Interviews

SILVERTRAIN - L'interview part. 2

SILVERTRAIN de Phil en Phil - L'interview Part. II

Le 27/02/2022

Silvertrain prépare son nouvel album. Après une première partie (SILVERTRAIN de Phil en Phil - L'interview Part. I) dans laquelle Phil Yborra se remémorait les débuts du groupe et sa tournée avec Motörhead sur le Bomber Tour, il est donc temps de revenir à l'actualité. 
Voici donc la deuxième partie de cette interview... de Phil en Phil !

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SILVERTRAIN - Line-Up 2022.
Ahasverus : J'en viens maintenant à votre dernier album, « Steel Against Steel ». Comment a-t-il été accueilli ?
Phil :
Je te le dis franchement, autant les retours sur les autres albums furent unanimement très positifs, autant « Steel Against Steel » a suscité des clivages. Il y a ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas. Mais bon... Si tu écoutes toute la discographie de Metallica, de Black Sabbath, de Marillion, de Megadeth, ou même de Motörhead qui ont plus de vingt albums à leur actif, tous ne font pas non plus l'unanimité.
Ahasverus : Je suis étonné de ces clivages : je le trouve super cet album ! Qu'est-ce qu'ils lui reprochent, ceux qui n'aiment pas ?
Phil :
Je te remercie. J'ai posé la question à un chroniqueur qui avait fait un papier sympa, mais sur lequel je sentais qu'il y avait quelque chose entre les lignes. En fin de compte, il m'a dit le fin mot de l'histoire : c'était cette idée de concept-album. J'ai voulu faire cet album en racontant une histoire pratiquement sans cassure. Lui trouvait que chaque titre sorti de son environnement était bien, mais que remis dans son contexte, il y avait un ventre mou à partir de « Whiskey Babe ». Comme si le fait qu'il s'agisse presque d'un concept-album enlevait de la valeur à chaque titre individuellement...
Actu silvertrain stan w decker
Ahasverus : Je n'ai pas du tout eu cette impression, d'autant que la pochette dessinée par Stan W Decker s'adapte parfaitement au côté futuriste de l'album.
Phil :
Bien sûr. Avec « Steel Against Steel » je finissais la trilogie Walls Of Insanity/No Illusion/Steel Against Steel. Ils sont en fin de compte dans la même veine. On peut dire que « Steel Against Steel » a remporté un bon succès, qu'il n'y a que quelques mois qu'il est sorti, et que le Covid empêche tout, c'est la dèche ! Mais bon, tout ça reste une très bonne expérience qui nous a permis d'asseoir le groupe sur de bonnes bases. En plus de notre grande complicité, Micky et Laurent, les deux guitaristes, ont pris une ampleur fantastique, Hansel, un batteur qui a vingt ans, prend aussi une ampleur de dingue. Il m'épate à chaque fois ! Et Olivier rentre dans le moule, en apportant sa personnalité à la basse. Le groupe devient très homogène. Avec notre discographie, on a de quoi faire en matière de setlists ! C'est aussi pour ça que nous aimerions faire des scènes importantes, pour qu'on puisse amener tout le spectacle sur scène et donner belles chansons à notre public.
Ahasverus : Tu parlais d'une trilogie Walls Of Insanity / No Illusion / Steel Against Steel. Tu peux développer ?
Phil :
Ces trois albums constituent une trilogie qui part d'un cataclysme planétaire. Il ne reste plus que quelques représentants de l'humanité. La pochette de « Walls Of Insanity », c'est ça : ce petit bonhomme qui va vers le logo qui figure la porte d'entrée vers le Dôme, c'est un rescapé d'un cataclysme dû à la connerie des hommes. Il se sauve et fabriquera ce Dôme puis bâtira la civilisation qui va avec.
Silvertrain walls
Et des Dômes comme ça prennent naissance un peu partout sur cette planète où l'air n'est plus respirable. On aurait pu arrêter l'histoire comme ça. Mais on s'est dit que l'homme est tellement con qu'il répète forcément sans cesse les mêmes erreurs. Ainsi dans « No Illusion », quelques Dômes ont atteint une technologie incroyable. Mais à force de tout convoiter, les hommes finissent par se détruire à nouveau. C'est la guerre des sectes, avec des massacres à tout-va, « No Illusion » en morceau-phare de l'album. Une femme machiavélique sert de fil conducteur à tout ça. Elle veut créer une armée de clones décérébrés sur laquelle elle aura tout pouvoir. Elle a deux enfants, l'une parfaite, l'autre cloné. C'est eux que tu vois sur la pochette de « Steel Against Steel ». Et elle met la main sur son ventre parce qu'elle attend un troisième enfant. Que va-t-il sortir de tout ça ? Une pléiade de clones qui veulent déstabiliser le système, avec elle à la tête de cet empire maléfique. Mais les deux enfants, qui se détestaient auparavant, vont faire la paix et chasser la Sunlight Lady. Tout est donc bien qui finit bien...
Ahasverus : Venons-en à ta voix. Elle se pose là comme signature vocale !
Phil :
Oui. Ma voix, on aime ou pas. Mais en tous cas, quand je chante, on sait qui c'est ! Et c'est ça qui me fait plaisir ! Sur le nouvel album il y aura plus de move dans la voix. Je vais aller plus bas, plus haut, on y travaille. Ca va être un nouvel épisode de Silvertrain, et j'aime ça.
Cette pandémie, on ose croire que ça va se décanter, c'est pour ça qu'on est en train de préparer une quinzaine de dates, des salles un peu plus importantes que ce qu'on faisait récemment. Ce serait bien que ça se concrétise avant cette fin d'année, mais pour ça il faudrait que la pandémie n'entraîne plus autant de restrictions, comme ce concert de Bordeaux au Haillan, un concert avec une jauge réduite à soixante personnes assises avec le masque... Je ne le referai plus dans ces conditions ; ça n'a aucun sens...
Silvertrain no illusion
Ahasverus : Tu parlais de bosser le chant sur le prochain album. Je trouvais justement que sur « Steel Against Steel » tes lignes étaient plus travaillées et multipliées que sur ses prédécesseurs et qu'il donnait plus de place à ta voix...
Phil :
Il y a beaucoup de gens qui ont eu la même impression que toi et ça me fait plaisir. On va continuer à travailler, parce que c'est une envie, une passion, et un délire aussi..On pense déjà au prochain album. Chaque album c'est une histoire, une vie. C'est un moment privilégié. On retourne chez les frères Potvin, à Angers.
Ahasverus : C'est la première fois que vous faites autant de clips pour un album.
Phil :
Oui, aujourd'hui l'image est très importante et à vrai dire nous nous amusons beaucoup sur les tournages !
Ahasverus : Quels souvenirs vous gardez de ces clips ?
Phil :
On est fiers de ce qu'on a accompli. Dans le dernier clip, par exemple, pour les chevaliers en armure, on n'est pas allé chercher n'importe qui. « Steel Against Steel », c'est le combat entre les deux frères de la Sunlight Lady. Et tu vois le même combat au moyen-âge puis à l'époque moderne. Pour le combat moderne, les deux gars qui sont sur le clip sont Anthony et Christophe Rea, tous deux champions du monde de MMA. Ils font des championnats, ces mecs, et quand tu les vois se taper sur la gueule, ils ne font pas semblant ! Le genre de mec qui te fait deux-cent cinquante pompes pour rigoler. Et d'une gentillesse ! C'est tourné à Limoux, sur une montagne de chaux.
Ahasverus : Merci Phil pour toutes ces explications !
Phil :
Merci de ton attention, et à très vite autour d'une bonne bière ! J'ai hâte de vous rencontrer, vous tous, sur scène, dans la salle, de retrouver cette p*** d'ambiance qu'on n'a plus depuis maintenant deux ans !
Silvertrain logo
Discographie :
• Witch Platform Please (1979)
• Silvertrain (2014)
• Walls Of Insanity (2016)
• No Illusion (2018)
• Steel Against Steel (2021)

SILVERTRAIN - L'interview part. 1

SILVERTRAIN de Phil en Phil - Part. I

Le 26/02/2022

« A Mérignac, Lemmy est venu nous voir dans les loges. Je dis dans les loges... Nous on n'avait pas de loges ! C'était le couloir ! »

Silvertrain prépare son nouvel album, le sixième d'un groupe qui a commencé à jouer à l'âge d'or du hard-rock, en 1976. Brûlant de retrouver la scène, Phil Yborra a bien voulu répondre à nos questions dans cette interview articulée en deux parties : la première évoque le temps où la formation s'est vue proposer d'ouvrir pour la tournée européenne du Bomber Tour de Motörhead. La seconde parlera de l'actualité du groupe et de ses projets.
Voici donc la première partie de cette interview... de Phil en Phil !

Photo silvertrain line upSILVERTRAIN - Line-Up 2022


Ahasverus : Bonjour Phil Yborra. Tu as tourné avec Rose Tattoo sur une quinzaine de dates et tu as ouvert pour le Bomber Tour de Motörhead. Quels souvenirs en gardes-tu ?
Phil : Bonjour Ahasverus. Quand tu fais ça au moins une fois dans ta vie, à moins d'arriver à être l'égal de ces gens-là, tu es sur un nuage. Quand tu as la possibilité à notre âge - on avait à l'époque deux ans d'expérience et un album en poche - de faire des dates avec Motörhead et  Rose Tattoo, et les deux dans la foulée en plus, tu n'en crois pas tes yeux. Tu es propulsé dans un autre monde car passer d'un public de cent à cent-cinquante personnes, ce qu'on avait dans nos propres tournées au démarrage, à sept à douze mille personnes chaque soir, ce qu'avait Motörhead, ou encore quatre à sept mille, ce que connaissait Rose Tattoo... ça nous a rendus très fiers d'être sur cette grosse tournée, avec ce p*** d'avion, le bombardier, mais surtout, et j'en suis heureux encore aujourd'hui, on a rencontré Fast Eddie Clarke, Phil Animal Taylor et Lemmy Kilmister, les trois zicos des débuts de Motörhead. Et là tu te dis : « j'ai joué avec les vrais ! » Jouer avec des gens comme ça t'amène dans une dimension que tu ne connais pas. Mais le plus con, dans l'histoire,c'est quand même moi ! A l'époque, quand on prenait des photos, c'était avec des Kodak. Et à ton avis qui était le préposé à la photo ? C'était toujours moi ! Alors je n'étais jamais dessus ! Enfin si, une fois j'ai été dessus... Mais de dos ! (Rires) Par contre on a des photos avec Phil Animal Taylor  et Eddie, avec Badger et Martin ou Chris, et ça, ça fait super plaisir...
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Chris Badger (Silvertrain) avec "Fast" Eddie Clarke et Phil "Philty Animal" Taylor.


Ahasverus : J'ai vu Rose Tattoo lors de leurs premiers concerts en France et j'avais été très impressionné par la folie d'Angry Anderson : il s'étranglait avec le fil du micro, se frappait le front jusqu'au sang, crachait sur le public, s'évanouissait...
Phil :
Il était blindé de chez blindé ! Autant Lemmy en coulisses était quelqu'un de sage, de raisonnable, tout au moins à l'époque où je l'ai connu, autant Angry Anderson c'était autre chose. Sur la vingtaine de jours passée avec Rose Tattoo, j'ai dû le voir plus à poil qu'habillé... Et c'était du 24h/24 ! Ce qui m'a toujours étonné, chez Anderson, c'est qu'il a une voix assez claire, et malgré tout ce qu'il s'envoyait, sa voix n'a jamais cassé. Il tenait le rythme ; quelque soit son état c'était juste ! Ca m'a vraiment épaté, moi qui faisais attention pour entretenir ma voix, pour pas être enroué !
Ahasverus : Elle est arrivée comment, cette participation au Bomber Tour ?
Phil :
C'est une longue histoire. Dans les années 1979/1980, on tourne par nos propres moyens. On est dans notre gare, et on fait deux ou trois tournées par an, en remaniant le show à chaque fois. Chaque tournée, c'est trente ou quarante dates. On a le camion, la voiture et notre équipe : Robert au son, Jean-Lucaux lights, et Haidesse, un fan de Silvertrain, s'occupe de toute la partie road, des effet techniques.
Un jour je reçois un appel de Patrice Boutin, le patron du magazine Best. Il m'explique qu'il a un poulain dans son écurie, un groupe, qu'il veut  faire tourner pour qu'ils essuient les plâtres et qu'ils apprennent le métier. Si on accepte de tourner avec eux, il s'engage à prendre en charge tous nos frais, il propose même en sus une page de pub par mois pour Silvertrain dans le magazine, et ça pendant une année.
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SILVERTRAIN - Phil et Martin


Ahasverus : Une page par mois pendant une année dans Best, c'était énorme. Parce qu'il n'y avait pas beaucoup de choix à l'époque en magazines musicaux pour les rockers, il y avait Best et Rock & Folk... Enfer Magazine n'arriverait qu'en 1983.
Phil :
C'est vrai. Il y avait GIG qui pointait un peu son nez, et c'est tout. Ainsi on a eu notre page pendant un an. C'était à chaque fois le même motif : une page en noir et blanc avec, en grand, SILVERTRAIN ON TOUR, plus la photo de l'album, et parfois quelques autres photos, puis toutes nos dates de concerts... Patrice Boutin tient donc ses engagements. En fin de tournée, il me conseille de contacter Michel Kilhoffer de Music For Ever. Rendez-vous est pris et d'emblée, Michel me fait une proposition : une tournée européenne avec un groupe connu. Les conditions : décharger les camions (quatre semi-remorques !), monter le matos, nous débrouiller pour dormir, faire la route, etc.... Je questionne « —Tu ne peux pas me donner le nom du groupe, qu'on sache au moins avec qui on tourne ? » Il refuse. J'essaie de glaner des indices : « —C'est un groupe de grandeur européenne ? » Il confirme. C'est même un peu plus... Je prends la responsabilité sur moi, pas besoin d'en parler à mes potes : on fait les dates ! On accepte les conditions ! Je lui demande juste de nous prévenir suffisamment avant, pour qu'on puisse s'organiser. Nous, à l'époque, on était autonomes, on pouvait dormir sur la scène d'une MJC comme dans notre camion. On avait nos sacs, on avait tout, ça faisait partie de notre vie de tournée. Je me lève pour partir, et en attrapant la poignée de porte je tente un dernier coup :
« —P***, tu peux vraiment pas me dire le nom de ce groupe ? 
—Allez bon, t'es gentil... Je vais te le dire quand même : c'est Motörhead ! »
Et là, tu es sur le cul. Tu ne sais pas si on t'a shooté, si tu es au paradis ou en enfer, si tu es mort, si tu es vivant... Tu es sur une autre planète !
Ahasverus : La première date avec Motörhead, tu dois sentir un peu les jambes qui flageollent...
Phil :
Pas que les jambes ! (Rires) La première date à Angoulème a été annulée, parce que la scène en bois ne permettait pas de supporter les quatre vérins qui actionnaient le bombardier. La véritable première date, c'était Bordeaux. Et là, à Mérignac, Lemmy est venu nous voir dans les loges. Je dis dans les loges... Nous on n'avait pas de loges ! C'était le couloir ! Donc Lemmy vient nous voir et nous dit « — Les gars, on compte sur vous pour foutre le feu. Si vous vous tenez bien je vous proposerai quelque chose. » On a joué une demi-heure. Le public était en transe. On a même eu, sur ce premier show, un rappel ! Lemmy nous annonce dès la fin de notre set que dorénavant Silvertrain ne montera ni ne démontera plus le matos. On a beaucoup apprécié. A la fin de la tournée, en mode rigolade, on s'est même mis à genoux devant Lemmy pour le remercier de son geste. Je n'aime pas dire ça parce qu'on peut penser que j'en rajoute, mais Lemmy était un type génial . Il tenait sur scène, et il tenait bien !
Ensuite tout s'enchaîne : à la fin de la tournée, le tourneur de Rose Tattoo pour l'Allemagne, qui avait assisté au show du Bataclan et à celui de Selestat, contacte Michel Kilhoffer pour nous faire passer en première partie des Australiens.
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SILVERTRAIN et ROSE TATTOO


Ahasverus : Rose Tattoo n'avait pas à l'époque la même notoriété que Motörhead mais j'imagine que vous les connaissiez ?
Phil :
On les connaissait un peu. Et c'était une deuxième cartouche. Ensuite nous devions ouvrir pour Foreigner, mais la tournée fut annulée. A cette époque on surfait sur la vague, on était sur un nuage. Toutes les portes des associations et des MJC de France et de Navarre nous étaient ouvertes ! On n'avait aucun mal à empiler les dates.
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SILVERTRAIN sur le Bomber Tour


Ahasverus : Tout à l'heure tu parlais d'une gare. Elle est à l'origine du nom de Silvertrain. Vous répétiez dans une gare ?
Phil :
A seize ans, avec Chris Lane, le guitariste on a commencé à travailler sur le concept qu'on voulait faire, des shows à l'Américaine, avec de la pyrotechnie et des gros moyens techniques. Sur le papier, tout était prêt, mais il nous manquait le local adapté pour travailler de manière professionnelle.
A l'époque, ma tante travaille à la SNCF, au fret. Elle me dit « — Philipou (elle m'appelait Philipou !) dès que j'ai quelque chose, je te le dis. »
Un dimanche, elle m'informe qu'elle a trouvé un truc, et elle m'emmène à quinze bornes de Strasbourg, où j'habitais, dans un patelin qui s'appelle Marmoutier. Il y a une scierie, le canal de la Marne au Rhin, et une grande gare désaffectée.
« —C'est là, m'indique-t-elle.
—Là ? Où ?
—C'est la gare. »
Je m'inquiète du prix, tout ça doit coûter horriblement cher !
« —Deux-cent cinquante francs, précise-t-elle.
—Par mois ?
—Par an ! »
Voila pour la gare. Nous l'avons agencée pour qu'on puisse y vivre tous ensemble. Quant au Silver de Silvertrain, c'était pour le côté argent/monnaie. On voulait devenir des stars, avoir de belles petites bagnoles rouges garées devant la porte.
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On n'avait pas le melon, c'était juste des rêves de gosses de seize ans... On a travaillé. Notre manager avait dix-neuf ans. C'était un Anglais avec qui on est restés pendant plus d'un an, jusqu'à ce qu'il commence à déconner. Alors c'est moi qui ai pris le management. On avait tout dans cette gare, même un studio qu'on avait confectionné avec du polystyrène. Nous devons  à notre ami et sponsor Music Boech de Colmar nos premières affiches. Elles faisaient 120X90, en quadrichromie. Tu imagines, à l'époque ? On avait un immense hangar, un truc d'une bonne dizaine de mètres, ce qui fait que nous avions tout l'espace qu'on voulait pour être prêts...
Gare marmoutier
La suite de l'interview de Phil Yborra ici :  SILVERTRAIN de Phil en Phil - L'interview Part. II

Mère Dragon : L'interview

Mère Dragon : L'interview

Le 21/12/2021

« On n'a au fond de réelles limites que celles que l'on se donne. »


« — Ne t'approche pas du feu, tu vas te brûler ! » disaient ses parents. 
Mais elle n'écoutait pas, elle tendait la main pour caresser le feu, et le feu crépitait de bonheur sous sa main.

Fascinée et fascinante, maîtresse du feu, performer, pole-dancer, adepte de la mise à nu, actrice du monde du Metal, elle est tout cela et bien plus encore, car les mots ne sont pas assez vastes et précis pour la définir vraiment. Ses admirateurs l'ont baptisée MERE DRAGON, et c'est un nom qui lui va bien. Entre deux shows et quelques performances, elle a bien voulu lever un coin du voile pour nous permettre d'entrer dans son univers. Chaud devant !

Laurent ponceMère Dragon par Laurent Ponce

Mère Dragon c'est le nom que vous a donné votre public. Comment la petite Léa commence-t-elle à jouer avec le feu ?
Je crois avoir toujours été fascinée par le feu, tant dans son aspect imaginaire, à travers les récits fantastiques que je lisais enfant, que dans les arts du feu eux-mêmes, dont j'ai eu la chance de voir différents spectacles, assez jeune. Mais la pratique en elle même a attendu de trouver sa concrétisation à dix-huit ans, lorsque j'ai entrepris l'apprentissage du cracher de feu, avec l'aide d'une connaissance de l'époque qui était artiste de cirque et professionnelle dans cette discipline. Cela m'a plu, je me suis entrainée seule par la suite, puis me suis formée en autodidacte aux différentes disciplines que je pratique, et ai enfin – au culot - proposé mes shows !


Mon désir était, à l'origine, de marier danse, expression du corps féminin et flammes sur scène, car ces trois éléments sont profondément compatibles d'un point de vue artistique.


Qu'est-ce qui vous intéresse dans cet art qui vous caractérise ?
J'aime particulièrement le rapport esthétique de l'art du feu, la dimension à la fois mystique et symbolique des flammes, leur aspect à la fois dangereux et fascinant, la beauté et la complexité du feu, ce mouvement perpétuel, tel une danse sensuelle aléatoire. A mes yeux cette matière est l'incarnation même de l'énergie vitale, sexuelle aussi, spirituelle évidemment... J'en suis passionnée, cela doit se sentir ! Mon désir était, à l'origine, de marier danse, expression du corps féminin et flammes sur scène, car ces trois éléments sont profondément compatibles d'un point de vue artistique.

Vous êtes tout à la fois chorégraphe et styliste de vos spectacles.  Vous êtes même la référente artistique d'un groupe de métal qui vous a confié la gestion de son image... La musique Metal, c'est un monde qui vous est familier ?
En effet oui, je conçois, mets en scène mes shows, dessine aussi mes looks de scène. J'ai également la chance de m'être vue sollicitée par le groupe Sarmates pour sa mise en scène et son visuel live, son show pyrotechnique lors des concerts, ses clips également, c'est un travail passionnant.


La musique Metal est en effet un de mes univers de référence ! J'écoute beaucoup de musique, de styles très variés, mais le Metal, notamment le Metal ethnique et le Metal indus, est très présent dans mon quotidien et dans mon contenu artistique d'ailleurs. Que ce soit du côté musical pur, du côté culturel, événementiel, esthétique, ou de l'état d'esprit... J'en suis !

Pour monter vos deux shows annuels, vous puisez votre inspiration dans le cabaret, le fétichisme et l'art du cirque. Qui sont vos modèles ?
Entre autres sources d'inspiration, vous avez raison !
Je ne crois pas avoir de modèle particulier, je me nourris de tant de choses qui me parlent, dans la musique, le cinéma, l'art contemporain, l'histoire de l'art même, les cultures alternatives, le rapport à la sexualité, les rêves et fantasmes, mes cauchemars aussi, mes peurs, mes émotions, l'univers de la mode, la culture des années 80, les spectacles que j'ai l'occasion de voir, la nature et le monde animal, la danse, le corps humain, ou même le quotidien...

Un personnage qui force votre admiration ?
Sans hésitation aucune, l'artiste ORLAN. Une femme à la carrière artistique exceptionnelle, précurseuse de l'art-charnel et de la “body art” performance en France et dans le monde. Elle a su hisser le corps féminin au rang d'outil d'expression transcendé, de miroir de la volonté et de l'engagement artistique de celui/celle qui l'utilise, le montre, l'assume. Je l'admire pour tout cela, comme pour sa manière de renverser les codes du genre, du sacré, de la chair, du sexe, de l'esthétique et du spirituel.

OrlanL'artiste performer multi-facettes ORLAN par Mario Schiniotakis

L'exercice de votre art sollicite votre corps à l'extrême, bien au-delà de sa fonction première. Vous êtes en bons termes avec lui ?
C'est une question très intéressante ! Je n'ai pas toujours été en bon termes avec lui, et je ne pourrais affirmer avoir renversé à 100% la tendance aujourd'hui ; néanmoins j'ai choisi de manière très naturelle au fil des années de me servir de ce dernier comme moyen d'expression de ce qu'il renferme, comme exutoire, comme support de ma créativité et vecteur de mon art. Et cela lui a donné une toute autre dimension à mes yeux, je lui suis reconnaissante pour ce qu'il m'a permis et me permet de faire. Par ailleurs, j'ai conscience des capacités de mon corps, bien supérieures à ce que j'envisage parfois, mais je ne perds jamais de vue que malgré toute l'implication personnelle que l'on peut avoir dans son art, l'être humain n'est pas une machine, et a ses limites physiques. En terme de création, d'apprentissage, de performance, jai néanmoins appris, à mes dépends, mais aussi à ma grande satisfaction parfois, que l'on n'a au fond de réelles limites que celles que l'on se donne.

Le corps - le corps féminin spécialement - est central dans votre vie. Vous lui avez consacré un mémoire, traitant de sa place dans la société, de nos rapports avec lui, de son instrumentalisation. Vous disposez d'une vue imprenable sur ce domaine ! C'est une question à laquelle vous restez attentive ?
Parfaitement, oui, c'est une question centrale de ma pratique artistique notamment, et un sujet auquel j'ai toujours été sensible en tant que femme, dans ma vie privée. Je suis convaincue que la vraie liberté vis à vis du corps – ici féminin, mais au fond, du corps de chacun(e) – passe par le fait de l'assumer en tant que tel, et de l'utiliser soi-même comme son propre instrument. D'être le seul décisionnaire de ce qu'il est bon de faire avec, de l'image que l'on accepte de lui conférer, de si on préfère l'offrir ou le préserver...
Choisir d'utiliser mon corps comme cela m'inspire, de créer avec lui et non pas d'agir contre lui, est probablement la meilleure chose que j'ai faite jusqu'ici !

