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ALICE COOPER (hard-rock), Road (25/08/2023)

Le 28/08/2023

« I stand here before you and the legend lives on! »
Alice cooper cover 1
Par Ahasverus


Un vétéran, Alice Cooper. Un poilu, un grognard, même, sur la scène rock. Son premier album sortait en 1969 ! 
On se souviendra de l'hommage appuyé que lui rendaient Wayne et Garth en se prosternant devant lui dans le film Wayne's World...
Son vingt-neuvième album studio a la particularité d'avoir été enregistré en direct. Alice voulait restituer sur sillons les performances du line-up qui l'accompagne sur scène : 
« Pour Road, il était primordial que le groupe soit l'épine dorsale de chaque morceau. Notre lien est plus fort en tournée, et cet album est une ode à cette camaraderie, canalisant le dynamisme de nos concerts dans du nouveau matériel. Avec une programmation aussi talentueuse, il est normal de la mettre en valeur. »  
Le créateur de « Welcome To My Nightmare ».  a souligné l'absence d'overdubs, pour démontrer à quel point ses musiciens sont en place.
Il revient avec une galette plus proche du rock des débuts que des grosses machines à la  « Poison ».
« Road », c'est la route. Version Alice...
Mais d'abord les présentations : « I stand here before you and the legend lives on! » (« I'm Alice ») avant de s'en jeter un dernier pour la route (Gotta load in my nose / Gonna drive, drive, drive - « White Line Frankenstein »)
Il a raison, le père du shock-rock, d'affirmer qu'il faut plus qu'un masque pour donner le frisson...
« It takes more tha a mask to make more than a thrill /  To complete that task it takes special skill  » (« I'm Alice »)

Il a tout ça, Alice, et les douze titres nous emmènent dans une tournée passée au crible de son ironie :
 « Got no wife, no snotty kids, Got no alimony. I live for the road, ‘Cause I gotta be free. » (« White Line Frankenstein »)

La route, la drogue, les groupies... (« Go Away »)
L'album se referme sur une cover du « Magic Bus » de The Who, véhicule mystique qui rapproche les musiciens d'un foyer qui leur manque. (« Every day I get in the queue / To get on the bus that takes me to you »)

« Road ». Un album réjouissant d'Alice Cooper, vétéran au pied sûr, père du shock-rock, music-maker. 
Il est disponible depuis le 25/08/2023. C'est une sortie EarMusic (Tarja, Extreme,Laura Cox). L'une des plus réjouissantes de l'année. 

SERAINA TELLI (rock), Addicted To Colors (25/08/2023)

Le 27/08/2023

Dans la lignée de « Simple Talk », auquel il est peut-être légèrement supérieur, « Addicted To Colors » vous confortera dans l'idée que Seraina Telli est une artiste accomplie qui possède un style bien à elle, généreux, fougueux et intense.

Par Ahasverus

Moins d'un an après « Simple Talk », le premier album réalisé sous son nom, SERAINA TELLI revient avec un second opus intitulé « Addicted To Colors ». 
Seraina telli addicted to color
Première frontwoman de Burning Witches, la Suissesse aux cheveux bleus ou verts, chanteuse, songwriter, multi-instrumentiste, quitte ce combo en 2019 pour fonder son groupe de métal progressif, Dead Venus. Elle nous donne, avec lui, deux beaux albums, « Bird Of Paradise » en 2019 et « Flowers & Pain » en 2022. 
Mais depuis 2022, c'est un nouveau projet dans un nouveau style, que nous propose Seraina.. Avec des titres dans un registre Big Rock/Rock Hard qui ne conviendraient pas à son groupe de prog'.
Ce nouvel album, « Addicted To Colors », s'ouvre par « Song For The Girls », un rock énergique totalement dans la continuité du précédent opus solo, « Simple Talk ».

Très affûté, « Monkey & Zookeeper » enfonce le clou, et si « Left Behind » semble vouloir calmer le jeu il finit lui aussi par s'emballer !
Les titres s'enchainent joliment, parfois très hard (« Think »), le plus souvent débordants d'énergie (« Be Somebody »)
Séraina propose une reprise superbe du « Spaceman » des 4 Non Blondes. Il s'inscrit parmi les temps forts de l'album.

Autres excellents moments : « If No One Else Had Ever Been There Before » et « Addicted To Colors ». Les rythmiques vous embarquent, avec en prime un un beau travail sur les harmonies et les voix, mais aussi sur les lyrics (« Hit Shit ») !

