Chronique d’Album : MOBIUS (Metal Prog’), Kala (2020)
Chronique d’Album : MOBIUS (Metal Prog’), Kala (2020)
Le 21/02/2020
Groupe : Mobius
Album : Kala (01/2020)
Genre : Metal Prog’
Origine : Île de la Réunion/Lyon
Le Groupe :
Mobius est un groupe de Metal Progressif né en 2012 sur l’Île de la Réunion dont sont originaires Adrien (batterie) et Guillaume (claviers).
A propos du choix du nom de sa formation, Adrien explique dans une interview de 2016 : “«Mobius», c’est moi qui l’ai proposé. On cherchait un nom, et on voulait quelque chose d’efficace et de facile à retenir. Le ruban de Möbius est utilisé pour représenter l’infini, et c’est une forme géométrique complexe qui peut nous pousser à nous questionner sur plein de choses. On a trouvé ça classe, cool, et au final, c’est assez cohérent avec le style qu’on fait.”
(source : http://www.magicfiremusic.net/2016/10/25/interview-mobius/)
Rejoignant Lyon pour leurs études, Adrien et Guillaume rencontrent Héli (chant).
Xavier (guitare) et Alexandre (base) complètent le line-up actuel.
En 2013 Mobius enregistre une démo trois titres.
En 2016, les Lyonnais sortent leur premier album, “The Line”.
La technique d’Héli (que vous pouvez également écouter dans son side-project OLANE) est soulignée dès ce premier album :
“Heli nous guide à travers les dédales de ces compositions avec cette façon incroyable de poser sa voix de manière particulière et parfois totalement inattendue.” https://www.lesuricate.org/mobius-the-line/
“Kala” est un neuf pistes pour 44 minutes 37.
Son artwork est signé Above Chaos.
“Kala” est un mot sanskrit qui signifie “Temps”.
Empreint de spiritualité, l’album est une réflexion sur le passage de vie à trépas. Son sujet a été inspiré par le décès d’un proche de la chanteuse Héli. L’album lui est dédié.
Les paroles sont écrites essentiellement en Anglais. Les titres des chansons, ainsi que certains passages, sont en sanskrit. Pour une meilleure maîtrise de cette langue, Mobius a sollicité Kathir Aryaputra, chanteur et bassiste de la formation singapourienne Rudra. Il partage avec Héli le chant sur la septième piste de l’album.
Mobius a mis en ligne plusieurs publications dans lesquelles Héli explique, en Anglais et en Français, la naissance et l’intention des chansons du nouvel album. Shahira, Bhati, Abhinivesha et Akasha sont ainsi décortiquées dans la rubrique Articles de la page Facebook du groupe : https://www.facebook.com/pg/mobiusofficialband/notes/?ref=page_internal
Sur cet opus, Héli s’est notamment essayée au Konokol, un chant rythmique traditionnel originaire d’Inde. On y entend aussi du chant long mongol, ou des touches de chant diphonique.
A propos des influences orientales de l’album, le claviériste Guillaume expliquait à Hard French Metal : “Quand Adrien a proposé les trois premières chansons inspirées de l'hindouisme et de la musique indienne, tout le monde a accepté de suivre cette direction car c'était un territoire inconnu et inspirant pour nous tous (en termes de voix, de techniques de composition, et d'instruments).”
C’est Guillaume et son clavier qui se sont chargés de donner une coloration indienne à l’album en utilisant les sons du sitar, des tablas,du ghatam et du mrindangam (notamment sur Mukti), de la vînâ (notamment sur Agni), du santour et du dulcimer. Le duduk, déjà présent sur The Line, fait son retour sur Kala.
Kala est représenté par trois clips : Abhinivesha, Bhati et Akasha.
Ces données objectives précisées, voyons maintenant...
