Sorties 2023

THE GUESS WHO (pop/rock), Plein d'Amour (30/06/2023)

THE GUESS WHO (pop/rock), Plein d'Amour (30/06/2023)

Le 08/07/2023

Cinquante-sept ans d'expérience et de talent vous parlent.
Par Ahasverus
The guess who band

The Guess Who est un groupe de rock canadien formé en 1965 à Winnipeg. Ca remonte, hein ?
Il a connu son heure de gloire dans les 70, conservant même la première place du Billboard Hot 100 (un classement des cent titres les plus populaires des USA) durant  trois semaines avec le titre « American Woman » (1970) !

Au cours de son histoire, The Guess Who a compté dans ses rangs Randy Bachman (Bachman-Turner Overdrive) et Rudy Sarzo (Quiet Riot).
Une carrière faite d'interruptions et de réunions qui nous amène en 2023 avec le nouvel album : « Plein d'Amour ».
The guess who
« Plein d'Amour » s'ouvre sur le titre « The King », parsemé de superbes harmonies vocales.

Un grand sens de la mélodie et des harmonies chorales s'installent sur la durée, ainsi qu'une douceur certaine.
Les morceaux de The Guess Who sont finement ciselés, avec de belles orchestrations. Clavier, basse, choeurs, guitare, voix, piano, violon, se succèdent ou se mêlent pour atteindre parfois des sommets dans un album qui sent le métier mais qui ne repose pas sur la technique.

Une atmosphère hors du temps se dégage de cet album harmonieux, souvent joyeux, qui renvoie aux Beatles de Paul McCartney pour le sens mélodique et les arrangements, et à Queen pour les harmonies vocales.
La fluidité se dégage de ces mélodies pop-rock d'aspect simple et pétillant, avec quelques incartades folk 70s (« Headline »)  ou hard-rock (« Plein d'Amour »).

Cinquante-sept ans d'expérience et de talent vous parlent. The Guess Who 2023 a conservé assez de jus pour livrer un album hautement agréable et simplement beau, foisonnant de détails aussi sonores que lumineux.  

ART NATION (hard mélodique), Inception (09/06/2023)

ART NATION (hard mélodique), Inception (09/06/2023)

Le 08/07/2023

Le songwriting sans faute et le talent des musiciens aboutit à un album de hard mélodique relevé, avec une face pop assumée, qui parvient à unir le plus souvent les deux univers pour le meilleur.
Par Ahasverus
Art Nation est un groupe fondé à Göteborg — capitale européenne du rock ? — en 2014 par et pour le chanteur Alexander Strandell (Diamond Dawn, Crowne).
Art nation band
Ces Suédois sortent leur premier album, « Revolution », en 2015. Mixé par l'incontournable Jacob Hansen (Amaranthe, U.D.O, Arch Enemy), il présente des compositions  très académiques orientées AOR/hard mélodique. 
Art Nation signe alors chez Sony Music Entertainment. Il place un morceau  à la cérémonie d'ouverture de la Gothia Cup, une compétition de football internationale. Cette prestation lui donne l'occasion de jouer devant un public de 60 000 personnes, sans même parler de l'impact télévisuel.
Parallèlement, Art Nation partage la scène avec des géants comme Europe, Twisted Sister ou Dokken.
En 2017, Art Nation sort « Liberation », son deuxième album. Il est bien plus heavy, que « Revolution ». Sans pour autant renoncer à la fibre mélodique, il marque une évolution dans la musique du groupe en lui conférant des orchestrations pop plus modernes. Art Nation vient de trouver son style et a heureusement évité de s'enfermer dans une FM sclérosée. Côté son, Jakob Hermann (In Flames, Evergrey) et Jacob Hansen sont aux manettes. 
En 2019, Art Nation revient avec un dix pistes de seulement trente-cinq minutes : « Transition ». Les éléments pop et symphoniques de sa musique sont soulignés par plusieurs webzines (Music Waves, Metal Integral).
Le 09/06/2023, Art Nation revient chez Frontiers Music srl avec un nouvel album : « Inception ».
Art nation
Alexander Strandell précise à propos de cet opus : « Le nouvel album correspond à ce que Christoffer et moi voulions qu'Art Nation soit depuis le début, en 2014. Un mélange de chansons mélodiques, heavy, pop/hard rock avec de grands refrains et des mélodies épiques, avec une solide amitié. »
Le songwriting de ce quatrième long format semble vouloir se faire encore plus accrocheur, avec le bien nommé « Brutal & Beautiful », un titre d'ouverture qui indique que la tendance est à l'accélération.

Le second titre, « The Last Of The Burned », le confirme dans un parfait prolongement du premier.
Art Nation est d'humeur heavy (« Fight Fire With Fire », « Somewhere I Know I Belong »), avec des descentes de manches qui font penser à Nils Courbaron (Sirenia) et des partis pris électro-pop jusque dans la manière d'aborder le chant (« Superman »).
L'aspect rock mélodique/AOR reste bien sûr une composante essentielle de l'univers du groupe (« The Legend Reborn », « Powerless », « 1001 »).  

Une ribambelle de riffs accrocheurs s'enchaînent dans des formats de trois à quatre minutes, juste ce qu'il faut pour taper en coeur de cible.
Le songwriting sans faute et le talent des musiciens aboutit à un album de hard mélodique relevé, avec une face pop assumée, qui parvient à unir le plus souvent les deux univers pour le meilleur.
H.E.A.T, Within Temptation et Amaranthe sont les points de repères fréquemment cités par les webzines. Nous ajouterons à la liste Kissin' Dynamite (« Brutal & Beautiful », « Somewhere I Know I Belong »).
Il va sans dire qu'« Inception » est à découvrir.

FIREBORN (heavy metal), Reflections (16/06/2023)

FIREBORN (heavy metal), Reflections (16/06/2023)

Le 07/07/2023

Une jeune chanteuse remarquable, puissante et originale, qui ne pourra que se bonifier + un groupe en place aux compositions très variées et accrocheuses = un premier album pertinent qui retient l'attention.
Par Ahasverus
Voici le premier album d'un jeune groupe digne d'attention. Pas un lapin de six semaines non plus : Fireborn se forme en 2016 à Lörrach, au Sud de l'Allemagne, à quelques envolées de Mulhouse. Le groupe s'appelle alors Dislike Silence. Sous ce nom, il sort un EP, en vente ou à l'écoute sur le site du groupe. Puis il se classe trente-septième à la finale des German Rock and Pop Awards, catégorie Rock.
Allez savoir pourquoi le groupe change de nom... Il devient Fireborn. C'est peut-être plus typé heavy ?
Pour enregistrer « Reflections », son premier album, Fireborn se rend en Suisse. Ca tombe bien, c'est à deux pas de Lörrach. Le Little Creek Studio a vu passer notamment les Burning Witches et Destruction. 
Fireborn cover
Particularité : Fireborn a pour atout Jenny. Et cet atout, il n'entend pas le laisser dans sa manche. La jeune chanteuse est puissante, très puissante, même (« Ferryman »), avec un timbre un peu rauque, souvent comparé à Lzzy Hale (Halestorm). C'est pas rien, Lzzy Hale, dans le Metal ! Et la voix de Jenny, légèrement éraillée, peut même, sur certains passages, faire penser à Bonnie Tyler. Si, si, tendez bien l'oreille... (« Angel In Need », « Deep Blue Water »)

Un bon chanteur, si doué soit-il — et il est clair qu'en plus de la technique et de la puissance cette chanteuse a un don — ne suffit pas à faire un bon album. Jenny se voit heureusement servie par un songwriting efficace qui va du heavy soutenu (« The Eye Of A Hurricane ») à la ballade acoustique (« Guide Your Home »), avec un peu de modernité dans les structures (« Pack Of Wolves », « Proud And Ashamed ») et des éléments plus proches du rock ou du blues  (« Done With You »). 
Avec ses quatorze titres pour cinquante-quatre minutes, « Reflections » prend le risque de la longueur. Pourtant il s'écoute d'une traite, avec des morceaux variés et des refrains suffisamment accrocheurs pour garder l'attention, assortis de guitares mélodiques et de gros riffs quand il faut (« You Seem So Far »).

Ainsi, capitalisant sur le talent de sa chanteuse et parvenant à servir ce joyau dans un excellent écrin instrumental, Fireborn signe un premier album remarquablement abouti. Loin de se coincer dans un stéréotype, il se démarque,  s'ouvre musicalement et ne cesse de montrer ses qualités.
Une jeune chanteuse remarquable, puissante et originale, qui ne pourra que se bonifier + un groupe en place aux compositions très variées et accrocheuses = un premier album pertinent qui retient l'attention... On n'a probablement pas fini d'entendre parler de cette formation allemande, Fireborn, qui ne demande qu'à prendre la place qui lui revient sur la scène Metal internationale. A découvrir et à suivre dans un parcours qui devrait prendre rapidement les courants ascendants.
« Reflections » est disponible depuis le 16/06/2023.

SHAKA PONK : Un petit tour et puis s'en vont

SHAKA PONK : Un petit tour et puis s'en vont

Le 06/07/2023

Shaka Ponk, à son zénith, prend congé avec un album efficace, sans effets de manches et carrément grand.
Par Ahasverus
1.- SHAKA PONK : La Story
Selon Wikipedia Shaka Ponk tirerait son nom du premier bouddha (Shākyamuni) et d'une tribu amérindienne, mais on n'a rien trouvé à propos de ces Indiens - le peuple Poncas, peut-être ? Ponk est aussi vraisemblablement un clin d'oeil à Punk.
Shaka ponk band
Le groupe se forme en 2002, c'est un collectif rassemblé autour de l'image (leur singe-mascotte ne les quittera jamais) et de la musique. On peut considérer que c'est à Berlin qu'il nait réellement, c'est en tous cas là qu'il prend son envol. Il sort quelques démos et il a l'opportunité d'assurer les premières parties de groupes comme Korn ou Mudvayne. Il signe avec un label allemand (Edel Music), suffisamment professionnel pour lui donner de solides bases. En 2005 il donne naissance à son premier EP, « Hyppie-Monkey », dont quatre morceaux sont repris sur le premier album de sa discographie, « Loco Con Da Frenchy Talkin » (2006). Musicalement, ça fusionne à tout va : guitares heavy, basse funky, ingrédients électro, punk, hip-hop, et des textes en Français, en Anglais ou en Espagnol... Les bases de Shaka Ponk sont posées. Il rompt son contrat avec Edel Music et sort « Bad Porn Movie Trax » en indépendant en 2009. C'est un succès. Shaka Ponk passe à Taratata et se voit nommé aux Victoire de la Musique dans la catégorie « révélation scène de l'année ». Le groupe explique à La Grosse Radio : « On a gagné 100 places de disques en quatre minutes. On a halluciné. On était 204ème – ça faisait presque un an que l’album était sorti – et on est passé à 101ème, après le morceau, donc que du téléchargement et tout ça, enfin ça reste pas énorme, surtout par rapport au monde qui regarde. »

« The Geeks and the Jerkin' Socks », troisième album de Shaka Ponk, voit le jour en 2011. A propos de son titre, Ion (batterie), s'amuse avec Lords of Rock.net : « L’album devait s’appeler The Galactics and the Surfing Jokes. C’est Frah qui avait trouvé ce titre, qui l’avait dit à Sam, qui l’a répété à Steve et au final qui est arrivé à mon oreille, et moi j’ai entendu The Geeks and The jerkin’socks. J’ai trouvé ce titre mortel et on l’a gardé. »  Il s'agit du premier opus avec Samaha Sam (chant), mais elle est présente dans l'entourage du groupe depuis ses débuts. 

