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HOT HELL ROOM (Heavy Rock) : L'interview
Le 19/10/2022
Loïc Malassagne et Alan Raoul, respectivement chanteur/guitariste et bassiste de la formation parisienne, ont bien voulu revenir sur leur discographie et nous en dire plus sur la génèse de ce nouvel opus au titre d'actualité : "Stasis".
(interview réalisée pour Hard French Metal le 7/03/2020)
Bonjour Hot Hell Room. Avant d'aborder votre nouvel opus j'aimerais revisiter votre discographie. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre premier LP “Kali Yuga Bonfire” (2013) ?
Loïc (Chant/Guitare) : Salut. Quand on revient dans le temps sur son propre travail artistique, il y a toujours des choses qu’on ferait différemment. Mais il faut apprendre de cela et aussi respecter le fait que c’est le ressenti du moment, avec ses qualités et défauts. Et encore, cela reste subjectif sur certains points, alors bon... Je pense que certains titres auraient mérité plus d’attention, mais ça c’était la situation du moment, donc on ne peut rien faire. D’autant plus que les recherches de Nikola Tesla sur la machine à remonter le temps n’ont pas abouti ! (Rires)
Artistiquement parlant et globalement on est quand même assez contents du résultat et on a toujours le plaisir de jouer certains de ces titres en concert, c’est cela le principal !
Loïc : Déjà Le line-up est différent. Sur le premier on était en trio et sur ce second album il y a deux nouveaux membres à la guitare, deux nouvelles sensibilités apportant des choses différentes à la composition de l’album qu’on avait «démocratiquement» répartie. On a eu de bons retours sur cet opus, avec les premiers articles à l’étranger du groupe et aussi grâce au travail d’Elodie de Ellie Promotion sur la France, ainsi que de ceux qui ont bien voulu parler de nous ! (Rires)
Alan : “Architect of Chaos” est je pense une autre forme d’aboutissement en matière de composition. Il est plus mature, plus sombre, plus varié, et encore plus travaillé au niveau du songwriting que “Kali yuga”. L’arrivée de Shazybob et de Seb a permis d’étoffer la mise en forme globale des titres de cet album.
Alan : Excepté le titre “Fatality”, qui datait des sessions de l’album précédent, nous avons commencé à travailler sur “Stasis” à la fin de l’été 2016. Les deux premières compositions à avoir été étudiées en répétition à l’époque sont “Human Game” et “Stasis”. La plupart des autres morceaux ont été écrits entre la fin de cette année-là et le mois d’avril 2017. De mémoire c’est à cette période que nous sommes allés au Roots Note studio pour enregistrer les parties de batterie. Comme pour nos deux précédentes réalisations nous enregistrons les batteries au Roots Notes Studio avant d’aller au Hybreed Studios pour finaliser le reste : Instrumentations, Voix, Mixes, etc.
Alan : C’est Rui Abel Rodrigues, un ami de longue date, qui a réalisé l’artwork de “Stasis”. Il nous a fait une proposition de cover qui collait tout à fait avec le thème et les ambiances relatés sur ce nouveau disque.
Loïc : Le morceau « Stasis » qui donne aussi le nom à l’album traite de la situation de L’Europe donc aussi de la France… Ce texte date de plusieurs années maintenant, et comme c’est dans le cadre d’une chanson on ne peut pas faire de grandes analyses ou constats. Mais certaines phrases et mots en disent beaucoup et peuvent avoir aussi plusieurs lectures selon sa sensibilité… Ce qui est plus intéressant à mon avis, car cela restera toujours un avis parmi tant d’autres, même si certaines choses sont bien actées et visibles aux yeux de tous, (quoique des fois les évidences…).

Alan : Ce n’est pas vraiment la réalisation du disque qui nous a pris le plus de temps, mais toute la partie démarchage de l’album qui a été la plus longue Ca a duré plusieurs mois pour trouver une distribution correcte, et on a parfois besoin d’un peu d’aide pour y arriver. C’est grâce à l’appui de Gilson et de l’équipe d’Imperative Music que nous sommes arrivés à nos fins pour trouver un label et pouvoir sortir ce disque. Cet album a été enregistré par les mêmes membres que pour “Architect Of Chaos”, mais à la fin de l’enregistrement, Ludo (Batterie) et Sébastien (Guitare) ont décidé de quitter le groupe pour des raisons personnelles. Il y a aucune animosité entre nous, on est toujours de bons potes ! Alexis (Batteur d’ Hatred DUSK et ex-Overtone) est arrivé dans le groupe à la fin de l’année 2018. C’est par l’intermédiaire d’un ami, «Nico», qui joue aussi dans Hatred Dusk comme guitariste - le monde est vraiment petit (Rires) - que nous avons été mis en relation. Alexis joue avec nous maintenant depuis bientôt un an et demi. Hot Hell RooM et Hatred Dusk forment une grande famille dorénavant !