Les Critiques :
“Kala est sans aucun doute l’album le plus original et le plus intéressant de ce début d’année.” https://www.musicwaves.fr
“Mobius n’a aucune limite, tout au moins ne s’en impose pas, livrant un album riche, à la perfection presque clinique, et qui a su intelligemment incorporer ce petit quelque chose de délicat qui fait du combo un incontournable du genre.” https://amongtheliving.fr/chronique-album/mobius-kala/
Trouvant son inspiration dans l’exploration des musiques du monde, Mobius franchit un cap et bâtit avec “Kala” un phare qui impose son style, éclairant une certaine direction du paysage progressif français. Créativité, Talent, Technique, Audace, les Lyonnais cumulent des qualités qui forcent l’admiration. Leur intelligence musicale leur fait ciseler en orfèvres un album original, intense et homogène ; “Kala”, manifeste d’un groupe en plein essor, est la confirmationpuissance dix des espoirs placés dans son prédécesseur “The Line”. La scène Prog’ française compte donc désormais un ténor de plus et un ambassadeur sérieux à l’international.
Quant à nous, on adhère, on adore, notre seule incertitude restant sur le continent vers lequel les Mobius s’ingénieront à nous entraîner dans leur prochain opus. On s'en réjouit d'avance. En attendant, découvrez “Kala” : il est magistral et donc indispensable !
Ahasverus : On sent dans Abhinivesha des influences orientales. On y trouve des chœurs masculins syncopés, et de nombreuses sonorités différentes. Dans quelles contrées êtes vous allés puiser votre inspiration pour écrire ce titre ?
Héli (Chant) : J'écoute beaucoup de musiques du monde, et je m'intéresse particulièrement aux différentes façons d'utiliser la voix. Je m'initie à différentes techniques, comme par exemple le chant long mongol, le chant diphonique, ou amérindien. J'aime varier les registres. Dans cette chanson, le chant saccadé dont tu parles est le konnokol. C'est un chant rythmique qu'on retrouve en Inde. C'est mon batteur qui me l'a composé ! L'intérêt est de faire une phrase musicale où le chant et la batterie sont vraiment en symbiose. Très calé, purement rythmique. Je fais les chœurs moi-même, mais j'aime varier les timbres. Je trouve ça génial que tu aies pensé qu'il y avait des voix d'hommes... Mais il n'y en a pas !
Ahasverus : Abhinivesha est un terme sanskrit. Dans le yoga, il se réfère à l'attachement à l'existence et la peur de mort. Que raconte cette chanson ?
Héli : Dans cette chanson, j'imagine le moment où l’on passe de la vie à la mort, et je fais un arrêt sur image à cet instant précis. Toute la chanson se situe donc dans une fraction de seconde. L'an dernier, j'ai été touchée par le décès du père de ma sœur. C'était un homme solitaire qui se savait condamné à court terme. Il est mort seul dans son appartement, et son corps a été retrouvé plusieurs jours après. Quelques jours avant qu'il décède, je recueillais ses confidences, et la semaine suivante, j'allais reconnaître son corps... J'imagine ce qu'il a dû vivre au moment où il a senti son cœur s'arrêter. Est-ce qu'il a eu mal ? est-ce qu'il a lutté ? Est-ce qu'il a vu sa vie défiler ? Comment a-t-il perçu le temps à ce moment là ? Il est peut-être tout simplement parti dans son sommeil, sur plusieurs heures, tranquillement, sans se poser de questions... Mais je me demande jusqu'où la conscience travaille. Donc la peur de la mort, l'attachement au monde physique... Abhinivesha !
Ahasverus : Avez-vous utilisé des instruments particuliers pour renforcer le côté "ethnique" de ce morceau ?
