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BILE, le vent du Noise Rock

Le 23/09/2021

Le 15/09/2021, le groupe de noise rock Bile sortait son deuxième EP, « Fœhn », du nom d'un vent fort, sec et chaud qui rendrait les gens fous. Nous vous disions tout le bien que nous en pensions dans notre publication BILE (Noise Rock), "Fœhn" (2021).
Aujourd'hui nous vous proposons de faire plus ample connaissance avec ces Parisiens. Voici leur interview.

Bile groupePhotographie Victor Koeppel

Bonjour Bile. Le nom du groupe, c'est une référence à ce liquide amer qui sert à digérer ?
Ange (guitare) :
La bile, c’est l’humeur de la colère.
Victor (basse) : Ça peut aussi être le nom du chien.

Quel est votre projet lorsque vous lancez Bile ?
Victor :
A la base il y avait surtout l’envie de faire de la musique entre potes, et vu qu’on est des musiciens depuis qu’on est gosses, il y avait quelque chose d’assez naturel à vouloir jouer ensemble.
Aline (chant) : C’est le premier projet sérieux de groupe pour chacun d’entre nous. L’idée c’était d’abord – et c’est toujours – de pouvoir partir en tournée quelques jours une à deux fois par mois, de découvrir des endroits, de rencontrer d’autres groupes, et de pouvoir partager du temps et cette expérience là ensemble.
Slimane (batterie) : Depuis, avec les deux EP et le 45t qu’on a sortis, on a appris à bosser en détail et à passer du temps en studio.


A une époque on disait pour rigoler que chacun d’entre nous pensait être dans un groupe différent.


Votre parcours commun débute en 2017. Pourquoi ça matche ?
Victor :
On se connaît depuis plus longtemps que ça, alors quand on a commencé à faire de la musique ensemble, ça s’est passé assez naturellement. Pourtant, on a des goûts musicaux assez différents, mais on a réussi à chacun apporter notre touche et notre sensibilité aux morceaux qu’on écrit. A une époque on disait pour rigoler que chacun d’entre nous pensait être dans un groupe différent. Aujourd’hui, et particulièrement dans cet EP, on a réussi à articuler ces différentes influences pour trouver le son qui nous plaît à tous.
Ange : Et puis il y a aussi le fait qu’on gère tout nous-même, on a envie de maîtriser tout le processus ensemble, de l’écriture des morceaux à l’enregistrement, en passant par le booking, les visuels… ça demande pas mal de boulot mais c’est très chouette à toutes les étapes.
Aline : C’est pas une mauvaise chose d’être laborieux !
Slimane : En gros c’est plus dans l’investissement qu’on voulait mettre dans le groupe que ça a bien fonctionné tous les quatre.

Même si vous n'en faites pas partie, la scène punk est néanmoins la première à vous ouvrir les bras... Qu'est-ce qui vous relie ?
Ange :
C’est justement le côté « do it youself » dans lequel on se reconnaît, et qui est un gros héritage de la musique punk.
Victor : L’esprit punk à la base, c’est que n’importe qui peut choper un instrument et monter un groupe. Être entouré de gens qui sont dans cet esprit, c’est encourageant, et ça aide à se sentir capable de faire plein de choses.
Aline : Et puis aussi c’est qu’on a beaucoup d’amis dans la scène punk, qu’on croise aux concerts et avec qui on passe du temps

Un EP, un 45 tours en 2020, puis vous revenez en 2021 avec « Fœhn ». Quatre titres, c'est un format qui vous convient ?
Slimane :
Comme on cherche à maîtriser tout le processus, ça prend pas mal de temps !
Ange : On préfère sortir quatre titres dont on est vraiment fiers qu’un album 10 titres un peu bâclé.
Victor : Et puis quand on se met à enregistrer ça soulève plein de questions. On est toujours en train de s’interroger sur le son qu’on a envie d’avoir, la musique qu’on a envie de faire… C’est passionnant et on a envie de faire les choses bien.

