NO TERROR IN THE BANG : Le nouveau Big Bang ?

Le 27/03/2021

« Si nous pouvons vous faire un peu rêver avec ce disque, alors la première partie de notre objectif sera atteinte. »

Avec "Eclosion", un premier album atypique et beau, No terror in the bang rejoint Les Dogs, La Maison Tellier ou  MMNQNS parmi les groupes capables de porter haut les couleurs de  la scène rouennaise.
Nous avons eu le plaisir de faire plus ample connaissance avec ces musiciens au niveau extrêmement relevé, issus de milieux différents et réunis dans une formation qui brasse les influences et les styles pour en faire une recette originale à dominante métal. Voici leur interview et, parce qu'on aime l'album, nous sommes même allés chercher les explications de la photographe Louise Dumont, qui a réalisé l'artwork.
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"Ce ne sont pas les films les plus « explicites » qui sont les plus effrayants ! Il nous a semblé qu’on pouvait faire la même chose en musique : faire du contraste, et ne pas tout montrer ou faire entendre d’un coup."


Bonjour No Terror In The Bang. Jazz/hip-hop pour votre chanteuse, César de la meilleure musique de film pour votre pianiste...  C'est très inhabituel de lire ça dans la bio d'un groupe de métal. Comment vous êtes-vous trouvés réunis ?
Alexis Damien (composition, batterie et orchestration) :
Bonjour ! C’est vrai tu trouves ? Pas tant que ça en fait ! Les métalleux ont parfois d’autres pratiques : je lisais ce matin dans New Noise que Stéphane Buriez de Loudblast avait joué dans les Tambours du Bronx par exemple… Comme quoi… Personnellement j’aime la musique au sens large, et encore plus largement l’art, qu’il soit graphique, cinématographique, chorégraphique, ou je ne sais quoi…Le metal, j’en écoute depuis mes trois ans… Et ça reste inscrit à jamais dans mes veines… C’est une musique impérissable, énergique, sombre, violente, dont on a tellement besoin !
Sofia a des gouts variés, mais elle démontre une grande sincérité envers les musiques sombres, métal, dérangeantes… Elle est totalement libre, comme un poisson dans l’eau, dans ce projet.
Romain est un vieux compagnon de route, nous avons joué dans un groupe quelques années et fait de nombreux concerts ensemble. Il avait de plus fait des apparitions sur les albums de Pin-Up Went Down, mon projet « avant-garde metal ». Nous avons de nombreux points communs : appétence pour le cinéma, quelques héros, dont Devin Townsend.
Les autres membres du groupe font aussi partie de la scène rouennaise, qui est, croyez-moi, une ville foisonnante de talents.

No Terror In The BangNo Terror In The Bang tire son nom d'une citation d'Alfred Hitchcock. Elle semblait appropriée à votre musique ?
Alexis Damien : J’adore ce nom ! C’est tiré de la citation « there is no terror in the bang only in the anticipation of it », qui a le mérite d’être claire : ce ne sont pas les films les plus « explicites » qui sont les plus effrayants ! Il nous a semblé qu’on pouvait faire la même chose en musique : faire du contraste, et ne pas tout montrer ou faire entendre d’un coup.

Tu qualifiais, dans une interview, votre album de "urbain et cinématographique".  J'ai trouvé que c’était une bonne description.
Alexis Damien :
Cinématographique – car on essaie de raconter des histoires. Nous avons essayé de transporter l’auditeur dans différents mondes. Des rêves, comme des cauchemars. Des moments de doute ou héroïques. On passe par différents couples d’émotions opposés : colère – joie, frénésie – contemplation, douceur – dureté, folie – lucidité, noirceur – éclairage, etc…
Urbain, oui, car le chant est très actuel. Sofia a de par son âge une façon de chanter qui renouvelle le style, elle ne copie pas les références féminines du genre. Elle apporte un côté « bad guy » et malgré tout féminin, qui me semble-t-il est assez moderne.


"La composition en groupe me laisse sceptique, cela amène des compromis souvent mauvais en musique. Il vaut mieux parfois aller au bout d’une vision personnelle et s’y tenir."


