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AMERIKA TOUR 2018

Le 09/06/2018

AMERIKA TOUR 2018 : La tournée américaine par le menu

 

C’est Robin, le rédacteur chargé des pages Quizz de Métal Connexion, qui m’a annoncé la nouvelle : 
« - Ahas’, le patron veut te voir tout de suite. 
- Tout de suite ? Mais j’étais sur un truc, là…», je réponds en finissant mes chips.
- Dépêche-toi , il a l’air « vénère », précise-t-il.
Je remets Fear dans sa cage et je monte au troisième, au bureau du boss.

«  - Bonjour Patron !» 
Il me reçoit avec un grand sourire. 
« - Bonjour Ahasverus, dit-il aimablement. Vous allez bien ? 
- Pas mal, merci Patron !
- Bien. Et Métal Connexion ? Vous vous plaisez à Métal Connexion ?
- Oui, ça va, la musique est cool !
-Tant mieux. Et les rédacteurs… Ils sont gentils avec vous ?
- Les collègues ? Euh… Oui… ils sont sympas, je...
-Parfait ! Et les horaires, c’est pas trop contraignant, les horaires, pour vous ? 
- Les horaires ? Et bien c’est vrai que rythme est un peu sout... »

Il me laisse même pas finir ma phrase, il explose : « Le rythme ? Quel rythme, Cornelius ? Vous êtes à Métal Connexion depuis bientôt deux mois  et vous n’avez pas rendu une ligne ! Vous comptez vous mettre à travailler quand, Cornelius ?
- Ah mais, justement, Patron ! J’allais m’y mettre ! J’étais en train de…
- Ca suffit ! Taisez vous ! Porno Graphic Messiah et Blackburst partent en Amérique, vous allez couvrir leur tournée ! Fini la glandouille ! Voici vos billets.»
Je sens bien que c’est pas le moment de le contrarier. Je prends le dossier de presse qu’il me tend. Je vais partir lorsqu’il me rappelle : 
«  - Dites donc, Ahasverus, c’est quoi cette histoire de lapin dans votre bureau ?
- Un lapin ? Quel lapin ? Ah oui ! J'allais vous en parler patron... C’est Fear Of The Dark, une petite femelle… Elle aime pas rester seule parce que quand elle était petite à la jard…
- Vous vous foutez de moi ? Vous vous croyez où ? Vous allez virer cet animal, ou c’est moi qui vous vire ! Sortez de mon bureau ! Et vous avez intérêt à ramener un bel article sur cette tournée en Amérique, sinon...»

L’Amérique… Mais qui allait s’occuper de Fear of the Dark ? 
« - Je l’aurais bien gardée, me fait Ludo, mais elle s’entend pas avec Paranoid...» 
Paranoid, c’est le perroquet de Ludo, un gris du Gabon. Pas foncièrement mauvais, mais très jaloux.
Quoi faire ?
« - Et si tu les suivais sur Facebook ? Propose Ludo. Coralie, la chroniqueuse de The Bloody Rock Shop TV, suit la tournée. Il y aura sûrement des tas d’infos à piocher ! »
Alors on s’est campés devant leurs pages Facebook…

La première photo postée par la bande au Canada date du 14 mai. Scars Summer pousse un caddy dans un supermarché.
Le 18 mai, tout le monde fait du shopping dans Montréal.
Le 19 mai,   Scars vend deux tee-shirts à Doan.

Scars doan
Le 20 mai, ils mangent des burgers à Ottawa.
21 mai : photo d’un fil à linge avec des tee-shirts noirs qui sèchent.
«T’es sûr qu’ils sont allés bosser ?» s’inquiète Ludo.

Met con 4

22 mai, photos de pizzas géantes.
23 mai, Coralie  poste la photo d’un sac de bonbons…
24 mai, petits pois saucisses…

Je suis retourné à  Metal Connexion le 30 mai. Le boss m’a immédiatement fait appeler dans son bureau. 
« - Alors Cornélius,  cette tournée américaine ?
- Aucun souci patron. Je vais vous détailler tout ça par le menu !»
 

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Les francophonies d'HFM - Manu Froelicher (HEADLESS CROWN)

Le 21/05/2018

Des envies de voyage à l’approche de l’été ? Vous êtes sur la bonne page ! “Hard French Metal - le Zine qui vous régale” a décidé de vous emmener à la rencontre de nos voisins francophones. Alors attachez votre ceinture, et attention au décollage ! Après la Tunisie, c’est en Suisse que HFM vous emmène aujourd’hui. Actif depuis 2011, Headless Crown a sorti le 31 mars 2018 son deuxième LP, “Century Of Decay”, un excellent album de Heavy dont nous vous présentons ici une vidéo qui vous accrochera très efficacement dès les trente premières secondes. La couronne sans tête a également inauguré les planches lyonnaises de la première édition du festival Metal Thunder Jackets en compagnie de Tygers Of Pan Tang, et vient de recruter Chris Richards (Rated X, Motherockers, Krokus) à la batterie. Ceci dit, il est temps de faire connaissance avec notre hôte...

C’est à 11 heures 27 que nous amorçons notre descente sur Genève ce 21 mai 2018. La température est de 22°, le ciel est légèrement couvert, et Manu Froelicher, le guitariste rythmique de Headless Crown, nous accueille. Nous espérons, que dis-je, nous sommes certains, que vous allez passer un agréable voyage en notre compagnie !

 

Manu headless crown solo

Hard French Metal : Quel est le premier album que tu as acheté ?
Manu Froelicher : On ne rigole pas : “Dynasty”, de KISS, en 1980 ! Mais je me suis rattrapé droit derrière avec le “Destroyer”, également de KISS.

