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THE FOXY LADIES - L'interview « Not Sorry »

Le 02/10/2022

A deux jours de la sortie de « Not Sorry » (04/10/2022), second album de The Foxy Ladies, entretien avec Gabi Sam (chant) et Lucianne Wallace (guitare).
On parle de l'album, de l'album, et encore de l'album !

Foxy ladies xavier couderc
THE FOXY LADIES par Xavier Couderc


Bonjour The Foxy Ladies. Un premier bilan de cette année 2022 qui entame son dernier trimestre. L'annulation du Printemps de Pérouges où vous deviez jouer devant Laura Cox et Kiss a dû être une grosse déception...
Lucianne :
2022, je crois que pour nous c'est une année vraiment charnière. On a eu de très belles scènes et des opportunités incroyables alors même qu'on sortait de deux années de Covid. Côté concerts notamment, on pense bien évidemment à la Halle Tony Garnier et au Gros 4 en compagnie de Mass Hysteria, Tagada Jones et Ultra Vomit en mai dernier. Ensuite, nous avons eu le concert du Printemps de Pérouges avec la première partie de Kiss… Malheureusement, la météo en a décidé autrement ce soir-là. Malgré tout, on se dit qu’on a tout de même partagé l'affiche avec Kiss et Deep Purple (ah ah !). Ce qui est quand même assez incroyable !
Foxy ladies gros 4
Côté « off », si l'on peut dire, nous avons bien sûr enregistré un nouvel album et tourné avec Fat Cut Production deux supers clips. Le premier c’est « Oh My God » qui est déjà disponible et le prochain devrait sortir à l’automne.
Qui dit nouvel album, dit aussi concerts. Nous partons d’ailleurs très bientôt sur la route pour trois dates au Royaume-Uni (le 7, 8 et 9 octobre, à Brighton et Londres). Ces trois dates anglaises nous permettront de roder notre set pour la « Release Party » de l’album le 12 octobre prochain à Lyon. Nous serons ensuite le 21 octobre en concert à Beautor (02) pour « Elles Rock » avec Fallen Lillies, Madam et the Rainbow. D'autres belles dates devraient très rapidement suivre et seront bientôt annoncées. Pour ne rien rater, il vous suffira de consulter régulièrement notre site www.thefoxyladies.fr !

« On a essayé de sortir un peu des codes attendus. »

2022, c'est aussi l'année de votre nouvel album, « Not Sorry ». Quel était votre cahier des charges quand vous avez décidé de donner un successeur à « Backbone » ?
Lucianne :
Faire mieux que le précédent, comme toujours bien sûr ! Que ce soit en termes de composition déjà, en partant sur un univers sonore plus riche, plus complexe également. Au final, avec le recul, je crois qu’on a essayé de sortir un peu des codes attendus. Pour cela, on a dû travailler plus en profondeur les ambiances et les arrangements. Personnellement, je dois dire que j’y ai pris énormément de plaisir et qu’aujourd’hui j’aime de plus en plus cette phase d'arrangements dans le processus créatif. Dans cette phase, il y a de nombreux échanges entre la musique et le texte, et le but est que les paroles de Gabi et l’univers sonores s’harmonisent au mieux pour ne faire qu’un.

« Not Sorry » est un concept-album. Vous pouvez nous en dire plus ?
Gabi :
Ce nouvel album Not Sorry s’inscrit dans un monde post-apocalyptique. Cet univers s’est imposé de façon assez évidente je dois dire. Sensible à la situation écologique et environnementale, plusieurs textes me sont venus de façon assez instinctive. Je pense au morceau Conquest of the Sun. Certains morceaux évoquent quant à eux les névroses de notre société, de ce système qui nous « porte et nous détruit », comme sur Find a way. Il y aussi des thématiques plus personnelles dans cet album. Je pense au titre My fault. Le tout nous ramène finalement à un sentiment d’urgence et d’émotions sans filtre. Dans une vision en accord avec notre crédo « Wild or Nothing », l’instinct prime d’autant plus avec ce nouvel album. Tout comme sur scène, où l’on ne calcule pas vraiment et où on se permet d’être nous. Alors je dirai que cet album est concept de par l’histoire qu’il raconte, mais aussi par le fait qu’on a, plus ou moins réussi, à amener ce que nous sommes sur scène en studio.

Comment s'est passé le processus de composition de « Not Sorry » et qu'est-ce qui l'a influencé ?
Lucianne :
La composition de ce nouvel album a démarré juste avant la crise du covid. Les conditions sanitaires nous ont poussé, comme tout le monde, à nous adapter et à revoir notre mode de fonctionnement habituel. Nous avons réussi à mettre en place une discipline de travail à distance, et au final, on est très contents et fiers de ce que nous sortons aujourd’hui. Avec Not Sorry, on peut dire qu'on n’a rien lâché pendant ces deux années difficiles.
Pour ce qui est du processus, j'envoie des idées à Gabi qui à son tour travaille dessus. Plusieurs échanges se font alors entre nous pour développer et mûrir les idées. Puis lorsque celles-ci sont assez avancées, que la structure de la composition est claire et que certains arrangements posent l'ambiance, elles sont présentées à Emilie et Alex qui apportent leurs idées d’harmonies et de rythmiques pour enrichir le tout.
Pour les influences... Au niveau musical pour ma part, c’est assez varié. Je pourrai citer Hands off Gretel, mais aussi Radiohead, Pixies, Incubus, ou encore Lamb of God.
Gabi : Et pour le chant, je dirai Queen Adreena, Sir Chloe ou même encore Avatar mais aussi des influences trip-hop, comme Massive Attack, Archive, encore Portishead.
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La pochette de « Not Sorry » est à la fois thrash et pastel dans ses couleurs. Vous m'en dites un mot ?
Gabi :
L’idée était d’amener jusqu’au visuel les gens dans l’univers de cet album. Au regard des thématiques abordées dans l’album (apocalypse, urgence écologie, féminisme), nous avons opté pour une image déconcertante, interprétable au possible. Ce que vous y voyez est le résultat du monde dans lequel nous vivons…
Lucianne : Alors nous vous retournons la question, que voyez-vous sur cette pochette ? Il y aura très certainement autant d’interprétations que de réponses et à mon sens c’est ce que j’aime dans l’art. L’art n’apporte pas de réponses, elle nous questionne.
Gabi : C’est beau ce que tu dis.
Lucianne : Merci. Toi aussi. Mais arrêtons, ça me met mal à l’aise (ah ah !).
Gabi : Oui ! Moi aussi… (ah !).