Loïc : C’est un grand pays de la métallurgie ainsi que de la musique ! (Rires) L’avantage par rapport aux autres albums est qu’on va être plus écoutés et diffusés un peu partout dans le monde, et évidemment pas mal axés sur l’Allemagne grâce au label, à notre échelle bien entendu, mais ça sera toujours mieux qu’avant. Un moment donné il le faut bien pour faire vivre la musique et la partager, d’autant plus qu’on ne fait pas trop un style et mélange «connecté» à la France, qui n’est déjà pas un pays de culture Rock à la base, et dont la qualité première n’est pas non plus d’être curieux en général et d’avoir la vraie solidarité patriotique ! C’est ainsi, chaque pays à son caractère avec ses qualités et défauts, mais il faut bien évoluer et on ne peut pas non plus se confronter inlassablement à ce mur car cela devient fatiguant et frustrant à la longue…

HOT HELL ROOM par Sébastien Bouysse.
Loïc : Déjà entre les trois albums on a gardé la thématique de la fin de cycle, du chaos et du déclin, ne serait-ce que dans les titres : le premier album est “Kali Yuga Bonfire”, le second “Architect Of Chaos”, avec la pochette d’une peinture de John Martin «Le Pandemonium», et notre troisième et nouvel album est “Stasis”, terme grec signifiant une crise politique, etc. Je ne vais pas rentrer dans le détail des dix chansons mais effectivement certaines sont dans cette thématique très large où l’on peut trouver un titre qui parle de la situation de l’Europe, un autre sur la condition de l’homme moderne ou les sempiternels conflits pour certains intérêts, etc. D’autres morceaux sont plus personnels et n’ont rien à voir avec cette thématique, ce n’est pas un concept-album, non plus.
Loïc : Et bien merci, on prend cela comme un compliment car pour nous le plus important c’est la mélodie et l’écriture de chanson. C’est évident, mais pas pour tout le monde… Dans le Metal, par exemple, beaucoup confondent puissance et agressivité en oubliant la mélodie qui est un peu la base de la musique ! (Rires) Ou ils sont dans la course au «gros son», ce qui est futile et de l’esbroufe, car ton morceau devrait même sonner en acoustique... La puissance d’un morceau qui touche l’âme et ton cœur passe par la mélodie, après il y aura toujours des insensibles c’est sûr… dans ce cas autant écouter une machine à laver à l’essorage ou l’ambiance d’une usine métallurgique ! Remarque c’est un autre style de Metal ! (Rires)
Loïc : Ma tessiture naturelle est baryton basse. Elle peut aussi aller, dans un autre registre musical et technique, jusqu’au contre-ténor. Pour Hot Hell RooM, certaines parties sont dans ma tessiture grave en effet, à l’instar de mon autre projet Invading Chapel. Pour le reste, je chante plus dans un registre Rock et Heavy se rapprochant de la couleur des ténors et barytons, comme beaucoup de chanteurs, mais n’étant pas dans ces tessitures-là j’ai des graves et une rondeur qui donnent surement cette identité. Et puis ce n’est pas plus mal d’avoir sa propre «empreinte génétique» et son feeling, car sinon tout le monde sonnerait pareil dans chaque style, et quand on arrive plus à discerner tel ou tel groupe dans un genre de musique, ce style meurt ou il ne reste plus que les principaux. On utilise tous «mathématiquement» les mêmes notes, alors il faut bien y mettre son ADN ! (Rires)
Loïc : Sans oublier pour commencer l’enregistrement de la batterie qui est fait chez un ami au Roots Notes Studio, tous ensemble en situation live pour le feeling et l’énergie. Ensuite nous enregistrons le reste chez Andrew. Il nous apporte une continuité dans le son, d’un album à l’autre, même si certaines choses sont différentes à chaque fois, et tout cela dans une ambiance amicale et humaine, sans le stress d’un compteur de taxi «le temps c’est de l’argent» ! (Rires) Mais rassurez-vous, on ne traine pas pour autant, et on ne compose pas sur place nos titres ! Il y a quand même un calendrier à respecter et tout est prêt en amont, même si il y a toujours des petites choses et des idées qui viennent avec le feeling de l’instant, un arrangement, l’amélioration d’une partie etc. Et pour finir il fait aussi le mixage et le mastering, donc que demande le peuple ?