Hard French Metal : Comment est née ta vocation pour la guitare ?
Manu Froelicher : Dans les années 80, avec les copains de l’époque, on voulait monter un groupe comme KISS. On a fait quelques concerts de KISS en playback, avec maquillage et costumes, et on s’est dit que ce serait sympa si on jouait vraiment et qu’on faisait nos propres compos… Ainsi est né Horn Rock…

Hard French Metal : Avant de fonder Headless Crown en 2011, tu fais donc tes armes dans Horn Rock et Triple X. Quel souvenir en conserves-tu ?
Manu Froelicher : J’en garde de très bons souvenirs. On était loin d’être parfaits musicalement et techniquement, mais il y avait un truc de fou qui se passait avec le public, qu’on ne peut pas oublier !

Hard French Metal : Après “Time for Revolution” en 2015, Headless Crown vient de sortir, en mars 2018, “Century of Decay”. Comment s'est passée l'élaboration des compositions ?
Manu Froelicher : Je suis le compositeur principal. Je propose à Steff, le chanteur, mes morceaux, avec les riffs de base, et selon son inspiration et son écoute extérieure, il me demande de modifier certains passages. Une fois ses lignes vocales posées, on donne les morceaux aux autres membres du groupe, qui amènent leurs parties et leurs idées qu’on intègre aux compos.

 

 

Hard French Metal : J'ai lu que “Century of Decay” s'inspire d'auteurs comme Philip K. Dick (Blade Runner, Total Recall). De quoi l'album traite-t'il ?
Manu Froelicher : En très gros, ça raconte l’histoire d’un travailleur esclave dans une société dictatoriale qui contrôle tout et tout le monde. Le personnage principal essaye d’élaborer un plan pour s’échapper du système via les rêves. Y arrivera-t’il ?

Hard French Metal : Tu fréquentes aussi bien les scènes suisses que les scènes françaises. Le sort d'un musicien de Metal est-il le même des deux côtés de la frontière ?
Manu Froelicher : Headless Crown a toujours été très bien accueilli partout où nous avons joué. En même temps, on n’a pas joué des millions de concerts hors Suisse…

Hard French Metal : Headless Crown bénéficie d'un beau succès et d'un following enviable (plus de 4000 abonnés sur Facebook). Cette situation permet-elle de vivre de sa musique ?
Manu Froelicher : Malheureusement le monde de la musique à beaucoup évolué depuis les années 80/90, et pas forcement pour le mieux. Il est très difficile de vivre de la musique actuellement. On a tous un job à côté, qui nous permet de financer le studio, les concerts, la promo etc. Rien n’est gratuit… Sauf certains de nos concerts !

Headless 1

Hard French Metal : Quel est ton musicien préféré ?
Manu Froelicher : Je n’en ai pas, je les aime tous ! Et cela tous styles confondus, car chacun, avec sa personnalité, va me toucher différemment, l’un avec sa technique, l’autre par son feeling, et celui-là avec son sens de la mélodie, etc. Et ça, c’est quelque chose de magique…

Hard French Metal : Tout métalleux français connaît des groupes helvétiques à stature internationale, tels GOTTHARD ou KROKUS pour n'en citer que deux. A l'inverse, des groupes français ont-ils réussi à percer en Suisse ?
Manu Froelicher : Personnellement, je ne sais pas. Je ne m’arrête pas à la nationalité des groupes, et je ne pourrais pas te dire si tel groupe est anglais, américain, français, allemand, portugais… Ce qui compte pour moi, c’est que la musique me touche aux tripes quelque soit sa nationalité…

Hard French Metal : Y a t'il des concerts en vue pour applaudir Headless Crown prochainement ?
Manu Froelicher : Suite au changement de batteur, on a dû se mettre quelque peu en stand-by en attendant d’avoir quelqu’un de fixe, pour être sûr de pouvoir assurer les prochains concerts. C’est chose faite ! On attend encore des réponses et des confirmations. Nous avons tout récemment signé avec l’agence “Red Lion”, ça devrait nous permettre de trouver plus de dates, mais pour le moment, nous n’avons que le 1er décembre à Zürich, en Suisse.

Hard French Metal : De toute la discographie métallique, ne gardons qu'un album, le meilleur de tous. C'est lequel ?
Manu Froelicher : Pas évident, car chaque album, chaque morceau, a son histoire et son importance dans l’évolution du monde musical ou dans la vie d’une personne… Je dirais que l’album qui me fait vibrer maintenant c’est le premier album de Rawhead Rexx, et demain le Methods Of Madness de Obsession, et encore le jour suivant le Digital Dictator de Vicious Rumors, et le jour suivant du suivant, Francis Cabrel… Ha ! Merde ! On a dit «Metal» ?

Hard French Metal : Quel titre du répertoire Rock pourrait être ta devise ?
Manu Froelicher : You can’t stop Rock and Roll !

Hard French Metal : Merci beaucoup, Manu Froelicher, pour ton accueil et ta disponibilité.
Manu Froelicher : Mais avec plaisir ! Et merci à toi pour l’intérêt que tu nous portes, et pour ton soutien.

Pour prolonger le séjour avec Headless Crown :
https://www.facebook.com/headlesscrown.official/
http://www.headlesscrown.com/Home.htm
https://open.spotify.com/album/0fr3qEzm0QxQQ07tcOBLkk

 

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Entretien avec Heli Andrea (MOBIUS) - 2018.

Le 14/05/2018

Interview réalisée en 2018
« Je n'avais jamais pris de cours avant de faire The Line, mais ça faisait quand même quelques années que je chantais et que je travaillais ma voix. »

Heli autoportraitAhasverus : Bonjour Héli, Pourrais-tu nous parler de la manière dont tu avais abordé les enregistrements de l'album « The Line », en 2016 ?