Dans une setlist très hétéroclite, l'album se referme sur deux featuring :  le rappeur américain Beat Assaillant participe au morceau « Old School Rocka » et Bertrand Cantat est paradoxalement invité sur le titre « Palabra Mi Amor ».  Marie Trintignant est décédée le 01/08/2003 et Noir Désir a jeté l'éponge voici un an.  « On s’attendait à  se faire un peu taper dessus, mais ça n’a pas été le cas » explique Samaha Sam à Lord Of Rock. « The Geeks and the Jerkin' Socks » est même mieux accueilli que son prédecesseur, il est disque de platine et se voit nommé aux Victoires de la Musique. Shaka Ponk ouvre pour Guns N' Roses lors de son concert parisien.
Le 18/03/2014, Shaka Ponk est nommé chevalier des Arts et Lettres par la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti.
En 2014 et 2015, Shaka Ponk présente deux opus qu'on peut considérer comme un double-album, les compositions de « The White Pixel Ape » et « The Black Pixel Ape » étant issues des mêmes sessions de composition et présentant respectivement la face lumineuse et la face sombre du groupe, comme le suggèrent les pochettes et les titres de ces longs formats.
« The Evol », le sixième album, sort en 2017. Shaka Ponk est à nouveau nommé aux Victoires de la Musique dans la catégorie « Meilleur album de rock français de l'année ». Le groupe profite d'un incident technique (arrangé ?) dans le lancement de son morceau lors de la cérémonie pour prendre une position affirmée sur le changement climatique.

En 2018, Shaka Ponk initie « The Freaks », un collectif de personnalités (Matthieu Chedid, Laurent Baffie, Calogero, Laure Manaudou, Maxime Le Forestier, on ne va pas les citer tous : ils sont soixante-huit à ce jour !)  qui s'engagent pour la protection de la planète et qui invitent à passer de la parole aux actes en matière d'écologie grâce à une liste de gestes simples élaborés en collaboration avec la fondation Nicolas Hulot. 
En 2020 sort l'anthologie « Apelogies ». Il s'agit d'un triple album composé de morceaux du répertoire réenregistrés, d'inédits ou de raretés et de titres live. Le clip « Funky Junky Monkey » voit Goz, le singe-mascotte de Shaka Ponk, s'incruster sur des images de notre culture collective, de Donald Trump à Clint Eastwood, en passant par Iron Maiden ou l'Arc de Triomphe. Cette chanson raconte l'histoire de ce singe très punk, post humain, qui vient reprendre sa place dans un monde d'où les Hommes l'ont exclu ». 

2.- SHAKA PONK : Le nouvel album :
En 2022, Shaka Ponk, qui a laissé passer la pandémie, commence la préparation de son nouvel album. Il annonce qu'il s'agira du dernier opus, certains membres du groupe ayant décidé de s'investir dans d'autres projets, et notamment, les chanteurs Frah et Samaha, recentrés sur « The Freaks ».
Le dernier opus du groupe est simplement intitulé « Shaka Ponk ».
Shaka ponk album
Il sort le 16/06/2023. Il s'ouvre sur des rock aussi énervés (« D'Essence ») qu'obsédants (« Alegria »,« 3000 Heures »), quand il ne vire pas purement au riff de hard à la AC/DC (« Dad'Algorythm »).

Côté lyrics, « D'Essence » respire à plein poumons la transition écologique qui s'amorce: « Je mène mes gosses à l'école dans cette grosse bagnole / on s'en fout, on s'enfume / il pourront bien aller pleurer leur père sur la lune. » 
Shaka Ponk aime plus que jamais jouer avec les mots et la parenté avec Noir Désir est évidente. A ce titre, « Allegria » est un festival : « Même si la terre est ronde / J'en ai rien à carrer » ; « Si l'enfer est ici, alors autant s'en faire / S'en faire un paradis.» 

Au sommet de son art, Shaka Ponk a privilégié les textes en Français, jouant avec les mots de la contestation :  « Replonge ta face dans ton Iphone / C'est fou comme on se sent bien avec le compteur à copains. »  ; « Il faut suivre le move / Même si le move ment » (« J'aime Pas Les Gens ») ; « Tout le monde danse quand ces gens-là claquent des doigts / Mais moi je danse pas. » (« Tout le monde danse. »)

L'album trouve sa pause avec le suave « Il y a ». « Resign » sonne le glas dans un format à la Skip The Use.
Ainsi Shaka Ponk, à son zénith, prend-il congé de vous avec un album de trente-neuf minutes, efficace, sans effets de manches, carrément grand. Il a su assimiler et synthétiser tout ce qui a fait la diversité et la puissance du rock français. En tournée jusqu'à fin mars 2024, vous pourrez l'applaudir une dernière fois ici : http://shakaponk.com/tournee/. Ensuite, il pourra reposer auprès de La Mano Negra, de Noir Desir et des Négresses Vertes au Panthéon du rock français.

SUPREMACY (hard mélodique), Influence (30/06/2023)

SUPREMACY (hard mélodique), Influence (30/06/2023)

Le 04/07/2023

Pleinement calibré pour séduire les amateurs d'un hard-rock US légèrement AOR,  « Influence » a pour lui l'avantage certain de ne pas céder pleinement aux sirènes de la FM grâce à quelques propositions bien placées qui viennent muscler son relief.

Par Ahasverus

Huit ans après « Leaders », un album plus qu'honorable, SUPREMACY revient avec un nouveau chanteur.
Enfin, nouveau... façon de parler ! Gus Mosanto (ex-Adagio) a rejoint la formation colombienne en 2017 !
C'est que si depuis 2009, année de sa fondation, Supremacy n'est pas resté inactif (concerts avec Scorpions, Cinderella, Extreme, Sebastian Bach, etc), le groupe de Bogotta n'en est qu'à son second effort discographique, et c'est la seule trace tangible de son existence pour le public français.
Voici donc « Influence », son nouvel album, qui vient combler cette lacune.
Supremacy influence
Il est livré dans un artwork signé Joey Polycarpo.
Si « Leaders » (2015) était déjà bon,  la voix mâle de Gus Monsanto tire incontestablement Supremacy vers le haut. « Influence » fait passer l'impression laissée par « Leaders » de « bonne » à «  forte ».
Musicalement, Supremacy officie dans le hard US. Il y ajoute clairement une bonne touche d'AOR, mais un AOR plutôt large d'épaules (« Sin Paradise », « Sirius »).

L'intervention d'un saxophone apporte une touche originale en milieu d'album, et le morceau  « Dancing With The Devil », avec ses choeurs bien balancés,  se distingue aussi par son pont plein de swing sur lequel les instruments évoluent à l'unisson.
Le style peut encore se renforcer et s'éloigner des radios quand Supremacy durcit son jeu (« Indigo Children ») et nous sert un titre plus incisif, clairement construit comme un Skid Row (« Dance For Me »).

D'une manière générale, « Influence » est construit sur un excellent songwriting, parfaitement épousé par la voix de Mosanto, qui se fait tantôt puissante et agressive, tantôt chaude et caressante. Ce chaud/froid est pleinement calibré pour séduire les amateurs d'un hard-rock légèrement AOR (« My Time ») et, si tel est votre cas, vous devriez lui céder dès la première écoute. Il a pour lui l'avantage certain de ne pas s'abandonner pleinement aux sirènes de la FM et il évite la linéarité avec quelques propositions bien placées qui viennent muscler son relief.
On note la présence de Bruce Kulick (Kiss), qui gratifie d'un solo la seconde piste de cet excellent album qu'il convient de ne pas rater et qui entre dans nos recommandations pour cette année 2023.

On précisera aussi que le Danois Jakob Hansen (U.D.O, Epica, Dagoba), désormais incontournable, a assuré le mixage de cet opus.

SIRENIA (métal symphonique), 1977 (26/05/2023)

SIRENIA (métal symphonique), 1977 (26/05/2023)

Le 27/06/2023

Sirenia a inscrit l'évolution dans son ADN, une évolution facilitée par le chant protéiforme d'Emmanuelle Zoldan, par l'inspiration sans fin de Morten Veland, par l'écrin d'arabesques que le virtuose Nils Courbaron est capable de tisser avec sa guitare et par la puissance et la rapidité du jeu toujours fluide de Michael Brush.

Sirenia 1977 cover
Par Ahasverus


SIRENIA - 1.- La Story :

Morten Veland est un musicien norvégien. Il est, à la fin des années 90, l'un des fondateurs du groupe Tristania, qu'il quitte en 2000, après trois albums et de sérieuses divergences musicales.
Il monte alors Sirenia, projet dont il sera seul maître, compositeur principal, mais aussi chanteur multi-instrumentiste.  
Pour son premier album, « At Sixes And Sevens », Sirenia s'appuie sur le guitariste/chanteur Kristian Gundersen (Elusive), la chanteuse Fabienne Gondamin, et sur des membres de Tristania (le guitariste Jan Kenneth Barkved et le violoniste Pete Johansen). Volontiers agressif, « At Sixes And Sevens » empruntera à l'univers black et gothique façon Cradle of Filth. Le growl, le chant lyrique et les choeurs (quatre choristes) se côtoient, avec des phases opératiques à la Thérion. L'album est produit au Sound Suite Studio de Marseille, pour un rendu un poil trop rustique pour sa catégorie. Il sort cependant chez le géant autrichien Napalm Records, auquel Veland est alors lié pour deux albums.
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La géométrie variable autour du fondateur s'affiche dès « An Elixir For Existence », ce qui n'empêche pas ce nouvel album de rester dans la même veine que son prédécesseur.  La Française Fabienne Gondamin, étant incapable d'honorer la tournée « At Sixes And Sevens » Veland est contraint de la remplacer sans délai par la Norvégienne Henriette Bordvik. Du reste du line-up, il ne garde que le guitariste Kristian Gundersen, confiant la batterie Jonathan Perez (Trails of Tears) et invitant Anne Verdot et son violon. Morten Veland assure lui-même la majorité des parties instrumentales qu'il agrémente de cinq choristes. Deux mois plus tard, Sirenia propose l'EP cinq titres « Sirenian Shores », qui alterne des inédits, un remix et un acoustique revisitant son répertoire, ainsi qu'une reprise de la chanson de Leonard Cohen « First We Take Manhattan ».
Dégagé de ses obligations envers Napalm Records, Sirenia rejoint le label allemand Nuclear Blast pour un troisième album, « Nine Destinies and a Downfall » (2007). Le line-up est totalement renouvelé autour de Morten Veland, les musiciens ayant préféré se recentrer sur leurs différents projets. Morten recrute la chanteuse danoise Monika Pedersen (Sinfonia). Celle-ci fait une proposition moins lyrique que ses prédécesseurs et ouvre ainsi une nouvelle voie pour Sirenia : le chant féminin prend le lead pour la première fois, toujours supporté par des choeurs très étoffés. Le son de l'album est cette fois travaillé dans différents studios, le Marseillais Sound Suite, toujours, mais également deux studios norvégiens. L'Américain Anthony Clarkson (Queensryche, In This Moment) réalise l'artwork de cet opus moins stéréotypé qui se détache des débuts discographiques par sa variété.
Sirenia 3
En suivant, « Nine Destinies and a Downfall » est bien accueilli, ce qui n'empêche pas la malédiction du line-up de se répéter : Monika Pedersen ne se retrouve pas dans l'univers de Sirenia.  Elle annonce sa décision de voguer vers d'autre projets. L'Espagnole Pilar Gimenez Garcia, alias Ailyn, qui s'est illustrée dans la version espagnole de The X Factor, lui succède pour l'album « The 13th Floor » (2009). Morten assure à nouveau la majeure partie des instruments présents sur l'album, tandis que le violon est tenu par la française Stephanie Valentine. « The 13th Floor » suit la voie de « Nine Destinies and a Downfall » sans retrouver le même brio.


