« Foncedalle » est un néologisme tiré des mots d'argot « Foncedé » et « Dalle ». Il définit une fringale associée à l'usage du cannabis.
« Traboule » est le pendant lyonnais d'une traverse, un passage étroit qui relie deux rues.
Ces mises en lumière réglées, passons à « Traboule », le premier opus autoproduit par FONCEDALLE, un trio de synthrock lyonnais, formé par deux membres de KORTO et de HangOyster.
Cet EP est sorti le 19/11/2021 dans un artwork quasi luminescent signé Mary Land.
« Jeep Over » pose le décor, avec un trio synthétiseur/basse/batterie qui s'effacent devant la guitare. Un single très inspiré, pop et sympa.
Nettement moins avenant, « Cody » avance par à-coups agressifs et nerveux. L'électro revient par intermittences ou pour un final déjanté qui conclut cette salve aux allures trance/punk.
« La Chaise » nous aguiche par une belle ligne de basse et des vocaux qui serpentent. Une certaine langueur se dessine, redressée par des guitares dissonnantes qui font mine de suivre les lignes de chant. L'association synthétiseur/guitare est originale.
« Sans Plomb » revient à des choses plus classiques avec son phrasé en boucle. Beaucoup d'effets sur la voix, une basse très présente, et une guitare saturée qui vient casser le rythme.
« Unity » fait la part belle au duo synthétiseur/batterie avec des beat saccadés
«Aimez-vous » est une formule légère et accrocheuse qu'on nous propose en conclusion.
Six titres sans routine dans une qualité de production qui les sert remarquablement, voici ce qu'est ce « Traboule », qui peut parfois rappeler Daft Punk ou Sébastien Tellier, mais avec une petite touche d'originalité qui nous bouscule avec brusquerie ici-et-là. Un bel EP de synthrock à découvrir ICI, décliné en version digitale et en cassette en édition limitée à cinquante exemplaires.
Les Critiques :
« Trois foncedés lyonnais - à l’électro, au groove qui tue. » MUZZART
« Foncedalle défonce tout avec ses guitares clubbing et ce chant électronique qui confirme, encore une fois, que l’avenir du rock, si tant est qu’il en ait un, est dans le foutage de gueule immersif. » Gonzaï
Une oeuvre délicate qui suspend le vol du temps et près de laquelle il fait bon se poser. Par Ahasverus
Peut on être et avoir été ? Le quatorzième album studio de THE CURE tend à prouver que oui...
Seize ans après « 4.13 Dream », The Cure, le groupe aux trente millions d'albums vendus à travers le monde, revient. « Songs of a Lost World », son nouvel opus, est livré dans une pochette présentant une oeuvre du sculpteur slovène Janez Pirnat.
Privilégiant les longues plages instrumentales (« Alone », « Endsong », « And Nothing is Forever »), The Cure aligne les compositions marquantes (« A Fragile Thing », « Drone:Nodrone »). Créatif et séduisant, quand bien même il n'a plus le souffle novateur de ses premiers albums, The Cure reste tutélaire et semble inoxydable. Imperméable au temps, la voix de Robert Smith est une madeleine de Proust extraordinaire qui nous fait voyager. Aujourd'hui, c'est clair, The Cure a ce pouvoir extraordinaire d'en appeler à la nostalgie pour nous renvoyer aux premiers temps de sa new wave tout en nous touchant de ses mélodies nues actuelles (« I Can Never Say Goodbye »). On sort de l'album ému, désireux de l'écouter encore tandis qu'il grandit et fait son oeuvre en nous. Cultivant la mélancolie en expert, The Cure a traversé des décennies de musique sans vraiment changer, conservant statut et magie. On ne passera donc pas à côté de « Songs of a Lost World », une oeuvre délicate qui suspend le vol du temps et près de laquelle il fait bon se poser.
« Songs of a Lost World » a été écrit et arrangé par Robert Smith, produit et mixé par Robert Smith & Paul Corkett. Il a été enregistré aux Rockfield Studios (Queen, Motörhead, Coldplay).
« Songs of a Lost World » est disponible depuis le 01/11/2024.
En ce dimanche 22 septembre 2024, à Ivry sur Seine dans le Val de Marne, dans le petit Théâtre EL DUENDE (100 places), la soirée s’annonce particulièrement enflammée avec le show des deux groupes Suédois AUX ANIMAUX et THEN COMES SILENCE, savant mélange de Post Punk, Cold Wave, Gothique, Doom (chacun pourra facilement choisir son étiquette de prédilection).
Pour ceux qui ne connaissent pas ces deux formations, je vous propose un bref résumé avant d’attaquer le détail de cette chaude soirée… Par Pépé Stakatto AUX ANIMAUX est le projet Darkwave/Synthpunk de l’artiste et musicienne (autodidacte) Gözde Düzer (Ghosty). Originaire d'Istanbul elle vit actuellement à Stockholm (à noter qu’elle a également vécu quelques temps à Strasbourg).