Pictures in bloodMère Dragon par Pictures In Blood
Il y a quelques années lors de vos études à l’École des Arts de la Sorbonne,  vous présentiez un projet de fin de cursus dans lequel vous utilisiez... votre propre sang ! Rien de ce qui vient de vous ne vous effraie jamais ?
Cette performance d'art contemporain, que j'ai préparée durant de longs mois, fut un réel voyage initiatique. Pour ce projet, qui comprenait également du needle-play (l'art de jouer avec les aiguilles / self-piercing), j'ai sollicité des professionnels du piercing, de la modification corporelle, des professionnels du corps médical pour ce qui fut du prélèvement de mon propre sang, etc.. Tout cela en luttant contre ma phobie du milieu médical et hospitalier ! Comme je l'expliquais plus tôt, apprivoiser mon corps est quelque chose qui me passionne, voire me rassure ; et tout acte sur ou avec soi-même, s'il est réalisé avec la préparation nécessaire et surtout une profonde envie personnelle, peut être une expérience exceptionnelle. J'aime jouer avec les limites corps/esprit, me confronter à l'inconnu, au risque, composer à travers cela des performances qui touchent ceux qui la vivent et la voient. Apprivoiser aussi son subconscient, ses angoisses, ses peurs ou ses traumas, pour les mettre au service de la création artistique, est quelque chose qui compte beaucoup dans mon travail.

Tanguy le galMère Dragon par Tanguy Le Gal
Durant les années Sorbonne, vous étudiiez la journée, puis vous vous produisiez la nuit. Raisonnable est un mot qui ne fait pas partie de votre vocabulaire ?
Demandez à mes proches, “Raisonnable”, c'est mon deuxième prénom ! Ah ah !
Plus sérieusement, c'était en effet un rythme très intense, mais je ne regrette pas une seule seconde d'avoir fonctionné ainsi. Les opportunités ne se présentent pas toujours deux fois, et à vingt ans, on est prêt à toutes les concessions imaginables pour faire ce que l'on aime, sans limites ! J'ai également toujours plus été attirée par la vie nocturne, son exubérance, ses mystères, son esprit de fête, sa légèreté et sa part d'ombre, l'excitation qui en découle, la sensation que tout y est possible... et je ne fais pas dans la demi-mesure.

Vos teaser sont  angoissants mais on ne peut s'empêcher de les regarder. Pourquoi cette fascination pour la peur et la souffrance, alors qu'on pourrait s'installer tous ensemble tranquillement sur un canapé pour rigoler devant  Louis de Funès en picorant des chips ?
D'aussi loin que je me souvienne, artistiquement parlant je n'ai jamais été très attirée par la légèreté du comique, du rire, etc.. Même si je suis très bon public !
L'art a pour moi toujours constitué un moyen d'expression de mes émotions, de mes sentiments, une façon aussi de canaliser ma part d'ombre et d'apprivoiser mes craintes et mes doutes, ainsi, les personnages que je développe dans mes univers scéniques, vidéo et photographiques, sont généralement plus sombres, violents, sexualisés ou dramatiques que légers et amusants. J'aime recevoir le rire en tant que spectatrice, mais je ne sais pas le donner en tant qu'artiste. Je fonctionne à l'instinct, sans réellement me poser la question.


Quand vous devenez Mère Dragon, que voulez-vous lire dans le regard de l'autre ?
Je ne suis pas sûre de désirer à tout prix lire quelque chose de particulier dans le regard du spectateur. Ce qui m'importe en premier lieu, c'est cette expression viscérale qui se met en place une fois sur scène, une forme de transe ou j'incarne une autre (mais intimement liée à mon moi profond), c'est d'offrir cette part de moi sans filtre que j'incorpore dans chaque show. Le spectateur peut la recevoir de manières très variées, et je ne m'offusque jamais de sa réaction quelle qu'elle soit, même lorsqu'il s'agit d'un regard de malaise, d'un détournement de tête, ou qu'il s'agisse d'une expression béate, de tristesse, de larmes contenues, d'admiration, d'un sourire ou d'un enthousiasme intenses ou même d'euphorie. J'accueille tout ce que le public me renvoie, pourvu que je lui ai communiqué quelque chose. Ma mission est accomplie lorsque mon spectateur ressent mon intention, ou l'émotion que j'offre. Rien de plus.

Pole-dancer, stripteaseuse, maître du feu, performer... vous êtes une passerelle entre les cultures de l'underground et vos activités vous conduisent devant plusieurs types de public. Vous vous produisiez le 18/09/2021 à Montpellier  dans un festival de métal.  Les réactions à un même spectacle sont-elles différentes en fonction du contexte dans lequel vous évoluez ?
Les réactions à un même show ne sont jamais exactement les mêmes en fonction de l'événement et du type de public, tout comme le show lui-même ! Chaque représentation donne lieu à des adaptations plus ou moins importantes, des nuances dans la mise en scène, des interactions différentes avec le public en fonction de sa proximité, de l'ambiance de l'événement, de l'heure, du line-up, de l'énergie qui se dégage sur place.. C'est ce qui rend mon travail si passionnant ! Je ne donne jamais le même show au détail près, la scène n'est pas une science exacte, au delà de l'aspect technique il est aussi question d'énergies, de dialogue avec soi, et avec l'autre. Il y a toujours une part d'inconnue, et la réaction du public à un même show en fait partie.

GornossMère Dragon par Gornoss

A Montpellier vous retrouviez Shaârghot. J'ai souvenir d'un de leurs clips, extraordinaire, où vous faisiez l'actrice. Je trouve qu'on ne vous voit pas assez dans cet exercice, alors que votre personnage ne demande qu'à s'y insérer.
Ravie que le clip de leur titre “Z//B” vous ait plu ! Il a demandé pas mal de travail, les membres du groupe et de l'équipe de tournage peuvent en témoigner, ce fut une sacrée expérience ! Shaârghot, dont j'adore le travail et pour qui j'ai grande affection sur et hors scène, possède un univers passionnant et un perfectionnisme exacerbé sur tous les plans.
Je suis plusieurs fois par an sollicitée et amenée à tourner pour des clips, des projets vidéo, pour de la télévision, pour Netflix, pour du cinéma.. Néanmoins, les rôles “principaux” à dialogues, qui m'ont été peu proposés jusque là, ne sont pas ce que je recherche : je suis beaucoup plus à l'aise dans l'expression corporelle. Il est extrêmement rare de me voir parler en caméra ! Je pense avoir bien plus à offrir en performance pyrotechnique, en acting et performance corporelle pure, face à l'objectif, et suis toujours ouverte aux projets de tournage intéressants !


Vous disiez dans une interview « J'irai jusqu'où mon corps me permettra d'aller. » Vous êtes sereine avec l'idée qu'il puisse un jour vous dire de faire sans lui ?
Imaginez vous, travailler main dans la main avec une personne pendant de longues années, accomplir des choses dont vous êtes fier et même établir vos prochains projets en comptant sur la présence et le soutien indéfectible de cette personne. Il est évident que le jour où elle déclarera ne plus pouvoir remplir ses fonctions, ce sera douloureux pour vous, une déception, peut être même une désillusion si vous n'y êtes pas préparé. Il en va de même pour le rapport au corps, dans ce métier.
Je ne me dirais pas sereine, non, mais consciente de cette réalité, oui. Quand on est artiste et performer, on est sans cesse dans l'anticipation, l'adaptation : il faut simplement en faire autant vis à vis de cet élément là. Je pense qu'à partir d'une certaine ancienneté, on peut trouver du plaisir créatif et artistique dans d'autres choses, sans pour autant devoir nécessairement rompre avec tout notre univers.
Mais quoi qu'il en soit, je suis convaincue que si l'on fait ce que l'on aime, en écoutant son corps autant que possible, l'esprit et ce dernier s'alignent pour maximiser naturellement nos capacités.

Entretenez-vous une relation équilibrée avec votre art ?
A mon image, je ne dirais pas qu'elle est équilibrée, non ! Ah ah ! Lorsque l'on fait de sa passion son métier, on a parfois du mal à décrocher, à prendre du temps pour soi, pour les autres aussi, pour se reposer, spécialement quand on a une vie très remplie faite de création, de déplacements quotidiens et de voyages, qui offrent une excitation quasi constante. La majorité du temps, même quand je ne travaille pas, je pense “show”, je rêve “show”, j'écoute mes bandes son en boucle pour m'imprégner toujours plus de mes personnages, je prévois déja le “prochain show”... C'est un long apprentissage personnel que de savoir se mesurer, parfois prendre du recul et laisser un peu de place au reste. Bien souvent, quand on aime, on ne compte pas ! Mon métier me rend heureuse, c'est tout ce qui compte pour moi, et j'ai la chance d'être entourée de personnes merveilleuses qui me comprennent, m'accompagnent, me conseillent, me soutiennent, créent même parfois avec moi tout en me maintenant en lien avec la réalité. J'en suis extrêmement reconnaissante.

Mohamed benMère Dragon par Mohamed Ben

Que va faire Mère Dragon dans les prochains mois ?
Je suis actuellement en train, et ce sur la majeure partie de mon temps libre, de préparer mon prochain show. C'est un gros projet, un travail long et fastidieux, plus encore que pour les shows précédents. Notamment car il attend de pouvoir sortir depuis déjà un an (repoussé l'année passée, confinement oblige...), donc la frustration et le désir de proposer quelque chose d'extrêmement qualitatif sont bien présents ! Création musicale avec mon compagnon, compositeur et musicien, répétitions, apprentissage de nouvelles disciplines, conceptions d'accessoires de scène, shootings photo et tournages du teaser du show... C'est très chronophage.
En dehors des activités scéniques, également repoussé depuis trop longtemps, j'attends avec impatience de pouvoir remettre au goût du jour (en standbye, covid oblige, lui aussi...) notre prochain projet de voyage avec mon compagnon, un retour vers l'Asie du Sud-Est probablement.

Merci, Mère Dragon, d'avoir pris le temps de me recevoir.
Avec un immense plaisir, merci à vous pour toutes ces questions ! Et pardonnez moi pour le délai, les derniers mois ont été très denses, professionnellement parlant. Au plaisir de se croiser sur un prochain événement !


Mere dragon calendrier

 

SPLINTER : La génération éclatée

SPLINTER : La génération éclatée

Le 01/09/2021

« Les leaders politiques, l'Église, vos parents, tous avaient peur du rock'n'roll ! »


En deux clips  ironiques et rock'n roll dans l'esprit, ce jeune groupe hollandais s'impose parmi nos coups de coeur de l'année, avant même la sortie de son premier album qui interviendra début septembre 2021.
On n'a pas résisté au plaisir d'une interview. C'est Douwe, leur chanteur, qui s'y est collé...

Dsc05444Bonjour Douwe. Peux-tu nous dire d'où vient Splinter et nous présenter votre line-up ?
Douwe (chant) :
Hey mec ! Nous sommes un groupe basé à Amsterdam et La Haye, aux Pays-Bas. Notre line-up se compose du grand Sander Bus à la guitare, Barry van Esbroek à la batterie, Gertjan Gutman fournissant le son emblématique de l'orgue Hammond, et moi-même au chant.
Je connais Sander depuis qu'il a rejoint mon ancien groupe, Death Alley, en tant que bassiste. Notre entente personnelle et musicale était très bonne dès le début, alors quand Death Alley a splitté, il était clair pour nous deux que nous voulions continuer à faire de la musique ensemble. Barry (qui a déjà joué dans le groupe de hard rock Vanderbuyst) est le meilleur ami de Sander depuis plus d'une décennie - il a aussi été son voisin pendant des années - et c'est aussi lui qui m'a présenté Sander voici longtemps, il était donc logique de le solliciter pour la batterie. Lorsque nous avons fait notre tournée d'adieu avec Death Alley, nous avons fait une tournée combinée avec Birth Of Joy, qui touchait également à sa fin - c'est ainsi que nous avons rencontré Gertjan. Le line-up de Splinter a donc émergé assez organiquement, et logiquement, et il s'avère maintenant qu'il fonctionne très bien !

Vers quoi vouliez-vous tendre en formant Splinter ?
Comme je l'expliquais, nous venions tous de voir la fin d'autres groupes lorsque nous avons commencé Splinter. Pour moi, la chose la plus importante était de ramener l'énergie pure, le punch punk et des chansons courtes, entraînantes et dansantes. J'ai dit à Sander que je voulais revenir à l'ancienne ambiance punk - pas pour copier exactement ce son, mais pour m'inspirer de l'attitude, de l'énergie. De plus, les paroles étaient censées être quelque peu « directes » et clairement compréhensibles. Dans l'ensemble, nous voulions juste faire de la musique qui soit très facile à comprendre et qui se traduise par l'enthousiasme et l'énergie du public.


Que trouve-t-on dans un morceau de Splinter ?
Je suppose que vous pouvez trouver exactement cela. Je pense vraiment que même si toutes nos chansons sont assez différentes les unes des autres, la cohérence entre elles est qu'elles sont fraîches, excitantes, et donnent envie de se lever, d'aller en ville et de danser. Je pense que vous pouvez parfois percevoir que nous écoutons de vieux trucs punk, mais vous pouvez aussi entendre que nous n'avons en fait aucun dogme au niveau du son : nous écoutons également de vieux groupes de beat, du rock 'n' roll des années 70 et des groupes des années 80, ou encore plus modernes des années 90. Pour notre son, en gros, tout est permis, tant que nous pensons qu'il sonne bien et que nous pouvons bien le jouer à nous quatre avec nos instruments.

J'ai entendu parler de « Splinter generation ». De quoi s'agit-il ?
Ce qui est triste avec notre génération, notre culture de la jeunesse, c'est qu'il n'y a pas de mouvement de masse créant quelque chose pour lui-même. Cela ne semble pas être aussi dangereux pour l'establishment que l'étaient les contre-cultures des générations précédentes. À l'époque, les leaders politiques, l'Église, vos parents, tous avaient peur du rock'n'roll, du punk-rock, voire du grunge. Aujourd'hui tout est très éclaté, et les petites différences entre les sous-genres sont mises à l'index, tant qu'on en oublie de chercher les intérêts communs à notre génération (et les ennemis communs !). Je trouve bien ironique que la chose qui nous relie le plus en tant que génération, soit exactement cette fragmentation - c'est paradoxal. C'est pourquoi je l'ai appelée la génération Splinter.


Tout s'est si bien passé que nous avons presque accidentellement enregistré huit pistes en un week-end !


Côté discographie, vous avez sorti un double-single, et vous préparez un album qui sera livré en septembre, c'est bien ça ?
C'est bien ça ! Le 3 septembre 2021, nous sortirons notre premier album « Filthy Pleasures ». Il sera publié par Robotor Records, qui est le nouveau label initié et dirigé par les gars de Kadavar. Nous connaissons très bien ces gars depuis certaines tournées que nous avons faites,  ils ont été immédiatement enthousiastes quand ils ont entendu les premières démos de Splinter et ils ont dit qu'ils voulaient le sortir. Pour nous, c'est bien sûr un ajustement parfait, nous sommes donc très heureux que la sortie arrive enfin là !

Peut-on en savoir plus à propos des compositions qui seront sur l'album ?
Les chansons qui figurent sur « Filthy Pleasures » ont été écrites à un rythme très élevé, en très peu de temps. Sander et moi avons commencé à écrire (enfin, Sander compose et je fais des lignes vocales et des paroles – parfois nous le faisons ensemble) alors que nous étions encore en tournée avec Death Alley. Nous avions un tas de chansons prêtes quand nous avons commencé à répéter avec Barry et Gertjan. Ensuite, nous avons voulu entrer en studio après environ trois mois de répétition, juste pour enregistrer un 7", avec deux chansons. Mais tout s'est si bien passé que nous avons presque accidentellement enregistré huit pistes en un week-end ! Plus tard, nous avons ajouté deux chansons pour vraiment en faire un album, et voilà, notre premier album est là. J'aime vraiment la façon dont cela s'est produit d'une manière si nonchalante et presque accidentelle...

Mg 1777 1De quoi ces chansons parlent-elles ?
Eh bien, vous savez, ce que je viens de dire sur la contre-culture, c'est quelque chose qui m'occupe l'esprit. Pas seulement la « Splinter Generation », mais plus généralement la lutte qui reste à mener contre le pouvoir en place, contre notre ennemi commun. Certaines chansons parlent de ça. Mais en attendant, nous ne sommes aussi qu'un groupe de gars avec des besoins biologiques et hormonaux, (Haha !), donc nous avons aussi des chansons sur l'amour et le sexe – qui sont après tout des forces motrices si fortes pour presque tout dans la vie...

D'autres remarques sur le futur opus ?
Je trouve très cool qu'il y ait vraiment cette sorte de DIY. Je pense que l'idée de le faire soi-même, et de ne pas dépendre des grosses entreprises et de l'argent est l'un des principaux charmes de la scène punk-rock de l'époque. J'embrasse cet esprit autant que possible. C'est pourquoi c'est si génial que Robotor Records fasse la sortie, car ils sont également dans cet état d'esprit - à la fois avec Kadavar et avec le label. C'est donc très cool à mon avis que toute la conception de la pochette ait été réalisée par Lupus Lindemann (de Kadavar / Robotor Records) car cela maintient petit le cercle de personnes impliquées. J'aime ça !


Nous avons assez de matériel pour un deuxième album.


Jeroen de Vriese a réalisé pour vous deux clips très élaborés,  pour les titres «  Brand New Future » et « Plastic Rose ». De quoi ces chansons traitent-elles et quel souvenir gardes-tu du tournage ?
Tourner ces clips avec Jeroen était juste une excellente idée. Nous le connaissions depuis des tournées précédentes, et Barry savait qu'il faisait aussi des vidéos sympas. Eh bien, c'était le jackpot. Pour « Brand New Future », j'ai eu cette idée très claire et détaillée d'une conférence de presse. Vous savez, jouer avec les images auxquelles le monde entier est confronté depuis plus d'un an et demi, et aussi en quelque sorte se moquer des "bonnes intentions" des politiciens lors de ces meetings. Cela correspond vraiment au thème de la chanson « Brand New Future », parce que la chanson est fondamentalement notre réponse au No Future des Sex Pistols : nous sommes un demi-siècle plus loin, et ce  futur flambant neuf signifie-t-il vraiment que nous avons un avenir ? Je ne pense pas. Et « Plastic Rose », eh bien, c'est beaucoup plus une chanson d'amour... Nous avions donc donné carte blanche à Jeroen pour la vidéo. Il a proposé un script, et nous avons dit "c'est cool, mais peut-être qu'il y a besoin de zombies ici et là". Et le reste appartient à l'histoire, haha…

Que va faire Splinter dans les prochains mois ?
Nous ferons avant toute chose la promotion de notre premier album. Nous avons un tas de spectacles programmés, et nous espérons qu'ils pourront avoir lieu. En plus d'un concert à Berlin, nous avons une tournée avec le nouveau groupe belgo-néerlandais-britannique Sloper, avec Cesar Zuiderwijk (batteur de Golden Earring) et Mario Goossens (batteur de Triggerfinger). Cela va certainement être très amusant ! Et en attendant, nous avons également assez de matériel pour un deuxième album, nous voulons donc entrer en studio d'ici la fin de l'année pour faire un nouveau LP.

Merci Douwe d'avoir répondu à mes questions.
Merci beaucoup ! On espère vous rencontrer, toi et les lecteurs d'Ahasverus, très bientôt sur la route, quelque part en France, ou où que ce soit d'autre...

Les Liens :

splinter-music.com

 

 

 

High On Wheels : Welcome To My Nanar

High On Wheels : Welcome To My Nanar

Le 08/06/2021

« Un décor de cinéma planté dans un désert californien, c'est ça FuZZmovies. »


Et de deux pour High On Wheels ! Trois ans après "Astronauts Follow Me Down" le trio stoner revient avec "FuZZmovies", un album de Desert Rock cinéphile et inspiré, sorti le 23/04/2021.
Entretien avec un groupe qui a su titiller notre curiosité...

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Bonjour High On Wheels. Comment présenteriez-vous votre groupe à un lecteur qui le découvrirait ?
Greg (chant, batterie) :
Je dirais que si t'aimes bien quand tes oreilles en prennent pour leurs jauges maximales de décibels, que le FUZZ est ta religion de base, que le son de basse digne de Lemmy himself te donne des chaleurs (j'en rajoute un peu là-dessus mais bon, il a une Rickenbacker tout de même !), que le psychédélisme n'est pas  pour toi que le résultat d'une ingestion de champignons ou bien un mouvement contre-culturel des années 60, et si écouter "Viens içi que je te bute enculé" dans un titre ne t'effraie pas, et BEN T'ES SUR LE SON QU'IL TE FAUT !

Trois ans après "Astronauts follow me down", vous revenez avec un nouvel opus. Quelle direction souhaitiez-vous prendre au sortir de ce précédent album ?
Greg :
Déjà on voulait des compositions crées par nous trois, alors oui c'est bizarre dit comme ça mais sur "Astronauts...", Gilles est arrivé juste avant l'enregistrement et du coup il n'avait pas composé les titres avec nous. Ensuite, on voulait un son brut, enregistré en live sans trop d'artifice autour, on avait fait la même chose sur "Astronauts...", et ça nous correspondait bien. Et pour finir, on voulait monter d'un niveau la qualité de l'enregistrement, c'est pour cela qu'on a invité un ami de Gilles pour enregistrer tout cela. On a choisi le Studio de la Vimondière pour son cadre (la campagne, trois lits dans le studio côte à côte, une maison avec un jardin rempli de nains de jardin...), et enfin un mixage en Bretagne avec mon beauf et plein de bonnes substances !

1highonwheelsHIGH ON WHEELS, "Astronauts Follow Me Down" (2018)

Qu'entend-on au juste par "FuZZmovies" ?
Greg :
Un décor de cinéma planté dans un désert californien, c'est ça FuZZmovies.  Alors plus sérieusement on est assez fans de cinéma vintage, j'adore Russ Meyer, et depuis le début du groupe on a utilisé pas mal de sample de ces films, alors c'est pas du série Z c'est sûr, mais est venu rapidement "Hitman le Cobra", qui n'est pas non plus un film de série ZZ, quoique... Du coup, les titres s'entremêlent de sample de films et de de grosse Fuzz, donc FUZZMOVIES, nom de nom !

Le ZZ majuscule est-il une référence à ZZ Top ?
Gilles (chant, basse) :
Ah ah ! Non. C'est les mots "fuzz" et "Z movies" qui se sont accouplés, ça a fait grossir les "ZZ". Puis ce qu'on aime le plus dans la fuzz, c'est ce bruit qui fait ZzzzzZZzzzzZZzzzz...

Le cinéma était déjà présent sur "Astronauts...". Les nanar et les séries B sont-ils une source d'inspiration inépuisable ?
Gilles :
Inépuisable, je ne sais pas. C'est une source intarissable de moments uniques, en tout cas. Il y a un tel minerai de films complètement délirants, des projets où les mecs ne se sont mis aucune barrière, aucune limite... Tu te libères du jugement des autres et paf, tu crées un truc improbable, mais tu l'as fait avec tes tripes.

Le son guitare/basse, bien gras, est un vrai régal pour l'auditeur de FuZZmovies. Un mot sur l'enregistrement, le mix et le mastering ?
Gilles :
C'est le travail combiné de Florant Mallet et Yann Chevrel. Pour cet album, on a voulu bosser avec des mecs de qualité qui savent ce que c'est qu'une live session. Flo a fait un super taf' au studio de la Vimondière, aidé par Vincent Liard. D'abord on a enregistré en live les instrus en mode DI, et après on a fait une journée de reamping qui a permis d'avoir une palette très riche. Yannos n'avait plus qu'à sublimer ça au mixage. Une bouteille de Don Papa plus tard, Bim ! Ça s'appelle Fuzzmovies.

Qui est ce Mr.Grrra qui fait un superbe travail sur vos artworks ?
Bruno (chant, guitare) :
C'est moi, je plaide coupable ! Mais on a chacun notre petit blaze : le vrai nom de Greg dans le civil n'est autre que "The Naked Drum", et Gilles ne répond qu'au doux sobriquet de "Black Cousteau"... Mais sinon, comme j'ai une formation en dessin, je me fais salement exploiter depuis le début pour réaliser l'identité visuelle du groupe.

Album coverrvb72 720HIGH ON WHEELS, "FuZZmovies" (2021)

Quels sont les films auxquels "FuZZmovies" rend hommage ?
Bruno :
Alors, dans l'ordre, on a : le fameux "Faster Pussycat, Kill, Kill !" de Russ Meyer, auquel Tarantino fait souvent référence ; "Blood Feast", l'un des tous premiers films gore ; l'incroyable "Hitman The Cobra" qu'on ne présente plus depuis que Nanarland l'a mis au devant de la scène internet francophone ; "Satan's Sadists", une sombre histoire de bikers ; "Cannonball", un film de course à travers les USA avec David Carradine ; et enfin "Rocketship X-M", film de SF de 1950 sorti chez nous sous le titre très "frrrooonçais" de "Vingt-quatre heures chez les Martiens".

Le clip "Hitman Le Cobra" est savoureux, mais le montage a dû prendre un temps fou !
Gilles :
C'est pas si long le montage vidéo. Je pars toujours du principe qu'il faut une heure pour monter une minute. Parfois, quand on y passe trop de temps, on perd l'énergie de départ. C'est comme dans la compo musicale, d'ailleurs. Dans toute création artistique, je pense qu'il faut essayer de garder de la spontanéité. Le côté vivant... Live !