J'ai l'impression que la voix de Gabi s'est beaucoup affinée en cinq ans, je pense notamment au titre « Fine ». Les chœurs aussi sont très réussis...
Gabi :
Déjà, un grand merci. « La voix s’est affinée », « les chœurs sont très réussis ».  Ça fait plaisir à entendre. Ça fait toujours du bien à l’égo. Et comme j’ai toujours autant de mal avec les compliments, je ne sais pas quoi trop répondre à cela… Si ce n’est que tout mon groupe me porte grâce à son énergie, et que les mélodies de Lucianne m’inspirent et me permettent d’explorer des contrées nouvelles ! Aussi, Jean-Mi (notre ingé son) est essentiel à ce résultat. Je me suis beaucoup amusée en studio, notamment avec les voix picthées ou transformées (voix robotiques). Ces voix ont fait naître des alters égos un peu barrés qui servent bien le propos de l’album.
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THE FOXY LADIES par Xavier Couderc
De même, je trouve que les guitares ont évolué et que Lucianne s'autorise plus de choses. Les rythmiques d'une manière générale sonnent très modernes.
Lucianne :
Pour cet album j'ai décidé d'agrémenter un peu ma panoplie avec une nouvelle petite guitare de chez Schecter, le modèle Banshee pour être précise. J’étais à la recherche d'un son effectivement plus moderne tout en étant complémentaire à ma première guitare. Je suis très satisfaite du rendu et du mariage de mes instruments sur l’album. Il me semble que le son restitue bien mes/nos diverses influences, et que cela donne un ensemble riche en couleurs tout en étant cohérent. Enfin je l'espère (ah ah !).

Pour moi il est clair que « Not Sorry » n'est pas un « Backbone II », qu'il apporte beaucoup de nuances et de modernité à votre univers, et même si j'avais adoré votre premier album et craignais qu'il ne mette la barre du second très haute, vous l'avez franchie allègrement...
Lucianne :
Moults merci. Avec ce genre de retours, ça donne envie de plancher sur un troisième opus... ! Mais avant ça notre objectif à présent c'est d'arriver à amener ce nouvel univers sur scène.
Gabi : Un grand merci oui ! (« Moults merci », ah ah !). Après avoir mis autant de nous dans cet album, nous sommes très très heureux que Not Sorry vous plaise et on a hâte de le jouer sur scène.

Souvenirs de tournage de « Oh My God », premier single-clip de ce nouvel album ?  
Gabi :
Un casse-dalle alléchant, des saucisses, une tronçonneuse et un vidéaste passionné, Romain de Fatcut Production. Pour davantage de détails, je pense que les images du clip parlent d’elles-mêmes. Alors on vous laissera regarder le clip sur notre chaîne YouTube.

Vous n'y allez pas à la petite cuillère quand vous confiez l'enregistrement des instruments au Vamacara Studio (Loudblast, Bukowski, Les Tambours du Bronx).
Lucianne :
Il faut reconnaître que le pari de marier des sonorités plutôt "froides" du genre métal ou un peu " électro" à nos influences plus « Classic rock », voir « Grunge/Punk » était plutôt audacieux au départ. C'est pourquoi nous avons choisi de nous tourner vers le Vamacara studio pour l'enregistrement des instruments. Vu son expérience et les productions réalisées auparavant, ça nous paraissait pertinent.

Pourquoi avoir réservé l'enregistrement des voix pour Jean-Michel Quoisse ?
Gabi :
A vrai dire, j’avais avant même le studio, à travers le travail des maquettes en home studio, une idée assez précise de ce que je voulais (type d’effet, doublage, etc). Jean-Mi nous accompagne et nous porte dans la définition de notre son depuis des années, j’ai donc confiance en lui. Je savais qu’il allait savoir emmener mes idées à destination et qu’en sa présence je serai capable de faire tomber les barrières nécessaires à l’enregistrement de la bonne intention.

J'ai noté l'absence d'Alexis, votre bassiste, sur vos dernières photographies. Du rififi dans la tanière ?
Lucianne :
Non rien de tout ça ! Alexis est notre bassiste officiel. Malheureusement, il n'est pas disponible à 100% pour le projet à cause de son travail.
Gabi : De fait, nous aurons certainement un bassiste remplaçant sur quelques dates à venir… Voilà pourquoi nous avons aujourd'hui choisi de communiquer à trois et que vous avez pu voir ça sur certaines photos.
Foxy ladies denis charmot
THE FOXY LADIES par Denis Charmot
Release-party le 12 octobre 2022 au Ninkasi de Lyon ?
Gabi :
CA VA ÊTRE LE FEUUUU !!! Lyon c’est chez nous. Et comme lors du concert à la Halle, le public est toujours bouillant.
Lucianne : Grave ! On a tellement hâte de jouer les nouveaux titres et de présenter ce nouvel univers à notre public ! Et à la maison !
Gabi : Oui et en plus, il y aura les excellents LINGUS avec nous ce soir-là. On aime vraiment beaucoup ce qu’ils proposent et comme ils sortent leur album à la période ça semblait évident de mutualiser les forces. La soirée promet d'être exceptionnelle ! Vraiment hâte !

Merci The Foxy Ladies d'avoir répondu à mes questions.
Gabi :
Merci à toi Ahasverus. C’est toujours un plaisir !
Lucianne : Oui merci. Moults mercis (ah ah !). Au plaisir et à très vite !