Heli : Je suis arrivée aux enregistrements avec la voix “lead” composée et les paroles. Mais la plupart des “backs” et des arrangements ont été trouvés sur le moment, de façon très instinctive. C'était mon premier album. Je n'avais aucune méthodologie, et c'est à la fois une bonne chose parce que ça donne un côté spontané que j'ai envie de garder, et à la fois une mauvaise chose parce que je n'avais pas idée du travail de préparation que des enregistrements demandaient. Notre ingé son, Raphaël James, m'a bien guidée pour donner le meilleur de ce que je pouvais donner. Il est d'ailleurs crédité comme arrangeur sur cet album

The line

Ahasverus : Tu n'avais jamais pris de cours de chant ? Vu la complexité du travail, je n'imaginais pas quelque chose d'instinctif. Je pensais au contraire que ton chant était très technique et maîtrisé.

Heli : C'est vrai que ça a été un réel taf de trouver le juste équilibre dans les voix. Au début, j'avais réuni quelques amis pour créer une petite chorale. Mais c'était un tel boulot qu'au final, j'ai chanté seule ! Le résultat est plutôt cool. J'ai enregistré une dizaine, voire une vingtaine de fois les passages où je voulais ces chorales, en modifiant un peu mon timbre pour essayer de donner une impression de “vraie chorale”. Dans cet album, j'ai des petits chœurs R'N'B / Soul, d'autres beaucoup plus épiques, classiques... Je voulais varier au max ! Le clavier aussi a des “chorus” synthétiques, il a donc fallu trouver un équilibre dans tout ça... Avec Raph, l'ingé son, et Guillaume, le claviériste, on a vraiment passé du temps dessus. C'était une vraie cuisine ! Pour cet album, je n'avais jamais pris de cours de chant. C'est après l'avoir fait, et avoir rencontré totalement au hasard le bon prof, que j'ai attaqué les cours. Maintenant je ne m'en passe plus ! J'ai beaucoup progressé depuis, et j'ai surtout gagné en confort vocal. Je deviens prof moi-même d'ailleurs ! C'est dire le chemin parcouru depuis “The Line” ! Cela dit, on n'a pas forcément besoin de cours pour progresser et avoir une technique vocale ! Je pense qu'il faut juste s'amuser, tester des choses, (s'assurer qu'on chante juste tout de même). Je n'avais jamais pris de cours avant de faire “The Line”, mais ça faisait quand même quelques années que je chantais et que je travaillais ma voix... Dans ma chambre, en répet, sous la douche..

 

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Ahasverus : Ton chant est parfois très technique. Comment t'es venue l'idée du chant diphonique (tibétain) sur le dernier morceau ?

Heli : J'adore les musiques du monde. Quand j'en écoute, je voyage mentalement. J'ai d'ailleurs un side-project, OLANE depuis quelques mois, qui me permet de faire des crash-tests vocaux. Pour le chant “long mongol” que tu peux entendre brièvement dans la dernière chanson de l'album, j'ai découvert ça en écoutant une chanteuse traditionnelle de Mongolie, Gombodorj Byambajargal, qui a prêté sa voix à la BO de “Home”, le film de Yann Arthus Bertrand. J'ai eu des frissons quand je l'ai entendue et je me suis dit : "je veux faire ça !" Alors j'ai testé des choses, jusqu'à trouver le bon chemin vocal. Mais ce n'est pas du chant diphonique pour le coup, même si j'en fais aussi ! D'ailleurs il y en aura dans le prochain album ! Pour en revenir à Mist of Illusions, j'écoutais ce passage très instrumental, et je voulais mettre une voix d'ailleurs, pas des paroles, mais quelque chose qui va et vient, et d'assez inattendu. Voilà comment est arrivée cette voix à ce moment.

Ahasverus : Et les choeurs masculins, assez virils parfois, qu'on entend sur The Line, c'est des claviers ou tes camarades ?

Heli : Ah ah ! Ce sont mes camarades ! Julien, notre ancien bassiste, Raph, l'ingé son, et Adrien, notre batteur.

 

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Ahasverus : Combien de temps pour mettre en boite toutes ces voix ?

Heli : Le travail a été énorme, surtout parce que je n'avais pas de méthode. C'était les grands travaux ! Les enregistrements “voix” ont été les plus longs, très étalés dans le temps , parce que je n'y connaissais rien. J'arrivais à la phase “enregistrements” déjà fatiguée après des journées de travail intenses. Je n'avais pas conscience de la rigueur et du rythme de vie que demande un enregistrement studio. Ça a donc pris plusieurs mois. Maintenant, je maquette tout à l'avance. J'enregistre un brouillon, pour voir ce que ça donne, je teste toutes mes idées, je travaille techniquement. J'ai adopté un mode de vie qui convient au chant. J'ai même quitté mon job pour être plus posée et me dédier vraiment à ça ! Tout ça permet d'être beaucoup plus efficace en enregistrements et au mixage.

 

« Je m'intéresse vraiment à l'appareil vocal et à ses nombreuses possibilités : le chant long mongol, le chant diphonique, le chant carnatique indien, le chant inuit... Tout m'intéresse ! »

Ahasverus : La fatigue dont tu parles ne se sent pas du tout dans The Line.

Heli : Pour le chant, si fatigue il y avait, on arrêtait, et on reprenait plus tard. Et s'il fallait refaire la prise un paquet de fois, on le faisait. On a refait des prises vingt fois pour avoir la bonne intention. C'était surtout ça le défi. Et c'était dû à mon manque d'expérience, mais notre ingé son est très exigeant, et très fort pour nous guider. Quand il ne sentait pas assez d'émotions, on ne lâchait rien, et je refaisais. Je trouve que j'ai encore beaucoup de progrès à faire sur la partie “faire passer de l'émotion” ...

Ahasverus : Tu as commencé à chanter à quel âge ?

Heli : Je n'ai pas de souvenir du moment précis où j'ai commencé à chanter. J'ai toujours chantonné dans mon coin, des chansons dans des langues inventées, des trucs de gosse... Mais j'ai réellement commencé à chanter et à travailler ma voix vers dix-sept ans, quand j'ai découvert Epica. Je chantais dans ma chambre, je repassais des passages précis, pour faire pareil. Simone Simons a une voix lyrique, mais aussi très pop, c'était donc super cool d'essayer de varier mon timbre pour faire pareil. Ça m'a permis de beaucoup progresser.