"Hitman Le Cobra" permet de découvrir un joyeux nanar et l'univers du réalisateur Godfrey Ho... On rêverait, du coup, d'un concert animé !
Bruno :
De l'animation ? Haha, si seulement ! Mais c'est beauuuuuucoup trop de taf pour moi tout seul, et je tiens à ne pas mourir d'épuisement ! Quand on sera mondialement connus on pourra se permettre de commander une presta à Disney, mais en attendant on va se contenter de la musique et, si vous êtes sages et que les conditions le permettent, d'extraits des films en projection pendant qu'on joue.

Sur quels supports et comment FuZZmovies est-il distribué ?
Greg :
FuZZmovies est distribué par Season Of Mist (CD et digitalisé) ; on a pressé un vinyle qui sortira mi-juin, on espère, et qu'on distribuera nous même pour l'instant.

Vos activités dans les prochains mois ?
Greg :
On reprend le chemin du booking (un concert programmé le 19 juin à Mantes la Jolie pour le festival West Motors & Tattoo Show) ; on bosse des compos pour le prochain album et on cherche toujours Philippe !

Justement, Philippe... Des nouvelles ?
Bruno :
Oui. On sait où il se cache, ce salaud !

Merci High On Wheels d'avoir pris le temps de me répondre...
Bruno :
Mais de rien, et bisous ! (NDLR : oui, mais avec le masque, et dans le respect des mesures sanitaires)


LES LIENS :

DIRTY BLACK SUMMER : Seattle-Les-Pins

DIRTY BLACK SUMMER : Seattle-Les-Pins

Le 21/05/2021

« La pandémie nous a finalement permis de nous dire c'est maintenant ou jamais ! »

Nouveau venu sur la scène azuréenne, Dirty Black Summer sort aujourd'hui "Great Deception", son premier EP, un retour aux sources du grunge donnant à la Baie des Anges des allures d'un Seattle du early 90's.
C'est si bien fait qu'on a eu envie d'en savoir plus.
Voici leur interview.

Actualite dirty black summerPhotographie © Mkp (Machine Kult)


Bonjour Dirty Black Summer. Je crois que vous arrivez tous d'univers musicaux différents et qu'on qualifiera d'abrasifs. Comment votre groupe s'est-il formé et qu'est-ce qui vous a donné envie d'élargir votre périmètre ?
Cyril (Guitare) :
Bonjour ! Effectivement, nous venons tous de formations issues de la sphère "Métal" pour parler au sens large, mais nos goûts musicaux sont finalement très variés. Quand JB m'a contacté - il y a déjà quelques années - avec quelques morceaux sous le bras, l'idée m'a tout de suite emballé ! Nous avons commencé à travailler sur le projet, rapidement rejoints par Michael, mais nos emplois du temps respectifs ne nous permettaient pas de le concrétiser pour de bon... En réalité, tout s'est accéléré il y a exactement un an, à la sortie du premier confinement. La pandémie nous a finalement permis de nous dire "c'est maintenant ou jamais !" Trois mois plus tard, nous avions notre line-up définitif et rentrions en studio.
Michael (chant) : Salut ! Pour ma part c’était en tournée, Cyril me faisait écouter des démos d’un projet qu’il avait avec JB. Ça m’avait foutu une bonne claque dans la gueule. C’était encore en phase d’audition chant, et de mon côté j’avais vraiment envie d’essayer de poser ma voix dessus. Pour moi c’était comme un retour aux sources. Ça me semblait aussi être le projet parfait pour dire ce que j’avais à dire de la manière la plus sincère possible.

Je confirme l'appellation "retour aux sources" mentionné par Michael : j'ai pu écouter "Great Deception", votre EP, qui sort aujourd'hui 21/05/21, et je vous avoue qu'il y a longtemps que je n'avais pas pris de plein fouet comme ça un projet grunge aussi percutant, aussi fidèle, aussi moderne...
Cyril :
Merci beaucoup ! Je pense que nous avons tenté d'insuffler à ce premier effort tout l'amour que nous avons pour la Musique, en faisant transparaître des émotions qu'il était parfois difficile d'exploiter pleinement dans nos autres projets mais qui nous tenaient à coeur... Si ça se ressent, c'est que nous n'avons pas dû taper trop loin de notre objectif ! (Rires)
Michael : Merci ! On y a mis du cœur et des tripes. On est super contents que ça sorte enfin et que le projet soit disponible pour tous. Ça fait plus d’un an qu’on a la tête dedans et qu’on bosse dessus sans trop penser a la réception du projet. Ça fait du bien !

Dans cette configuration, la voix de Michael Khettabi rappelle étonnamment celle de Eddie Vedder…
Cyril :
Ne le dites pas trop fort, il va finir par se la péter ! (Rires)
Michael : Merci beaucoup ! je le prends comme un énorme compliment ! Au risque de passer pour un inculte je ne connais pas trop Pearl Jam a part le titre "Daughter", et celui aussi dans Guitar Hero 3.  (NDLR : il s'agit de "Even Flow", de l'album "Ten")

Pouvez-vous m'expliquer le clin d'oeil à Danzig de votre patronyme ?
Cyril :
Le côté sombre et sulfureux qui émane de sa musique typée Rock/Hard Rock s'est imposé naturellement lorsque nous avons défini la direction artistique du groupe. Donc quand JB a débarqué en répète en proposant "Dirty Black Summer" (NDLR : titre d'une chanson du groupe américain Danzig), ça coulait de source ! D'autant qu'elle collait particulièrement bien à l'envers du décor de notre chère "Baie des Anges"... Derrière les strass et les paillettes, il y a un univers nocturne, terne et poisseux... Un monde perdu entre ombre et lumière qui nous définit finalement assez bien.
Michael : Cyril a tout dit. Le côté terne et poisseux qui a son charme... A une certaine heure, ici, tout le monde est fou, il n’y a plus de statut social, que des âmes perdues. Et tout se répète d’été en été. C’est ça pour moi Dirty Black Summer.

La pochette de votre EP est d'Alex Eckman-Lawn. Qu'est-ce qui vous a intéressé chez cet artiste spécialisé dans les collages et que souhaitiez-vous véhiculer avec son artwork ?
Cyril :
J'aime laisser à chacun le loisir de se faire sa propre interprétation d'une œuvre, mais elle représente pour moi la difficulté qu'on rencontre à trouver sa place dans la société moderne. Une quête d'identité qui passe souvent par un retour aux sources et aux icones qui ont su s'imposer à travers le temps afin de mieux construire son avenir. En somme, une référence à notre univers encré dans le Seattle désenchanté des débuts 90's, encore éclairé par les néons de la décennie précédente.
Michael : On avait quelques artistes en tête et on pointait globalement vers la même vision. Les collages d’Alex Eckman Lawn nous permettaient d’avoir ce côté peinture, organique et aussi ce côté sincère qu’apporte une photo. Avec le talent d’Alex, on était sûrs de ne pas tomber dans un truc trop “kitch” ou trop “artistique”. Au final, une femme qui regarde un homme en chute libre c’est beau, et ça synthétise bien les textes de l’EP.

Dirty black summerDIRTY BLACK SUMMER, "Great Deception" (EP - 2021)

A ce propos, quelles sont les thématiques abordées dans vos chansons pour les auditeurs non anglophones ?
Michael :
Les thématiques tournent autour de la déception, la désillusion et la dépression. Mais aussi de l’addiction, que ce soit à la drogue ou à l'amour.  
Cyril : Celle qui me touche le plus personnellement est "Forget My Name", qui traite du sujet parfois épineux des relations "Père/Fils"…

Et d'où sortent les cinq compositions originales, puis comment ont-elle été mises en boîte ?
Cyril :
Elles sont le fruit d'un effort commun, chacun a posé sa pierre à l'édifice. Certaines, comme "The Descent" ou "Forget My Name", étaient en gestation depuis déjà un moment, tandis que "You and I" ou "Know Better" sont plus récentes. Mais elles ont toutes été finalisées durant cette période post-confinement, enregistrées et mixées au Snapcut Studio par Rémi Mayot et Jimbo, puis masterisées par Thibault Chaumon au Deviant Lab Studio.
Michael : Je recevais des tracks sur lesquelles je pouvais poser mes voix de mon côté, on a tous trouvé notre rythme de travail assez naturellement et instinctivement. Certains morceaux ont été bouclés en quelques heures et d’autres ont été modifiés jusqu’au dernier moment.

112859Photographie © Mkp (Machine Kult)
Qui parmi vous est le fan de Britney Spears qui a proposé de mettre sur cet EP l'un de ses tubes à la sauce Seattle, et ce choix a-t-il fait l'objet de discussions ?
Cyril :
C'est JB qui a apporté l'idée et j'ai tout de suite signé ! (Rires).
Michael : Cette idée de JB m’a directement parlé. Britney, c’est une icône qui a marqué notre génération, au final le public l’a consommée comme une drogue. L’idée aussi d’interpréter "Womanizer" par cinq mecs, c’était quelque chose. C’était aussi intéressant de reprendre le titre le plus connu de Britney avec le moins de covers en ligne...

C'est pour conjurer le sort que vous avez choisi d'appeler cet EP "Great Deception" ?
Michael :
“Your Great Deception” était l'un des premiers titres qu’on a bouclé, et c'est aussi le morceau qui ouvre l'EP. On avait donc la réponse sous les yeux depuis le début, ce qui nous a évité de chercher trop longtemps.

Sous quels formats et comment "Great Deception" sera-t-il distribué ?
Cyril :
Il sera distribué au format physique (CD) et évidemment digital… On planche sur une version Vinyle également...

Quels sont vos projets avec Dirty Black Summer ?
Michael :
Enregistrer de nouveaux titres et faire de nouveaux clips, en espérant les amener sur scène dès que possible !

Merci Dirty Black Summer de m'avoir consacré du temps, et à bientôt sur la route.
Cyril :
Merci à vous ! Croisons les doigts !
Michael : Merci à vous !


Les Liens :

http://dirtyblacksummer.bandcamp.com/

 

GRORR - L'interview Ddulden’s Last Flight

GRORR - L'interview Ddulden’s Last Flight

Le 18/05/2021

« A chaque album son histoire et une aventure bien particulière. »


Après sept ans de silence, Grorr revient avec un line-up modifié et "Ddulden’s Last Flight", un quatrième album tout aussi conceptuel, ethnique et soigné que l'étaient "Anthill" et "The Unknow Citizens".
Concept, instruments, artwork... La formation paloise nous dit tout.

GRORR, "Anthill" (2012)

Bonjour Grorr. Sept ans se sont écoulés depuis votre dernier album, "The Unknow Citizens". Même si vous n'êtes pas restés inactifs vous n'avez pas craint que ce soit trop long ?
Yoann (guitare) :
Salut ! Ca a sûrement été trop long... On aurait clairement pu gagner un an ou deux car une fois l'enregistrement terminé, les choses n'ont pas été aussi vite que d'habitude, on a dû changer de studio pour le mix entre autres, et cela a entraîné un gros retard... Mais il a aussi fallu le temps d'intégrer de nouveaux musiciens, de créer une nouvelle façon de travailler, etc. On voulait prendre le temps de sortir quelque chose d'abouti. On ne s'invente pas (ou plus) de pression par rapport aux attentes extérieures : ce n'est pas notre gagne pain, et cela doit rester une passion ; on veut sortir de la musique dont on est fiers. Bon, on espère toujours que les gens qui aimaient bien Grorr ne nous ont pas oubliés, et qu'ils apprécieront l'album !

"Anthill" et "The Unknow Citizens" ont eu de solides succès critiques. Cela vous a-t-il mis une pression particulière, et vers quoi vouliez-vous tendre quand vous avez commencé à composer pour le nouvel album ?
Yoann :
On part toujours dans l'optique de s'améliorer, La seule pression est d'arriver à composer quelque chose dont on est satisfaits (et ce n'est pas une mince affaire). L'accueil global des précédents albums était plutôt de nature à nous rassurer, ça voulait dire qu'on était dans le vrai, je prenais ça comme un encouragement. Une des idées principales avec l'arrivée de Franck (NDLR : Franck Michel a remplacé Bertrand Noël au chant de Grorr en 2016) était de mettre l'accent sur les mélodies de chants.
Sylvain (instruments traditionnels, sample) : Ce qui est sûr, c'est que leur succès ne pouvait pas être prétexte à fournir moins d'efforts pour la conception de "Ddulden's Last Flight", d'autant que, comme le disait Yoann, notre volonté de s'améliorer va avec la volonté de pousser les curseurs de ce qui nous fait plaisir encore plus loin.

Grorr line upVous revenez donc avec "Ddulden’s Last Flight". Quel est le concept de l'album  ?
Yoann :
A la base on était partis sur un film musical, on avait vraiment cette ambition de proposer trente à quarante minutes de film d'animation en musique... L'histoire suit Ddulden dans son parcours initiatique vers l'accomplissement de son rêve (en l'occurence voler). Elle est découpée en plusieurs scènes-clefs qui sont autant de plages de l'album. On a essayé de mélanger correctement notre sauce habituelle (du rock-metal, des instruments traditionnels, des formats de chansons, dans un concept-album) avec des éléments un peu plus issus de la musique de film.
Sylvain : On a voulu inclure plusieurs niveaux de lecture, d'interprétation. Nous avons utilisé les récits autour du mouvement du Luddisme en trame de fond pour aussi avoir la possibilité d'évoquer notre propre histoire, nos obsessions...

Où et quand sont nées ces compositions ?
Yoann :
Les premières maquettes datent de la sortie de l'album précédent, donc presque sept ans en arrière maintenant... Il y a eu beaucoup de réécriture au fur et à mesure qu'on affinait l'histoire et aussi que l'on intégrait de nouveaux membres dans le groupe. Nous avons imaginé au minimum trois histoires complètement différentes. A l'époque des premières maquettes, Franck, le nouveau chanteur, n'avait pas encore rejoint le groupe. Et enfin Christine (NDLR : basse) est arrivée.  Cela nous a fait beaucoup de bouleversements.
Sylvain : On a même totalisé approximativement quatre heures de compositions dont il reste encore des traces dans la version aboutie de l'album, que ce soit formellement, des mélodies, l'utilisation et le rôle de certains instruments... Les morceaux "The Painter" et "Orang Lao" sont nés de ce matériau originel, ils nous ont finalement servi de laboratoire pour expérimenter le son que nous souhaitions avoir.

En parlant de laboratoire... Quels sont les instruments utilisés sur "Ddulden’s Last Flight" ?
Sylvain :
Il y en a beaucoup ! Les pupitres d'ensembles sont créés avec des instruments virtuels, ce sont donc les ensembles symphoniques, gamelan balinais, taikos … pour le reste j'ai joué du morin khuur (NDLR : instrument à cordes mongol), du sitar, du tabla (NDLR : petit tambour d'Inde), diverses percussions, guimbardes... Et avec Franck nous nous sommes mis à pratiquer les techniques de Khoomei pour les enregistrer, les chants diphoniques donc.

Quels sont vos invités sur l'album ?
Yoann :
Comme on s'est chargés d'à peu près tout, nous n'avons eu qu'une seule invitée sur l'album, c'est Julie Lambert, qui nous a prêté sa voix pour les rôles des « sirènes ».
Sylvain : Elle avait pour mission d'adopter le timbre qu'on entend dans les chants traditionnels féminins de Bulgarie, Croatie etc, ce qu'elle a effectué avec un immense brio !

1 grorrGRORR, "Ddulden’s Last Flight" (2021)

Pour l'artwork, vous avez fait appel à la dessinatrice Emilie Tarascou. Pourquoi ce choix et quelles indications lui avez-vous donné ?
Sylvain :
Pour être tout à fait transparent, il s'agit de ma belle-sœur ! Mais il se trouve que notre collaboration avec elle est comme un alignement de planètes. Elle m'emmenait voir les films de Miyazaki quand j'était petit, elle connait très bien ce genre d'esthétique, entre autres, et a pu suivre de près nos phases d'écriture de l'histoire. On voulait que l'artwork soit composé comme une affiche de film, nous avons donc étudié la composition du plan avec elle, en essayant d'y insuffler nos références. Nous avons choisi d'illustrer l'amorce du climax de l'album (le début de Last Flight, et non pas l'intro de l'album comme on peut le lire sur certaines reviews hahaha !).

Un mot sur la technique, l'enregistrement et le mastering ?
Yoann :
On a suivi le même processus que sur nos deux albums précédents, à savoir qu'on a tout enregistré nous-même et qu'ensuite on a envoyé les centaines de pistes au mixage. Cette fois-ci, on a bossé avec Pierre Danel,  du studio Axone, pour le mix, et il a fait un super travail ! C'était vraiment pas évident de gérer autant d'instruments tout en gardant de la clarté et de la puissance... Le mix est ensuite passé dans les main de Pierrick Noël de l'atelier du mastering pour le mastering.

Les éditions physiques de l'album ont été quasiment épuisées en une quinzaine de jours. Votre réaction ?
Yoann :
Alors c'est vraiment super cool de voir ça, autant que de recevoir des retours positifs... Maintenant,  cela reste à pondérer, car si les stocks Bandcamp du label sont presque vides, pas mal d'exemplaires physiques ont aussi été envoyés pour approvisionner des magasins, etc. La bonne nouvelle c'est qu'il est toujours possible de se procurer l'album en physique !

J'imagine qu'un beau clip est en préparation ?
Yoann :
Malheureusement, rien en préparation pour l'instant, On a sorti un clip en animation pour le morceau « Orang Lao » ; pour « Ddulden » c'est un peu différent : on a toujours conçu cet album comme un « film musical », c'était difficile pour nous d'extraire un titre en particulier pour en faire un clip. En gros c'était un peu « tout ou rien » ; on voulait vraiment avoir un film en anime pour l'album. Bon, on réfléchit toujours au meilleur moyen de proposer quelque chose de cohérent sur scène avec de la vidéo... On croise les doigts !

On vous retrouve dans sept ans pour un prochain album ?
Yoann :
Ahahah ! Ben écoute, on verra bien ! A chaque album son histoire et une aventure bien particulière. Si tu m'avais dit en 2014 que l'album sortirait en 2021, je ne t'aurais jamais cru !
Sylvain : En tout cas nous avons commencé l'écriture de ce futur album. Nous sommes en 2021, le chronomètre est lancé !

Merci Grorr, de m'avoir consacré du temps.
Yoann :
Merci à toi pour ton intérêt !
Sylvain : Merci !


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FERADUR : Visite guidée d'un paracosme

FERADUR : Visite guidée d'un paracosme

Le 27/04/2021

« Nous n'avons pas voulu écrire de nouvelles chansons juste pour avoir un album plus long qui, à la fin, risquerait de ne pas tenir debout... »

Après un MCD et deux albums, le groupe de death luxembourgeois Feradur revient avec un EP cinq titres intitulés "Parakosm", disponible dès aujourd'hui, 30/04/2021.
Mais pourquoi un EP ? Et que signifie "Parakosm" ?
Entretien avec le bassiste Fridtjof Kielgast...

Feradur band 2019FERADUR

Bonjour Fridtjof. Quinze ans d'existence et un nouvel opus pour Feradur... Comment présenteriez-vous votre univers  ?
Fridtjof (basse) :
Feradur c'est cinq gars qui font du Death Metal mélodique inspiré de la scène de Gothembourg. Pour ne pas avoir la flemme avec notre style, nous aimons ajouter diverses influences comme le Black Metal, le Thrash Metal et, à l'occasion, du Rock classique.

Le fait d'être basé au Luxembourg, carrefour de la Belgique, de la France et de l'Allemagne, est-il un plus pour un musicien de métal ?
Fridtjof :
Oui et non. Il est facile de jouer avec des groupes internationaux venant de plus ou moins cent kilomètres de la frontière. Mais en même temps, la scène est petite et il est parfois difficile d'organiser des concerts et de rallier des gens. De plus il est rare qu'un groupe luxembourgeois gagne en notoriété en dehors de la grande région.

Votre nouvel album s'appelle "Parakosm". J'ai grâce à vous appris qu'en psychologie de l'enfance, un paracosme était un monde imaginaire régi par ses propres normes, avec ses êtres vivants, son langage et son histoire. Comment vous est venu cette excellente idée de titre d'album ?
Fridtjof :
J'aime jouer avec les mots et ajouter différents préfixes. Quand je suis tombé sur "paracosme", plutôt par chance, j'ai cherché s'il y avait déjà des groupes ou des albums avec ce nom, et quand j'ai lu la définition d'un paracosme, j'ai été emballé. J'adore les histoires, mythologiques ou modernes, et un paracosme, soit créé en enfance, soit par un adulte, est super intéressant pour moi.

Fridtjof kielgast bassFERADUR - Fridtjof Kielgast (basse)

A quoi faut-il s'attendre avec "Parakosm" ? Aviez-vous envie d'aller dans une direction particulière, après "Legion" (2019), votre précédent album  ?
Fridtjof :
Côté musique, Parakosm est une sorte de continuation de Legion. La plupart des idées étaient déjà écrites lorsque nous avons sorti Legion. Ça se voit, ou plutôt ça s'entend, si on écoute les deux bout à bout. "Host of the Nightmare", par exemple, a changé de style, mais le texte et la majorité de la musique étaient déjà finis à l'époque de Légion.

Pourquoi avoir privilégié le format EP ?
Fridtjof :
On avait rassemblé de nouvelles idées mais nous avons eu l'impression que les chansons sur Parakosm sont nées en même temps et qu'elles transportent une idée similaire par rapport à Legion. La musique que nous créons est un produit de la musique que nous écoutons en ce moment, et nous n'avons pas voulu écrire de nouvelles chansons juste pour avoir un album plus long qui,à la fin, risquerait de ne pas tenir debout...

L'artwork est de Mosaeye Art&design. Comment s'est fait votre choix et quelles orientations lui aviez-vous données ?
Fridtjof :
Nous avions pensé avoir un artwork signé Mosaeye avant, et quand il a annoncé une grande vente de quelques pièces, Mich T. a dressé une liste et nous avons voté pour cette image. Vu qu'une grande partie des textes sur Parakosm est inspirée des films japonais, ce démon, qui nous rappelle un Oni  (NDLR : créature du folklore japonais de forme humanoïde), semble adéquat.

1feradurFERADUR, "Parakosm" (EP - 2021)


"J'ai écrit des lignes de basse que je trouve intéressants à jouer et qui me poussent à devenir un meilleur musicien. Tout en n'encombrant pas la chanson pour l'auditeur."


Comment se sont montées les compositions de "Parakosm" ?
Fridtjof :
À la base ce sont toujours les guitares et les trois guitaristes qui créent des riffs et mélodies. Pour moi, comme bassiste, j'essaye d'être au service de la chanson. Il y a des parties où les guitares donnent de la place pour un petit jeu harmonique ou mélodique pour la basse. Je n'aime pas trop jouer uniquement la fondamentale d'un accord, et pour Parakosm encore plus que pour Legion, j'ai écrit des lignes de basse que je trouve intéressants à jouer et qui me poussent à devenir un meilleur musicien. Tout en n'encombrant pas la chanson pour l'auditeur.

Vous avez présenté un premier single et un clip. Il s'appelle "Tetsuo". C'est inspiré du film japonais du même nom ?
Fridtjof :
Tout à fait ! Laurent, le frère de Mich T., est un cinéphile, et à travers lui, Mich T. et Mario sont tombés sur ce film. Laurent et Mario ont aussi collaboré pour créer la vidéo pour Tetsuo, qui rend encore hommage au film.
 
De quoi traitent les autres compositions de "Parakosm". Ont-elles un fil rouge ?
Fridtjof :
Certainement. Ce sont toujours des histoires inspirées de la mythologie, des films ou même des jeux vidéos, de différents paracosmes, peut-on dire... Leur point commun est qu'elles parlent du mal que les gens portent en eux, que ce soit la cupidité ou le mépris pour l'humanité. Concernant les compositions, je crois que les chansons sont assez différentes les unes des autres, mais en même temps on entend toujours que c'est Feradur. "Host of The Nightmare", par exemple, est écrit en tonalité de La, il en résulte un son plus sombre. "Saviours", d'autre part, a toujours eu un côté skate-punk, pour moi.


"Nous apprécions tous les groupes comme At The Gates, ou les premiers albums d'In Flames, mais c'est de la musique qui est déjà écrite, et rester dans ces limites n'ajouterait rien au monde musical."


Votre death est catchy et mélodique. Je trouve qu'il est parfois saupoudré de digressions qui amènent encore l'attention de l'auditeur à un niveau encore supérieur.
Fridtjof :
Chacun d'entre nous a un goût musical plutôt divers, et ça se combine pour donner de nombreuses influences. Nous apprécions tous les groupes comme At The Gates, ou les premiers albums d'In Flames, mais c'est de la musique qui est déjà écrite, et rester dans ces limites n'ajouterait rien au monde musical. En prenant inspiration dans la musique que nous aimons, à part du Death mélodique, nous créons quelque chose qui nous représente mieux. Si ça plait au gens, c'est génial.

J'apprécie aussi le travail des voix, avec des grunts dans différents registres...
Fridtjof :
Mario s'est surpassé sur Parakosm. À partir du moment où il a commencé avec Feradur, il a travaillé dur pour devenir un meilleur chanteur. Il essaye de nouvelles techniques et apporte de nouvelles textures au chansons. En plus, les vocals de Mich T. sont devenus plus perceptibles, ce qui donne encore plus de possibilités.

