Exanimis : Le maître des marionnettes (interview)

Le 16/02/2021

Exanimis. Formation du grand-est qui doit autant à la scène death et au prog' qu'aux musiques de films.
En attendant de découvrir "Marionnettiste", un premier album très ambitieux qui sortira en mars 2021, nous vous proposons de faire un peu mieux connaissance avec ses géniteurs, Alexandre Dervieux (chant, guitare), Julien Marzano (Guitare) et Julien Prost (Basse), au travers de cette interview.

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"Nous souhaitons que les gens nous découvrent avec le concept le plus abouti possible, et laisser derrière nous un album qu'on pourra ré-écouter dans quelques années et en être toujours fiers."


Bonjour Exanimis. Ce nom vient du latin. Qu'est-ce qui vous a intéressé dans sa représentation ?
Alexandre (chant / guitare) :
Bonjour Ahasverus et merci de nous consacrer cette petite interview ! Notre nom vient en effet du latin et signifie littéralement "sans vie"... Le but était de trouver un nom qui incarne l'idée d'un être dépourvu de vie ou d'âme, comme peuvent l'être les marionnettes (ce qui rejoint le concept de l'album) et comme le sont les personnages que nous incarnons dans notre premier clip ainsi que lors de nos futurs concerts.

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Le 05/03/2021 sortira "Marionnettiste", votre premier album. Quel public peut-il toucher ?
Alexandre : La plupart des fans de Death Metal ou de musiques extrêmes en général peuvent y trouver leur compte. Bien évidemment, notre musique parlera d'avantage aux fans de groupes comme Fleshgod Apocalypse ou SepticFlesh. Elle pourrait également intéresser les amateurs de musique progressive.
Julien P (Basse) : Je dirais, globalement, les fans de musiques extrêmes, musiques de films et jeux vidéos. Mais il ne faut pas oublier que nous venons du prog et c'est quelque chose qui, je pense, se ressent aussi dans notre musique.

"Notre influence cinématographique vient des films avec lesquels nous avons grandi."


Vous êtes issus de la Music Academy International de Nancy, qui laisse dans son enseignement musical beaucoup d'espace  au cinéma. L'influence de cet établissement a-t-elle été prépondérante sur l'univers d'Exanimis  ?
Julien P :
Sincèrement je ne pense pas, en ce qui me concerne tout du moins. Dans le cursus que nous avons suivi il était surtout question de musiques actuelles ; la musique de film au sens où on l'entend n'y était pas enseignée, ce qui ne nous a pas empêché d'étudier les partitions de compositeurs célèbres comme Elfman ou Shore, qui sont des sources d'inspiration quasiment illimitées. Mes influences dans ce domaine viennent surtout des films, dessins animés et jeux vidéos qui m'ont énormément marqué.
Alexandre : Étant tous les trois sortis diplomés du cursus "musiques actuelles" de l'école, nous n'avons pas eu la chance d'assister aux cours réservés au cursus "musique de film/musique à l'image". Notre influence cinématographique vient plus des films avec lesquels nous avons grandi, les BO de John Williams, Danny Elfman ou Howard Shore.
Julien M (Guitare) : La MAI nous a surtout apporté les clés pour comprendre l'harmonie et nous a inculqué une rigueur technique pour composer et jouer notre musique.

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Les compositions sont d'une grande richesse, j'ai d'ailleurs imaginé qu'elles étaient le fruit d'un travail collectif et que leur squelette s'était  étoffé avec  le temps. Pouvez-vous revenir sur  votre processus de création ?

Alexandre : Nos morceaux partent en général d'une idée, d'un concept ou d'une histoire à illustrer. Julien Prost et moi-même nous partageons ensuite la majeure partie de la composition, en commençant toujours par la section Metal (Guitare/Basse/Batterie), puis l'arrangement orchestral vient se greffer dessus, même si avec le temps et l'expérience, les deux sections finissent par progresser de concert pendant le processus d'écriture. Vient pour finir l'écriture des paroles et des lignes de chant.
Julien P : Effectivement c'est un travail partagé, Alexandre et moi avons une manière très différente de travailler mais finalement on se complète . Il préfère partir d'un thème, d'une ambiance ou d'un concept alors que moi je préfère démarrer sur quelque chose de plus concret comme par exemple un riff de guitare, une mélodie ou un gimmick orchestral. Une fois que j'ai une vision globale de ce que je veux, j'y associe un concept.

"Les morceaux s'enchaînent comme une série de visions cauchemardesques."


Un mot justement sur le concept de l'album et sur votre état d'esprit lors de son écriture ?
Alexandre : Le concept global de l'album est l'idée de manipulation, de se faire contrôler par quelque chose de plus grand/puissant que soi, telles des marionnettes ! L'idée est que les morceaux s'enchaînent comme une série de visions cauchemardesques où l'on suit des personnages subissant cette idée. 
Dans "Cogs, Gears & Clockworks" par exemple, c'est le temps qui passe, incarnant la mort qui nous guette à chaque instant, et la peur manipulatrice que cela peut entraîner, qui sont mis à l'honneur. 
 