Guillaume, (claviers) : Après avoir exploré un Metal plutôt Epic/Symphonique avec The Line, nous voulions nous diriger pour la suite vers quelque chose de plus “organique”. Abhinivesha puise ses sonorités du côté de l'Inde en premier lieu, bien qu'aucun d'entre nous n'y ait (encore) jamais mis les pieds ! Nous souhaitions effectivement donner une touche orientale bien plus prononcée, et la musique indienne est d'une telle richesse - rythmiquement, vocalement, harmoniquement, l'ambiance, les instruments propre à cette culture - qu'elle s'impose assez vite comme inspiration. C'est aussi la musique du monde oriental qui est la plus ancrée dans la culture populaire, plus que la musique traditionnelle chinoise ou mongole par exemple. Mais il n'y a rien de délimité, ce ne sont que des “influences orientales”. Nous n'avions pas pour objectif (ni le savoir nécessaire) de mélanger strictement Metal et musique indienne. L'Inde est peut être la contrée qui vient à l'esprit en premier grâce aux instruments, (sitar, mridangan, tablas, santoor), et aux arrangements vocaux mis en valeurs. A côté de ça, il y a aussi des instruments qui ne sont pas propres à la musique indienne, mais dont les sonorités se mariaient parfaitement avec le reste du morceau (le dulcimer par exemple). L'enjeu restait de bien doser l'ensemble, de faire un morceau avec une vraie couleur, sans pour autant noyer les arrangements sous une quantité d'instruments du bout du monde.
Groupe : Wyvern
Origine: Toulon (FR)
Album: RADIATIONS (18/03/2022) - Chronique d'album
Genre: Rock Progressif, atmosphérique, Cinématographique
Label : Whormholedeath (Italie)
Par Dam'Aël
WYVERN : LE GROUPE
Wyvern!?... Est-ce cette envie de voguer sur les eaux du Metal Progressif à l'instar de ce magnifique 2 mâts norvégiens du même nom de 1897 naviguant sur les eaux nordiques, ou la nostalgie de certaines radios nées dans les années 80 avec notamment celle qui diffusait dans le Herefordshire et la Worcestershire, qui a motivé ces quatre jeunes Sudistes à choisir ce patronyme. A priori pas du tout! La tramontane, le poulen, le ponant, le mistral ou encore l'aguieloun soufflent dans la rade de Toulon et ramènent quelques souvenirs... celui d'un ancien groupe dans lequel le papa de Laurent et Aurélie tenait place. Un formatage paternel, affectif mais pas que... est à l'origine de cette histoire.
Wyvern s'est formé en 2016 dans la région du Var (83) avec une envie puissante de donner une suite logique à leur formation artistique. Tout droit sortis du Conservatoire TPM de Toulon, Julien Wetterwald * à la guitare et au chant, Aurelie Martin ** à la basse, Laurent Martin *** aux claviers et Alexandre Prs **** à la batterie s'essaient à un style de Rock progressif y associant des sonorités Metal teintées d’électro.
* étudiant au conservatoire de Toulon depuis l'âge de 6 ans, Julien obtient un Brevet d'Études Musicales (BEM) de solfège en 2013 avec Mention bien puis un BEM de guitare en Mai 2018 avec Mention très bien et les félicitations du jury. Actuellement en fin de cycle du cursus de guitare en "Musiques Actuelles" il a comme objectif de devenir enseignant au conservatoire.
** Aurélie : BEM classique en solfège / BTS Design Graphique communication des medias numériques
*** Laurent : BEM classique en piano et solfège / DUT MMI (metier du multimédia et de l'Internet) / LP TSI (license pro techniques du son et de l'image) / en train de passer le CEM classique en piano
**** Alexandre : en cours d'ontenir le BEM musique actuelle en batterie et solfège
Wyvern devient lauréat du tremplin Classeurock qui le propulse sur la grande scène du cours Mirabeau à Aix-en-Provence en 2017 pour la fête de la musique en première partie d'Aqme et Blazing war machine. Il est vainqueur du tremplin Rockavalaire en 2018 et sélectionné par RTL2 pour la fête de la musique 2019 à Saint Raphaël...
2021 est une année importante dans le cursus du quartet avec cette signature sur le label italien Whormholedeath.
En Novembre 2019 le premier clip du groupe (réalisé par Nicolas Fournier ) illustrant le titre Moonshine de leur EP est diffusé sur YouTube
Ils reviennent en 2022 pour leur second opus RADIATIONS.
