Groupe : BIG Bernie
Album : G (disponible le 25 septembre 2020)
Genre : Instrumental / Math Rock / Prog’ 70 / Jazz
Influences : Battles / Yawning Man / King Crimson / Yes
Origine : Dunkerque / Lille
Par Pépé St@kaTTo
Line-up
Paul Muszynski – Guitare électrique et classique, Mandoline
Charly Millioz – Basse, guitare électrique et classique
Clement Glasset – Batterie
Le Groupe
BIG Bernie est un trio Dunkerquo-Lillois de Math-Rock Instrumental Progressif en activité depuis maintenant dix ans (21/06/2010). Ses compositions sont principalement basées sur des recherches d’atmosphères expérimentales, des mélodies qui invitent au voyage.
La discographie
Après deux démos et un split avec Sandpipers en 2014, le groupe sort son premier EP «Yersey» en 2016, album mixé par Olivier Delmer et masterisé par Colin Marston, pochette de Marianne Le Junter, une artiste plasticienne Lilloise. D’une durée de quarante minutes sur le thème de la mer, BIG Bernie nous fait embarquer sur son six titres pour des récits tous aussi captivants les uns que les autres …
«Yersey» - juin 2016 (6 titres)
«Yersey» - juin 2016 (6 titres)
- Départ
- Exploration d’une cité engloutie
- Rocheuse
- Coup de pince
- L’îlot
- Aftuur
Dès l’embarquement «Départ» qui débute la croisière comme un paquebot lourd mais fluide quittant son port d’attache, les trois nordistes nous plongent dans une atmosphère psychédélique avant de conclure le morceau par une envolée flangée.
Après l’«Exploration d’une cité engloutie» à l’intro très U2-niène avec sa basse lancinante et en boucle, BIG Bernie nous dépose ensuite pour une escale de 6’’51 dans les «Rocheuse»s, interlude très jazz dans un premier temps qui se termine dans un déferlement de riffs sauvages.
«Coup de pince » avec son passage aux accents rockabilly et très psyché comme une déferlante nous ramène ensuite vers «l’îlot » pour un intermède beaucoup plus jazzy dans ses riffs mais surtout dans la mise en avant de la batterie.
Le voyage se conclut avec « Aftuur » beau comme un retour de croisière au port, hymne hypnotique pour un final en apothéose, véritable joyau de Math Rock.
Excellent 1er album sorti sur le Label "Uproar For Veneration Records".
Fort de cette empreinte sonore bien particulière BIG Bernie entame en 2019 un B.I.G, triptyque avec la sortie des opus «B» et «I» et conclura le vendredi 25 septembre 2020 avec «G».
«B» - juin 2019 (4 titres)
- Drumcam Toto
- Kepler
- Banane pour échelle
- Hard a lot
L’EP débute par le sublime «Drumcam Toto», sur une basse appuyée dans un style très Sting/Police et des riffs qui sonnent encore une fois très U2 … La batterie est également bien carrée et mise en avant. «Kepler» prend la relève dans une intro très rock progressif ; les nombreux changements de rythmes par ses nombreux breaks, sa basse toujours aussi puissante et ses solos sur-vitaminés en font un morceau particulièrement intéressant.
Et que dire de «Banane pour échelle» si ce n’est que son free-jazz déchainé ne pourra que vous faire grimper aux rideaux. L’album se termine par «Hard a lot» un régal pour tous les gratteux : du staccato de guitare aux riffs bien heavy, des passages en arpèges, à ses utilisations somptueuses de delay / chorus / reverbe et d’overdrive.
«I» - février 2020 (4 titres)
- Maul Pandoline
- Nul si découvert
- Figue vernie
- Les crêtes et les creux
Le deuxième EP sorti chez Araki Records comprend tout comme pour «B» quatre titres.
Charly qui délaisse sa basse pour une intro en arpège sur une guitare acoustique est vite rejoint par les envolées mandolistiques de Paul Muszynski (qui dédicace avec humour ce premier morceau «Maul Pandoline» à sa fidèle mandoline) pour un voyage très saharien.
«Nul si découvert» nous rappelle qu’il n’est nullement besoin de gratter sous le vernis pour trouver ce qui fait la richesse de BIG Bernie à savoir un savant mélange de variations sonores psychédéliques et fusions pour faire un bon morceau.
Vernis sera également le troisième titre de cet EP avec «Figue vernie» superbe titre dansant ou la basse flirte habilement avec les parties guitares, alternant comme tous les morceaux de BIG Bernie de subtils changements de tempi.