En 2010, Morten Veland ouvre Mortemia, un projet parallèle sous lequel sort l'album « Misere Mortem » , avec notamment Emmanuelle Zoldan aux choeurs. Il propose ensuite les EP « The Pandemic Pandemonium Sessions » et « The Covid Aftermath Sessions », prétextes à collaborer avec différentes chanteuses du monde du metal, telles que Melissa Bonny (Ad Infinitum), Liv Kristine (Leaves' Eyes), , Ambre Vourvahis (Xandria) ou ou encore Heidi Parviainen (Amberian Dawn), que Veland retrouvera au Rock N'Eat de Lyon le 14/09/2023 puisqu'Amberian Dawn (Suède), Dark Sarah (Finlande) et Rexoria (Suède) accompagnent Sirenia sur le Symphonic Metal Nights Tour. C''est la seule date française que nous avons recensée sur cette tournée européenne.
Mortemia mettait en ligne voici deux semaines le clip « Antidote », avec Fabienne Emi, la chanteuse de la formation suisse Eluveitie.


Le cinquième album de Sirenia, « The Enigma Of Life » (2011), voit pour la première fois une chanteuse (Ailyn) opérer sur deux albums consécutifs. Un titre est même proposé en langue espagnole ! De ses débuts, Sirenia conserve les choeurs à la Therion, tandis que la prédominance de la voix féminine dans le leadership vocal est désormais acquise et que les éléments black/death des deux premiers albums font partie du passé. Malgré tout, « The Enigma Of Life » nous semble marquer le pas.
En 2013 Sirenia signe « Perils of the Deep Blue ». Cette fois le groupe offre un titre en langue norvégienne. Veland a décidé de briser la routine des derniers albums, il ose une composition de plus de douze minutes. Le ton d'ensemble est plus explosif, le son du Norvégien Endre Kirkesola (mixage et mastering) est puissant, et les choeurs et les riffs plus présents. Sirenia entre pour la première fois dans les charts américains. Le morceau d'ouverture de l'album, « Ducere Me In Lucem », apparaît même sur la bande originale du film d'épouvante « Abandoned Dead ».
Sirenia abandoned death
Le septième opus du groupe, « The Seventh Life Path » (2015), marque le retour de Sirenia dans l'écurie Napalm Records. Ailyn détient désormais le record de longévité en tant que vocaliste, avec quatre albums consécutifs. A son habitude, Morten Veland prend tous les instruments à son compte. Joakim Naess intervient en voix claire masculine sur le titre « Elixir » tandis qu'un choeur à cinq voix donne une épaisseur symphonique aux morceaux.
2016 Patatras ! De choriste, Emmanuelle Zoldan passe frontwoman pour l'album « Dim Days of Dolor », tandis qu'Ailyn est invitée à se diriger vers la sortie. Zoldan n'est pas une inconnue pour Sirenia. La Française a pris pension dans les choeurs du groupe de longue date, et elle assurait déjà  le chant lead sur la cover de Leonard Cohen de l'EP « Sirenian Shores ». En plus de son chant lyrique, Emmanuelle Zoldan possède une voix claire très polyvalente, qui n'est pas sans rappeler parfois celle de Madonna, et son apport au nouveau son de Sirenia est significatif.
« Arcane Astral Aeons » arrive en 2019. Pour la première fois Sirenia fait appel au crowdfunding. Son titre d'ouverture est une alternance de chant lyrique, cette fois-ci omniprésent, et saturé, dans un rendu qui n'est pas sans rappeler le travail de Turunen et Hietala dans Nightwish. Le talent lyrique d'Emmanuelle Zoldan, qui signe deux morceaux en Français, éclate. Contrairement aux albums précédents, Morten Veland a laissé de la place aux guitaristes Niels Courbaron et Jan Erik Soltvedt qui agrémentent l'album de leur soli. Jacob Hansen (U.D.O., Epica) assure le mixage d'un album de métal symphonique teinté de pop (« Nos Heures Sombres »), aux qualités de songwriting évidentes et au casting de plus en plus affiné.

Produit en totalité par Morten Veland, « Riddles, Ruins & Revelations »  (2020) est le dixième album du groupe. Il se veut « moderne et nouveau », et il se fait heavy et dissonant tout en restant mélodique, intégrant des éléments presque dance (« Towards And Early Grave», « Into Infinity »), enfonçant le clou de la synthpop avec une reprise du tube de Desireless « Voyage, Voyage » (une idée de Morten) assez fidèle à l'originale malgré sa dimension métallisée. Les soli des guitares virevoltent, Emmanuelle Zoldan use aussi bien de sa voix claire que de son chant lyrique. Le batteur britannique Michael Brush (Magic Kingdom) complète une formation qui semble avoir trouvé sa nouvelle formule idéale.


SIRENIA - 2.- Le nouvel album : « 1977 »

Nous en arrivons naturellement à 2023, avec « 1977 », sorti chez Napalm Records le .26/05/2023.
Comme ne le laisse pas supposer la macabre pochette de ce onzième album, 1977 est l'année de naissance de Morten Veland.
Veland/Zoldan/Courbaron/Brush restent la base d'une formation désormais française pour moitié.


Sirenia cecile delpoio
Sirenia par Cecile Delopio, qui
 a signé les photographies du groupe visibles dans le livret du nouvel album. Cette touche-à-tout de type couteau suisse a également dirigé le clip « Deadlight ». Outre ses talents visuels, Cécile est une magnifique voix lyrique. Elle est la chanteuse du groupe de métal symphonique Remember The Light et elle a sorti en 2022 son premier album solo, intitulé « Tuolla », sur lequel Nils Courbaron fait un featuring. 


Pour la première fois dans l'histoire de Sirenia, l'album a été mixé et masterisé au Vamacara Studio. L'ambiance est à la pop. « Nous voulons que chaque album ait son propre son, sa propre identité, en essayant d’apporter quelque chose de frais à chaque fois », confie Veland à Long Live Metal. Sirenia a en effet inscrit l'évolution dans son ADN, une évolution facilitée par l'inspiration sans fin du barreur Morten Veland, par l'écrin d'arabesques que Nils Courbaron tisse mieux que quiconque à la guitare, par la puissance et la rapidité du jeu toujours fluide de Michael Brush, enfin par le chant protéiforme, aussi remarquable en voix claire qu'en lyrique, d'Emmanuelle Zoldan, parfois soutenue par une belle voix masculine (« Fading To The Deepest Black »).

Cette complémentarité de talents au sein de la plus française des formations norvégiennes aboutit à une alchimie qui permet à un album très technique de paraître volontairement abordable. Opus de métal symphonique avant tout, il lorgne en toute conscience vers l'insouciance de la new wave qui marquait les années 80 (les claviers de « The Setting Darkness » peuvent rappeler le son d'Alphaville). Ceci ne devrait pas déstabiliser la vieille garde des fans de Sirenia, habituée aux envies d'exploration du pacha. Fédérateur, « 1977 » pourrait plutôt rallier un nouveau public attiré par sa musicalité et sa grande polyvalence. Cet écart n'empêchera pas non plus Sirenia de continuer à s'imposer parmi les grands du genre sympho, en leader plutôt qu'en suiveur. C'est qu'à l'instant « T » il bénéficie d'un line-up qu'on voudrait pérenniser tant la formule est homogène, tant ces musiciens sont ceux qui conviennent pour relever les challenges de leur leader, et tant le son de Sirenia,  quelle que soit l'ouverture musicale, devient reconnaissable, notamment par le style de son guitariste virtuose.
« 1977 » est un album qui s'attaque au champ des possibles et qu'on recommande bien au-delà du cercle des amateurs de métal symphonique. 
Morten Veland a choisi à nouveau de conclure « 1977 » par une cover, jetant cette fois son dévolu sur le tube « Twist In My Sobriety » signé par Tanita Tikaram en 1988.

WINGER (hard mélodique), Seven (05/05/2023)

WINGER (hard mélodique), Seven (05/05/2023)

Le 25/06/2023

Nous n'hésiterons pas à placer « Seven » parmi les grandes sorties hard mélodique de l'année. Les amateurs le ponceront jusqu'à l'usure.

Par Ahasverus

WINGER 1.- La Story :
Winger naît  à New York dans la seconde moitié des années 80. Il est formé par des musiciens déjà très expérimentés : Kip Winger (chant/basse) et Paul Taylor (clavier) sortent des rangs du Alice Cooper Band (période « Constrictor » / « Raise Your Fist And Yell ») ; Red Beach (guitare) a joué pour les Bee Gees et Twisted Sister (« Love Is For Sucker ») ; Rod Morgenstein (batterie) a fait partie du groupe de rock  progressif  Dixie Dregs durant plusieurs années.
Le quatuor sort un premier album éponyme en 1988. Il est produit par Beau Hill (Alice Cooper, Ratt). Winger se fend d'une reprise du « Purple Haze » de Hendrix sur lequel le guitariste Dweezil Zappa pose un solo. L'album est porté par des morceaux tels que « Seventeen » et « Madalaine » . Son style est très proche de Warrant, et dans une moindre mesure de Skid Row ou Mr Big. Le son et le look sont caractéristiques de la période Hair Metal. L'opus connaît un succès immédiat. 