Les quatre textes de « Fœhn » sont en Français. De quoi parlent-ils ?
Aline :
La machine, ça parle d’une ville dans la Nièvre qu’on avait visitée avec Ange ; la ville s’appelle comme ça parce que c’était un des premiers endroits où ils ont installé des machines à vapeur pour excaver le charbon des mines. C’était la canicule, on se baladait dans une ville vide, avec différentes générations de logements ouvriers. Une vie moins, c’est un personnage qui prend des médocs ; ça parle de dépendance, et de la difficulté d’avoir envie de continuer à vivre quand on est face à une maladie ou un handicap. Les proies, ça évoque la manière dont on peut raconter les choses quand une relation se termine. Le cirque, se moque gentiment du besoin de se réaliser, et de l’absurdité de certaines quêtes dans lesquelles on se lance.

Qu'est-ce qui a conduit l'écriture sur ces thématiques ?
Aline :
Depuis un petit moment, la musique est là avant les paroles – ce qui n'a pas toujours été le cas. J’écris beaucoup de petites choses tout le temps que je mets dans un coin, et en entendant la musique ça me parle et je fais des liens avec les notes que j’ai prises. Les thématiques, ça peut venir de n’importe quoi, de ma vie perso ou de celles de mes proches, des infos, d’un truc que je vois dans la rue… ça c’est comme pour tout le monde. J’aime bien fonctionner par associations d’idées et pas chercher forcément à cloisonner les choses à l’intérieur d’un texte.


A partir du moment où on écrit quelque chose pour le faire écouter à d’autres gens, c’est forcément une posture qui est politique.


On lit dans votre bio «  Pas de discours, pas de leçon : une voix pour faire les comptes  » . C'est la politique du « zéro message  »,  chez Bile ?
Aline :
Je pars du principe qu’à partir du moment où on écrit quelque chose pour le faire écouter à d’autres gens, c’est forcément une posture qui est politique. Après, je déteste le prosélytisme, et plus encore que les gens qui ont un avis différent du mien, je déteste les gens qui font des leçons même si je pourrais être d’accord avec eux à la base. Evidemment qu’il y a des messages dans les textes, mais la plupart du temps je préfère que les gens interprètent les images qui sont dans les chansons et fassent leur sauce avec, et je déteste l’idée qu’on puisse penser que j’ai un message à faire passer. Ça me dégoûte.
Ange : Moi j’aime bien l’idée qu’il y a une unité organique entre le texte et la musique ; il n'y a pas un message et une illustration, il y a une poésie commune.

L'artwork est signé par Slimane, votre batteur. Que vouliez vous symboliser ?
Slimane :
Je voulais présenter quelque chose d’assez abstrait et libre d’interprétation. Du coup j’ai commencé à faire des photogrammes. C’est un procédé très intéressant qui permet de rendre n’importe quel objet du quotidien assez mystérieux. J’aime bien me dire que les gens vont s’arrêter sur la figure centrale de cette pochette et passer quelques secondes à se demander « qu’est-ce que c’est ? », alors qu’il s’agit en réalité d’un objet vraiment anodin…

Le chant de Bile dégage beaucoup d'énergie. Aline, comment le vis-tu de l'intérieur et dans quel état d'esprit tu finis les concerts ?
Aline :
Ca dépend lesquels (rires) ! Je pense pas être celle qui sue le plus sur scène. Même si les textes ont des thématiques dures, enfin souvent difficiles, le fait d’être sur scène, je vois ça surtout comme un moment à partager avec mes copains et avec les gens qui sont venus, donc c’est assez joyeux. Donc je dirais ça, quand je sors de scène je suis assez joyeuse.


Guitare, basse et batterie ont été enregistrées ensemble, en cherchant à être au plus proche possible des conditions de live.


