EREI CROSS (metal alternatif), The Widow And The Other (05/0/2023)
Le 05/07/2023
Introspectif et pourtant irradiant, « The Widow And The Other » conviendra aux amateurs de dark rock alternatif et d'un shoegaze métallisé à l'atmosphère aussi marquée que singulière.
Par Ahasverus
Erei Cross (anagramme de sorcière) est un projet initié par Adrien Gousset. Guitariste de Carpenter Brut et du groupe de metalcore Hacride, il souhaite créer un projet dont il pourrait choisir la direction du début à la fin. Composant les musiques, il fait appel à son amie Laetitia Finidori pour écrire et chanter les textes. Matthieu Guérineau (Microfilm, Myra Lee) complète la formation en tant que batteur live. Photographie : Eukene Perucha Eguren
Queens Of The Stone Age, Royal Blood, PJ Harvey et Ghost sont les points de repère de cette formation plutôt influencée par le son des 90s.
En 2021 Erei Cross sort un premier EP de six titres. Il s'appelle « The Widow », en référence à plusieurs deuils traversés par Laetitia Finidori durant cette période. La sorcellerie et l’émancipation de la femme sont les thématiques qui le traversent.
Visuellement, Erei Cross joue sur des représentations ésotériques et sur l'imagerie liée à la sorcellerie.
L'EP est bien accueilli par les critiques, et tandis qu'un second opus du même format (« The Other ») est annoncé en suivant, c'est finalement un album qu'Erei Cross décide de sortir en 2023, regroupant les deux EP sous le nom de « The Widow And The Other ».
Le choix n'est pas aberrant : les six nouveaux titres alignés en complément des premières pistes démarrent où Erei Cross nous avait laissé. D'ailleurs les douze compositions sont nées dans la même période.
Sans jamais se départir de son homogénéité, l'album voit cependant son aspect rock se durcir sur les derniers morceaux, comme si, après une première face intime, Erei Cross avait voulu insuffler de la colère froide sur une face B faite de morceaux les plus offensifs (« The Others », « MDCXCII »).
L'album agit comme une rampe de lancement et le rendu est suffisamment efficace pour que « MDCXCII » laisse une certaine sensation de frustration en sortie d'un opus qui a su prendre de l'épaisseur et vous imprégner au fil de son écoute.
Réalisé avec minutie, introspectif et pourtant irradiant, « The Widow And The Other » conviendra aux amateurs de dark rock alternatif et d'un shoegaze métallisé à l'atmosphère aussi marquée que singulière.
Il est disponible depuis le 05 Mai 2023 chez Klonosphere/Season of Mist.
Le lien : https://orcd.co/erei-cross-the-widow-and-the-others
Tracklist :
1. Here I am Far Away
2. Sorgin Dantza
3. All In
4. Lilith Grand Bitch To Queer
5. The Widow
6. Ainmosni
7. Vocero
8. The King's Death
9. The Others
10. Lady Fear
11. MDCXCII
Durée totale : 51mn env.
Groupe : DRAMA KING Album : « Mud & Concrete » Genre : Dark Folk / Funeral Rock Influences : Un savant mix de Nick Cave, Madrugada, Lana del Rey et Elvis Presley Origine : Quelque part vers Rennes Sortie : 11 avril 2025
Par Pépé St@kaTTo
Quand Yann Landry (Tadam Records / ASAP Conseils / La Grosse Radio Rock) m’a contacté pour me demander si je pouvais faire la chronique de « Mud & Concrete » de DRAMA KING pour « Ahasverus Métaux En Tous Genres », j’avoue que je n’étais pas très chaud pour me replonger dans une énième chronique d’album. D’abord parce qu’avec le temps j’avais perdu ce « mojo » qui me poussait à écrire, et puis parce que c’était devenu presque une routine, l’émotion de nouveaux albums n’étant plus au rendez-vous, je m’étais donc, tel un vilain vieil ours bigourdan, volontairement plongé en sommeil léthargique depuis quelques mois maintenant.
Mais ce nom de groupe et cette pochette avaient quelque chose d’inhabituel, un truc qui malgré moi m’attirait comme un aimant … Comme promis, j’y jetais une oreille, puis deux, et décidais finalement de me pencher sur le cas DRAMA KING ! Artwork réalisé par David Brabançon. Tracklist :
01.Broken Wings - 02.Brown & Grey - 03.Waiting for the Shades - 04.Every Dream That I Make Takes Me Back to the Start - 05.Silent Homes - 06.Drama King - 07.Between the Store Shelves - 08.Rock'n'Roll Lies
On poursuit l’immersion dans l’univers lugubre et obscur du quotidien de notre crooner triste avec « Brown & Grey ». Cette balade hivernale nous amène dans une virée en voiture dans la campagne bretonne. Les couleurs sont délavées, la musique dépouillée à l’extrême. Quelques accords plaqués sur le piano, des arpèges dégoulinants de regrets, invitent à la réflexion. Quel avenir pour ce monde ? Et puis un gazouillement raisonne sur le siège arrière, un bébé dors paisiblement, le futur est là, il faut continuer à rouler et aller de l’avant. Un sublissime morceau sur la paternité, très touchant.