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Ahasverus : Je crois comprendre que le côté expérimental du chant t'intéresse. Tu ne te fixes pas de frontières ?

Heli : Je m'intéresse vraiment à l'appareil vocal et à ses nombreuses possibilités : le chant long mongol, le chant diphonique, le chant carnatique indien, le chant inuit... Tout m'intéresse ! Je veux explorer un tas de choses. Je tâtonne beaucoup pour l'instant. Je ne suis experte en aucune de ces techniques.

Ahasverus : Ton timbre de voix et ta manière de chanter sont très variés. Tout cela était , au moment de The Line, quasiment de la matière brute ?

Heli : C'est comme si tu étais un guitariste autodidacte qui posait ses doigts sur le manche de la guitare sans connaître les noms des accords, et sans savoir si sa façon de poser ses doigts est optimale. Tu joues, ça sonne, tu développes ta façon de faire. Un tel guitariste peut être très fort, mais il peut ne pas avoir la technique académique. Je pense que c'est pareil pour moi. Quand je reprenais du Epica dans ma chambre, je bossais réellement des heures pour attraper la note haute, ou pour que ma voix ne fluctue pas ! Parfois je me disais "Ça ne doit pas être la bonne méthode. Il faut que j’essaye autre chose". Alors je changeais de position, je marchais, je m'asseyais, je prenais de grandes inspirations, je penchais ma tête légèrement en avant... Je dansais un peu, j’expérimentais... Pour “The Line”, j'ai développé une technique personnelle. On ne peut pas dire que c'est une voix brute qui n'a jamais été travaillée, mais je n'avais jamais pris de cours de chant. J'avais beaucoup bossé... Mais seule !

Ahasverus : Que pourrait-on ajouter, à propos du chant ?

Heli : Le chant est un instrument très personnel, qui peut dévoiler pas mal de choses sur une personne. Du coup, c'est très lié à la confiance en soi. Tout le monde ose taper sur un djembé, mais tout le monde n'ose pas chanter ! Quand j'ai fait “The Line”, il y a des moments où je me suis dit "Mince ! Tout le monde va m'entendre !" Je n'avais pas une grande confiance en moi, j'avais clairement le trac. Quand c'est enfin sorti, qu'on a eu des critiques "top" et le retour du public, j'ai été rassurée. Ce premier album est un grand grand pas, et j'ai hâte d'attaquer la suite, qu'on ne va pas tarder à dévoiler !

Ahasverus : Nous sommes vraiment très curieux de découvrir le successeur de « The Line » !

Merci à Cat Photographie pour son aimable autorisation. 

Les Francophonies d'Ahasverus : CARTAGENA

Le 03/05/2018

Des envies de voyage à l’approche de l’été ? Vous êtes sur la bonne page ! “Hard French Metal - le Zine qui vous régale” a décidé de vous emmener à la rencontre de nos voisins francophones. Prenez une petite valise, quelques vêtements chauds, puis installez-vous dans votre fauteuil. Attachez votre ceinture, et attention au décollage !


 

L’escapade commence par la Tunisie. Le pays du jasmin serait-il en passe de devenir la nation du Metal ? Voilà qu’il s’est trouvé, avec Myrath, Persona et Cartagena, d'extraordinaires ambassadeurs qui le hissent au meilleur niveau de la scène internationale ! Allons voir ça ! Il est 19 heures 24, heure locale. La température extérieure est de 16°, il pleut légèrement. Nous amorçons notre descente sur Tunis. Silensium Tear nous accueille, avec la grande amabilité qui le caractérise.
Petit état des lieux : après “Eternal Variation”, son premier album, Cartagena s’était octroyé une pause de près de dix ans, dont notre hôte nous contera les raisons. Le groupe revient en janvier 2018 avec “Roma Delenda Est”, un séduisant disque de Metal symphonique mêlant chevauchées épiques, gros riffs métalliques, et ambiances orientales saupoudrées d’instruments exotiques (harpe, duduk, bansuri, et autres sarangi).
 

Cerise sur le gâteau : l’extraordinaire Nesrine Mahbouli (oui, il s’agit bien de l’ex-Persona !) a intégré Cartagena depuis peu, et c’est elle qui défend désormais “Roma Delenda Est” sur scène. Mais il est temps de laisser la parole à Silensium Tear : il vous racontera tout ça mieux que moi !


"La Scène Tunisienne est en mode pause actuellement.
Nous avons eu une phase de vide après la révolution,
pendant quelques années, mais ça commence à revenir petit à petit..."
Silensium Tear
 

“Je m’appelle Silensium Tear, et je suis bassiste dans Cartagena depuis 2009.”

 

Quel est le premier album que tu as acheté ?
“Mon premier album acheté ? C'était celui de Dark Tranquility, je crois... Mais je ne me rappelle plus lequel !”

Quel a été l'élément déclencheur de ta vocation ?
“Je pense avoir la musique dans le sang, puisque j'étais pianiste et luthiste dès mon plus jeune âge, (6ans !). Vers mes 11 ans, j'étais en “tête d'affiche” pour un spectacle de deux mille personnes, avec mon luth, une chorale de 20 personnes derrière moi, et un piano - tenu par mon prof de piano . C'était mon premier “Live”. Disons qu’il s'est passé à merveille... J'étais sélectionné pour ce concert parmi trente autres musiciens, largement plus anciens que moi en musique, vu leur âge par rapport au mien ! Je n'ai même pas eu d’élément déclencheur : ça s'est passé très spontanément, comme si c'était ma route, c'était mon destin...”

On trouve sur internet une vidéo "démo" d'Eternal Variation (2010). Cet album est-il toujours disponible ? “Eternal variation” était le premier album de Cartagena. Nous l'avons joué une quarantaine de fois, en “live”, un peu partout. Nous avons gagné plusieurs prix grâce à cet album ! Il est disponible facilement sur internet, à télécharger gratuitement. Entre temps, nous avons investi dans notre studio d'enregistrement. Puisque nous avions gagné une petite notoriété grâce à cet album, nous nous sommes vus dans l'obligation d'améliorer la qualité audio de nos prochains disques, notamment “Roma Delenda Est”, pour atteindre un niveau respectable à l'échelle internationale.”