Les Inestimables d'Ahasverus : KAROLINE, Karoline (1980)

Le 01/10/2022

Si vous ne savez pas ce qu'est un album culte, « Karoline » en est un parfait exemple !
Nous sommes en 1980. Trust a forcé la porte des radios grandes ondes avec deux titres historiques : « L'Elite » (1979) et « Antisocial » (1980).

A peine plus sage, « La Bombe Humaine » (1979) de Téléphone est sur toutes les lèvres.
Le hard-rock français a le vent en poupe et caracole en tête. Avec Shakin Street, Ganafoul, Océan, arrive dans la ruée un vinyle au rouge provocateur : « Karoline ».
Karoline 1
Karoline, c'est un groupe Niçois, un quatuor. Il s'est formé un an plus tôt. Et déjà, un premier album...
Un hard bien carré, avec un son qui cogne pas mal. Aujourd'hui encore, il sonne. La batterie frappe, la basse se place bien, la gratte enchaîne les bons riffs, balance des bons soli. Là dessus, une voix, un brin rocailleuse, vous râpe la peau. Ca vous le percevez dès « Couche Toi Sur Mes Rêves », la première piste. On a affaire à du bon hard-rock, à des mecs qui savent jouer. « Sniff l'Odeur des Camions » presse le pas et confirme.
Et puis soudain c'est l'explosion. Il vous pète à la gueule. Il a le truc qui transforme un bon album en un album génial... C'est un détail qui fait la différence. Ici, c'est le texte. Le mec qui a fait les paroles à un ton à lui. Il rend ses textes vivants, drôles, argotiques, inédits, les fait sonner, nous réjouit.
« Compartiment couchette/ Y a qu'toi et deux minettes / Dans ton sommeil tu délires », chante Tafini.

Le compartiment s'anime sous nos yeux, dans la pénombre. On imagine le type perturbé qui s'agite. La gouaille de Karoline explose. On se gargarise de sa truculence tandis que les riffs nous coupent en deux.
« Nanas/ Compartiment nanas / Pas pour toi... »
Que ce mec, ce loser, ce mytho, se fasse virer du compartiment, c'est plutot drôle.
Et musicalement ça chôme pas. Ca continue à groover. Solo de guitare, roulement de basse qui nous invite... C'est géant... Et les choeurs, écoute :  « Na Na Na Na »...
«  — Pas pour toi ! » gueule Tafini.
Rien n'est négligé : la couverture musicale est parfaite   (« Sexy Baby », plus sérieux et dramatique) ; Karoline multiplie les saynètes, narre les ambitions d'un gigolo (le savoureux « Biftons ») sans sacrifier jamais l'efficacité du riff à l'autel du bon mot . (« Gueule de Bois », « Accroche-Toi»).
Karoline paroles biftons
Et puis nouveau coup de génie : «  Rockaroline ».
Une espèce de loubard économise sou à sou pour se payer la péripatéticienne de ses rêves... La seule qui défonce son jean, j'ai nommé Karoline... Celle qui donne son nom au groupe, à l'album...
Il touche au but, mais...
... Mais écoutez plutôt Serge ! Il raconte ça mieux que moi :
« Hey ! Y a qu'toi qui tient ta place / Ta dégaine c'est la classe... »

L'album se termine sur l'efficace «  Rock'N Roll Star », pas en reste côté trivialité.
J'espère vous avoir convaincu...
«  Karoline », c'est un album qui traverse les mémoires sans ride malgré ses décennies, et un inoubliable vinyle rouge. Du hard urbain, dans l'esprit, dans le texte.
Le génie de l'écriture (Serge Tafini le chanteur). Jamais égalé dans son genre. Porté par une musique (Jean Castaldi le guitariste) en béton, proche du courant australien (AC/DC, Rose Tattoo), jouée par des musiciens très pros (le groupe a d'ailleurs assuré quelques premières partie de la tournée «  Back In Black »).
«  Karoline », un album culte, longtemps introuvable. Il est disponible depuis cette année 2022  — enfin !  — en digital et en CD sur les plateformes, dans une version remasterisée. Petit clin d'oeil à l'histoire : le CD imite les sillons rouges du vinyle.
«  Karoline » sonne aussi remarquablement que s'il était sorti hier, et sa gouaille est aussi réjouissante et envoutante qu'à son arrivée dans les bacs en 1980. Un grand-grand album du hard-rock français. Quatre hardos juchés sur un dépotoir, toujours aussi insolents.
Karoline

UMBILICUS "PATH OF 1000 SUNS" (2022)

Le 29/09/2022

Groupe : Umbilicus
Origine: Tampa, Floride (USA)
Album: PATH OF 1000 SUNS (30/09/2022) - Chronique d'album
Genre: Hard Rock, Late 60s 70s Hard Rock
Label :  Listenable Insanity Records.
Par Dam'Aël

LE GROUPE :

On aime les retours en arrière chez Umbilicus ; tant d'un point de vue musical qu'organisationnel. Je vous propose de dérégler votre montre et de lui faire faire un certain nombre de tours dans le sens inverse de leur déplacement habituel. Dam'Aël aurait-elle perdu le Nord ? Que nenni, je vous explique. Tout commence dans les années 2000 alors que Paul Mazurkiewicz  (batteur) et Jack Owen (guitariste) font partie intégrante de la formation Cannibal Corpse. Ayant terminé l'album Bloodthirst en 1999 et bien avant Gore Obsessed de 2002, Paul et Jack décident de monter un projet parallèle bien loin de leur Death Metal habituel. Métalleux, ils le sont ! Et passionnés avant tout, surtout amoureux de la musique au sens large. Et... ils adorent le Hard Rock des années 60, 70 et du début des années 80. Et... ça les titille au point de se lancer dans la composition d'une quinzaine de titres, de faire le montage de bandes de démo et de les jouer lors de deux concerts sous le patronyme  Path Of Man à Tampa dans un petit bar local, accompagné d'un troisième acolyte Vernon Blake . Sauf que tout s'écroule en moins d'une année et que les bandes ne seront pas même exploitées pour un méfait physique qui aurait pu signer cette aventure.

