- Accueil
- Nos articles
Nos articles
AMETHYSTE PROJECT (rock progressif), « Au gré du temps » (2024)
Le 09/02/2025
« Au gré du temps » fait partie de mon TOP 5 tant il dégage d’émotions !
Par Pépé St@kaTTo
Groupe : AMETHYSTE PROJECT
Album : « Au gré du temps » (Autoprod’ - CD caritatif)
Genre : Rock / Metal Progressif /Hard
Région : Hexagone
Sortie : novembre 2024
Participants :
⦁ Chanteurs/es : Carine Pinto (MANIGANCE), Abby (BURNT UMBER), Joe Amore (KINGCROW, A & MORE), Olivier Costes (LOOKING FOR MEDUSA), Chris Garel (DREAMCATCHER)
⦁ Guitaristes : Ted « Denver » Souaze (DENVER, DOUBLE T), Bastien Lemoine (STEEL RANGERS, DREAMCATCHER), Olivier Louis Servais (DEMONTOOL, HEVIUS, DREAMCATCHER), Gérald Le Huec (Trouz Ar Mor) et Yvan Coste (DOOMSDAY MACHINE)
⦁ Bassistes : Philippe Guadagnino (BLASPHEME), Nicolas Sotiriou (CHRYSIS) et à Markus Fortunato (FORTUNATO, SPIRIT WAR), Alan Raoul (HOT HELL ROOM).
⦁ Claviers : Greg LUNG
⦁ Batterie : Thierry Thuane (DREAMCATCHER)
Tracklist :
La Quête : (01.Le profane – 02.L’occultiste – 03.Révélation) – 04.Au gré du temps – 05.Crépuscule des Elfes – 06.Mr King
Comme son nom l’indique, AMETHYSTE PROJECT n’est pas à proprement parler un groupe (prévu pour durer dans le temps, et encore que, ne jamais dire jamais !), mais plutôt le projet d’un CD réalisé par plusieurs artistes bénévoles, dont le produit des ventes sera reversé à une fondation pour la recherche médicale et en particulier celle sur la maladie d’Alzheimer.
Ce projet est à l’initiative de Thierry Thuane (batteur de DREAMCATCHER) qui suite au décès de sa maman touchée par ce fléau (juillet 2022), a eu l’idée de réaliser un CD en sa mémoire. De plus, il est important de préciser qu’AMETHYSTE PROJECT a été parrainé par le Professeur Laurent Karila (que tous les métalleux connaissent pour sa forte implication musicale).
C’est sur les fondations de son ancien groupe AMETHYSTE et de certaines de ses compositions que va s’appuyer Thierry pour réaliser cet album. Il compte également sur la participation de ses anciens compères Greg Lung aux claviers et Jean-Pierre Faillat aux guitares, pour « relancer la machine ». Cependant ce dernier devra décliner sa participation pour des raisons de santé.
C'est à partir de là, que l'idée (géniale) de réunir plusieurs artistes plutôt que de faire un « groupe éphémère » a germé dans l’esprit de Thierry. Avec l’aide précieuse d’Olivier Costes et de Chris Garel, chacun piochant dans ses relations pour présenter le projet et demander leur collaboration. Toutes les personnes sollicitées ont accepté au premier contact !
Photographie : Chris Garrel par Chloé Bazaud
La structure de la trilogie « La Quête », titres déjà travaillés avec AMETHYSTE, ayant une couleur plutôt rock progressif, c’est donc vers ce style que l’album s’est engagé. De plus, il semblait intéressant d'emmener les autres musiciens vers un style de musique qu'ils connaissaient moins. Une aventure qui allait s’avérer finalement très enrichissante pour tous les participants…
Après avoir finalisé les compositions, s'en est suivi de gros échanges de fichiers audio entre tous les musiciens et chanteurs/ses pour que chacun puisse y apporter sa patte personnelle, et ainsi avoir la possibilité de retoucher certaines parties musicales ou vocales. Après une longue phase d’écoute, de mixage et de mastering avec Greg, et deux ans après le lancement du Projet, le CD est enfin prêt.
N’oublions pas également de préciser que la sublissime pochette de l’album a été réalisée par le Sorcier Stan W Decker (Judas Priest, JPL, Jorn, ADX), tandis que la graphiste Chloé Bazaud concevait avec brio le digipack et le livret. « Au gré du temps », dont le magnifique artwork évoque la vie qui passe, avec son « légendaire » sablier séparant les quatre saisons, est donc une sorte de « concept album » de rock progressif dont chaque morceau est chanté dans la langue de Molière, un choix assumé par tous les participants.