Un mot sur la production et les conditions d'enregistrement de « Fœhn » ?
Victor :
On a la chance depuis le début d’être accompagnés par un ami ingénieur du son – qui s’appelle aussi Victor – qui fait un travail extraordinaire avec nous. C’est un peu le cinquième membre du groupe. Il nous accompagne aussi en tournée, et avec lui ont peut échanger tout le temps sur le son, la compo, et cette recherche on la fait avec lui aussi. C’est une chance incroyable de pouvoir bosser comme ça. Plus concrètement pour cet EP, on a enregistré à Caen dans le studio où travaille Isaac, le père de Slimane.
Slimane : On y a passé cinq jours. Contrairement aux sorties précédentes, guitare, basse et batterie ont été enregistrées ensemble, en cherchant à être au plus proche possible des conditions de live. Ce coup-ci on a beaucoup travaillé sur le mixage et le mastering, pour essayer de se rapprocher de ce qu’on cherche, avec un son plus organique, plus proche du live.
Ange : On a encore appris plein de truc sur cette étape-là aussi !

Comment et sous quelle forme  « Fœhn »  est-il distribué ?
Slimane :
contrairement à notre précédente sortie – dont le vinyle est toujours disponible ! – Foehn est une sortie exclusivement digitale. Vous le trouverez sur toutes les plate-formes d’écoute et de téléchargement, ainsi que sur bandcamp !
Aline : Victor a fait un site franchement bien fichu, bilerock.com (lien in fine), où vous trouverez tous les liens utiles.

Que va faire Bile dans les prochains mois ?
Victor :
On reprend enfin les tournées ! On jouera à Tournai et à Liège, Rouen, Le Havre et Paris d’ici décembre ! On a une tournée en Angleterre, qui devait se faire l’année dernière, et qui va se faire en avril prochain. Pour nous faire jouer ou pour consulter les dates de tournée vous pouvez voir sur notre page facebook !

Merci Bile de m'avoir répondu.
Tous :
Merci à toi !

Les liens :

 

1914 : 1er single du futur album

Le 21/09/2021

« Nous ne chantons pas les chansons, nous racontons les histoires ! »

Le groupe ukrainien 1914 sortira « Where Fear and Weapons Meet », son nouvel album, le 22 octobre 2021 chez Napalm Records.

Comme  « Eschatology of War » (2015) et « The Blind Leading the Blind »  (2018), le nouvel album du groupe de black death nous immerge dans les noirceurs de la première guerre mondiale, le destin de ses soldats, leurs peurs, leurs exploits, leur mort.

1914 band1914 par May Lee

« Where Fear and Weapons Meet poursuit la thèmatique que nous avons commencé sur The Blind Leading the Blind, explique le groupe - avec une différence majeure : ce sont les histoires d'espoir où la plupart de nos personnages restent en vie, deviennent des héros et retournent chez eux. Oui, il s'agit toujours de la peur, de la mort et de l'absurdité de la guerre, mais l'espoir est la seule chose à laquelle le soldat s'accroche. Et une bonne part de chance aussi. Même la pochette de l'album le reflète - l'homme est blessé, saignant dans la tranchée, tendant la main à la mort en suppliant de le soulager, et la mort refuse de le prendre. Il mérite de vivre.
L'album commence par l'assassinat de Sarajevo, vous emmène à travers les moments les plus sanglants de la Grande Guerre et se termine par le monologue sur la tombe d'un jeune homme tué lors de sa première bataille. Cette fois, nous avons été creuser encore plus loin dans le contexte historique en créant les morceaux. Nous ne chantons pas les chansons, nous racontons les histoires ! »

L'album est superbement devancé et représenté par « ...And a Cross Now Marks His Place », un premier single-clip de plus de huit minutes sur lequel est invité le chanteur de Paradise Lost, Nick Holmes.

A propos de ce premier morceau, le frontman de 1914 confie :

« L'histoire derrière “...And A Cross Now Marks His Place” m'a totalement captivée : il s'agit d'une vraie lettre, écrite à la main par un officier britannique et adressée à la mère d'un soldat décédé au combat. Ce n'était pas un formulaire standard envoyé en masse, mais plutôt un message personnel. Il décrit la mort de son fils, ajoute des mots pour la consoler et souligne à quel point la Couronne est fière de lui, une autre victime du massacre entre les Empires. »

« Where Fear and Weapons Meet » est disponible à la précommande dès maintenant sur ce lien.