«Les Crêtes et les Creux» aux guitares légèrement tintées de flamenco (picado / arpeggio / golpe) concluera en beauté le dernier titre de l’album.
«G» - septembre 2020 (4 titres)
Ce vendredi 25 septembre 2020 BIG Bernie nous fait découvrir le point «G» (oui je sais elle était facile, mais c’est si booon !), dernier EP qui vient clôturer l’énorme trilogie B.I.G.
- Empire Bernie
- Pizzaville
- Grand Splash
- Van Krupuk
«Empire Bernie» débute ce dernier EP dans une ambiance électro très heavy. Le son est énorme et les guitares «nappées» apportent une atmosphère lourde et prog’. Durant 5’’37 BIG Bernie va s’appliquer à redéfinir avec brio son empire.
«Pizzaville» et son intro aux synthé à la Rush ainsi que son passage à la guitare type vocodée (talk-box de ModFactor) enchantera tous les amateurs de rock progressif.
«Grand Splash» quant à lui nous plonge dans un grand plouf tropical, la couleur jazzy du morceau tinté de passages électro est propice à un voyage dans la savane des sens.
Le périple se poursuit dans l’Asie du Sud-Est avec «Van Krupuk» et son assortiment de crevettes électriques décortiquées et délicieusement saupoudrées d’électro dub et de musique électronique, un morceau envoutant et subtilement mixé de pratiquement 10 minutes. A noter que ce morceau comporte plusieurs passages de voix (enregistrées par Manuel P. le chanteur de Fleuves Noir), une première pour BIG Bernie mais assurément une énorme réussite qui ne nous laisse pas sans voix !
Ce dernier EP assez différent des deux premiers, montre que BIG Bernie continue d’expérimenter et découvrir de nouveaux univers, d’inventer de nouveaux sons. Trois EP donc avec des couleurs différentes («B» Rock/Metal, «I» Rock/Acoustique et «G» Prog’/ Electro) qui enchanteront tous les amateurs de Math Rock, Rock Progressif, Psychédélique, Electro Rock et Jazz, car il est bien difficile maintenant après 4 albums d’enfermer le groupe dans un style unique.
Si la musique instrumentale de BIG Bernie peut au premier abord paraître sophistiquée et complexe, c’est que ces trois acteurs sont des musiciens de talent, maîtres-orfèvres dans plusieurs registres et dont la créativité demande beaucoup d’attention. Un excellent combo que je vous conseille de découvrir par leur EP mais aussi à aller voir sur scène.
«G» est disponible à partir du 25 septembre 2020 en version digitale sur toutes les plateformes de streaming grâce à Atypeek Music ainsi que sur le Bandcamp du groupe.
Pour se procurer les autres EP «B» et «I» en version CD digipack ça se passe par ici :
Groupe :Ni
Album : Pantophobie (2019)
Genre : Math Rock à voix / Experimental Prog’ Metal
Origine : Bourg-En-Bresse / Macon
Après trois opus en nom propre et une pause “Bran Coucou” merveilleusement barrée réalisée avec leurs camarades de PoiL sous le nom de PinioL, Ni revient chez Dur et Douxen ce mois de mars 2019, avec neuf morceaux référençant chacun une peur particulière et tocarde, réunis ici sous le titre générique de “Pantophobie”, c’est à dire lapeur de... Tout !
Ni, Pantophobie. (2019) - artwork de Davor Vrankić
La galette est emballée dans un magnifique artwork que le groupe a eu la bonne idée de confier à l’artiste croate Davor Vrankić, dont vous pouvez admirer les œuvres ici : http://www.davorvrankic.net/works/
Côté musique, c’est à Heliophobie (illustré par un clip) que revient l’honneur d’ouvrir la marche. Après une première minute trente destinée à rappeler au distrait qu’il franchit les portes du territoire Noise Rock, la composition prend un aspect métallique, puissant et progressif, confirmé sur la seconde piste, tandis que la troisième retrouve un terrain Math Rock qui se durcit sur la fin.
L’album musarde ainsi tout au long des neuf morceaux, alternant phases métalliques et passages Noise / Math Rock, particulièrement bien servi par la puissance d’un son concocté par Hervé Faivre (Igorrr) pour les prises studio et Remy Boy ( Gojira, Secret Chief) pour le mix.