"Cogs, Gears & Clockworks", le clip, est un vrai mini-métrage autour d'une comptine macabre...
Alexandre : C'était exactement l'idée que nous avions en tête pour notre premier clip ! Nous sommes vraiment très fiers du résultat et du travail qu'ont accompli Tom Capron (le réalisateur) et son équipe. Nous n'avons eu pour l'instant que des retours extrêmement positifs, ce qui n'était pas forcément gagné avec un clip de plus de neuf minutes... 


Le sablier de "Cogs, Gears & Clockworks" a tourné aussi pour vous : "Marionnettiste" représente cinq ans de votre vie !
Alexandre :
Et oui, déjà... C'était sûrement le temps nécessaire pour trouver la ligne directrice du groupe et recruter/rencontrer toutes les personnes qui ont contribué au projet !
Julien P : Cinq ans déjà... J'ai l'impression que c'était hier. Le fait est que trouver le bon équilibre et les bonnes personnes ne fut pas un long fleuve tranquille. Il y a eu quelques périodes d'intenses réflexions, ce qui n'a rien arrangé ! (Rires)  Aujourd'hui nous avons trouvé notre vitesse de croisière et nous sommes très motivés.


"Sur des projets passés il y avait toujours un inconfort à l'écoute de l'album qui m'obligeait à justifier les imperfections comme «alors oui, mais tu verras le mix n'est pas dingue» ou «oui mais on  a du faire vite...». Il était absolument hors de question de réitérer cette erreur avec Exanimis."


L'artwork et les illustrations du livret sont de Loïc Muzy. Quelles orientations lui avez-vous donné ?
Julien P :
Honnêtement pas grand chose, nous lui avons juste fait écouter l'album avec une petite liste de mots clefs pour chaque titre et...c'est tout. Ensuite chaque illustration a été un one shot qui était en parfaite adéquation avec les thématiques des morceaux. Très sincèrement je ne pense pas que d'autres illustrations auraient pu fonctionner aussi bien. On le remercie  mille fois pour le travail accompli.
Alexandre :
Etant plus qu'à l'aise dans le domaine de l'horrifique et du surnaturel, il nous a soumis l'idée de lui donner juste des mots clés pour chaque morceau à illustrer, son imagination faisant le reste !

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Vingt mille euros c'est un budget extrêmement ambitieux pour un  premier opus. Il était impératif de ne renoncer à rien ?
Julien M :
C'est exact ! Nous n'avons fait aucun compromis sur la qualité du mixage et du mastering, ni pour les photos, les costumes ou notre premier clip... Même si toutes ces dépenses ont été réparties sur des années, cela représente un sacré coût... Nous souhaitons que les gens nous découvrent avec le concept le plus abouti possible, et laisser derrière nous un album qu'on pourra ré-écouter dans quelques années et en être toujours fiers.
Julien P :
Sur des projets passés il y avait toujours un inconfort à l'écoute de l'album qui m'obligeait à justifier les imperfections comme "alors oui, mais tu verras le mix n'est pas dingue" ou "oui mais on  a du faire vite...". Il était absolument hors de question de réitérer cette erreur avec Exanimis. Ce que je voulais avec ce projet c'était pouvoir faire écouter un album abouti dont je serais fier sans devoir lire la déclaration des droits de l'Homme avant  ! (Rires) C'est pour cela que rien n'a été laissé au hasard.

exanimis2Un mot sur la place des voix dans l'album : outre le chant death et un chant clair, on compte trois narrateurs et un travail quasi-lyrique des chœurs .
Alexandre : Vous l'aurez peut être remarqué, nous sommes très influencés par Opeth pour l'écriture et le traitement des lignes de chant principales. Je pense que les éléments narratifs viennent en grande partie de la scène "Prog" qui nous inspire énormément et qui est très marquée par ce côté "cinématique" ! Quant aux chœurs, le travail d'Elfman ainsi que les BO orchestrales de jeux-vidéos y sont sûrement pour quelque chose.

"Dans nos lives nous voulons aussi intégrer une certaine mise en scène inspirée du théâtre."


Vous transposerez Exanimis sur scène. A quoi faudra-t-il s'attendre ?
Julien M : 
Alors déjà, nous, avec nos costumes et nos masques sur scène, on s'attend à avoir très chaud ! (Rires)
Nous espérons mettre en avant le côté théâtral autant que possible, et faire ressortir toutes les ambiances que présente notre musique à travers les personnages que nous incarnons. Ca sera donc parfois violent, mélancolique, épique, effrayant, fou... On a vraiment hâte de défendre Marionnettiste sur scène, maintenant !
Julien P : L'idée derrière ça est que nous voulons que les personnes qui viendront nous voir sur scène, n'assistent pas simplement à un concert mais  à un vrai spectacle. Dans nos lives nous voulons aussi intégrer une certaine mise en scène inspirée du théâtre.
exanimis3Merci  Exanimis de m'avoir accordé cet entretien.
Merci à vous et à bientôt.