On commence donc par la Trilogie de la Quête.
01. Le Profane démarre l’album sur une intro de plus de deux minutes d’instrumentaux. D’abord le piano, puis la basse / batterie, les riffs de guitares viennent ensuite alourdir l’ambiance. C’est sombre et pénétrant, comme une plongée dans une autre époque, et c’est bien ce que laisse supposer les paroles. Tantôt parlé, tantôt chanté, le personnage est confronté au deuil et à la mort, il semble étranger à la religion qui pourrait lui apporter un peu de réconfort face à la douleur. Le final comme une élévation de l’âme qui s’arrache des limbes de la vie est magnifique. 7 minutes 32 de pure extase !
⦁ Chant : Olivier Costes / Guitares : Yvan Coste / Basse : Nicolas Sotiriou / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
02. L’occultisme poursuit sur le même thème, une longue partie de claviers bien Prog’, une ligne de basse enivrante et planante, une caisse claire qui claque à souhait, des soli aériens, accompagnent notre héros, toujours à la recherche d’un passage vers le royaume de la mort. L’occultisme va lui permettre de franchir cette porte. Les paroles sont percutantes et les riffs de fin tranchants comme un scalpel, viennent mettre un terme à la vie de cet alchimiste un peu fou.
⦁ Chant : Sylvain Lapersonne / Guitares : Bastien Lemoine / Basse : Alan Raoul / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
La fin de cette Quête se termine avec l’acte III « Révélation ». C’est sur de très beaux arpèges et des nappes de claviers éthérés que notre personnage se réveille. La voix de Jo est puissante et de circonstance pour conclure cette aventure sur un maelstrom de décibels, un épilogue qui nous laisse entrevoir que la mort n’est pas une fin, mais le passage pour retrouver ceux que nous avons perdu et aimons toujours… Le solo de fin de Ted est tout simplement époustouflant, un pur joyau !
⦁ Chant : Jo Amore / Guitares : Ted « Denver » Souaze / Basse : Alan Raoul / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
« Au gré du temps », la piste 4, est le titre de cet opus et un morceau beaucoup plus rock / métal (même si les parties claviers sont légèrement en retrait, elles sont toujours aussi présentes), et plus court (un peu plus de cinq minutes). La voix suave et poignante de Carine nous rappelle que la vie passe vite et qu’il faut profiter des bons moments, avant de disparaître !
A noter le bruit de métronome, comme un balancier d’horloge qui égrène ses minutes, véritable marqueur du temps, que l’on retrouve au début, ainsi qu’à la fin du morceau.
⦁ Chant : Carine Pinto / Guitares : Ted « Denver » Souaze / Basse : Philippe Guadagnino / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
Photographie : Carine Pinto par Amélie Mari
Le titre suivant « Le crépuscule des Elfes » et son intro très gothique nous plonge dans l’Heroic Fantasy. Un morceau qui sonne très ANGE (par son ossature et son ambiance sonore très Prog’) et qui aurait pu être interprété par le Mage Troubadour Christian Decamps himself ; mais c’est bel et bien le Grand Sachem de DREAMCATCHER Chris Garrel au chant ! Un morceau qui nous rappelle que même les Elfes n’étaient pas éternelles et qu’elles ont dû elles aussi subir les affres du temps, leurs âmes se rendant après leur trépas dans les cavernes de Mandos, en attendant d'être réincarnées…
⦁ Chant : Chris Garrel / Guitares : Gérard Le Huec / Basse : Markus Fortunato / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
Avec « Mr King », un brillant hommage est rendu au Maître de l’Horreur, Mister Stephen King. On retrouve dans ces paroles chantées par Abby les meilleurs titres des romans qui ont fait le succès de l’auteur. Cette ballade Epic / Rock vient ainsi conclure de façon magistrale cet album.
⦁ Chant : Abby / Guitares : Olivier Louis-Servais / Basse : Markus Fortunato / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
L’année 2024 aura eu son lot d’excellents albums, mais tous styles confondus, j’avoue qu’« Au gré du temps » fait partie de mon TOP 5 tant il dégage d’émotions !
Certes, il s'agit d'une autoproduction tirée à seulement 150 exemplaires, mais cet album, initialement conçu pour une œuvre caritative, n’a rien à envier aux grosses productions au budget faramineux. Avec une distribution digne de ce nom, sur n'importe quel label, il aurait sans aucun doute trouvé sa place en tête de gondole, écoulant des palettes entières sans difficulté !