La Suissesse est partout. Elle n'a pas lésiné sur les voix ni sur l'énergie, nette dominante de cet album de rock. Cependant des titres comme « The Harder Way », ou « All Your Tears », qui est un peu à cet album ce que « Remember You » était au précédent, rappellent que Seraina sait aussi passer en finesse et en émotion.
Dans la lignée de « Simple Talk », auquel il est peut-être légèrement supérieur, « Addicted To Colors » vous confortera dans l'idée que Seraina Telli est une artiste accomplie qui possède un style bien à elle, généreux, fougueux et intense.

U. D. O. (heavy metal), Touchdown (25/08/2023)

Le 27/08/2023

Même s'il ne fait plus souffler ce petit vent rebelle qui vous occasionnait cette chair de poule lorsque vous découvriez ses albums dans les années 80, vous vous abreuverez encore avec plaisir à ces rythmiques en béton et à cette voix d'écorché.
Par Ahasverus

« Touchdown » est le nouvel album studio d'U. D. O., l'une des grosses sorties de ce mois d'août 2023.
Udo Dirkschneider... Grand monsieur du Metal ! Chanteur originel d'Accept, avec qui il sortait trois albums monstrueux entre 1982 et 1985 : « Restless And Wild », « Balls To The Wall » et « Metal Heart ». 
Accept trois albums
Classiques entre les classiques ! 
Tiens, à propos de « Restless And Wild , ouvrons la parenthèse : Accept suscitait la controverse en démarrant cet album par un extrait d'un disque rayé de « In Heller Und Ein Batzen » suivi d'un cri suraigu de Dirkschneider. L'effet était saisissant. « C'est juste une vieille chanson folklorique » se défendait Wolf Hoffmann, le guitariste du groupe allemand. Arrête le schnaps, Wolf ! Si l'impact du fameux « Heidi, heido, heida » s'est dilué en 2023, n'importe quel ado qui vivait en France voici quarante ans, et probablement plus encore en Allemagne, était capable d'identifier ce chant de marche des armées nazies pendant la seconde guerre mondiale ! Cette provoc' a permis de braquer l'attention sur Accept à ses débuts, et on imagine bien que le groupe savait qu'il allait donner un petit coup de pouce au destin en créant le buzz autour de ce morceau. Il ne faut rien y voir d'autre qu'une stratégie commerciale, mais tout de même : appelons un chat un chat !
Fermons la parenthèse et partons directement en 1987. Accept veut prendre un virage plus commercial pour conquérir le marché américain, Udo n'a pas le profil pour ce style de musique. Il décide (on l'a peut-être un peu poussé) de partir fonder son propre groupe. Un accord amiable est passé avec ses camarades qui lui fournissent clé en main l'album « Animal House », entièrement composé de chansons qu'Accept a enregistrées en démo mais juge trop agressives pour le successeur de « Russian Roulette ». C'est sur ce cadeau de départ que Dirkschneider fonde U. D. O. tandis qu'Accept se vautre avec « Eat The Heat », un long format que pas un fan d'Accept n'a écouté jusqu'au bout... Dix-huit albums studio plus tard, et malgré quelques allers/retours dans sa formation d'origine, U. D. O. est toujours là, avec la même musique.
Alors je vous vois venir : « On a beaucoup parlé d'Accept dans ce papier sur U. D. O. ! » C'est vrai. Mais c'est qu'U. D. O. et Accept sont indissociables car Dirkschneider fait du Dirkschneider, qu'il soit dans ceci ou dans cela. Par ailleurs, on trouve désormais plus de membres historiques d'Accept  dans U. D. O. que chez la formation-mère, où Wolf Hoffmann reste seul pour tenir la barre. C'est que le bassiste Peter Baltes, qui jouait avec Hoffmann depuis le premier album et jusqu'en 2018, a désormais rejoint Dirkschneider ! Enfin, pour le mastering de son nouvel opus, Udo a fait appel à... Stefan Kaufmann, batteur d'Accept durant les grandes années !
Tout cela a des allures d'affaire de famille, jusqu'à Sven Dirkschneider, le fils d'Udo, qui a commencé à jouer de la batterie à l'âge de quatre ans, et qui martèle les fûts aux côtés de son paternel depuis près de huit ans.
Udo band martin hausler
U. D. O. par Martin Hausler


Voila pour le contexte général. On parle un peu de l'album ?

