Tandis que The Losts, dont il est le chanteur/guitariste, prépare son second album , nous sommes allés interroger YCG sur sa carrière et son travail. Voici son interview, réalisée par Ahasverus.
Bonjour YGC. Je te propose pour commencer un saut dans le passé. Premier souvenir musical qui se rattache à ton enfance ?
Salut Ahasverus ! Merci pour cette invitation ! Je ne sais pas s’il s’agit réellement de mon premier souvenir mais j’en ai un très fort et déjà formateur qui me vient tout de suite à l’esprit. Quand j’étais petit, chez mes parents, il y avait une chaîne Hi-Fi dans le salon. C’était le dernier cri : vinyle, double K7 et même lecteur CD ! Souvent, le dimanche matin, mes parents passaient un disque. Je nous revois dans ce salon, en famille, au rythme de la Folk (Malicorne, Tri Yann, etc), du classique (Haendel, Stravinsky…), et surtout du Rock 70’s : Jimi Hendrix, Pink Floyd, Genesis… je pense y avoir trouvé une sensibilité assez tôt et je remercie mes parents pour cela ! Bon, bien sûr, j’avais aussi mes cassettes de chansons pour enfants… c’était un peu moins Rock’n’Roll !
Mon frère (DGC, Guitare/Clavier/Choeurs/Design dans The Losts) et son groupe de l’époque ! J’étais déjà fan de son jeu mais il aura fallu des années avant qu’on envisage de faire de la musique ensemble. Après cela, ça a été Paradise Lost à Lille. J’avais quinze ans, j’étais déjà âgé !
J’ai commencé le cor d’harmonie à sept ou huit ans. J’en ai fait pendant trois ans. Maintenant je me dis qu’il s’agissait peut-être de mon premier contact avec le Metal... Le cor, c’est brutal comme instrument ! Et puis DGC s’est mis à la guitare dans la chambre d’à côté. J’ai assez vite remarqué que c’était plus cool !
Ah la mandoline, c’est la finesse ! J’aime sa particularité : le son cristallin qu’elle dégage, la précaution avec laquelle il faut la pratiquer, le symbole qu’elle représente aussi... Et puis c’est un instrument qui a une personnalité assez timide mais marquée, qu’on retrouve autant dans les symphonies de Mahler, de Prokofiev, que les concerti de Vivaldi, le bluegrass, la folk ou encore la musique de John Paul Jones (Led Zeppelin). J’en ai deux modèles, une tchèque acoustique et une Fender électroacoustique, celle avec laquelle j’ai enregistré «Lema Sabachthani» sur «... Of Shades & Deadlands». L’idée était d’apporter une approche différente dans un morceau de Metal et d’utiliser l’instrument dans un contexte autre que celui dans lequel on a l’habitude de l’entendre. Il y aura peut-être une autre surprise dans le prochain album !
Je me vois bien hurler du Megadeth, du Dio, du Angra dans ma chambre d’ado, mais ça me paraît un peu flou... J’avais déjà entrepris de faire quelques backings avec le groupe dans lequel j’étais guitariste, mais j’ai véritablement décidé de prendre les devants de manière tardive vers 2006, en montant Frugins, un duo de Classic Rock/Blues sur Amiens. Cependant mon premier acte public derrière un micro s’est fait quand j’ai dit «oui» à ma merveilleuse épouse ! Nous avions monté un groupe pour l’occasion en interprétant du Kiss, du Dio, du M, du Placebo, et même du Starmania !
Le premier véritable groupe avec lequel j’ai joué s’appelait Bah-Rock (notez le formidable jeu de mots, on n’avait pas peur !). C’était vers 1999. Je tenais le poste de guitariste et nous pratiquions une sorte de Heavy symphonique instrumental pas très net... il n’y avait rien de bien carré mais on était assez contents de nos compos ! On y trouvait déjà GGV (ex-The Losts), mais aux claviers. Le groupe a vite évolué en Elixir avec l’arrivée de JCR (The Losts) à la batterie. GGV s’est mis à la basse et nous avions une chanteuse lyrique. On reprenait notamment « Cult Of The Shadow » de Therion.
J’ai une poignée de chansons enregistrées et de captures live de mes précédents groupes (Elixir, Nexus Polaris, Frugins, NP Project) mais tout ça est resté à l’état de démos. The Losts marque effectivement mes premières apparitions officielles sur disque.
Je le réécoute avec plaisir, j’aime effectivement cet éclectisme qu’on a su y mettre. Il y a des choses qu’on ne referait pas de la même manière, c’est d’ailleurs ce qu’il se passe avec le nouveau disque, on a pas mal appris depuis… Mais «… Of Shades» est le témoignage d’une époque et on y avait mis beaucoup de cœur. Il a permis d’affirmer une identité qui transparaissait nettement moins sur «No God, No Devil». Nous voulions cet album old-school, assez live dans son rendu. Je pense qu’on y est arrivé. Le prochain sera davantage travaillé sur le plan du son.
On ne pensait pas être confronté à ça, simplement car on ne se voyait pas faire les choses autrement qu’à quatre. La stabilité du line-up était quelque chose d’important pour nous et nous nous connaissons tous depuis très longtemps. Mais il faut savoir accepter les chemins que chacun souhaite emprunter. Bien sûr, le confinement n’a pas facilité les choses mais nous avons fait des auditions vidéo et nous avons trouvé notre perle rare en la personne de PPG, excellent et versatile bassiste que nous avons présenté il y a peu sur les réseaux. Nous espérons maintenant pouvoir vite fouler les planches en sa compagnie !