C’est sur des arpèges très flamenco/rock typés années ’50 que démarre « Waiting for the shades ». Beaucoup de réverbe et de chorus dans cette intro mélodique, pour cette fois une ballade à l’ambiance gothique. Les paroles sont envoutantes et abrasives, noires et profondes. Ces nuances très sombres nous plongent dans de longues nuits d’angoisses sans cesse renouvelées, mélange de messe funèbre et de tango sinistre, comme un appel du néant, une malsaine fuite en avant … C’est triste mais si beau à la fois !
Le très Country Rock Galatique « Every dream that I make takes me back to the start » nous plonge dans le western urbain des HLM que côtoie Kevin, savant mélange de despérados et de sheriffs où chacun fait sa propre loi ! La chevauchée à travers cet univers hostile s’effectue sur une musique très chaloupée, typiquement Far West, enjôlée par un discret piano bastringue et une guitare folk envoutante. Après avoir quitté le saloon, le cow-boy rejoint donc paisiblement son « Home Sweet Home » pour retrouver un semblant de sérénité auprès des siens. Encore une très belle ballade épique !
« Silent Home » démarre sur la voix seule de Kevin, comme une mystique prière. Les nappes de claviers accentuent cette atmosphère d’abandon que l’on retrouve tout au long du morceau. On retrouve ici toute la symbolique de la pochette de l’album, celle de ces maisons fermées une bonne partie de l’année, ces bâtisses silencieuses le jour et glauques la nuit, aux volets fermés, qui ne revivent que pour quelques jours. Un morceau triste et joyeux à la fois mais malgré tout d’une beauté surprenante.
La piste numéro 6 « Drama King » qui porte le nom du projet est également une ballade très sombre. Drama pour tous ces évènements tragiques qui jalonnent notre vie quotidienne, et King comme pour un ultime clin d’œil à Elvis, le seul et unique Roi, « martyr maudit » tragiquement disparu … Comment rester soi-même sans faire semblant, comment faire pour ne pas porter les mêmes masques, neutres et anonymes, pour se fondre dans la masse ? Il subsistera toujours les chanceux, les nantis d’un côté, les défavorisés, les laissés pour compte, les paumés de l’autre ! La voix de Kevin est grave et torturée, et les arpèges égrenés, comme des coups de canif dans l’âme, raisonnent comme une funeste prophétie.
L’angoissant « Between the store shelves » est assurément le morceau le plus rock de l’album. Plusieurs changements de rythmes dans ce titre, avec des parties claviers se voulant plus légères et aérées, des riffs guitares toujours aussi incisifs, une batterie beaucoup plus présente ; et un final explosif, de toute beauté. Le sujet abordé ici est la précarité, le mépris des classes populaires et l’exploitation de ces employés anonymes qui travaillent dans les rayons de grandes enseignes et auxquels on laisse entrevoir pour le futur un avenir radieux, mais qui restent malheureusement coincé dans un présent statique et impersonnel.
Une intro arpégée, une voix résignée et éthérée, appuient ce mantra maléfique, « Rock’n’roll lies », nos rêves d’adolescents ne sont que de la poudre aux yeux, nos « Rocks Stars » d’antan qui nous ont tant fait rêver ne seraient en fait que de « fausses idoles » ! Kevin l’affirme, lui qui a côtoyé ce milieu du « showbiz », cette pseudo liberté n’est qu’autodestruction et égocentrisme … Ce dernier titre vient conclure de manière magistrale ce premier opus de DRAMA KING.
« Mud & Concrete » est une plongée en apnée dans les profondeurs sombres de notre époque, une chronique de cette vie tourmentée, huit tableaux intimes et personnels, pour au final, un album sombre et mélancolique qui ne peut pas vous laisser indifférent et dont vous ne ressortirez pas indemne !
En ce qui me concerne, « M&C » devient un opus majeur dans ma discothèque, une balise temporelle, le témoin d’un début de mois d’avril 2025 funeste, où j’ai perdu un être cher, un pansement miraculeux sur mes blessures, un talisman poétique pour l’avenir, une béquille sonore pour mes vieux jours. Merci m’sieur Kevin pour cette œuvre magnifique !
Kevin a également bien voulu me fournir quelques informations sur l’élaboration de cet album, et je l’en remercie :
[Concernant la prise de son, tous les instruments ont été enregistrés au Studio SOVAJ, dont le cœur est une console analogique SAJE (visible sur les photos) : https://www.facebook.com/studiosovaj/
J'ai fait les prises de voix tout seul dans un gîte isolé dans les monts d'Arrées avec ma carte son RME et un micro Neuman TLM193.