Umbilicus band

Reprenons notre montre et remettons les pendules à l'heure.
2020, le temps s'arrête sous pression virale au sens propre comme au sens figuré mais certains remontent le fil de leurs envies inabouties. Violence Inimaginable est dans la boîte pour Cannibal Corpse (mais ne sortira qu'en 2021) et donne l'impulsion suffisante à Paul pour reprendre le projet avorté. Vernon (basse) répond présent a contrario de Jack qui doit refuser le projet pour des raisons de géographie (il ne réside plus en Floride). C'est ainsi que Taylor Nordberg s'octroie le poste de guitariste avant d'accueillir au micro Brian Stephenson. Le line-up final est donc constitué et peut être résumé ainsi :

  • Brian Stephenson (Fore, Old James)  - chant/paroles
  • Paul Mazurkiewicz (Cannibal Corpse)- batterie
  • Taylor Nordberg (Inhuman Condition, The Absence, Fore)- guitare
  • Vernon Blake (Anarchus, Napalm Death live) -basse

 

L'ALBUM : PATH OF 1000 SUNS

Umbilicus

Je vous signalais plus haut qu'une quinzaine de titres avaient vu le jour lors de la formation Path of Man ; or l'absence de Jack Owen dans cette reprise de projet version 2020 a nécessité pour le quartet de repartir à zéro avec toujours pour objectif de rester sur le Rock Old school de ces années divines à savoir les sixties et seventies, chacun des membres y instillant ses propres influences : Grand Funk Railroad, Steppenwolf, Bad Company ou encore Sir Lord Baltimore et Lucifer's friend pour Paul Mazurkiewicz, Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath mais aussi 10cc ou Ten Years After et Trapeze, Cactus pour Taylor Nordberg...
Pour faire court, un spectre suffisamment étendu pour donner à cette galette toutes les couleurs d'un Woodstock bien illuminé et des vibrations flirtant très étroitement avec le psychédélique, le groove bien pêchu et des mélodies accrocheuses et fédératrices. Du vintage rehaussé de modernité sur fond de talent avéré et de passion délivrée avec énergie.
Le quartet nous délivre sur cette galette  Path Of 1000 Suns dix titres d'une durée d'écoute de plus de quarante minutes que je vous laisse découvrir :

 1. Hello Future
 2. Umbilicus
 3. Gates Of Neptune
 4. I, Human
 5. Stump Sponge
 6. My Own Tide
 7. Life On The Sun
 8. The Call
 9. Traveler
10. Gathering At The Kuiper Belt

Hello Future  :

C'est un gros bras bien musclé qui nous pousse avec une ardeur de jeune ado et sans ménagement dans l'univers de Umbilicus. Une immersion frontale et directe dans les années folles de sexe, drogue et alcool. Ne rêvez pas! Ces trois bonus ne sont pas à découvrir dans la packaging de Path Of 1000 Suns. Pour toute réclamation, veuillez vous adresser à l'agent directement... Ce premier titre est un arbre de passion bien enraciné dans ce rock typé  des années 60 au sens large. Les paroles abordent une thématique sensible, celle de la frontière entre l'argent et la morale bienséante : “In this land/sweat and backs are broken/And calloused is the hand…/No amount of gold could by my soul/Or cloud my happiness.” L'introduction n'est pas sans rappeler celle que proposait Jimi Hendrix sur Voodoo Child (Electric Ladyland de 1968) avec sa pédale wah-wah. Umbilicus envoie la sauce avec panache.
Hello Future est le premier single proposé aux médias le 27 mai dernier sous forme d'une vidéo animée et réalisée par Jeramie Kling.

Umbilicus :

L'éponyme et quatrième single sorti le 15 septembre, s'accorde un tempo plus tranquille mais aussi plus sombre et une entrée en matière sur un trio basse/batterie/guitare en syntonie bien lourde (à la porte du doom) qui rappelle de beaux spectacles de lévitation sous molécules "magiques" dans les fosses. Brian Stephenson nous livre de belles envolées qui me connectent à un certain Lenny Kravitz et n'est pas sans nous annoncer une étendue vocale qui va sans doute nous faire grandement plaisir. Ce titre est un condensé de bonnes vibrations que la basse de Vernon appuie avec talent.

Gates Of Neptune :

Allongée sur mon canapé, portable éteint et casque sur la tête, c'est Téléphone qui envahit l'espace de 32 secondes les ondes et mes oreilles. Jusqu'à ce que le chant prenne le relai et me rappelle que je suis toujours avec Umbilicus. J'ouvre une porte à une proposition épique... Qu'aurait proposé jean-Louis Aubert comme ligne vocale sur cet instrumental ? Mais revenons à Path Of 1000 Suns, car les harmonies vocales posées par Brian sont excellentes et confirment la qualité du chant dont il est capable : chant langoureux avec un tout discret vibrato sur des plages très courtes, des envolées plus dynamiques et une puissance dans les aigües notamment sur le final que clôturera l'électro-acoustique de Taylor. A noter les patterns magistraux de Paul Mazurkiewicz. Taylor Nordberg a déclaré concernant cette chanson : "Gates est définitivement l'une de mes chansons préférées sur l'album. c'est une chanson assez simple, mais elle en dit long et elle est incroyablement dynamique. Elle vous emmène vraiment en voyage. La voix de Brian est également absolument magnifique sur ce morceau, et l'a  vraiment fait passer d'une chanson soignée à une chanson épique !". Le voyage vers la huitième planète du système solaire la plus éloignée du roi soleil.
Gates Of Neptune est supporté par un clip sorti le 5 août dernier, en noir et blanc.

I, Human : 

Second single dont le clip psychédélique, sorti le 6 juillet,  propose un jeu visuel qui swingue autant que le morceau lui-même. I, Human est une machine de guerre de groove qui ne triche pas; le jeu du bassiste Vernon Blake est parfait et assure le groove pré-cité presque à lui tout seul. Une efficacité redoutable et indéniablement sur-vitaminée complétée par les riffs de la  Fender Stratocaster dont le potard de tonalité a du voir  son niveau flirter avec le plancher. La ligne de chant est voluptueuse, ensorceleuse et surtout accrocheuse. Excellent!