 En 1990 le même line-up bat le fer tant qu'il est chaud. Beau Hill reste aux manettes. Ce second opus reste dans la trace de son prédécesseur, sans parvenir toutefois à se faire aussi accrocheur malgré qu'il soit plus moderne et plus original. Un trombone et une trompette font leur apparition sur le morceau « Rainbow In The Rose ».
« Pull » (1993), l'album suivant, est l'oeuvre d'un trio guitare/basse/batterie. Paul Taylor a quitté la formation. Mais la vague grunge a provoqué un raz-de-marée qui sera fatal à de nombreux groupes de heavy 80's. Dans le clip officiel de Metallica « Nothing Else Matter », l'inélégant Lars Ulrich joue aux fléchettes sur un poster de Kip Winger (02:56) et la formation new-yorkaise devient l'un des souffre-douleurs de la série d'animation Beavis et Butt-Head. Winger passe dans le camp des has-been. Mis en valeur par la production de Mike Shipley (Def Leppard, Scorpions), le chant de Kip est pourtant à son meilleur et les compositions signées Kip Winger/Reb Beach sonnent modernes et percutantes, à l'instar de l'excellent « Down Incognito ».

Victime du désamour, Winger se sépare. Pour mieux se retrouver ? Une première fois en 2001 pour un best-of. Mais la véritable reformation Winger/Beach/Morgenstein intervient en 2006 avec « IV », un album aussi sombre que sa pochette signée Ethan Van Sciver, dessinateur de comics (Flash, New X-Men).
Winger iv
A cette occasion, le guitariste John Roth (qui avait rejoint la tournée Winger de 1990 et qu'on voit sur la vidéo de « Down Incognito ») ainsi que Cenk Eroglu (clavier) complètent le line-up. Kip Winger assure la production.
Il faut attendre 2009 et « Karma » pour retrouver le même line-up avec un son plus heavy et un album aux premières pistes très rentre-dedans. Winger reprend du poil de la bête avec des compositions plus saignantes et séduisantes que sur le précédent opus.
« Better Days Comin' » (2014), le sixième album, se démarque avec une approche originale et mélodique et ne laisse aucun doute sur le fait que Winger est de retour aux affaires avec des titres chaleureux, groovy (« Better Days Comin' ») et catchy, qui savent se montrer aussi agressifs (« Rat race ») que progressifs (« Tin Soldier »).

WINGER 2.- Le nouvel album :
Il faudra pourtant attendre neuf ans avant la sortie d'un septième album. C'est chose faite le 05/05/2023. Il s'intitule sobrement : 

« SEVEN »

Winger seven
Pour l'occasion, Paul Taylor ramène son clavier, et le groupe fait appel à Ted « Hotel California » Jensen pour le mastering.
Pour amorcer, Winger sollicite le hit maker (« I Was Made For Lovin' You » de Kiss, « Livin' On A Prayer » de Bon Jovi, « Poison » d'Alice Cooper, et même « Livin' La Vida Loca » de Ricky Martin !) Desmond Child, qui n'a rien perdu de son sens mélodique et qui signe avec Kip la piste d'ouverture : « Proud Desperado ».

Ceci posé, la suite des compositions est essentiellement le fait de la paire Winger/Beach.
Elle sait se montrer à la hauteur (« Resurrect Me ») et enchaîner des morceaux qui mettent en évidence le groove dans la voix de Kip (« Voodoo Fire »).
La réussite dans le genre est totale, Winger construit un album de hard mélodique qui met le feu de bout en bout. Sexy en diable, il vous déboite la hanche avant de vous entraîner dans des power ballades à faire baver les crooners (« Broken Glass »), à la manière d'un Ronnie Atkins, tandis que la guitare retrouve la talk-box chère aux 80's (« It's Okay » et son refrain mélodique à tomber par terre), ou se fend de riffs bien heavy (« Stick The Kife In And Twist ») sans se départir d'une musicalité présente tout au long de l'album.
Kip Kip Hooray ! Nous n'hésiterons pas à placer « Seven » parmi les grandes sorties hard mélodique de l'année. C'est incontestablement un album de choix dans la discographie de Winger. Les amateurs le ponceront jusqu'à l'usure.

Vous aimez les collectors ? Notez que l'édition japonaise de « Seven » se réserve en bonus une version acoustique de « Proud Desperado» avec violon, violoncelle, percussions et choeurs d'enfants.

WEGFEREND (Neo Folk), En Autremonde - Chapitre Second (2023)

WEGFEREND (Neo Folk), En Autremonde - Chapitre Second (31/03/2023)

Le 18/06/2023

« En Autremonde - Chapitre Second » se positionne parmi les meilleures propositions néo-folk du moment et dévoile avec éclat la personnalité de Wegferend qui impose malgré sa jeunesse une signature déjà pleine d'originalité, de force et de sensibilité.

Par Ahasverus

Après « En Autremonde - Chapitre Premier », un EP quatre titres sorti en 2019,  Wegferend revient pour une nouvelle proposition posée cette fois sur un album de sept pistes :

En Autremonde - Chapitre Second

Wegferend
L'artwork est à nouveau signé Marine Joumard qui reprend la même thématique que la première pochette sous un point de vue différent. On voit cette fois la Voyageuse quitter une mégapole en ruines pour entrer en Autremonde.
Wegferend signifie en effet  « voyageur » (ou « vagabond ») en vieil Anglais. 
Le groupe se construit en 2016 autour des soeurs Cazamea, Manon (guitares, chant) et Alexia (chant). Laurine Bassé (percussions) complète le trio qui passe brièvement en quatuor à l'arrivée de Thomas Boissier (percussions, batterie, flûtes, chant) pour devenir définitivement une formule Cazamea/Cazamea/Boissier quand Laurine Bassé quitte la formation.
Wegferend band2
Les Toulousains s'essaient d'abord au Metal mais le rendu ne leur convient pas. Leur inspiration  (black metal, post-hardcore et musiques progressives, mais aussi bandes originales de films, heroic fantasy, peinture ou littérature) les pousse vers le folk, auquel le trio aime ajouter l'adjectif « onirique ».
Ainsi naît « En Autremonde », un concept brossé en deux parties dès 2019 et dont voici la touche finale.
Les chansons de ce nouveau chapitre sont généralement longues ; seul « Holy Ghost » descend sous la barre des cinq minutes.
Le processus de composition est collectif, généralement bâti sur une ossature proposée par Manon Cazamea, tandis qu'Alexia Cazamea a pris en charge les textes en Français ou en Anglais, exceptés ceux de « Holy Ghost », signé Sacha Lopez, et de « Jos L’Uèlh de la Breissa » (en Français : « Sous l'oeil de la sorcière »), écrit et chanté en Occitan par Thomas Boissier.
« En Autremonde - Chapitre Second » a été renregistré en novembre 2021 dans le Gers, au Silent Ruins Studio. Le mixage est de Fred Blanchard, le mastering de Laurent Marc.
Le mélange des cordes et des percussions est une réussite (« Gedim ») bien mise en valeur par une production de qualité. Le chant lead, léger, est magnifique, paré d'un vibrato à peine voilé et d'un très bel effet, au service de textes qui savent retenir l'attention. Il est parfaitement appuyé par les secondes voix et Wegferend parvient à faire surgir des tableaux envoutants, tout à la fois étranges et familiers. 
Les ambiances médiévales sont présentes, mais le trio ne s'y enferme pas et sait nous projeter vers des reliefs légèrement orientaux. Loin de coincer Wegferend dans un univers stéréotypé, « En Autremonde - Chapitre Second » ouvre des portes sur l'avenir et révèle le potentiel très élevé d'une formation qui conjugue une singularité avérée et inspirée à des qualités réelles d'interprétation.
L'album est soutenu par le clip « Holy Ghost », sur une idée de Tilia Weevers et du réalisateur Sébastien Duattis.
Dénonçant l'emprise des religions sur les masses, le clip s'inspire de la vie du frère dominicain Girolamo Savonarolla. Ce prédicateur italien intransigeant, hostile aux Medicis, est à l'origine du bûcher des vanités, dressé le jour du mardi gras 1497, dans lequel brûleront des milliers d'objets, des robes, des bijoux, mais aussi des tableaux de Botticelli jetés au feu par le peintre lui-même !

« En Autremonde - Chapitre Second » se positionne ainsi parmi les meilleures propositions néo-folk du moment et confirme avec éclat la personnalité de Wegferend qui impose malgré sa jeunesse une signature déjà pleine d'originalité, de force et de sensibilité. Le trio pourrait  s'inscrire très prochainement parmi les formations majeures du folk progressif et sa musique très ouverte mérite d'être diffusée vers une large fanbase. On suivra avec un vif intérêt.

EXTREME (hard/metal/fusion), Six (09/06/2023)

EXTREME (hard/metal/fusion), Six (09/06/2023)

Le 12/06/2023

Après quinze ans de réflexion, Extreme retrouve son poids de forme, sa force de frappe et son aisance, peut-être même la recette du succès.

Par Ahasverus

Formé en 1985, Extreme casse la baraque quatre ans plus tard avec la ballade acoustique au succès planétaire « More Than World ».

Ce tube figure sur l'album « Pornograffitti ». C'est le second opus des Américains qui forgent leur métal vigoureux avec une pincée de funk pleinement assumée (le titre « Get The Funk Out »).
Le chant de Gary Cherone est groovy et puissant. Nuno Bettencourt, gutariste virtuose, n'est pas mauvais non plus côté vocaux.
« Pornograffitti » est un énorme succès (le plus gros du groupe à ce jour). Il a pour contributeurs Pat Travers et Dweezil Zappa.
En 1992 sort le troisième album du groupe, l'ambitieux « III Sides To Every Story » (sous-entendez «  Yours », « Mine », « The Truth  ». Il revendique l'héritage du groupe anglais Queen.
Extreme 3
Il est suivi en 1995 par « Waiting For The Punchline », accueilli plus fraîchement. Puis le groupe se sépare. Gary Cherone (chant) rejoint brièvement Van Halen avec lequel il enregistre un « III » resté anecdotique.
Extreme se retrouve dans les années 2000 (« Saudades de Rock » - 2008), mais il ne parvient pas à renouer avec le succès. Le quatuor entre dans une longue gestation durant laquelle Nuno Bettencourt (guitare) accompagne Rihanna.
En juin 2023 Extreme rompt un silence qui aura duré quinze ans. Le sixième album est sobrement intitulé : 

« SIX »

Extreme six
Douze titres pour environ cinquante-six minutes.
Le riff solide rassure d'entrée. La guitare de Nuno Bettencourt répond à la voix puissante de Gary Cherone. Nuno chauffe sa six cordes, puis l'enflamme. Les harmonies vocales sont toujours prépondérantes.

Les rythmiques efficaces de « #Rebel » viennent conforter la colonne vertébrale d'un album qui commence par planter des titres et qui reprend confiance au contact de ses armes favorites (harmonies vocales, soli appuyés). 

« Other Side Of The Rainbow » se libère un peu et retrouve la filiation d'un Queen et le ton de « III Sides To Every Story ».