« Touchdown »

Udo cover
« Touchdown » désigne un essai au football américain.
Udo explique au magazine Defenders Of The Faith
« Nous cherchions un titre pour cet album depuis longtemps. Nous étions en Amérique du Sud, assis dans un bar sportif à l’aéroport. Il y avait un match de football et nous n'arrêtions pas d'entendre le mot "Touchdown ! Touchdown !" J'ai dit : "Hé les gars, je suppose que c'est le titre de l'album !"  »
Ainsi, estimant que l'idée colle parfaitement à son propos et à sa musique, le groupe a axé le packaging de son nouvel opus sur cette thématique.
C'est à Martin Häusler qu'il a confié l'artwork. Martin a collaboré avec Helloween, Pink Cream 69, Krokus. Depuis 2004 il a travaillé à plusieurs reprises avec U. D. O. 
Pour l'écriture des paroles et les mélodies vocales, Udo a bossé avec son fils. Il considère que cet album est plus direct et plus agressif que son prédécesseur et l'explique par le fait que plusieurs drames ont frappé directement les membres du groupe pendant la conception de « Touchdown » : le COVID bien sûr, mais plus personnellement une inondation qui ravageait la maison de Sven Dirkscheider, et enfin la guerre en Ukraine, où résidait Andrey Smirnov. Andrey ne réussirait à rejoindre l'Allemagne qu'avec les difficultés que vous imaginez.
Musicalement, U. D.O. nous propose ce qu'il sait faire de mieux : un heavy à l'Allemande ! Très efficace, agressif (« Isolation man », « Touchdown »), une machine aux rythmiques bien carrées (« The Flood », « Heroes Of Freedom », « The Battle Understood»), aux choeurs virils, avec une batterie qui cogne et d'excellentes guitares lead. La voix d'Udo est toujours aussi caractéristique, rocailleuse, si typiquement heavy ! Capitalisant sur son savoir faire, U. D. O. use de grosses ficelles et sert de grandes rasades de Marche Turque (Mozart) dans son « Fight For The Right », comme Accept postait jadis la Lettre à Elise de Beethoven à l'intérieur de son « Metal Heart ».

Parmi les titres bankable, on relève « Forever Free », chanson la plus typique de l'album, mise en avant par le label et sortie comme premier single, à propos de laquelle le batteur Sven Dirkscheider expliquait  : 
« Forever Free est censée inciter les gens à ne pas se contenter de croire ce qu’ils entendent ou ce que leur montrent les médias, par exemple, mais à réfléchir individuellement. Bien sûr, nous ne voulons pas dire qu’il faut tout remettre en question. La chanson exprime simplement qu’il vaut mieux se forger sa propre opinion sur les conflits et les autres sujets que l’on défend, même si elle est parfois erronée, plutôt que de suivre la masse aveuglément. C’est un hommage musical au privilège que nous avons de vivre dans un monde libre, comme c’est heureusement le cas. »

Voila, vous savez où vous mettez les pieds avec« Touchdown ». On notera enfin que le violoniste Stefan Pintev intervient sur le morceau qui donne son titre à l'album. C'est très efficace..

En conclusion, pour paraphraser Anvil, « Dirkschneider is Dirkschneider » et, si vous appréciez le bonhomme, même s'il ne fait plus souffler ce petit vent rebelle qui vous occasionnait cette chair de poule lorsque vous découvriez ses albums dans les années 80, vous vous abreuverez encore avec plaisir à ses rythmiques en béton et à sa voix d'écorché. La proposition 2023 d' U. D. O. est un cru qui fonctionne bien et le groupe fait ici encore une excellente impression.

VANDENBERG (hard-rock), Sin (25/08/2023)

Le 25/08/2023

Pas d'une originalité folle, mais tout de même inspiré et bougrement solide, « Sin » plaira aux amateurs de hard US classique.

