HOT HELL ROOM (Heavy Rock) : L'interview

Le 19/10/2022

Après les très réussis “Kali Yuga Bonfire” et “Architect of Chaos”, la voix de baryton des Heavy-Rockers d’Hot Hell RooM s'impose à l'année 2020 avec un troisième album.
Loïc Malassagne et Alan Raoul, respectivement chanteur/guitariste et bassiste de la formation parisienne, ont bien voulu revenir sur leur discographie et nous en dire plus sur la génèse de ce nouvel opus au titre d'actualité : "Stasis".

(interview réalisée pour Hard French Metal le 7/03/2020)
 
       

Bonjour Hot Hell Room. Avant d'aborder votre nouvel opus j'aimerais revisiter votre discographie. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre premier LP “Kali Yuga Bonfire” (2013) ?
Loïc (Chant/Guitare) :
Salut. Quand on revient dans le temps sur son propre travail artistique, il y a toujours des choses qu’on ferait différemment. Mais il faut apprendre de cela et aussi respecter le fait que c’est le ressenti du moment, avec ses qualités et défauts. Et encore, cela reste subjectif sur certains points, alors bon... Je pense que certains titres auraient mérité plus d’attention, mais ça c’était la situation du moment, donc on ne peut rien faire. D’autant plus que les recherches de Nikola Tesla sur la machine à remonter le temps n’ont pas abouti ! (Rires)
Artistiquement parlant et globalement on est quand même assez contents du résultat et on a toujours le plaisir de jouer certains de ces titres en concert, c’est cela le principal !
Alan (Basse) : Salut. “Kali Yuga Bonfire” est l’aboutissement de plusieurs années de travail et la suite réarrangée de certaines compositions de notre première démo parue en 2010. A l’époque le groupe évoluait sous forme la forme d’un Power-Trio composé de Loïc, Ludo et moi. Pour ma part, je pense que c’est par cet album que les hostilités ont vraiment commencé. Je reste assez fier de cet opus même s’il n’a pas beaucoup été médiatisé. Et comme le dit Loïc, je pense aussi que certaines choses auraient pu être faites de manière différente à l’époque. Ceci dit il reste notre premier album, je l’affectionne toujours autant. Il y a pas mal de titres que nous jouons encore avec plaisir en concert, comme “Humanity Will Never Change” (qui est aussi notre premier clip), “World Of Kali", "Hell City”… et parfois d’autres morceaux qui réapparaissent au gré des envies... Ce fut une belle première expérience avec ce line-up !
Architect of Chaos (2016) ?
Loïc :
Déjà Le line-up est différent. Sur le premier on était en trio et sur ce second album il y a deux nouveaux membres à la guitare, deux nouvelles sensibilités apportant des choses différentes à la composition de l’album qu’on avait «démocratiquement» répartie. On a eu de bons retours sur cet opus, avec les premiers articles à l’étranger du groupe et aussi grâce au travail d’Elodie de Ellie Promotion sur la France, ainsi que de ceux qui ont bien voulu parler de nous ! (Rires)
Alan :Architect of Chaos” est je pense une autre forme d’aboutissement en matière de composition. Il est plus mature, plus sombre, plus varié, et encore plus travaillé au niveau du songwriting que “Kali yuga”. L’arrivée de Shazybob et de Seb a permis d’étoffer la mise en forme globale des titres de cet album.
Quatre ans après Architect of Chaos, votre nouvel opus, “Stasis”, vient de sortir. De quand datent les compositions ?
Alan :
Excepté le titre “Fatality”, qui datait des sessions de l’album précédent, nous avons commencé à travailler sur “Stasis” à la fin de l’été 2016. Les deux premières compositions à avoir été étudiées en répétition à l’époque sont “Human Game” et “Stasis”. La plupart des autres morceaux ont été écrits entre la fin de cette année-là et le mois d’avril 2017. De mémoire c’est à cette période que nous sommes allés au Roots Note studio pour enregistrer les parties de batterie. Comme pour nos deux précédentes réalisations nous enregistrons les batteries au Roots Notes Studio avant d’aller au Hybreed Studios pour finaliser le reste : Instrumentations, Voix, Mixes, etc.

 

Un mot sur l'artwork ?
Alan :
C’est Rui Abel Rodrigues, un ami de longue date, qui a réalisé l’artwork de “Stasis”. Il nous a fait une proposition de cover qui collait tout à fait avec le thème et les ambiances relatés sur ce nouveau disque.