1914 artworkTracklist :

1. War In    
2. FN .380 ACP#19074    
3. Vimy Ridge (In Memory of Filip Konowal)    
4. Pillars of Fire (The Battle of Messines)    
5. Don't Tread on Me (Harlem Hellfighters)    
6. Coward (feat. Sasha Boole)
7. ...And a Cross Now Marks His Place (feat. Nick Holmes)
8. Corps d'autos-canons-mitrailleuses (A.C.M)    
9. Mit Gott für König und Vaterland    
10. The Green Fields of France    
11. War Out   
 
L'album sera disponible aux formats :

  • CD Digipack
  • Double Vinyle Noir incluant un livret 12"
  • Double Vinyle Vert sombre incluant un livret 12" - édition limitée à 400 exemplaires
  • Triple Vinyle marbré Rouge transparent et Noir (incluant le double-vinyle de l'album, un livret 12", un vinyle bonus, un poster et un patch) - édition limitée à 400 exemplaires
  • Album digital 

Notez que la tournée européenne de 1914 passera par Toulouse (Le Rex) le 22/03/2022, Lyon (Rock'N Eat) le 31/03/2022, Colmar (Grillen) le 18/04/2022 et Paris (Le Gibus) le 19/04/2022.

 

 

SECOND SINGLE DE JUD'POWA

Le 21/09/2021

Le guitariste Jud'powa sortira Le 26/11/2021 chez M&O Music un album instrumental de sept titres aux influences power metal/thrash metal.

Jud'powa se présente ainsi :
« Originaire de Tours, je suis musicien et plus exactement guitariste depuis plus de dix ans. J’aime cet instrument absolument incroyable ! Je suis un fan incontestable de Kiko Loureiro, et de son parcours musical. Bien sûr, je suis aussi fan de la gamme hongroise (les musiciens comprendront). Jud’powa c’est la guitare illimitée, c’est la sept cordes, c’est du Metal instrumental français. »

Judpowa photo4Après avoir présenté « Focus », son premier single-clip en juillet, le guitariste a tiré du futur album « Awake », un nouveau clip disponible sur vos plateformes :

SWEET NEEDLES - « Shake it ! Groove it ! »

Le 20/09/2021

« Shake it ! Groove it ! »

C'est ce que vous propose Sweet Needles à l'approche de son premier album.

Ce clip réussi et déjanté a été réalisé en DIY par le guitariste du groupe, Simon Dillinger.

Formé en 2012 et auteur de deux EP, Sweet Needles est un quintette parisien qui s'est déjà distingué par de nombreux concerts et festivals en France mais aussi à l'étranger (Allemagne, Suisse, Belgique et Royaume-Uni) et qui a partagé la scène de grosses têtes d'affiche (H.E.A.T, Pop Evil, BlackBombA, Glenn Hughes et bientôt Crashdïet et Hardcore Superstar).

Sweet needles hugo josseSweet Needles par Hugo Josse

« Tormenta », le premier album de Sweet Needles, sur lequel figure ce « Shake it ! Groove it ! », est annoncé pour le 26/11/2021.

Les N'importe-Quoi d'Ahasverus : NAZARETH, "Greatest Hits" (1975)

Le 19/09/2021

« C'était mon rêve, c'était Sonia »... Moi je l'ai bien connue Sonia. Sonia Dupeyroux.

Patrick juvet
« C'était l'amour qui venait du froid », poursuit-il.
C'est vrai qu'elle habitait en plein courant d'air, à Verrières-Le-Buisson, juste à l'orée du bois. La Louise, elle n'aimait pas trop qu'on y traîne, au bois de Verrière, parce qu'il était encore hanté par le souvenir Lucien Léger, l'étrangleur. Alors elle préférait qu'on aille ramasser des chataîgnes du côté du Tapis Vert. On les faisait bouillir en rentrant. Ca nous faisait le repas.
Elle n'était pas très futée, Sonia. La preuve : on s'est suivis toute la scolarité ! Par contre, elle a toujours été la plus grande de la classe. Je me demande bien à quelle hauteur elle est rendue, maintenant...
Sonia avait une soeur, Muriel. Elle la cachait, je l'ai découvert au LEP. On était tous dans la même classe d'agents administratifs. C'était sympa le LEP, comme une petite famille. On faisait des cours de dactylographie en recouvrant les touches du clavier par des caches de couleur. Ca faisait joli. Je vous en reparlerai sûrement...
Muriel, c'était l'exacte opposée de Sonia : elle était brune, petite, d'esprit vif, charismatique (elle fumait du shit) et très sportive. Des années d'athlétisme lui avaient donné un physique en angles saillants... Rien qui fasse rêver Patrick Juvet pourtant. Pour le moins, il n'en parle pas explicitement !
A l'époque, mon pote Serge avait acheté le « No Mean City » de Nazareth.

