Cette fin d'année 2021 s'est vue agrémentée d'une nouvelle sortie d'AC22, un projet qui égrène les albums plus qu'un chapelet n'a de grains, sous la houlette de Jean-Lou Kalinowski, batteur de Shakin' Street jusqu'en 2014, multi-instrumentiste et songwriter intarissable (discographie non exhaustive mais déjà bien fournie in fine).
Le nouveau-né se pare d'un nom peu réjouissant mais peut-être dans l'air du temps :
The End of the World (As we know it)
Pour cette nouvelle offrande, Jean-Lou a fait appel à Vitha Sai (Lady Liberty), chanteur très talentueux, doué d'une signature remarquable, qui a contribué à plusieurs albums d'AC22.
« The End of the World (As we know it) » est annoncé comme la conclusion de la formule AC22 - formule qu'on peut résumer à « assez de deux pour faire un album », de la phase d'écriture jusqu'à l'autoproduction - Jean-Lou K ayant décidé d'y mettre le point final. Il a pour cet épilogue confié à Vitha des titres déjà interprétés par Jean-Lou sur ses albums solo ; vous trouverez le détail de l'origine de ces morceaux dans notre rubrique tracklist.
Quelques réflexions, piste par piste :
La patte de Jean-Lou K se reconnaît dès « Red Red Lips », un rock qui sonne comme un air de fête en cette période. Ce titre a quelques inclinaisons orientales.
Un piano donne beaucoup de profondeur au bilan que tire « The End Of The World (As We Know It) ».
Très belle intro sur « Green-Eyed Monster ». Vitha Sai met beaucoup de finesse dans la voix. La polyvalence de Jean-Lou K éclate sur un morceau qui comporte également quelques tonalités orientales et qui rappelle Led Zeppelin lorsque le ton se durcit. Le titre est tiré d'un vers d'Othello : « Gardez-vous de la jalousie ! C'est un monstre aux yeux verts qui nargue la proie dont il se repaît. ». Les paroles sont signées Kalinowski/Shakespeare.
« Send Me A Letter » se fait très intimiste. Vitha multiplie les voix pour un beau rendu sur le final.
« Queen Of The Tights » frappe d'entrée par son contraste, il est plus grave, plus percutant.
« Everybody's Got To Learn Sometime » s'adapte à la thématique générale de l'album. C'est une reprise du groupe Korgis et un succès de l'année 1980.
« I Won't Get Fooled Again » aurait pu être une cover des Who, groupe prisé par Jean-Lou K, mais non : c'est une composition originale signée Kalinowski/ Warren. Elle reprend en gimmick certains lyrics du refrain de la chanson précédente.
« She's Gone » est une ballade mélancolique qui commence par de belles lignes de guitare.
« Beaten Up, Brused and Trashed » est un rock très rythmé, avec une production marquante.
« Disappear », aux paroles funèbres mais au chant lumineux, amène une belle conclusion musicale.
« The End of the World (As we know it) » est un album intime entre ombre et lumière. Un opus sur lequel la thématique sombre de la rupture est brillamment éclairée par la voix de Vitha Sai, compagnon de route d'AC22 rencontré quelque part vers Barbès et qui, depuis « The Trianon Sessions », bout de chemin par bout de chemin, porte les mots de Jean-Lou.
On vantera donc à nouveau le talent foisonnant de compositeur et d'instrumentiste de Jean-Lou K ainsi que sa capacité à s'entourer de chanteurs remarquables - phénoménaux, même - parce qu'en plus des qualités évoquées, Jean-Lou a un goût sur pour repérer les grandes voix.
A découvrir.
Tracklist :
Red Red Lips (version originale sur l'album Unfit)
The End Of The World (As We Know It) (version originale sur l'album Unfit)
Green-Eyed Monster (version originale sur l'album Evil Century)
Send Me A Letter(version originale sur l'album Unfit)
Queen Of The Tights (version originale sur l'album Aspie Inside)
Everybody's Got To Learn Sometime (cover Korgis)
I Won't Get Fooled(version originale sur l'album Unfit)
She's Gone
Beaten Up, Brused and Trashed (version originale sur l'album Go On Ignore Me)
Disappear (version originale sur l'album Go On Ignore Me)
Discographie Jean-Lou Kalinowski :
avec Shakin' Street :
Vampire Rock (1978)
Shakin Street (1980)
Live And Raw (1981)
Live (2004)
21st Century (DVD)
Psychic (2014)
avec AC22 :
The Trianon Sessions (2018)
12 songs inspired by the love of Isabelle de la Chaynée plus 3 other tales (2018)
Chocolate, Love & Vodka (2019)
Monomaniac (Greatest Hits not) (2019)
Till the end of time (EP - 2019)
The Containment Sessions #1 Feat Jos Shepherd (EP - 2020)
Je Connais Une Fille (single - 2021)
A Brand New Day (2021)
Everybody's Got To Learn Sometime (single - 2021)
The End of the World (As we know it) (2021)
sous le nom de Jean Lou K :
The Greta Thunberg song (single - 2019)
Go on ignore me (2019)
Amused to death (2019)
Evil Century (2020)
Shhh ! (2020)
Shhh ! 2 (2021)
Goodbye Bruno (single - 2021)
Aspie inside (2021)
Unfit (2021)
Groupe : Dust In Mind
Album : CTRL (19/11/2021 - darkTunes)
Genre : Métal Moderne, Indus, Death...