Un grand merci à tous les artistes qui ont participé à ce magnifique projet, et à Thierry pour cet émouvant hommage, sa maman aurait été très fière…
Photographie : Thierry Thuane par Chris Garrel
PS : pour les retardataires, il reste encore une petite dizaine de CD, alors faites une bonne action et contactez Thierry Drumghost en MP, il vous donnera les modalités pour acheter cet album exceptionnel et lui permettre, la dernière galette expédiée, de remettre en main propre le chèque des ventes à la Fondation pour la Recherche Médicale, au profit des malades d'Alzheimer.
MARINA VIOTTI, ET AU MILIEU BRÛLE UNE LUMIÈRE
Le 02/02/2025
Une pépite à la croisée du classique et de l'Art Rock.
Par Ingrid Denis
Chronique de MELANKHÔLIA – IN DARKNESS THROUGH THE LIGHT (Naïve, 2024)
Elle a participé au plus grand show planétaire du siècle, chantant Carmen dans un tableau déjà mythique célébrant les Révolutionnaires et la fureur Métal. Même les USA n'ont osé rivaliser ensuite qu’avec les Red Hot on The Beach, s'inclinant devant la folie authentiquement punk qui s'empara de nos écrans ce soir-là. On ne doutait pas alors que les Grammy Awards apporteraient, en ce début d'année, la cerise sur l'échafaud, offrant à Marina Viotti, et Gojira, de quoi être fiers de leurs parcours hors du commun.
Car s'il est une chanteuse atypique et inattendue, c'est bien Marina.
Artiste ayant à la fois sa fiche sur le site de l’Opéra National de Paris, et sur la base Spirit Of Metal, la franco-suisse a sorti dans la foulée des JO un album particulièrement poignant, et complètement à rebours du Grand Guignol de sa prestation devant la Conciergerie.
Elle aurait pu s'emparer de la hype et sortir ses versions de Carmen ou un album de métal symphonique, comme à ses débuts avec Soulmaker. Pourtant, elle a préféré présenter une pépite à la croisée du classique et de l'art rock, glissant des reprises d'artistes contemporains au milieu du répertoire du baroque John Dowland. Un disque hybride qui lui correspond totalement. Et un disque intimiste qui dévoile le secret d’un combat contre la maladie.
J’ai deux références en tête lorsqu’on évoque des artistes rock s’emparant de musique classique ou baroque : Jeff Buckley a enregistré divinement « Dido’s Lament » et « Corpus Christi Carol », et le toujours prolifique Sting avait sorti il y a une dizaine d'années un superbe album de baroque à la sauce folk… déjà adapté de John Dowland (« Songs From The Labyrinth »).
Sting était accompagné du luthiste bosniaque Edin Karamazov, quand Marina Viotti s’entoure pour son projet du luthiste suisse Vincent Flückiger, ainsi que du multi-instrumentiste Fred Chappuis, ce dernier apportant des sonorités rock à la fois denses et éthérées.
Car disons-le d'emblée pour ceux que l'expérience baroque rebuterait : ces arrangements de guitare et autres effets de samples et synthés (avec un Revox et un Moog en live) aident à apprécier les pièces, leur conférant une atmosphère parfois cinématographique. La voix classique et profonde s'adapte parfaitement à ces arrangements moins académiques, et on entrevoit ainsi la majesté d’une Lisa Gerrard côtoyant le rugueux Ry Cooder de Paris Texas.
Toutes les chansons contemporaines sont en miroir avec des pièces de John Dowland, et en live ces dialogues musicaux sont regroupés en différents thèmes et autant d'états émotionnels, des chapitres dont le plus notable est l'arc central, d'inspiration plus rock.
N'étant pas spécialiste de classique, j'ai d’abord été curieuse de savoir quelles reprises étaient dans la tracklist, et en voyant Björk, cela a suffit à piquer ma curiosité instantanément. Et si d'emblée je suis plus attentive aux revisites proposées, au final j'ai été surprise par pas mal de sonorités familières glissées dans les arrangements de tout ce beau projet.
L'intro instrumentale, un “Prelude” en mode Ambient à la Brian Eno, installe un climat étrange, puis la pluie tombe sur l’orageuse ouverture qu'est « Mourn, Mourn, Day Is With Darkness Feld », jusqu'au début de « Stay Time A While Thy Flying » et ses guitares en distorsions, réminiscences d’une BO de « Dead Man » de Jim Jarmusch.
Justement, la première cover est celle de Neil Young et son « Old Man » qui prend des allures de session acoustique assez standard, avec l’élégance néo-classique d'une Agnès Obel.
Les titres « Fairwell, Too Fair », à l'intro parlée, et la reprise de « One » de U2, correspondent à un arc « ruptures amoureuses », l'ensemble devenant presque trop calme et sans aspérités.