Un mastering signé Jens Bogren (Opeth, Dimmu Borgir). Sacrée référence ! C'est un plaisir que vous vous offrez ?
Fridtjof :
Mario et Mich T. sont responsables de l'enregistrement et du mixing de Parakosm (et d'ailleurs également pour Legion) et ils ont fait un très bon travail. Mais nous avons su qu'à la fin il faudrait une personne extérieure pour le mastering. Quelqu'un qui donne un nouveau regard. Nous connaissons tous le travail de Jens Bogren, et nous l'apprécions beaucoup, et l'avoir pour le mastering nous assure qu'au moins cette partie de Parakosm est faite au mieux possible.

Vous avez aussi mis les petits plats dans les grands côté merch : "Parakosm" sort aujourd'hui, 30/04/2021, en numérique, en CD, en vinyle et en cassette... Où peut-on se le procurer ?
Fridtjof :
En dehors des services streaming comme Spotify, la vente se fait sur notre page bandcamp. (NDLR : lien in fine) Les vinyles et les cassettes sont limités à cent-cinquante et cinquante pièces pour le moment, et il y a déjà un grand nombre de pré-commandes, il ne faut donc pas attendre trop longtemps ! Quand la pandémie sera finie, un jour, on pourra acheter tous nos albums et tee-shirts, etc, lors des concerts...

Feradur vinyleMerci Fridtjof d'avoir pris le temps de répondre à mes questions...
Fridtjof :
Merci de nous avoir prêté l'oreille et d'avoir subi mon français. Nous espérons que vous aimerez Parakosm et qu'on pourra se voir "en live" lorsque la pandémie sera finie.


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NO TERROR IN THE BANG : Le nouveau Big Bang ?

NO TERROR IN THE BANG : Le nouveau Big Bang ?

Le 27/03/2021

« Si nous pouvons vous faire un peu rêver avec ce disque, alors la première partie de notre objectif sera atteinte. »

Avec "Eclosion", un premier album atypique et beau, No terror in the bang rejoint Les Dogs, La Maison Tellier ou  MMNQNS parmi les groupes capables de porter haut les couleurs de  la scène rouennaise.
Nous avons eu le plaisir de faire plus ample connaissance avec ces musiciens au niveau extrêmement relevé, issus de milieux différents et réunis dans une formation qui brasse les influences et les styles pour en faire une recette originale à dominante métal. Voici leur interview et, parce qu'on aime l'album, nous sommes même allés chercher les explications de la photographe Louise Dumont, qui a réalisé l'artwork.
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"Ce ne sont pas les films les plus « explicites » qui sont les plus effrayants ! Il nous a semblé qu’on pouvait faire la même chose en musique : faire du contraste, et ne pas tout montrer ou faire entendre d’un coup."


Bonjour No Terror In The Bang. Jazz/hip-hop pour votre chanteuse, César de la meilleure musique de film pour votre pianiste...  C'est très inhabituel de lire ça dans la bio d'un groupe de métal. Comment vous êtes-vous trouvés réunis ?
Alexis Damien (composition, batterie et orchestration) :
Bonjour ! C’est vrai tu trouves ? Pas tant que ça en fait ! Les métalleux ont parfois d’autres pratiques : je lisais ce matin dans New Noise que Stéphane Buriez de Loudblast avait joué dans les Tambours du Bronx par exemple… Comme quoi… Personnellement j’aime la musique au sens large, et encore plus largement l’art, qu’il soit graphique, cinématographique, chorégraphique, ou je ne sais quoi…Le metal, j’en écoute depuis mes trois ans… Et ça reste inscrit à jamais dans mes veines… C’est une musique impérissable, énergique, sombre, violente, dont on a tellement besoin !
Sofia a des gouts variés, mais elle démontre une grande sincérité envers les musiques sombres, métal, dérangeantes… Elle est totalement libre, comme un poisson dans l’eau, dans ce projet.
Romain est un vieux compagnon de route, nous avons joué dans un groupe quelques années et fait de nombreux concerts ensemble. Il avait de plus fait des apparitions sur les albums de Pin-Up Went Down, mon projet « avant-garde metal ». Nous avons de nombreux points communs : appétence pour le cinéma, quelques héros, dont Devin Townsend.
Les autres membres du groupe font aussi partie de la scène rouennaise, qui est, croyez-moi, une ville foisonnante de talents.

No Terror In The BangNo Terror In The Bang tire son nom d'une citation d'Alfred Hitchcock. Elle semblait appropriée à votre musique ?
Alexis Damien : J’adore ce nom ! C’est tiré de la citation « there is no terror in the bang only in the anticipation of it », qui a le mérite d’être claire : ce ne sont pas les films les plus « explicites » qui sont les plus effrayants ! Il nous a semblé qu’on pouvait faire la même chose en musique : faire du contraste, et ne pas tout montrer ou faire entendre d’un coup.

Tu qualifiais, dans une interview, votre album de "urbain et cinématographique".  J'ai trouvé que c’était une bonne description.
Alexis Damien :
Cinématographique – car on essaie de raconter des histoires. Nous avons essayé de transporter l’auditeur dans différents mondes. Des rêves, comme des cauchemars. Des moments de doute ou héroïques. On passe par différents couples d’émotions opposés : colère – joie, frénésie – contemplation, douceur – dureté, folie – lucidité, noirceur – éclairage, etc…
Urbain, oui, car le chant est très actuel. Sofia a de par son âge une façon de chanter qui renouvelle le style, elle ne copie pas les références féminines du genre. Elle apporte un côté « bad guy » et malgré tout féminin, qui me semble-t-il est assez moderne.


"La composition en groupe me laisse sceptique, cela amène des compromis souvent mauvais en musique. Il vaut mieux parfois aller au bout d’une vision personnelle et s’y tenir."


Qui a signé les compositions présentes sur "Eclosion" et vers quel univers vouliez-vous tendre ?
Alexis Damien :
c’est majoritairement un travail Alexis-Sofia : j’ai composé une grande partie des musiques, avec quelques améliorations de Romain et Etienne ; Sofia a écrit toutes ses mélodies de chant et ses textes. En général, nous partons de démos qu’elle « amende » sur les structures, sur quelques détails, et elle pose son chant dessus. Il est tout à fait possible que les membres du groupe prennent plus de place dans le futur !
Pour donner un peu d’intérêt à cette réponse, je pourrais expliquer que composer est un difficile travail d’introspection. Cela peut devenir un enfer si on ne sait pas où on va, en termes de son, de forme, etc. La composition en groupe me laisse sceptique, cela amène des compromis souvent mauvais en musique. Il vaut mieux parfois aller au bout d’une vision personnelle et s’y tenir. Ceci dit, tout est possible, mais dans tous les très grands groupes que j’admire, il y a souvent un duo ou trio de compositeurs : Halford/Tipton/Downing, ou Yorke/Greenwood, ça a fait ses preuves, vous voyez ?

L'album suit-il un fil conducteur et quelles sont les thématiques abordées par vos textes ?
Sofia Bortoluzzi (chant, composition) :
Les thématiques abordées dans les textes sont assez personnelles. Je me mets souvent à la place d'un personnage qui évolue dans différents univers... Et je retransmets mes émotions à travers la musique. J'utilise beaucoup de métaphores afin que l'auditeur puisse s'identifier à sa manière aux paroles et aux sentiments qui en ressortent. Le fil conducteur de l'album est basé sur un personnage sain, dans le doute, à la recherche de sa vraie personne et qui emprunte une voie le faisant tomber dans la dépravation, un univers mystérieux et sombre.

J'aime l'artwork de "Eclosion", son image, son graphisme. Il symbolise la naissance du groupe ?
Alexis Damien :
La photographie de la pochette a été réalisée par Louise Dumont, une artiste au travail très tourmenté. On peut y voir plein de choses, ne vous gênez surtout pas ! Pour ma part j’y vois une introspection. Un œuf. Un peu de souffrance, et beaucoup de féminité. Cela collait complètement aux textes métaphysiques, froids et tourmentés de Sofia – et bizarrement à la naissance de notre groupe. Les nuances de bleu sont effectivement très belles, non ?
Louise Dumont (auteure de l'artwork) : C’est un autoportrait - pratique que j’exerce depuis une dizaine d’années - ou plutôt un autoportraits qui date de 2016 (?), quand ma chevelure était longue et bleutée, avec mon ami de l’époque. Nos corps, lui assez squelettique et mordoré, le mien plus en rondeur et blanc, s’entremêlent à la prise de vue, la fusion de nos enveloppes charnelles / âmes (?) est accentuée encore en post-production pour tendre à une image plus abstraite. Avec l’idée de l’œuf, symbole de vie, et par la forme ovale qui suggère l'infini, et la symbolique de la couleur bleue avec l’immortalité, je pense que c’est l'une de mes images qui touche plus au « spirituel/absolu/sublime/éthéré » que corporel. Je suis ravie qu’elle fasse la pochette de No Terror in the bang, car la musique n’est-elle pas le domaine le plus immatériel et universel ?

Ntitb eclosion cd

Le chant de Sofia se remarque au sein d'une scène métal où le growl et le chant lyrique créent des embouteillages. J'ai aussi été impressionné par la maturité de sa voix au regard de son âge.
Alexis Damien :
C’est vrai que depuis un certain temps, la mode est à la chanteuse à la voix de démon… C’est souvent sympa, parfois un peu drôle – mais au moins ça prouve que les métalleux ne sont pas des vieux machos coincés et misogynes. Les deux sexes sont à égalité et on accepte tout. Donc c’est bien !
J’ai un peu plus de mal avec les voix lyriques qui sonnent finalement assez impersonnel à mon goût. Sofia propose en effet autre chose.

Elle sait aussi envoyer des lignes de chant très agressives (dans "Insight" par exemple). A-t-elle dû travailler spécialement sa technique pour "Eclosion" ?
Sofia Bortoluzzi :
Ahaha ! Mon travail technique est en renouvellement perpétuel. Mais il y a un an à peine, j'étais incapable de screamer ! Ça a vraiment été un acharnement quotidien avant d'y arriver et je suis heureuse d'avoir pu orner notre album de chant saturé.  Donc oui, ça a été un facteur dans mon apprentissage et dans mon processus de création.


Alexis Damien : Pour l’anecdote, un jour elle m’envoie toute timide un essai de reprise de Jinjer, et ça le faisait carrément ! Quand on a une bonne technique de chant clair, on peut alors se mettre rapidement au saturé. L’inverse fonctionne plus rarement.

Ntitb live 1

Vous avez tous un beau parcours. Compter dans vos rangs un compositeur césarisé donne-t-il une forme de crédibilité "outre-métal" ?
Romain Greffe (claviers) :
Je ne pense pas que cela donne une crédibilité supplémentaire.
La crédibilité vient de la qualité des compositions et des musiciens qui les interprètent. Et la qualité d'un travail ne résulte pas d'un titre ou d'une récompense obtenue par le passé, mais bien de sa construction, de son essence, de son âme, de son énergie '' présente ''.
Je crois que la sphère métal est déjà reconnue en dehors de son sein, par des groupes qui ont su la rendre populaire, au sens premier du terme. Des groupes comme Metallica par exemple.
D'autres musiciens ont su s'affranchir des cases, comme Trent Reznor, qui a justement travaillé pour des musiques de films. Après, que la musique soit appréciée, c'est autre chose ! Au mieux, cela peut engendrer une curiosité, ce qui est toujours bon à prendre !
Mais je crois que la crédibilité reste liée aux qualités du groupe : ses compositions, et ceux qui l'animent.


Quelles sont vos ambitions avec No Terror In The Bang ?
Alexis Damien :
Nous partons de zéro. Il s’agit pour nous de nous faire découvrir et apprécier par le public avec ce premier album. Nous nous préparons à jouer en live, l’objectif c’est de jouer dans les festivals spécialisés.
Ambition est un mot compliqué. Si nous pouvons vous faire un peu rêver avec ce disque, vous envoyer dans un monde auquel vous n’auriez pas pensé, comme dans une aventure ludique et addictive, alors la première partie de notre objectif sera atteinte. Pour le reste, nous restons humbles et lucides, on verra bien.


Merci, No Terror In The Bang, d'avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Alexis Damien :
c’est nous qui te remercions, ainsi que tous tes lecteurs. Merci de votre soutien. Notre album est sorti le cinq mars – un clip en avril. Rendez-vous sur notre site www.noterrorinthebang.com.


Les critiques en disent :

  • "No Terror In The Bang est LE groupe à suivre tant la créativité et la qualité des titres qui composent Eclosion est au rendez-vous et leur personnalité forte."
    https://amongtheliving.fr
  • "Une diversité de genres qui fait de ces grands écarts permanents, parfois au sein du même morceau, des instants riches et inattendus."
    https://skriber.fr
  • "Eclosion est un livre musical qui évolue tout au long de sa narration allant du plus doux, calme, ensoleillé au plus rugueux, agressif, sombre, en passant par tous les états émotionnels possibles qui donnent la vibration à cet opus transgenre."
    http://www.ahasverus.fr
  • "Cet album est fait pour vous frapper, fort. Et il le fait avec beaucoup de passion."
    https://theprogspace.com


Line-Up :

  • Alexis Damien (batterie) a fait partie de plusieurs groupes de la scène metal : Pin-up went down, Carnival in coal (en live), Void Paradigm, Wormfood, Superscream. Il est aussi compositeur pour la musique à l'image, et a joué du jazz pendant de nombreuses années dans la région rouennaise.
  • Sofia Bortoluzzi (chant), joue dans un projet Hip-Hop-Jazz, au sein du collectif rouennais La Charbonnerie.
  • Romain Greffe (claviers) a composé la musique de "Au fond d'un trou vivait un hobbit", lecture musicale créée avec Olivier Saladin. Il a sorti plusieurs albums avec son ex-groupe Joad. Il a co-remporté le césar de la meilleure musique de film en 2019 pour "Guy" d'Alex Lutz.
  • Brice Bouchard (basse) a joué dans un groupe de Rock rouennais "No Records", il joue régulièrement en orchestre classique.
  • Etienne Cochin (guitare) joue dans un groupe Electro-rock 80's revival : Aelesya.
  • Clément Bernard (guitare) a joué dans plusieurs groupes normands de Rock et Blues comme Mbb crew, Sto ko we, CGM et le Red Moon Orchestra...

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NAWATHER : L'armada tunisienne

NAWATHER : L'armada tunisienne

Le 06/03/2021

« Chaque musicien porte une cause à défendre, et notre cause c'est de faire partager et connaître notre culture dans le monde entier. »

Disponible depuis le 26/02/2021, "Kenz Illusion", le deuxième album de Nawather, nous rappelle que la Tunisie dispose d'une armada des plus originales et des plus redoutables, capable de porter son métal au plus haut niveau de la scène internationale. Yazid ne vous dira pas le contraire, même s'il souligne la singularité de Nawather, qui place des instruments traditionnels au centre de sa musique.
Voici son interview.


Bonjour Yazid. Myrath, Persona, Carthagods, Cartagena... Le métal tunisien a le vent en poupe à l'international. Qu'est-ce qui différencie Nawather des autres formations ?
Yazid (guitare) : Ce qui nous réunit c'est notre folklore tunisien, c’est notre source principale. Par contre ce qui différencie Nawather des autres groupes c'est l'intégration du qanûn (NDLR : instrument à corde très  utilisé dans le monde arabe) à notre sauce tunisienne, et ce n’est pas du tout fréquent de fusionner le métal avec un instrument aussi pertinent et distingué dans notre culture.
NawatherLa naissance de Nawather coïncide avec le Printemps Arabe. La Révolution du Jasmin a-t-elle eu des conséquences sur la musique Métal de manière générale en Tunisie ?
Oui, certainement. Le Printemps Arabe a eu un impact positif sur la musique Métal en Tunisie, on a pris plus de liberté pour s'exprimer et  mieux passer nos messages à travers notre musique.

Votre nom vient du maqâm nawa athar, une sorte de gamme spécifique à la musique arabe. J'ai trouvé l'idée très pertinente en ce qu'elle renvoie bien à votre identité, très empreinte de folk tunisien.
Le maqâm Nawather est peu utilisé et exploité dans notre folklore, c'est très intéressant au niveau sonorité et on a bien senti qu'il représente parfaitement notre identité.

En 2016 sortait votre premier album, "Wasted Years". Comment le considérez-vous aujourd'hui et avez-vous été satisfaits de son accueil ?
"Wasted Years" c'était notre premier album, et c'est le fruit d'un expérience de chacun d’entre nous. Chaque titre représente notre vécu et ce que nous avons ressenti à une époque de notre vie. C'était le départ idéal de notre histoire musicale et on est très satisfaits des retours, surtout de ceux des pays où l'on ne s'attendait pas à avoir des réactions énormes, comme l'Amérique Du Sud, le Chili, l’Argentine, la Colombie. On a eu aussi beaucoup d'avis positifs depuis l'Europe, la France, L'Angleterre, l'Allemagne, l’Asie, le Japon...
Nawather1Vous sortez maintenant votre nouvel opus. Cinq ans entre les deux productions, c'est un rythme qui vous convient ?
En fait on a pris tout ce temps pour la sortie de notre deuxième album pour assurer une meilleure qualité sonore et musicale à nos auditeurs - et comme vous le savez une bonne production ça coûte cher - ce qui explique notre coopération avec le Studio Fredman, du fameux Frederik Nordstrom.

Justement, qu'est-ce qui vous a incité à solliciter Fredrik Nordstrom (Dimmu Borgir, Arch Enemy) pour la post-production ?
Tout simplement sa réputation ! Comme vous l'avez cité, il a travaillé avec des grands noms dans la scène métal et l'empreinte qu'il laisse au niveau orchestral est fantastique.

Quelle signification se cache derrière le titre "Kenz Illusion" ?
Il faut lire entre les lignes des paroles de toutes nos chansons pour révéler ce que nous voulons cacher derrière le titre de l'album. Ce que vous pouvez traduire à travers "Kenz Illusion" c'est qu'aujourd'hui on vit dans un monde d'illusions et on court toujours derrière ce qu'on ne possède pas,  et on ne profite pas de ce qu'on a déjà... L'illusion d’avoir beaucoup d'argent, parce qu'on pense que ça va nous rendre heureux et nous donner du pouvoir. Je ne vous en dis pas plus !

139754321 1806306722860651 4274141202903765878 oVotre batteur Saif avançait dans une interview qu'un musicien se devait d'être un porte-parole. En quoi cela vous semble-t-il important et quelles sont les thématiques abordées par les textes de "Kenz Illusion"?
Oui tout a fait, chaque musicien porte une cause à défendre, et notre cause c'est de faire partager et connaître notre culture dans le monde entier. On pense vraiment que le nouvel album va traduire nos efforts ; à travers les textes de "Kenz Illusion' vous allez trouver qu'on parle de nos expériences, de ce qu’on a vécu ou bien de ce qu'on a vu ces cinq dernières années.

Quel était votre cahier des charges pour la réalisation de ce nouvel album ?
On a surtout focalisé sur une musique bien plus orchestrée et rythmique et sur la qualité de la production de l'album.

Quels instruments entend-on dans "Kenz Illusion" ?
Le qanûn, bien évidemment, et surtout on a ajouté des ingrédients à notre sauce, comme le oud (NDLR : autre instrument à cordes utilisé dans les pays arabes) et d'autres instruments à percussion.

Vous avez présenté "Falleg", un premier clip, et vous en préparez un second. Savez-vous quand il sortira, et à quoi peut-on s'attendre ?
Oui on prépare un deuxième clip. Il sera disponible après la sortie de l'album, mais je ne peux pas vous dire plus...


LES LIENS :

Site: http://nawather.com/
Instagram: https://www.instagram.com/nawatherband/
Facebook: Nawather
Twitter: https://twitter.com/nawatherband
L'album - https://backl.ink/143943466
Label: M & O Music – http://www.m-o-music.com
Promotion by M & O Office – http://www.m-o-office.com

LEWIS L'INCLASSABLE

LEWIS L'INCLASSABLE

Le 14/01/2021

« C'est un album finalement très spontané, un peu à la manière de l’écriture automatique surréaliste. »

Le 19/03/2021 sortira "Inside", le premier album solo de Lewis.
Un opus personnel et osé, qui saura séduire les amateurs de prog' ou de psyché, les fans de rock, de baroque, ou tout simplement ceux qui aiment les albums de chansons réussies.
Deux mois avant de dévoiler "Inside" dans son intégralité, Lewis l'insaisissable a bien voulu lever un coin du voile. Voici son interview.

Inside artwork web


Ahasverus : Bonjour Lewis. Vous jouez déjà dans Tense Of Fools et dans Bachir Al Acid. Qu'est-ce qui nous vaut cette escapade en solo ?
Lewis : J'ai eu le sentiment de devoir exprimer quelque chose de plus personnel, de me détacher de toute esthétique et d'écrire librement, comme si je n'avais pas le choix, comme un ado dans sa chambre !

Ahasverus : Votre album est proprement inclassable. A quel public le destinez-vous ?
Lewis : Et pourquoi pas aux inclassables ?

Ahasverus : D'où sortent ces compositions ?
Lewis : Je suis toujours en train de me demander comment elles sont sorties, car c'est un album finalement très spontané, un peu à la manière de l’écriture automatique surréaliste. En fait j'ai une piste,je pense que le nom de l'album y répond, elles sortent de l'intérieur, le mien «Inside», je me questionne donc d'avantage sur la manière dont elles sont sorties que d’où elles viennent !

Ahasverus : Appeler cet album «Inside» relevait de l'évidence ?
Lewis : L'évidence est apparue avec le temps, au début j'avais projeté un autre nom. Mais au fur et à mesure de l'album ce titre a pris sens et je ne pouvais plus reculer.

Ahasverus : Je découvre grâce à votre biographie qu'il existe une psychologie de la musique, un domaine qui vous est familier (*) Ce paramètre a-t-il influencé le compositeur que vous êtes ?
Lewis : J'ai eu a chance de découvrir cette matière «Psychologie de la musique» au Canada. C'était une matière drôlement fascinante qui m'a permis de développer un autre regard sur la musique, une autre approche, par exemple, j'y ai découvert les influences de la musique sur notre cerveau et l'usage de la musique comme thérapie. Concernant «Inside», je dirais que l'écriture de cet album a été pour moi une profonde thérapie, mes connaissances en psychologie n'ont pas vraiment de rapport avec l'écriture à proprement parler, mais elles étaient certains propos et me permettent de développer et de rentrer en profondeur dans des thèmes sortis bruts, sur le tas. Un peu à la manière d'une psychanalyse en fait. Une extériorisation d'affects intérieurs par la musique, Voila le concept !


« Peut-être qu'à force de tout mélanger j'obtiens une recette originale ? »


Ahasverus : Outre vos camarades de Tense Of Fools qui vous accompagnent sur l'album, il y a de nombreux invités, chanteurs et musiciens. On entend du trombone, de la flûte traversière, du violoncelle, du saxophone... (voir in fine) Le multi-instrumentiste que vous êtes est arrivé avec ses partitions ou vous leur avez laissé l'initiative ?
Lewis : J'aime travailler avec spontanéité. C'est un ressenti brut, parfois sans directives. La liberté que j'ai prise dans la composition de l'album se devait d'être partagée par les musiciens qui m'entourent.

Photo promo lewis 3

Ahasverus : Vous citez pour influences Steven Wilson , Rover, Pink Floyd , Kigayaku moyo, Queen of the Stone age , Radiohead ,Jeff Buckley. D'accord. Mais même s'ils sont éloignés de votre univers, la liberté de votre ton et votre côté imprévisible m'ont fait penser à des artistes tels que Julien Doré ou Sébastien Tellier.
Lewis : Je vois où vous voulez en venir ! Ces deux artistes proposent une recette très personnelle de leur manière de concevoir la musique et effectivement, j'aime aussi ce côté imprévisible, c'est l'improvisation qui je pense contribue à amener cette liberté de ton sur mon album qui caractérise les artistes que vous citez, même si oui, nos univers sont très éloignés ! Peut-être qu'à force de tout mélanger, j'obtiens une recette originale ?


« Je fonctionne beaucoup à l'improvisation et je discerne dans un second temps, je réécoute et j'essaye d'organiser ce qui me plaît le plus. »


Ahasverus : Vocalement je vous trouve un côté funambule : vous êtes capable de sortir de votre zone de confort pour aller chercher des notes très haut. On dirait presque que vous jouez avec l'auditeur.
Lewis : C'est marrant je n'avais jamais entendu ça, jouer avec l'auditeur, c'est un beau concept je trouve. Vous avez peut-être raison, je vais le chercher là où il s'y attend le moins et je me surprends d'abord moi même ! Je vous avoue que je ne maîtrise pas grand chose en fait, je fonctionne beaucoup à l'improvisation et je discerne dans un second temps, je réécoute et j'essaye d'organiser ce qui me plaît le plus. Des fois, il m'est impossible de reproduire ce qu'il s'est passé pendant une impro ou un moment magique avec les copains.

Ahasverus : Certains titres ont un côté cinématographique. Est-ce un domaine qui vous intéresse ?
Lewis : Je rêverais de composer sur mesure pour un réalisateur ! Il m'est déjà arrivé de le faire pour une pièce de théâtre et c'était une riche expérience car j'ai dû bosser avec la contrainte. Devoir servir un univers, se mettre à disposition de la pensée du réalisateur et participer à l'action et au climat du film, c'est vraiment quelque chose qui me branche. J'aime les réalisateurs qui se donnent, ceux qui m'ont amené à regarder les films autrement, je pense à Andrei Tarkovski, Andrei Zviaguintsev, Emir Kusturica, Michelangelo Antonioni, Dario d'Argento, etc.