Cartagena revient en 2018 avec “Roma Delenda Est”. Pourquoi autant de temps entre les deux albums ?
“La raison de notre pause entre “Eternal Variation” et “Roma Delenda Est”, c’est que nous avons transformé notre studio en quelque chose de vraiment pro. Cela nous a pris beaucoup de temps pour réaliser enfin ce projet. Il y'avait également d'anciens chanteurs et chanteuses qui sont partis vivre à l'étranger, du coup c'était pas vraiment facile de chercher des remplaçants avec le timbre "Parfait" pour l'album en cours, etc... Nous avons eu plusieurs soucis, qu'on a surmonté sans la moindre difficulté grâce à notre amour, vu que nous sommes une Famille, mais sans oublier aussi nos études en parallèle : Seif Kechrid, le Batteur du groupe, passait son doctorat en pharmacie ; le mien était en Marketing etc.”

Bon Scott chantait "It's a Long Way To the Top If You Wanna Rock'N Roll. Les groupes de Metal français, même les très bons, rament pour émerger, trouver des salles, rameuter du public, et je ne parle même pas des ventes d'albums. Qu'en est-il de la scène tunisienne ?
La Scène Tunisienne est en mode pause actuellement. Nous avons eu une phase de vide après la révolution, pendant quelques années, mais ça commence à revenir petit à petit... Nous avons vu quelques concerts importants, pas aussi importants qu'avant, puisqu’auparavant nous avons invité pas mal de groupes internationaux, notamment Symphony X, Haggard, Dark Tranquility, etc. Pour la vente d'albums, le seul moyen, (à mon avis, je ne suis pas un expert), est de vendre les albums pendant le concert, c’est à dire sur un stand. Pour les salles de concerts, ici, contrairement à la France, nous avons moins de choix. Je dirais cinq à six salles pour le Metal à Tunis, et quelques autres éparpillées un peu partout, notamment Tabarka avec ses concerts de jazz, etc. Les Métalleux, comme dans le monde entier, enfin en général, sont toujours une minorité, mais ici on voit de nouvelles têtes, de nouvelles générations, ça commence à s'élargir de plus en plus. Il faut noter que cette communauté est assoiffée de concerts, puisque, depuis 2011, ils n'ont pu assister qu'à quelques “Live” ! Depuis une année, on remarque que la scène en Tunisie commence à bouger. C’est loin de ce que c'était avant, mais c'est pas mal non plus !

La scène tunisienne s'impose en France avec des groupes de stature internationale tels que Myrath ou Persona. Cartage arrive en renfort. A l'inverse, certains groupes français parviennent-ils à percer en Tunisie ?
Pour les groupes Français, il y a certainement ceux qui sont très respectés en Tunisie, mais des Live s'imposent ! La scène Metal en Tunisie est une scène vierge qui ne demande qu'à être exploitée, surtout que cette scène, spécialement, est d'une importance capitale pour les groupes qui veulent se faire connaitre dans le monde ! Plein de groupes maintenant reconnus à l'échelle internationale sont passés par la Tunisie ! Les témoignages de ces groupes existent encore sur internet. Les Métalleux Tunisiens sont en général des gens très instruits, qui ont l'oreille musicale, et qui savent apprécier de la bonne musique, quelque soit son origine !

Cartagena compte désormais parmi ses membres la sublime Nesrine Mahbouli. Mais qui chantait sur “Roma Delenda Est” ?
L'album “Roma Delenda Est” à été enregistré avec la voix de notre ancienne chanteuse, Sherazade (NDLR : Sherazade Amous).
Nesrine Mahbouli a rejoint le groupe en 2017. C'est elle qui chantera “Roma Delenda Est” en “live” et créera la surprise avec une voix plus puissante, vu son parcours "Opéra". Avec elle, nous composons également notre troisième album, en ce moment. Il sortira en 2019.

Nesrine Mahbouli

On se propose d'envoyer un vaisseau à travers l'espace pour présenter notre culture aux autres formes de vie, s'il en est. Tu as le choix de l'album qui représentera le Metal. Lequel choisis-tu ?
Je vais sûrement être tenté de placer mon album à l'échelle cosmique, mais ça serait ÉNORMÉMENT égoïste de ma part ! (Rires) Du coup, je vais penser à un “medley” de plusieurs groupes. Si c'est de la triche, alors j'envoie un des albums de Rammstein...

Cartagena

Un titre Rock dont tu pourrais faire ta devise ?
“Nice To Know You”, (Incubus).

Un énorme merci, Silensium Tear, pour ton accueil chaleureux et ta disponibilité.
"Je vous remercie chaleureusement en mon nom et celui de Cartagena pour l'intérêt que vous nous portez."

https://www.facebook.com/CartagenaBand/
https://cartagenaband.bandcamp.com/album/roma-delenda-est-2

DIX QUESTIONS A : IVAN PAVLAKOVIC (DISCONNECTED, HEAVY DUTY)

Le 08/04/2018

Il est capable de vous emmitoufler d’une voix chaude dans une mélodie exquise pour, la seconde qui suit, mieux vous asséner un énorme direct en pleine face. Ça fait un peu flipper une puissance pareille, alors j’ai pris mes précautions : j’ai laissé un mot sur la table au cas où j’en reviendrais pas, j’ai pris mon courage à deux mains, et puis j’y suis allé, les poser, mes dix questions à Ivan PAVLAKOVIC...

Ivan


 
"Si tu ne te bats pas pour tes rêves,
personne ne le fera à ta place.
Je suis dans cette optique de vie :
ne jamais rien lâcher !"
(Ivan Pavlakovic)

 

1.- Nom, prénom, instruments pratiqués, formation ?
Pavlakovic Ivan chant/guitare, autodidacte.