C'est avec « Dear, If You Change » que viennent les premiers frissons rock. C'est d'abord la voix douce de Vincent Flückiger que l'on entend, avant une progression rythmique crescendo où celle de Marina se fait plus hargneuse, moins calibrée, et dont l'incandescence rappelle Patti Smith ou la rudesse de PJ Harvey période « Rid Of Me ».
Et vient la référence Métal - la chanteuse et ses musiciens se revendiquant “metalleux” - la reprise de « Nothing Else Matter » de Metallica. Bénéficiant d’une jolie intro à la flûte traversière (assuré en live par Marina), elle garde la langueur dramatique, au fond du tempo, de l'originale. J'aurais juste apprécié un peu plus de belting par moments. (Ndlr : on pourra par ailleurs écouter « Enter Sandman » dans sa version inventive par la légende du jazz vocal Yun Sun Nah).
Petit pause instrumentale avec « Intermede », une touche Americana déglinguée, puis « In Darkness Let Me Dwell » ravive l'émotion. Il n'est rien de plus touchant que d’entendre ce souffle dans les notes les plus aiguës. Les effets de reverb guitare nous rapprochent vraiment de l'intensité de Jeff Buckley, tout aussi magnétique. L’enchaînement avec le « Born To Die » de Lana Del Rey, où la voix chaude de mezzo de Marina se rapproche plus de l’original, offre un moment encore bien introspectif. On apprécie le phrasé, nous focalisant plus sur le texte que la version plus électro de Lana.
Retour au néo classique pur avec « Die Not Before The Day », puis belle mention à « Hurt » de Nine Inch Nails, dans une version proche de celle de Johnny Cash au crépuscule. Toute la première moitié est complètement « déchantée », le timbre se brise et se fait plus aérien ensuite. Cette reprise est semble-t-il préférée sur disque à l’« Hallelujah » de Leonard Cohen, qui est jouée dans le spectacle. Un choix beaucoup plus sombre.
Enfin vient le morceau que je scrutais le plus, le mythique « Jóga » de Björk, car peu osent encore se mesurer à revisiter les œuvres de la reine islandaise. On admire le réarrangement tout en arpèges délicats au luth, jusqu’au break inattendu plus rythmé, puis les voix du chœur enveloppant celle de Marina qui finit par s'épanouir dans la nef avant de traverser les cieux. Cet avant dernier titre nous tire donc vers le haut, en quête d'espoir.
La pluie revient à la fin de « Flow My Tears », dernier morceau de l'album, et on peut alors penser que ce sont des larmes, qui se transforment en cours d'eau apaisé. La Vie comme un long fleuve sensible.
La photo qui illustre « Melankhôlia » n'est pas sans rappeler l'affiche du film homonyme de Lars Von Trier, et cette histoire de fin du monde qui s'apprête à engloutir les protagonistes.
Quand on revoit Marina s'amuser sur un bateau en carton pâte, grimée en Marianne, le contraste n'en est que plus frappant tant le visuel est épuré. Noir et blanc, crâne rasé coiffé de tiges fragiles et des yeux qui fixent l'objectif tout en ayant l'air ailleurs.
Ici cette voix qui s'est dévoilée nous chante depuis le front d'une bataille intime pour la vie. Marina explique qu'elle avait fait le choix de ne rien dire de cette épreuve qui la touchait, notamment pour pouvoir continuer son métier et éviter les réactions malaisantes.
Cet album est celui du partage de la mélancolie, et en plus de la découverte modernisante d’un compositeur ancien, il s'avère une consolation pleine de délicatesse pour nombre d'auditeurs comme vous et moi, témoins ou braves combattants face à la maladie. Il vous réchauffera lentement si vous traversez des champs de vignes glacées.
Si le choix de certaines reprises peut laisser sur sa faim, tellement revues que même U2 fait des covers de « One » sur les marchés aux puces, il s’avère plus judicieux sur des morceaux comme ceux de Björk ou Lana Del Rey. Mais peu importe, il est vrai que dans certaines périodes de la vie, ce sont des hymnes plus universels qui reviennent dans nos âmes.
Enfin, une envie qui sera sans doute partagée par de nombreux fans : que Marina Viotti réinvestisse le métal au travers d'un autre projet ! Tout le monde l’attend.
Un concert intégral de MELANKHÔLIA – IN DARKNESS THROUGH THE LIGHT est visible ici :
TOKYO BLADE (heavy metal), Time is the Fire (17/01/2025)
Le 26/01/2025
Honorable mais trop long, « Time is the Fire » manque de relief et peine à maintenir l'attention.
