LEURS ALBUMS PREFERES

Le 06/08/2020

Du Prog' au Black Metal, du Rock au Punk, nous sommes allés interroger des chanteurs, guitaristes, bassistes, batteurs, et musiciens de tous poils pour connaître leur album préféré.
Voici ce qu'ils nous ont répondu.

 

Latex 1

 

HELI ANDREA

Heli copie


Chanteuse du groupe de Metal Progressif Mobius, qui a sorti cette année "Kala", son second album, passionnée de technique vocale, Héli Andrea est également au micro du crashtest-band OLANE .


Elle a choisi de nous présenter "Himalaya, l'Enfance d'un Chef" (1999), de Bruno Coulais. Elle explique :
"Ma mère écoutait cet album quand j'étais petite et j'en pleurais presque, tellement les voix et les instruments me faisaient entrevoir des paysages lointains. Ça m'a donné le goût du voyage à travers la musique, du chant, et la curiosité pour les musiques du monde."

Himalaya

L'écoute de cet album, peut-être, vous rappellerait son univers ?
L'album choisi par Héli :
https://open.spotify.com/album/4Up9IwGLTmoxxYOD9IpEi1
 
JEAN-LOU KALINOWSKI

Jean lou k copie

Batteur de Shakin' Street des origines  jusqu'à son dernier opus, le multi-instrumentiste Jean-Lou Kalinowski poursuit sa carrière sous le nom de Jean-Lou K ou d'AC22 et écrit régulièrement des albums qu'il interprète intégralement en solo ou en collaboration avec d'autres artistes. (Ici le chanteur Vitha Sai)


Il a choisi de présenter "Who's Next" (1971) de The Who :

"Peu importe comment. J’aurai ce disque !"


"1971,  j’ai dix ans et en rentrant de l’école je passe tout les soirs devant ce magasin de disques plutôt minable. Dans la vitrine, un disque avec une pochette qui m’attire comme un aimant et que je contemple longuement en me demandant pourquoi ces quatre gars ont pissé sur ce monolithe qui a l’air d’être tombé du ciel au milieu de nulle part.

Whos next
J’ai déjà deux 45 tours : un de Black Sabbath et un de Jimi Hendrix. Je les écoute de temps en temps sur mon électrophone mais rien de plus. Je suis sûr que ce 33 tours du groupe avec un nom bizarre, "The Who", doit être bien plus intéressant. Vingt quatre francs cinquante, c’est le prix de ce disque que je désire tant.  C’est une somme énorme, mais je dois trouver un moyen de me les procurer, peu importe comment. J’aurai ce disque !
Si je mets de coté l’argent que me donne ma mère pour acheter un pain au chocolat chaque jour, dans dix jours il est a moi ! Je n’ai pas entendu une seule note de cet album mais je sais qu’il est fantastique. Il ne peut pas en être autrement, j’en suis sûr.
Au bout de deux semaines j’ai enfin de quoi acheter ce disque, et un soir après l’école je me précipite vers ce magasin . Je vais devoir trouver une explication quand ma mère le verra mais pour l’instant seul compte l’acquisition de cette galette tant convoitée.
Je rentre timidement chez le disquaire détenteur de ce qui, j’en suis sûr, est un chef d’œuvre, et là, horreur ! Il n’est plus dans la vitrine ! Il est remplacé par les chœurs de l’armée russe dont je me contrefous. Il doit être en stock a l’intérieur, ce n’est pas possible autrement.
" Bonjour madame, je viens acheter le disque des Who qui était en vitrine encore hier"
La dame me répond que le dernier exemplaire a été vendu ce matin et qu’il est en commande, mais épuisé pour l’instant..."
L'histoire ne dit pas si, de rage, Jean-Lou s'est rué sur les pains au chocolat...


L'album choisi par Jean-Lou :
https://open.spotify.com/album/5MqyhhHbT13zsloD3uHhlQ

Ecouter Jean-Lou Kalinowski :
https://open.spotify.com/artist/4wWJqNNZbtjYNaCPPn0NgB
https://ac22.bandcamp.com/
Jean-Lou Kalinowski sur Facebook :
https://www.facebook.com/jlkalinowski
https://www.facebook.com/ACdedeux/

 
GUITARFOX

Latex

Guitarfox (à gauche sur notre photo) est guitariste du groupe de Cabaret Punk Latex et du groupe de Metal Indus Schultz.
Latex a sorti en 2019 son cinquième album, "Kanibal Café".
Schultz sortait son nouvel opus, "Black Magic Party", en 2020.