Pantophobie rassurera ceux qui ont aimé “Les Insurgés de Romilly” (2015), dont il est un digne successeur, et fédérera les amateurs d’Extrême Prog’ Metal à la Devin Townsend. Les fans des albums les plus sombres de Dream Theater devraient également y trouver leur compte. Pantophobie est donc le disque qui convient à tout fan de Metal qui souhaite élargir non seulement son vocabulaire et ses connaissances médicales, mais aussi son champ musical par des incursions dans la sphère Noise.
Ni démontre avec Pantophobie qu’il n’a rien perdu de son inspiration, mieux, il se bonifie et ne craint en rien cette leucosélophobie qu’il célèbre. Disponible sur Bandcamp au prix de 6.66€ (évidemment !), Pantophobie est l’opus de Math Rock idéal pour diversifier votre CDthèque métallique... A moins que vous ne soyez caïnophobe ?
Les curieux aimeront sûrement savoir quelles sont ces peurs qui donnent leurs noms aux morceaux de Pantophobie :
Pantophobie : peur de tout
Héliophobie : peur le la lumière du soleil
Alektorophobie : peur des poulets
Lachanophobie : peur des légumes
Leucosélophobie : angoisse de la page blanche
Catagelophobie : peur du ridicule
Athazagoraphobie : peur d’être oublié
Kakorrhaphiophobie : peur de l’échec
Lalophobie : peur des discours
Stasophobie : peur de se tenir debout
Nos régions ont du talent, assurait Leclerc, (l’industriel, pas le maréchal : il n’y connaissait rien au Rock). Tenez, par exemple, l’Aquitaine ! Voila un groupe de Math Rock qui remporte en 2017 le prix Sacem et le prix de la ville de Bordeaux au Tremplin des Deux Rives : Wizard ! Mine de rien, c’était la première fois qu’une formation raflait les deux récompenses ! Né en 2016, ce jeune trio bordelais ne se fixe aucune limite. Il a sorti en 2018 un surprenant album éponyme, une vidéo barrée, et il revient juste de ses concerts en Espagne et au Portugal. J’avais envoyé quelques questions à Romain, le bassiste, juste avant la tournée. Et j’ai bien fait, parce qu’il avait plein de choses à dire. Alors effectivement, mon cher cousin, j’ai bien dit « Wizard »… Et ça n’a rien d’étrange !
Wizard par Thierry Loustauneau
Ahasverus : Romain, tu as fait une école de musique, le CIAM de Bordeaux. Quels instruments pratiques-tu ? Romain Arnault - (Bass & Vocals) : J’ai fait le CIAM en tant que batteur, avec Finn. Il y avait également Geoffrey, qui est maintenant notre ingé-son, dans notre classe. On s’est bien marré pendant ces deux ans ! A côté de ça, j’ai appris la guitare et la basse en autodidacte, je sais faire quatre accords au piano, et j’ai fait… de la chorale !
Qu'est-ce qui t'a donné l'envie de faire de la musique ? Olow ! Ça remonte au collège, je crois… Il y avait une salle de musique avec une batterie pourrie et deux ou trois amplis. Je me suis mis derrière les fûts et j’ai joué avec un pote. Je me rappelle avoir fait vraiment n’importe quoi, pour finir par balancer la batterie sur mon pote ! Et le sentiment d’explosion, l’énergie et l’adrénaline que ça m’a filé, c’était magique ! (J’ai cassé beaucoup de matos après ça...) C’est comme ça que tout à commencé.
Wizard par Thierry Loustauneau
Tu assures la basse et le chant pour Wizard, et tu joues de la batterie dans Krazolta, dont la page Facebook crédite au moins 25 membres. Peut-on en savoir plus sur ce groupe ? Krazolta c’est plus qu’un groupe, c’est tout d’abord une « Rock Community » qui gravite autour de Guillaume Sciota, qui est également le manager de Wizard. Le premier disque regroupe en effet une vingtaine de musiciens. L’album a vraiment un relief fou grâce à ça, et de plus, l’enregistrement est à 100% analogique ! J’ai enregistré un morceau sur cet album, puis deux morceaux sur l’EP sorti cette année. Ce groupe, c’est également la recherche des performances les plus improbables : je me suis retrouvé sur des véhicules de type bateau, camion, etc, à essayer de jouer tout en rattrapant mes pieds de cymbales qui se faisait la malle !
A l'origine Wizard était un projet instrumental. Quel est ton rapport au chant, pour lequel vous êtes crédités tous les trois ? A-t'il toute sa place dans Wizard ou n'est-il qu'un instrument ? Pour l’instant, le chant a plus le rôle d’un instrument, afin de laisser à l’auditeur la possibilité d'interpréter les morceaux comme bon lui semble. Si un morceau à des paroles, l’auditeur va se laisser guider vers une histoire. Grâce à un titre instrumental, on peut créer des milliers de chemins et ressentir différentes émotions. Maintenant, on veut créer des chansons, car on a des choses à dire. Je dissèque beaucoup de morceaux de At the Drive In, La Dispute, et Frustration, pour m’inspirer. Pour le prochain album, on veut que la musique soit guidée par le texte.