L'impression de retrouver le quatuor dans ses grands jours se confirme sur la ballade « Small Town Beautiful ». Les harmonies vocales sont sculptées au cordeau, le solo de guitare est digne d'un Brian May.
L'album avance. Le songwriting se diversifie. Mieux : il se bonifie . Extreme se fait percutant (« The Mask »), sensuel (« Thicker Than Blood ») et moderne (« X Out »). Les voix sont parfaitement travaillées et le duo Cherone/Bettencourt va jusqu'à nous évoquer Paul Simon (« Hurricane »).
Puis Extreme se libère jusqu'à nous proposer un reggae (« Beautiful Girls ») avant de conclure sa galette sur une agréable ballade. 
Après quinze ans de réflexion, Extreme retrouve donc son poids de forme, sa force de frappe et son aisance, peut-être même la recette du succès, et place « Six » sur le podium de sa discographie.
Extreme line up 1
Extreme jouera à Paris (salle Pleyel) le 07/12/2023.

BLACK STAR RIDERS (Hard-Rock), Wrong Side of Paradise (20/01/2023)

BLACK STAR RIDERS (Hard-Rock), Wrong Side of Paradise (20/01/2023)

Le 06/06/2023

Conforme aux productions précédentes de Black Star Riders dans l'esprit comme dans la qualité, « Wrong Side Of Paradise » est un bon album de plus dans la discographie de ce qu'il convient désormais d'appeler la bande à Warwick.

Par Ahasverus

Depuis 2012, Black Star Riders perpétue l'esprit de Thin Lizzy.
Le groupe prend naissance sous l'impulsion d'anciens membres de ce groupe légendaire, mais seul le guitariste Scott Ghoram prendra place à bord de l'étoile noire quand le processus discographique démarre réellement.
Au chant, Gorham a fait appel au frontman de The Almighty, Ricky Warwick. Etonnamment (pour moi au moins qui n'avait pas remarqué à l'époque de « Powertrippin' »), le timbre de voix de l'Irlandais se rapproche de celui de Phil Lynott. 
Depuis 2012, le line-up autour du tandem Gorham/Warwick est un mouvement perpétuel qui voit passer nombre de musiciens expérimentés dont je cite une partie seulement : Damon Johnson (Alice Cooper), Jimmy DeGrasso (Alice Cooper, Ozzy Osbourne, Megadeth), Marco Mendoza (The Dead Daisies), Zack St John (Bruce Kullick, Stevie Wonder, The B52's)...
Entre 2013 et 2019, Black Star Riders sort quatre albums, tous de très bonne qualité, dans la continuité de Thin Lizzy dont ils reste la meilleure perpétuation.
En 2021, tandis que Black Star Riders est à l'amorce d'une importante tournée , Scott Gorham annonce sa décision de quitter le groupe.
Un nouvel album est tout de même mis en chantier par un quatuor dont vous trouverez le line-up in fine, en notant qu'il n'est déjà plus d'actualité...
Joe Elliot (Def Leppard), vieille connaissance de Warwick qui a failli produire l'un des albums de Black Star Riders, est crédité aux choeurs de ce nouveau long format nommé...

« Wrong Side Of Paradise »

Black star riders
« Wrong Side Of Paradise » se compose de onze ou de treize pistes, selon les éditions. 
Le départ de Scott Ghoram n'a pas révolutionné l'univers de Black Star Riders, qui reste fidèle au son de Lynott, tant par le chant que par l'usage des guitares (« Better Than Saturday Night », « Green and Troubled Land »).

Black Star Riders apporte néanmoins de la modernité dans d'excellents morceaux tels que « Hustle », ses choeurs féminins, son harmonica.
La septième piste est une honnête  reprise du standard des Osmonds, « Crazy Horse », sorti en 1972.
Sans prise de risque (ce n'est pas ce  qu'on lui demande) et conforme aux productions précédentes de Black Star Riders dans l'esprit comme dans la qualité, « Wrong Side Of Paradise » est un bon album de plus dans la discographie de ce qu'il convient désormais d'appeler la bande à Warwick.
Agréable à écouter, varié, il diffuse un hard 70's de qualité et propose de bonnes chansons capables de vous tenir en haleine jusqu'à la onzième ou treizième piste, selon le format sur lequel vous aurez jeté votre dévolu. 

LES TAMBOURS DU BRONX (Metal à fûts), Evilution (01/06/2023)

LES TAMBOURS DU BRONX (Metal à fûts), Evilution (01/06/2023)

Le 02/06/2023

« Mais qu'est-ce que c'est que ce son maigrelet ? C'est pas possible ! Pas les Tambours du Bronx ! »
Je vérifie... F*** ! Le jack de mon casque était mal branché... Ouf ! Reprenons...

Clic... B O U M !

Par Ahasverus

Premier juin 2023. Retour des Tambours du Bronx :

« Evilution »

Les tambours du bronx artwork
Un rhinocéros patibulaire trône sur la pochette jaune et sang. Qu'il ne le prenne pas personnellement, mais c'est exactement ça, Les Tambours du Bronx ! En tous cas, cet artwork signé  Gary Ronaldson (Napalm Death, Kreator)  donnera une idée du contenu mieux que je ne saurais le faire...
Prompt aux évolutions (ou aux evilutions pour reprendre le jeu de mots de l'album) depuis leur formation en 1987, Les Tambours du Bronx ont pris l'habitude de faire appel aux grandes voix de la scène métallique française pour accompagner leurs créations. Ainsi Reuno (Lofofora), à qui revient d'ouvrir l'album, ainsi le groovy Renato Di Folco (Flayed), qui lui succède en piste 2, ou le taulier Stéphane Buriez (Loudblast) ont déjà frotté leurs organes aux marteleurs de fûts. (Euh... Je reformule madame la rédactrice en chef ?)
Pour enfoncer le clou et appuyer sur l'aspect tribal et menaçant de leurs percussions, les Tambours consolident cette fois leur Armada par une prestation rageuse des Bataves de Dope Dod (« Razorback »), qui réussissent l'une des performances les plus frappantes de cette galette de quarante-trois minutes, ce qui n'est pas une mince affaire compte-tenu du niveau de l'ensemble des intervenants.

Jouant la diversité, Les Tambours du Bronx ont également recours à quelques musiciens : le charismatique batteur de Francky Constanza, (BlackRain) est bien sûr à nouveau de la partie. Amènent également leur savoir-faire le Français Arco Trauma (« Double Devils ») et le Metal God brésilien Andreas Kisser, guitariste de Sepultura (« Chaos »)..

Les compositions explosives, en Français, en Anglais, ou instrumentales (« Double Devils ») se confrontent  parfaitement aux univers Metal/Rapcore des vocalistes de cet album. C'est que, loin d'une écriture autocentrée, les Tambours du Bronx construisent intelligemment leurs compositions pour tirer le meilleur parti de leurs collaborateurs, édifiant le meilleur opus possible. Ni patchwork, ni curiosité, « Evilution » est donc un vrai disque de Metal, dont la puissance est le maître mot, et qui saura vous décrasser les oreilles  tout cet été. 
Les douze titres de ce nouvel album ont été enregistrés, mixés et masterisés par HK au Vamacara Studio (Loudblast, Dagoba), très à l'aise avec les groupes hyper puissants.
L'album est disponible chez Bloodblast aux formats CD et vinyle, ainsi que sur vos plateformes de streaming et de téléchargement.
Les tambours du bronx moland fengkov
Photographie Les Tambours du Bronx © Moland Fengkov

ABELARD : Rammstein on Piano

ABELARD : Rammstein on Piano

Le 02/06/2023

Un album composé de reprises instrumentales de Rammstein au piano.
Abelard coverCe duo de pianistes françaises, composé d'Héloïse Hervouët et Emilie Aridon-Kociolek, a fait la première partie du mégagroupe allemand pour sa tournée européenne.
AbelardDiplômées des Conservatoires Nationaux Supérieurs de Musique et de Danse de Lyon et de Paris, ces musiciennes mènent toutes deux des carrières réussies et éclectiques dans diverses esthétiques musicales. Héloïse s'est, par exemple, produite dans les festivals les plus prestigieux du monde avec des musiciens renommés de l'Orchestre philharmonique de Vienne et de l'Orchestre philharmonique de Berlin ou collabore régulièrement avec l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et enregistre pour d'éminentes maisons de disques telles que Deutsche Grammophon et Warner Classics. Deux fois primée au concours de musique Piazzolla en 2021, Emilie a, quant à elle, eu l'occasion de se produire avec l'Orchestre National de Lille, l'Orchestre National de Lyon, l'Orchestre de Dijon-Bourgogne, et dans des salles telles que l'Auditorium de Lyon, le Nouveau Siècle de Lille ou plus récemment à la Philharmonie de Berlin.
« Mein Herz Brennt », « Engel », « Sonne », ce sont au total seize titres de Rammstein qui sont revisités par les deux pianistes à l'instar de ce « Deutschland ».

Disponible depuis le 09/06/2023 via Decca Records / Universal, « Rammstein On Piano » est disponible sur ce lien : 

TYGERS OF PAN TANG, Bloodlines (03/05/2023)

TYGERS OF PAN TANG (heavy metal), Bloodlines (05/05/2023)

Le 01/06/2023

« Bloodlines » alterne la réussite et l'anecdote, même s'il reste agréable sur la durée et donne envie d'y retourner, car le bon et le passable ont été heureusement répartis sur la galette.

Par Ahasverus.

Les plus anciens de nos lecteurs écraseront une larmiche au coin de l'oeil en se souvenant des premiers albums de Tygers Of Pan Tang. Citons-en deux : « Spellbound » et « The Cage ».
Tygers of pan tang the cage
Ils constellaient le ciel de nos années 80, juste avant que ces piliers de la NWOBHM ne se délitent et que ce qu'il en reste ne cède totalement aux sirènes de la FM, se compromettant définitivement avec « Burning in the Shade », un désert artistique fatal, un écueil dont il ne reste pas grand chose à sauver... Tygers of Pan Tang jetait l'éponge après cet album insipide.
Ce n'est qu'au début des années 2000 que Rob Weir (guitare), ayant fini sa pénitence, décidait de raviver la flamme. Il reste le seul membre légitime au sein d'un line-up souvent remanié, mais certes pas manchot. 
Pour compagnons de route : Craig Ellis (batterie) et Jacopo Meille (chant), depuis les années 2000 ; Francesco Marras (guitare) et Huw Holding (basse) rejoignent pour ce nouvel album, septième depuis la résurrection du félin britannique.
Le millésime 2023 a pour nom :

« BLOODLINES »

Tygers of pan tang cover
Un album qui commence plutôt bien, avec « Edge Of The Wolrd », un titre dynamique et séduisant, assez raccord à cette pochette qui voit notre Tigre prendre un bon bain de sang. 