Par Ahasverus
Adrian Vandenberg est un guitariste/compositeur hollandais. Il connaît un beau succès au début des années 80 en fondant son propre groupe. Il est aussi connu pour son travail dans Whitesnake.
Au début des années 80, alors qu'il prépare sans y croire particulièrement un très bon premier album qui fait la part belle aux arpèges et à la guitare espagnole, le guitariste Adje (Adrian) Vandenberg est approché par David Coverdale. Celui-ci a repéré ses démos chez Atlantic Records et souhaite le recruter. Adrian décline il craint de n'être qu'un pion dans la valse des line-up devenue une habitude chez Whitesnake. Il préfère capitaliser sur son nom propre. Bien lui en prend : l'album est un succès ! Il réussit même à placer quelques morceaux sur les radios, notamment les ballades « Burning Heart » en 1982 et « Different Worlds » en 1983.
Vandenberg heading for a storm
Heading For A Storm, second album de Vandenberg, sorti en 1983.


Sa notoriété internationale lui permet parcourir les États-Unis, l'Europe et le Japon aux côtés d'Ozzy Osbourne, Kiss, Rush, Scorpions, ou encore Michael Schenker.
Après quelques succès fluctuants, il rejoint finalement Whitesnake avec qui il enregistre notamment le morceau « Here I Go Again » aux côtés de John Sykes dans sa version « 1987 », tandis qu'une première version sur l'album « Saints & Sinners » (1982) trouvait Micky Moody et Bernie Marsden aux guitares. Puis Adrian participe à la tournée promotionnelle de « 1987 » durant un an et demi. Il passera plusieurs années au sein du serpent blanc, co-récrivant certains albums, notamment « Slip of the Tongue » (1989) sur lequel, bien qu'il soit crédité comme guitariste, il ne pourra jouer en raison d'une blessure.
A la fin des années 90, Adrian se met en retrait de la musique pour des raisons familiales. Dans les années 2010, il revient avec le projet Vandenberg's Moonkings. Ce retour est bien perçu, mais le chanteur Jan Hovingi a des activités professionnelles parallèles qui ne peuvent souffir de son absence, et il n'est pas en mesure de faire des tournées à l'étranger. Adrian met donc fin au projet après trois albums et il ranime Vandenberg la décennie suivante avec un opus intitulé « 2020 ». Adrian explique à My Global Mind : « Avec Vandenberg, j'ai décidé qu'il était temps de me botter les fesses dans le sens du hard rock, car Moonkings était très orienté blues ». 
Il se fait accompagner du chanteur Ronnie Romero (Lords Of Black), du bassiste Randy Van Der Elsen (Tank) et du batteur Koen Herfst (Doro, Epica) et il profite de cet album pour revisiter son standard « Burning Heart ».

Le 25/08/2023, Vandenberg revient avec un album, le cinquième sous son nom :

 « Sin »

A l'instar de « Heading for a Storm » (1983), « Sin » voit le retour des requins sur la pochette. Ces deux artworks ainsi que celui de l'album « Alibi » ont été peints par Vandenberg lui-même : Adrian est diplômé des Beaux Arts et il a même enseigné cette matière avant de consacrer sa vie à la musique.
Vandenberg sin
Pour ce nouvel opus Vandenberg retrouve la même section rythmique : Koen Herfst (batterie) et Randy Van Der Elsen (basse). En revanche Ronnie Romero dont l'album solo « Too Many Lies, Too Many Masters » sortira mi-septembre laisse la place au Suédois  Mats Levén (Candlemass, Therion).
Le timbre de voix de Mats Levén rappelle celui de David Coverdale et c'est vers bien Whitesnake et le hard US qu'il faut chercher les comparaisons avec cet album, même si Adrian se dit plutôt influencé par le blues et le hard britannique.

On pourrait aussi parler de Dio (« Out Of The Shadows », « House On Fire »), d'Alice Cooper, et c'est très bien fait d'ailleurs (« Thunder And Lightning »), avec beaucoup de groove dans le chant puissant de Mats Levén (« Walking On Water », « House On Fire »), et des guitares efficaces plutôt que tape à l'oeil.

« Sin » est composé de morceaux qui tiennent la distance, capables de frapper fort (« Light It Up », « Burning Skies ») comme de se faire enjôleurs (« Baby You've Changed »). Enregistré aux Pays-Bas et à Los Angeles, l'album est produit par Bob Marlette (pas le chanteur de reggae, hein, le producteur qui a travaillé avec Ozzy Osbourne et Alice Cooper...). Pas d'une originalité folle, mais tout de même inspiré, bougrement solide dans le songwriting comme dans le line-up qui fait du haut niveau, l'album plaira aux amateurs de hard US classique.  Il est disponible aux formats digital, CD, ainsi qu'en vinyle vert.