Guitarfox a choisi pour album "Chocolate Synthesizer" (1994), du groupe Boredoms.
Il nous en explique la raison :

" Lorsque des japonais
s’approprient le punk, le free jazz,
le metal ou la noise,
vous obtenez quelque chose
aussi énorme que leur Godzilla."


"Comme toujours lorsqu’on se fait interviewer en tant que groupe underground, la première question qu’on vous pose, c’est "Quelles sont vos influences ?", ou "Quels sont vos albums préférés ?"… Imaginez comme il peut être difficile de répondre à une telle question lorsqu’on a passé sa vie à se faire une culture musicale qui tienne la route. Quand on est musicien, on n’a pas un, mais des albums préférés. Si on veut parvenir à créer quelque chose d’original, on est bien obligé de piocher de ci-de là dans différents styles afin de se forger sa propre identité sonore. Frank Zappa disait que si on reconnait ton son dès les cinq premières secondes d’écoute, c’est 80% du boulot qui est fait. Alors vous pensez, choisir un seul album parmi le bac à disques, autant vous demander de choisir un seul grain de sable dans le désert du Sahara. Et encore, ce ne sera pas forcément le plus représentatif de votre propre son. J’ai même essayé de tricher, en envoyant à ce cher Ahasverus Cornelius un échantillon non-exhaustif de plusieurs de mes albums préférés qui ont formé ma jeunesse, bien m’en a pris, il est resté intraitable : la demande ne concerne qu’un album. Un seul ! Comme si une telle chose pouvait exister. Désespéré, je décidai de laisser la nuit me porter conseil avant de tenter une réponse, comme je fais chaque fois que je me retrouve face à un problème insoluble, et c’est ce qu’elle fit (la nuit).
Ton album préféré du moment peut très bien ne plus l’être le lendemain. J’aurai très bien pu parler d’un classique au hasard, un truc que tout le monde connait, comme par exemple l’unique album des Sex Pistols Nevermind The Bollocks, ou encore le premier album des Ramones, ou des trucs aussi bateau et prévisibles que le Highway To Hell d’AC/DC ou le Dark Side Of The Moon de Pink Floyd. Finalement la réponse m’est venue d’elle-même : Ton album préféré, c’est celui que tu écoutes en ce moment même, à partir du moment où tu l’as choisi, c’est celui-là que tu préfères et pas un autre, puisque tu l’as élu album du moment. Logique, non ? Et donc, au moment où je vous écris ces quelques lignes, celui que j’ai dans mes écouteurs, c’est le quatrième album studio de Boredoms (groupe de rock expérimental Japonais originaire de Osaka) : Chocolate Synthesizer. Sorti en 1994, celui par qui leur heure de gloire arriva, puisqu’il leur valut d’être invités par les Sonic Youth au festival de Lollapalooza, leur ouvrant ainsi les portes de la renommée internationale. On ne peut pourtant pas dire qu’ils faisaient dans le commercial. On est là à des années lumières d’un son pop mainstream. Il faut avoir dépassé bien des préjugés pour pouvoir apprécier un tel foutoir sonore. Imaginez-vous les Gremlins en train d’essayer de faire de la musique… On donne à ces méchantes bestioles des batteries, des guitares, des synthés, quelques cuivres, et plein d’autres accessoires qui font pouët-pouët, et on leur dit « démerdez-vous avec ça »... Vous serez encore loin du compte ! Les vocalises du leader Yamatsuka Eye (collaborateur régulier du saxophoniste et compositeur John Zorn, autre ponte de l’expérimental insupportable), tantôt hurlantes, tantôt couinantes, s’entrechoquent (c’est le mot !) avec le fracas des percussions et les dissonances des guitares. On est à la limite de la Noise. Je dis à la limite, car en musiciens malins et intelligents qu’ils sont malgré les apparences, on sent que leur délire est parfaitement maitrisé. L’agression n’est pas permanente, elle alterne entre des passages planants et méditatifs, des passages plus jazzys, avant de retomber dans la pure explosion de colère. On sent que ces mecs ne se prennent pas du tout au sérieux, car il y a là-dedans un côté cartoon à la Tex-Avery très cocasse. Les fans de punk apprécieront autant que les amateurs de free-jazz ou les adeptes plus pointus du zapcore. On sent que ces mecs ont autant digéré le punk des Sex Pistols ou DRI, que le grindcore de Napalm Death, ou des trucs plus pointus et barrés comme Zappa, Magma, Hawkwind, les Residents, ou le mouvement Fluxus. D’ailleurs le groupe est qualifié sur Wikipedia de Noise rock, Rock Indé, Rock psychédélique, Rock Expérimental, ou encore Space Rock, bref, ils ne savent pas trop… C’est Japonais à n’en plus pouvoir. Les habitants de ce pays sont les champions de l’appropriation culturelle. Du fait qu’ils vivent sur des îles entourées d’eau, outre leurs traditions séculaires, ils ont cette manière bien à eux de s’approprier des bribes de culture occidentale et de les démultiplier à leur paroxysme jusqu’au-delà de la caricature. Alors imaginez lorsque des japonais s’approprient le punk, le free jazz, le metal ou la noise, vous obtenez quelque chose aussi énorme que leur Godzilla. Une folie destructrice anarchique et nihiliste post-atomique. Boredoms en est le parfait exemple, et leur album Chocolate Synthesizer le parfait échantillon.
Vous l’aurez compris, cet album n’est pas à mettre entre toutes les oreilles, et je ne saurai trop vous recommander d’y aller jeter une des vôtres. Si les dissonances vous hérissent, passez votre chemin. Si par-contre votre curiosité et votre sens de l’humour vous y pousse, alors tentez l’expérience, peut-être ne le regretterez-vous pas !
"
Yannick aka Guitarfox, guitariste de Latex 
Site web de Boredoms : http://www.boredoms.jp/
Pour écouter l’album : https://youtu.be/quCnLEr3r-0
Boredoms chocolate synthesizer 1994