2.- Premier album acheté ?
The razor's edge, AC/DC.

3.- Tu es le chanteur de Heavy Duty,  groupe dont il s'est dit que le seul défaut que je trouve est de n'être pas Américain.
It's a long way to the top, chantait Bon Scott, mais j'ai l'impression que la route est encore plus longue pour une formation française, si excellente soit-elle. Qu'en penses-tu ?

Je ne peux qu'être d'accord avec toi : la France n'est vraiment pas le pays du rock, et encore moins du métal (même si nous avons des supers groupes dans notre pays). Arriver à faire certaines choses dans ce domaine en France, c'est la croix et la bannière, tous les groupes peuvent en témoigner.
De plus, avec Heavy Duty, ce côté très ricain dans le son et l'approche musicale ont plutôt été un frein à notre réussite dans notre propre pays. Ça va si tu t'appelles 5FDP, ou Stone Sour, et que tu es - justement - Ricain. Sinon, ben... Ça passe moins bien...

Ivan 3

4.-Quelle a été ta première réaction quand Adrian Martinot t'a contacté pour te proposer de participer à Disconnected ?
Ma première réaction a été : “Waouw ! C'est un type de métal beaucoup plus complexe que je connais moins bien que ce que je pratiquais avec Heavy Duty. Est-ce que je vais réussir à apporter quelque chose d'intéressant à cet univers ? Le challenge m'a séduit !

5.- Je ne te demande pas quelle est ton idole, je crois le savoir. Si Phil Anselmo t'appelait pour faire un duo avec toi en te laissant le choix du titre, que choisirais-tu ?
Oui, Phil Anselmo fait partie de mes influences majeures. En revanche, on parle de celui d'il y a une bonne quinzaine d'années. Il a malheureusement perdu de sa superbe en tant qu'interprète.... Mais avec le Phil en pleine bourre de la grande époque, sans hésiter "I'm broken" ! Ce titre est l’un de mes préférés de Pantera , avec une possibilité mortelle de questions/réponses pour un duo !

6- J'ai cru comprendre que les dix morceaux de "White Colossus", le premier album de Disconnected, évoquent la manière dont un homme peut se déconnecter de la société de dix manières différentes. Tu es l'auteur des textes. As tu apprécié de travailler sur un thème imposé et est-ce Adrian qui te l'a fixé ?
Pas de thème imposé, c'est venu comme ça. J'ai bossé dans l' ordre exact d'apparition sur le skeud. Adrian avait déjà sa track list et elle me convenait très bien. J'ai donc “parolé” en premier "Living Incomplete", ensuite "Blind Faith". Dés lors que ces deux titres étaient finalisés, j'ai remarqué que le point commun de ces deux titres étaient justement la déconnexion, en terme de “quelle est ma place dans cette vie”, pour le premier, et “d’aliénation totale vis à vis de la religion”, pour le second. J’'ai donc proposé à Adrian d'orienter tous les textes de l'album dans ce sens là. Puisqu'on faisait un vrai travail d'identité pour ce groupe, si les textes dégageaient un thème, une ambiance qui soit une première empreinte forte et identifiable pour le groupe, (de plus en lien direct avec le nom groupe), ce n'était que mieux !

6.- Disconnected est-il un concept “one-shot”, c'est à dire la collaboration entre d'excellents musiciens qui a donné lieu à un album brillant et varié, ou un vrai groupe qui a d'autres projets ?

Disconnected est définitivement un vrai groupe. C'est aujourd'hui une certitude !
C'est vrai que, quand on regarde ça de loin, avec des gars comme Aurel etc, on peut se dire : "ils se sont fait plaisir sur un album et puis s'en va..." Je peux te dire que tous les membres du groupe sont à 1000 % dans l'histoire, même si, effectivement, c'est surtout Adrian et moi qui gérons les affaires du groupe au quotidien. On a passé une semaine fantastique pour notre résidence, le mois dernier, avec en point d'orgue la “Release Party” qui fut une sacrée réussite ! DISCONNECTED Artistiquement ? Une équipe qui pousse dans le même sens avec des individualités ultra pros et très solides techniquement ; DISCONNECTED Humainement ? Un régal de bosser avec des mecs cool, et malgré certaines différences d'âge entre nous, on est vraiment sur la même longueur d'onde ! J'suis prêt à m'enfermer dans un Tour bus demain avec ces gars-là! Je peux te dire qu'en tant que frontman, quand tu montes sur scène avec ces gars-là qui jouent derrière toi, t'as l'impression de partir à la guerre avec un putain d'arsenal nucléaire dans la musette !!! Et c'est sans compter le super boulot, au niveau du son, de Pierrot, et des lights d'enfer d'Emmanuel Rousselle ! On est prêt à tout bouffer !!!!!
En somme, les projets d'avenir, c'est de tourner un maximum pour populariser le groupe, et ce partout où ce sera possible. Aucune limitation géographique ! On a des trucs sur le feu, on en parlera vraiment quand tout sera confirmé !

Ivan 2

8.- Sur ta page Facebook, tu es chanteur à Sortie de Secours et quand on clique dessus rien n'apparaît. Dis, Ivan, tu n'essaierais pas de nous cacher des trucs ?
(rires) Non ! Ce n'est un secret pour personne, j'ai la chance d'avoir fait de ma voix mon métier. J'ai déjà eu plusieurs vies en tant qu'artiste. Je suis intermittent du spectacle et, tu l'auras compris, ce n'est pas avec le métal que mon frigo se remplit (pour l'instant). Du coup, je bosse toute l'année dans la reprise, avec des groupes, orchestres de différentes régions, et Sortie de Secours en fait partie. Si tu cherches bien tu trouveras.