Alan : C’est toujours un plaisir pour nous de travailler avec Andrew, car en plus d’être un ami, c’est un excellent ingénieur son qui est à l’écoute des musiciens avec lesquels il collabore. Il connait très bien notre musique et notre univers musical, et il est souvent de bon conseil. C’est un peu notre George Martin (NDLR : le producteur des Beatles) en quelque sorte !

Alan : L’album est disponible un peu partout, mais il est déjà facilement trouvable sur le E-Shop du label :
https://www.stf-records.de/shop/index.php?manufacturers_id=154&fbclid=IwAR1AHun8zlfOf3fQ0NFBrJv-85OBZMsd-9quzr9XbcARDh66fskzNiak_iQ
Loïc : On part en tournée avec Metallica. Ah non, avec Ghost ! Aussi, rien que pour emmerder certains qui les critiquent alors qu’il y a quelques années… Remarque c’est même pire avec Metallica enfin bon… (Rires) Évidemment il y a les goûts de chacun mais quand ce sont des critiques pour descendre bêtement et sans respecter la carrière de ces gars et de ce qu’ils ont apporté, un moment donné, faut aller voir son miroir…
Non, plus sérieusement et banalement, des concerts. Et travailler sur l’étranger pour certaines choses. Et puis franchement nos vies personnelles ont été tellement sombres ces derniers temps, pour certains d’entre nous, par superstition peut-être, j’ai dû mal à me projeter très loin dans le futur... Je préfère dire sincèrement les choses plutôt que faire le discours de façade promo habituelle, avec un plan, etc.
Alan : On a quelques dates de concerts en prévision, et nous sommes à l’écoute pour diverses propositions partout en France, à l’étranger, ou alors dans une autre galaxie lointaine, très lointaine !
Loïc : De rien, c’est nous qui te remercions. On ne le répétera jamais assez, c’est grâce aussi à des gens passionnés et curieux comme toi que les groupes peuvent exister, chacun à son échelle, et partager leur art.
Alan : Merci pour ton soutien, depuis le début, et aussi surtout pour le travail et la passion dont tu fais preuve pour soutenir la scène locale.
https://www.facebook.com/hothellroom/
Ecouter Stasis :
https://open.spotify.com/album/4bxDa8Cku2KIg87lqCLUl5
Discographie : Lies Box (EP - 2005) Hot Hell RooM (demo – 2009) Kali Yuga Bonfire (2013) Architect Of Chaos (2016) Stasis (2020)
Chronique d'album : Invading Chapel (Metal Gothique / Doom), Ghostly Rock Season (2020)
Le 17/10/2022
Album : Ghostly Rock Season (2020)
Genre : Metal Gothique / Doom
Origine : Ile de France
Par Ahasverus
Le Groupe :
"GHOSTLY ROCK SEASON"
L'Album :
Notre Avis :
Les Liens :
https://invadingchapel.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/invadingchapel
Les Inestimables d'Ahasverus : TRANCE, Break Out (1982)
Le 15/10/2022
Si vous l'aviez écouté en 1982, vous vous en souvenez. Si vous l'avez raté c'est sans importance : il est aussi bon en 2022 qu'il l'était voici quarante ans.
1982.
On était bien, hein Tintin ?
Une belle année métallique ! Elle a donné naissance à quelques classiques du genre.
Pas besoin de vous dire le nom des groupes ; ces albums ont écrit l'histoire du heavy metal.
Lecteur d'Ahasverus, teste tes connaissances !
- quel groupe a sorti Black Out ?
- quel groupe a sorti Creatures Of The Night ?
- quel groupe a sorti Under The Blade ?
- quel groupe a sorti Screaming For Vengeance ?
- quel groupe a sorti The Number Of The Beast ?