Ahasverus : Dans quelles conditions « Inside » a-t-il été enregistré ? 
Lewis : « Inside » a été enregistré chez Sebastien Caviggia à son studio  « Le cri de la tarente », avec vue sur la mer depuis le studio, face aux calanques du Mugel à la Ciotat. J'ai apprécié prendre mes pauses dans ce paysage. Seb est l'ingé son de l'album et aussi le directeur artistique, il a aussi participé à l'enregistrement en faisant notamment l'ensemble des parties batteries. Celles-ci ont été faites pendant le premier confinement sur l'envoi des pré-maquettes. Les pré-maquettes ont elles été effectuées dans les Alpes. Après le confinement, tout à été fait au studio, toujours avec la mer à coté, ah oui aussi en compagnie des deux beaux chiens gourmands de Seb !

Ahasverus : Hormis la frustration de ne pouvoir soumettre ses titres au verdict du live, sortir un album dans cette période troublée présente-t-il un risque ?
Lewis : Je ne sais pas, je dirais qu'en dépit de concert peut-être que l'on apprécie écouter plus de musique et plonger plus intensément dans un album. Mais oui, je pense que le risque est bien présent, je ne sais pas quand la situation se débloquera et quand il sera possible de faire des lives, tout cela demande de l'organisation et beaucoup d'anticipation (prévoir une tournée, démarcher des salles, lieux, festivals). Pour l'instant, aujourd'hui, c'est impossible. On garde espoir et la renaissance n'en sera que plus grande !

Ahasverus : Vous êtes déjà en train de travailler sur un second opus ? On ne vous arrête plus !
Lewis : Rien de concret pour le moment mais oui je commence déjà à travailler sur le deuxième opus, je pense que j'aimerais cette fois ci aborder une thématique bien précise et construire quelque chose autour. J'explore avant de poser quoi ce soit de définitif, je conçois ça comme du travail mais aussi comme une grâce !

Ahasverus : C'était un vif plaisir de découvrir puis d'écouter votre album, Lewis. Merci de m'avoir consacré du temps.
Lewis : C'est moi qui vous remercie, A bientôt !

(*) Lewis est détenteur d'un diplôme en psychologie clinique et spécialisé en psychologie de la musique.

Lewis photo promo 1

«Inside» c'est :

Line-up :

  • Lewis Feraud (Guitare, chant, Basse, Claviers, Batterie)
  • Sebastien Caviggia (Basse, guitare, Batterie, Percussion, Chant Choeur, Claviers)
  • Alex Leboeuf (Basse)
  • Gabriel Mas (Claviers, Chant Choeur)

Invités :

  • Anais Clément Arribi (Chant sur Cruel World, Choeur sur TIME I et, Again et The End)
  • Julien Pignol (Trombone sur Entrance, King of the Falls et I just)
  • Romain Redon (Flûte traversière sur Entrance et Time Money and Fear part II)
  • Christopher Dudois (Choeur sur Time Money and Fear part II)
  • Alexis noël (Saxophone sur King of the Falls et Time Money and Fear part II)
  • Loic Aymerick (Violoncelle et Choeur sur Again)

Technique :

  • Directeur artistique, Ingénieur son et mixage : Sebastien Caviggia au studio "Le cri de la Tarente"
  • Mastering : Oliver Planchard
  • Production : Lewis Feraud et Alex Leboeuf
  • Crédit Photos : Antoine Dalibard

Tracklist :

  1. Entrance
  2. Time Money and Fear Part 1
  3. Inside the day
  4. Fox
  5. Cruel Word
  6. I just
  7. Again
  8. Cry a man
  9. King of Falls
  10. Time Money and Fear part 2
  11. The End

Liens : 

https://www.facebook.com/lewismusicofficial

Cécile Delpoïo : L'interview

Cécile Delpoïo : L'interview

Le 20/12/2020

« J’ai commencé la guitare à dix-sept ans avec un prof, et très vite, il m’a dit que ce qui était cool c’était de chanter en même temps. »

alisatrice de clips vidéo, Cécile Delpoïo est aussi la très belle voix du groupe de métal symphonique  Remember The Light.
La formation parisienne ayant connu quelques changements ces derniers mois, l'occasion était idéale pour faire plus ample connaissance avec sa frontwoman.

Cecile guitare autoportrait


Bonjour Cécile Delpoïo. Ton premier souvenir en relation avec une chanson ?
Cécile Delpoïo :
Je crois que c’est la première fois que j’ai entendu le morceau « Total Eclipse of the Heart » de Bonnie Tyler. C'était la première fois que je ressentais un tel bouleversement devant une chanson. J’étais bien jeune, j’avais sept ou huit ans. J’ai été réveillée par ce morceau qui passait à la radio et que ma mère était en train d’écouter dans une autre pièce. Ca a été un « choc » au réveil d’entendre quelque chose qui me parlait autant et qui m'émouvait sans que je comprenne vraiment pourquoi.

Tu baignes dans la musique depuis toute petite ?
Pas vraiment. Mes parents n’écoutaient pas énormément de musique à la maison. Mon père aime le hard rock (Deep Purple, Led Zeppelin...), mais il n’écoutait pas souvent ses vinyles (problèmes de goûts communs avec les autres je crois) et ma mère se limitait souvent à RFM, mais sans que ça soit une grande passion. Toutefois, elle aime la musique classique et les chanteuses lyriques, donc elle m’a fait découvrir la chanteuse Emma Shapplin, dont je suis toujours extrêmement fan (j’ai tous ses albums à la maison !). Mais en dehors de ça, j’ai forgé mes goûts moi-même, en commençant avec la musique de films vers l’âge de onze ou douze ans (« Gladiator » par Hans Zimmer et Lisa Gerrard pour être plus précise !).

Ensuite tu fais une école de cinéma, et c’est pour illustrer tes films que tu commences à composer...
Oui, tout à fait. En fait, ce n’est même pas moi qui ai décidé vraiment. J’avais fait « pour m’amuser » un petit morceau au piano pour le générique d’un court-métrage que j’avais réalisé, et ce morceau avait tapé dans l’oreille d’un de mes camarades de classe qui préparait l’un des films de fin d’année - j’étais la monteuse de son équipe. Du coup il m’a dit avoir adoré ce morceau au piano et vouloir que je fasse toutes les musiques de son court-métrage, un court-métrage de douze minutes quand même, donc forcément plusieurs musiques ! Je lui ai dit que j’en étais incapable... Il a insisté « Mais si allez, je compte sur toi, ça va être super ! » Donc, le soir-même, j’ai commencé à composer. Il voulait quelque chose dans le style Yann Tiersen et Amélie Poulain, alors mes toutes premières vraies compos étaient bien loin du metal comme tu peux te douter... Ça lui a beaucoup plu et par la suite j’ai fait les musiques de ses autres films, ainsi que pour quelques camarades. En vrai, il y avait tellement de défauts dans ces compos, j’étais totalement autodidacte en la matière, et plus que débutante... Mais on est aussi en école de cinéma pour apprendre, alors bon... En tout cas ça m’a vraiment donné le goût de créer la musique, c’est quelque chose qui m’a très vite beaucoup plu.

C’est un prof de guitare qui te pousse à chanter…
Oui, mais ça c’était avant l’école de cinéma.
J’ai commencé la guitare à dix-sept ans avec un prof (je faisais déjà du piano seule depuis quelques années) et très vite, il m’a dit que ce qui était cool avec une guitare acoustique c’était de chanter en même temps, sauf que moi, je n’avais jamais chanté de ma vie !
En fin d’année, il organisait un concert avec tous ses élèves et il a voulu que je prépare une chanson avec un niveau facile de guitare sur laquelle je puisse chanter. J’ai préparé une chanson de Saez, « Montée Là-Haut », et ça plaisait beaucoup à mon prof. Encore une fois, j’étais totalement autodidacte pour le chant et lui ne pouvait m’aider que sur la guitare, alors j’imagine que, pour ce premier concert de ma vie où j’ai chanté, il devait y avoir des erreurs, mais bon... C’était un très chouette concert dans une église, il y avait beaucoup de monde, on avait joué des pièces à plusieurs, dont des morceaux de Final Fantasy que j’avais réussi à faire ré-arranger par mon prof pour des duos à la guitare classique... C’est un très bon souvenir. Après ça, je n’ai pas rechanté... jusqu’au moment où j’ai commencé la compo, quelques années plus tard, à l’école de cinéma et où j’ai parfois eu besoin d’une voix pour certains morceaux. C’est là que le goût du chant m’est venu vraiment, vers vingt/vingt-et-un ans.

Le chant représente combien d’heures dans une journée de Cécile Delpoïo ?
A cause de mon métier, ça dépend, malheureusement. Dans l’idéal, je prévois une heure trente à deux heures de musique par jour pour travailler le chant, mais aussi pour juste faire de la musique, chanter pour mon plaisir, faire de la guitare et du piano... Il m’arrive parfois de ne pas pouvoir pendant plusieurs jours, pendant les périodes où je travaille beaucoup (en tant que free-lance, je n’ai pas d’horaires fixes et j’ai des charges de boulot qui sont fluctuantes). A l’inverse, quand j’ai moins de travail et plus de temps libre, je peux facilement passer quatre ou cinq heures à faire de la musique, jusqu’à être trop fatiguée pour continuer.

Comment en arrives-tu au métal sympho et à Remember The Light ?
J’ai découvert le metal symphonique en découvrant le metal en fait, à l’adolescence. Grosse fan de Final Fantasy, j’allais quotidiennement sur un site dédié à la licence et j’ai découvert un jour une page où les fans postaient leurs AMV (Anime Music Video, comme un clip mais fait avec les cinématiques des jeux vidéos) sur Final Fantasy. L'une d’entre elle avait été faite sur «Two for Tragedy» de Nightwish. Gros gros gros coup de cœur pour moi, cette magnifique voix, moi qui aimait le chant lyrique depuis que j’avais découvert Emma Shapplin. J’ai tout de suite écouté d’autres morceaux du groupe et je suis tombée totalement amoureuse. C’était juste avant la sortie de « Once », donc Tarja était encore la seule et l’unique chanteuse de Nightwish. Elle est vite devenue ma chanteuse préférée ! J’ai dans le même temps découvert Within Temptation avec leur album « The Silent Force ». Là aussi un coup de cœur énorme ! Et c’est comme ça que je me suis mise au metal symphonique et à ses « dérivés », si je puis dire (doom avec Theatre of Tragedy et The Sins of thy Beloved, plus gothique avec Tristania...).
Bien des années plus tard, j’en ai eu marre de chanter uniquement sous ma douche, alors j’ai cherché un groupe. J’ai posté une annonce, tout simplement, sur un site bien connu des musiciens pour ce genre de recherche, j’ai été contactée, auditionnée, et je me suis retrouvée chanteuse de Remember the Light, qui n’avait même pas de nom à l’époque. Je suis très heureuse d’être dans ce groupe qui m’a beaucoup apporté durant ces années. En fait, c’est devenu une très très grosse partie de ma vie.

Tu évoquais Tarja Turunen. Tu l'as filmée pour une interview ! Dans quel état était la chanteuse de Remember The Light à ce moment-là  ?
J’ai essayé de rester pro et de ne pas faire trop ma groupie. Bon, ça n’a pas été trop dur car en fait, c’était une session où Tarja enchaînait les interviews avec différents médias (moi, je travaillais ce jour-là pour Pozzo Live) et après chacune d’entre elle, elle accordait une photo avec les gens qui venaient de l’interviewer, donc je savais que j’aurais le droit à ma photo de groupie. (Rires)
En réalité, ce n’était pas une nouveauté pour moi de rencontrer Tarja puisque j’ai déjà suivi une de ses tournées en tant que vidéaste ! Et oui ! C’était il y a fort longtemps, huit ans je crois. À l’époque, j’étais dans l’équipe du groupe Markize, qui faisait, avec Leave’s Eyes, la première partie de la tournée de Tarja pour l’album « What Lies Beneath ». Je filmais leurs concerts et les making of sur la tournée en Allemagne, en Belgique et en Russie. J’ai donc eu l’occasion de croiser Tarja de nombreuses fois, chaque jour, dans les loges ! Et de faire ma groupie bien sûr !  D’ailleurs je tenais à dire que Tarja est quelqu’un d’absolument adorable. J’ai entendu ou lu bien trop souvent sur les réseaux des gens qui n’en savent rien dire que c’est une snob ou pire encore... bref... Certes, nous n’avons pas eu de longues discussions et rigolades de plusieurs heures comme avec certains autres, car Tarja avait besoin, et c’est bien normal, d’avoir ses moments de calme seule avant les concerts, de se préparer, de s’échauffer, etc, donc elle restait dans sa loge. Mais ça ne l’empêchait pas d’être adorable dès qu’on la croisait, de nous accorder les photos qu’on voulait, les autographes, bref, d’être attentive aux gens qu’elle côtoyait dans le cadre de son travail, et toutes ces rumeurs qu’on peut encore entendre sont, à mon sens, totalement à côté de la plaque. C’est quelque chose qui m’énerve assez, je dois dire, ces gens qui aiment parler pour faire croire qu’ils savent ou qui sont frustrés parce qu’un jour ils ont croisé Tarja et ne sont pas devenus son meilleur ami parce qu’elle avait besoin de temps pour elle et qu’ils sont incapables de comprendre ça...

Rencontres tarja copie


Revenons-en à toi. Ta voix est assez peu commune pour le genre, assez identifiable, on a une impression de fragilité…
Hum. Oui c’est vrai. Mais ce n’est pas ce que j’aime le plus dans ma voix, justement, on va dire... Il paraît que certains aiment... Je ne sais pas trop quoi dire sur le sujet du coup

Alors passons à Remember The Light. Il y a eu du mouvement sur le groupe, cet automne. Tu nous parles du nouveau line-up ?
Oui. Bertrand et Axel nous ont rejoints en fait dès cet été, mais nous avons attendu pour les annoncer officiellement juste avant notre dernier concert.
Nous avons trouvé Bertrand, à la basse et au growl, grâce à l’annonce postée suite au départ de Julien. Nous ne le connaissions pas du tout mais avons été conquis par son implication, par la qualité de son travail et aussi par sa sympathie, ce qui est quelque chose de très important pour nous. Quant à Axel, la plupart d'entre nous le connaissions un peu. Grégoire a même déjà joué avec lui dans d’autres projets, et moi je le connaissais car il a été batteur dans Funny Ugly Cute Karma, le projet de Chaos Heidi. C’était un peu une évidence pour nous de lui proposer ce poste, et nous étions ravis qu’il accepte de se joindre à l’aventure.
C’est un peu triste que les concerts se soient arrêtés dans le même temps, mais nous avons quand même eu l’occasion de baptiser ce nouveau line-up le 24 octobre dernier au concert que nous avons donné avec Orkhys, et c’était super. Nous avons eu des très bons retours du public et nous sommes ravis de cette nouvelle équipe !

Le dernier EP de Remember The Light date de 2018. Des choses en préparation ?
Nous travaillons sur l’écriture de l’album. Nous avons quelques morceaux déjà prêts, et beaucoup d’autres toujours en chantier. Le but est d’enregistrer à l’été 2021, si tout se passe bien.

En août 2020 tu lances une page  pour regrouper tes activités musicales. On parle d'un projet solo avec Olivier Reucher (pianiste compositeur de Remember The Light)  aux arrangements, et d'autres projets naissants...
Oui tout à fait, j’ai un album en cours avec mes propres compositions. Ce n’est pas du metal ! C’est un style.... particulier, j’ai du mal à le définir en fait... C’est très cinématographique, je crois, comme musique. Je me suis inspirée aussi de groupes que j’aime, qui font plutôt de la darkwave, dark ambiant, neo-classique... Comme Narsilion, Trobar de Morte, Die Verbannten Kinder Evas, Dead Can Dance aussi. Olivier fait donc les arrangements de mes morceaux et j’en suis ravie, il sait les sublimer vraiment. Je suis très contente de travailler sur ce projet avec lui, c’est vraiment sympa de se retrouver sur autre chose que Remember the Light.
Puis j’ai effectivement un autre projet « secret », car beaucoup moins avancé, donc pour l’instant je préfère ne pas trop en dire... C’est un duo avec un autre compositeur-pianiste (donc pas Olivier cette fois ahah !), ça sera du doom... Nous avons tous deux un travail qui prend beaucoup de place, alors on avance à notre rythme, sans se mettre la pression, ça sortira quand tout sera prêt. Mais c’est une aventure qui va être très chouette, je pense.

Réalisatrice, cadreuse, monteuse, tu réalises  les clips de Remember The Light, un univers que tu connais bien. Mais tu signes aussi ceux d'artistes très différents : Stéphane Blek, Funny Ugly Cute Karma, Chaos Heidi, Rôde, Abhcan, Orkhys... C'est un challenge d'arriver à trouver le ton juste à chaque fois ?

Question difficile... Parfois certains de ces groupes / chanteurs ont déjà leur propre scénario, story board inclus, comme c’est le cas pour Stéphane Blek, et je réalise juste le côté «technique» de ses clips. Alors je conseille sur la manière de faire telle ou telle chose, mais tout l’imaginaire et les idées sont de l’artiste.

D’autres fois, on écrit les scénarii ensemble, comme c’était le cas avec Funny Ugly Cute Karma, Orkhys... On fonctionnait plus en brainstorming, et les idées pouvaient vite fuser avec cette méthode-là. Pour le reste, j’avais carte blanche, mais si ça plaît à ceux qui me confient leur clip, tant mieux ! On m’a dit récemment que ma patte se reconnaissait sur chaque clip... Si c’est le cas, et bien j’ose espérer que c’est une patte qui plaît à ceux qui me demandent de faire leur clip.

La prochaine fois que tu fais un  concert-sur-balcon, tu  nous donne ton adresse ?

Ahah ! Oui, si vous voulez ! Au prochain confinement de printemps sûrement ! (Rire)

Merci Cécile Delpoïo pour ton accueil.
Merci à toi.


Les Liens :

Cécile Delpoïo chanteuse :
https://www.facebook.com/C%C3%A9cile-Delpo%C3%AFo-Music-601174767207514/
https://www.facebook.com/Rememberthelightmusic/
rememberthelight.bandcamp.com/releases


Cécile Delpoïo réalisatrice :
cecile-delpoio.com
https://www.facebook.com/ceciledelpoio.monteuse/

Mily clic

Cécile Delpoïo par Mily Clic.

 

 

 

 

 

 

 

SCARRED fait peau neuve

SCARRED fait peau neuve

Le 14/12/2020

« Quand on a décidé de changer de chanteur, le but n’était pas de refaire le même album avec une voix différente. »

Avec dix-sept ans d'existence, SCARRED revient avec un nouveau line-up, un nouveau clip, un kick-ass album  (à paraître le 22/01/2021) et une réorientation  pour élargir son champ d'action.
Ahasverus crevait de curiosité.
Les Luxembourgeois ont bien voulu répondre à ses questions.

Scarred photoshoot metz fr 02062019 by lugdivine unfer 8854

Scarred par Lugdivine Unfer


Bonjour Scarred. Votre groupe existe depuis 2003. Votre formation a été bousculée depuis "Gaia/medea", votre dernier opus. Quel est votre line-up actuel et pourquoi ces bouleversements ?
Laurent (batterie) :
Bonjour ! Actuellement le groupe se compose de Yann au chant, Diogo et Vincent à la guitare, Bertand à la basse et Laurent à la batterie. On a effectivement changé deux membres depuis notre dernier album dans le but de se réinventer musicalement. Après la sortie de Gaia / Medea, Diogo est parti en Norvège jouer pour Satyricon pendant deux ans et a été remplacé par Vincent, qui est un musicien et un mec génial comme on en rencontre rarement (allez écouter son groupe Fractal Universe, vous allez vite comprendre !). Quand Diogo est revenu il était hors de question de s’en séparer.
Pour ce qui est du chant, on a décidé qu’il était temps d’explorer de nouvelles sonorités plutôt que de rester dans notre zone de confort et refaire un album similaire aux deux premiers. On connaissait Yann depuis plusieurs années et on savait de quoi il était capable. Ça n’a pas été une décision facile de se séparer de notre ancien chanteur mais comme vous pourrez l’entendre dans notre nouvel album, les possibilités avec ce nouveau line-up sont quasiment infinies, et notre musique va pouvoir continuer à évoluer au fil du temps.


Attaquons directement dans le vif. Après "New Filth Order " en 2009 et Gaia/Medea en 2013, vous revenez en 2021 avec l'album "Scarred". Donner le nom du groupe à ce troisième album est une manière de nous signifier qu'il est le plus intime des trois ?
Laurent :
Non seulement c’est l’album le plus intime (et de loin), mais il raconte aussi une période très sombre de nos vies. Il s’inspire directement des évènements dans et autour du groupe depuis la sortie du dernier album, qui pour certains d’entre nous ont laissé beaucoup de marques. Une fois qu’on s’est rendus compte qu’on était en train de raconter notre propre histoire et nos propres blessures, le nommer Scarred est vite devenu une évidence.


"On a passé énormément de temps en préproduction dans notre home studio à explorer différents univers sonores et à essayer de créer un album qui soit une œuvre cohérente et pas juste une collection de chansons."


En 2016, Diogo expliquait dans une interview à https://www.artnroll.net : "On fait du métal assez violent mais on ne veut pas tomber dans le cliché des pochettes têtes de mort avec des explosions." A qui avez-vous confié l'artwork  cette fois-ci et quelle était l'idée que vous souhaitiez projeter ?
Diogo (guitare) : L’artwork a été réalisé par Drazen Medakovic, un ami d’enfance et artiste bourré de talent qui s’était déjà chargé du design de l’album Gaia/Medea (www.drazenillus.com). C’est toujours un plaisir de travailler avec lui, parce qu’il comprend notre musique et ce qu’on essaye de véhiculer dans nos textes. On lui a tout simplement donné la maquette et les paroles et expliqué les évènements qui ont entouré l’écriture de l’album en lui laissant carte blanche. Il a réussi à résumer à la fois l’univers sonore, le contenu lyrique et même le processus de création de l’album en une seule image. On n’aurait pas pu rêver mieux pour la pochette !
L’idée véhiculée est celle de la transformation. Le personnage représenté purge sa dépression et la transforme en arcs-en-ciel au cours d’un rituel shamanique. C’est ce qu’on a essayé de faire avec cet album, utiliser le négatif pour en faire quelque chose de beau et amorcer un changement à la fois dans nos vies et dans notre musique. C’est presque de la psychothérapie.

Artwork

Contexte, environnement, situation géographique, envie de faire évoluer sa musique... qu'est-ce qui a décidé de  l'orientation de l'écriture de l'album "Scarred"?
Bertrand (basse) :
En fait tout ce que tu viens de citer. Nos vies ont beaucoup changé depuis la sortie du dernier album, on a tous vécu pleins d’expériences différentes, nos influences musicales sont beaucoup plus variées… bref, on a tous évolué en tant qu’êtres humains et musiciens, et vu qu’on écrit avec nos tripes, notre musique a évolué avec nous. Par ailleurs, l’éloignement de Diogo, notre compositeur principal, et l’intégration de Yann comme nouveau chanteur nous a aussi obligés à fonctionner d’une manière complètement différente pour l’écriture des chansons. On a passé énormément de temps en préproduction dans notre home studio à explorer différents univers sonores et à essayer de créer un album qui soit une œuvre cohérente et pas juste une collection de chansons.

J'ai cru voir des références à la Grèce ou à la Rome Antique dans cet album...
Laurent :
C’était certainement le cas sur Gaia-Medea, mais sur cet album on s’est plutôt inspirés du folklore sud-américain. Ayant longtemps baigné dans le latin et le grec ancien, il y a toutefois moyen que j’y fasse allusion de manière inconsciente de temps en temps. J’essaye généralement d’écrire les textes de sorte à raconter ce que j’ai envie de raconter tout en laissant de la place à différentes interprétations, donc je suis toujours content quand quelqu’un y voit quelque chose que je n’ai pas forcément eu l’intention d’exprimer. Je serais curieux de savoir à quelles parties exactement tu fais référence (peut-être la chanson Dance of the Giants?).
(NDLR en réponse à Laurent : n'étant pas anglophone ma méprise tient uniquement aux titres A.H.I.A. et Petrichor, parce que sauf erreur Ahia  était une province grècque et "ichor", dans la mythologie, était le sang des dieux)

"Mirage" est votre premier single. Ca a dû être cornélien de choisir un titre plutôt qu'un autre avec un album aussi ouvert musicalement...
Yann (Chant) :
C’est clair ! Quasiment toutes les chansons de l’album ont à un moment donné été en lice pour être le premier single. On a fini par choisir Mirage parce que c’est une chanson à la fois puissante et mélodique qui fait bien le pont entre les albums précédents et celui-ci tout en annonçant la couleur de ce qui va suivre. De plus, le clip est à mon avis très réussi, ce qui a facilité le choix. J’aimerais profiter de l’occasion pour remercier encore une fois notre ami Kim Conrardy de U-Matic Productions pour le super travail qu’il a fourni.



