Sorties 2024

THE GRANDMASTER (heavy mélodique), Black Sun (12/01/2024)

THE GRANDMASTER (heavy mélodique), Black Sun (12/01/2024)

Le 12/01/2024

C'est fini, The Grandmaster n'est plus lambda, il n'a plus le cul entre deux chaises, et il n'a même pas besoin d'enfoncer le pied au plancher pour impressionner.
Par Ahasverus
Il semble qu'on doive The Grandmaster à Serafino Perugino, tête pensante du label Frontiers Records, qui a eu l'idée d'unir le guitariste allemand Jens Ludwig (co-fondateur d’Edguy) à deux membres de Chalice Of Sin, le batteur Mirkko DeMaio et le bassiste/keyboardiste/compositeur Alessandro Del Vecchio.
En 2021, accompagnés du chanteur Nando Fernandes (Brother Against Brother, Sinistra), le groupe sort l'album « Skywards », une carte de visite faite d'un métal mélodique classique mais honorable.
The grandmaster 1Le chant du Brésilien, souvent comparé à Ronnie James Dio, nous rappelle notre Jo Amore national sur certains titres (« Skywards - Earthwards », « Turn The Page »), ne manquant ni de puissance ni de panache. Malgré cela il manque la petite étincelle de magie et l'album ne reçoit qu'un accueil tiède et respectueux. Il se voit qualifié d' « assez monotone » par Hard Rock 80, une première impression confirmée par Music In Belgium qui finit malgré tout « par découvrir toutes les subtilités de cet album, qui doit beaucoup à son chanteur. ». Enfin, pour Metalnews, le formalisme de l'affaire « finit par ternir la noblesse de l’album en la souillant d’une patine de redondance, mais les individualités, et la performance collective sauvent le projet du marasme en évitant au dernier moment l’écueil de l’ennui. »
Après cet essai en demi-teinte, The Grandmaster fait son retour sur Frontiers Records le 12/01/2024 avec l'album « Black Sun ».
The grandmasterTirant les leçons du passé Nando Fernandes, pourtant plébiscité dans les chroniques, se voit remplacé par Per Johansson (Fate). Le Danois dispose d'une tracklist qui semble plus agressive que celle du premier album, et son chant maléfique et heavy (« Heaven's Calling ») ôte d'emblée cet aspect lisse qu'on reprochait à « Skywards ». 
Des morceaux comme « Black Sun » ou « While The Sun Goes Down » ont exactement ce qui manquait à The Grandmaster, cette dynamique puissante qui vous pique dès la première écoute. Il y a désormais un potentiel de hit, des arrangements chiadés (« Learn To Forgive »), un solide travail sur les choeurs et les secondes voix, et du gros son. The Grandmaster a mis les bouchées doubles et Per Johansson bouscule l'auditeur à chaque intervention.

Ce deuxième essai est si nettement transformé que même la guitare de Jens Ludwig semble galvanisée. A l'évidence, la nouvelle formation a su trouver l'alchimie qui faisait défaut au précédent line-up. Elle se permet de complexifier sa structure musicale (« Something More ») et d'oser la ballade (« Fly, Icarus Fly ») sans ramollir le propos. C'est fini, The Grandmaster n'est plus lambda, il n'a plus le cul entre deux chaises, et il n'a même pas besoin d'enfoncer le pied au plancher pour impressionner (« Learn To Forgive »). Le respect est de mise ; le plaisir aussi. The Grandmaster a mis le paquet et il réussit à surprendre jusqu'à la dernière piste. Il conviendra désormais de compter avec lui car ce « Black Sun » s'impose comme l'une des réussites de ce début d'année 2024.

MAGNUM (rock hard mélodique), Here Comes The Rain (2024)

MAGNUM (rock hard mélodique), Here Comes The Rain (12/01/2024)

Le 12/01/2024

Agréablement mélodique, « Here Comes The Rain » ne décevra pas les fans du géant britannique qui a su garder intacts son talent et son inspiration.
Par Ahasverus
Magnum est de retour le 12/01/2024 avec un vingt-troisième album studio intitulé « Here Comes The Rain ». 
Rodney Matthews, qui a notamment travaillé sur la pochette « No Mean City » de Nazareth, signe à nouveau un bel artwork pour la formation de Bob Catley.