Pour la prise de son :
- Toutes les pistes guitares ont été faites avec ma Fender Jazzmaster qui passait dans un ampli Vox AC30 et une ribambelle de pédales d'effets : Overdrive OCD Fulltone, Reverb Strymon BIg Sky, chorus et disto MXR entre autres.
- En claviers et synthés on a utilisés un Mellotron (nappes violons, chorales et piano), Un Kork Minilogue XD (pour les sons plus modernes et les textures) et un Moog Minotaur (pour les basses synth). Tout ça passait dans le même pedalboard que la guitare.
- Pour la guitare basse j'ai utilisé ma Fender Precision.
- Pour les batteries on a utilisé une Pearl des 60's (visible sur une des photos du studio)].
C'est donc en « vrai groupe de rock » que cet album sera présenté sur scène, outre Kevin, quatre musiciens additionnels seront présents sur la tournée 2025 ! De gauche à droite les Rennais : Nico à la batterie, Ced à la basse (Food Fight, Slim Wild Boar, The Decline), et les Nantaises : Alice à la guitare (Middle Child, Panique, Alice HA) et Marthe aux claviers (Feu !, Brainfreeze). Pour commander la galette c’est ici :
Parce qu'on ne peut pas être et avoir été DUST IN MIND fait son retour dans une formule totalement différente. Par Ahasverus
DUST IN MIND EST DE RETOUR !
Il revient avec une formule totalement nouvelle, lui qui marquait les esprits avec l'énörme « CTRL », son quatrième album.
C'était en 2021, les Strasbourgeois opéraient en quintette.
A la guitare Philippe Miralles, à la basse Xavier Guiot et à la batterie Thomas Marasi. Au chant, la charismatique Jennifer Gervais, qui portait l'image de Dust In Mind. Au chant encore, la tête pensante et cheville ouvrière de la formation, Damien Dausch, guitariste et chanteur, mais aussi principal compositeur, responsable du son et du visuel. Jennifer et Damien étaient deux des fondateurs du groupe.
Avec « CTRL », Dust In Mind frappait remarquablement fort. Non seulement par la qualité et l'originalité de ses compositions (le pont Piaf de « Synapse ») mais aussi par une pochette à la hauteur des grands albums, pour laquelle posait Freaky Hoody, l'homme le plus tatoué de France...
Si Dust In Mind ne pouvait défendre« CTRL » sur scène pour cause de pandémie, il le vendait magnifiquement par une série de clips digne des meilleures formations internationales, tel ce « Synapse », tourné en une heure seulement, qui lui permettait de devenir le premier groupe de l'histoire du Metal à avoir tourné un clip sur la Tour Eiffel !
Autre moment fort qui contribuait à inscrire « CTRL » dans nos mémoires, « Speak For the Voiceless ».
Ce clip voyait le groupe utiliser la langue des signes dans un effet des plus saisissants.
La pandémie eut-elle un effet pervers sur le fonctionnement du groupe ? En août 2023 les routes de Jennifer Gervais et de Dust In Mind se séparaient « après beaucoup de réflexion et d'introspection ». « Pour des raisons personnelles, je tire ma révérence de ce groupe que j'ai fondé il y a dix ans et dans lequel j'ai mis mes tripes, mon temps et tout mon cœur », disait la Strasbourgeoise. Dust In Mind, quant à lui, s'engageait « à aborder ce nouveau chapitre avec un cœur et un esprit ouverts », sollicitant votre compréhension et « votre compassion pendant cette période de transition alors que nous naviguons à travers ces changements ».
Tourmente, tourmente... Pour la suite de l'aventure, Dust In Mind sollicitait Maellie-Jenny Dewailly, qui remplaçait avec courage Jennifer au débotté dans une série de concerts.
Puis Dust In Mind quittait l'écran de nos radars... pour y réapparaître le 11/04/2025 avec un nouveau titre : « My Way » !
Loin de capitaliser sur son passé, Dust In Mind revient sous la forme d'un trio désormais composé de Damien Dausch (chant, guitare), Xavier Guiot (basse) et Thomas Marasi (batterie). L'absence de contrepoint féminin donne aux Strasbourgeois un visage radicalement changé. Ils expliquent :
« My Way marque la renaissance de Dust In Mind. Brut, honnête et indestructible. Plus de compromis. Plus de retenue. Voilà qui nous sommes désormais. Nous avons tout donné pour ce premier pas. Douleur, liberté, vérité : cette chanson parle de choisir sa propre voie, même quand ça fait mal. Il s'agit de lâcher prise, de se relever des décombres et de dire enfin : Je crois qu'il est temps ! »
Côté public, à en juger par les commentaires postés sur Youtube, les réactions sont globalement favorables, tout en rendant hommage à l'ancienne formule. En tous les cas, qu'on aime ou pas Dust In Mind dans sa version trio, il est clair que le groupe ne ment pas : il pratique la musique qu'il aime avec une intégrité maximale.