LEE AARON : Une Metal Queen sur la Canada's Walk Of Fame

Le 24/08/2023

Lee Aaron fait partie des nouvelles venues sur la Canada's Walk of Fame.
Une place totalement méritée pour la Metal Queen qui commençait sa carrière discographique en 1984 !
Lee aaron metal queen
Saviez-vous que Lee faisait les choeurs sur la chanson « Rythm Of Love » qui figure sur l'album « Savage Amusement » (1988) de Scorpions ?
Toujours très active, Lee Aaron sortait l'album « Elevate » en 2022. Nous vous parlions de cet opus dans notre publication LEE AARON, Elevate (25/11/2022 - chronique).
Lee aaron cover
A l'instar du Hollywood Walk Of Fame, la Canada's Walk of Fame, située à Toronto, honore d'une étoile certaines personnalités canadiennes issues essentiellement des mondes des arts, de la télévision et du sport. Cependant, contrairement aux usages de sa cousine hollywoodienne, les intronisés n'ont pas à payer leur place dans l'allée canadienne.
Lee Aaron rejoint ainsi Michael J. Fox, Jim Carrey, Leslie Nielsen, Mike Myers, mais aussi Bryan Adams, Céline Dion, Oscar Peterson, Neil Young et le groupe Rush !
Loverboy et April Wine figurent sur la même promotion 2023.
Congratulations, Lee !

HEART LINE (AOR), Rock N' Roll Queen (23/06/2023)

Le 24/08/2023

Un album d'AOR qui va sur les oreilles comme une confiserie vient sur la langue. Posez, puis laissez fondre.
Par Ahasverus
En 2021, Heart Line créait la surprise en sortant « Back In The Game », balançant des brûlots  comme « One Night In Paradise », ou encore le morceau éponyme, avec une fluidité à laquelle la scène française nous avait peu habitués dans le domaine de l'AOR.
Ce jeune projet était initié un an auparavant par le guitariste et producteur Yvan Guillevic (United Guitars !) qui, composant un titre durant la pandémie, le proposait à Emmanuel Creis (Shadyon, Equinox) qui lui semblait parfait pour l'exercice. Enfin vint l'idée de faire tout un album dans l'esprit des 80's et de ces groupes qui, de Whitesnake à Foreigner ou de Journey à Winger, avaient fait les beaux jours de la FM américaine à coups de belles mélodies, de jolies voix, de grandes envolées de guitares, de choeurs soignés et de nappes de claviers plus hautes que l'Empire State Building.
On sait la capacité d'Yvan Guillevic à bien s'entourer. Il choisissait ici le claviériste Jorris Guilbaud (Devoid, Shadyon), le batteur Walter Français (Shadyon) et le bassiste Dominique Braud (Electric Brotha'Hood). Emmanuel Creis se voyait bien sûr confirmé au chant. 
Heart line tour
HEART LINE est en concert. Voici les dates...


L'accueil critique de « Back In The Game » était des plus positifs, voire totalement enthousiaste : « LA Nova brille enfin sur notre hexagone », affirmait Rock Meeting, tandis que Rock N' Force le trouvait  « bluffant de fraîcheur, d’enthousiasme et d’énergie » et que Hard-Rock 80 soulignait la « prestation hors-normes » d'Emmanuel Creis, confirmée jusqu'au Royaume Uni par le magazine Velvet Thunder.
Deux ans plus tard, nos hexagonaux sont de retour sur le label allemand Pride & Joy, toujours avec un artwork de Stan W. Decker. L'album s'appelle « Rock N' Roll Queen ».
Heart line cover
On pourrait pratiquement calquer les critiques de « Back In The Game » sur ce nouvel album ! Fraîcheur, toujours, qualité d'exécution, encore, vélocité des guitares bien sûr, évidence des mélodies, chant impeccable. Avec peut-être un son légèrement supérieur ?
Constant dans le sérieux de l'entreprise, Heart Line nous ramène en 1987. Il nous donne notre compte de guitares lead, osant la FM comme jamais (« The Last Time »), la ballade (« Call Me »), sachant griffer les claviers — sans les déchirer — par des riffs  rugueux, sur un album qui va sur les oreilles comme une confiserie vient sur la langue. Posez, puis laissez fondre.