Qui a signé les compositions présentes sur "Eclosion" et vers quel univers vouliez-vous tendre ?
Alexis Damien :
c’est majoritairement un travail Alexis-Sofia : j’ai composé une grande partie des musiques, avec quelques améliorations de Romain et Etienne ; Sofia a écrit toutes ses mélodies de chant et ses textes. En général, nous partons de démos qu’elle « amende » sur les structures, sur quelques détails, et elle pose son chant dessus. Il est tout à fait possible que les membres du groupe prennent plus de place dans le futur !
Pour donner un peu d’intérêt à cette réponse, je pourrais expliquer que composer est un difficile travail d’introspection. Cela peut devenir un enfer si on ne sait pas où on va, en termes de son, de forme, etc. La composition en groupe me laisse sceptique, cela amène des compromis souvent mauvais en musique. Il vaut mieux parfois aller au bout d’une vision personnelle et s’y tenir. Ceci dit, tout est possible, mais dans tous les très grands groupes que j’admire, il y a souvent un duo ou trio de compositeurs : Halford/Tipton/Downing, ou Yorke/Greenwood, ça a fait ses preuves, vous voyez ?

L'album suit-il un fil conducteur et quelles sont les thématiques abordées par vos textes ?
Sofia Bortoluzzi (chant, composition) :
Les thématiques abordées dans les textes sont assez personnelles. Je me mets souvent à la place d'un personnage qui évolue dans différents univers... Et je retransmets mes émotions à travers la musique. J'utilise beaucoup de métaphores afin que l'auditeur puisse s'identifier à sa manière aux paroles et aux sentiments qui en ressortent. Le fil conducteur de l'album est basé sur un personnage sain, dans le doute, à la recherche de sa vraie personne et qui emprunte une voie le faisant tomber dans la dépravation, un univers mystérieux et sombre.

J'aime l'artwork de "Eclosion", son image, son graphisme. Il symbolise la naissance du groupe ?
Alexis Damien :
La photographie de la pochette a été réalisée par Louise Dumont, une artiste au travail très tourmenté. On peut y voir plein de choses, ne vous gênez surtout pas ! Pour ma part j’y vois une introspection. Un œuf. Un peu de souffrance, et beaucoup de féminité. Cela collait complètement aux textes métaphysiques, froids et tourmentés de Sofia – et bizarrement à la naissance de notre groupe. Les nuances de bleu sont effectivement très belles, non ?
Louise Dumont (auteure de l'artwork) : C’est un autoportrait - pratique que j’exerce depuis une dizaine d’années - ou plutôt un autoportraits qui date de 2016 (?), quand ma chevelure était longue et bleutée, avec mon ami de l’époque. Nos corps, lui assez squelettique et mordoré, le mien plus en rondeur et blanc, s’entremêlent à la prise de vue, la fusion de nos enveloppes charnelles / âmes (?) est accentuée encore en post-production pour tendre à une image plus abstraite. Avec l’idée de l’œuf, symbole de vie, et par la forme ovale qui suggère l'infini, et la symbolique de la couleur bleue avec l’immortalité, je pense que c’est l'une de mes images qui touche plus au « spirituel/absolu/sublime/éthéré » que corporel. Je suis ravie qu’elle fasse la pochette de No Terror in the bang, car la musique n’est-elle pas le domaine le plus immatériel et universel ?

Ntitb eclosion cd

Le chant de Sofia se remarque au sein d'une scène métal où le growl et le chant lyrique créent des embouteillages. J'ai aussi été impressionné par la maturité de sa voix au regard de son âge.
Alexis Damien :
C’est vrai que depuis un certain temps, la mode est à la chanteuse à la voix de démon… C’est souvent sympa, parfois un peu drôle – mais au moins ça prouve que les métalleux ne sont pas des vieux machos coincés et misogynes. Les deux sexes sont à égalité et on accepte tout. Donc c’est bien !
J’ai un peu plus de mal avec les voix lyriques qui sonnent finalement assez impersonnel à mon goût. Sofia propose en effet autre chose.

Elle sait aussi envoyer des lignes de chant très agressives (dans "Insight" par exemple). A-t-elle dû travailler spécialement sa technique pour "Eclosion" ?
Sofia Bortoluzzi :
Ahaha ! Mon travail technique est en renouvellement perpétuel. Mais il y a un an à peine, j'étais incapable de screamer ! Ça a vraiment été un acharnement quotidien avant d'y arriver et je suis heureuse d'avoir pu orner notre album de chant saturé.  Donc oui, ça a été un facteur dans mon apprentissage et dans mon processus de création.


