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IN UTEROCK - Emma Cordenod / Aurélien Maillet (2016)

Le 16/10/2023

La frontwoman de 111 brosse le portrait de douze femmes du rock.

In uterock emma cordenod

IN UTEROCK
Emma Cordenod / Aurélien Maillet - 2016 - Ed. Bergame


Emma Cordenod n'est pas seulement la chanteuse/bassiste/ frontwoman de 111, figure incontournable du rock lyonnais. Emma est également une militante qui met sa plume et son talent au service de ses engagements.
En 2016, elle s'associait au photographe Aurélien Maillet pour publier IN UTEROCK, un opuscule d'une quarantaine de pages qui donne la parole aux femmes de la musique underground, pop,  rock, électro, qu'importe... 
L'écriture d'Emma a un côté trash/poétique à la Virginie Despentes. Ca ne vous surprendra pas si vous l'avez suivie un tant soit peu. Emma sait aussi écouter. Elle capte les propos d'une douzaine d'artistes dont elle dresse une courte bio, entre velours et vitriol.
Morceaux choisis parmi d'autres : 
« Marie parle. Beaucoup. Elle parle de ses rencontres humaines et artistiques. Les deux semblent indissociables. Elle parle des gens qui la touchent. Elle parle de son voyage en Inde. »
« Le Rock, j'y suis venue par la merde... Et puis j'ai écouté les vieux vinyles de mon père. »
L'écriture rock d'Emma est en bonne compagnie : Aurélien Maillet a réalisé des photos en noir et blanc judicieusement tâchées de rouge et d'une rare qualité. Un travail photographique d'orfèvre qui sublime ses modèles. On comprend que ces deux-là se soient associés.
En résumé, voilà : IN UTEROCK est un tout petit bouquin à tout petit prix sur les états d'âme du rock au féminin.

 

HIKIKO MORI : "Humeurs Noires et Lettres Mortes" (Recueil - Perav' Prod, 2021)

Le 06/07/2021

« Piètre peintre, dessinatrice dégueulasse, plumitive à poil(s), folle aux chats professionnelle. »
C'est ainsi qu'
Hikiko Mori griboulle sa quatrième de couverture.

Hikiko 1Elle aimerait qu'on la croit, elle qui parfois se raconte mais qui jamais ne se la raconte, et qui ne voudrait surtout pas qu'on pense qu'elle puisse poêter plus haut que son cul.
« Être artiste ce n'est pas si facile, avoir quelque chose à dire c'est précieux, elle cartonne dans ce registre  », rectifie en préface Grolivier Paulin, des éditions Perav' Prod.

Hikiko Mori, prêtresse des Bad Tripes, peinturlureuse à ses heures, flot ininterrompu de création underground, revient avec un recueil de textes et dessins. Elle écrit aussi cru qu'elle dessine, aussi fort qu'elle chante, en prose ou en vers, et l'on ne sait jamais si c'est de l'art ou du cochon.

« Par moments, je me dis que si j'écoute avec autant de ferveur les émissions de faits divers glauquasses, regarde autant de true-crimes et lit autant de récits épouvantables, fictifs ou non, c'est pour me convaincre que ma famille n'est pas si à chier que ça », lâche-t-elle.

« La Vie La Pute », « Napalm Pour Tous », « La Veuve Poignet ». Barrée et baroque, Hikiko Mori enchaîne les outrances comme on pique des aiguilles dans une poupée de chiffon.

Le recueil est épuisé. Une réédition est à l'étude. Un seul conseil : réservez !

Bad tripes couvertHikiko Mori dans BAD TRIPES - cover de l'album Splendeurs et Viscères (2013)


« Humeurs noires et lettres mortes », drecueil de textes et de dessins, 76 pages en noir et blanc, 21 x15 cm.
Préface d'Olivier Paulin. Éditions Pérav Prod.

CHRIS CAPRIN - "My Way..." (récit - 2020)

Le 10/09/2020

Le batteur de Heavy Duty dans un récit autobiographique adressé à sa fille.
 
Testeur, Journaliste, photographe pour des magazines de Metal, de moto-cross ou de VTT, batteur de Sweet Lips puis de Heavy Duty, Chris Caprin a vécu plusieurs vies en même temps, toutes guidées par ses passions.
Le voici lancé dans un récit autobiographique adressé à sa fille, un livre intimiste et lucide qui prend sa source au début du vingtième siècle avec ses grands-parents, pour se refermer en 2016 sur la page Heavy Duty.

