sur scène.
(Rires) Je dis à tout le monde que je déteste Phil Collins pour faire genre, mais en fait je kiffe le morceau “Mama”, de Genesis.
Ben en fait ça fait cinq albums qu’on sort et on ne m’a encore jamais dit “Alors, c’est l’album de la maturité ?” et je suis très déçu. (Rires)
Aussi, j’aurais adoré être interviewé par Nelson Montfort mais je suis une quiche en patin à glace…