Alexis Damien : Pour l’anecdote, un jour elle m’envoie toute timide un essai de reprise de Jinjer, et ça le faisait carrément ! Quand on a une bonne technique de chant clair, on peut alors se mettre rapidement au saturé. L’inverse fonctionne plus rarement.

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Vous avez tous un beau parcours. Compter dans vos rangs un compositeur césarisé donne-t-il une forme de crédibilité "outre-métal" ?
Romain Greffe (claviers) :
Je ne pense pas que cela donne une crédibilité supplémentaire.
La crédibilité vient de la qualité des compositions et des musiciens qui les interprètent. Et la qualité d'un travail ne résulte pas d'un titre ou d'une récompense obtenue par le passé, mais bien de sa construction, de son essence, de son âme, de son énergie '' présente ''.
Je crois que la sphère métal est déjà reconnue en dehors de son sein, par des groupes qui ont su la rendre populaire, au sens premier du terme. Des groupes comme Metallica par exemple.
D'autres musiciens ont su s'affranchir des cases, comme Trent Reznor, qui a justement travaillé pour des musiques de films. Après, que la musique soit appréciée, c'est autre chose ! Au mieux, cela peut engendrer une curiosité, ce qui est toujours bon à prendre !
Mais je crois que la crédibilité reste liée aux qualités du groupe : ses compositions, et ceux qui l'animent.


Quelles sont vos ambitions avec No Terror In The Bang ?
Alexis Damien :
Nous partons de zéro. Il s’agit pour nous de nous faire découvrir et apprécier par le public avec ce premier album. Nous nous préparons à jouer en live, l’objectif c’est de jouer dans les festivals spécialisés.
Ambition est un mot compliqué. Si nous pouvons vous faire un peu rêver avec ce disque, vous envoyer dans un monde auquel vous n’auriez pas pensé, comme dans une aventure ludique et addictive, alors la première partie de notre objectif sera atteinte. Pour le reste, nous restons humbles et lucides, on verra bien.


Merci, No Terror In The Bang, d'avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Alexis Damien :
c’est nous qui te remercions, ainsi que tous tes lecteurs. Merci de votre soutien. Notre album est sorti le cinq mars – un clip en avril. Rendez-vous sur notre site www.noterrorinthebang.com.


Les critiques en disent :

  • "No Terror In The Bang est LE groupe à suivre tant la créativité et la qualité des titres qui composent Eclosion est au rendez-vous et leur personnalité forte."
    https://amongtheliving.fr
  • "Une diversité de genres qui fait de ces grands écarts permanents, parfois au sein du même morceau, des instants riches et inattendus."
    https://skriber.fr
  • "Eclosion est un livre musical qui évolue tout au long de sa narration allant du plus doux, calme, ensoleillé au plus rugueux, agressif, sombre, en passant par tous les états émotionnels possibles qui donnent la vibration à cet opus transgenre."
    http://www.ahasverus.fr
  • "Cet album est fait pour vous frapper, fort. Et il le fait avec beaucoup de passion."
    https://theprogspace.com


Line-Up :

  • Alexis Damien (batterie) a fait partie de plusieurs groupes de la scène metal : Pin-up went down, Carnival in coal (en live), Void Paradigm, Wormfood, Superscream. Il est aussi compositeur pour la musique à l'image, et a joué du jazz pendant de nombreuses années dans la région rouennaise.
  • Sofia Bortoluzzi (chant), joue dans un projet Hip-Hop-Jazz, au sein du collectif rouennais La Charbonnerie.
  • Romain Greffe (claviers) a composé la musique de "Au fond d'un trou vivait un hobbit", lecture musicale créée avec Olivier Saladin. Il a sorti plusieurs albums avec son ex-groupe Joad. Il a co-remporté le césar de la meilleure musique de film en 2019 pour "Guy" d'Alex Lutz.
  • Brice Bouchard (basse) a joué dans un groupe de Rock rouennais "No Records", il joue régulièrement en orchestre classique.
  • Etienne Cochin (guitare) joue dans un groupe Electro-rock 80's revival : Aelesya.
  • Clément Bernard (guitare) a joué dans plusieurs groupes normands de Rock et Blues comme Mbb crew, Sto ko we, CGM et le Red Moon Orchestra...

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