L'ALBUM : RADIATIONS
Présenté en version digipack le 18 mars 2022, les 7 titres de la galette Radiations délivrent près de 40 minutes de Metal Progressif qui joue l'alliance entre la musique et le 7ème art. " Notre communauté et nos auditeurs nous disent généralement que nous sonnons comme un mélange de Muse, Pink Floyd, Dream Theater et Devin Townsend. Le son Wyvern a été façonné par un large éventail d'artistes et de genres musicaux, mais surtout des groupes comme Leprous, Muse, Porcupine Tree, Devin Townsend, Haken, Avenged Sevenfold, Dream Theater. « Nos influences viennent des différentes musiques que nous écoutons, ça peut être des groupes ou des artistes solo, de différents genres musicaux. Il peut également s'agir de films, de séries ou de jeux vidéo. " dixit le groupe.
C'est la raison pour laquelle ils ont donné vie à l'histoire narrée dans leurs chansons à travers une petite série de 4 vidéo-clips cinématographiques, 3 réalisés sous la direction de Nicolas Fournier et un, sous la collaboration de Elisa Lecourtois pour l'animation du titre Amnesia, clips qu'ils ont diffusés du 18 février au 11 mars avant la sortie officielle de l'album. Ceci a été possible grâce à une contribution-crowdfunding largement atteinte via Helloasso.
Le travail de composition et d'écriture des textes est réalisé pour une grosse partie par le claviériste Laurent, multi-instrumentiste à la productivité assez exceptionnelle. S'il fallait inventer le bouton off-humanoïde, ce serait forcément pour lui. Initiant les titres soit à partir de riffs de guitare, soit à partir de ses claviers, ou encore prenant comme support des banques de sons préexistants qu'il transforme pour leur donner une version plus identitaire, le plus gros du travail est ensuite présenté aux autres membres pour un peaufinement jusqu'aux moindres détails.
Fidèle au Studio Art Music (83), c'est Sébastien Camhi qui s'est occupé du travail d'enregistrement et du mixage des pistes. Le mastering a été confié à Kai Stahlenberg du Kohlekeller Studio (Seeheim-Jugenheim) en Allemagne. Quant à l'artwork, c'est la cinq-cordiste Aurélie qui s'est fait plaisir en réalisant le dessin de la pochette et Nicolas Fournier qui a mis la touche finale sur le design du titre de l'album.
Tracklist:
01. Radiations (8:02)
"Radiations est un long morceau d'introduction qui retranscrit à travers les yeux d'une personne (Adam), l'arrivée de Radiations dans un monde paisible. Il est seul à survivre à ce cataclysme, sans comprendre pourquoi... Comme s'il était voué à survivre seul dans ce monde dévasté".
C'est dans un univers d'arpèges électro-acoustiques que s'ouvre le parcours d'Adam et le nôtre dans Radiations. Le synthé et la batterie s'invitent à mi-distance dans la 3ème phrase musicale de cette longue introduction instrumentale, rejoints en 8 temps, 2 mesures par une basse lourde et sombre. Un duo basse / batterie qui donne une couleur inquiétante à ce tableau musical et au nouvel environnement d'Adam. Le chant clair et mélodique est supplanté par un scream soudain et violent. On note l'intervention de Alan Dufrêne pour les screams du titre, uniquement sur l'album (ce sera aussi le cas sur Amnésia et The Traveler). Un morceau au décor changeant dont le rythme se module tout au long de ces 8:02.
02. Amnesia (5:27)
" Le morceau « Amnesia » est un long rêve de notre protagoniste « Adam » qui essaie tant bien que mal de trouver un moyen d'échapper à ce nouveau monde sans espoir. Le monde réel ayant été dévasté par les radiations, Adam se réfugie dans ses rêves pour y créer son monde. Au début, tout va bien pour lui, il se découvre des pouvoirs de création qu’il n’avait pas dans le monde réel, il y découvre des paysages d’une pureté qu’il ne croyait jamais revoir. Mais plus son rêve avançait, plus il devenait instable et dangereux, jusqu’à ronger Adam de l’intérieur et ne plus lui permettre de se réveiller. "
Amnesia est plus électronique, plus moderne. Ses sonorités relèvent de ces musiques de dessin animé confirmées par l'animation-clip proposée le 18 février par Elisa Lecourtois pour supporter cette deuxième piste. Le chant de Julien, très varié, propose des nuances très basses, parfois plutôt pop, sur fond plus délirant. Le passage screamé assuré par Alan apporte ce côté angoissant au stress rencontré par Adam, en opposition avec les passages mélodiques chantés en voix claire par Julien. Les structures sont travaillées, recherchées et les sonorités plus électroniques contrastent avec ses passages plus classiques de l'interlude guitare/synthé aux environs des 4 minutes.