Par Ahasverus
Actif depuis 1982, le vétéran Tokyo Blade revient avec « Time is the Fire », un quatorzième album.
Le groupe est composé en grande partie de vieux briscards présents dans son histoire depuis les années 80. Seul le chanteur, Chris Gillen, n'est là « que » depuis la fin des années 2000.
En 2025, Tokyo Blade reste dans le heavy 80's pur et dur, un heavy qui n'est parfois pas sans rappeler ses premiers opus (« We Burn »).
Un rock hard à la UFO pointe parfois son nez (« Soldier On », « The Six Hundred »).
Quelques morceaux se distinguent (« Feeding the Rat », « The 47 », « The Devil in You », « Written in Blood », « Don't Bleed Over Me »). Ils confèrent un certain intérêt à un album qui manque cependant de relief et qui peine à relancer l'attention sur la durée. Et de la durée, il y en a ! Trop ! Une heure et quatorze minutes ! C'est inadapté et préjudiciable pour un album de ce style, et le songwriting s'érode sur la distance.
Eu égard à la longévité de la formation britannique, disons que cette nouvelle livraison de Tokyo Blade est honorable, mais sans être une franche réussite. Elle ne déchaînera pas les passions.
« Time is the Fire » est disponible depuis le 17/01/2025 via Cherry Red Records.
DRAGONKNIGHT (power metal mélodique), Legions (17/01/2025)
Le 26/01/2025
Le songwriting power mélodique proposé par les Finlandais fonctionne merveilleusement.
Par Ahasverus
Et un dragon de plus pour le power metal !
Ceux-ci sont Finlandais et bien mystérieux. Ils avancent masqués, au sens propre comme au figuré, sous le nom de Lort Gryphon, Lord Kharatos, Lord Solarius et Lord Othrakis.
DRAGONKNIGHT par Eva Lingon Ltd. Oy Ab.
Seul Lord Salo Khan (Visions and Dreams, Finnish Rhapsody), le chanteur, à l'instar de ce que pratiquait Ad Infinitum à ses débuts, a mis bas son masque.
L'album de la formation finlandaise s'appelle « Legions », il s'agit d'un onze titres de cinquante minutes.
« Legions » présente un aspect symphonique et cinématographique (« Ascendance - Through Sea and Fire », « Dead Kings in the Grave », « Return to Atlantis ») ou folklorique (« Defender of Dragons ») non négligeable, et le son parfaitement orchestré par Mikael Grönroos au Crownhook Studio (mixage) et par Svante Forsbäck au Chartmakers West (mastering) se rapproche (sans l'égaler) du perfectionnisme sonique d'un Winterage, même si les choeurs sont, ici, synthétiques.
Le songwriting power-métallique proposé par les Finlandais est abouti et fonctionne merveilleusement (« Pirates, Bloody Pirates! », « Defender of Dragons »).
La technique est au service de la mélodie et Salo Khan délivre une prestation vocale de très haute tenue. L'originalité n'est pas ce qu'on viendra chercher chez Dragonknight, mais le savoir-faire est avéré et l'inspiration bien présente. Les ingrédients sont là, arpèges comprises (« Astarte Rise »). La dynamique est suffisante pour faire de ce « Legions » un bon disque loin du pétard mouillé. Il est remarquable de niveau si l'on tient compte qu'il s'agit du premier album de cette formation. Le style est parfaitement maîtrisé, les compositions balancent bien.
Nous vous recommandons « Legions » sans aucune retenue. Il est disponible depuis le 17/01/2025 via Scarlet Records.
LETHAL X (heavy metal), 90 Tons of Thunder (17/01/205)
Le 26/01/2025
« 90 Tons of Thunder » aurait pu n'être qu'un album de heavy de plus, mais il tire son épingle du jeu.
Par Ahasverus
Nouveau venu sur la scène metal, Lethal X n'est pas totalement inconnu puisqu'il se compose de (ex-)membres de Racer X, Shadow Empire ou encore Michael Schenker Group.
Il commet en ce début d'année 2025 son premier album, « 90 Tons of Thunder ».
Le nom du groupe et la pochette de l'album sont une référence évidente à Racer X et à son album de 1986 « Street Lethal ».
L'album propose des titres heavy de facture classique (« 90 Tons of Thunder », « Daredevil ») très ancrés dans les 80's, pouvant tout à la fois rappeler Judas Priest, Accept ou Mercyful Fate (« Sinister Minister », « Running Away From Freedom »).