Même s'il  en intègre toujours des éléments à sa musique, SCARRED, le groupe,  ne peut plus être défini comme un groupe de death. Il va bien au-delà avec des titres comme "Merry Fo Round" ou "In Silent Darkness"...
Diogo :
Je prends ça pour un compliment ! Il est vrai que certains titres du nouvel album risquent de surprendre les fans de la première heure, mais on l’assume complètement. Quand on a décidé de changer de chanteur, le but n’était pas de refaire le même album avec une voix différente mais bien d’utiliser toute la palette de possibilités que nous offre Yann et de ne pas s’imposer de limites dans notre écriture. L’album va du death au rock en passant par le psychédélique, le symphonique, le clean et même l’instrumental, ce qui est une première pour nous. Chaque chanson correspond à un chapitre d’une histoire qui est tout sauf linéaire. Du coup chaque titre a sa propre ambiance et des sonorités tout à fait différentes du titre précédent.

La construction de "A. H. A. I. A.", et sa suite "Lua", sont surprenantes. Ca commence comme un morceau de death mais ça finit presque en world music... Peut-on avoir une petite explication de texte ?
Laurent :
Dans l’histoire que raconte l’album, A.H.A.I.A., c’est le fond du gouffre. Niveau texte c’est probablement la chanson la plus sombre qu’on ait jamais écrite. Une fois qu’on a touché le fond à la fin de la partie death s’amorce le processus de guérison et de transformation par le rituel shamanique qui suit avec une partie d’abord psychédélique puis un véritable rouleau compresseur de graves et de double pédale, symbolisant le caractère à la fois hallucinatoire et intensif de ce genre d’expérience. Une fois le rituel terminé, on se retrouve seul pour réfléchir à ce qu’on vient de vivre en contemplant la lune (LUA) au milieu de la forêt. On n’est pas encore complètement guéri, mais la musique commence à changer.


"Avec Scarred on a construit notre réseau une date à la fois, en traitant chaque concert comme un casting pour le concert suivant, peu importe qu’il y ait mille ou cinquante personnes dans la salle."



Vous concluez "Scarred" par "Petrichor", un titre au chant clair. Donne-t-il le signal de la fin d'une ère et du début d'une autre ?
Yann :
  Pas forcément. C’est plutôt la fin en apothéose du voyage qu’on vient de faire tout au long de l’album, mais cela ne signifie pas que l’avenir du groupe est uniquement fait de chant clair et de sonorités rock (il y a déjà du lourd et sombre de côté pour le prochain album !). On a surtout eu envie de finir l’histoire sur une note positive tout en explorant encore un territoire jusque-là inconnu pour le groupe. Il y aura certainement d’autres titres plutôt clean sur nos prochains albums mais comme dit précédemment, le but est surtout de ne s’imposer aucune limite dans l’écriture et d’aller où la musique nous emmène.

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Scarred par Lugdivine Unfer

Vous êtes un groupe luxembourgeois. Le fait de vous situer à la jonction de l'Allemagne, de la Belgique et de la France, est-t-il un avantage pour distribuer sa musique ?
Bertrand :
Non, je crois qu’à l’ère du numérique ça n’a plus d’importance pour la distribution. Pour le live par contre c’est plutôt un désavantage. Avant d’atteindre un certain niveau les groupes luxembourgeois galèrent à s’exporter parce qu’ils n’arrivent pas à couvrir leurs frais de déplacement ou parce que les associations et salles de concert privilégient souvent des groupes locaux. Avec Scarred on a construit notre réseau une date à la fois, en traitant chaque concert comme un casting pour le concert suivant, peu importe qu’il y ait mille ou cinquante personnes dans la salle.

Merci Scarred de m'avoir accordé cette interview.
Yann :
Merci à toi, c’était intéressant comme interview, on voit que tu as vraiment écouté l’album. Merci aussi à tes lecteurs et à bientôt près de chez vous j’espère !

 

Auré (AKIAVEL) : La guerrière

Auré (AKIAVEL) : La guerrière

Le 08/12/2020

« Tout le monde se tire vers le haut. C'est une des lois d'Akiavel ! »

Technique, inspiration, image et imagination. En février 2020 le groupe de death Akiavel lançait "V", un premier album d'un niveau hors norme.
Une ribambelle de clips, tous plus soignés les uns que les autres, suivait.
La fin de l'année arrivant, ayant cru comprendre qu'Akiavel nous préparait déjà de nouvelles douceurs, nous sommes allés voir Auré, sa growleuse en chef.
Elle nous répondait en deux temps trois mouvements. Une guerrière, Auré, pas le genre à se laisser abattre par un petit confinement.

Par Ahasverus

Mr cana

Auré par Mr Cana Photography

Bonjour Auré. C'est ton père qui te fait découvrir le métal ?
Auré :
Salut Ahasverus ! Oui on va dire que cet homme m'a mis un pied dedans.
J'ai grandi dans le Hard Rock, mon père me faisait chanter quand il prenait sa guitare. Ensuite, dans le metal, j'ai fait mon chemin en suivant mon instinct ! On n'avait pas encore accès à internet comme maintenant, donc je collectionais les magazines style "Rock Hard" ou "Metallian", je sortais beaucoup en concert pour me faire une culture.


Tu es rapidement fascinée par le métal extrême et le chant death...
Auré : Absolument ! Grâce à plusieurs concerts de metal à Amiens j'ai vite trouvé le style qui me faisait vibrer : le Death ! L'esprit, le Pit, les textes, les riffs,...
Le chant est venu un peu plus tard à moi, car je ne pensais pas qu'une femme puisse prendre un micro dans ce style ! C'est quand j'ai écouté des albums avec des growleuses que j'ai vu que c'était possible !


C'est grâce à Julien Truchan (Benighted)...
Auré :
Oui c'est vrai ! C'est lui qui m'a fait découvrir des groupes de growleuses !

2018, Akiavel. Tu expliques à Nonoise Nogood : "Je fais de la musique depuis un peu plus de 10 ans, j'ai traversé plusieurs projets, mais qui ne m'ont jamais appartenu. A chaque fois je reprenais derrière un chanteur. Cette fois quelque chose de nouveau est en train de se mûrir..." Comment abordes-tu cette nouvelle étape ?
Auré :
Akiavel c'est mon bébé. Une identité construite parmi nous cinq. C'est le projet le plus important que j'ai pu intégrer, le plus sérieux, le plus fort en amitié. Nous avons chacun notre rôle à jouer en plus de nos instruments. Tout s'est fait naturellement, une vraie osmose !

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Akiavel par Mr Cana Photography

Akiavel ressemble fort à une affaire de famile : ton pote Julien Truchan qui fait un featuring sur "V", Cynthia l'ex-bassiste de T.O.Y.S. qui apparaît dans vos clips, ou encore Sébastien Camhi et son fameux studio Artmusic...
Auré :
C'est tout à fait ça ! Nous avons chacun notre cercle d'amis, tous ont des talents maîtrisés. Nous aimons ce côté "famille", nous restons proches de ceux qui méritent de grimper dans leur art respectifs. Et en faisant quelques partenariats nous avons respectivement des mouvements positifs. Tout le monde se tire vers le haut. C'est une des lois d'Akiavel !

J'aime aussi beaucoup l'image d'Akiavel développée par Mr Cana Photography, un autre fidèle de la bande.
Auré :
Oui ! Mitch (Mr Cana) jouait avec Jay a une époque. Ils sont très amis, et maintenant nous quatre également. Nous avons de suite accrochés a son style de photos, et nous lui avons demandé de tourner notre premier clip. Ça a été un succès ! Exactement ce qu'on recherchait ! Il est à l'écoute, possède le matériel, a des idées géniales auxquelles on ne pense pas toujours !

Maintenant Mitch et Mimi peuvent tourner des clips sous Mr Cana Production. Ils ont pu tourner notre dernier clip "Kind of Requiem" avec l'aide de Geo et William. On leur souhaite une grande réussite ! Ce sont des personnes vraiment extraordinaires humainement, dans le travail, et amicalement !

"On n'a pas dormi sur nos lauriers ! On ne se laissera pas abattre par ce virus !"

A part le Off de Clissons, le COVID-19 vous a empêché de défendre l'album. Est-ce une situation qui t'a affectée ?
Auré :
Nous avons tous été très frustrés de cet arrêt forcé... Comme tous les groupes, et je pense aussi aux orgas de concerts et lieux qui devaient accueillir des événements... Malheureusement c'est comme ça, on doit faire avec.
En ce qui concerne Akiavel nous avons décidé de continuer l'actualité. On ne s'est pas mis en pause un instant même si le confinement pouvait nous forcer à le faire. Ok, nous ne pouvons pas jouer, ni répéter, mais nous avons réfléchi à comment continuer à faire vivre Akiavel. Et c'est tout naturellement que nous avons composé un deuxième album. Quand on est passionné on ne s'arrête pas. Nous aimons notre groupe. Et rien ne l'arrêtera.
Durant cette pause forcée nous avons eu la chance de répondre à beaucoup d'interviews, a participer a des émissions métal en vidéo. Le deuxième album est en fin de composition, la date d'enregistrement est fixée, nous avons décidé le visuel et le sujet, prévu les dates de prochains clips. Nous avons aussi prévu une surprise dans l'actualité d'Akiavel avant la fin de l'année 2020 ! En gros on n'a pas dormi sur nos lauriers ! On ne se laissera pas abattre par ce virus !

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Auré par Mr Cana Photography
Tu chantes depuis près de quinze ans. Peux-tu me parler de ta voix et de la place qu'elle occupe dans ta vie ?
Auré :
La voix c'est un travail de tous les jours. Je fais des exercices de respiration, quelques vocalises. Je travaille aussi sur ma concentration.
Le chant saturé se passe en studio, en répète ou en concert. Pour ça, il y a quelques préparations à faire en plus, quelques jours avant pour être prête à temps. Y compris dans l'alimentation et  le mode de vie. Par exemple j'évite tout ce qui est acide, trop gras, et je fais plus de méditation pour rester concentrée. La confiance en soi quand on est au micro c'est primordial. J'ai arrêté de fumer, réduit considérablement l'alcool et le café. On ne peut pas changer ses cordes vocales comme on change une corde sur une guitare. Donc on doit en prendre soin au quotidien pour garder le grain et la pêche !

Tu écris tes textes. Dans "V" tu t'es inspirée des cinq blessures de l'âme de Lise Bourbeau. C'est important l'écriture pour toi ?
Auré :
Complètement ! Dans ce livre il est expliqué que nous souffrons tous d'au moins une de ces cinq blessures. J'ai proposé l'idée d'exposer ces blessures comme tel :  cinq côtés bourreau, cinq côtés victime. Ensuite, pousser a l'extrême chaque histoire. Certaines d'entre elles sont des expériences très personnelles.
La recherche, lire des livres, regarder des vidéos sur le sujet qu'on traite, c'est le plus gros de mon boulot au sein d'Akiavel. C'est quand je connais quelque chose sur le bout des doigts que je peux laisser mon esprit artistique écrire. Et quand j'entends les compos que Chris,  Jay et Butch m'envoient, les idées de placements se font très naturellement. Il me faut juste être seule quand j'ai le casque sur les oreilles. Quand je bosse sur l'écriture, je suis dans ma bulle...

Le growl n'est pas le style qui permet le mieux de goûter les paroles d'une chanson. Ce n'est pas frustrant quand tu y songes ?
Auré :
Du tout ! Les textes que j'écris sont faits pour être hurlés ! Haha ! J'essaie d'y faire ressortir la rage, les tortures, les choses qui rendent fou... J'essaie également de trouver des mots ou des phrases qui se répètent dans mes textes, grâce à cela j'ai pu voir un public en face de nous qui chantait en même temps ! C'était juste génial ! Et si les gens qui nous écoutent sont curieux de lire mes textes, ils sont tous affichés sur notre album !

J'ai découvert que tu t'intéressais à la cartomancie et à la divination runique ?
Auré :
Oui complètement ! Cela est très personnel.  J'ai toujours été attirée et fascinée par les sciences occultes, la métaphysique. Ma philosophie de vie est régie par les accords toltèques. La cartomancie, c'est quelque chose que j'ai eu envie de développer, ça me plaît beaucoup. La divination runique est une autre démarche, je suis fan de la mythologie nordique, l'histoire des vikings me fascine !
Je me suis intéressée aux runes car c'est le côté mystique et historique qui est fabuleux ! Cela parle beaucoup à l'âme.

Votre deuxième album est en préparation. Que peux-tu nous en dire ?
Auré :
Peu de choses pour le moment ! (Rire)
Le sujet sera beaucoup plus... sanglant ! Toujours un message caché sur l'arrière de l'album, le visuel est quasiment au point, les histoires des deux prochains clips sont écrits...
La release party se passera à la Maison Hantée à Marseille.
On vous laisse les surprises !

Un grand merci, Auré, pour ton accueil et ta bienveillance.
Auré :
Merci à toi Ahasverus pour ton support et pour m'avoir proposé cette interview ! C'était un plaisir d'y répondre !
Merci également à tous ceux qui la liront, a ceux qui nous suivent, nous soutiennent et qui nous partagent ! je continue à dire que sans vous tous, nous n'existons pas ! On espère bientôt vous voir sur scène !


Les liens :

https://www.facebook.com/Akiavel/

https://open.spotify.com/artist/14M2CyExjuwWrJlJGYvg6T
:
https://shop.season-of-mist.com/band/akiavel/

https://twitter.com/AkiaveL?s=09

https://www.instagram.com/akiavel/?hl=fr

https://www.youtube.com/channel/UCY52nn6ZxtfjlxYTPDWjSvA?view_as=subscriber

Les photographies et vidéos présentées dans cette publication sont signées Mr Cana Photography. Nous le remercions pour son aimable autorisation.
http://www.mrcana-photography.com

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PORNO GRAPHIC MESSIAH - « Interdit » ou le plaisir des sens

PORNO GRAPHIC MESSIAH - « Interdit » ou le plaisir des sens

Le 15/10/2020

« La statue de la liberté, c’est monsieur tout le monde qui l’a tuée. »
Après quatorze ans d’existence, le groupe de métal industriel Porno Graphic Messiah signe son album le plus ouvert, paradoxalement intitulé « Interdit ». L’occasion de faire un arrêt sur image avec son fondateur, et de revenir sur son parcours de musicien, avec en fond d’écran un message : une passion doit d’abord être un plaisir.
Voici l’interview de Scars Summer.

Pnm portrait 


Bonjour Scars Summer. Tu es ado quand tu es repéré par Undercover Slut, un groupe de Metal Indus parisien qui connait le succès et les plateaux télé avec le titre « Communism is Fascism ». Comment arrives-tu dans cette aventure, et qu'en gardes-tu ?

Scars Summer : Salut Ahasverus. C’est assez marrant ! Je vais à l’époque sur le site Web de Undercover Slut, je vois une bannière «Guitarist Wanted». C’était typiquement le genre de groupe où je m'imaginais à la guitare. Le seul hic, c’est que j’avais dix-sept ans, et qu’il fallait en avoir au moins vingt-et-un pour jouer dans les clubs (en Angleterre par exemple, où l’entrée est interdite en dessous de cet âge). J’ai malgré tout fait en sorte de tout donner pour monter à Paris aux auditions et pour être pris. J’en garde de très bons souvenirs, car au final ça restera une superbe expérience ; même si je pense que le chanteur avait surtout un fort charisme avec malheureusement peu de connaissances sur la composition, la gestion d’un groupe, l'infographie, l'enregistrement, etc. Il voulait être leader sans vraiment de connaissances. C’est ça qui m’a fait comprendre qu’il fallait que je parte pour créer mon propre groupe. Et puis, Undercover s’appuyait sur un acquis de notoriété avec « Communism Is Facism », mais en réalité, j’ai moins vibré en étant dans le groupe qu’en l'écoutant.

 

Undercover slut 

UNDERCOVER SLUT, "Communism Is Fascism" (2004)

 

Comment ton parcours avec Undercover Slut prend-il fin ?
Je décide de fonder Porno Graphic Messiah lors d’un after à Londres, en 2006. Mais j’étais encore un gamin avec finalement peu de bouteille. J’ai donc fait beaucoup d’erreurs dans les débuts de Porno Graphic Messiah ; je me suis rodé depuis. (Rire)

 

Tu nous racontes les débuts ?
Ce fut très compliqué... Je passe d’un groupe avec de belles dates et des opportunités, à un groupe tout neuf avec une chanson mal enregistrée. Et puis, en étant jeune, je me suis peut-être mal entouré aussi. Pour autant, je suis très content des retours positifs et de ce qu’est en train de devenir petit à petit Porno Graphic Messiah en France.
 
Indéniablement le style Porno Graphic Messiah est posé dès « Live & Frustrations  », ton premier opus...
A l’époque je voulais correspondre à un style musical bien précis, le Metal Industriel.

 

On reste sur le même ton - pour ne pas dire parfois sur le même riff - pour les deux premiers albums, « Till Death Or Nothing » et « Terrorize Me ». « Interdit », votre nouvel opus, est très ouvert, il s'éloigne des gimmicks de ses prédécesseurs, même si l’ouverture avait été initiée par « Terrorize Me », c'est une certaine prise de risques... Qu'est- ce qui a changé dans ton processus de composition ?
Aujourd’hui, je me nourris bien plus du monde actuel et de la stupidité des gens, pour les retranscrire en musique. Ça fait hyper cliché, mais c’est très vrai. Et parfois la stupidité ne vient pas uniquement des médias, comme on a tendance à le lire ; je pense plutôt qu’internet et les smartphones donnent clairement la possibilité de parler à des gens qui feraient mieux de la fermer afin d’éviter d’en influencer d’autres. A bientôt trente-deux ans, j’ai aussi, grâce au soutien d’Amandine, ma femme, plus de maturité et beaucoup plus d’expérience sur la vie, en tant que papa, ou bien en tant que chef d’entreprise dans l’évènementiel. Le retour du public me réjouit en tous cas énormément...


Interdit 

PORNO GRAPHIC MESSIAH, "Interdit" (2020)
 
Je défie quiconque de dire en blind-test que « Digital's Bird » est un titre de Porno Graphic Messiah... Et « #stayathome » pourrait être un morceau d'Indochine... J'apprécie aussi particulièrement l'idée du parallèle « Statue of Libert »/« Statue of Interdit », qui reprennent la même ligne mélodique mais dont les paroles diffèrent.
« Statue Of Libert »”, c’est la statue de la liberté façon 2020 (que je note d’ailleurs « Z0Z0 » sur l’album, pour faire une légère référence diabolique): Cette statue de la liberté n’a plus le droit de dire ce qu’elle veut ! Comme mise en image dans le clip il y a quelques semaines, elle passe d’une robe blanche et pure à une robe noire, pour finir morte avec un maquillage complètement coulant. Et c’est d’ailleurs nous même qui la ramassons, avec nos masques chirurgicaux sur nos visages. Comme pour faire passer un message : la statue de la liberté, c’est monsieur tout le monde qui l’a tuée ; En tuant la liberté d’expression, on se tue nous-mêmes.

 

Tu as essayé beaucoup de choses en matière de line-up. Un mot à ce propos ?
Je ne vais rien t’apprendre de nouveau. Dans tous les groupes, entreprises et équipes, c’est pareil : gérer l’humain, c’est loin d’être évident. Mais quelque soit le débat, ils savent que j’ai toujours raison… Donc au final … (Ça, c’est purement gratuit, et aussi pour me venger d’images salaces, que Val notre bassiste m’a montré sur le dernier trajet !). Réellement, je pense que mes musiciens se retrouvent aussi un peu comme public dans Porno Graphic Messiah. En tous cas, c’est mon ressenti. J’aime de plus en plus ce qu’on fait, et je m’amuse de plus en plus sur scène. Et tout autant à enregistrer nos albums dans mon studio ! Même si on a chacun nos défauts, et mes musiciens pourraient te faire une très longue liste des miens, je pense qu’ils sont tout de même heureux d’avoir un mec assez «tenace» comme moi pour gérer notre groupe (Rires).

 

J’ai eu le plaisir de te rencontrer plusieurs fois. Tu es impayable quand tu te mets à raconter des anecdotes autour d'un café. Je me souviens d'une fois où tu jouais pour un artiste hip hop et où tu croyais que les gens admiraient ton jeu de guitare, mais tu finissais par comprendre qu'ils regardaient le tatouage satanique que tu avais sur l'avant bras... Il faut dire que tu jouais dans une église !
Alors ça, c’est certainement mon côté chanteur … J’adore parler dès lors que je me sens à l’aise ! Et c’est tout à fait le cas avec toi. C’est vrai qu’avec un groupe, tu te fais beaucoup beaucoup, beaucoup (trop ?) de souvenirs ! On doit avoir de quoi faire deux ou trois bouquins d’ailleurs...

« C’est important d’avoir en tête qu’une passion doit avant tout rester un plaisir. Et encore une fois, je m’amuse beaucoup à travailler sur cette aventure. »

Tu es aussi un garçon qui a la tête sur les épaules, et le fondateur d'Another Management (www.anothermanagement.com). Tu peux en dire un mot ?
Another Management, c’est une deuxième partie de moi. C’était la suite logique des rencontres extraordinaires que l’on fait avec un groupe de musique. C’est une plateforme de réseau et d’opportunités pour les groupes de Rock à Metal extrême et entreprises-structures de cet univers, sur toute la France et le Canada.

C'est aussi autour d'un café, tu m'as dit un truc tout simple qui est devenu mon leitmotiv : en matière de musique, il faut toujours mettre le plaisir en ligne directrice...
Oui, et beaucoup de jeunes groupes ne s’en rendent pas encore compte. Depuis 2006, je prends énormément de plaisir. Et c’est important d’avoir en tête qu’une passion doit avant tout rester un plaisir. Et encore une fois, je m’amuse beaucoup à travailler sur cette aventure.

 
Merci Scars Summer d'avoir répondu à mes questions. 
Merci beaucoup à toi !
 

 

Les Maux Bleus de CHAOS HEIDI

Les Maux Bleus de CHAOS HEIDI

Le 03/10/2020

« C'est toute ma vie qui fabrique des souvenirs cool ».

Elle a été la voix d’ Asylum Pyre et de l’extravagant Funny Ugly Cute Karma ; elle prépare aujourd’hui son premier opus solo. Nous voulions en savoir plus sur son parcours et son nouveau projet. Voici l’interview de Chaos Heidi.

chaos heidi 

Bonjour Chaos Heidi. Pour commencer cette interview je propose de faire un saut dans le passé : premier souvenir d'enfance qui vous relie à la musique ?
Chaos Heidi :
Wouah, ça va aller chercher loin ça… Pour autant que je me souvienne la musique n’a jamais été bien loin. Mes parents en écoutaient à la maison, on chantait en classe dès la maternelle, j’avais des jouets musicaux (petit piano, percussions…). Dur à dire lequel est le premier !

 

Alors votre premier album acheté ?
Hahaha ! A mon avis ça ne va pas être très glorieux ! Ça devait être un truc genre “Top Dj volume 3”... J’avais treize ou quatorze ans, je venais d’avoir un lecteur CD. Avant ça je n’avais que des K7 (oui, je suis née dans les années 80 !) ) et j’écoutais les tubes qui passaient à la radio. C’était peu de temps avant que je découvre qu’il existait tout un monde musical qui ne passait pas à la radio.

 

Premier concert ?
Très honnêtement je ne suis pas sûre de me rappeler… Et puis il y a plusieurs «premières fois» de concerts dans une vie… Quand j’étais petite, je me souviens d’un concert de Michel Delpech avec mes parents ! Pas exactement ce que j’aurais choisi aujourd’hui ! J’ai envie de dire plutôt Rammstein au Zenith à Paris en 2001 car c’est l’un des premiers «gros» concerts que j’ai vus et je l’attendais fébrilement ! C’était énorme !
 
Votre premier groupe ?
J’habitais à Marseille, vers 2007, ça s’est appelé Nevery. C’était du heavy mélodique. Le groupe a continué après mon départ, mais il a changé de nom et il a évolué, aussi. Ils existent toujours, ils s’appellent Whispering Tales , maintenant. La chanteuse est une amie.  

Le conservatoire. Bon souvenir ou passage obligé ?

Les deux mon général ? J’y suis restée huit ans, entre enfance et adolescence. J’ai énormément appris ; c’est une base musicale fantastique que je ne renierai jamais. Après, ce n’était pas toujours très drôle… Un système avec des notations, des examens, des profs pas toujours cool, une pression… Ça ne devrait pas être ça la musique. Et mon conservatoire n’était que classique. Si j’avais pu continuer en musiques actuelles à l’adolescence je n’aurais peut-être pas arrêté.

 
Le chant représente combien d'heures dans une journée de Chaos Heidi ? Haha ! Bonne question ! Le truc c’est que, comme je suis aussi prof de chant, les jours où je donne des cours ça peut varier entre six, sept heures, et neuf ou dix heures de chant. C’est limite un peu trop parfois. Du coup il y a des jours où je ne chante pas du tout, ça repose et ça équilibre. Quand je travaille pour moi, en compo, ou pour apprendre un titre, j’ai remarqué que j’avais tendance à bosser cinq à six heures max dans une journée. Au-delà je vois bien que je ne suis plus aussi concentrée ou efficace.
 
Votre panel vocal vous autorise à multiplier les styles... Y a-t-il encore des territoires vocaux que vous souhaiteriez explorer ? Oui. J’adore l’instrument voix… C’est un de mes moteurs, l’exploration vocale. Et oui, bien sûr, il reste des territoires encore trop peu explorés. J’ai tâtonné un peu sur le chant diphonique par exemple, mais il faudrait que j’aille plus loin… J’espère un jour trouver un stage pour creuser ça.