Stump Sponge :

Mantra vocal de chœurs en extase pour introduction. Ah quelles sont bonnes ces années d'Acid Rock! Stump Sponge propose une ligne vocale très accrocheuse, doublée sur certains passages, aux variations bien trouvées, variations qui confirment le panel que Brian est capable de fournir au niveau du chant. La rythmique toujours groovy et colorée par le soleil du sud américain est solide avec des guitares bien grasses et une ligne de basse vrombissante qui enfonce le clou y apportant une touche stoner-like. Mention spéciale pour Paul Mazurkiewicz qui à la batterie propose des patterns chiadés et des descentes de tom excellentes et recherchées. On en profite pour préciser que Paul est autodidacte et que lorsque Cannibal Corpse a été fondé, il ne jouait de la batterie que depuis trois ans. Osé, non! Habitué du blast beat, son jeu sur ses deux grosses caisses contribue à générer toute la puissance de cet album et met en exergue toute la technique qui structure les dix titres de cet l'opus.

My Own Tide :

Mid-tempo aux guitares bien sales qui embarquent l'auditoire dans un tableau varié voire presque malmené comme le ferait une vague indisciplinée. Des sonorités en échos, de l'électro-acoustique, une basse aux vibrations stoner ou encore des notes d'harmonica-like font de My Own Tide un morceau véritablement racé.

Life On The Sun :

Nous continuons,  entraînés par cette vague Rock "umbilicusienne" avec un morceau très rythmé et syncopé qui joue sur des riffs accrocheurs et une batterie qui cavale sans s'essouffler le moins du monde. Life On The Sun est entraînant à l'image de cet album dynamique, diversifié, multicolore et cohérent. Il se termine sur des aboiements satisfaits ou non, je n'ai pu demandé au chien qui clôture les lyrics du titre. Umbilicus aime à offrir des fins uniques sur chacun de ces titres.

The Call :

The Call serait pour moi le titre le plus épique de cet album Path Of 1000 Suns de par ses lignes vocales parfois surprenantes,  et qui  met en évidence une batterie particulièrement complexe et technique, Une atmosphère étrange qui lance un appel, à la résonance un peu poisseuse.

Traveler : 

Embarquement pour une rythmique accélérée sur chœurs, qui ravivent quelque peu certains souvenirs  de cette époque pour les plus âgés d'entre nous, époque remise en avant par la formation américaine ; si Brian a pu nous rappeler certaines prestations vocales comme celles d'Ozzy, de Kravitz, voir Phil Naro, Umbilicus sait s'imprégner d'un Black sabbath de la première heure dans les guitares de Taylor Nordberg.

Gathering At The Kuiper Belt :

La boucle est bouclée avec Gathering At The Kuiper Belt qui clôture à la fois cet album et complète le schéma de Neptune déjà abordé avec le morceau Gates Of  Neptune.  L'introduction s'ouvre sur une mesure de basse répétitive qui peint une toile sombre en toute complicité avec la batterie, mais remplie d'espoir avec un passage éclair vers le Gospel avec notamment son  "freedom" chanté en chœurs. Les changements de débits et de tempi donnent ses variations au titre. Un morceau un peu en marge de l'album mais loin d'être incohérent, plutôt étonnant.


L'album Path Of 1000 Suns  sort le 30 septembre 2022 sur Insanity Records. Il a été enregistré, mixé et masterisé par Taylor Nordberg au Smoke & Mirrors Productions,  à Spring Hill, en Floride que Taylor possède avec Jeramie Kling. C'est Taylor qui est aussi à l'origine du artwork de l'opus dont la photographie a été laissé à Deidra Kling.
Les thèmes abordés vont de récits purement fictifs à des sujets qui explorent dans les moindres détails la condition humaine et ses dérives.
« Path of 1000 Suns n’est pas un album concept » dit le chanteur Brian Stephenson « Cependant, le groupe est plus un concept en soi. Le concept d’être dans le moment présent et d’embrasser la liberté créative totale. »
Il poursuit : « Sur ce disque, nous nous sommes vraiment concentrés sur l’élaboration de la musique rock n roll la plus accrocheuse, la plus dure et la plus dure que nous ayons pu. Nous rendons hommage à nos héros du rock’n’roll du passé tout en regardant vers l’avenir. "Le parcours de 100 soleils" est le parcours de quatre personnes qui se réunissent pour créer un rock n roll sauvage et libre. »
Décliné en plusieurs versions, souvent en quantité limitée, pour les aficionados des collections, vous allez pouvoir vous faire plaisir.

Un petit résumé :

  • CD et album numérique
  • Traver Box Set - CD  (limité à 50 exemplaires avec une photo signée à la main, 2 médiators, 1 magnet, un autocollant, un sous-verre, un écusson) 
  • Traveler Box Set - Vinyle limité à 300 exemplaires
  • Vinyle signé limité à 30 exemplaires ou non signé (300 ex)
  • Cassette limitée à 100 déclinée en 50 Sun Orange et 50 Neptune Clear Blue

NOTRE AVIS

Cet album révèle une véritable passion pour le Hard Rock Old School des années 70s revu avec toute la modernité de notre temps. Il pourrait paraitre interpelant en effet de surprendre des métalleux de genre beaucoup plus agressif, à se livrer à l'exercice d'un autre style. Mais vous conviendrez avec moi que l'amour de la musique conçoit tout à fait de passer de l'un à l'un autre sans pour autant se fourvoyer. Et c'est ce que démontre le quartet américain dans Path Of 1000 Suns et ce avec énormément de talent, de dynamisme, de cohérence et de diversités permettant une écoute complète sans aucun ennui. L'envie de relancer la platine en est un signe manifeste. Umbilicus a su résumer les différents modèles de ces années typiques en instillant du bon Rock sudiste, de l'Heavy, du Doom et du Stoner par pointes éparses, du Psychédélique, du Hard... Ils se sont faits plaisir, ils nous font plaisir. La production de cet album est parfaite avec un rendu très organique, lo-fi, loin des lignes aseptisées de quantité de masterings. Certes pas de grand renouveau mais un dix titres qui mérite sa place dans notre CDthèque quand on aime le genre. La voix de Brian a su donner une magnifique couleur à chacun des titres, le talent de chacun des musiciens structurant évidemment avec classe un niveau de composition incontestable. Nous validons !