 

ENFORCER (heavy metal), Nostalgia (05/05/2023)

Le 24/08/2023

Comme les spaghetti à la bolognaise, la NWOTHM est toujours meilleure réchauffée !

Par Ahasverus
Enforcer nostalgia
Dix-huit ans de carrière déjà pour le groupe Enforcer, qui commence son activité par une démo en 2005 !
En 2008, « Into The Night » est un album 80's plus vrai que nature. Il rappelle les vieux Tokyo Blade, mais aussi Iron Maiden période Killers (« City Lights »), puis encore Helloween, ou le groupe français High Power. Nous avons affaire à un speed metal très vif emmené par un chant capable d'aller chercher des notes suraigües.
Un second album reprend les mêmes recettes. Un troisième en mode proto-thrash évoque le premier Metallica jusqu'à devenir le jumeau d'un « Phantom Lord » (« Satan »), tout en faisant la part belle aux cavalcades basse/guitare à la Maiden (« Take Me Out Of This Nightmare », « Crystal Suite »).
Le quatrième long format, « From Beyond », amorce un virage heavy/power, édulcorant les chevauchées speed metal (« One With Fire »). Il recueille cependant de bonnes critiques, qualifié d'album de la maturité par Horns Up. Si le speed n'apparaît qu'à de rares occasions (« Hell Will Follow »), les cavalcades des cordes sont toujours bien représentées (« Mask Of Red Death »).
Un instrumental composé dans une grande tradition maidenienne est systématiquement placé en sixième position des quatre premiers albums (« City Lights », « Diamonds », « Crystal Suite », « Hungry They Will Come »). Ce gimmick est abandonné par la suite.
« Zenith » (2019) marque d'ailleurs une rupture dans le catalogue du groupe d'Arvika. Bien produit, avec des orchestrations riches, c'est un mid-tempo qui peine à utiliser ses starting blocks. Il ne justifie pas son titre.
Le 05/05/2023 Enforcer revient avec un sixième album studio : 

« Nostalgia »

Possiblement échaudé par l'accueil de « Zenith », Enforcer retourne aux fondamentaux et appuie sur l'accélérateur pour retrouver une vitesse plus conforme à sa nature. 

La recette sent parfois le réchauffé. Justement : comme les spaghetti à la bolognaise, ce registre qu'on appelle désormais la nouvelle vague du heavy metal traditionnel (NWOTHM) est toujours meilleure réchauffé ! En mode « Plus vite que moi tu meurs », moins proto-thrash cependant, « Nostalgia » retrouve le grain de folie qui va bien, ose la ballade avec une certaine réussite (elle donne son titre à l'album), et se hasarde à un titre en Espagnol pour éviter la connotation politique du mot supremacy en anglais.

Dans un format où le speed metal est majoritaire sans être la règle absolue, Enforcer trouve un son second souffle avec un opus studio plus convaincant que ses deux prédécesseurs.
Conçus durant la pandémie, les titres retenus ont été enregistrés entre octobre 2020 et février 2022 par Jonas Wikstrand, qui a également réalisé le mixage et le mastering. Le groupe confiait à Metalorgie avoir recherché, pour cet album, le son de Foreigner 4, particulièrement pour la caisse claire. (Retrouvez cette interview dans son intégralité ICI)
L'artwork est signé Adam Burke.
En France, « Nostalgia » fait l'objet d'un large consensus critique (nous n'avons relevé que deux bémols). Si Among The Living estime que cet album est « loin d'être le meilleur de ce groupe », et si Les Eternels, plus radicaux, pensent que « le collectif peine désormais à se renouveler », pour d'autres, Enforcer « transcende le genre heavy metal avec une efficacité redoutable » (United Rock Nations), constituant « un beau divertissement musical »  (Album Rock)  qui « ravira les nostalgiques des années 80 » (Hard Rock 80). C'est en somme « une réussite complète » (Rolling Stones) où « tout est bigrement accrocheur » (Aux Portes Du Metal).
Retrouvez ces chroniques dans leur intégralité en cliquant sur le nom du magazine correspondant.

En tournée européenne, Enforcer sera à Nantes  (Warehouse)  avec Razor et Crisix le 22/10/2023.

KARNATAKA (rock progressif), Requiem For A Dream (28/07/2023)

Le 23/08/2023

« Requiem For A Dream » s'abstient de toute grandiloquence. Enchainant les passages mémorisables, il vous promet un bon moment de rock progressif, jamais bavard, digeste malgré sa durée.