- quel groupe a sorti Battle Hymns ?
- quel groupe a sorti Restless & Wild ?
Tu as les sept réponses ?
Ecris à la rédaction d'Ahasverus - Métaux en tous genres, et passe un week-end à Clichy-la-Garenne (*) chez notre chroniqueur Pépé Stakatto !

(*) : On sait, ça fait pas rêver, mais le zine a peu de moyens. Et puis tu feras une bonne action : il nous fallait quelqu'un pour changer les couches à Pépé !
1982 sortait aussi l'album « Break Out ». Plus discret, mais redoutablement efficace !
Plus redoutable que sa pochette : cierge, cercueil, brouillard, vampire, Flying V... Clairement pas un Molly Hatchet !

A part le logo du groupe, il n'y a pas grand chose à sauver... Mais remettons le visuel en perspective : nous sommes dans les années 80. La mode capillaire, les tenues vestimentaires, le succès des Forbans... Les goûts étaient ce qu'ils étaient. Les vieux se souviendront. Les jeunes pardonneront.
Mais qu'importe le flacon... Si tu aimes le heavy, je te promets l'ivresse ! « Break Out », premier album d'un jeune groupe allemand, qui affûte tout de même ses riffs depuis déjà quatre ans.
L'album démarre. Explosion ? Coup de tonnerre ? Ce qui est sûr, c'est que l'opus trouve son rythme dès la première piste (« Break Out »). Un morceau court. Moins de trois minutes qui suffisent pour mettre toutes les pendules à l'heure à l'heure allemande !
Ce qui est clair également, c'est que la production, toute 80's qu'elle soit, sonne toujours.
« Confessions ». Guitares à la tierce — ce sera l'un des gimmicks de l'album.
Le chant est un peu voilé. Comme Phil York (Silvertrain), comme Spike (The Quireboys), Tom Keifer (Cinderella), Dan McCafferty (Nazareth)... le genre de signature vocale que j'adore !
« Get It Now ». Un riff d'apparence simple. Cependant plusieurs motifs de guitare courent en même temps. La guitare accompagne le chant, le prolonge, généreuse, mélodique (« Burn The Ice »).
Lothar Antoni étend son domaine vocal. Son voile disparaît dans les basses. Totalement.
Faussement simpliste encore, parce que tellement efficace : « For Your Love »
Lothar Antoni aboie, gémit :
« I've been payin' / Payed so hard for your love / Became a drinker / You shouldn't see that for your love... »
Le duo basse/batterie soutient sévère.
« Loser » lève le pied mais ne change pas le ton. Le morceau se construit progressivement au fil de ses sept à huit minutes, à l'aide de ponts, d'accélérations...
« Ain't No Love » retrouve les fondamentaux. Riff simple décliné à la tierce. Batterie et basse au coude à coude.
Le legato de Lothar Antoni (« Party's fine you smoke a lot of grass / Mind sinkin' in your whiskey glass ») se fait savoureux sur « Ain't No Love ».
« Baby Child » conclut, magistralement un album qui concède peu de pertes. Ce morceau est à Trance ce que « Stairway To Heaven » est à Led Zeppelin, « November Rain » à Guns N' Roses, « Love Kills » à Hot Hell Room.
C'est la guerre. Un père chante une berceuse à son enfant. Les bombes ont tout ravagé, sa mère est morte. « Continue de rêver » psalmodie le père. Lothar Antoni monte peu à peu, donne de l'intensité. Accélération libératrice, batterie/guitare/basse. Rupture/reprise. Le morceau finit en apothéose dans une rythmique effrénée survolée par un Lothar Antoni très haut dans les aigus tandis que les gaz font leur effet.
Quarante minutes. Fini déjà.
C'est que rien n'est de trop dans cet album, totalement représentatif du heavy des 80's quand il est bon.
Ses points forts : guitares à la tierce, solide sens mélodique, un chanteur à la voix atypique, et un son qui a su traverser les décennies sans une ride.
Si vous l'aviez écouté en 1982, vous vous en souvenez. Si vous l'avez raté c'est sans importance : il est aussi bon en 2022 qu'il l'était voici quarante ans.
C'est donc le moment de le (re)découvrir.

SEA OF SNAKES, The Serpent And The Lamb (sortie le 14/10/2022 - chronique)
Le 15/10/2022
On prend du bon temps tout au long de cette galette bien rôdée.