Nazareth no mean cityMalgré son artwork de Frank Frazetta, le grand dessinateur américain de SF,  et quelques bons titres comme « Star » et « Whatever You Want »,  c'était loin d'être le meilleur album des Ecossais. Mais j'avais accroché à la voix rocailleuse de Dan Mc Cafferty, et j'avais fait l'acquisition dans un magasin d'occasion de Montparnasse d'un Greatest Hits qui nous avait permis de mieux faire connaissance.
« Greatest Hits », dans sa version 1975, contenait la plus part des standards du groupe : « Razamanaz », « Shanghai'd in Shanghai », « This Flight Tonight », « Broken Down Angel » et « Hair Of The Dog », que les Guns'N'Roses reprendraient sur leur  «  Spaghetti Incident  ».
Le seul méga-hit manquant, « Dream On », serait ajouté sur une réédition de 1989.
Ecoutez enfin « Heart Grown Cold » et vous aurez fait le tour du panorama.

NazarethJe ne sais plus comment mon « Greatest Hits » de Nazareth s'est retrouvé en possession de Muriel Dupeyroux, mais je me souviens qu'elle m'avait proposé de venir le récupérer chez elle. La bonne aubaine ! Elle devait avoir deux ans de plus que moi, Muriel Dupeyroux, et elle avait du chien. Et puis après tout, si elle avait redoublé deux fois, vive comme elle était, c'était peut-être bien pour m'attendre.
Comme le temps passant j'intéressais de moins en moins les pédophiles - et ceci ne cesserait de se dégrader par la suite, non que je le déplore mais il faut bien dire les choses - la Louise m'autorisa exceptionnellement à me rendre à Verrières un dimanche après-midi.
J'ai pris le bus pour Chatenay-Malabry. Ce n'était pas un coin où on aimait aller, nous, les gars de la Plaine, à cause des teigneux de la Butte-Rouge. Je descendais un peu avant leur quartier, à l'arrêt qu'on m'avait indiqué.
Sonia m'attendait. Sa soeur était absente, expliquait-elle, et elle m'invitait à venir récupérer mon disque, sa maison étant à deux pas. Deux pas... pour sa taille ! Moi j'en ai compté beaucoup plus !
On a marché assez longtemps en échangeant des banalités. Si je n'ai plus en mémoire l'entrée de la maison, je me souviens parfaitement de sa chambre. Sonia tenait l'album, considérant la tracklist. « J'aime beaucoup celle-ci », minaudait-t-elle en posant mon vinyle sur sa platine alors que je lui vantais les mérites de ce disque. Un craquement, quelques notes au clavier, puis la voix rocailleuse de Dan Mc Cafferty a envahi la pièce.
« Love hurts, love scars
Love wounds and marks
Any heart »