Les premières compositions datent de fin 2017, Black Holes le premier EP sort en 2018, c’est un album très engagé politiquement, qui traite du droit des animaux et du féminisme, suivi en 2020 du second EP Stockholm Synthrome qui relate la lutte de l’artiste contre la misophonie (forme particulière d'intolérance au son), puis en 2022 l’album expérimental The Hydesville Episode , mixé et produit intégralement par Gözde. Toujours la même année sort Hauntology comprenant quatre morceaux remixés ainsi que quatre nouveaux, puis en décembre 2023 son premier véritable album, le très abouti Body Horror sorti sur le label Français Manic Depression Records.
Le show de AUX ANIMAUX démarre avec un léger retard. C’est sur « Anxious Ambivalent » (du dernier album Body Horror ) que débute la danse funèbre. Ghosty soigne son entrée en scène, tenue gothique, ambiance sépulcrale, pentagramme sanglant sur le front, après une brève et sombre Eucharistie, la communion macabre avec son public peut commencer. Ce jeu scénique et théâtral, qui peut paraître grotesque au premier abord renforce cependant avec force et passion cet univers hanté et horrifique …
Suit le spectral « Omen » de l’album The Hydesville Episode, puis c’est sur l’alarme des films d’horreur américains de The Purge que le rageur « Blackout » pointe son museau sanglant. L’ambiance est pesante et la voix pénétrante de Ghosty est soutenue par des pas de danse lancinants et démoniaques. La terreur continue avec le sublissime « Venus Lucifer », boîte à rythmes obsédante, synthébasse dégoulinante à souhait, voix hypnotique d’outre-tombe.
C’est ensuite au très Cold Wavesien « Violence in the silence » de retentir avec sa ligne de basse puissante jouée par Ghosty, et ses parties de claviers aériennes, sombres et tranchantes comme des rasoirs.
Le lugubre « Lost souls » rythmé par le thérémine ensorcelé de Ghosty dénonce le massacre sanglant d’animaux dans les abattoirs. L’atmosphère sonore est glauque et morbide mais l’interaction avec la centaine de personnes présente ce soir est totale. La mélancolie continue de nous séduire avec le vampirique et très glacial « Night », toujours appuyé par la Jazz Bass enivrante et puissante de la grande prêtresse de la nuit.
La ballade spectrale se poursuit avec l'entêtant et rapide « Sleep paralysis », Ghosty ondulant telle un cobra psychédélique sous amphétamine, mais que de beauté dans ces pas de danse décadents !
Le show se termine par « Devil inside » (de l’album Hauntology) un de mes morceaux préférés qui me rappelle étrangement la belle époque de VISAGE. La voix sensuelle et mélancolique de Gözde fera frissonner pour ce final la salle à l’unisson… Une très grande artiste !
AUX ANIMAUX Setlist :
- Anxious ambivalent (Body Horror)
- Omen (The Hydesville Episode)
- Blackout (Body Horror)
- Venus Lucifer (Body Horror)
- Violence in the silence (Body Horror)
- Lost soul (Body Horror)
- Night (Body Horror)
- Sleep paralysis (Body Horror)
- Devil inside (Hauntology)
Après une brève entracte, qui m’a permis de saluer dBoy des JE T’AIME, venu assister également aux concerts ce soir, c’est maintenant au tour des THEN COMES SILENCE de poursuivre le show, mais avant, un petit flashback sur l’historique du groupe s’impose…
L’aventure THEN COMES SILENCE démarre en 2012 en Suède (Stockholm) sous l’impulsion d’Alex Svenson (chant, basse, synthétiseurs, composition). Fan d’horreur et d’occultisme, TCS se dirige donc tout naturellement vers une musique Gothique, Post Punk, voire complètement Darkwave.
Les trois premiers albums Then comes silence (2012) , Then comes silence II (2013) et Nyctophilian (2015) sortent sur le label Suédois Novoton. Le groupe commence à pas mal tourner dans son pays, ainsi qu’en Allemagne (la communauté Post Punk les adoptera très rapidement).
Ils signeront donc en 2016 avec le label Allemand Nuclear Blast et sortiront en 2017 Blood leur quatrième album, avec à la clé une tournée de Festivals dans toute l’Europe où ils ouvriront pour de grosses pointures telles que FIELDS OF NEPHILIM ou THE CHAMELEONS.
Machine, le cinquième opus quant à lui sortira le 13 mars 2020 au début du confinement, sur les labels Metropolis pour l’US et Oblivion/SDPV pour l’Europe. Ce sera ensuite Hunger en 2022 sur Nexilis/Schubert Music Europe ; puis en mai 2024 la dernière galette en titre Trickery (enregistrée en seulement trois jours au Kapsylen Studio à Stockholm) et distribuée par le label Metropolis Records.