Lethal X ne manque cependant pas de se démarquer, notamment par le choix des lignes vocales (« Fallen », « God, Guts, Faith and Glory ») qui peuvent même aller chercher leur inspiration dans la vague nu-metal des 90's (« Tormental »). Le chant est donc l'un des points saillants de la formation américaine, mais ce sont surtout ses leads inspirés, en mode twin guitars ou pas, qui constituent un atout sérieux, appuyés par une section rythmique solide que la production a su mettre en avant (« Tormental »).
Billy Sheehan (Mr Big) gratte sa basse sur l'instrumental « Chasing the Flaw » .
Enfin, des titres comme « Dancing With Shadows » vous accrochent instantanément et devraient passer l'épreuve du temps.
Ainsi « 90 Tons of Thunder » aurait pu n'être qu'un album de heavy de plus, mais il tire son épingle du jeu.
Bien travaillé, d'un niveau technique indiscutable, parfait quant au son, il est marquant sans être révolutionnaire.
Il se distingue comme l'un des bonnes sorties metal de ce mois de janvier.
« 90 Tons of Thunder » est disponible depuis le 17/01/2025 via Metallic Blue Records
CHILDREN OF THE SÜN (rock psychédélique), Leaving Ground, Greet The End (10/01/2025)
Le 26/01/2025
Le retour des enfants du Flower Power
Par Ahasverus
Après « Flowers » (2019) et « Roots » (2022), Children of the Sün revient avec un troisième album intitulé « Leaving Ground, Greet The End ».
Le groupe de rock psychédélique n'a pas changé son fusil d'épaule et propose toujours une musique en droite ligne de la vague flower power qui marquait la transition des années 1960 et 1970. Ses références restent Jimi Hendrix, Joe Cocker, Janis Joplin et le festival de Woodstock.
La formation d'Arvika accorde une fois de plus beaucoup de soin à ses harmonies vocales, domaine dans lequel elle excelle (« Gateway », « Lilium »).
Son rock, efficace est d'un rendu authentique et savoureux (« Sugar », « Starlighter », « Come With Us »).
Un peu moins perché que son compatriote MaidaVale, il privilégie l'efficacité à l'extravagance.
L'album contient une cover de « Whole Lotta Love » (Led Zeppelin) à propos de laquelle Children of the Sün explique :
« Reprendre une chanson aussi légendaire que Whole Lotta Love est pratiquement un crime contre le rock'n'roll. Mais nous n'avons pas pu résister : appelez cela un plaisir coupable ou tout simplement du courage ! Notre version de ce tube absolu est maintenant disponible, et nous y avons versé chaque once d'amour et tout un tas de riffs. »
Malgré sa brieveté (moins de trente minutes) « Leaving Ground, Greet The End » remplit son cahier des charges et il séduira les amateurs en se plaçant parmi les héritiers les plus fidèles du genre. Il est en tous cas à la hauteur des deux précédents opus.
« Leaving Ground, Greet The End » a été enregistré en 2024 dans un petit chalet de la province de Värmland, dans l'Ouest de la Suède. Emil Drougge (Spiral Skies) s'est occupé du mixage, Hans Olsson (Svenska Grammofonstudion) du mastering.
« Leaving Ground, Greet The End » est disponible depuis le 10/01/2025.
TREMONTI - Retrospective et nouvel album
Le 14/01/2025
TREMONTI l'enfant chéri des critiques ?
On le dirait bien à la lecture des webzines français !
Dès 2010 le guitariste de Creed et d'Alter Bridge envisageait d'utiliser du matériel de composition qui ne convenait ni à l'un ni à l'autre de ses groupes. Deux ans après sortait « All I Was », le premier Tremonti. En 2025, avec une équipe presque inchangée, Tremonti fait l'unanimité avec son sixième album, « The End Will Show Us How ».
Retour sur six galettes de metal moderne...
Par Ahasverus
. All I Was - 2012
Line-up : Mark Tremonti (chant, guitare), Eric Friedman (guitare, basse, chant), Garrett Whitlock (batterie)
Pour son premier album en nom propre, Mark Tremonti bétonne sa production en faisant appel à Michael Baskette (Alter Bridge, Limp Bizkit) auquel il est toujours fidèle, et à Ted Jensen (Eagles, Green Day). Dès le premier titre le songwriting est intéressant, alternant riffs grunge (« Leave it Alone », « Brains ») et accélérations thrash (« So You're Afraid », « You Waste Your Time »). « All I Was » peut tout aussi bien évoquer Metallica (« Giving Up ») que Pearl Jam (« Proof »), tout en imposant une touche personnelle et unie. L'expérience parle, la réussite est certaine, y compris pour le chant que le frontman maîtrise parfaitement mais qu'il n'aura de cesse d'améliorer. Sombre et mélodique, « All I Was » prend place dans les charts autrichiens et néerlandais. Il entre dans le peloton de tête de divers classements US. Pari plus que réussi pour Tremonti.