Origine : Strasbourg (Fr)
par Dam'Aël
LE GROUPE :
Né en 2013 à Strasbourg, ayant subi quelques changements de line-up comme nombre de formations, Dust In Mind est loin d'avoir gardé ses pieds dans ses schlopps, bien au contraire. C'est semelles de métalleux largement mises à l'épreuve qu'ils ont fait valoir leur musique sur les scènes locales, nationales et même internationales :
~ Première partie pour Machine Head, qui sera le premier concert des Strasbourgeois,
~ Quatorze pays en 2017 en accompagnant Pain dès cette année-là,
~ Ouvrant ensuite pour Jinjer, Arch Enemy, Soilwork, Infecter Rain et quelques autres.
Le combo a déjà à son actif un EP de sept titres "The New Reign" (02/09/2013), une signature en 2015 avec le label allemand Darktunes et est finaliste du Wacken Open Air Battle France, trois albums « Never Look Back » (11 titres, 17/09/2015), « Oblivion » (10 titres 07/04/2017) et « From Ashes To Thunder » (11 titres, 19 Octobre 2018) auxquels s'ajoute un album live « Live At The Opera » ( filmé à huis-clos sous les ors de l’opéra national du Rhin, fin 2019 et diffusé le 03/04/2020). Dust In Mind revient en 2021 avec leur quatrième album « CTRL ».
Qui est Dust In Mind en 2021 ?
Dust In Mind est un quintet :
Damien Dausch à la guitare et au chant, membre originel du groupe, ex- Absurdity, ex-Calciferum, ex-Blindness. C'est aussi lui qui compose l'ensemble des titres, les enregistre, les mixe, les masterise, allant jusqu'à assurer tout le visuel du groupe et de ses albums. Le multi-tâches du groupe pour faire très court.
Jennifer Gervais au chant, second membre de la formation d'origine et son booker, responsable de Tour-Management pour d'autres groupes tels que Soen…
Xavier Guiot à la basse, ex-Blindness
Philippe Miralles à la guitare, ex-Distress
Thomas Marasi à la batterie, Hantaoma, DunkelNacht.
Leur particularité est de savoir allier deux voix distinctes mais très complémentaires qui créent un lead vocal unique, celui de Dust In Mind ; une véritable synergie, une osmose entre la voix masculine éraillée de Damien et la chant féminin de Jennifer, éthéré, délicat voire cristallin sur fond de puissance. Un maillage de voix qui moule le chant identitaire de Dust In Mind...
Les influences du groupe sont à l'unanimité Pain, Korn, Lacuna Coil dont la chanteuse Cristina Scabbia a largement séduite et influencé Jennifer, Hypocrisy et Gojira pour Damien, et bien évidemment Jinjer qui, au niveau visuel, a créé cette tentation chez Dust In Mind, et l'a même amené à signer depuis peu un contrat sous le même management (Go Down Believing Management).
Leur musique a su évoluer sans perdre l'identité Dust In Mind. Passant d'un death mélodique sur plages électro de début d'aventure à un Metal moderne/melting de genres, la formation mélange avec délicatesse Pop, Nu-Metal, à dose homéopathique le Symphonique, dans une casquette de Metal teinté d'Indus mélodique où l'acoustique sait trouver une place : un groupe de metal moderne et groovy à l'énergie folle.
L'ALBUM : CTRL
Prononcer C-T-R-L pour respecter la vision du groupe, ce quatrième opus est un dix titres qui pourrait faire penser à un concept-album mais il ne l'est pas. Ayant puisé ses racines dans le lâcher prise et le No-Limit de chacun des membres, CTRL est instinctif ; comment gérer nos émotions diverses et variées si difficiles à maîtriser ? Refouler ou extérioriser, contrôler ou lâcher-prise? Le sujet princeps de cette galette est lancé.