9.- Quelle est ton actualité dans les mois qui viennent ?
Mon actualité dans les mois qui viennent, c'est de continuer à développer le groupe au max en terme de contacts pour du live. Notre concert du 5 Mai à La Boule Noire (Paris), avec les potos de MolyBaron et Malemort. Ensuite nous auront un stand DISCONNECTED au VIP du Hellfest, histoire de continuer ce travail de mise en relation avec tous les partenaires français et internationaux du monde du live. Egalement des interviews planifiés par notre boite de promo, Replica . A partir de septembre beaucoup de choses devraient prendre forme. On vous en dira plus dés que tout sera verrouillé à 100%.

10.- Quel titre rock pourrait être ta devise ?
"This is my war ", (Track du dernier album en date de 5FDP). Si tu ne te bats pas pour tes rêves, personne ne le fera à ta place. Je suis dans cette optique de vie : ne jamais rien lâcher !

Merci beaucoup Ivan Pavlakovic !
Au plaisir, mec !

Pour continuer avec Ivan Pavlakovic :
https://www.facebook.com/Heavy.Duty.official/
https://www.facebook.com/DisconnectedMetal/

Et pour ceux qui en veulent toujours plus  :

Crédits photographiques : Inglewood :
https://www.facebook.com/inglewoodphotographie/
et Olivier Gobert : https://www.facebook.com/adjustprod/

COMMENT JE SUIS RENTRE CHEZ METAL CONNEXION - Ahasverus Cornelius

Le 06/04/2018

Avant-hier, vers dix heures,  j’écoutais tranquillement Seeds Of Mary sur le canapé du salon, tout en caressant  Fear Of The Dark, mon lapin nain femelle, et en grignotant des pop-corns. Ma mère arrive. Elle baisse la musique et elle me dit : «Prends la voiture de ton père, et va changer la bouteille de gaz».  «T’es gonflée, je réponds, je viens à peine de mettre le «Blackbird» album,  le dernier des Seeds, une tuerie métallo-alternative !»
 J’ai pas fini ma phrase que mon père rentre dans la pièce.
« - C’est qui qu’est gonflé ?»  demande-t’il d’un air vicieux. Je sens arriver l’orage. Ca va, je réponds, vous énervez pas, je vais aller la chercher votre bouteille.
Je mets la bonbonne dans le Zafira, et me voilà en route vers la station. Je passe devant chez Ludo, j’en profite pour aller lui dire bonjour, et on va boire un coup au Mistral.  Le temps d’échanger nos avis sur le nouveau Ask For Redemption, je regarde la pendule du bar. Dix-sept heures ! Tu connais ma mère, je fais en soupirant. Faut que j’y aille ! On boit une dernière mousse et on se quitte.

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J’arrive à la maison, mes parents sont tous les deux dans la cuisine. Je sens bien que ça tire un peu la gueule.
« - Qu’est-ce que tu as foutu ? gronde mon père. On a dû bouffer les nouilles froides !
- Je suis passé voir Ludo, j’explique. On a papoté un peu, j’ai pas fait gaffe à l’heure, c’est tout… 
- Tu nous emmerdes avec ton Ludo ! fait mon père.
- Assez perdu de temps, dit ma mère, amène la bouteille de gaz !
- La bouteille de gaz ?»

Mes parents pètent un cable ! ma mère attrape ma pile de CD, mes  Seeds Of Mary, mes deux Porno, mon September Again, le nouveau Ask For Redemption, et elle  fout tout sous clé. Mon père chipe ma veste à patchs et l’envoie valser par la fenêtre. 
«-  Tu fous rien de tes journées, demain tu iras déposer des CV pour bosser !
- Des CV papa ? Mais j’ai jamais travaillé, moi ! Je réponds.
- Et alors ? T’es plus un gamin, que tu dis à ta mère quand elle te demande de ranger ta chambre !  Tes 52 ans, tu sais les revendiquer quand on veut pas que t’ailles au Mistral traîner avec ton pote Ludo ! Et bein la fête est finie ! Si tu veux récupérer tes disques et pas voir ton lapin nain transformé en civet, tu vas filer chercher du travail !»

C’est comme ça qu’hier je me retrouve à déposer des CV dans Mandelieu. Je fais l’avenue de Cannes, (c'est la plus grande), son chocolatier, son marchand de poulet, ses banques, et au 589,  j’arrive devant le panneau du tatoueur. Tiens, je vais voir, ça mange pas de pain, je me dis. 
Dans la perpendiculaire, je vois l'enseigne «The Bloody Rock Shop». Ca me parle. Ah oui, c’est Ludo qui m’en a dit un mot ! Ils font des fringues métal et ils vendent des skeuds ! Je vais déposer un CV, on sait jamais... J’ouvre la porte, je dis bonjour à la dame, et je commence à regarder les rayons. Il y a un mec au fond, un blond aux  cheveux longs, genre un peu louche. Il farfouille dans les tee-shirts. Il a une tête à piquer des vestes. Je le surveille, mode vigile. Puis soudain, j’ai un doute. Je le connais, ce type, je me dis. Et là je percute : 
" - Valentin Jaskot !
- Bonjour. On se connaît ? 
- Bien sûr ! Tu te souviens pas ? Ahasverus ! C'est moi qui t'ai prêté un stylo l’année dernière, pour que tu dédicaces «Til’ Death Or Nothing» à une fan, quand Porno Graphic Messiah est passé en concert à la Hacienda d’Antibes ! 
- Ah ouais ? Il me fait. On a sorti un nouvel album depuis…