Sonia s'assit sur son lit et me regarda avec ses beaux yeux de vache. Je revois encore son pantalon marron de velours à grosses cotes, et son buste drapé d'une chemise blanche, légèrement renversé en arrière, les mains en appui sur le lit qui s'offrait.
De tous les standards de Nazareth présents sur cet album, Sonia avait retenu cette reprise kitch des Everly Brothers, le titre le plus gênant du best of. On l'écoutait dans un silence qui comptait triple au Scrabble. Quand la chanson fut terminée, j'invoquai une réunion de famille pour ne pas m'attarder, une histoire de beau-frère de passage dans la région, il faut toujours un fond de vérité pour bien mentir.
Sonia ne m'a pas raccompagné. J'ai rejoint Chatenay-Malabry à tâtons pour ne pas me perdre, puis j'ai sauté dans le premier bus. Là, j'ai réalisé que j'avais oublié de récupérer mon « Greatest Hits », et que je n'avais aucune envie de retourner. Les soeurs Dupeyroux ne me l'ont jamais rendu. Je crois même qu'on n'en a plus jamais parlé. C'était en somme leur prise de guerre après ma capitulation.
Je me souviens de Sonia, perchée sur son mètre soixante-quinze, ses cheveux blonds coupés à la garçonne qui se terminaient en accroche-coeur sur ses joues, ses longs cils, ses tâches de rousseur et sa fraîcheur champêtre...
«  Un jour peut-être dans une gare /
Et sur ma route, comme au hasard /
Elle reviendra là-bas du froid /
Elle reviendra... »

Et bien tant qu'elle revient, dites-lui qu'elle en profite pour ramener mon disque !

OSCIL (Prog), First Step On My Moon (2021)

Le 19/09/2021

Groupe : OSCIL
Album : « First Step On My Moon » (03/09/2021)
Genre : Rock/Metal progressif
Origine : Paris
On aime : le chant, le songwriting, la diversité, le son

Par Ahasverus

Oscil existe depuis 2013 et son principal compositeur, Vincent Mouge, nous décrivait ainsi son univers dans une interview en 2019 :
« La base de notre musique est Rock-Metal tout simplement ! Ingrid apporte ses influences indés à la PJ Harvey, Aubry celles du Rock authentique comme les Beatles, Florent et moi le côté Rock Metal Prog... Le but est simplement de faire des compositions qui nous ressemblent, le son vient après. »

Cinq ans presque jour pour jour après l'EP « Never Ending Road​(​s) » qui leur avait servi de carte de visite, les Parisiens reviennent avec une formation inchangée pour un huit titres d'environ quarante-huit minutes...

« First Step On My Moon »

OscilSon artwork est l'oeuvre du talentueux Above Chaos (www.abovechaos.org), l'un des meilleurs illustrateurs français, qui habille notamment les opus de Mobius.

Si la musique est signée Vincent Mouge, les textes sont de Vincent Mouge et Ingrid Denis, dont la voix est l'un des atouts de cette formation progressive. 

Le chant est donc assuré par Ingrid Denis, rejointe sur un titre par le Champenois Ludo Desa (« The Heart Of A Woman »), pièce déjà sortie sous la forme d'un single-clip.

S'ouvrant par sa composition la plus courte à la manière d'un classic rock, « First Step On My Moon » emprunte rapidement un pont progressif pour nous emmener dans un florilège de compositions où sa liberté de ton donne à son pas quelque chose de jazzy.
Il se peut qu'il vous impose  quelques écoutes pour se laisser apprivoiser, car l'étendue de son territoire est trop vaste pour être embrassée en un seul regard. Mais alors sa production impeccable vous permettra de vous glisser dans ses mélodies comme dans du velours et d'apprécier jusqu'aux détails les plus subtils de son jeu (les cymbales sur « Romance »).


Parfois métallique (« A Shropshire Lad »), d'une richesse sonore assez jubilatoire (« First Step On My Moon »), à laquelle s'ajoute encore un saxophone et une belle partie de clavier (« Romance »), Oscil nous promet la lune avec un opus d'un niveau supérieur à un prédécesseur déjà fort estimable. On est admiratif devant la finesse du songwriting, et on s'incline devant cette voix qu'on savait délicieuse, et qui parvient à se  faufiler à la suite d'un compositeur qui adore les alambics ! Et c'est orchestré avec une telle fluidité qu'on entreprend ce voyage sur la lune dans une atmosphère des plus agréables. Oscil a réalisé un opus d'une sacrée qualité, et non convenu, qui ne ressemble qu'à lui-même. On vous le recommande bien vivement.