Si d'autres titres parviennent à garder le niveau, (« Fire On The Horizon  », les zeppelinesques « Kiss The Sky » et « Believe », sur lequel les Robb ressort la talk box du grenier  —  que celui qui n'a jamais fredonné « Letter From LA » lui jette la première pierre), le soufflé connaît sur sa durée quelques rafraîchissements amenés par des morceaux tièdes, même si les guitares lead ne déméritent jamais.
Le chant et les rythmiques révèlent tout le savoir-faire de la formation, le problème n'est certes pas là...
Le son de Tue Madsen (Moonspell, Ektomorf) sait jouer des biceps et n'a rien à ce reprocher non plus.
La problématique tiendrait plutôt au niveau d'une composition pas toujours égale.
Si l'une des ballades (« Taste Of Love ») foire plutôt son envol, l'autre (« Making All The Rules ») est un moment de grâce.
C'est assez significatif de cet album en dents de scie qui alterne l'excellence et l'anecdote.
Mais voila : on attend des Tigres qu'ils nous renversent, conformément à leur réputation. 
Cependant « Bloodlines » reste agréable sur la durée et donne envie d'y retourner, car le bon et le passable ont été heureusement répartis sur la galette.
Si Tygers of Pan Tang souffre de sa trop bonne réputation , toujours hanté par les ombres de John Sykes ou de John Deverill, il poursuit avec conviction son parcours, allant de l'avant et générant des albums heavy qui peuvent s'avérer d'un bon calibre. Très agréable à l'écoute, « Bloodline » est de ceux-là. On ne peut pas être et avoir été, mais Tygers Of Pan Tang propose toujours des moments de heavy metal qui méritent largement votre attention.
Tygers of pan tang vinyle

KORITNI, Long Overdue (14/04/2023)

KORITNI (hard-rock), Long Overdue (14/04/2023)

Le 01/06/2023

Le talent et le timbre de son chanteur, assez proche de celui de son compatriote Jimmy Barnes, la qualité de ses musiciens, offrent à Koritni un éventail suffisamment large pour imposer tout au long de ce « Long Overdue » sa marque et son groove, tirant son épingle du jeu dans une catégorie hard-rock pourtant très fréquentée.

Par Ahasverus

Lex Koritni est Australien. Fils de musiciens, il est astreint très tôt au piano et à la guitare et joue dans un groupe de country music dès l'âge de seize ans. C'est en 2005 qu'on l'entend pour la première fois sur les platines françaises. Anthony De Lemos, guitariste parisien expatrié à Sidney, conquis par ses talents de chanteur, sort avec lui l'album éponyme de Green Dollar Colour, produit par Mike Fraser (AC/DC, Metallica), qui reçoit un bon accueil. Mais de sérieuses divergences apparaissent entre les deux fondateurs de Green Dollar Color à propos de l'organisation des concerts. Un an après la sortie de l'album, la formation splitte.  
Green dollar colour
Lex Koritni recrute alors un line-up qui restera stable jusqu'à très récemment et monte son projet, simplement baptisé Koritni pour qu'on entende bien qu'il est seul maître à bord. Il retrouve le technicien Mike Fraser pour sortir « Lady Luck », son premier album, l'année suivante. La formation, franco-australienne, décroche la première partie de Scorpions sur le « Humanity Tour » en France ainsi qu'en Belgique.
En 2009 sort l'album Game Of Fools. Mike Fraser partage la responsabilité du son avec Anton Hagop (Silverchair) tandis que Mark Wilkinson (Marillion ou le Maiden de « The Book of Souls ») dessine l'artwork.
En 2012 Koritni sort « Welcome to the Crossroads ». Jeff Waters (Annihilator), Rusty Brown (Electric Mary) et Jeff Scott Soto jouent les guests. Koritni devient l'une des premières signatures du label Verycords (Laura Cox, Mass Hysteria) auquel il est toujours associé. Il dispute son premier Hellfest et fait la première partie de Mötley Crüe au Zénith de Paris. 
« Night Goes On for Days » sort en 2015. Il voit la participation de deux ex-Trust (Vivi Brusco et Farid Medjane) ainsi que du batteur John Coghlan (Status Quo). L'approche musicale se fait plus bluesy sur certains titres. L'album est mixé par Kevin « The Caveman » Shirley (Joe Bonamassa, Journey).
Shirley est à nouveau sollicité pour « Rolling », qui paraît en 2018, renforcé cette fois par Ryan Smith (Greta Van Fleet, Keith Richards). L'influence blues se confirme (même si le courant général reste hard-rock) et le trio Brusco/Medjane/Coghlan remet le couvert, rejoint par Pat Mac Manus (Mama's Boys) au violon.
Après cinq ans de silence, Koritni revient  le 14/04/2023 pour un sixième album studio :

« Long Overdue »

Koritni
Pas d'invités cette fois, mais un groupe totalement remanié : installé en France, Lex Koritni a réuni autour de lui un line un franco-italien, plus commode à rassembler et dont la proximité simplifiera la mise en place des concerts.
Ce nouvel album retrouve la patte de Mark Wilkinson pour l'artwork. Le tandem Shirley/Smith apporte sa caution à l'efficacité du son.
« Long Overdue » (comprenez : « il était grand temps ») a bénéficié de la « pause » Covid dès le premier confinement, ce qui a permis à Lex Koritni, de laisser mûrir ses compositions durant deux ans. Il a la paternité de l'ensemble de l'album, à l'exception de l'énergique « Funny Farm », qu'on doit au guitariste Tom Frémont.
Une introduction très blues (« No Strings Attached ») donne l'orientation musicale de cet opus qui se plait à utiliser la guitare slide (« For The Love Of The Game », « Go Hard or Go Home »).  L'ensemble reste bien sûr majoritairement hard-rock, (« Far Cry No. 1 » ou « Born to Lose » et leurs rythmiques à la AC/DC) voire southern (« Go Hard or Go Home »), avec des guitares efficaces et une rythmique qui cogne. On peut aussi penser à Rose Tatto ou aux Black Crowes.

Le talent et le timbre du chanteur, assez proche de celui de son compatriote Jimmy Barnes, la qualité de ses musiciens, offrent à Koritni un éventail suffisamment large pour imposer tout au long de ce « Long Overdue » sa marque et son groove.
Tous ces ingrédients font de « Long Overdue » un album de hard-rock classique, plus empreint de blues qu'à l'habitude, suffisamment bien ficelé et libre (« Tonight ») pour vous séduire, parvenant à trouver ce qu'il faut d'originalité pour tirer son épingle du jeu dans une catégorie pourtant très fréquentée. Les amateurs de hard le découvriront avec plaisir.

Koritni sera au Théâtre les Etoiles à Paris Xème le 02/06/2023, puis à Ensisheim (Wood Stock Guitares) le 16/09/2023 et à L'Empreinte de Savigny-Le-Temple le 07/10/2023.
Koritni concert

 

BURNING WITCHES, The Dark Tower (05/05/2023)

BURNING WITCHES (heavy metal), The Dark Tower (05/05/2023)

Le 31/05/2023

Pleines de niaque, les sorcières suisses imposent le respect avec une galette heavy qui trouvera une place de choix dans leur discographie. 

Par Ahasverus

Burning Witches revient en cette année 2023 avec un album chargé jusqu'à la gueule (1h04mn avec ses deux titres bonus) :

« The Dark Tower »

Burning witches cover
L'artwork de cette cinquième galette représente le château d'Elisabeth Bathory, fil rouge de l'opus (la comtesse sanglante a déjà inspiré nombre d'albums et de groupes de Metal). Il a été dessinée par Gyula Havancsák (Accept, Stratovarius, Annihilator), illustrateur hongrois qui a conçu les pochettes de tous les albums de Burning Witches à l'exception de celle de « The Witch of the North » que signait Claudio Bergamin en 2021. 
Contrairement à son prédécesseur, ce nouveau long format n'a pas bénéficié de la pause exigée par la pandémie. Ca tombe bien : après avoir eu du temps pour la composition et la mise en boite de « The Witch ot the North », Burning Witches souhaitait réaliser « The Dark Tower » plus rapidement et retourner aux sources du heavy.
C'est chose faite. Car l'intention est clairement formulée avec « Unleash the Beast », une première chanson qui s'élance épaules en avant, façon  « Fast As a Shark » d'Accept.

Romana Kalkuhl (guitare rythmique) reste à la barre de la formation helvète en tant que compositrice principale de l'album, tandis que la Batave Laura Guldemond (chant), qui succèdait à Seraina Telli (Dead Venus) en 2019, s'occupe des textes. La recette reste donc la même que sur les opus récents. 
Néanmoins, malgré sa durée plus que respectable, « The Dark Tower » paraît plus spontané, plus ramassé... C'est qu'il est mieux construit que son respectable prédécesseur ! Et il gagne en fraîcheur, en homogénéité et en efficacité !
Les rythmiques saignantes sont exécutées à tombeau ouvert (« Evil Witch ») et la ballade (« Tomorrow »), assez bien ficelée, permet encore de relancer la machine, la transition avec le morceau qui donne son titre à l'album opérant comme un second souffle.

Les titres sont percutants et vous accrochent à la manière d'un Judas Priest. On pense aussi aux meilleurs titres de la jeune formation parisienne Furies, (qui s'est malheureusement séparée récemment de sa redoutable chanteuse Lynda Basstarde).
Les compétences des musiciennes ne sont plus à débattre. Les rythmiques sont  solides, le chant virtuose est bien accroché même lorsqu'il va chercher des notes très hautes. La lead se montre virevoltante.
L'ensemble est foncièrement offensif et testostéroné. Cette nouvelle production est taillée pour séduire l'amateur de heavy 80's/90's, et les nostalgiques du « Painkiller » de Judas Priest vont être servis ; le chant puissant et agressif de Laura Guldemond pourra d'ailleurs rappeler celui du Metal God (« Unleash the Beast », « Evil Witch », « Doomed to Die », « The Lost Souls », « World on Fire »).

« The Dark Tower » est donc un album de heavy metal qui s'échafaude avec hargne et sûreté, et qui tient incontestablement sur la durée. 
Pleines de niaque, les sorcières suisses imposent le respect. Elles viennent de commettre un cinquième album inspiré et homogène qui trouvera une place de choix dans leur discographie et dans la CDthèque des amateurs de heavy. 
« The Dark Tower » se voit agrémenté de deux reprises pour sa conclusion, l'une d'Ozzy Osbourne, l'autre de WASP.

S.U.P, Octa (26/05/2023)

S.U.P (metal), Octa (26/05/2023)

Le 28/05/2023

Un album unique à la hauteur de la réputation culte de son géniteur.