03. Black Medicine (5:52)
" Dans « Black Medicine », on assiste à la guérison de Adam et à l’extraction de son rêve dans lequel il est resté enfermé "
En trois pistes, on ne peut que constater la capacité qu'a Julien à nous proposer des tableaux vocaux très variés, contrastés et très différents d'un titre à l'autre ; mais aussi la capacité générale qu'a le groupe à plaquer une inventivité et une inspiration très redoutable. Top départ avec Aurélie à la basse, Black Medicine dévale la piste des sillons à un tempo plus rapide que les précédents, sans omettre d'y intégrer des plages plus modérées qui ne s'éternisent pas. Très dynamique, très Prog et tout autant inspiré que ce début d'album. Il semble évident que cet opus s'est engagé à nous proposer de la matière et de la belle matière pour nos oreilles! La technique est une base solide chez Wyvern au même titre que l'inspiration. Toujours dans le cadre de la promotion de Radiations, un clip a été mis en ligne le 25 février, réalisé par Nicolas Fournier.
04. The Race (5:14)
" Dans « The Race », Adam tombe sur une civilisation d’un nouveau peuple vivant sous les radiations. Ils perçoivent Adam comme un étranger ou même comme un monstre, différent de par son apparence et ses vêtements. Nous avons vraiment voulu marquer et illustrer cette différence en habillant tous les habitants de cette même civilisation exactement de la même manière. "
Morceau très syncopé, jouant la magie d'un duo basse/batterie efficace, batterie qui se lâche en proposant des patterns énergiques aux débits galopants et aux sonorités particulières. Introduit par le clavier, ne ratez pas à 2:32 ce passage épique de percussions dont je vous précise l'anecdote. Sébastien tenait à ajouter des percussions supplémentaires dans ce titre ; l'idée était de faire intervenir en guest Les Tambours du Bronx. Malheureusement, la formation de Varennes-Vauzelles (58) n'a pas donné suite à cette demande. Vraiment dommage car ils auraient apporté une touche supplémentaire à la sculpture musicale des Toulonnais. Sébastien et Wyvern ont su réagir en réalisant un simulacre fait-maison qu'on pourrait nommer " Les Tabourets du Bronx de la rade de Toulon"... on apprécie aussi le jeu sur le Sharley, le piano énigmatique et ce solo de guitare magnifique et très technique.
Sortie du clip le 4 mars :
05. Acceptance (1:49)
Arpèges et bruits étranges constituent cet intermède qui signe une certaine résignation que les plages de synthé très atmosphériques complètent magnifiquement. Mais un rebondissement n'est-il pas possible? Acceptance pourrait être l'intro de Fading Fear.
06. Fading Fear (4:44)
" Après avoir compris qu’il n’avait aucune chance de s’intégrer dans ce monde, Adam se résigne alors à le quitter. C’est ainsi que commence « Fading Fear », où on voit Adam seul avec ses pensées suicidaires. Au moment de passer à l’acte, il fait un étrange rencontre. Sa femme de sa vie d’antan l’a retrouvée. Tous les souvenirs d’Adam revenaient à lui. "
Morceau plus jazzy et dansant sur base de ternaire me semble t'il, où la basse prend les sonorités d'une contre-basse jazz. Chagrin, amour, mélancolie, beaucoup d'émotions.. On nous invite dans un doux tourbillon à valser en mid-tempo sur un dénouement plus positif et joyeux. Tout est splendide musicalement : claviers, basse, batterie, guitare, chant. Nicolas Fournier nous délivre des craquements de vieux vinyls et ceux de vieilles bandes de film. Fading Fear sera le quatrième et dernier video-clip avant la sortie de Radiations.