. Cauterize - 2015
Line-up : Mark Tremonti (chant, guitare), Eric Friedman (guitare, chant), Wolfgang Van Halen (basse, chant), Garrett Whitlock (batterie)
Misant sur la même équipe de production et renforçant sa section rythmique par Wolfgang Van Halen, qui lui confère aussi un regain de visibilité, Tremonti accentue la partie thrash de sa musique (« Radical Change », « Cauterize », « Arm Yourself ») et affirme son chant (« Sympathy ») en priorisant les propositions mélodiques. La recette reste globalement la même que sur le fondamental « All I Was », saupoudrée de dissonnance grunge et doom (« Flying Monkeys », « Dark Trip », « Fall Again »). L'inspiration et le talent sont au rendez-vous. « Cauterize » se classe trente-quatrième des charts autrichiens et néo-zélandais et vingt-troisième au Royaume-Uni.
. Dust - 2016
Line-up : Mark Tremonti (chant, guitare), Eric Friedman (guitare, chant), Wolfgang Van Halen (basse, chant), Garrett Whitlock (batterie)
Livré un an après « Cauterize », « Dust » est enregistré en 2014 et 2015, soit en même temps et dans les mêmes conditions que l'album précédent. Nombre de chroniqueurs souligneront le risque du pari artistique de Tremonti mais c'est pour mieux reconnaître que l'Américain s'en sort haut la main, avec de nouveaux titres puissants et mélodiques (« My Last Mistake », « Betray Me », « Catching Fire ») savamment tempérés par quelques power ballads que n'aurait pas dédaigné Myles Kennedy (« Unabble to See »). La critique souligne par ailleurs l'excellence du chant et du jeu de guitare du frontman. « Dust » se taillera de belles places dans les charts européens, avec en point d'orgue une seizième position au Royaume-Uni.
. A Dying Machine - 2018
Line-up : Mark Tremonti (chant, guitare), Eric Friedman (guitare, basse, clavier, chant), Garrett Whitlock (batterie)
Ce quatrième long format (plus d'une heure dans sa version initiale !) est un concept-album accompagné d'un pendant littéraire écrit par Mark Tremonti et par l'écrivain américain John Shirley, qui a notamment réalisé quelques lyrics pour Blue Öyster Cult. Il n'est donc pas étonnant que la musique, en restant attachée à ce que le groupe présentait jusqu'alors, puisse prendre un caractère progressif (« A Dying Machine », « Make it Hurt »). « A Dying Machine » voit Eric Friedman reprendre la basse après le départ de Wolfgang Van Halen. L'album obtiendra de bonnes places dans les charts européens, et plus encore dans les Billboards américains.
. Marching in Time - 2021
Line-up : Mark Tremonti (chant, guitare), Eric Friedman (guitare, basse, clavier, chant), Tanner Keegan (basse, chant), Ryan Bennett (batterie)
Plutôt fidèle aux équipes avec lesquelles il travaille, Mark Tremonti fait appel pour la première fois à Brad Blackwood (Maroon 5, Black Eyed Peas) au mastering à la place de Ted Jensen. Pour ce nouveau pavé de cinquante-huit minutes, Ryan Bennet remplace Garrett Whitlock, parti rejoindre Wolfgang Van Halen, derrière les fûts du Mammoth WVH. Tremonti, de son côté, fusionne dans son metal moderne des riffs sombres (« A World Away », « Would You Kill ») et des mélodies omniprésentes (« Now And Forever », « Thrown Further », « The Last One Of Us », « Under the Sun » ). Le résultat est efficace, le panorama varié. L'album est bien accueilli, le Royaume-Uni lui octroyant même la première place de l'OCC (The Official UK Charts Company Limited) dans la catégorie rock et metal.
. The End Will Show Us How - 10/01/2025
Line-up : Mark Tremonti (chant, guitare), Eric Friedman (guitare, basse, clavier, chant), Tanner Keegan (basse, chant), Ryan Bennett (batterie)
Après l'incartade « Mark Tremonti Sings Frank Sinatra » (2022) qui en dit long sur la confiance que le musicien a pris dans sa voix et sur ses progrès, Tremonti revient début 2025 avec un douze pistes. A de rares exceptions près (« I'll Take My Chances »), « The End Will Show Us How » est beaucoup plus posé que les premières propositions du groupe, qui ne s'emballe plus dans les rythmiques thrash de ses débuts pour privilégier le mid-tempo. Il peut fugitivement rappeler le prog de Vola (« The Mother, The Earth and I ») ou le metal alternatif de groupes tels que Malemort et Molybaron (« The Bottom »).