Cet album, malgré le passage de quatuor à trio, avec le changement de musiciens : Jonas Fransson à la batterie depuis 2015 et Hugo Zombie le gratteux Espagnol (ex LOS CARNICEROS DEL NORTE et NAUGHTY ZOMBIES) depuis 2018, confirment et renforcent leur cohésion, et comme le dit Alex, « ce nouvel opus célèbre l’amitié, l’unité et le sentiment d’appartenance à un groupe, une tribu ». THEN COMES SILENCE setlist :
- Ride or die (Trickery)
- Flashing pangs of love (Blood)
- Warm like blood (Blood)
- Like a hammer (Trickery)
- Dark end (Machine)
- We lose the night (Machine)
- Strangers (Nyctophilian)
- Mercury (Blood)
- Apocalypse flare
- Feed the beast (Nyctophilian)
- Strange kicks (Blood)
- Blind eye (Trickery)
- Rest will follow (Blood)
- Ghost house (Trickery)
Le set des TCS commence avec le mythique « Ride or die », le premier morceau de leur dernier album Trickery.
Jonas prend place derrière une batterie blanche translucide qui rétro-éclairée brille comme des feux follets dans un cimetière. Hugo, casquette en cuir vissée sur la tête fait miauler sa Squier Telecaster (micro chevalet Seymour Duncan SH-4, Multi-effets Boss ME-80, système sans fil Boss WE-60, ampli Fender Twin Reverb couplé à un Laney), et Alex dans sa tenue de dandy, chemise blanche, bretelles et lavallière noires, lancent les festivités. Le son énorme et mixé de main de maître, invite le public à reprendre en choeur « Take my soul, my blood, my words… » et laisse présager une soirée de folie !
Les riffs rageurs d’Hugo lancent ensuite le tonitruant et rapide « Flashing pangs of love » de l’album Blood, ce morceau permettant à Jonas de taper et d’alterner des tempos de 74 à 148 et même 296 BMP, prouvant de ce fait l’apport important qu’il amène dans le groupe. [Pour moi, avec Jussi des 69 EYES, l’un des meilleurs batteurs du genre !]
La voix suave et charmeuse d’Alex fait ensuite résonner l’obsédant « Warm like blood » avec sa ligne de basse sourde et répétitive habilement secondée par les staccatos appuyés de la guitare d’Hugo. Energique mais efficace ! Ce sera ensuite à « Like a hammer » de marteler sa rythmique surnaturelle. Synthé noyé de réverbe (clin d’oeil à Neonpocalypse), refrain fiévreux et hypnotique. La salle est quasi en transe…
Nous poursuivrons avec « Dark end » de l’album Machine, un morceau beaucoup plus Cold Wave que Gothique, qui nous accompagnera dans la poursuite de notre voyage lugubre. [Pour la petite histoire ce titre a été présenté par le groupe le vendredi 13 mars 2020]. Ce sera ensuite au très dansant « We lose the night » toujours sur le même album de prendre la relève. Un morceau oscillant entre la New Wave de DEPECHE MODE et le Gothic Rock de FIELDS OF NEPHILIM.
On poursuit le gig des TCS avec « Strangers » de l’album Nyctophilian qui me rappelle avec délectation l’ambiance mélancolique de « Means to and end » des défunts JOY DIVISION. Un excellent titre !
C’est ensuite au tour du missile « Apocalypse Flare » avec son refrain velouté de nous faire découvrir la fin du monde. Pour le fan des SISTERS OF MERCY et de THE MISSION que je suis, ce titre est une véritable pépite…
Avec « Feed the beast » et son ambiance fête foraine à la Stephen KING, les parties claviers renforcent le côté lugubre du morceau. On s’attend presque à voir sortir un nain psychopathe de la grosse caisse de Jonas ! Diaboliquement bon.
On poursuit avec le très BAUHAUSsien « Strange kicks » de l’excellent album Blood, puis « Blind eye » de Trickery lancé par ses tam-tams tribaux, un titre très énergique dans sa rythmique et ses parties chant, mais également très percutant par sa ligne de basse. Le tempo va encore s’accélérer un peu plus avec « Rest will follow », un morceau plutôt Death Rock avec ses licks guitare très abrasifs !
C’est sur une intro de synthé digne de la série Stranger Things que le gig se termine, comme il a commencé, par le dernier titre de l’album Trickery, à savoir le sublissime « Ghost house » mon morceau préféré des THEN COMES SILENCE ! Le public scandant avec Alex le refrain « Abandoned hearts, abandoned souls, abandoned love, ghost house, ghost house, ghost house…».
« Ite, missa est ! » Pour tous les aficionados qui étaient présents, quel fabuleux hommage à la scène Post Punk et Gothique nous avons eux ce soir ! Merci au Théâtre EL DUENDE pour cette belle et sympathique programmation, j’ai toujours plaisir à venir y voir des concerts qui sortent de l’ordinaire ou de superbes pièces de théâtre…