Sea of Snakes est un quatuor de stoner/hard-rock basé à Los Angeles.
En 2021 le groupe sort « World On Fire», un premier EP chez Metal Assault.
Il revient le 14/10/2022 avec un album :
« The Serpent And The Lamb »

Des vocaux qui traînent délicieusement (God Of Creation), de la fuzz et du riff gras, une couche plus ou moins fine de doom (End Of The Sun), un chant à la Zakk Wylde, des rythmiques entraînantes ; il est clair que les mecs de Sea Of Snakes ont dû user des sillons et arpenter des scènes avant de mettre en chantier « The Serpent And The Lamb ».
Bien qu'il s'agisse d'un premier album, le style est totalement maîtrisé, dominé même, et l'on prend du bon temps tout au long de cette galette bien rôdée.
Aussi efficace dans le mid-tempo (Demon Seed, Third Kind) que lorsqu'elle met un peu la gomme (Get The Gun), elle est sobre dans l'exécution, directe dans le songwriting.
Plutôt hard que stoner, elle sait tout de même soulever la poussière du désert.
Les dix compositions ont ce son caractéristique qui sied parfaitement à la marchandise.
L'album trouve une jolie respiration inattendue en son milieu (Dead Man's Song).
A l'écoute, on pensera à Black Label Society (cette voix), à Black Sabbath (on s'attend presque à voir intervenir Ozzy sur le riff de In Hell), et à Pentagram.
Un premier album très réussi a retenu notre attention. La galette est efficace à 100% et harmonieusement agencée.
Si Sea Of Snakes n'est pas là pour changer la face de Metal, il réalise une excellente course, proposant avec ce « The Serpent And The Lamb » un excellent passage de témoin.
Il se conclut par un titre magnifique (The Ritual).
Pas besoin d'en dire plus, c'est du solide. Ecoutez-le, on recommande !
GLDN, Hemophilia (07/10/2022 - chronique)
Le 12/10/2022
GLDN conjugue talent et caractère, il rend intéressant ce qu'il touche. Il justifie, avec ce seul « Hemophilia », sa place sur la scène industrielle internationale.
« First Blood », premier EP sorti cet été, n'a pas eu le temps de refroidir puisque GLDN revient en ce mois d'octobre 2022 avec un deuxième opus prêt-à-poser sur nos platines.
Un long format à la pochette thrash, fait cette fois de reprises, de compositions inédites, mais aussi de morceaux de l'EP remaniés.
« Hemophilia »

Nicholas Goldenn porte ce one-man-band. Il chante, éructe, et joue de tous les instruments à l'exception de quelques parties de guitare/basse. Il explique :
« Hemophilia, bien qu'il s'agisse principalement d'un album de remix, est un projet qui a vu le jour parce que j'avais l'impression de ne pas en avoir fini avec First Blood. Il propose également des remix sombres et atmosphériques des chansons de l'EP First Blood, ainsi que plusieurs reprises et compositions originales créées spécifiquement pour cet album. J'ai l'impression que Hemophilia continue l'histoire de l'EP, explorant davantage les thèmes de l'autodestruction et de la renaissance, les amenant à de nouveaux extrêmes. Au final, c'est un album sur la réalisation de sa propre insignifiance et de ce que signifie pour une personne le mot liberté - la liberté de vivre, de mourir ou de s'élever et de prendre le contrôle de son destin. »
Son destin, l'Américain le dessine en revendiquant avec force son étiquette punk industriel au travers de la reprise « Animal », du groupe punk britannique Anti-Nowhere League. Clairement maîtrisées, ses sonorités industrielles ajoutent le chaos à l'outrance, que des images d'abattoir viennent conforter dans un clip écorché vif.
« Animal » servira d'ouverture, activant l'électrochoc propice à votre attention. « New Face, Same Lies » prend le relais et vous laisse récupérer le temps d'un chuchotement. Puis « #1 Crush », cover de Garbage, retrouve le chemin du marteau-pilon. On notera au passage le travail de la production, le calibre du son, tandis que « Half Life » fera le plein de sonorités modernes et inquiétantes, validées par la sirène d'introduction du catchy « Six Feet Under » dont la mécanique impeccable cède la place, dans un bel enchaînement, à un « Pull It » enfin apaisé.