Latex :
Web : www.latexxx.fr
Facebook : facebook.com/LatexCabaretPunk
Bandcamp : latexxx.bandcamp.com
Youtube : youtube.com/user/cosmiccondom

SCHULTZ :
Facebook :
https://www.facebook.com/SchultzIndustrialMetal/
Bandcamp :
https://schultzmusic.bandcamp.com/
Spotify :
https://open.spotify.com/album/5OcvZaVQkiTRhfWaVufKVh

 

ALDEBARAN

Multi-instrumentiste, (claviers/guitare/basse) Aldebaran est l'un des membres fondateurs du groupe de Black Médiéval Darkenhöld. Il est également professeur de guitare.
Avec quatre albums et un Hellfest au compteur, Darkenhöld est l'une des valeurs sûres du (Black) Metal hexagonal. Son cinquième album, "Arcanes & Sortilèges", est annoncé pour le 06/11/2020.
Nous avons demandé à Aldebaran quel était son album préféré. Il a choisi “Stormblåst” (1996) de Dimmu Borgir. Il nous explique pourquoi...
J'ai pour ma part des goûts relativement larges en musique, j'apprécie aussi bien Franz Liszt que A-Ha ou encore Robert Johnson. Néanmoins lorsque je compose pour Darkenhöld j'aime me connecter à ce genre d’album, il est vraiment différent du Dimmu Borgir récent, plus intimiste,onirique, presque doux et naïf.
J'ai connu «Stormblåst» assez tardivement dans mon parcours, je connaissais le groupe bien sûr mais moins la première période que j'adore maintenant. L'album n'est pas parfait au sens strict du terme, il a quelques longueurs peut-être, des moments presque hésitants, mais ces imperfections lui confèrent aussi un certain charme. La réédition de 2005 est de qualité mais il en a perdu son caractère en route, la cover y est plus générique, la production est plus standardisée.
Darkenhold dimmu borgir stoneblast
Enfin il serait difficile pour moi de départager cet album avec «For All Tid» son prédécesseur, ils forment tous deux un binôme inséparable.
Pour la petite histoire nous avions d'ailleurs repris le morceau titre de ce premier album avec Darkenhöld en 2011...”