« Lost Control »
La première piste s'ouvre sur des choeurs qui servent de trame tout au long de ces 4'30 qui traitent de l'exploration de soi, campés sur un son relativement sombre et percutant. Voix masculine granuleuse et féminine éthérée forment une mélodie efficace qui embarque illico presto dans l'univers Metal des Strasbourgeois. Son final calme les esprits avec ses dernières notes douces et aériennes. Cette piste est supportée par un clip sorti le 09/04/2021 faisant intervenir Axel Schoettel et Raphael Beck comme danseurs (« Lovely the Lady ») de la compagnie de danse Les Sœurs de Minuit dirigée par Cécile Adamow , le tout capté au sein des Dominicains de Guebwiller.
« Take Me Away »
Dust In Mind lâche des nappes plus agressives, agressivité que génère le monde de l'intolérance magnifiquement illustré par le clip (09/07/2021) mettant en scène FreakyHoody, le Français le plus tatoué jusqu'au blanc de ses yeux, jusqu'à sa langue et autres... professeur des écoles, confirmant la citation "l'habit ne fait pas le moine". Les orchestrations sont très électro, épiques, les refrains mélodiques et très accrocheurs, mettant très habilement en harmonie le duo des vocalistes. Un véritable Metal armé sur chape de plomb. C'est lors de la réalisation du clip tourné à Soultz-sous-forêts, qu'est venu l'idée au groupe d'utiliser une des photos de Freaky prises lors de ce tournage pour la réalisation de l'artwork de « CTRL ».
« Empty »
Seul titre que Damien a écrit sans doute bien épuisé et vidé par tout le travail que représente un tel album, sachant que c'est lui qui assure la totalité de la production dans son propre studio Psyrus Studio, n'hésitant pas à mouiller sa finette pour assurer l'Artwork ainsi que l'ensemble des clip-video. A contrario des autres morceaux de l'album, Damien intervient sur les refrains de « Empty », cassant ainsi une certaine régularité qui tend à laisser ces parties à Jennifer. Son chant clair est particulièrement excellent, nuancé et puissant s'articulant avec subtilité sur celui de la vocaliste. « Empty », un univers sonore exlosif chargé de nuances électriques.
« Synapses »
Culot, ambition et ténacité pourraient être les maîtres-mots pour ce clip tourné sur la Tour Eiffel en soixante minutes montre en main, comprenant montage du matériel, tournage, démontage et escalade des escaliers dans un sens et dévalés dans l'autre ! Ce seront au total quinze minutes de one-shot qui nourriront les images de ce clip, captées sur le monument le plus représentatif de la France. Mais pourquoi la Tour eiffel ? DUST IN MIND désirait mettre en évidence ses racines françaises jusqu'alors plutôt étouffées pour diverses raisons. C'est plutôt réussi ! et le clou du spectacle, c'est cette transition très surprenante, imprévisible qui cale quelques notes de « Padam, Padam » (chanté par Edith Piaf en 1951), paroles revisitées par la formation :
« Padam Padam Padam
Cessera de bruler en moi
Ce grand frisson s’estompera
Padam Padam Padam
Serrant mes entrailles de ses chaines
Pourvu que je m’en souvienne
Que je m’en souvienne. »
Un titre très dansant construit sur une rythmique ternaire qui entraine l'auditeur(trice) dans une valse. Une French Touch qui vient couronner « Synapses », se connectant sans concession aux racines Bleu/Blanc/Rouge, jusqu'alors quasiment ignorées de leur public, de ce quintet qui ne renie nullement le port du béret, baguette sous le bras et fromages dans l'assiette.
« Freefall »
Après toutes ces émotions, émotions qui transpirent sur l'ensemble des sillons de cet opus, nous pouvons reprendre notre souffle avec cette transition plus douce, sorte d'air de repos, espace où l'acoustique s'invite, laissant une place plus grande aux subtilités vocales et à leur affectivité. On note dans le chant de Jen des notes très hautes, beaucoup plus hautes que celles des précédents albums, une volonté pour Jennifer de sortir de sa zone de confort, y compris pour Damien qui adopte un chant clair parfaitement maîtrisé même dans les aigus, une superbe envolée vocale inversement proportionnée à une chute libre et à l'instar de « Like an eagle I need to fly, The hurt inside I let it die, Kissing the sky... »
« W.G.A.C.A. »
Le grand air a redonné une énergie dingue au combo qui repart de plus belle avec ce tonitruant « W.G.A.C.A. », un Speed metal teinté de Pop qui nous engloutit dans sa spirale musicale à couper le souffle tout comme la production en coupe sporadiquement le son. Damien nous livre une voix plus testostéronée sur ce rythme effréné.