Funny ugly cute karma on the run videoclip youtube mozilla firefox 8 

Vous êtes compositrice. Vous souvenez-vous de votre toute première création ?
La toute première ? C’est comme pour les concerts tout à l’heure ça : je suis à peu près sûre d’avoir composé des choses quand j’étais petite, avec mon piano (j’ai commencé à huit ans), mais de là à m’en souvenir et les avoir conservées... Par la suite j’ai fait beaucoup de tentatives. Mais j’avais du mal à finir les choses… J’avais des bribes de textes, des bribes de compos… je me jugeais trop sans doute, alors ça restait à prendre la poussière dans un coin, voire dans la poubelle. J’ai des dizaines de créations inachevées au fil des ans. (Rire) Donc je crois que non, je ne peux pas dire que je me souvienne d’une première création vraiment mémorable...

 

Restons sur la création. Vous aimez installer une ambiance particulière autour de vous pour écrire ?
Oui, assez… J’aime être seule, déjà. Je m’installe avec mon matériel, de la façon que je juge la plus propice à ce moment-là. Après je laisse divaguer mon esprit, soit un stylo à la main, soit les doigts sur le piano. Étonnamment, il finit toujours par se passer quelque chose. C’est la partie un peu magique du processus… Je ne me l’explique pas. Des fois, quand je réécoute des choses que j’ai enregistrées genre la veille, j’ai du mal à me souvenir de ce que j’ai fait et j’écoute avec un air étonné «ah, j’ai composé ça moi ? c’est bien !»

 

Trois albums avec Asylum Pyre ?
Deux ! «Fifty Years Later» en 2012 et «Spirited Away» en 2015. Le premier n’était pas avec moi, et le dernier non plus .
Asylum pyre heidi
 
Doro, Myrath, Pendragon, Y&T, Audrey Horne et Luca Turilli's RHAPSODY, Orphaned Land, Arch Enemy... Asylum Pyre vous a permis de côtoyer les plus grands mais a nécessité une immense dépense d'énergie. Une leçon pour la suite ?
Pas sûr qu’il y ait un lien de cause à effet . L’énergie est indispensable dans la vie d’un artiste, et il en faut un paquet ! (Rire) L’énergie n’est jamais un problème, par contre elle doit rester positive, s’élever au-dessus des «problèmes» justement, car des challenges il y en a aussi un paquet dans une vie d’artiste et on se sent parfois abattu… ça ne dure jamais trop, heureusement. La leçon c’est tracer sa route, cultiver sa propre énergie, ne pas se laisser happer par ce qui tire vers le bas, continuer, toujours, et se rappeler que le plus important c’est kiffer au max, car ça c’est le moteur de l’énergie perpétuelle !
 
 
Vous comptez sur Youtube presque plus de cover d'Iron Maiden que ce groupe n'a tourné de clips ! Exercice de style ou simple récréation d'une fan ?
Haha ! Je vote pour la récréation ! J’ai un lien particulier avec ce groupe, Iron Maiden. Il a tenu une place spéciale toute ma vie, depuis l’adolescence. Je ne sais pas l’expliquer, ça me parle, je me sens chez moi quand je suis chez Maiden… Alors le chanter me parait naturel, et comme j’ai remarqué que ça ne faisait pas plaisir qu’à moi j’en fait régulièrement profiter tout le monde.
 

 

 
Vous préparez un album solo, sous le nom de Chaos Heidi. J'ai lu sur https://musicwaves.fr qu'ill s'agissait d'un "six titres, dans un style assez inclassable et très transversal, où l’electro côtoie tantôt le metal, tantôt la pop, et les ambiances sombres se succèdent aux plus légères." On peut en savoir plus ?
Alors pour être tout à fait exacte je n’ai encore aucune certitude sur ce qui va sortir, ni quand. J’ai en effet six titres prêts à l’heure actuelle, certains sont encore en cours de mix et mastering. Le premier, «Nuage de Maux», un réarrangement electro d’un titre que j’avais écrit pour Funny Ugly Cute Karma, est sorti avec un clip le 26/06/2020. Les cinq autres seront des inédits complets. Le style est en effet sur une base electro, très majoritairement en français, et les ambiances varient selon les titres. J’ai cette idée de sortir un clip pour chacun de ces titres car dans ma vision des choses l’image/le visuel et donc la vidéo sont très liés à ma musique. Je vois souvent des images, des scènes quand j’écris ou compose. Je suis actuellement en train de réfléchir à tout ça, à mes envies, et aussi à la meilleure façon de diffuser ces titres au public… Parallèlement je suis aussi en train d’écrire de nouveaux titres. Sois sûr que quand ce sera prêt tu le sauras...

 

 
En parlant de style inclassable, vous montiez Funny Ugly Cute Karma après Asylum Pyre. Le groupe enregistrait l'EP “Before it was cool” en 2018. Où en êtes-vous avec ce projet ? Haaaa, F.U.C.K… On parle parfois de “bébé” quand on parle des projets d’un artiste. Celui-ci était clairement le mien ! J’y ai mis toute mon énergie, tout mon temps, énormément de moyens pendant deux ans où j’ai été à 150%. Tu sais que le contexte n’est jamais facile… J’ai été lâchée par mon binôme qui a fait des choix de vies à 180°, brutaux... Il y a eu quelques autres facteurs comme ça qui en ont rajouté une couche, et j’étais épuisée. Et en colère, aussi... J’ai arrêté, il valait mieux. Je reste encore un peu amère, mais je ne vois pas comment reprendre avantageusement ce projet aujourd’hui. C’est pas grave, c’était une étape, c’est le passé.

 

 
Votre meilleur souvenir de musicienne ?
Il y en a beaucoup ! Je ne sais pas si j’en ai un meilleur… ça ne me vient pas, là, comme ça… A chaque fois qu’un projet voit le jour, ou connait une belle avancée, c’est une bonne nouvelle, un événement heureux qui vient baliser ma vie d’artiste, ça me conforte sur mes choix,. Je suis heureuse de pouvoir consacrer ma vie à l’art, c’est une chance, et c’est toute ma vie qui fabrique des souvenirs cool.

 

Votre plus mauvais plan de musicienne ?
Il y en a quelques-uns... A différents niveaux. (Rire) Notamment en live, des problèmes techniques qui foutent en l’air ton set par exemple. Mais le plantage de F.U.C.K est sans doute le pire mauvais plan. Ce projet avait du potentiel, je n’en démordrai jamais.
 
Vous êtes professeure de chant. Deux albums que vous conseilleriez à vos élèves, et pourquoi ?
Houlala, quelle responsabilité ! Très difficile à dire. Et encore plus s’il doit y avoir un rapport avec le fait que je suis professeur de chant ! J’imagine que je choisirais des artistes qui pour moi allient parfaitement la maîtrise vocale avec la transmission d’une émotion… Du coup je voterais pour «Pitfalls» de Leprous, et pour faire un contrepied, tiens, je citerais en second Woodkid, «The Golden Age», car il fait passer la technique très en second plan, en faveur d’une intention pure, et dans son cas ça marche bien (mais aussi parce que la musique est géniale et pas portée par son chant seul). Bref ! Je me lancerais sans doute dans une dissertation sur l’équilibre entre la maîtrise technique, l’émotion transmise et la place de la musique au milieu de tout ça. Je peux parler très longtemps !

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Leprous, "Pitfalls" (2019)

 

Que va faire Chaos Heidi dans les six prochains mois ?
Elle a du boulot, Chaos Heidi, là... Elle a la sortie de ses premiers titres à préparer au mieux, et elle continue d’écrire et composer pour la suite. Le tout en donnant ses cours de chant toutes les semaines. (Rire) Une vie bien remplie, mais c’est comme ça que c’est le mieux, non ?

 

Merci Chaos Heidi de m’avoir accordé cette interview.
Merci beaucoup à toi . Merci aux lecteurs également, j’espère que toutes ces questions et réponses vous auront donné envie d’aller découvrir mon univers. A bientôt !

Crédits photographiques :
Les photographies de Chaos Heidi présentées dans cette publication sont des captures d’écrans des clips “Nuage De Maux” et “On The Run” réalisés par Cécile Delpoïo - Réalisatrice Vidéo .

 
Madie, de Faith In Agony à Nightmare

Madie, de Faith In Agony à Nightmare

Le 08/09/2020

 « On accepte de ne plus mettre les coudes sur la table sans pour autant se tenir correctement ! »

Tandis que NIGHTMARE est dans les starting-blocks pour le lancement de son nouvel album (“Aeternam”, qu’il présentera le 11/09/2020 à Paris puis le 18/09/2020 à Grenoble) nous avons questionné Madie, sa jeune vocaliste.
Elle nous parle de son parcours, de son intégration au sein de la formation grenobloise, du nouvel opus, et de
Faith In Agony où elle exerce également ses talents.

Bonjour Madie. Pour commencer cette interview j'aimerais te proposer un saut dans le passé : premier souvenir d'enfance lié à la musique ?
Bonjour Ahasverus, et merci de ton intérêt ! Oula oui ! ça ne nous rajeunit pas tout ça ! Mon premier souvenir lié à la musique c’est déjà de voir ma mère, sa guitare folk et mon père qui chantonnent sur des tapis indiens entourés d’amis. De mon côté, aussi loin que je m’en souvienne, j’étais fascinée par la bande originale de la petite sirène de Disney que je tentais de maîtriser d’une traite sans respirer.
 
Premier album acheté avec ton argent de poche ?
“Dangerous” de Mickael Jackson, sans aucun doute. Le disquaire m’avait même gentiment offert le drapeau de l’artwork de l’album, aussitôt affiché dans ma petite chambre. Je me perdais dans ses innombrables détails en écoutant l’album.

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Michael Jackson, "Dangerous" (1991)
Premier concert ?
Je te passe les détails embarrassants d’Henri Des et Dorothée parce que ça la fout mal, mais mon premier véritable concert fut celui du groupe français Ange, formation que mon deuxième papa de cœur m’a fait découvrir très jeune. J’ai rapidement apprécié leurs textes alambiqués et leur prestance scénique théâtrale.

 

Comment le chant entre-t-il dans ta vie ?
Grâce à un vieux magnétophone que j’avais récupéré chez mes grands- parents. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours chantonné. Le spectacle et le chant ont toujours été mes moyens d’expression privilégiés. Vingt ans plus tard, je rencontre Bruno Jeanmart, mon premier mentor, un ami de ma mère, qui me propose de monter un groupe de reprises Jazz. C’est le début de Smoky Eyes…

 

Le chant représente combien de temps dans une journée de Madie ?
Je n’ai hélas pas de grande discipline en ce qui concerne le chant, je suis quasiment autodidacte dans ce domaine et n’ai aucune formation académique. Ça n’est que depuis très récemment que je tente de découvrir et perfectionner une technique. Je prends aujourd’hui quelques cours et repères afin d’aller plus loin dans mes possibilités vocales. Concernant le facteur temps, je ne chante pas du matin au soir car je me serais fait mettre à la porte de beaucoup de maisons (rire), mais je fredonne assez régulièrement au cours de la journée.

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Madie par Megaloprod
Tu évoquais Smokey Eyes... C’était ton premier groupe ?
Smoky Eyes est ma première formation à proprement parler. Comme je le disais plus haut, ma rencontre avec Bruno a été décisive pour plein de raisons, personnelles, professionnelles et musicales. Nous avons rapidement troqué les reprises jazz pour le rock. J’avais envie de reprendre des classiques puis de commencer à composer et créer. Il nous fallait donc un guitariste en conséquence. Nous avons alors fait la connaissance de Grey et nous ne nous sommes plus lâchés. Nous avons parcouru beaucoup de routes, monté sur plein de scènes diverses et variées, vécu nos premières expériences de live, de studio, appris la rigueur que tous ces domaines représentent. Je suis plus que reconnaissante et fière d’avoir eu la chance de me produire avec Smoky Eyes !

 

Grey te rejoint donc dans Smokey Eyes puis en 2016 vous rencontrez Eva (basse) et Quentin (batterie). C'est le début de Faith In Agony... Comment présenterais-tu l'univers de ce groupe ?
Faith In Agony nait suite à un désir commun entre Grey et moi-même de professionnaliser notre créativité et de pousser plus loin nos propos musicaux. Nous avions envie d’une formation plus incisive, avec des riffs et des influences plus fortes frôlant le métal et le grunge. Quentin et Eva faisaient la paire concernant la motivation et le niveau musical énorme qu’ils proposaient. Une grande complicité se crée dans notre quatuor et le groupe était lancé.
L’univers de Faith in Agony est d’abord assez brut, nous voulions rentrer dedans, être efficaces et reconnaissables. Nos premiers morceaux sont très grunge, presque punk. Deux nanas dans un groupe de grunge, on avait bien sûr envie et besoin de se faire entendre, de trouver notre place tout en créant cette osmose en live avec nos deux complices. Les textes du premier EP éponyme sont très agressifs, si on y prête l’oreille, on peut entendre ce désir presque pulsionnel d’aller plus loin dans la concrétisation de nos idées.
Notre univers s’est un peu maturé avec «Do Not Repeat», nous avons travaillé d’arrache-pieds, plié nos étendards et nous nous sommes concentrés plus profondément sur nos sons et les ambiances plus précises à atteindre. Ce dernier EP nous a lentement guidé vers l’écriture de notre premier album «Drowned & Exalted» qui sortira tout prochainement.

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Faith In Agony, "Do Not Repeat" (2017)
C'est toi qui écris les textes de Faith In Agony. Quentin disait à ce propos “ je vous conseille de vous pencher dessus car ils sont plutôt chiadés !” Comment aimes-tu travailler l'écriture, et quelles sont les thématiques qui t'inspirent ?
Quentin a toujours été le premier curieux de mes textes et c’est très appréciable. Mon écriture n’est pas très académique non plus et je n’ai pas la prétention d’être bilingue. Écrire en anglais a toujours été une envie de ma part, ma langue natale, je la réserve pour des écrits plus personnels et poétiques. L’écriture des textes notamment pour «Drowned & Exalted» est on ne peut plus intimiste, très introspective. J’aime évoquer un sujet en particulier dans chaque morceau, j’essaie d’éviter les phrases bateaux et je fonctionne par tableaux mentaux. J’imagine, je retrouve une scène, je formalise une pensée et je tente de la concrétiser, de la traduire en écriture. Mon désir est d’être au plus proche de mes questionnements, de mes ressentis, sans pudeur, parfois même de manière très brute. Les thématiques que j’aborde sont universelles et peuvent toucher tout le monde, chacun se questionne à son échelle sur son rapport à l’autre, sa place en tant qu’individu, sa marginalité, sa finitude…

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Madie par Megaloprod
Quel regard portes-tu aujourd'hui sur vos deux EP ?
J’aime réécouter ces deux EP et retracer le chemin parcouru. Comme je le disais plus haut, le premier EP de Faith In Agony est très incisif, brutal rentre dedans, sans concessions, presque adolescent, on est dans le tout et tout de suite. «Do Not Repeat» est en recherche de maturation, nous ne nous sommes pas assagis pour autant mais disons qu’on accepte de ne plus mettre les coudes sur la table sans pour autant se tenir correctement ! «Drowned & Exalted», si on reste dans la métaphore du bon sens commun va questionner le «pourquoi», le «comment», le «d’où ça vient» et ce qu’on choisit d’en faire.
De ton côté tu rejoins l'aventure Nightmare... Comment se passe la rencontre ?
J’ai fait la rencontre de Yves Campion au 69 à Grenoble…
Je laisse un temps pour les blagues salaces…
...Voilà (Rire).
Je me produisais avec Smoky Eyes et il m’a apparemment repérée à cette époque-là, patient le mec ! Il nous a ensuite fait confiance avec Faith In Agony en nous offrant la première partie d’Ultra Vomit à L’Ilyade de Grenoble. Très grand moment pour nous quatre !
Un soir en rentrant du travail, Niels (Batteur) m’appelle et m’expose la situation complexe que traverse Nightmare : Maggy Luyten ne continue pas l’aventure, une date est prévue en juillet (nous sommes début mars…), il leur faut absolument quelqu’un pour la remplacer au pied levé. Je m’interroge, je questionne mon entourage, tout le monde me pousse et m’encourage, je valide donc mon choix. Je suis à la fois terrifiée et impatiente, je mesure la charge de travail, tous m’attendent au tournant mais croient malgré tout en moi.
Yves me teste sur quelques anciens titres, je découvre le groupe, son univers, le heavy métal qui m’est presque inconnu et je commence à travailler dur. J’apprends l’album entier en moins de trois mois, nous répétons quelques fois, je rencontre tous les membres et le staff affilié au groupe, tous sont très accueillants et confiants, cela me rassure beaucoup. C’est grand pour moi, très grand et mon impatience s’intensifie. Le concert au Panicfest se déroule plutôt bien, je suis accueillie avec le sourire par les fans présents ce jour. Je suis ravie. La complicité avec tous les membres du groupe ne fait que grandir depuis cette date et nous sommes tous très heureux et trépignants de vous faire découvrir «Aeternam».

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Nightmare, par Denis Charmot.

 

« Je suis toute petite dans un monde de grands. »

Tu succèdes donc à Jo Amore et à Maggy Luyten... Tu as vécu ça comment ?
Je suis toute petite dans un monde de grands, ça a été mon premier ressenti. Jo Amore et Maggy Luyten sont des monstres de talents tant vocalement que scéniquement. Ils ont tous deux marqué l’identité du groupe, de temps forts, à leur manière. Je les remercie tous les deux d’avoir fait naître et perdurer la grande histoire Nightmare. Je suis honorée d’en faire partie aujourd’hui et compte bien donner le meilleur.

 

Les fans ont parfois la dent dure lors des changements de line-up, surtout quand il s'agit du poste de chanteur. Tu t'es sentie bien accueillie ou tu as dû faire tes preuves ?
Comme dans tout changement de la vie, il y a plusieurs formes de ressentis, certains restent attachés aux premières valeurs, d’autres constatent un changement, certains une belle évolution… Les retours sont bons, les gens apprécient la nouvelle identité de Nightmare, commentent que la nouvelle voix apporte de nouvelles couleurs originales dans le monde du heavy métal, hors du chant uniquement growl ou lyrique. Je suis heureuse que les gens apprécient le changement malgré tout car je serais tout à fait incapable de véhiculer un seul et même code musical. J’ai hâte de monter sur scène, défendre «Aeternam» et partir à la rencontre de notre public récent et ancien.

 

“Aeternam” et “Lights On”, les clips présentés par Nightmare avant la sortie de l'album “Aeternam” (02/10/2020) sont solides et prometteurs. Les titres étaient-ils finalisés avant ton arrivée ou tu as pu apposer la Madie's touch ?
Merci pour ces mots. Nous avons beaucoup travaillé pour ces clips, j’en ai géré toute la trame scénaristique et artistique. Je ne conçois pas l’intégration d’un projet quel qu’il soit sans y apporter quelque chose. Beaucoup de riffs étaient déjà posés pour «Aeternam» mais aucun texte ou concept d’album n’avait encore été proposé. Nous avons donc longuement échangé sur le sens de l’album, des sujets que nous voulions aborder au cours des morceaux, de la manière d’écrire et d’interpréter ce qui allait en découler. Disons que j’ai proposé la trame générale des textes de ce bel album à venir, quelques-uns ont été validés, d’autres ont été remaniés ensuite «à la sauce heavy», des lignes mélodiques ont elles aussi été prises en compte ou gardées à l’identique afin d’apporter de l’exclusivité à Nightmare.

 

 

Je t'avoue que quand tu es partie dans Nightmare j'ai eu des craintes pour la suite de Faith In Agony. La question ne s'est pas posée ?
La question ne s’est absolument pas posée pour moi. Faith In Agony est et restera l’un de mes projets. J’ai pour habitude de mener tous mes objectifs à terme. Il n’est pas envisageable de quitter une formation pour une autre. Il faudra simplement travailler différemment avec ces deux projets qui demandent beaucoup de temps et d’investissement, je ne pourrais pas m’engager dans de nouvelles formations musicales mais une chose est sûre, «Drowned & Exalted» et «Aeternam» seront défendus de manière équitable et de tout cœur.

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Madie par Megaloprod

 

« Je débarque au milieu d’une histoire que je n’ai pas créée, d’un style qui contient des codes bien rodés, presque stricts. Il a fallu tirer un peu sur les rênes dans les premiers temps. »

Faith In Agony/Nightmare, ce n'est pas le même registre. Comment as-tu adapté ton chant pour Nightmare ?
Le registre est en effet très différent. J’ai la chance de jouir d’une une parfaite liberté au sein de Faith In Agony. Nightmare c’est différent, je débarque au milieu d’une histoire que je n’ai pas créée, d’un style qui contient des codes bien rodés, presque stricts. Il a fallu tirer un peu sur les rênes dans les premiers temps. Une fois la frustration tamisée, j’ai su m’adapter et apprécier ces codes, en faire ma petite sauce et proposer quelque chose. La plus grande problématique que j’ai pu rencontrer dans la concrétisation de cet album fut la préparation. Nous étions hélas très pressés par le temps mais refusions catégoriquement de bâcler la sortie de ce nouveau line up. Il a donc fallu s’adapter vite, très vite... J’ai la chance d’avoir une assez bonne amplitude vocale, ce qui a permis de nous balader un peu partout sur les mélodies.

 

Revenons à Faith In Agony. Où en êtes-vous de l'album “Drowned & Exalted” ?
«Drowned & Exalted» est dans la boîte, tout est prêt pour le pressage à l’heure où j’écris ces lignes. Ce foutu virus a foutu une merde noire dans la culture en général et retarde le monde de la création. Cet album est très attendu et nous rongeons notre frein pour le moment. Nous voulons faire naitre cet album en anticipant toutes les possibles embuches. Nous ne sommes pour le moment pas protégés par un label qui pourrait être notre garantie de sécurité alors nous voulons faire les choses correctement.
Comme je le disais plus haut, «Drowned & Exalted» est le résultat de nos introspections respectives, tous les instruments ainsi que la voix transpirent une forme de lourdeur. Nous voulions faire un album très intimiste et au plus proche des émotions qui nous ont traversés ces dernières années.

 

Ton emploi du temps dans les prochains mois ?
Un emploi du quoi ? Ici on parle plutôt de tornade (Rire).
Il y a énormément de choses en préparation qui demandent beaucoup de temps et de réactivité. Ces deux albums enregistrés en moins d’un an, un troisième clip pour Nightmare, surement aussi pour Faith In Agony, beaucoup de répétitions, des contributeurs à remercier, des billets d’avions à réserver, des résidences, des release party et si on a encore du temps, peut-être pourrons nous dormir un peu ! Nous vivons dans la hâte de vous présenter tout ça !
Durant l'été 2021, Nightmare sera au Russian Metal Open Air puis au Rock Äm Stuck (Allemagne), sur la même scène que Skid Row, Stratovarius, Therion, Rose Tattoo, Testament, Bonfire et bien d'autres géants qui ont façonné l'histoire du Rock Metal international. Ca t'inspire quoi ?
Ça m’inspire déjà pas mal de tachycardie (Rire), mêlée à de l’impatience, un peu de stress mais surtout beaucoup de plaisir. Je n’aurai jamais pensé, ou oser rêver de telles possibilité musicales et artistiques, c’est tellement nourrissant ! Une nouvelle fois, je me sens toute petite dans ce monde de grands et j’ai hâte de faire des rencontres, d’échanger avec de tels artistes, de refouler enfin le sol d’une scène et de plonger dans l’arène !

 

L'album que tu écoutes, en ce moment ?
Et bien très curieusement, je m’attarde en ce moment sur des registres très pop. Je n’ai pas un album en particulier à proposer mais je suis à la découverte de mes possibilités vocales, je m’amuse à reprendre certains titres à la maison, je découvre d’autres types de chants plus actuels. Peut-être quelques covers en prévision d’ici quelques mois si vous êtes sages...
S’il faut citer un album en particulier, ce sera celui qui m’apporte le plus de calme et de sérénité en ces temps bien studieux et agités. Je ne me lasse pas de la transe dans laquelle me plonge Loreena McKennitt, en particulier sur “Mask and Mirror” ou “Book of secrets”.

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Loreena McKennitt, "The Mask And Mirror" (1994)
Un grand merci pour le temps que tu as bien voulu consacrer à cette interview, Madie, et au plaisir d'écouter ces deux nouveaux albums et de t'applaudir sur scène.
Un grand merci à toi pour ton intérêt, la pertinence de tes questions et ta réactivité ! Au grand plaisir de te voir également !

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Madie par No Tsrd
 
Stéphane Portelli fil à fil

Stéphane Portelli fil à fil

Le 09/04/2020

« Les seuls principes qui me guident en musique sont ceux que me dictent mes oreilles. »

 

Quatre albums déjà pour Stéphane Portelli. Son dernier opus en date, “Sur le Fil” (2018), résonne toujours régulièrement sur nos platines. Riche et varié, remarquablement composé et écrit, il nous a donné envie d’en savoir plus sur ce singulier guitariste de Rock/Blues en français.
Stéphane Portelli a accepté de répondre à nos questions. Alors installez-vous, nous allons soulever le voile... fil à fil !
 