Après avoir créé votre musique, vous avez, j'imagine, découvert les obligations qui vont avec pour pouvoir la partager et la faire vivre. Comment vis-tu cette activité extra-musicale ? On est avant tout un groupe qui aime tout lâcher en live, et c’est comme ça qu’on transmet le mieux notre musique. Qu’importe la musique que tu fais, le but c’est de kiffer sur scène et de donner tout ce que tu as jusqu’à être complètement épuisé (Manu le guitariste vomit après chaque concert. Ha ! Ha !). Quand le public voit que tu donnes tout, il a envie de faire pareil. On a également une interaction assez forte avec les gens, pour qu’il n’y ait pas ce mur entre le groupe et le public.
Reggae, Rap, Punk Metal, vous venez d'horizons différents, et vous évoquiez dans une interview la possibilité d' intégrer des éléments Rap dans des nouvelles compos. Wizard ne se fixe-t'il aucune limite musicalement ? On écoute beaucoup de choses différentes et on s’inspire de tout ça (sauf le Reggae ! Ha ! Ha!) pour créer notre propre identité, notre propre son. Il n’y a pas de limites ! S’il y en avait, on serait une pâle copie d’une pâle copie, etc. On sait que tout est à créer dans la musique, et c’est pour ça que, maintenant, il faut explorer d’autres choses, tenter des trucs, quitte à se mettre en danger pour sortir du lot.
Vous déclariez dans une interview de Rockfanch "On n'a pas beaucoup de chant et c'est difficile parfois, dans un pays comme la France." Vous partez faire des dates au Portugal et en Espagne. La musique instrumentale est-elle mieux accueillie à l'étranger ? On te dira en rentrant de la tournée ! (Rires)
Wizard par Thierry Loustauneau
RADIOHEAD, "OK Computer" (1997)
S'il n'y avait de place, sur l'Arche de Noé du Rock, que pour un album pour tout reconstruire dans la bonne direction, lequel choisirais-tu ? « OK Computer », de Radiohead . C’est un album Rock Pop Electro. Il y a tous les sons de guitare possibles et inimaginables. Les mélodies et l’harmonie sont très riches. L’émotion est très forte, comme toujours avec ce groupe. Et c’est un album qui a la particularité d’avoir été enregistré dans des endroits différents pour chaque morceau.
Après avoir fait appel au crowdfunding pour financer votre album, vous avez remporté le prix Sacem et le prix de la ville de Bordeaux au Tremplin des Deux Rives, qui vous ont permis de couvrir vos frais et d'ouvrir certaines portes. Ceci mis à part, le public français soutient-il suffisamment sa scène locale, et qu'est-ce qui fait vivre les groupes émergents ? Malheureusement, à l’échelle française, le public soutient ce qu’on lui dit de soutenir, les gens vont de moins en moins voir des concerts, notamment les jeunes, qui préfèrent aller en club/boite payer des consos à dix euros, et qui après se plaignent du prix des concerts. Il y a quand même un public underground qui sera toujours là ! A l’échelle locale, quelque chose se reconstruit peu à peu autour du rock. Ce qui fait vivre les groupes émergents, c’est le soutien mutuel entre les groupes et les structures. Les accompagnements sont très bénéfiques. Nous sommes à la Rock School Pro cette année, et Nico Cabos vient de nous programmer au Garorock Festival.
Wizard par Thierry Loustauneau
Un titre du répertoire Rock qui pourrait être ta devise ? “I Cut Like a Buffalo”, de Dead Weather.
Retrouvez Wizard sur Facebook, et n’hésitez pas à « liker » leur page, les groupes ont besoin de votre soutien ! lien bandcamp : https://wizardofficial.bandcamp.com/ Quelques dates pour applaudir Wizard : 09/06 St Lon Les Mines / 21/06 Bordeaux. Une interview d’une rare qualité, réalisée par Rockfanch à propos de Wizard : http://www.rockfanch.fr/2018/04/wizard-avril-2018.html
Enfin, merci à Wizard, et à Romain particulièrement, pour leur accueil et leur patience.
(interview réalisée pour Ahasverus - Métaux en tous genres le 27/05/2018)