07. The Traveler (9:10)
" "The Traveler" désigne Adam. C'est une sorte de rétrospective sur tout son parcours, il regrette la vie d'avant les Radiations (il se raccroche à tous les souvenirs de cette vie paisible) et maudit son destin tragique. On aime à penser qu'il se juge lui-même, comme s'il se voyait à la 3ème personne. Ce point de vue à la 3eme personne marque son impuissance dans toute cette histoire, c'est le destin qui l'a amené ici, tel un scénario de film déjà écrit. "
A l'instar du titre qui ouvre l'opus, The Traveler s'annonce sur des notes de guitare électro-acoustique sur lesquelles Julien pose un chant mélodique qui monte en hauteur et en puissance. Le relai est pris par Alan pour un chant plus musclé et screamé porté par une session rythmique plus agressive. Le voyage est changeant, passant d'une rive douce et calme à l'autre plus énervée et puissante : un Progressif moderne qui suit l'imagination du groupe, son émotion, fidèle à la veine de Radiations tout au long de ses 40 minutes.
Notre avis:
"Radiations" est un véritable projet artistique comme on aimerait en avoir plus souvent. Très intense par la qualité de ses compositions, léger crossover des genres mais surtout grand mélange des styles sur trame de pur Progressif moderne, voila comment on pourrait décrire l'univers musical du quartet dont l'originalité est l'introduction plus massive de sons électroniques divers et très variés. La guitare, les claviers,les synthé apportent les couleurs à ce tableau qui couvre un spectre très large de variations sonores, parfois lyriques, parfois symphoniques ou encore jazzy. "Radiations" présente le génie de ce jeune groupe rempli de talent. Leur travail est sculpté jusqu'au détail le plus microscopique, alliant émotion et inspiration. "Radiations" joue l'explosion des nuances, des énergies, de la diversité. L'inspiration irradie ses 7 titres et le talent rayonne tout au long de ses 40 minutes. Contamination totale et absolue avec un pronostic des plus sains et vivifiants. Le traitement aux résultats garantis est assuré. Quant aux effets secondaires, ils sont imparables et irréductibles: l'achat instantané de l'objet et la course folle aux lives proposés par le groupe. La dose de rappel est quotidienne et acceptée à une très large majorité.
A noter que si sur l'album les screams sont exécutés par Alan Dufrêne, Julien a travaillé et continue son travail vocal. Pour avoir vu le groupe en concert, Julien assure avec panache les envolées vocales, les tessitures de basse sans support technique annexe et les quelques screams qui jonchent cette fresque vocale.
La structure des morceaux est complexe, parfois réalisée en 7/8, 5/4, en contre-temps et aux débits différents sur des tempi qui peuvent fluctuer au gré des émotions dégagées. Alexandre a mis en évidence un excellent travail d'interprétation et d'exécution sur les toms, la grosse caisse et ses deux caisses claires. Aurélie manie les 5 cordes de sa basse avec beaucoup de talent, excellant dans le slapping sur certains des titres. En plus du chant, on reconnaît la technique sur les 7 cordes de Julien qui sait donner l'intensité et les émotions aux soli de chaque morceau. Et pour finir, on constate une énorme capacité de la part de Laurent à composer, à imaginer, à transcrire, à créer avec aisance et beaucoup de subtilité du Prog de grande qualité ; l'étoffe d'un grand compositeur.
Le talent de Wyvern est un véritable Talent qui mérite une exposition médiatique de plus grande envergure, qui devrait les amener jusqu'aux scènes internationales du Progressif, tant le niveau de ces jeunes est incontestable. En plus d'une grande générosité doublée d'une certaine humilité, une maturité grandissante ressort de ce nouvel opus, maturité qui est très loin d'avoir atteint le high level car "les petits étalons" en ont encore beaucoup sous leurs sabots.
Ceci n'engage que moi mais j'imaginerais très volontiers un concert de belle envergure proposant Wyvern et LAG I RUN: vague de talent dans la rade de Toulon.