Désireux de ne pas rester sur cette linéarité, « Dirty, Rotten, Decayed » joue la surprise et lance le dansant « Suicide Machine ». « Self-Mutilation As A Form Of Compliance » laisse une impression étrange, tandis que « Parasite » régurgite une ambiance de new-wave dévoyée.
Supplice de la goutte d'eau, « Metamorphosis » conclura en ramenant le calme par des sonorités lourdes.
Tout sauf anodin, « Hemophilia » est une proposition à l'esthétique saturée, qui ne cherche ni la violence surfaite ni le tape-à-l'oeil. Elle installe ses ambiances froides et électriques avec authenticité, multipliant les nuances d'indus. GLDN conjugue ainsi talent et caractère, il rend intéressant ce qu'il touche. Il justifie, avec ce seul « Hemophilia », sa place sur la scène industrielle internationale. Vous feriez bien d'y aller voir avant que la nuit ne nous engloutisse tous.
Le 12/10/2022
Selenic sortira son premier album le 25/11/2022. Ce quatuor définit sa musique ainsi :
« Notre musique explore les sonorités variées de la musique rock néo-progressive et alternative et place la transmission d’émotions au centre de sa composition parfois lunaire, parfois tranchante. »
Un premier single-clip, mis en ligne en septembre 2022 et doté déjà d'une signature particulière nous a donné envie d'en savoir plus sur la formation de Mulhouse.
Interview.
SELENIC par Clément Lambla
Bonjour Selenic. Un mot sur le nom du groupe et sa formation ?
Clément (chant) : « Selenic » était un mot que j'employais dans une de nos chansons, un synonyme poétique de « lunaire ». Ce nom nous est apparu d'emblée pertinent pour définir notre identité musicale qui veut emprunter aussi bien la douceur et la quiétude de la lumière nocturne, mais aussi la frayeur et la violence qu'inspire le vide sidéral. Cela nous procure ainsi une liberté de composer et de pouvoir osciller entre des morceaux planants, plus légers et des morceaux ayant une transcendance plus métallique.
Nous sommes un guitariste Gautier Lambla, un bassiste Lucas Tollis, un batteur Daniel Vaxelaire et un chanteur Clément Rittié et le groupe s’est formé en 2018 à Mulhouse (Alsace).
Vers quoi vouliez vous tendre en fondant Selenic ?
Clément : Il s'agissait à l'époque de reprendre la musique pour « se faire du bien », nos projets respectifs ayant été arrêtés au même moment. Les compositions qui ont vu le jour nous ont tous convaincus que nous devions essayer de mener ce projet à un niveau que nous n'avions jamais atteint auparavant malgré l'expérience de chacun.
Gautier (guitare) : J’ajouterai que nous avons eu de longues discussions tous les quatre pour cadrer notre projet, se mettre d’accord sur un certain nombre de sujets dont le style musical que nous voulions jouer. Mais pour moi, la chose fondamentale sur laquelle nous nous étions mis d’accord était de toujours laisser une chance à une idée même si elle paraît farfelue de prime abord.
Un premier single-clip est déjà disponible. Il s'agit de « Lone ». Pourquoi avoir choisi ce morceau pour présenter le groupe ?
Clément : Cette chanson parle de retrouvailles avec soi-même, de renouveau. Elle prend une dimension étonnamment gospel dans le sens où elle véhicule un message d'espoir de manière enjouée. Nous étions curieux de voir si elle procurerait les mêmes émotions aux gens. Après avoir vécu ces deux dernières années dans le contexte que l’on connaît tou(te)s, cela semblait une évidence de propager sur la place publique à notre échelle quelque chose de sincère, hors du temps et de la grisaille ambiante.
Il s'agit également du morceau qui nous aura véritablement soudés lors de la composition de l’album
Vous avez à l'évidence déjà tous un parcours musical...
Clément : Effectivement, à travers des projets très variés. Le bassiste Lucas et moi-même jouions dans un groupe de rock à tendance stoner, Gautier vient du metal progressif, notre batteur Daniel quant à lui le plus expérimenté d'entre nous et joue aussi bien du rock que du metal. Nous avions partagé plusieurs fois la même scène avec nos groupes respectifs, c'est là qu'est née notre amitié.