Par Ahasverus

Difficile de définir la musique de S.U.P tant elle est spéciale ! Mélange de Metal moderne, agressif, growlé, chanté, électro et darkwave (le groupe reprenait récemment Depeche Mode).
S.U.P, sur son site officiel, sous-titre son patronyme d'un « New wave Metal ». Pourquoi pas ? Il affine sa description : « Spherical Unit Provided est un groupe de death metal, de death-doom et de metal industriel français, originaire de Wallers, dans les hauts de France. »
Oui. Mais pas que...
Avec le temps, S.U.P, qui sort parfois ses albums sous le nom de Supuration, s'est imposé dans le paysage musical français, brillant parmi les piliers du Metal moderne, aux côtés de Gojira, de Loudblast, de Carcariass, de Psykup et de quelques autres. Des groupes qui ont en commun des singularités évidentes et une maestria suffisante pour porter l'étendard du Metal hexagonal au delà de ses frontières naturelles. 
Le fan attend avec délectation la prochaine sortie.
La voici : après « Dissymetry » (2019), S.U.P revient en 2023 avec un album d'une durée d'environ quarante-huit minutes : 

« Octa »

Sup octa
« Octa », c'est (bon sang mais c'est bien sûr !) le huitième album de S.U.P. Il s'agit évidemment d'un huit titres.
Le groupe invite l'auditeur à « une plongée dans l’esprit torturé d’un homme pris au piège de cette étrange machine OCTA qui le balade de rêves en cauchemars. » Ludovic Loez en a écrit les textes bruts, adaptés par l'Anglaise Siobhan Mc Carthy. Une traduction française est disponible sur la chaîne Youtube de S.U.P.
Pour l'artwork, les Nordistes ont fait appel à Matthieu Carton.
Grégoire Saint-Maxin assure à nouveau le mixage et le mastering.
Peut-être grâce à sa pochette jaune, ou par la place qu'il laisse au chant clair, « Octa » semble presque plus lumineux que son prédécesseur. Une lueur qui reste à la dimension d'une lucarne dans un univers carceral futuriste où les prisonniers sont connectés par le cerveau. Les huit titres de l'album correspondent à huit rêves de détenus.
Entêtant et admirable, l'opus évolue en tension permanente. Il reste oppressant jusqu'à l'orée de la new wave (« Not Icarus »).

A l'instar des meilleurs films d'horreur, il n'a pas besoin de déployer en permanence les gros moyens pour installer une atmosphère glaçante (« The Lights of Eden »). Il vous hypnotise (« Queen Quintessence ») avant de lacher ses déferlantes dissonantes et maléfiques (« Open Eye »).
Séduisant et malsain, aussi fort que « Dissymetry », plus étourdissant peut-être, et tout aussi inquiétant, « Octa » évite pourtant totalement l'écueil de la répétition et se place parmi les meilleurs albums de l'un des très grands du Metal français. Tout simplement un album unique à la hauteur de la réputation culte de son géniteur. 

LA GUNS, Black Diamonds (14/04/2023)

LA GUNS (hard-rock), Black Diamonds (14/04/2023)

Le 28/05/2023

Des références tutélaires jaillissent à l'écoute de la galette.

Par Ahasverus

L. A. Guns, expliquait Phil Lewis (chant) à Laurent Karila pour Hard Force en 2021, « c’est rock'n'roll et... sophistiqué. On est un groupe dont les influences sont assez visibles. C’est du rock classique, du hard rock... c'est Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath. » (retrouvez l'interview complète sur HARD FORCE).
Disponible depuis le 14/04/2023, « Black Diamonds », la nouvelle offrande des vétérans américains dans leur version Lewis/Guns, vient confirmer ces propos.
La guns
Des références tutélaires jaillissent à l'écoute de la galette : Led Zeppelin (« Gonna Lose », « You Betray »), Aerosmith (« Shame »), mais aussi le hard 90's de Skid Row ou des Guns N'Roses (« Lowlife »). Passage obligé, la ballade est plutôt réussie (« Diamonds »).

« Black Diamonds » est donc bien un album de hard-rock qui s'appuie sur des fondamentaux.
Quelques rappels punk (« Babylon ») contribuent à dynamiser l'ensemble.
Si tous les titres n'ont pas la même force, ils sont majoritairement bons, l'artillerie est globalement très efficace et les quelques pièces plus anecdotiques gardent des éléments intéressants. 
Phil Lewis est un caméléon au chant multiple, Tracii Guns offre des soli qui se laissent savourer. L'alchimie fonctionne au sein d'une formation musicalement très solide.
L. A. Guns a du savoir-faire : en onze titres et quarante-et-une minutes, il aligne une majorité de titres forts dans un album de hard-rock d'obédience classique, solide et digeste, qui s'inscrit parmi les belles sorties de cette année 2023.

SORTILEGE, Apocalypso (03/03/2023)

SORTILEGE (hard-rock/heavy metal), Apocalypso (03/03/2023)

Le 06/03/2023

Sortilège vient d'offrir à ses fans ce dont ils rêvaient, un nouvel album à la hauteur de son parcours.

Après deux escarmouches (« Zouille & Hantson » en 2012 et « Phoenix » en 2021) Sortilège revient avec un album de dix compositions originales sorti le 03/03/2023 :

« APOCALYPSO »

Sortilege
Sortilège pour les Nuls, c'est un groupe qui a marqué le Heavy Metal français de la première moitié des années 80 avec les albums « Sortilège » (1983), « Métamorphose » (1984) et « Larmes de Héros » (1985). Il se caractérisait par la voix Christian « Zouille » Augustin, capable d'envolées exceptionnelles, et par un style très heavy.  En 1986 Sortilège raccrochait ses guitares. En 2012 avec la complicité de Renaud Hantson (Satan Jokers), Zouille revisitait les standards de Sortilège. En 2019 il annonçait une reformation (un désaccord opposait les membres originels du groupe quant à la possession du nom, mais c'est musicalement sans intérêt). En 2021 Sortilège enfantait « Phoenix » composé essentiellement de versions remaniées de ses morceaux des années 80, avec seulement deux nouveaux titres à se mettre sous la dent. En 2023, Sortilège revient enfin avec un album de quarante-six minutes fait exclusivement de compositions originales.


 Dès « Poséidon », première piste de ce nouvel opus, il est évident que Zouille, moins chien-fou dans les aigus qu'à ses débuts, conserve l'une des plus belles voix masculines du Metal français. Limpide aussi que Sortilège a placé en tête d'album LE morceau qui tue, rapide, moderne, et dans la veine des standards qu'il a inscrit dans l'histoire du Metal.
Mais pas que ! Les compositions qui suivent, comme « Attila », « Derrière les Portes de Babylone », « La Parade des Centaures », « Apocalypso », « Le Sacre du Sorcier », « Trahison », quasiment tout l'album en fait, renouent avec sa tradition des grands Sortilège en proposant des mélodies épiques s'appuyant sur l'histoire ou la mythologie.
S'assurant le concours d'invités prestigieux qui apportent tout leur savoir-faire (Kevin Codfert d'ADAGIO, Stéphane Buriez de Loudblast et MYRATH) Sortilège fait carton plein avec des mélodies qu'on peut déjà classer parmi les incontournables du groupe.

En définitive il est vraisemblable que Sortilège vient d'offrir à ses fans ce dont ils rêvaient, un nouvel album à hauteur de son parcours. La voix de Zouille reste parmi les plus envoutantes du Metal français, les compositions sont heavy et épiques au possible, l'interprétation est évidemment au cordeau, avec un son bien actuel en cerise sur le gâteau. Les guests impriment leur marque aux compositions qu'ils fréquentent et c'est un plaisir de les entendre marier leur son à celui de Sortilège.
« Apocalypso  » ne saurait être catalogué d'album des années 80 : Son actualité, sa virtuosité, son inspiration, sa vélocité, tout contribue à faire de lui l'un des grands opus de cette année métallique hexagonale. En ce début du mois de mars 2023 une chose est claire : Sortilège fait son grand retour avec un très bon album de heavy en Français, instamment recommandé à tous les fans de l'exercice.

XANDRIA, The Wonders Still Awaiting (03/02/2023)

XANDRIA, The Wonders Still Awaiting (03/02/2023)

Le 30/01/2023

C'est assurément une nouvelle page de Xandria qui s'écrit avec cette frontwoman dont on n'a pas fini de parler.

Xandria est de retour !
Son nouvel album sera disponible le 03/02/2023 chez Napalm Records.
Son nom :

The Wonders Still Awaiting

Xandria artwork
Le groupe de métal symphonique fondé par l'Allemand Marco Heubaum en 1994 fait son come-back dans un line-up renouvelé à 80% !
Show potato, isn't it ? (oui, Ahasverus maîtrise l'anglais écrit et parlé)
Exit Gerit Lamm (batterie), exit Philip Restemeier (guitare), Steven Wussow (basse) et Dianne Van Giersberge (chant) ! Ils n'auront point démérité et laissent pour dernier témoignage l'excellent « Theater of Dimensions » (2017).
Que reste-t-il de nos amours ? Marco Heubaum bien sûr !
Et le son ! Ce son Xandria ! Ce son monstrueux !
Marque de fabrique déposée, qui s'affirme dès l'introduction de « Two Worlds ».
C'est qu'on ne fait pas dans la demi-mesure : un choeur de quarante musiciens, d'authentiques instruments celtiques, tournez violons, sonnez violoncelles...
N'empêche ! La tâche était lourde pour les nouveaux venus : Dimitrios Gatsios (batterie), Robert Klawonn (guitare),  Tim Schwarzn (basse). Et plus encore pour Ambre Vourvahis  (chant).
Xandria ambre
D'où vient-elle, d'ailleurs, Ambre ? Ma no lo so (et oui, Ahasverus écrit aussi en italien !). On lit qu'elle a commencé à chanter très tôt, fourbissant ses armes sur la pop et le jazz avant de s'orienter sur le métal, le chant classique et guttural...
A l'évidence, cette Franco-Grècque possède plus d'une corde à son arc vocal et n'a pas fini de nous envoyer ses flèches ! Son timbre éloigne Xandria des rives  nightwishiennes où  cabotait Dianne Van Giersberge, parfois très proche de Tarja Turunen.
Egalement impliquée dans l'écriture des lyrics (en  Anglais comme en Grec), Ambre Vourvahis propose un chant très polyvalent, que je compare sans hésitation à celui de Melissa Bonny (Ad Infinitum), et dans une moindre mesure à Jelena Dobric (Persona). Elle ouvre ainsi pour Xandria de nouvelles perspectives.
Ce qui n'empêche pas Ambre Vourvahis d'aller chercher des notes lyriques parfaites, et de les tenir avec l'expertise nécessaire.
En plus d'être un compositeur remarquable, Marco Heubaum est donc bien un maître en matière de casting.
Et Xandria de renaître...