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Bonjour Stéphane Portelli. J'aimerais vous entraîner quelques années en arrière : premier souvenir qui vous relie à la musique ?
Stéphane Portelli :
Mon père est un fan d’Elvis. J’ai donc baigné dès mon plus jeune âge dans la musique américaine, le rock’n roll, mais aussi le blues et le gospel. Ma mère avait une amie psychologue qui habitait Nîmes. Chez elle, au sous-sol, il y avait une grande pièce avec bar, canapé et tout le confort pour écouter de la musique. J’ai découvert dans ce lieu l’album des Eagles “Hotel California”. J’ai adoré le Son ! Ce sont mes premiers souvenirs musicaux.
 
Premier album acheté avec votre argent de poche ?
Brothers in Arms”, de Dire Straits.

 

Premier concert  ?
Le premier concert qui a compté pour moi est celui de Dire Straits, la tournée Brothers in Arms en 1985, dans l’amphithéâtre d’Orange.

 

Elément déclencheur de votre vocation ?
Devant ma télé, dans l’émission Les Enfants du Rock, en découvrant le groupe Dire Straits. Le feeling de Mark Knopfler sur le solo de “Tunnel of love” a déclenché une vive émotion et c’est certainement de là qu’est venue ma vocation. Dans la lignée, j’ai rapidement découvert le laid-back avec les artistes JJ Cale, Tony Joe White, le blues à travers BB King, Eric Clapton et le rock planant des Pink Floyd.

 

Première composition ?
J’ai commencé mes premiers pas dans la composition en jouant sur des titres qui passaient à la radio et plus particulièrement les albums de Sade -musicalement très aérés- sur lesquels je m’amusais à poser des guitares additionnelles. J’ai créé inconsciemment mes premières parties de guitare.
 

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Stéphane Portelli par Chrislène P.
Vous êtes autodidacte en musique. Liberté ou ralentisseur ?
Liberté car je me suis créé mes propres codes ; ils définissent ma personnalité musicale. Je n’ai pas de barrière, je suis mon instinct. Les seuls principes qui me guident en musique sont ceux que me dictent mes oreilles.

 

Agathe Mulot c'est un bon souvenir ?
Oui, un bon souvenir car c’était ma première expérience sur scène. Dès que j’ai eu un peu d’argent, j’ai acheté une Fender Télécaster USA et un bon ampli à lampes et j’ai répondu à une annonce. Un groupe de Blues-Rock qui cherchait un guitariste. Petite anecdote concernant la première audition : je me présente, on commence à faire tourner quelques morceaux, essentiellement des reprises. J’étais habitué à placer des notes, des solos et non à faire des rythmiques et ils m’ont dit que mon niveau était sympa mais que pour jouer dans un groupe, il fallait savoir faire des rythmiques ! Du coup, après la répète, j’ai acheté un Best-of de Chuck Berry et pendant une semaine, j’ai fait saigner mes doigts dessus. A la deuxième répète, je maîtrisais les rythmiques et cette première aventure musicale a duré cinq ans.

 

L'aventure "Stéphane Portelli" commence en 2001. Qu'est-ce qui vous a motivé à monter votre groupe en nom propre après Agathe Mulot ?
Certainement l’envie de véhiculer mes idées artistiques. Raconter mes propres histoires. Et j’étais peut-être aussi lassé des reprises.
Vous comptez maintenant quatre albums. Je vous propose de nous en dire un mot. Commençons par "Stéphane Portelli", qui sort en 2003...
Avant cet album, j’ai enregistré un CD deux titres (Mam et Tu peux compter sur lui) qui est sorti en 2001. J’ai participé à un tremplin à Marseille, au festival Avec le temps, à l’Espace Julien, où il fallait jouer un morceau de sa composition et un titre de Léo Ferré réarrangé. J’ai choisi Mam qui marchait bien en live et la chanson C’est Le printemps de Léo Ferré. C’était une valse et j’en ai fait un Jungle Beat, inspiré de Bo Diddley. J’ai gagné le tremplin avec mon groupe. J’ai ainsi eu un petit budget pour enregistrer un album. Le deal était d’y intégrer la reprise de Léo Ferré.
Ce CD deux titres et le premier album, ont été surtout un support pour démarcher et faire de la scène. Ce dernier a été enregistré et mixé en deux jours dans une église désaffectée investie par une association, dans un quartier de Montpellier. L’ingénieur du Son était Guy Simon (père d’Emilie Simon).

 

Tête En l'Air” (en 2006) ?
Avec l’expérience de la scène, cet album était un peu plus abouti, quatorze titres. Les arrangements étaient davantage travaillés et il n’a pas été enregistré dans l’urgence comme le premier. Les titres sont un peu plus éclectiques. Cet album, enregistré au Studio Solis Prod à Aubais (30), m’a permis de dépasser le réseau des scènes locales et d’avoir l’opportunité de participer à un festival au Québec.
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En 2011 vient “A bientôt sur les routes”...
L’élément déclencheur a été le tremplin national Milonga où j’ai été lauréat, ce qui a permis de financer totalement cet album. Il a été enregistré dans un très bon studio, dans le sud de la France à Pompignan (studio Recall). Pour cet album, il y a eu une nette évolution au niveau des arrangements. L’ambiance générale est plus posée, avec un travail sur les couleurs musicales. J’ai utilisé la guitare électrique bien sûr mais aussi la guitare folk, classique et le Dobro pour accentuer les différents styles abordés (sud-américain, irlandais, folk, rock…)

 

Enfin en 2018, votre quatrième album, "Sur le Fil". Il aurait pu ne jamais voir le jour ?
Oui, effectivement car suite à un grave accident, je n’étais pas sûr de pouvoir rejouer de la guitare. J’ai passé des moments difficiles mais, même si c’est relativement récent, je ne suis pas quelqu’un qui reste tourné vers le passé. Je regarde toujours devant, en sachant profiter du moment présent et cela m’a permis de rebondir assez rapidement.
 
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Cet accident dont vous avez été victime vous a-t-il amené à aborder la composition différemment ?
Il faut dire que ce quatrième album a été écrit en convalescence et pendant une période de grand doute, donc l’empreinte de l’accident est présente. Sachant qu’un album est toujours la photographie d’un moment… et celui-ci a duré neuf mois. Je me suis retrouvé face à moi-même et je suis naturellement revenu à mes premières influences musicales, le Blues et le Rock pour accompagner des paroles assez lourdes et poétiques à la fois.

 

Quels sont les musiciens qui vous ont accompagné “Sur Le Fil” ?
J’ai rappelé Vincent Declercq (batteur) qui m’accompagne sur les routes depuis 2011. Il y a une osmose musicale entre nous. On se connaît par cœur, c’est un ami. Il arrive à comprendre et anticiper mes pensées artistiques. Tout est fluide musicalement et c’est important car j’ai opté sur une formation en trio et il me fallait une personne sur laquelle je pouvais m’appuyer rythmiquement. Vincent était la personne idéale.
Je cherchais un bassiste qui colle parfaitement au jeu de batterie de Vincent et après des essais non concluants avec d’autres, c’est Patrice Gimenez qui est venu nous rejoindre pour compléter le groupe, quelques mois avant l’enregistrement de l’album.

 

Votre album est capable de séduire à la fois une audience Rock, des amoureux de guitare, mais aussi un public généraliste car c'est à la fois technique et catchy. Vous m'évoquez par exemple Paul Personne, Louis Bertignac, et même Matthieu Chedid sur le morceau "Sur le Fil"...
Merci pour la comparaison, ça me flatte. C’est sans doute que je partage leurs influences musicales, Led Zeppelin, les Rolling Stones, et Clapton période Cream. Pour la petite histoire, quand j’ai composé le morceau “Sur le fil”, je trouvais le chant trop grave. Plutôt que d’utiliser le capodastre et changer la tonalité, j’ai essayé le chant à l’octave, cette voix est arrivée et je l’ai gardée. Avec du recul effectivement, c’est une voix qui peut rappeler celle de Matthieu Chedid. Mais sur l’instant, je n’ai pas fait cette association.
Pour cet album, je voulais un son organique et très direct avec une guitare présente, d’où le choix du power trio, autant en studio que sur scène. J’ai laissé ma guitare acoustique dans son étui et ressorti mes Gibson Les Paul et 335, mon vieux Fender Deluxe reverb et mes pédales vintages. En studio, j’ai invité la violoncelliste Jade Neveux pour accentuer l’émotion sur trois titres. Enregistré au Studio Novason à Poulx (30), l’album “Sur le fil” m’a permis de renouer avec le Public.

Votre actualité dans les mois à venir ?

Des concerts où je revisite mes quatre albums, et en guest deux nouveaux titres du prochain opus.

 

Un opus en préparation ?
Effectivement, je finis de composer mon cinquième album, dont la sortie est prévue en 2021 pour mes vingt ans de carrière. Je travaille actuellement sur les arrangements avant de le présenter aux musiciens. J’ai déjà une petite idée du Studio où je vais poser mes guitares.
 
La chanson inavouable que vous écoutez en cachette ?
Un titre que je trouve excellent pour sa fraicheur et son parfum d’évasion : “Voyage en Italie”, de Lilicub. Pour l’anecdote, l’été dernier, lors d’un voyage en Sicile, un délire avec mon épouse : un petit clip improvisé de quelques secondes, diffusé sur Intagram et Facebook, dans une Fiat 500 de location. Italie oblige ! C’est certes différent de ce que j’écoute d’habitude mais pas franchement inavouable…

 

Merci Stéphane Portelli de m'avoir accordé cette interview.
Merci à vous et au plaisir de vous croiser sur ma route !
 
Le plat du jour : RED BEANS & PEPPER SAUCE

Le plat du jour : RED BEANS & PEPPER SAUCE

Le 24/02/2020

« Nous avons en chacun de nous, ancré au plus profond, ce côté Rock. »

Valeur sûre du Rock français, RED BEANS AND PEPPER SAUCE enchaîne les bons albums, avec un Mechanic Marmalade (2019) qui se pose en brillant successeur de Red (2017).
En attendant la tournée de printemps et au sortir d’un concert parisien, après l’interview de son camarade Laurent Galichon (guitare) réalisée en octobre 2019, Jessyka Aké (chant) a accepté de répondre à nos questions. Les Red Beans seront donc au menu chez Ahasverus...

 

          
Bonjour Jessyka Aké. Vous vous souvenez du tout premier album que vous avez acheté ?
Jessyka Aké : Off The Wall”, de de Michael Jackson.

Et du premier concert auquel vous avez assisté ?
C'était sur le tard, et c'était Madonna : “Confessions On The Dance Floor” à Bercy en août 2006.

Premier souvenir d'enfance qui vous rattache à une musique ?
Chopin nocturne No.9, Op 2 ! De quatre ans jusqu'à mes quinze ans environ toute ma jeunesse tournait autour de la danse classique que j'ai beaucoup pratiquée.

 
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Jessyka Aké par Denis Charmot

Qui vous a inoculé le virus de la musique ?
Peut-être mon père, certainement par ses gènes . Mais les meilleurs souvenirs sont avec ma mère, à nous balader dans une Coccinelle rouge et à écouter plein de musique sur son autoradio. C'était génial ! On chantait à tue-tête sur du Tina Turner, du James Brown... On comprenait rien mais on rigolait beaucoup ! Et aussi du classique : Beethoven , Chopin... Bref, de chouettes souvenirs ! (Rires)

 

Le chant, c'est quoi pour vous ? Un métier, une passion, un terrain de jeux, votre oxygène ?
C'est un peu tout ça ! Mon oxygène, mon sang ,mon cœur, ma vie ce qui me fait vibrer ! Une passion qui m'anime depuis mon enfance, un terrain de jeux que l'on arrive à transformer en métier. Que du bonheur !
 
Le chant  représente combien de temps dans une journée de Jessyka Aké ?
J'ai la chance d'avoir une super oreille, ce qui facilite beaucoup de choses pour la justesse. Mais à côté de ça, ce qui est intéressant, c’est de travailler la technique vocale. Le chant représente environ quatre heures par semaine. Je travaille avec Fanny Llado (Lady Fanny), qui est clairement l'une des meilleurs profs de technique vocale sur Paris et qui a le don d'aller puiser dans des ressources insoupçonnables et de te faire sortir des notes avec une puissance d'un autre monde sans te faire mal . Puis après il y a le travail perso, environ trente minutes d'échauffements par jour, sans compter la tonne de musiques diverses et variées que j'écoute et sur laquelle je ne m'empêche pas de chanter et de décortiquer. (Rires)
 
Etta James c’est qui pour vous ?
C'est La très grande dame du Rock et Rythm N’ Blues, Soul, Jazz, qui a inspiré et influencé bon nombre d'entre nous, et je rajouterais aussi Tina Turner qui est également pour moi une grande dame, pour qui j'ai le plus grand respect tant pour sa carrière que pour sa voix, son énergie de lionne sur scène, son vécu... Ce sont des femmes qui me donnent beaucoup d'énergie quand je les écoute.

Vous arrivez dans les Red Beans & Pepper Sauce en 2011/2012, je crois...
J'ai rencontré Laurent il y a huit ans. Après une brève audition j'ai intégré le groupe en reprenant les premières compos dans les débuts, puis par la suite c'est devenu une collaboration musicale me laissant créer les Line-up sur les derniers albums et pour certains titres. Parallèlement, j'étais dans différents groupes de musique amateurs de la région et je travaillais dans le milieu de l'enfance avec diverses écoles. Quand les choses se sont professionnalisées avec Red Beans, j'ai décidé de m'investir totalement dans le projet. Depuis, cinq albums sont nés, et en aucun cas je ne regrette ce choix, même si des fois ce n'est pas évident...

La musique des Red Beans, initialement Bluesy, se teinte de plus en plus de Rock...

Je pense que c'est ce parce que nous avons en chacun de nous, ancré au plus profond, ce côté Rock, même si nous sommes issus de différentes écoles. Nous avons tous cette rage, cette colère, l'envie de partager, de donner, de nous rencontrer à travers les différents groupes qui nous insufflent cette énergie aussi. Mais en France il faut toujours être dans l’actualité et ne rien lâcher .

 

 


Les critiques sont unanimes pour vanter les qualités de Mechanic Marmalade, votre nouvel album... 2020 serait-elle l'année du Haricot ?
I hope !

 
Mechanic marmalade red beans
L'album RED BEANS AND PEPPER SAUCE, Mechanic Marmalade (2019)
Parallèlement il semble assez difficile pour les groupes indépendants d'atteindre le public et de percer en France. Laurent Galichon disait quelque part qu'il fallait, en somme, aller chercher les auditeurs un par un, notamment à l'occasion des concerts...
Effectivement, il faut aller au cœur des gens, leur présenter notre projet, les embarquer avec nous dans notre énergie, de village en ville, de département en région et, en Europe, de cafés-concerts en festivals ou en clubs. C’est pour ça que j'aime le Live : tout prend son sens sur scène et dans les yeux du public !

D'ordinaire le chanteur porte la parole du groupe, cependant on vous voit assez peu en interview... La “volcanique” Jessyka Aké est-elle en fait l'archétype de la frontwoman discrète ?
Je suis plutôt d'une nature discrète, surtout en évoluant dans un milieu très masculin, ce qui des fois n'est pas évident. Mais, pour le coup, tout mon pouvoir prend plutôt effet en live ! Puis, ne vivant plus dans le Sud, il est compliqué de pouvoir être toujours disponible pour les interviews... Mais j'aime beaucoup cet exercice, et pour le prochain album je serai plus présente si on me le demande !

Le titre du répertoire des Red Beans que vous préférez ?
Sur le dernier album c’est difficile à dire : je les aime tous ! Mais si je devais en choisir un, ça serait “Holy Guest”.

 
Un souvenir de tournée particulièrement vivace ?
Je n'ai pas particulièrement de souvenir vivace... plutôt de belles rencontres et des découvertes musicales que j'ai pu faire au fil des tournées. Je pense à Manu Lanvin, Fred Chapelier, Ben Poole, Johnny Gallagher, Laura Cox , Dumbstaphunk , Earth Wind And Fire , Sarah Fish, Roy Hargrove, Martha High, etc. Chaque lieu, chaque découverte, chaque première sont une expérience unique qui m'apporte un shoot de bonheur et d'énergie.

 

 
Beans denis 1
RED BEANS AND PEPPER SAUCE par Denis Charmot

La chanson inavouable que vous écoutez quand vous êtes certaine qu'on vous verra pas ?
“When the rain begins to fall”, de Germaine Jackson et Pia Zadora ! (Rries)

Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru par les Red Beans ?
Un beau parcours avec de belles rencontres, de chouettes moments de partage, de jolis articles, du soutien, de l'amour, de la bienveillance, des rigolades, des kilomètres de bitume, peu d'heures de sommeil, des tonnes de sandwiches triangle (beurk !), des expériences, des leçons, des sourires, des encouragements... et que cela continue le plus longtemps possible !

 
Votre actualité dans les prochains mois ?
On se prépare pour les tournées de printemps et d'été.

Vos bonnes résolutions pour 2020 ?

Continuer à donner de la good énergie, continuer à kiffer et prendre de bonnes vibes. Bref : positive attitude !
 
 
JUNIOR RODRIGUEZ (Rock Psychédélique) - The Stellar Child

JUNIOR RODRIGUEZ (Rock Psychédélique) - The Stellar Child

Le 09/12/2019

« Je voulais revenir à ce qui me fait le plus vibrer dans la musique. »
Junior 1
Junior Rodriguez - Photographie © Albéric Jouzeau
Multi-instrumentiste, Junior Rodriguez a joué avec des artistes aussi divers que LoudBlast (“Disquieting Beliefs” sur l’album “III decades live ceremony”) ou Dick Rivers (“Mister D”). Il a côtoyé Dave Grohl et les Queens Of The Stone Age. On l’a également vu en Islande dans le road-trip “Starting Form Nowhere” à la recherche d’inspiration et de sons inédits.
En 2019, il s’impose avec “Stellar Dream”, une incartade solo qui trouve ses origines dans les 70’s et agrémente son Rock Psychédélique de touches modernes et subtiles.
La tête dans les étoiles, les pieds ancrés sur terre par de profondes racines... c'est une belle définition de Junior Rodriguez.
Voici son interview.
 

Bonjour Junior Rodriguez. Je vous propose de faire un bond dans le passé. A qui doit-on votre goût pour la musique ? Vos parents ou Thierry Guerrero ?
Junior Rodriguez :
Je dois le goût de la musique à mes parents, mais surtout mon grand Frère Duff. Quant à ma passion pour la batterie, elle me vient de Thierry Guerrero, un ami qui m’a vu naître et qui a mis la première fois mes petites fesses de trois ans et demi sur sa batterie, instrument que je n’ai plus jamais lâché.

 

Vous vous souvenez du premier album que vous avez acheté ?
C’était une compilation de la Motown ! Avec dedans les Jackson Five que j’écoutais en boucle. J’analysais tout ce qu’il se passait dans leur musique au casque...
Premier concert auquel vous avez assisté ?
Je crois que le tout premier concert que j’ai vu c’était Linda de Suza au Cirque d’hiver avec mes parents quand j’étais tout petit. Mais sinon celui qui m’a le plus marqué quand j’étais plus jeune c’était définitivement Pantera au Zenith pour la tournée Great Southern Trandkill. Un concert comme on n’en reverra très certainement plus…

 

Après avoir joué avec votre frère, vous montez votre premier groupe, «Inhatred». Ca reste apparemment un excellent souvenir…
Des souvenirs impérissables ! Mon frère jouait également dans ce groupe. On était jeunes, en pleine ébullition de la fin des 90’s et de tout ce qui sortait à l’époque. C’était vraiment une période de dingues : on osait tout, on n’avait peur de rien.
Junior loudblast
LOUDBLAST - III decades live ceremony (2017)
Loudblast, Inhatred, Sublime Cadaveric Decomposition, Betraying the Martyrs... On ne compte plus vos contributions comme musicien ou technicien. Faites-vous partie de ces hommes qui ne dorment jamais ?
Bien au contraire, j’essaye de dormir mes huit heures par nuit. C’est justement important d’être en forme pour tenir la cadence. Donc j’essaye d’avoir de bonnes nuits de sommeil, par contre la journée je suis très actif et je m’organise au mieux pour avancer tout ce que j’ai sur le feu…

 

Vous avez été amené à travailler pendant six ans avec Dick Rivers. Un mot ou une anecdote sur ce pionnier du Rock en France ?
Un mec sincère, entier et une bible du rock n’ roll…
Il m’a accueilli à bras ouverts autant sur scène que chez lui lors de ces délicieux repas concoctés par sa femme Babette, que j’adore. Des fois il me faisait écouter ses disques préférés dans sa Cadillac… j’ai re-découvert bon nombre de classiques comme ça grâce à lui ! Ses coups de fils intempestifs me manquent beaucoup…
 
Junior mister d
DICK RIVERS - Mister D (2011)
Vous participez à l'album "Mister D" et partez en tournée américaine. Les rencontres et les expériences de cette tournée ont-elles eu une influence sur vos choix discographiques postérieurs ?
Bien évidement. C’est pendant cette période - et surtout en travaillant avec Oli Le Baron - que mon idée de me lancer en solo à germé. J’ai également re-découvert un paquet de disques grâce à eux..

 

Dans le road-trip "Starting From Nowhere" vous partez en Islande - accompagné seulement du réalisateur Albéric Jouzeau et de Benjamin Loriou (drone) - chercher sons et inspiration dans votre environnement. Êtes-vous aussi à l'affut de sons dans notre quotidien surexposé ?
Oui je suis toujours aux aguets…

 


Starting From Nowhere” est une expérience humaine et musicale. Ce road-trip est-il une richesse pour l'avenir ?

Absolument, cela m’a d’autant plus donné envie de continuer à vivre de nouvelles expériences…

 

Stellar Dream” est votre nouvel album, le premier sous votre nom propre. J'ai pensé aux 70's en l'écoutant, et particulièrement à Black Sabbath, Alice Cooper, The Doors... Je sais que c'est une filiation que vous ne rejetterez pas. Mais si j'ajoute que j'ai aussi songé par petites touches à Sébastien Tellier, à Daft Punk et à Strapping Youn Lad, qu'en pensez-vous ?
Strapping Young Lad totalement ! Daft Punk pourquoi pas. Sebastien Tellier je ne connais pas ce qu’il fait…

 
Le clip Just LIke You a été tourné en Namibie, avec une équipe locale qui travaillait déjà sur “Rendez-vous en terre inconnue”. Souvenirs de tournages ?
Une aventure incroyable ! Une très forte rencontre avec le peuple Himba mais surtout avec Yepua, cette petite fille qui joue avec moi dans ce clip et avec qui nous avons passé une semaine ensemble, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Nous nous sommes liés d’un lien très fort ainsi qu’avec son père. Pendant le tournage, sa maman a mis au monde une petite sœur dont ils m’ont fait parrain et demandé de lui donner son prénom. C’était un moment très fort…
Junior stellar

Junior Rodriguez - Stallar Dream (2019)

“Dali was a liar”...Une envie de mettre de la peinture dans votre musique ?
Dali junior rodriguez
Salvador Dali (1904 - 1989) - John Peter Moore, ancien secrétaire particulier de Salvador Dali, avait révélé avoir eu l'idée de faire signer au maître des feuilles en blanc qui seraient imprimées ultérieurement. Dali en aurait ainsi signé quelque 350 000, pour le prix de 40 dollars l'unité.
(Source La Croix)
Tout à fait ! Mais surtout de rendre hommage à mon peintre préféré. Je viens de l’art à la base, ayant eu la chance de pouvoir faire des études d’arts au lycée. Je me suis passionné pour Dali et Magritte…
Cette chanson fait référence à un documentaire très rare sur la collection de «Faux» de Dali. Ce texte est une discussion entre Dali, ses disciples et ses détracteurs qui tenaient des débats très endiablés le concernant…

 
Avec le road Trip "Starting From Nowhere" et votre album "Stellar Dream", on a l'impression qu'ayant commencé par la musique extrême vous aviez envie d'un retour aux sources déjà initié par les albums "Welcome Home"...
C'est exactement ça : je voulais revenir à ce qui me fait le plus vibrer dans la musique...
 
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JUNIOR RODRIGUEZ, Welcome Home (2014)
En musique être autodidacte est une liberté ?
C’en est une, c’est vrai. Même si par moments je me dis que j’aimerais bien savoir lire la musique pour pouvoir communiquer plus facilement avec certains musiciens. Mais je m’y mets doucement ! J’arrive maintenant à mettre des noms sur la majorité des accords que je joue…

Vous vous êtes mis au piano et vous aimez jouer du violoncelle... Que de perspectives pour de futures compositions !
C’est exact ! On va voir ce que ça va donner pour la suite... mais j’ai envie d’aller plus loin, de me dépasser.

 

Qu'allez-vous faire dans les mois à venir ?
Les mois à venir vont être focalisés sur le live. On espère tourner le plus possible en 2020 pour défendre ce disque. Et en parallèle de belles choses se précisent avec mon frérot Waxx également… Disons que 2020 s’annonce comme une belle année si ça continue comme ça...

Merci Junior Rodriguez de m'avoir accordé cette interview.
Merci à toi
      
Junior glace
Junior Rodriguez - Photographie © Albéric Jouzeau

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Les photographies de Junior Rodriguez présentées sur cette page sont d’Albéric Jouzeau :
http://www.albericjouzeau.com/
Junior Rodriguez sera en concert le 24/01/2019 à Issy-Les-Moulineaux ( Espace Icare ) avec The Psychotic Monks.