« Blood, Hair, And Eyeballs », le nouvel album d'Alkaline Trio, sortira le 26/01/2024 sous le label Rise Records (Placebo, At The Drive In, Sum 41).
Il s'agira du dixième album des punk-rockers américains. Il succède à « Is This Thing Cursed », sorti en 2018.
Matt Skiba (chant, guitare) apporte des précisions sur la genèse de l'album :
« Ma mère a travaillé pendant des années comme infirmière aux urgences. Elle et ses collègues appelaient les nuits très chargées ‘blood, hair, and eyeballs’. Et bien, nous avons été très occupés à créer un album exceptionnel que nous appelons également ‘Blood, Hair, And Eyeballs’. Nous avons abordé ce nouvel album de manière complètement nouvelle. Nous avons construit les chansons ensemble, à partir de zéro, dans la même pièce, ce qui ne s’était pas produit depuis les débuts du groupe. Habituellement, nous partons d’une idée déjà écrite par quelqu’un. Cette fois, nous avons eu l’occasion unique de construire les chansons à partir des pistes de batterie enregistrées au Studio 606 sur une bande magnétique de deux pouces en utilisant l’une des consoles les plus mythiques et au son incroyable du rock. Cela a presque tout à voir avec le son de notre nouvel album ».
Pour illustrer son nouvel opus, Alkaline Trio a mis en avant plusieurs singles, à commencer par le morceau qui a donné son titre à ce nouveau long format. Cet excellent clip voit de grands noms du skate board se transformer en zombies.
Dan Andriano (basse, chant), expliquait :
« Le skateboard est mon premier amour, mon sport préféré et une communauté par le biais de laquelle j’ai découvert le punk rock. Donc, quand Matt et moi avons lu l’idée de Ravi de combiner les deux et d’y ajouter des zombies effrayants, nous avons tout de suite adoré. Le travail réalisé par Ravi et toute l’équipe de production était incroyable et cela se voit. Démarrer la sortie de notre dixième album avec cette vidéo super amusante mettant en vedette Steve Caballero, Chris Cole, Ace, Corey et Shea est bien plus qu’un rêve devenu réalité, c’est un véritable amour. Ce n’est pas une phase passagère. »
Le groupe a également levé le voile sur un autre morceau du futur album, intitulé « Bad Time ».
Plus récemment, Alkaline Trio complétait notre panorama avec « Versions Of You », la troisième piste de « Blood, Hair, And Eyeballs ».
Tracklist :
1. Hot For Preacher
2. Meet Me
3. Versions Of You
4. Bad Time
5. Scars
6. Break
7. Shake With Me
8. Blood, Hair, And Eyeballs
9. Hinterlude
10. Broken Down In A Time Machine
11. Teenage Heart
« Peut-être que les gens étaient venus à notre show parce qu'ils étaient curieux de voir jouer un groupe chinois. Mais la prochaine fois, je crois qu'ils viendront voir notre performance parce qu'ils aimeront les Dummy Toys ! » DUMMY TOYS par Passenger 21. De gauche à droite : Quin, Xiaoniao, Huanzi et Qing Elles ont un look étonnant et un nouvel album (« War Is Nightmare ») détonnant et leur tournée européenne devrait les voir fouler les scènes françaises en mai 2024. Voici une interview de Huani, Qing, Quin et Xiaoniao, du groupe de punk-rock chinois DUMMY TOYS.
Interview réalisée par mail par Ahasverus en novembre 2023.
Ahasverus : Bonjour Dummy Toys. Quand est née votre formation et quel est le line-up du groupe ? Xiaoniao (guitare) : DummyToys s'est formé en 2015. Quin est au chant, Huanzi à la basse, Qing à la batterie et je suis à la guitare.
Ahasverus : Comment le groupe s'est-il construit ? Xiaoniao : A l'origine c'était une suggestion de Liyang, un membre de Demerit, un groupe punk chinois. . Nous les filles, nous étions toujours ensemble, c'était une relation sympa et nous avons pensé que nous pourrions simplement former un groupe. De mon côté j'ai toujours voulu faire partie d'un groupe StreetPunk/Hardcore. Huanzi (basse) : Oui, même chose pour Qing, qui a toujours voulu avoir un groupe exclusivement féminin. Quant à moi, je jouais déjà dans un groupe avec Xiaoniao au lycée. alors je me suis naturellement retrouvée dans Dummy Toys. Enfin Quin, notre chanteuse, venait elle aussi d'un autre groupe de trois filles.