« Resilience », votre premier album, est annoncé pour le 25 novembre 2022. A quoi faut-il s'attendre ?
Clément : Nous avons mis notre coeur et nos tripes dans cet album qui nous aura en un sens servi d’exutoire pour exprimer les émotions ressenties depuis trois ans. Il y a ainsi un cheminement, un début qui va exprimer davantage de la colère, de l’incompréhension pour progresser vers de plus vers horizons. Un voyage introspectif menant justement à ce sentiment de résilience.
Gautier : Effectivement, le projet de faire un album était présent depuis le début mais nous voulions avoir un album réfléchi avec une évolution cohérente au fil des chansons.

Votre actualité dans les six prochains mois ?
Gautier : L’actualité de ces prochains mois va clairement tourner autour de la sortie de notre album. Lone a été le premier clip à sortir, un deuxième viendra mi octobre. Il montrera une autre palette de couleurs dont nous sommes capables. La sortie de l’album est donc prévue fin septembre. S’en suivront encore deux autres clips pour maintenir la hype autour de la sortie. Nous espérons également trouver des concerts entre deux vagues de COVID pour partager en live cet album et aller à la rencontre de notre public.
Merci Selenic d'avoir répondu à mes questions.
Gautier : Merci infiniment à toi pour le travail que tu fournis pour mettre en avant des projets comme le nôtre. C’est un véritable plaisir de pouvoir (enfin) échanger sur ce projet qui nous tient tant à cœur. Merci !
Les Inestimables d'Ahasverus : VOODOO SMILE, All Behind You (2002)
Le 11/10/2022
Boban Milojevic fait groover l'Anglais comme un Américain !
Les cinquante premières secondes de « All Behind You » vous rappelleraient presque la new-wave des 80's.

Pourtant c'est bien vers le heavy mélodique des années 90/2000 que nous entraînent les guitares de « Hard Times ».
Il ne subsiste plus aucun doute dès l'arrivée de la voix de Boban Milojevic.
Boban Milojevic. Extraordinaire, ce mec ! Il fait groover l'Anglais... comme un Américain !
Boban transcende les mélodies par un placement parfait. Il est extrêmement heavy. Il délivre ici l'une de mes prestations vocales préférées du métal français, développant des notes impeccables sur plusieurs niveaux. Son taf, son phrasé... Orfèvre ! Quant à la guitare, elle est virtuose (« No One Knows »), s'inspire du classique (« Forever »), trouve le chemin des mélodies et nous entraîne avec elle.
Le génie pointe dans cet album. Dès la seconde piste. « Far Away » aurait pu se retrouver sur les meilleures galettes de heavy mélodique US. Bluffant !
Ce n'est pas le seul : « Get The Fire » est tout aussi irrésistible, et on sent tout ce que morceau donnerait sur scène.
Voodoo Smile se permet une power ballade. Refrain construit en canon, très efficace (« All Behind You »). Le chant admirable va crescendo. La guitare est inventive.
Puis la ballade guitare/voix (« How Can I Say »), également réussie.
Malgré la production qui manque un peu de coffre, le groupe montre une carrure qui lui permettrait de s'imposer. La magie du songwriting opère. Quand un grand compositeur rencontre une grande voix (Boban ne craint pas de se frotter au répertoire de Billy Idol avec la cover de « Rebel Yell »), on obtient de l'or. « All Behind You » est une pépite.
Certes, le produit fini présente quelques faiblesses, bien compréhensibles pour un premier album. Mais loin d'êtres rédhibitoires, elles donnent du cachet et sont largement compensées par ce sens de la composition qui atteint les sommets du genre. Sommets dans le plein des rythmiques, dans la virtuosité de la lead, dans la pertinence des lignes de chant.
Alors en dépit de ses inégalités, « All Behind You » emporte l'adhésion, devient culte, vous habite, revient régulièrement faire sonner votre platine, les cheveux en bataille mais toujours aussi sémillant.
L'inspiration du compositeur, le chant taillé pour le heavy mélodique, la virtuosité du guitariste. Trois points forts qui font de ce All Behind You » un album inestimable contre lequel le temps ne peut rien.
Boban quittera rapidement Voodoo Smile pour former Snake Eye. Voodoo Smile n'aura sorti qu'un grand premier album. Il était une fois, chez Brennus, en 2002...