« Break »
Les influences du quintet émergent avec force sur « Break », principalement par l'interprétation vocale masculine plus rugueuse et très virile, sans pour autant enfermer son interprète de façon KORNélienne dans ses références, échappant ainsi au « I’m locked up in a cage ». Le granuleux Metal du titre est quelque peu adoucit par les teintes orientales insérées ici et là, appuyées par quelques vocalises de Jennifer. P***, ils sont bons ces Français. F*** peut aller se rhabiller (clin d'oeil au texte).
« The White Page »
Terrible d'être dans une telle situation, Weisch ! Le trou noir, Weisch ! La page blanche, Weisch ! Le crayon dans la main, les mots ne viennent pas, Weisch ! C'est ce qui est arrivé à la chanteuse de Dust In Mind en cours d'écriture : une paralysie totale, un manque d'inspiration... Philippe l'écoute, la comprend et ressent ce terrible sentiment qui fait naître en lui les lyrics que Jennifer ne trouve plus. Cette chipie de page blanche se nappe de plages électro et colore ce format A4 jusqu'ici bien dénudé, donnant aussi le ton au chant de Jennifer. Je ne sais pas si la formation a prévu un video-clip pour ce titre mais, personnellement j'aimerais voir jusqu'où vont imagination et capacité créative du quintet.
« Speak For The Voiceless »
Ce sont des guitares très lourdes et saturées qui nous laissent sans voix dans ce morceau, la basse vrombissante opère en connivence avec ses compères de la six voire sept cordes, la batterie martelant sur les mêmes accents de cette rythmique décapante remplie de noirceur ; aucun doute la musique sait exprimer ce que certains ne savent pas dévoiler par pudeur, self-control ou formatage... A noter le duo Damien/Jennifer, mais aussi celui réalisé par Jennifer, en écho qui enrichit la construction de « Speak For The Voiceless ».
« No Way Out »
Cette dernière piste offre un songwriting particulièrement travaillé enfonçant le clou de sa dynamique et de celle, récurrente, de l'album. « No Way Out » voit son clip prendre pour décor l’ancienne base de sous-marins de Keroman à Lorient et dans ses environs bretons.
NOTRE AVIS :
Nul ne mettra en doute cette fulgurante ascension dont a fait preuve Dust In Mind, non pas celle de la Tour Eiffe ! M' enfin! si quand même ! Quel exploit ! Oui! Je confirme... je voulais surtout mettre en évidence leur ascension depuis leurs huit années d'existence avec une réelle maturité acquise au fil de leurs expériences et affinée pendant cette période si particulière qui a reformaté le quotidien de tous et bien entendu le leur depuis près de deux ans. Et ils en ont tiré du positif car la formation a quasiment vécu en famille, ce qui lui a permis d'être hyper réactive à toutes suggestions, idées, expérimentations de chacun de ses cinq membres.
Le résultat en est « CTRL», un véritable travail d'équipe, un album cohérent, inspiré, parfaitement exécuté tant au niveau musical qu'au niveau vocal. Une vraie synergie qui crée une véritable magie. Un tir groupé de groove énervé et de maîtrise classieuse. Malgré les sujets sombres abordés tout au long de ce dix pistes, le chant, duo masculin/féminin éraillé, growlé, éthéré habilement nuancé, synergique et complémentaire, qui ne fait qu'Un, sait rester très mélodique. l'instrumental offre une section rythmique nerveuse, des guitares puissantes et tranchantes et met en évidence une technique certaine, de l'inspiration, de la variation, de l'énergie qui capte sans jamais lâcher l'auditeur. Une orientation plus professionnelle en ressort avec force sur cette toute dernière réalisation couplée d'une énergie de passionnés.
Dust In Mind se taille une jolie pierre angulaire dans le monde du Metal moderne indus multi-facettes, que les Strasbourgeois offrent dans l'écrin de ce quatrième album « CTRL».
On peut remettre en avant le travail considérable qu'a effectué Damien, à l'origine des compositions, et qui outre son intervention au chant et à la guitare, assure tout le côté technique du son et des visuels ; cette production puissante et moderne et l'ensemble des vidéo-clips sont d'une qualité très soignée et irréprochable. Cependant Dust In Mind reste un travail de groupe où chacun joue un rôle précis et ciblé dont la résultante est une action d'ensemble qui mène à un résultat global très efficace.
Un DIY Made in France à rendre le monde Metal international jaloux. Cocorico !
Pour preuve, Dust In Mind obtient sa première tournée européenne en headline qui aura lieu en mars 2022.