 

Ce nouvel album s'appelle donc “Stasis”. C'est un titre inspiré par la situation politique de la France ?
Loïc : Le morceau « Stasis » qui donne aussi le nom à l’album traite de la situation de L’Europe donc aussi de la France… Ce texte date de plusieurs années maintenant, et comme c’est dans le cadre d’une chanson on ne peut pas faire de grandes analyses ou constats. Mais certaines phrases et mots en disent beaucoup et peuvent avoir aussi plusieurs lectures selon sa sensibilité… Ce qui est plus intéressant à mon avis, car cela restera toujours un avis parmi tant d’autres, même si certaines choses sont bien actées et visibles aux yeux de tous, (quoique des fois les évidences…).

HOT HELL ROOM - Stasis (2020)
Les titres qui figurent sur Stasis ne semblent pas avoir été enregistrés par le line-up actuel. Pourquoi avoir attendu 2020 pour sortir l'album ?
Alan : Ce n’est pas vraiment la réalisation du disque qui nous a pris le plus de temps, mais toute la partie démarchage de l’album qui a été la plus longue Ca a duré plusieurs mois pour trouver une distribution correcte, et on a parfois besoin d’un peu d’aide pour y arriver. C’est grâce à l’appui de Gilson et de l’équipe d’Imperative Music que nous sommes arrivés à nos fins pour trouver un label et pouvoir sortir ce disque. Cet album a été enregistré par les mêmes membres que pour “Architect Of Chaos”, mais à la fin de l’enregistrement, Ludo (Batterie) et Sébastien (Guitare) ont décidé de quitter le groupe pour des raisons personnelles. Il y a aucune animosité entre nous, on est toujours de bons potes ! Alexis (Batteur d’ Hatred DUSK et ex-Overtone) est arrivé dans le groupe à la fin de l’année 2018. C’est par l’intermédiaire d’un ami, «Nico», qui joue aussi dans Hatred Dusk comme guitariste - le monde est vraiment petit (Rires) - que nous avons été mis en relation. Alexis joue avec nous maintenant depuis bientôt un an et demi. Hot Hell RooM et Hatred Dusk forment une grande famille dorénavant !

 

Être signé sur un label allemand ça ouvre des opportunités ?
Loïc :
C’est un grand pays de la métallurgie ainsi que de la musique ! (Rires) L’avantage par rapport aux autres albums est qu’on va être plus écoutés et diffusés un peu partout dans le monde, et évidemment pas mal axés sur l’Allemagne grâce au label, à notre échelle bien entendu, mais ça sera toujours mieux qu’avant. Un moment donné il le faut bien pour faire vivre la musique et la partager, d’autant plus qu’on ne fait pas trop un style et mélange «connecté» à la France, qui n’est déjà pas un pays de culture Rock à la base, et dont la qualité première n’est pas non plus d’être curieux en général et d’avoir la vraie solidarité patriotique ! C’est ainsi, chaque pays à son caractère avec ses qualités et défauts, mais il faut bien évoluer et on ne peut pas non plus se confronter inlassablement à ce mur car cela devient fatiguant et frustrant à la longue…

 HOT HELL ROOM par Sébastien Bouysse.

Quelles sont les thématiques que vous avez eu envie d'aborder dans l'écriture de cet album ?
Loïc :
Déjà entre les trois albums on a gardé la thématique de la fin de cycle, du chaos et du déclin, ne serait-ce que dans les titres : le premier album est “Kali Yuga Bonfire”, le second “Architect Of Chaos”, avec la pochette d’une peinture de John Martin «Le Pandemonium», et notre troisième et nouvel album est “Stasis”, terme grec signifiant une crise politique, etc. Je ne vais pas rentrer dans le détail des dix chansons mais effectivement certaines sont dans cette thématique très large où l’on peut trouver un titre qui parle de la situation de l’Europe, un autre sur la condition de l’homme moderne ou les sempiternels conflits pour certains intérêts, etc. D’autres morceaux sont plus personnels et n’ont rien à voir avec cette thématique, ce n’est pas un concept-album, non plus.

 

Vous avez la faculté d'écrire des morceaux qui se gravent durablement dans les esprits et qu'on se surprend à fredonner dans la journée...
Loïc :
Et bien merci, on prend cela comme un compliment car pour nous le plus important c’est la mélodie et l’écriture de chanson. C’est évident, mais pas pour tout le monde… Dans le Metal, par exemple, beaucoup confondent puissance et agressivité en oubliant la mélodie qui est un peu la base de la musique ! (Rires) Ou ils sont dans la course au «gros son», ce qui est futile et de l’esbroufe, car ton morceau devrait même sonner en acoustique... La puissance d’un morceau qui touche l’âme et ton cœur passe par la mélodie, après il y aura toujours des insensibles c’est sûr… dans ce cas autant écouter une machine à laver à l’essorage ou l’ambiance d’une usine métallurgique ! Remarque c’est un autre style de Metal ! (Rires)
Loïc, ta voix de basse, cumulée à ton phrasé, donne une signature très caractéristique à Hot Hell Room...
Loïc :
Ma tessiture naturelle est baryton basse. Elle peut aussi aller, dans un autre registre musical et technique, jusqu’au contre-ténor. Pour Hot Hell RooM, certaines parties sont dans ma tessiture grave en effet, à l’instar de mon autre projet Invading Chapel. Pour le reste, je chante plus dans un registre Rock et Heavy se rapprochant de la couleur des ténors et barytons, comme beaucoup de chanteurs, mais n’étant pas dans ces tessitures-là j’ai des graves et une rondeur qui donnent surement cette identité. Et puis ce n’est pas plus mal d’avoir sa propre «empreinte génétique» et son feeling, car sinon tout le monde sonnerait pareil dans chaque style, et quand on arrive plus à discerner tel ou tel groupe dans un genre de musique, ce style meurt ou il ne reste plus que les principaux. On utilise tous «mathématiquement» les mêmes notes, alors il faut bien y mettre son ADN ! (Rires)