Les liens :


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MUNROE'S THUNDER : sortie d'album en novembre

Le 29/09/2022

Munroe's Thunder présentera son nouvel album le 11/11/2022. Il s'agira d'un onze pistes intitulé « The Black Watch ».
Munroe s thunder
Munroe's Thunder est un groupe mené par Ronny Munroe, ex-chanteur de Metal Church avec lequel il a enregistré trois albums. Il a également fait partie du Trans-Siberian Orchestra. Il est, depuis juillet 2022, le chanteur de Vicious Rumors.
Munroe s thunder band
Munroe's Thunder pratique un heavy qui peut rappeler les univers de Metal Church, Savatage et Iron Maiden.
Pour lancer son album, Munroe's Thunder a présenté un premier single. il s'agit de la dixième piste de l'album, « Echoes Of The Dead ».

Les précommandes du futur album sont déjà ouvertes ici :

QUINTANA DEAD BLUES EXPERIENCE, One Of Us (sortie le 16/09/2022 - chronique)

Le 28/09/2022

Plus soigné, mieux produit, « One Of Us » est l'album idéal pour faire découvrir Quintana aux néophytes, tandis que les fans de la première heure continueront à grimper plus haut sur leur rideau.

Le revoici l'ami Piero. Non, pas celui au clair de la lune, celui du Quintana Dead Blues Experience, une formule solo qu'il a fini par adopter quand il s'est retrouvé tout seul  — « Tout seul comme un con », me disait-il  — avec sa basse, après avoir expérimenté des quatuors, des trios, des duos... On n'est jamais si bien servis que par soi-même, a-t-il pensé. Et par sa guitare, qu'il a dû apprendre apprivoiser.
C'est qu'il en a de l'expérience, le père Quintana ! Il a usé son cuir et gratté ses cordes un peu partout depuis 1991 ! En Espagne, en France, en première partie de Johnny Hallyday... Mais il a du jus, Piero, toujours ! Et la classe ! C'est important l'image, dans le rock. Et ce ce côté là, il est plutôt bien servi par Jessica Calvo qui le suit, album après album, concert après concert, de photo en photo.
Quintana jessica calvo
Depuis 2018, avec son Quintana Dead Blues Experience (un clin d'oeil aux noms de groupes à rallonge qu'il affectionne, comme le Jon Spencer Blues Explosion), il nous a habitué à un son cru, qui colle au plus près du live ; la scène c'est son but ultime.
Cette fois, Piero a choisi de prendre son temps, de fignoler le détail, d'ajouter une trompette ici, une batterie là... Pour faire le meilleur disque possible... C'est « One Of Us ».
Quintana
La différence saute aux oreilles, je l'ai sentie dès l'entame, avant même d'éplucher les interviews de Piero pour me documenter un peu ; les familiers du Quint la sentiront aussi, cette différence.
Et ce soin particulier qu'il met à nous rendre l'écoute la plus plaisante possible n'enlève rien au côté rentre-dedans du rock qu'il pratique. Au contraire, Piero nous percute dès « Jesus (My Queen) », le premier morceau un peu dissonant. Les arrangements du second sont parfaits, très finement indus/électro, et ça reste toujours extrêmement punchy.
Le son est léché, maintenant que Piero se permet (« So Hard To Say »). « On a privilégié le côté production pour que ça sonne bien, pour que les morceaux soient au top. Après, sur scène, je me débrouille ! » m'explique-t-il.
Côté visuel aussi il nous gâte. Le troisième morceau de l'album, « Crazy », avec son riff à la Hendrix, a été dévoilé dans un clip animé très bien fichu.

Le quatrième titre (« I Wish That You’D Never Been There ») se pose le temps d'un riff de blues très pur, avant de prendre de l'ampleur sur fond de sonorités inattendues pour s'épurer encore dans un très beau rendu.
Après cette jolie pause, nouveau coup d'épaule. « I'm Here », affirme Piero. On avait remarqué !
Ainsi Piero alterne-t-il des titres très dynamiques  avec des accalmies somptueuses (« Now I Choose ») comme un coucher de soleil sur un ciel d'orage. Avec ce son plus soigné qu'à son habitude et ses effets qui améliorent le plaisir de l'écoute, Quintana ose et surprend. Il n'est plus retenu par l'idée de coller à la scène. Ce faisant, il défonce tout, débridé dans l'énergie, dans l'émotion.
Agrandissant son terrain de jeu, Quintana va vers l'inattendu, servi par une belle voix en pleine maturité qui se permet d'aller chahuter les aigus (« Now I Choose »). Il fait de « One Of Us » un album saisissant, peut-être le meilleur de cette période QDBE, en tous cas l'album idéal pour faire découvrir l'artiste aux néophytes, tandis que les fans de la première heure continueront à grimper plus haut sur leur rideau.

  • Le Quintana nouveau est disponible sur toutes vos plateformes en streaming et en version digitale : https://kuronekomedia.lnk.to/OneOfUs
    Pour la version physique, elle est accessible à la fin des concerts ou par correspondance en écrivant a pieroquintana@hotmail.fr.

Quintana Dead Blues Experience sera en concert :

  • le 17/11/2022 à Grenoble (Ampérage)
  • le 14/01/2023 à Paris (Olympic Café)

SCREAM TAKER, Kill The Beautiful (sortie le 23/09/2022)

Le 28/09/2022

Jim Crean, Vinny Appice et Steph Honde réunis pour un album de pur hard-rock.