THE FOXY LADIES, Not Sorry (sortie le 04/10/2022 - chronique)
Le 11/10/2022
The Foxy Ladies sont désormais émancipées. Mieux : elles sont des Affranchies ! Et vous adorerez leur faire allégeance en écoutant ce « Not Sorry » qui vous emmènera dans la cour des grandes !

THE FOXY LADIES par Xavier Couderc
Cinq ans déjà que The Foxy Ladies nous ont livré « Backbone » dans sa magnifique pochette noire.
Un album tranchant comme une lame, l'artwork classieux.
2017. Les renardes ont quatre ans d'existence, et la volonté de livrer un mélange spontané de Grunge, de Metal et de Punk, d'énergie et de lâcher prise. L'authenticité au cœur du projet, affirment-elles.
Il s'en est passé des choses dans la vie du groupe...
En 2018, Chloé, la bassiste, quitte la tanière. Alexis prend sa place en 2019.
Les Foxy ne sont plus un groupe de filles. Mais faudrait voir à pas leur marcher sur les ovaires : elles restent trois pour un garçon, le féminin l'emporte. Elles poursuivent leur ascension, les Renardes, escaladent des scènes avec Nashville Pussy, Tagada Jones, Punish Yourself, Mass Hysteria... Pourquoi pas Kiss ? Ca a failli, tiens !
2022. The Foxy Ladies déboulent.
En pleine forme !
Deuxième album. Pochette cash. Artwork signé Julien Markarian et Gabi Sam. Tu veux un pruneau ? Flingue dans le blanc de tes yeux.
« Not Sorry »

« Blossom With The Moon ».
Elles nous promettent la lune d'entrée, les Renardes... Un trajet express, le riff entre les dents. Gabi met sa féminité dans le vibrato, sussure les paroles. Sa légèreté prend le contrepied d'une rythmique acérée. Puis clac/clac/clac. Emilie enchaîne « Oh My God ». Sa batterie bastonne, gagne en vivacité. Le son joue sur plusieurs étages grâce à une production redoutable : Vamacara Studio (Loudblast, Bukowski, Les Tambours du Bronx) pour les instruments ; Jean-Michel Quoisse pour les voix. Mais revenons au morceau. Légère réverb' sur le chant. Lucianne et sa guitare se font sautillantes.
Superbe son de batterie qui s'installe sur « Vulture Dance ». Les cordes basse/guitare se posent sur les percussions. On dirait qu'elles dansent.
Gabi, subtile.
Elles osent, les Foxy ! Elles osent. Jusqu'au reggae (« Vulture Dance »), au blues/jazz (« Lonely Bones »), mais « My Fault », « Find A Way » ou « City Hunt » avec son refrain addictif sont là pour remettre les pendules à l'heure : The Foxy Ladies trempent toujours leurs racines jusqu'au punk et, bien au-delà, au plus profond du rock.
Avec sa pincée guitare/basse, « Conquest Of The Sun » prend le temps de la pause-douceur. Jusqu'à ce que Gaby lance : « Fire ! ». Alors Emilie fait exploser la mélodie.
Les voix sont travaillées. Les choix sont les bons, plus ou moins appuyés, plus ou moins légers, plus ou moins en avant... (« Fine », « Anthroposin », « Weird Loves »).
« Anthroposin » conclut l'album en arpèges.
La barre nous semblait haute avec « Backbone » (2017), le premier album de The Foxy Ladies. Pourtant elle est allègrement franchie car le jeu des Lyonnais s'est affiné, diversifié. Pas question pour les Renardes de s'endormir sur les lauriers d'un premier album pourtant reconnu brillant. Loin de chercher un « Backbone II », leur champ d'action s'est élargi en une composition aussi variée que décomplexée.
Les musiciens sont au sommet de leur art. Les choeurs sont au top. Gabi a considérablement élargi son registre, tandis que Lucianne emmène ses cordes en exploration et projette des riffs à vous briser les cervicales. La batterie est en place, aussi forte à l'impact que riche et précise. La basse témoigne enfin que les Lyonnaises ont fait un excellent choix en intégrant Alexis et son jeu volubile.
Ainsi The Foxy Ladies sont désormais émancipées. Mieux : elles sont des Affranchies ! Et vous adorerez leur faire allégeance en écoutant ce « Not Sorry » qui vous emmènera dans la cour des grandes !