Magnum cover

L'aventure de la formation britannique commence en 1978 avec son premier album,  « Kingdom of Madness ». Près d'un demi siècle plus tard, Magnum est toujours là, et il s'est imposé parmi les géants du rock/hard mélodique international. Cette dernière sortie est malheureusement marquée par la disparition du guitariste Tony Clarkin, survenue le 7 janvier 2024. Un décès qui, de l'aveu du groupe, posera question quant à l'avenir de Magnum, Tony étant l'un des fondateurs et compositeurs principaux de la formation.
Magnum témoignait le jour même de la sortie de l'album : « Il est difficile de savoir quoi dire en un jour aussi étrange. Here Comes the Rain, notre vingt-troisième album studio, est sorti aujourd'hui. À la lumière du décès tragique de Tony plus tôt cette semaine, ce n’est évidemment pas une occasion aussi heureuse que l’est habituellement la sortie d’un album pour nous. Cependant, cela signifierait beaucoup pour nous tous si le plus grand nombre possible de personnes pouvaient se joindre à nous pour célébrer sa vie incroyable et son talent en écoutant sa dernière œuvre. »
Armé d'un rythme solide, l'album avance et ne se départit jamais de son sens mélodique. La voix de Bob Catley reste une valeur sûre au timbre velouté, et il garde suffisamment de puissance pour donner à ses lignes de chant la grandeur qui leur revient. Quant à Rick Benton, il se montre très pertinent dans ses interventions aux claviers, parfaitement mises en avant. L'ensemble est donc enrobé de velours, mais la section rythmique sait se faire entendre jusqu'à l'échappée rock hard de « Blue Tango ».

Servi par des arrangements soignés, Magnum n'hésite pas à recourir à des cuivres qui donnent du groove au morceau « The Seventh Darkness », une autre pièce remarquable de l'album que le groupe a souhaité mettre en avant par une lyric video.

Le charme de Magnum opère jusque dans les titres intimistes, tel le clavier/voix de « Broken City ».
N'oubliant pas les ballades (« I Wanna Live » et son joli final), gardant la mélodie pour maître-mot, « Here Comes The Rain » est lumineux tout au long de ses cinquante minutes. Agréablement mélodique, il ne décevra pas les fans du géant britannique qui a su garder intacts son talent et son inspiration.
Incontestablement ce « Here Comes The Rain »  figure parmi les belles sorties de ce début d'année 2024.
Magnum artork

ELLESMERE (rock progressif), Stranger Skies (12/01/2024)

ELLESMERE (rock progressif), Stranger Skies (12/01/2024)

Le 12/01/2024

Inspiré par Genesis et Rush, ce quatrième album d'ELLESMERE devrait satisfaire les fans de rock progressif.
Par Ahasverus
Disponible depuis le 12/01/2024, « Stranger Skies » est le quatrième album d'Ellesmere, un projet conduit par le multi-instrumentiste Roberto Vitelli.
Il fait écho à l'album « Wyrd », sorti en 2021, et Rodney Matthews (Nazareth, Magnum) a d'ailleurs illustré les deux opus, représentant des mondes opposés, l'un « froid » – lié aux quatre premières chansons de l'album – et l'autre « chaleureux » – lié aux deux dernières compositions qui totalisent à elles seules plus de vingt-quatre minutes.
EllesmereDu point de vue des lyrics, « Stranger Skies » aborde à nouveau le thème du voyage et de la découverte de mondes nouveaux et inexplorés, une constante de tous les disques d’Ellesmere.
Musicalement, l'album est profondément progressif et symphonique, avec une grande richesse dans les arrangements, et une large gamme de contributeurs (Clive Nolan, John Hackett) autour du noyau dur composé de Roberto Vitelli (basse, claviers et auteur-compositeur principal), Mattias Olsson (batterie), John Wilkinson (chant) et Giacomo Anselmi (guitare).
Avouant pour principales sources d’inspiration « A Trick of the Tail » de Genesis et « Moving Pictures » de Rush, « Stranger Skies » est un patchwork progressif fait de beaux effets chorus (« Tundra »), de pièces virevoltantes (« Arctica »), d'ambiances lithurgiques (« Stranger Skies ») et d'instruments variés tels que le saxophone, la flûte, ou la guitare acoustique à douze cordes. 
Parfaitement respectueux des codes du rock progressif, « Stranger Skies » est soigné et bien exécuté. Fidèle à  ses grands aînés dont il avoue s'inspirer, son interprétation de qualité devrait rallier à Ellesmere la majeur partie des fans du genre.