Ecouter Stormblåst, de Dimmu Borgir :
https://open.spotify.com/album/6uebFzY0vo8b8lmKerjxT2
Retrouvez la discographie de Darkenhöld ici :
Spotify :
https://open.spotify.com/artist/4VBynsh51sK4ydQMxokidg
Bandcamp :
https://darkenhold.bandcamp.com/
Suivez leur actualité là :
https://www.facebook.com/Darkenhold/

 

 

 IVAN JACQUIN

Musicien, auteur, compositeur, chanteur, claviériste, pianiste et écrivain, Ivan Jacquin officie au sein du groupe de Prog' Psychanoïa et du groupe de Rock Amonya.
Il est aussi le père du Foreign Rock Opera dont la seconde partie devrait nous arriver fin septembre 2020, avec une distribution prestigieuse comprenant notamment Andy Kuntz (Vanden Plas), Amanda Lehmann (Steve Hackett), Leo Margarit (Pain of Salvation), Zak Stevens (Circle II Circle) et Mike Lepond (Symphony X).
Il a écrit La Symphonie du Juif Errant, livre qui accompagne la trilogie "Foreign". Enfin il lui arrive de chroniquer des CD pour des webzines, et je crois bien qu'il donne des cours de piano...
 
Ivan a choisi pour album “Brave” (1994), de Marillion.
Voici ses explications :

 
Cruelle décision que de ne citer qu’un album préféré au milieu de tous ces disques qui ont rempli ma vie d’émotions superbes tout au long de quelques décennies, tant de chef d’œuvres, tant de talents et de sentiments vécus à travers la musique de tout style. J’ai décidé de choisir Brave de Marillion, car c’est celui qui me vient spontanément au cœur et qui englobe à lui seul tout ce qui me transporte en musique.
Photo d'Ivan Jacquin par Christian Arnaud.
D’abord le groupe, que j’ai découvert avec le non moins sublime Season’s End en 1989, imposant au monde entier le renouveau avec l’aide de Steve Hogarth au chant (après des années de succès avec Fish au micro).
Vient ensuite la voix de Steve « H » qui transcende la musique du groupe, sur l’album comme sur scène, et enfin, le concept-album, digne des mystères intimistes du génial The Wall, alliant le caractère épique d’un Operation Mindcrime (Queensryche) par exemple et la douceur féérique d’un The Snow Goose (Camel).
La pochette en elle-même est superbe et énigmatique et j’ai été happé par l’histoire de cette jeune femme qui erre sur un pont suspendu et dont on ne sait rien à part des spéculations – est-elle amnésique ? Droguée ? En fuite ? Désespérée au point de commettre l’irréparable ?
J’avais vu Marillion en 1995 jouer l’intégralité de Brave, j’en fus scotché tellement c’était intense… Ils ont rejoué l’intégrale quelquefois ensuite, avec quelques variantes mais toujours ce mystère comme un instant suspendu. Tout me plait dans Brave ; la fluidité du jeu de batterie de Ian Mosley, le groove de basse de Pete Trewavas, l’impérial Steve Rothery et son feeling transmis par ses sons magiques de guitare, les atmosphères uniques des claviers de Mark Kelly et encore une fois, Steve Hogarth et son timbre vocal incomparable et son aptitude à vivre sa musique et à captiver l’auditoire…
Je n’ai pas peur de déclamer que Brave est l’un des meilleurs albums jamais composés au monde, tout style et toute époque confondus
.”

 

 
        TEDY BEER
Tedy Beer (chant, guitare, harmonica, grosse caisse, tambourin) et Ely La Flask (violon) forment Cajun Tang. Basé sur l’ile de La Réunion, le duo s'est trouvé en 2017. Il a signé son premier album éponyme en 2018.
Influencée par la musique Cajun des années 1930 à 1950, leur production rappelle aussi le blues des origines. Leurs textes en anglais, français ou créole, s’inspirent parlent aussi bien des vacances à Palavas-Les Flots que des aventures d’un petit tangue (sorte de petit hérisson originaire de Madagascar).
Nous avons demandé à Tedy quel était son album préféré. Voici celui qu’il a choisi, au motif pratique qu’il renforce son “immunité cognitive” :

Maître Gim’s, “Ceinture Noire”

“Cet album concentre tout ce qu’il y a en matière de mauvais goût : lignes musicales pauvres à souhait, modulation de la voix sans talent, textes d’une médiocrité hors norme... Et pourtant les subventions tombent !
La gauche culturelle bien pensante nous impose ce genre de m*** musicale qui me rappelle à quel point je suis en bonne santé mentale. L’écoute de quelques titres (sûrement pas les quarante !) renforce mon immunité cognitive.
Maître Gim’s : Tu m’as mis dans la merde. (piste 20)
Tedy Beer : Tu t’y es mis tout seul avec les dix-neuf titres précédents.”