Entre le changement de line-up et la période de confinement, les choses ont été un peu ralenties. Mais ça y est, nous lançons le mixage et je sens bien les choses. Mais nous ne l’aurons pas avant l’automne, je pense, car nous voulons prendre le temps de préparer sa sortie. Nous sommes très satisfaits des titres qui le composent, des arrangements travaillés. Il a des facettes plus Thrash et d’autres plus Doom que le précédent album mais toujours cette identité Dark/Heavy. L’artwork est également en cours et, si nous adorons le travail que Stan W. Decker avait réalisé pour « ... Of Shades & Deadlands », le style sera très différent ici. Nous avons hâte de révéler ses secrets et surprises au fur et à mesure.
Merci une fois encore pour la référence. Si je ne cite pas Rob dans mes influences principales, il fait tout de même partie de ma construction musicale ; il est tout simplement incontournable pour tout métalleux qui se respecte. Après, sans prétendre me hisser à sa hauteur, je comprends le rapprochement car j’use de techniques proches. Tu cites Angra, et là on touche au divin : Andre Matos ! Même si ça ne se ressent pas car je n’ai pas son timbre, ni son approche, il reste mon influence majeure. A ses côtés, on trouve dans mes héros : Dave Mustaine, Snowy Shaw, Blaze Bayley, King Diamond, Ozzy, David DeFeis, Fernando Ribeiro... J’allais oublier une grosse influence : Tilo Wolff de Lacrimosa ! J’aime les voix un peu particulières, qui ont une personnalité. Côté guitare, je reste un inconditionnel de Mustaine toujours, Yngwie Malmsteen, Michael Schenker, Jon Schaffer...
Quand je me suis véritablement lancé dans le chant, j’avais quelques problèmes de placement de la voix. J’ai donc pris des cours de chant lyrique avec un professeur baryton de l’Opéra de Lille. De mon côté, j’essayais de lui faire découvrir du Dio, mais malgré le nom, ce n’était pas assez italien pour lui ! J’ai également fait un peu d’orthophonie pour le travail du larynx. De ce fait, j’ai quelques exercices de souffle et de placement du timbre, que je réutilise surtout avant les moments d’endurance (concerts et studio).
Et bien, comme dit juste avant, un peu de chant lyrique, mais aussi du Rock, de la chanson française. Mais je n’éprouve jamais autant de sensations fortes que lorsque je pousse vraiment la voix !
Merci d’ailleurs pour ton retour sur ce petit travail de confinement !
Je voulais me frotter à une cover sur la période. J’ai assez vite pensé à Ozzy car c’est un registre assez évident pour moi mais je ne voulais pas enregistrer un grand classique. Son dernier album, bien que controversé chez les fans, m’a beaucoup séduit. J’y ai trouvé une expression testamentaire et rédemptrice touchante. Mes filles aiment fredonner régulièrement «Under The Graveyard»... J’aime la force émotionnelle qu’il dégage. Alors, il n’y avait pas besoin de réfléchir plus loin !
Oui, bien sûr ! J’avais quatorze ans et quelques mois de guitare dans les doigts. J’étais super triste parce que mon rat était mort, alors j’ai composé «Death Is Liberation».... On n’en fait plus des titres comme ça ! C’était un morceau sur deux cordes. J’ai encore la partition griffonnée au crayon de bois quelque part.... un collector !
Franchement pas mal ! Je me suis remis un peu au dessin. J’ai travaillé des morceaux de Schenker ou Malmsteen à la guitare. J’ai mis en ordre des idées pour Sons of the Migrator, un futur projet avec mon ami Gio Smet (Giotopia). La vidéo d’Ozzy m’a permis d’approfondir ma formation sur le travail de studio. J’ai composé un peu de funk avec mes filles, l’une au piano, l’autre derrière la boîte à rythmes. Elles ont fait des chorégraphies pendant que j’interprétais du Therion ! Et puis, on a eu pas mal de travail avec The Losts, entre le traitement des batteries et la préparation des titres pour le mixage.
Une chanson, je ne sais pas mais je peux dire que j’adore le dernier Malmsteen, oui je l’avoue, et j’écoute souvent l’album de Chris Cornell réalisé par... Timbaland… Pardon !
Sinon, je ne sais pas si ça rentre dans cette rubrique mais j’aime HIM, je ne m’en vante pas souvent même si j’ai un «Heartagram» en tatouage !
Peut-être me relancerai-je dans une petite cover. Gio a également annoncé la préparation d'un troisième album de Giotopia, dans lequel je garderai le rôle de Magus. Mais sinon : The Losts, The Losts, et toujours The Losts. Toute mon attention, et celle de mes co-Egarés, est focalisée sur le nouvel album pour qu’on puisse revenir avec un produit à la hauteur de nos attentes... et des vôtres !
YCG est Magus the Forest Walker dans le futur volume de la sage Giotopia.
Un grand merci à toi, Ahasverus, pour ton soutien à la scène underground et l’intérêt que tu y portes ! Bon courage pour la suite !
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