 

C'est à nouveau Andrew G qui s'est occupé de l'album au Hybreed Studio. Qu'est-ce qu'il vous apporte ?
Loïc :
Sans oublier pour commencer l’enregistrement de la batterie qui est fait chez un ami au Roots Notes Studio, tous ensemble en situation live pour le feeling et l’énergie. Ensuite nous enregistrons le reste chez Andrew. Il nous apporte une continuité dans le son, d’un album à l’autre, même si certaines choses sont différentes à chaque fois, et tout cela dans une ambiance amicale et humaine, sans le stress d’un compteur de taxi «le temps c’est de l’argent» ! (Rires) Mais rassurez-vous, on ne traine pas pour autant, et on ne compose pas sur place nos titres ! Il y a quand même un calendrier à respecter et tout est prêt en amont, même si il y a toujours des petites choses et des idées qui viennent avec le feeling de l’instant, un arrangement, l’amélioration d’une partie etc. Et pour finir il fait aussi le mixage et le mastering, donc que demande le peuple ?
Alan : C’est toujours un plaisir pour nous de travailler avec Andrew, car en plus d’être un ami, c’est un excellent ingénieur son qui est à l’écoute des musiciens avec lesquels il collabore. Il connait très bien notre musique et notre univers musical, et il est souvent de bon conseil. C’est un peu notre George Martin (NDLR : le producteur des Beatles) en quelque sorte !
 
HOT HELL ROOM par Sébastien Bouysse.
Où peut-on trouver “Stasis” ?
Alan : L’album est disponible un peu partout, mais il est déjà facilement trouvable sur le E-Shop du label :
https://www.stf-records.de/shop/index.php?manufacturers_id=154&fbclid=IwAR1AHun8zlfOf3fQ0NFBrJv-85OBZMsd-9quzr9XbcARDh66fskzNiak_iQ

 

Votre actualité dans les mois qui viennent ?
Loïc :
On part en tournée avec Metallica. Ah non, avec Ghost ! Aussi, rien que pour emmerder certains qui les critiquent alors qu’il y a quelques années… Remarque c’est même pire avec Metallica enfin bon… (Rires) Évidemment il y a les goûts de chacun mais quand ce sont des critiques pour descendre bêtement et sans respecter la carrière de ces gars et de ce qu’ils ont apporté, un moment donné, faut aller voir son miroir…
Non, plus sérieusement et banalement, des concerts. Et travailler sur l’étranger pour certaines choses. Et puis franchement nos vies personnelles ont été tellement sombres ces derniers temps, pour certains d’entre nous, par superstition peut-être, j’ai dû mal à me projeter très loin dans le futur... Je préfère dire sincèrement les choses plutôt que faire le discours de façade promo habituelle, avec un plan, etc.
Alan : On a quelques dates de concerts en prévision, et nous sommes à l’écoute pour diverses propositions partout en France, à l’étranger, ou alors dans une autre galaxie lointaine, très lointaine !

 

Merci Hot Hell Room d'avoir répondu à mes questions.
Loïc :
De rien, c’est nous qui te remercions. On ne le répétera jamais assez, c’est grâce aussi à des gens passionnés et curieux comme toi que les groupes peuvent exister, chacun à son échelle, et partager leur art.
Alan : Merci pour ton soutien, depuis le début, et aussi surtout pour le travail et la passion dont tu fais preuve pour soutenir la scène locale.
 
         
Les infos utiles :
Hot Hell Room sur Facebook :
https://www.facebook.com/hothellroom/
Ecouter Stasis :

https://open.spotify.com/album/4bxDa8Cku2KIg87lqCLUl5

Discographie : Lies Box (EP - 2005) Hot Hell RooM (demo – 2009) Kali Yuga Bonfire  (2013) Architect Of Chaos (2016) Stasis (2020)
 

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