« L'éducation vous incite à faire ce que les autres aimeraient que vous fassiez, et beaucoup de gens finissent par s'y perdre. »
Ahasverus : En 2020 vous réalisez votre premier album, « Not a Puppet ». Pourquoi ce titre ? Xiaoniao : « Not a Puppet » est l'une des chansons de cet album et nous avons utilisé son titre pour nommer notre premier opus. En grandissant, nous entendions trop souvent des réflexions comme « Vous devriez faire comme ceci » ou « Ceci est bon pour vous et cela est mauvais ». L'éducation vous incite à faire ce que les autres aimeraient que vous fassiez, et beaucoup de gens finissent par s'y perdre. Ils vivent comme les autres veulent qu'ils vivent, aussi je voulais souligner l'importance du « soi » à travers cette chanson, en se questionnant soi-même sur ce que l'on veut, en pensant au genre de personne qu'on voudrait devenir, en n'ayant pas peur de ce que l'on veut être, et surtout en ne devenant pas le genre de personne qu'on déteste. Ne soyez pas la marionnette des autres ! Huanzi : Je ne veux pas être enchaînée, je ne veux pas être contrôlée. Quin (chant) : Ne pas être un pantin. Nous devons toujours penser et faire nos choix par nous-mêmes, sans suivre le troupeau. Qing (batterie) : La marionnette n'a pas d'âme, elle peut n'être qu'une matière dans les mains des autres. Mais l'être humain est fait de chair et de sang, avec des pensées et des émotions, avec des attitudes et une conscience de soi. Et la musique est notre manière de nous exprimer car nous sommes des êtres humains. Ne soyez pas une marionnette.
Ahasverus : L'artwork de « Not a Puppet » est une poupée martyrisée... Xiaoniao : Je pense que c'est une poupée qui se libère de l'esclavage. Quin : Oui, on se blesse toujours en brisant ses chaînes. Qing : C'est une poupée martyrisé mais déterminée et forte à l'intérieur.
Ahasverus : L'album « Not a Puppet » est assez hardcore musicalement, mais la chanson « Anti Sweet Girl » m'a fait penser au groupe de rock britannique The Clash, alors que « DMC Baby » me rappelle les premiers albums de Blondie. Xiaoniao : Oui, haha ! Ils sont différents. Pour « Anti Sweet Girl » nous avions soudainement voulu quelque chose de différent, c'est sorti comme ça et nous l'avons enregistré. « DMC Baby » est une chanson pour les enfants, et aussi pour nos propres enfants. Dmc est un club de punk où nous allons souvent nous produire. On peut dire que les enfants grandissent et viennent dans notre monde comme des anges. Nous pensions donc que cette chanson devrait être entraînante. Huanzi : « Anti Sweet Girl » est ludique et « DMC Baby » a une mélodie entraînante. Quin : A chaque fois que je commence à chanter « DMC Baby », les petites frimousses des enfants des autres membres du groupe me viennent à l’esprit et je sens mon coeur rempli d'amour ! (Rires)
Ahasverus : En 2023, vous avez sorti votre nouvel album, « War Is Nightmare ». Pourquoi ce titre ? Xiaoniao : « War is Nightmare » est aussi le titre d'un morceau très important dans l'album. Nous avons toujours voulu écrire une chanson sur la guerre. Nous pouvons parfois entendre des avis favorables à la guerre, ce qui nous inquiète beaucoup car la guerre est toujours terrible. On peut lui donner toute sorte de justifications, mais de quelle justice s'agit-il ? Nombre de personnes ont perdu la vie, nombre de familles ont été détruites, et les gens qui subissent la guerre vivent dans la peur chaque jour. Les justifications ne peuvent effacer la perte d'un être cher. Bien après que la guerre soit terminée, les gens qui l’ont vécue sont réveillés par des cauchemars. Parce que la guerre elle-même est un cauchemar. Qing : Regardez notre Terre, des guerres se produisent partout, entre pays, entre organisations, entre groupes ethniques, entre personnes... C'est un énorme cauchemar pour tous ceux qui aiment cette planète. Même si nous ne pouvons pas arrêter tout cela, la guerre n'est pas la seule voie en ce monde. Ahasverus : « War Is Nightmare » a-t-il été réalisé dans les mêmes conditions que « Not A Puppet » ? Xiaoniao : Oui, ce sont tous deux des productions à bas coût, et nous avons été aidées par de nombreux amis. Nous les en remercions beaucoup ! Quin : Nous avons enregistré la guitare et la basse chez un ami, le chant et la batterie dans le studio d’un autre ami. Et nous avons eu recours au même mixage pour les deux albums car l'ami qui s'est occupé du mixage est un technicien exceptionnel et il nous a très bien compris. Nous avons fait de notre mieux. Et, heureusement, même s'il s'agit d'une production à faible coût, nous avons obtenu de bons résultats. Qing : Les deux albums ont été enregistrés à Qingdao dans des conditions très simples. Nous avons reçu beaucoup d'aide et nous remercions tous ces amis.