Parlons maintenant des invités...
Le choeur d'enfants de la radio nationale bulgare amène une dimension orchestrale exceptionnelle. Le monde du Metal n'est pas totalement étranger à cette chorale qui inscrit du Queen à son répertoire. Vous l'entendrez dès « Two Worlds », le premier morceau, dans lequel Xandria s'interroge sur l'état de la branche sur laquelle nous sommes assis tout en nous éclairant sur la signification du titre de l'album « The Wonders Still Awaiting » :
« Nous avons  — peut-être encore  — le choix entre deux mondes. Une dystopie, si nous continuons sur cette voie en inversant le progrès de la civilisation et en détruisant l'environnement dans lequel nous vivons. Ou une utopie où nous pouvons voir les merveilles qui pourraient constituer l'avenir de l'humanité. Mais le pont entre ces mondes devient plus fragile à chaque seconde.
Musicalement, cette chanson épique et explosive de sept minutes vous emmène dans un voyage à travers la polarité des deux mondes, vous montrant les surprises, les trésors et la diversité que le nouvel album The Wonders Still Awaiting aura en réserve. Ce morceau est presque un petit film à lui seul, il combine du Metal à une énorme orchestration digne d'une bande originale de film, et au chœur d'enfants de la Radio Nationale bulgare, constitué de quarante musiciens. »

« The Wonders Still Awaiting » reste symphonique dans sa construction, et c'est le compositeur/arrangeur Luki Knoebl qui s'est occupé de sa partie orchestrale.  
Ally Storch de Subway to Sally amène ses violons et violoncelles.
Ralf Scheepers (Primal Fear) promène ses quatre octaves sur le morceau « You Will Never Be Our God ».

A propos de ce titre, Xandria expliquait :
« Cette chanson parle du danger dans lequel se trouve notre société ouverte, pluraliste et démocratique. De l'extérieur et de l'intérieur, des forces autoritaires essaient de faire appel aux mauvais instincts des gens pour exercer leur pouvoir sur eux. Il nous semblait autrefois que le monde deviendrait meilleur après la fin de la guerre froide. Les sociétés semblaient évoluer, se montrer plus ouvertes, plus tolérantes envers les minorités et la diversité, et la démocratie et la liberté semblaient s'ouvrir à plus de gens. Pourtant, le capitalisme, sa cupidité et son injustice restaient une grande question à laquelle nous devions nous attaquer, et encore trop de gens vivaient sans liberté et dans la pauvreté. Mais au lieu de s'améliorer, il semble que nous nous dirigions vers le pire au lieu d'aller vers plus de progrès. Nous devons nous dresser contre cela. Parce que notre liberté n'est plus garantie. Idéologie autoritaire/totalitaire, fondamentalisme religieux, anti-science, anti-faits, cupidité, fascisme, racisme, sexisme, homophobie - vous ne serez jamais notre dieu ! Ceci s'adresse à tous les peuples du monde - vous méritez tous de vivre en liberté, de vivre comme vous voulez vivre, de dire ce que vous voulez dire, dans le respect de la liberté des autres. »
Voici pour l'engagement, porté par une mélodie efficace. Et les pépites ne manquent pas sur cet album. A commencer par ce « The Wonders Still Awaiting » qui lui donne son titre.

Un son parfois presque pop (« My Curse Is My Redemption »), parfois très heavy (« Illusion Is Their Name »), parfois empreint d'un certain lyrisme (« Mirror Of Time »). Toujours beau et puissant, même quand il vous parle à l'oreille (« Scars »). Qui sait se faire épique (« Astèria ») et envoyer du bois côté mélodique (« Ghost »).
A propos de Ghost, justement, Xandria expliquait :
« Ghosts a en fait commencé comme une réminiscence du bon vieux death metal mélodique suédois et avec ce riff de guitare archétypique que vous entendez dès le début. Et puis nous l'avons intégré dans notre paysage sonore Xandria avec beaucoup d'ambiance de musique de film et de grands chœurs, parce que c'était excitant de mélanger ces éléments et d'en faire notre propre truc (nous avons quand même gardé le titre de travail "Swedish Fire" pendant longtemps...). C'est un bon exemple de la diversité du nouvel album et du nombre d'influences différentes que nous y mettons. »

Se voulant plus dur, plus sombre et plus épique, « The Wonders Still Awaiting » est remarquable à bien des égards : par le talent déployé dans le songwriting, par l'assurance du nouveau line-up qui n'a pas eu besoin de période d'observation, par le son fabuleux et les orchestrations efficaces.
C'est assurément une nouvelle page de Xandria qui s'écrit avec cette frontwoman dont on n'a pas fini de parler. Ce chapitre ne rend pas moins intéressants ses glorieux prédécesseurs, il est écrit avec le même talent mais a l'intelligence de nous faire une proposition différente. Vous n'en douterez pas à son écoute : Xandria n'a rien perdu de sa superbe et « The Wonders Still Awaiting » est un grand album de métal symphonique comme ce groupe sait en générer. A découvrir impérativement.


« The Wonders Still Awaiting » est disponible aux formats :

  • Coffret Deluxe (édition limitée)
  • Double vinyle marbré bleu et noir 
  • CD en boitier cristal 
  • Mediabook 2-CD
  • Format Digital

Xandria packaging

BAD TRIPES, La Vie La Pute (23/01/2023)

BAD TRIPES, La Vie La Pute (23/01/2023)

Le 30/01/2023

BAD TRIPES a toujours cette capacité de vous faire jumper sur le caniveau à l'évocation des destins les plus tragiques.

Un peu plus de cinq ans après l'horrifique « Les Contes de la Tripe », album qui fait date dans le shock-rock français, Bad Tripes revient avec un line-up modifié pour moitié.
Exit Kami (basse), partie fonder Cernunnos, Exit Siger (batterie). Ils laissent la basse à Sir Mac Bass et la batterie à Frame (remplacé désormais par José Jordisson) qui rejoignent sur cet album les fondateurs et principaux songwriters de la formation marseillaise : Seth (guitare) et Hikiko Mori (chant).
En trois albums commis entre 2010 et 2017, Bad Tripes aura imposé à la scène française son empreinte et son exceptionnelle  frontwoman, la bouillonnante, débordante et gouailleuse Hikiko Mori, mi-Arletty, mi-Catherine Ringer, véritable tornade scénique.
Bad tripes trilogie
Son empreinte plutôt que son style, dis-je.
Car le nouvel album, sans abandonner tout à fait le grand cirque qui abritait le précédent opus, marque une rupture sur quelques points.
La cover, d'abord. Car « La Vie La Pute », titre de ce quatrième long format, ne propose pas cette fois de variation autour de sa fantasque et photogénique frontwoman. Seth (guitare), assisté de l'infographiste Thierry Caucino qui s’est occupé du packaging, a travaillé l'artwork (quel talent !) en privilégiant une approche bande-dessinée et en illustrant chaque chanson d'un dessin inséré au livret.
Sur cette pochette, une jeune femme est assise, pour le moins insouciante, rêveuse, musique dans les oreilles, son espérance de vie réduite à quelques secondes. La vie la pute ne fait pas de cadeaux...
Bad tripes cover
Rupture visuelle toujours : Bad Tripes s'était illustré au travers d'une clipographie horrifique composée de véritables mini-métrages : « La Bouchère de Hanovre », « F*** Me Freddy », « Hansel ». Cette fois-ci il a choisi de lancer son album par une approche burlesque avec « La Madrague des Macchabées ».

C'est cette piste sautillante ouvre l'album, dynamique et festive.On retrouvera l'association plage et idées morbides sur un rythme cabaret-jazz avec « Jusqu'à La Lie ».
Rupture sonore enfin pour cette piste qui donne son nom à l'album : « La Vie La Pute ». Bad Tripes s'essaie au hip-hop mâtiné de quelques gros riffs. L'incartade sonne bien et Hikiko Mori est à son aise. Nous sommes curieux de savoir comment cette chanson sera perçue sur scène (Une indiscrétion nous assure que les nouveaux morceaux passent très bien en live).
Bad tripes la vie la pu te
Si nous prenons acte avec ce quatrième album de la naissance d'une nouvelle ère, Bad Tripes n'en renonce pas pour autant à ce qui a forgé son identité.
Ainsi après « Les Griffes de la nuit » (« F*** Me Freddy ») ou « Elephant Man » (« Dame Elephant  »), le cinéma reste-t-il — et peut-être plus que jamais — une référence omniprésente dans l'univers des Marseillais : on le retrouve dans la « Madrague », dont le titre et les paroles pastichent Bardot (« Sur la plage ensanglantée / Coquillages et macchabées »). On l'entend dans « Les Yeux Sans Visage », agressif, puissant et scénique, inspiré du film de Georges Franju, ou dans « Apocalypse Now » — cependant que ce morceau est sans relation avec le succès de Coppola puisqu'il porte un regard désabusé sur la crise sanitaire que nous venons de traverser : « Moi qui rêvais d'incendies, d'un déluge lors d'une éclipse / Comme elle est triste, l'apocalypse ! »
Cinéma encore avec cette station de métro baptisée « Pignon », sur la pochette de l'album, référence avouée au personnage récurent des comédies de Francis Veber (« L'Emmerdeur », « Les Fugitifs », « Le Dîner de Cons »).
Cinéma enfin avec le clin d'oeil à « L'Aventure C'est L'Aventure » qui clôt le tournage de « La Madrague des Macchabées ».
Et si Bad Tripes avait fait là son album le plus cinématographique ?
De même les annales (je ne suis pas sûr quant au choix du terme...) criminelles retrouvent-elles leur place dans l'inspiration d'Hikiko Mori. Après l'affaire du Dahlia Noir et celle de Fritz Haarmann évoquées dans « Les Contes de la Tripe » (« Elizabeth », « La Bouchère de Hanovre »), c'est au tour du tueur de vieilles dames Thierry Paulin d'ensanglanter nos sillons avec « Schlass et Paillettes » : «  Mes rêves de prince et de palaces / Valent bien plus que vos carcasses » estime le lugubre personnage.
Autre constante dans le mélange des guitares bien grosses (« Brûle-Moi Si Tu Peux »), et des samples. Il perpétue le passé des Marseillais.
Constante enfin l'acuité d'Hikiko Mori et sa culture de l'underground qui met en lumière ceux qu'on n'avait pas regardés : ici « Supermasochiste » rend hommage à Bob Flanagan, artiste américain dont l'art était contraint par la maladie ; là  « Afro Girl » évoque la rappeuse féministe Zelda Weinen, de son vrai nom  Maïa Izzo-Foulquier, artiste pluri-disciplinaire et activiste marseillaise , disparue en 2019 à l'âge de vingt-sept ans.
« La Vie La Pute » se termine par « Valya », conte musical tragique d'inspiration russe. La musique festive camoufle la gravité des textes comme un fond de teint sur les bleus  : « Tes yeux couleur glaçon fermés sous l'poids des coups / Je suis le roi des cons ; je ne sens plus ton pouls ».
Capable de se renouveler, Bad Tripes présente avec « La Vie La Pute » un album de transition sans dévier fondamentalement de son axe. Il apporte des  éléments inédits et marque ainsi une distance avec ses prédécesseurs. Il n'en oublie pas pour autant sa caractéristique fondamentale :  cette capacité à vous faire jumper sur le caniveau à l'évocation des destins les plus tragiques. Un véritable tour de force.