Un ex-Trust sur KTO TV
Par Ahasverus
Raymond a connu « mille vies, mille aventures dont la plus intense a certainement été pour lui celle de la foi ».
C'est pourtant l'une des ses vies les plus brèves — cinq ans seulement — qui a marqué le public français, une vie sous les projecteurs qui voyait Raymond « Ray » Manna accéder à la notoriété au sein du groupe Trust dont il est l'un des fondateurs.
Né à Argenteuil, Raymond Manna perd ses parents très jeune et se retrouve à la DDASS loin de sa fratrie. Ce jeune homme en colère se découvre une vocation pour la musique en voyant sur une scène de Colombes le guitariste Jimmy Hendrix en 1967.
Avec son pote Bernard « Bernie » Bonvoisin, il part aux USA, revient, fonde Trust et recrute Norbert « Nono » Krief, alors guitariste au Club Med.
Après un premier quarante-cinq tours passé inaperçu, Trust casse la baraque en 1979, vole la vedette à Téléphone et envahit les grandes ondes avec un premier album éponyme enregistré en une semaine. Il est communément appelé « L'Elite » et il sort chez CBS.
Mais un concert à Roubaix signe la fin de la vocation de Raymond bassiste, qui ne le sent plus et préfère s'occuper du management du groupe, laissant sa basse à Yves « Vivi » Brusco.
Raymond reste le manager de Trust jusqu'à l'album « Marche ou Crève » (1981). Autant dire qu'il a connu le tiercé gagnant de la discographie des Franciliens, avec pour temps fort un concert dans la prison de Fleury-Mérogis en 1980, et pour regret un virage américain raté faute de n'avoir pas voulu lâcher CBS.
Rozzen, l'épouse de Raymond, l'affirme : « On n'a pas un seul album de Trust à la maison. Il a connu cette période faste, j'allais dire cette période de célébrité, où les gens ne voyaient que ça en lui. Mais en fait cest quelque chose qui est derrière ; beaucoup d'années ont passé et ce qui compte pour lui c'est ce qu'il a construit depuis. »
C'est que si Raymond Manna, après Trust, n'a jamais vraiment quitté l'événementiel, il a rencontré la foi dix ans plus tard, et il est aujourd'hui, à soixante-dix ans, aumônier catholique auprès des détenus.
Dans « A L'Ombre des Projecteurs », un documentaire aussi vaste qu'il sait rentrer dans le détail, ne négligeant pas même l'approche sociologique, Guillaume Paqueville nous intéresse au parcours de l'ex-bassiste et manager de Trust. Il s'attache à ses pas et interroge son entourage et son passé dans un reportage de cinquante-deux minutes particulièrement bien monté qui retrace par ricochet la genèse du groupe Trust dont Raymond fut la cheville ouvrière. Le traitement est intéressant, et les amateurs de rock auront le plaisir de croiser dans ce doc très fouillé Norbert Krief ainsi que Pierre Favre, l'ex-chanteur des Garçons Bouchers.
A voir impérativement !