Plus accessible que dans le concept-album qu'il sortait en 2021, Tremonti s'est éloigné de ses influences premières pour atteindre une maturité maximale et un son personnel séduisant (« All The Wicked Things »). Puissant et moins nerveux qu'à l'accoutumée, il continue d'avancer, et son allure lui permet d'autant mieux de faire le coup de feu avec précision qu'elle est modérée (« Just Too Much », « Nails »).
L'expertise place désormais Tremonti en première ligne des formations qui comptent dans le metal international. Enfant chéri que les critiques placent sur le même piédestal qu'Alter Bridge et Creed, les autres projets de son admirable leader, Tremonti-le-groupe fait l'unanimité dans la presse française spécialisée. Son album témoigne d'un savoir-faire et d'une musicalité avérés ; son excellence devrait emporter vos suffrages.
Albums conseillés :
- All I Was (2012)
- Dust (2016)
- The End Will Show Us How (2025)
Le 09/01/2025
N° 1 : CHARLOTTE WESSELS, « The Obsession »
A la fois Metal, Symphonique, Pop, Gospel, Gothique, « The Obsession » garde la puissance en fil rouge et témoigne de l'immense talent de Charlotte Wessels qui brille de mille feux. Elle remporte la première place de notre podium sans qu'il soit besoin du photo finish. Délicate, puissante, sensible, songwriter/interprète et cheffe de projet accomplie, la Néerlandaise impose son esthétique et signe une sortie majeure de cette année 2024 et bien au-delà.
N° 2 : BLOODORN, « Let the Fury Rise »
Sortant de ses tiroirs des compositions initiées voici une dizaine d'années, Nils Courbaron, (Sirenia, Dropdead Chaos), a réuni autour de lui le chanteur Mike Livas (Silent Winter), le bassiste Francesco Saverio Ferraro (Freedom Call) et le batteur Michael Brush (Sirenia). La virtuosité est à tous les étages et le titre de ce debut album de power metal n'est pas usurpé.
N° 3 : VOLA, « Friend of a Phantom »
« Friend of a Phantom » est un savant mélange de sensibilité et de puissance, porté par la voix d'Asger Mygind qui n'a jamais été si bien mise en valeur, soutenu par des riffs djent percutants et par la batterie virevoltante du papillon Adam Janzi.
N° 4 : LEAVE'S EYES, « Myths of Fate »
Elina Siirala tire incontestablement son épingle du jeu d'un songwriting taillé sur mesure sur lequel elle pose, de son propre aveu, les meilleures parties vocales de sa discographie.
N° 5 : ROYAL REPUBLIC, « Lovecop »
« Lovecop » et son Disco Metal consacrent l'entente cordiale de la boule à facettes et de la veste à patches.
N° 6 : WISBORG, « Wisborg »
Après trois albums de compositions et un album de remixes, Wisborg revient avec un opus éponyme qui abandonne le chant en Anglais au profit de l'Allemand. Ténébreux et séduisant, il transpose dans son Metal le dandysme d'un Roxy Music et la froide sensualité d'un Depeche Mode.
N° 7 : SILENT WINTER, « Utopia »
Devant cet enchaînement d'hymnes de power metal, on pense à Manowar, à Helloween, à Iron Maiden, et plus encore au génie de Tobias Sammet (Avantasia, Edguy), car Kiriakos Balanos est en veine d'inspiration et il sert ses camarades chevronnés (dont Mike Livas, qui classe deux albums dans notre Top10 !) sur un plateau d'argent.
N ° 8 : VELVETEEN QUEEN, « Consequence of the City »
Ce debut album suédois serait un succès planétaire si, à la place d'un « Chinese Democracy », il était signé Guns N' Roses.
N° 9 : DEEP PURPLE, « =1 »
Faisant partie des grands dinosaures présents dans cette année 2024, Deep Purple se fait plus direct que jadis et le chant de Ian Gillan ne saurait venir à bout aujourd'hui de la verticalité d'un « Child In Time ». « =1 » n'a pas convaincu l'unanimité des chroniqueurs, pourtant il frétille, propose de bons relais guitare/clavier, et son rock groovy n'a pratiquement pas quitté notre lecteur depuis sa sortie. Sa place dans notre Top10 est pleinement justifiée.
N° 10 : LAST TEMPTATION, « Heart Starter »
Un retour hard 80's très convaincant. Et si Loup Malevil avait amené la bouffée d'air frais qui manquait à la discographie de Last Temptation ?