Par Ahasverus
KARNATAKA est un groupe de rock progressif gallois formé en 1997 par Ian Jones (basse/guitare acoustique), Jonathan Edwards (claviers) et Rachel Jones (chant).
Karnataka line un 2023
KARNATAKA, line-up 2023


La formation sort un premier album éponyme en 1998. Deux ans plus tard, elle enregistre « The Storm », dix titres mixés aux Rockfield Studios, qui ont déjà vu passer Rush et Queen. Mais c'est avec « Delicate Flame of Desire », le troisième album ouvert par l'instrumental « Karnataka », qu'arrive le succès qui permet aux Gallois de jouer hors du Royaume Uni. Un opus sur lequel Anne-Marie Helder vient renforcer la formation à la flûte et aux chœurs. Un double album live, « Strange Behaviour », immortalisera cette période.
Cependant le torchon brûle... Bien qu'une nouvelle tournée soit en préparation pour le Royaume-Uni, le groupe annonce sa décision d'interrompre son activité.  Chacun se lance alors dans divers projets musicaux : Ian Jones monte un groupe baptisé Chasing The Monsoon, tandis que Paul Davies, Jonathan Edwards, Gavin Griffiths et Anne-Marie Helder forment Panic Room, sous le nom duquel ils sortiront plusieurs albums. Seule Rachel Jones s'éloigne de la musique.
A compter de 2007, Ian Jones relance le projet Karnataka. Il sera désormais le seul membre stable du line-up.
Karnataka guitar
Il ramène dans ses bagages Lisa Fury, la chanteuse de Chasing The Monsoon. « The Gathering Light », le quatrième album studio du groupe, est résolument rock. Il voit le jour en 2010. Lisa Fury quitte le groupe « pour raisons personnelles » quelques mois après la sortie de l'opus. Ian recrute alors la chanteuse Hayley Griffith. L'album qui suit, « Secrets Of Angels » (2015), a des sonorités orientales et symphoniques. La dernière des huit pistes atteint les vingt minutes. Le son est à nouveau très rock, voire metal ! Karnataka interprète l'intégralité de ses deux derniers opus à l'occasion de sa tournée « End II End ». Puis Ian Jones annonce que la formation actuelle du groupe a pris fin (malgré une excellente performance d'Hayley Griffith) et qu'il continuera probablement avec un nouveau line-up.
En 2018, Ian Jones recrute la chanteuse Sertari  et initie le processus d'écriture de « Requiem For A Dream », son sixième album studio.
Karnataka
Il s'agit d'un huit pistes de près d'une heure vingt. Un seul titre passe sous la barre des six minutes (celui que le groupe a choisi pour single-clip), deux morceaux dépassent les onze minutes, et la pièce qui conclut l'album affiche vingt-cinq minutes au compteur !
L'ambiance de « Requiem For A Dream » est beaucoup plus légère que sur les deux albums précédents. Sertari, qui cite pour influence Kate Bush et Nightwish, est une remarquable vocaliste et sa polyvalence parfaite lui permet d'évoluer avec une grande flexibilité à l'intérieur d'un même morceau (« Sacrifice », « Look To The East »). Elle fait preuve d'une belle technique et délivre une prestation d'un très grand niveau tout au long de l'album. Le compositeur lui manifeste sa confiance par la sobriété des arrangements qui se permettent parfois d'évoluer en piano/choeurs/voix (« Forgiven »), guitare/voix ou choeurs/voix (« Say Goodbye Tomorrow »).
Karnataka singer
Globalement progressif et délicat, « Requiem For A Dream » laisse aussi la place à de beaux développements des claviers (« All Around The World ») et à de superbes enchaînements voix/guitare (« Sacrifice »). Plein de richesse, il s'abstient de toute grandiloquence,  enchainant les passages mémorisables  (« Don't Forget My Name », « Say Goodbye Tomorrow ») avec une certaine facilité. Ses multiples influences, parfois orientales (« Look To The East ») ou liturgiques (« Forgiven »), évidemment folkloriques et celtiques, sont arrosées de guitares mélodiques. Servie par une production d'un très bon niveau, cette cuvée 2023 est à la hauteur du talent du line-up que Ian Jones a su réunir. Il vous promet un bon moment de rock progressif, jamais bavard, digeste malgré sa durée.