Ahasverus : « War Is Nightmare » est bien plus hardcore que votre premier album. J'ai pensé au groupe de thrash metal Slayer en en écoutant cet album ! Quels sont les artistes qui influencent Dummy Toys aujourd'hui ? Xiaoniao : Il y en a tellement... Monster Squad, Cheap Sex, Demerit, Crude S.S., Tragedy, etc. Ils ont tous une grande influence sur notre musique.
Ahasverus : Comment avez-vous construit les dix pistes qui apparaissent sur le nouvel album et la pandémie a-t-elle eu une influence sur votre façon d'écrire les chansons ? Xiaoniao : L'épidémie n'a pas affecté notre manière de créer. J'écrivais d'abord mes nouvelles idées et de nouveaux chapitres seule, puis on continuait à créer ou à modifier les morceaux toutes ensemble. C'est juste qu'à cause de la pandémie nous ne pouvions pas nous réunir chaque semaine. Je continue à penser que les meilleures idées naissent quand nous sommes ensemble.
Ahasverus : « Bus Of Death », avec ses choeurs, est un véritable hymne. J'imagine que le pit est en feu quand vous jouez cette chanson sur scène ! Xiaoniao : On a sollicité de nombreux amis pour enregistrer« Bus Of Death » Je me rappelle encore de cet enregistrement... Même si les paroles sont tristes, c'est un très beau souvenir. Beaucoup de gens aiment cette chanson, et j'espère que de plus en plus viendront la chanter avec nous quand nous la jouerons sur scène à l'avenir. Huanzi : J'aime aussi cette chanson. Elle est solennelle et remuante, et je me sens toujours en mouvement quand on la joue, il est facile de se laisser porter. Quin : En fait, peu importe à quel point je me sens puissante ou pleine de colère quand je chante une chanson, dès que je commence à entonner « Bus Of Death » un immense sentiment de tristesse m'envahit
Ahasverus : Votre musique est agressive, mais j'ai été tout autant impressionné par les paroles de vos chansons, qui sont très élaborées. Loin du trip classique « Sex, drug, Rock N' Roll », vos textes sont explicitement humanistes. L'engagement fait-il partie de l'identité du groupe ? Xiaoniao : Les paroles de chacune de nos chansons reflètent l'état d'esprit et les idées que le groupe veut exprimer. Nous voulons parler au monde, discuter de ce qui nous concerne, remettre en question et critiquer l'injustice, c'est ça qui nous motive. Qing : Nos chansons reflètent toujours nos pensées.
« Do not believe in what you see!
With everything in their control
They made you be willing to live in dreams
The dreams that full of fuckin’ lies! »
Disaster
Ahasverus : Le sens d'un texte tel que « Disaster » est universel et pourrait s’appliquer à de nombreux régimes totalitaires, passés ou présents… Xiaoniao : Oui, cela s'applique au passé comme au présent, et cela convient à n’importe quel régime. Face à un « fléau », on se retrouve piégés. On est en panique et on ne sait pas où est la vérité ; et la vérité paraît plus difficile à affronter que le fléau lui-même. Ce qui est terrible aussi c'est qu'à un moment donné tout sera oublié. Ca deviendra du passé, et il n'en restera plus que des phrases dans les livres d'histoire. Et quand surviendra le fléau suivant, les gens ne sauront toujours pas quoi faire...
Ahasverus : Dummy Toys commence à susciter de l'intérêt hors de Chine. Quels sont les pays où votre musique est bien reçue et comment percevez-vous cet enthousiasme ? Xiao niao : En fait, nous ne savons pas dans quels pays nous sommes populaires, haha ! Mais quand nous avons tourné en Europe et au Rebellion Festival, au Royaume-Uni, tout le monde était vraiment enthousiaste. Nous étions très heureuses. Beaucoup de gens nous disaient qu'ils comprenaient ce que nous chantions et qu'ils s'y retrouvaient. Nous étions très émues. Cette fois-là peut-être que les gens étaient venus à notre show parce qu'ils étaient curieux de voir jouer un groupe chinois. Mais la prochaine fois, je crois qu'ils viendront voir notre performance parce qu'ils aimeront les Dummy Toys ! (Rires) Quin : Beaucoup de gens m'ont dit après notre show : « Oh, on ne savait pas qu'il y avait des groupes comme ça en Chine, vous êtes tellement bons. » J'ai toujours apprécié ces compliments mais je leur ai assuré qu'il y avait beaucoup beaucoup de bons groupes en Chine. DUMMY TOYS par Passenger 21 Ahasverus : En 2023, que signifie être un punk-rocker en Chine ? Qing : Pour moi, le punk signifie aimer ce que l'on aime et lutter contre ce que l'on déteste. Xiaoniao : Le punk est en fait une niche très spécialisée en Chine, et 2023 semble vouloir se faire encore plus difficile. Le punk devra trouver sa propre voie pour survivre.
