Ni sait mettre de la mélodie où l'on n'imagine pas qu'elle puisse pousser !
Par Ahasverus.
Après le superbe « Pantophobie » qui déclinait en neuf pistes quelques peurs irraisonnées dans un album qui tenait autant de l'avant-garde que de Devin Townsend ou de Dream Theater, Ni revient secouer le cocotier du rock français avec un troisième album intitulé « Fol Naïs ».
Fol naïs, c'est le bouffon, et plus précisément, puisqu'il en existe deux sortes, le bouffon naturel, celui dont la folie pouvait distraire le roi, mais dont il convenait de ne pas se moquer.
Comme il donnait à chaque piste de son précédent album le nom d'une phobie, Ni conceptualise à nouveau son propos en baptisant chacune des pistes de Fol Naïs du nom d'un bouffon ayant marqué l'histoire ou notre culture, tels Dagonet, bouffon du roi Arthur, Brusquet et Triboulet, qui servirent François Ier, ou Catherine, dite Cathelot, qui fut à la cour de Marguerite de Savoie...
Fol Naïs, un terme qui peut parfaitement s'appliquer par extension à Ni dont la musique n'emprunte pas les voies communes.
Après le sombre « Pantophobie », le groupe de Bourg-en-Bresse souhaitait renouer avec des rythmes plus rapides. Le résultat n'en est pas léger pour autant. Ni a surtout voulu ne pas répéter le même album, mais il n'a pas changé sa nature profonde.
Continuant ses explorations, il évolue en terrain accidenté, gardant la maîtrise et brossant ses pièces sous les secousses. Monté sur une structure métallique, chaos et anarchie ne sont qu'apparence dans la musique de Ni, car tout est contrôlé, même s'il arrive à l'hypnotique « Chicot » de mettre les doigts dans la prise. « Rigoletto » vous saisit par son tempo et vous happe dans ses tourbillons hurlants sans cependant vous perdre. Car tout avant-gardiste qu'il soit, Ni sait mettre de la mélodie où l'on n'imagine pas qu'elle puisse pousser ! Et des titres comme « Berdic », « Rigoletto » ou « Triboulet » deviennent d'accessibles passeports pour l'avant garde.
Ainsi Ni propose à nouveau un album remarquable et profondément séduisant, un animal sauvage et nerveux qui peut se cabrer à la moindre note et qu'il vous appartiendra d'apprivoiser. Jouant des figures de style comme il a joué avec nos sens, il conclut son opus en épanadiplose, reprenant en conclusion la figure musicale qui ouvrait son album.
« Fol Naïs » a été enregistré au Hacienda Studio par Stéphane Piot. Il a été mixé et masterisé par R3myboy.
« Fol Naïs » est une sortie Dur & Doux. Il est disponible le 01/12/2023.
Oslo Tapes est un projet fondé par Marco Campitelli.
Originaire de Lanciano, sur la côte méridionale de la mer Adriatique, il crée Oslo Tapes au début des années 2010, à son retour d'un voyage marquant dans la capitale norvégienne. Sous l'influence de cette expérience et dans l'intention de capturer l'atmosphère mystique de la Norvège, il compose et produit en une semaine le premier album d'Oslo Tapes, « OT (un cuore in pasto a pesci con teste di cane) » (DeAmbula Records) en collaboration avec son ami Amaury Cambuzat (faUSt/Ulan Bator). En 2015, Mauro Spada et Federico Sergente (anciennement Zippo et Death Mantra For Lazarus) se joignent à lui pour créer le deuxième album « Tango Kalashnikov » (DeAmbula Records). En 2021, le collectif Oslo Tapes, avec Davide Di Virgilio remplaçant Sergente, présente « ØR » (Pelagic Records), qui reçoit de nombreuses critiques positives et leur permet de se produire sur de prestigieuses scènes européennes, notamment au Roadburn Festival en 2022.