« Coucou me revoilou ! »
Ce pourrait être le titre d'un album de Steph Honde, tant l'intarissable Français est toujours quelque part dans notre actualité métallique.
A un mois de la sortie de l'album d'Alpha Mountain, projet qu'il a monté avec l'ex-Watcha Butcho Vukovic, le monstre d'Hollywood, ex-pensionnaire du Café Bertrand, revient aux instruments pour s'acoquiner avec le batteur Vinny Appice (ex-Dio ou Black Sabbath) et le chanteur Jim Crean (Appice Brothers, qu'on a entendu également sur de multiples tributes) au sein d'un trio baptisé Scream Taker.
Scream taker
Steph Honde a donc mis sa voix de stentor en sourdine le temps d'un album pour se concentrer sur les cordes, laissant le microphone au timbre plus haut mais non moins captivant de Jim Crean.
Le trio Appice/Crean/Honde dévoilait voici quelques temps « Stone Cold », son premier single-clip, sombre histoire d'un vampire à la recherche de sa reine, narrée sur un riff heavy assez lent.

Depuis le 23/09/2022, l'album de Scream Taker n'a plus de secret pour nous, puisque l'entièreté de ses douze pistes nous a été dévoilée dans un artwork inspiré des affiches de cinéma des 50's (sur une proposition de Vinny Appice, ais-je cru comprendre).
Le bébé s'appelle :

« Kill The Beautiful »

Scream taker 1
Il s'ouvre sur le morceau qui a donné son titre à l'album, servi par un riff tranchant comme une faux. Les deux premiers titres sont en effet des tempi lents, tandis que la troisième piste (« Eternity ») permet à Honde de faire chauffer les cordes de sa guitare. L'album se débride tout à fait à la quatrième piste (« Shattered Mirror ») sur laquelle une légère dissonance nous informe qu'on est entré dans le vif du sujet. Le rythme est trouvé, il ne faiblira pas et ne ralentira qu'au doom de clôture (« Shine On »), encore que celle-ci privilégiera la mélodie dans sa partie finale.
Pouvant rappeler légèrement Dio (« Shattered Mirror »), voire Mötley Crüe période Corabi, avec un chanteur dans une veine qui peut évoquer Udo Dirkschneider et Vince Neil, Scream Taker est surtout lui-même, bénéficiant de la grande expérience de ses membres et d'une forte signature vocale. Il assène un album de hard-rock 80's qui se permet quelques morceaux de bravoure avec beaucoup de sûreté. On s'attend parfois à voir bondir la voix de Honde tant on connaît sa patte (« Frontline ») mais Crean prend le tout à son compte avec talent et sa voix à forte personnalité retient l'attention dans un album qui propose de la diversité, du doom, de la ballade (« The Curse Of The Werewolf »), même si son crédo reste un hard 80's traditionnel dont ces vieux loups des mers rodés au cabotage connaissent les moindres recoins.

SOAN, Négligé Chic (sortie le 14/10/2022 - chronique)

Le 28/09/2022

Dans la tradition des grands chanteurs Belges (Brel/Arno/Stromae), ce rocker Savoyard est un chanteur à textes, un chanteur à plume au regard désembué, acéré, sans fard et sans concession, qui épingle nos travers pour en faire naître des images.

C'est un nom qui vous parle peut-être, rockers et métalleux que vous êtes : Soan fait partie de ces artistes qui ont émergé à l'occasion d'émissions qu'on appelait jadis des télécrochets et qui ont pris pour appellation The Voice, Star Academy ou La Nouvelle Star.
Soan
C'est dans cette dernière que Soan brillera jusqu'à en sortir vainqueur lors de la session 2009.
Il a vingt-sept ans, Soan, et déjà bien bourlingué. Il sort « Tant Pis », son premier album, l'année d'après. D'autres suivent, des émissions de télévision aussi. En 2016, il confie ses addictions à Laurent Ruquier sur le plateau de « On N'Est Pas Couché ». C'est donc avec une certaine logique qu'on retrouve une présentation de la sorte dans le crowdfunding qu'engage Revolu'Prod (une société de production et d'accompagnement d'artistes) pour son nouvel album « Négligé Chic », en 2022 :
« Pour être honnête, chez Revolu'Prod, quand  Soan nous a appelé pour dire : "demain j'arrête de boire et j'vais faire un disque power pop chez mon pote qui fait du rockab", le tout sans avoir écrit de chansons et au milieu d'une tournée acoustique, on a acquiescé car on est de gauche mais polis... Trois jours plus tard nous nous recevions quatre titres écrits sur place et huit heures de vidéo... Soan était sobre et loin des clichés... Il avait composé enregistré chaque instrument lui-même, sauf la batterie... »
Soan neglige chic
Les addictions, Soan y trempe sa plume (« Les Trous Noirs », « Romanivresquement », « Hôtel Déboire ») dans ce nouvel album. Avec ironie et en une gymnastique des mots savoureuse, ses textes qui nous égratignent regorgent de trouvailles à tiroirs (« Les trous noirs c'est troublant / La vie est cirrhose des foies  » - Les Trous Noirs).
Dans la tradition des grands chanteurs Belges (Brel/Arno/Stromae), ce rocker Savoyard est un chanteur à textes, un chanteur à plume au regard désembué, acéré, sans fard et sans concession. Il épingle nos travers (« Le plus militant de mon département me semble moins Charlie que Charlot » - Qui Prouvera), les siens surtout, pour en faire naître des images tandis qu'on hésite sur l'orthographe : « Ce vers je te le dois »  ou « Ce verre je te le dois » ? (« Romanivresquement »)
Musicalement, son univers fera parfois penser à Louise Attaque (« Les Clous », « Formol ») ; il sait aussi se faire plus blues, plus rock (« Nothing Around », son texte en Anglais, son harmonica et ses riffs). Il prend sa place et assure son créneau dans la scène française, aux côtés des Wampas, des BB Brunes, des Têtes Raides, avec sa voix qui traîne, qui a beaucoup traîné. Où il ne fallait pas, dans des bouges, sur des trottoirs blafards, c'est sûr...
L'album a été mixé à Los Angeles par Baz The Frenchman, dans les studios de NOFX nous dit-on (Soan avait rencontré le chanteur du groupe Fat Mike en 2019). Il est masterisé par Marc Latour d’Aum Productions.
« Négligé Chic » sera disponible le 14/10/2022 chez M&O Music.
Vous pouvez aussi retrouver Soan dans votre ville, c'est sa tournée... Les dates sont sous la vidéo.