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- Terrorize Me ? Je sais ! Je l’ai ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? Je lui demande.
- J’attends Scars, il répond. 
- Scars Summer ? Dingue ! Tout le groupe est là ? C’est mon jour de chance alors ! 
- Et toi, t’es venu acheter des fringues ?
- Euh… Non… C’est mon père… il veut que je cherche du boulot…
- Ah… Tu t’appelles comment déjà ?
- Ahasverus.»
Là dessus arrive Scars Summer, le chanteur de Porno Graphic Messiah. Valentin nous présente.
«- C’est Ahasverus, il a écouté Terrorize Me.
- Ah, bien ! répond Scars. Tu en as pensé quoi ?
-   C’est un album de Métal Indus, donc une machine de guerre, mais aussi un disque très équilibré. Il alterne les morceaux taillés pour la scène tels que Star ou Under My Skin, avec des plages plus douces, voire ambiantes, qui donnent à l’ensemble cette homogénéité qui manquait à son prédécesseur, Till Death Or Nothing.
- Pas faux. C’est parce que son enregistrement a été réalisé en un temps plus court. J’ai pu le faire dans mon studio en seulement deux à trois semaines, une fois que toutes les compos étaient prêtes. Pour  Till Death Or Nothing, l'enregistrement s’était échelonné sur deux à trois ans. Je pense que c’est pour celà que tu le trouve plus homogène. Tu es journaliste ?
- Euh… Ouais, ouais… journaliste métal, je réponds, sans réfléchir, pour faire l'intéressant. Enfin euh… rock métal… ouais.
- Il cherche du boulot ! Précise Valentin.
- Ah d’accord ? Pourquoi tu essaies pas le webzine Métal Connexion ? Leur rédacteur vient de les planter. Il s'est fait renverser sur un passage piéton et il a fait quelques jours de coma. Depuis son réveil, il jure plus que par Puppa Lek Sen,  le chanteur sénégalais…»

Et voilà comment je me suis retrouvé au «zine», sans même présenter un  CV, sur recommandation spéciale de Scars Summer et Valentin Jaskot, s'il vous plaît ! Avec le badge gratos pour la machine à café, l’adresse email @metal.connexion.fr et tout le toutim !

« - Faudra quand même que tu leur parles de tes conditions, et que tu vois pour une voiture de fonction ! A commenté ma mère.
- Et tant que tu y es, tu demanderas pour ton cousin Kevin. Il cherche un bain en entreprise pour finir sa troisième.»

Nicolas Walzer - Anthropologie du Métal extrême (2007)

Le 26/03/2018

Cet essai changera l' amateur du genre des anthologies plates, des études clichesques.

Après avoir rappelé les débuts violents de la scène extrême, Nicolas Walzer, spécialisé dans ce style musical et dans le satanisme, s'attelle aux particularités du public français. Il interroge des membres de formations (Your Shapeless Beauty, The Old Dead Tree, Anorexia Nervosa, etc), ainsi que d'autres acteurs, managers, responsables de labels, chroniqueurs de radio ou de webzines.
Le sociologue développe son analyse sur 400 pages agrémentées de quelques photos en noir et blanc. Si la qualité des photos est moyenne, l'essai est, quant à lui, tout à fait intéressant, malgré un panel de contributeurs très réduit. 
S'interrogeant sur l'éthique, l'évolution des musiciens, les rapports à l'argent, la notoriété, les dérives norvégiennes ou le satanisme, Nicolas Walzer débusque et analyse les réactions et les comportements des personnes interrogées. Il les compare enfin à celles de l'adepte d'autres cultures musicales. 
On sent dans cet essai que l'auteur évolue en terrain connu et qu'il est encarté au parti métallique. Son analyse n'en est pas moins intéressante quand elle pointe du doigt les paradoxes de notre subculture. Ses observations sur les mécanismes de ce courant musical ouvrent parfois la porte à des réflexions plus vastes sur les groupes humains.
Le sympathisant Walzer nous ouvre les yeux sur un échantillon social déterminé, et finalement très conformiste dans sa marginalité. Il offre une analyse intéressante des codes et des intentions. Son essai changera l' amateur du genre des anthologies plates, des études clichesques ou de certaines  biographies écrites avec les pieds qu'on trouve souvent dans les librairies au rayon musique. Le non-initié trouvera quant à lui un portrait du métalleux (extrême ou pas, même combat !) cohérent et éloigné des clichés grotesques trop souvent répandus par certains médias qui ne veulent pas distinguer les vessies des lanternes et font croire au grand public qu'une culture musicale marginale est une armée révolutionnaire en marche, malgré que Mick Jagger nous l'ait expliqué en 1974 : it's only rock'n roll ! 

Anthropologie du metal extreme

Hālley - In Moon We Trust​/​Run For My Sun (2018)

Le 26/03/2018

Esprits fermés, passez votre chemin.
Il y a des petits bonheurs, dans la vie. 
Tenez, par exemple, quel est donc cet ORNI (objet rockant non identifié) qui éclaire soudainement mon ciel musical au détour d'une page Facebook ?
C'est In Moon We Trust​/​Run For My Sun, le double EP du groupe Hālley, sorti en mars 2018 !
Un double EP dont on peut, si l'on veut, acquérir chacune des parties séparément. (https://halleyband.bandcamp.com/)
Ce surprenant quintette parisien qui ne fait rien comme tout le monde s'est créé en 2015. Ses influences vont de la pop au hard rock, de Bowie à Led Zep en passant par Pink Floyd. Il en ressort un étonnant territoire, difficilement catégorisable, mi-jazzy, mi-rock, mi-hard et mi-floydien.
Oui, je sais, cela nous donne quatre moitiés, c'est vous dire à quel point je suis enthousiaste ! 
Hālley envoie son talent dans toutes les directions : ça swingue, ça groove, ça jazz, ça rock, la guitare est floydienne, la voix, qui pourrait sans problème candider pour The Voice, part chercher ses notes dans des recoins inattendus avec une facilité déconcertante. La prestation des cinq jeunes zicos et le niveau de leurs compos sont étonnants de dextérité et laissent présager que les jeunes loups de Halley pourraient bien devenir l'une des valeurs sûres de la scène rock hexagonale. Ce premier album est tout simplement grisant et Hālley fait partie de mes trois grands espoirs rock, contredisant totalement l'adage stupide selon lequel il ne faudrait pas tirer des plans sur la comète. 
https://www.facebook.com/halleyband/

Halley