Les Critiques :

  • « Chaque pièce possède une identité propre et développe son propre climat. »
    Plus PROG de Vous

Line-up :

  • Ingrid Denis - chant
  • Florent Jeannel - batterie
  • Aubry German - basse
  • Vincent Mouge - guitares, claviers

Oscil bandOscil par Lourdes Eiras Photographie.

Invités :

  • Bastien Brenot - saxophone sur «  Romance »
  • Jean-Philippe Massicot - piano et clavier sur  «  Romance »
  • Ludo Desa - chant sur  «  The Heart Of A Woman »

Technique :

  • Musique : Vincent Mouge
  • Textes : VincentMouge / Ingrid Denis
  • Arrangements: Oscil
  • Mixage: Andrew Guillotin - Hybreed Studios (Fontenay-Sous-Bois).

Tracklist :

1. Harlem Shadows (3'43)
2. The Pact (7'28)
3. A Shropshire Lad (5'08)
4. You (5'41)
5. Romance (7'05)
6. The Heart Of A Woman (6'41)
7. First Step On My Moon (6'59)
8. Enter The Haze (6'03)

Le Lien :

 

LE PROJET ENRAGE D'IVAN JACQUIN

Le 18/09/2021

Douze ans après la sortie de son EP, Ivan Jacquin (Foreign Rock OperaPsychanoïa) ranime The Raging Project par la perspective d'un album de onze titres intitulé « Future Days ».
Le casting européen du futur opus n'a pas été dévoilé, mais on peut faire confiance au géniteur de l'opéra métal « Foreign » qui a prouvé dans le volume II de sa trilogie qu'il sait recevoir, comme l'atteste ce « Rise 1187 » sur lequel il invitait Zak Stevens (Savatage) et Amanda Lehmann (Steve Hackett). 

Pour patienter en attendant The Raging Project à l'échéance 2022, Ivan Jacquin a remixé l'EP de 2009, un cinq titres qui révèlait une facette un peu plus rentre-dedans que celle à laquelle le chanteur/claviériste féru de musique progressive nous avait habitué. Le don d'Ivan Jacquin pour la composition n'étant plus à débattre, on ne peut que vous conseiller de jeter une oreille sur cet opus relifté.
« The Raging Project EP - Remastered » est disponible sur Bandcamp en version digitale. Cerise sur la galette, Ivan Jacquin promet à tout acquéreur un titre inédit en bonus.

Ivan jacquin raging projectLe Lien :
http://theragingproject.bandcamp.com

EXISTENTIA, "Calculating Failure" (EP - 2021)

Le 17/09/2021

Groupe : Existentia
Album : « Calculating Failure » (EP - 17/09/2021)
Genre : Death Metal
Origine : USA
On aime : la brutalité, la technique

Par Ahasverus

Nouvelle sortie d'un nouveau venu en ce mois de septembre 2021, avec le EP quatre titres « Calculating Failure », du groupe de death metal américain Existentia.

007045Existentia est né à Philadelphie durant la pandémie. Il regroupe d'anciens membres de formations du Nord-Est des Etats-Unis (Polemecist, Young Graves) qui n'ont clairement pas envisagé de faire de la figuration avec leur nouveau projet et qui vous menacent déjà de toutes leurs dents. C'est donc sans période d'observation que le trio ouvre les hostilités par un EP de death très agressif et brutal au long duquel vous n'espérerez aucun répit puisqu'il saura vous engloutir dans ses  structures alambiquées.

Ainsi ce « Calculating Failure », pour court qu'il soit, est-il une carte de visite qui ne laisse aucun doute sur le potentiel et les intentions de ses géniteurs : ils viennent percuter de plein fouet les amateurs de metal extrême avec leur opus de quatorze minutes, ramassé, puissant et ambitieux, en tous cas suffisamment teigneux pour revendiquer et défendre une place au soleil.

Pour la production des quatre titres, Existentia fait dans la dentelle en recourant au savoir faire de l'Atrium Audio (August Burns Red).

Une première sortie réussie qui n'a aucune intention de respercter la préséance ou de passer inaperçue, et un groupe qui pourrait s'inscrire durablement dans votre paysage musical extrême, il en a les moyens.                                      

Les Liens :