STEFA, Soft Psycho (sortie le 25/09/2022 - chronique)

Le 28/09/2022

Des chansons merveilleuses habillées d’accords Pop, Folk mais également Bossa.

Artiste : Stefa
Album : « Soft Psycho »
Genre : Folk / Pop
Influences : The Doors / Ben Harper / Jimi Hendrix / Tracy Chapman / Alanis Morissette
Origine : Bruxelles (2018)
Sortie : 25/09/2022

Par Pépé St@kaTTo

C’est avec grand plaisir que je me penche aujourd’hui sur le deuxième album de Stefa, auteur-compositrice de talent, excellente guitariste et chanteuse à la voix envoutante.
Bretonne, Antillaise et anglophile, « ses chansons teintées de Folk, Pop, Blues, Rock, ou Bossa, racontent une histoire et sont de véritables invitations aux voyages ».
Si vous voulez être incollable sur la biographie de miss Stefa et sur son tout premier album « Lone dog », je vous encourage à lire ma chronique sur le blog d’Ahasverus.
Stefa
Paroles et musique : Stefa
Arrangements : Amine Doukali sauf « Earth to Man » composé et arrangé par Briséiss
TRACKLIST : 01.Soft psycho – 02.Surrender – 03.Run, baby, run – 04.Love bazaar – 05.Wait a little (live acoustic version) – 06.Atomic sleeper – 07.Earth to man – 08. Stefalita (durée totale env. 22mn)


C’est sur un riff très Bluegrass/Country que débute « Soft psycho ». La boite à rythmes découpe le temps qui passe et tourne inlassablement telle une machine à laver (visible sur le clip vidéo du morceau), et les images de ses souvenirs semblent défiler depuis un vieux wagon de train vapeur. Cette chanson Stefa la dédie à tous les « doux-dingues » qui ont croisé sa route et qui lui ont donné les clés pour vaincre la tristesse et la routine quotidienne. Sa voix toujours aussi veloutée ne peut « qu’enluminer » nos jours moroses. Mention spéciale au gimmick guitare jazzy en fin de morceau.
« Je compose en général sur la route. Le mouvement du train, les cahots de la voiture, le défilement du paysage... Tout cela m'évoque instantanément des mélodies et des textes qui prennent forme sur ma guitare une fois arrivée à destination. Soft Psycho est ainsi né dans une Tiny House à Spa. »

« Surrender » avec son intro à la guitare électrique en son clair est une sublime balade réhaussée par des chœurs et des nappes de synthés piqués de-ci-de-là. La ligne de basse de Jean-Vincent David est également bien mise en avant, et le solo de fin de Damien Bongiovanni tout simplement éblouissant. Stefa a su s’entourer ici de guests très talentueux ! Les paroles nous éclairent sur le réveil parfois difficile dû à une séparation douloureuse, ça semble irréel mais c’est pourtant la dure réalité.
« Run, baby, run » est quant à lui un morceau terriblement jazzy, que ce soit avec sa partie de basse sautillante, sa partie de piano très swing, ou ses sections de cuivres chauds. La voix de Stefa, semble groover avec tous ces instruments et c’est magique !
La charmante ballade « Love bazaar » nous plonge dans une bulle temporelle, celle des âmes perdues dans laquelle Stefa aime à s’isoler. Un arpège détaché, un sifflement de reconnaissance, une batterie qui égrène ses secondes, une wahwah qui jongle sur des paroles murmurées, c’est magnifiquement beau. La patte de Damien Bongiovanni vient une nouvelle fois sublimer ce morceau avec son superbe solo.
En piste 5 nous retrouvons « Wait a little », déjà présent sur le premier album « Lone Dog » mais ici en version guitare acoustique avec seulement un beat basique de rythmique en accompagnement. Ce morceau typé Bossa et son refrain en créole permet à Stefa de renouer avec ses racines maternelles et ainsi rendre hommage à la Guadeloupe où elle passait ses vacances d’été.
« Atomic sleeper » est également un morceau teinté Bossa qui au fur et à mesure que la chanson avance voit se greffer, les parties guitares, batterie, claviers, handclaps, comme un superbe bouquet de fleurs que l’on composerait pour un amour que l’on a hâte de retrouver. C’est dansant et terriblement suave.
« Earth to man » composé et arrangé par Briséiss, est une chanson engagée qui interroge sur les rapports qu’à l’Homme avec la nature ainsi que ses conséquences. On retrouve ici aussi une rythmique Bossa, et des touches d’origine africaine avec l’utilisation de la kora (instrument à cordes d'Afrique de l'ouest, originellement support de la transmission du savoir par la tradition orale), et un chant ethnique en clôture lointain et décroissant.
Le single « Stefalita » et son ode au farniente et à la fête aurait été composé (parait-il) par Stefalita  l’alter égo de Stefa. Inspiré par le soleil, la plage et les cocktails qu'on savoure en vacances, ce morceau mi Zouk-Love, mi Flamenco (avec ses riffs mélodiques Flamenca), nous invite au Kolé Séré sur une plage de sable fin de l'île d'Oahu (Hawaii). 3’’16 de pur bonheur, et mon morceau préféré !

« Soft Psycho » poursuit ce voyage commencé avec le premier album, chaque titre développant un instantané de la vie de Stefa, des émotions personnelles qui jaillissent à travers des mots, des chansons merveilleuses habillées d’accords Pop, Folk mais également Bossa.
Je retrouve avec bonheur la voix de Stefa qui m’avait déjà envouté sur son précédent opus, et dont la chaleur et la lumière réchauffent nos âmes si troublées par les actualités moroses de la vie. Je ne peux donc que vous encourager à découvrir à votre tour son univers, et à l’apprécier à sa juste valeur.