 Un récit très digeste : véritable couteau suisse, Chris Caprin écrit aussi efficacement qu'il martelait les fûts des regrettés Heavy Duty (écoutez leur discographie : https://open.spotify.com/artist/6MVGFcyv5mkNxQ9NA5m5Jy). Madeleine de Proust, il ranime le Vélosolex, le service militaire, et mille choses vécues qui viennent se rappeler à votre bon souvenir.Affichant un penchant pour une certaine forme de misanthropie, il s'excuse, mais assume tout. Son ton reste nuancé, excellant à se faire comprendre à demi-mots, rappelant qu' à cinquante ans, "on commence à avoir du mal à distinguer les lettres de près, mais en revanche, les cons, on les voit arriver de loin !"Très fluide, la lecture de "My Way" ne prendra pas plus d'une après-midi, tandis qu'on aurait aimé que Chris nous montre encore un layon ici ou là sur un parcours où le bruit des motos le dispute à celui des guitares.L'ouvrage de deux-cent quatre-vingt pages est agrémenté d'un livret photos. Il est disponible pour vingt euros port compris auprès de son auteur.

Caprin my way
 

SAAD JONES, Violent Instinct (Roman - 2017)

Le 20/02/2019

Pas grand chose n'échappe à l'auteur : les fans, les musiciens, l'animateur radio ou le fanzine bourré de fautes d'orthographe.
Saad jones violent instinct
VIOLENT INSTINCT est un roman de Saad Jones sorti en 2017. Il s'intéresse à l'univers du Métal en général, et aux tribulations d'une formation Death en particulier.

Le groupe touchera la gloire du doigt, moment que choisira son chanteur Tilio pour partir en vrille et s'interroger sur la profondeur de ses textes Death-Metalleux.
Pas grand chose n'échappe à l'auteur : les fans, les musiciens, l'animateur radio ou le fanzine bourré de fautes d'orthographe s'animent sous nos yeux amusés.

ue ceux que le Metal extrême rebute se rassurent : on n'est pas spécialement dans cet univers, on croise d'ailleurs au festival HeavyDays de Goodrington Castle un énorme groupe nommé White Iron qui devrait fédérer tout le monde...
Passé cette première impression qui vous a collé le sourire aux lèvres comme Wayne's Wolrd en son temps, on est vite pris par la trame du roman. Il y a une véritable histoire dans laquelle Saad Jones parvient à vous embarquer en deux-cent cinquante pages.
Ecrit en 2017, Violent Instinct, va bien au-delà de la private-joke entre initiés, et les exemplaires restants méritent d'échapper au pilon ! Il vous réjouira dans la bibliothèque du salon.

Nicolas Walzer - Anthropologie du Métal extrême (2007)

Le 26/03/2018

Cet essai changera l' amateur du genre des anthologies plates, des études clichesques.

Après avoir rappelé les débuts violents de la scène extrême, Nicolas Walzer, spécialisé dans ce style musical et dans le satanisme, s'attelle aux particularités du public français. Il interroge des membres de formations (Your Shapeless Beauty, The Old Dead Tree, Anorexia Nervosa, etc), ainsi que d'autres acteurs, managers, responsables de labels, chroniqueurs de radio ou de webzines.
Le sociologue développe son analyse sur 400 pages agrémentées de quelques photos en noir et blanc. Si la qualité des photos est moyenne, l'essai est, quant à lui, tout à fait intéressant, malgré un panel de contributeurs très réduit. 
S'interrogeant sur l'éthique, l'évolution des musiciens, les rapports à l'argent, la notoriété, les dérives norvégiennes ou le satanisme, Nicolas Walzer débusque et analyse les réactions et les comportements des personnes interrogées. Il les compare enfin à celles de l'adepte d'autres cultures musicales. 
On sent dans cet essai que l'auteur évolue en terrain connu et qu'il est encarté au parti métallique. Son analyse n'en est pas moins intéressante quand elle pointe du doigt les paradoxes de notre subculture. Ses observations sur les mécanismes de ce courant musical ouvrent parfois la porte à des réflexions plus vastes sur les groupes humains.
Le sympathisant Walzer nous ouvre les yeux sur un échantillon social déterminé, et finalement très conformiste dans sa marginalité. Il offre une analyse intéressante des codes et des intentions. Son essai changera l' amateur du genre des anthologies plates, des études clichesques ou de certaines  biographies écrites avec les pieds qu'on trouve souvent dans les librairies au rayon musique. Le non-initié trouvera quant à lui un portrait du métalleux (extrême ou pas, même combat !) cohérent et éloigné des clichés grotesques trop souvent répandus par certains médias qui ne veulent pas distinguer les vessies des lanternes et font croire au grand public qu'une culture musicale marginale est une armée révolutionnaire en marche, malgré que Mick Jagger nous l'ait expliqué en 1974 : it's only rock'n roll ! 

Anthropologie du metal extreme