Ahasverus : Qu'allez vous faire en 2024 et avez-vous des projets en Europe ? Xiaoniao : Nos amis Rico et Anita commencent déjà à nous aider pour planifier une tournée européenne en mai 2024. Nous irons en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Belgique, en Suède, au Danemark, en République Tchèque, en Pologne, et également sur un festival de musique en Espagne et au Royaume. On tournera pendant un mois. Quin : Nous serons aussi à l'affiche du Rebellion Festival 2024 !
Ahasverus : Comment peut-on se procurer votre nouvel album en Europe ? Xiaoniao : Nos disques vinyles sont désormais disponibles sur notre Bandcamp comme chez certains disquaires en Europe, voire à New York. La prochaine fois nous en emporterons quand nous irons jouer en Europe et nous vendrons nos albums après nos concerts ! Huanzi : Nos vinyles sont disponibles à l'étranger via Laibixi Records (Allemagne-Leipzig)、DIY Kolo Records (Pologne-kolo)、Genjing Records (États-Unis/Chine)、Tmom Records (Allemagne-Berlin).
Ahasverus : Un grand merci, Dummy Toys, d'avoir pris le temps de répondre à cette interview. Dummy Toys : Merci beaucoup !
Un instantané punk-rock frais comme un Ramones.
Par Ahasverus
Rumkicks est un groupe de punk rock qui a pris naissance en Corée du Sud aux alentours de 2019.
Les Séoulites ont construit leur succès à l'aide de singles et d'un EP (« Brutality », 2020) mais aussi d'une image, et c'est cette alchimie globale a permis au trio de se faire remarquer et d'exporter leur musique à l'international.
L'ascension ne s'est pas faite dans la facilité si l'on en croit ce que le groupe expliquait au magazine Devilution dans une interview de 2022 : « La Corée est un pays très conservateur qui ne vous permet pas de vous teindre les cheveux. Yeawon (NDLR : chant/guitare) porte une perruque quand elle va au travail, une perruque noire. Ici, au Royaume-Uni, il existe de nombreux tatouages. C'est illégal en Corée. »
L'engouement du public est désormais acté et il a permis à Yeawon et à son gang de partager la scène avec des formations aussi réputées que Bad Religion et The Exploited.
En juin 2023 Rumkicks revenait avec un album intitulé « Born Rude ».
La création de « Born Rude » s'est faite sous pression :
« Normalement, nous écrivons une chanson lorsque nous avons une idée, expliquait le groupe à Devilution Magazine. Mais cette fois, nous avions une date limite pour l’album donc nous avons dû écrire de nouvelles chansons le plus vite possible. C’était une période assez difficile pour nous car rien ne nous venait à l’esprit. » RUMKICKS par Nagoya
Pourtant les treize compositions signées Yeawon, dont nombre, déjà sorties en singles, ont été réenregistrées pour cet album, sonnent juste.
Côté lyrics (en Coréen ou en Anglais) la frontwoman a puisé dans les expériences personnelles du groupe. Ainsi « Don't Touch My Head » naît d'une anecdote de tournée, tandis que l'une des filles après un concert voyait un homme ivre tenter de toucher ses cheveux sous la douche. « Punk Is Nowhere », autre exemple, est une réponse à des attaques de haters reçues sur les réseaux sociaux.
Allant à l'essentiel, la formation coréenne délivre en trente minutes des chansons dont l'efficacité n'a d'égale que la simplicité, à l'instar des « Drinking Everyday » et « Rude Girl Oï » qui ouvrent l'album.
Les mélodies dégagent fluidité et énergie et doivent plus aux Ramones (« Punk Rocker », « Goodbye Song », « Punk Is Nowhere ») qu'à la pop punk cependant présente (« I Don't Wanna Die »).
Qu'on ne se méprenne pas : parler de simplicité à propos des titres alignés sur ce « Born Rude » n'a rien de péjoratif. A grands coups de « Oï » et de répétitions rythmiques, Yeawon développe un talent de hit maker certain et permet aux Coréennes de réaliser un instantané punk-rock frais comme un premier Ramones. C'est une pleine réussite qui ne connaît aucune perte et qui contribuera à parfaire la fanbase déjà conséquente des Rumkicks.