DRAMANDUHR, Tramohr (sortie le 11/10/2022 - chronique)
DRAMANDUHR, Tramohr (sortie le 11/10/2022 - chronique)
Le 15/09/2022
Dramanduhr fait défiler sous nos yeux un paysage inhabituel qui se suit comme une messe jusqu'à sa dernière piste.
On sait peu de choses à propos de Dramanduhr, si ce n'est qu'il s'agit d'un projet italien qui sort chez BloodRock Records le 11/10/2022 un premier album intitulé « Tramohr ».
De sa génèse, on apprend qu'il s'impose à son créateur dans une langue qui lui est inconnue à la faveur d'un accident domestique sans conséquence.
Le processus de création est conforté par une vision dans les jours suivants : « A l'intérieur d'un temple à ciel ouvert qui se trouve sur les pentes d'un volcan en éruption, des groupes d'adeptes se rassemblent pour participer au Rite. Le prophète dirige la cérémonie pour invoquer le Dramanduhr, un dieu d'un panthéon d'un autre monde qui vient envahir le corps des adeptes, dans le but d'éteindre leur esprit rationnel, les mettant ainsi en contact avec leur part sacrée - la folie ; faisant émerger de l'inconscient l'énergie sexuelle pure et la violence inexprimée, éveillant les instincts naturels de ceux qui participent au rituel. »
Univers musical et imaginaire inspirés par le Pagan Metal et le Black Metal (sans jamais en franchir la ligne), mais surtout par la Sicile, île natale de son géniteur, dominée par l'Etna, « Tramohr » dénote surtout par l'utilisation d'une langue imaginaire qui rappelle - et c'est la seule comparaison que nous oserons avec le groupe de Christian Vander - Magma.
L'utilisation des guitares est uniquement rythmique et quelques apports instrumentaux orientent nos rêveries vers les pays de la Méditerranée ou des Balkans.
Malgré une certaine intention avant-gardiste, « Tramohr » reste accessible, il interroge plus qu'il ne désarçonne, son esprit singulier se faisant plus folk qu'élitiste.
Dramanduhr propose donc de faire défiler sous nos yeux, au rythme de ses incantations, un paysage inédit qui se suit comme une messe jusqu'à son dernier prêche.
Vous n'y verrez pas une raison pour le réserver aux dimanches.
Cette rencontre du passé et du futur n'a rien de dissonant, au contraire : elle fascine, elle envoute !
Atypique, PoiL l'a toujours été.
Tout autant Poil à gratter que Poil aux dents, le groupe lyonnais s'acoquine avec l'insolite et n'aime rien tant qu'abolir les frontières. Justement, il nous emmène au Japon !
Junko Ueda pour guide.
Elle pratique, dit-on, « le récit traditionnel japonais et le chant bouddhiste shômyô » (une tradition vieille de mille deux-cents ans). Elle joue aussi du satsuma-biwa, un luth à manche court.
Poil n'a certes pas besoin qu'on le pousse beaucoup pour faire naître l'étrangeté. Son univers imprévisible et virevoltant se laisse volontiers conduire par les incantations de Junko Ueda. Et comme l'album avance, Poil s'épaissit, amplifie, habille la chanteuse de notes obsessionnelles qui dansent autour de sa voix comme des herbes folles dans le vent.
« Kujô-Shakujô ». Chant bouddhiste shômyô pratiqué par les moines pour éloigner les mauvais esprits. Les pulsations s'accélèrent, les voix se mêlent.
Puis « Poil /Ueda » plonge dans la bataille navale de Dan no Ura qui nous ramène en 1185. Un moment, le calme semble. Poil frappe ses cordes comme un métronome. La batterie dispute la parole au chant. La basse s'enraye, la guitare crisse et claque.
Les instruments sonnent la révolte, donnent de toute leur puissance. La musique s'affole et pourrait illustrer cette séquence des Temps Modernes où Chaplin est emporté par la machine dont il serre les boulons.
Mais nous sommes au Japon. Au moyen-âge. Fermons les yeux. La prêtresse Ueda psalmodie déjà « Dan No Ura — Part 2 ». Sinon cinématographique, l'ambiance est solennelle. Quelques notes graves, légères comme un voile qui se soulève.
Jazzy et bruitiste, rock in opposition imprégné de world « Poil / Ueda » marie musique traditionnelle et d'avant-garde. C'est inattendu, exotique, rude, et très intense. Pourtant Cette rencontre du passé et du futur n'a rien de dissonant, au contraire : elle fascine, elle envoute ! Les opposés se rejoignent, et leur rendez-vous a lieu le 01/03/2023 chez Dur et Doux
Poil et Junko Ueda seront au Marché Gare, à Lyon le 01/03/2023. La formation suisse Schnellertollermeier complètera l'affiche. L'expérience est unique, ne la ratez pas !
Le dernier album du collectif néofolk SKÁLD, intitulé Huldufólk, , nous fera encore vibrer à partir d’aujourd’hui, 20 janvier 2023.
Depuis le premier album, chaque titre de SKÁLD, est une invitation à faire appel à la mémoire profonde, à éveiller les consciences, à ne pas laisser mourir le précieux savoir ancestral, à perpétuer l’art de la poésie comme le faisaient les scaldes, poètes scandinaves, souvent islandais, afin d’immortaliser la mémoire des hommes.
L’appel à la mémoire profonde, ce pourrait être leur mantra.
Et ils ont choisi de le faire vivre à travers leur musique et leur chant.
Ce collectif d’origine française, formé en 2018 par le producteur et compositeur Christophe Voisin-Boisvinet, nous conte les mythes et légendes nordiques en vieux norrois, une langue scandinave que, grâce à leurs albums et nombreuses scènes, on commence à avoir du mal à qualifier de langue ‘’morte’’.
Bon. Ne vous emballez pas en proposant à vos jeunes trolls de prendre « vieux norrois » en option au BAC pour gratter des points. Étrangement les profs ne se bousculent pas…
Comme dirait SKÁLD dans Rún, « Vitkar allir frá vilmeiði », ce qui voudrait dire dans le cas présent que tout le monde devrait prendre conscience de la mauvaise volonté … de l’Éducation Nationale.
SKÁLD c’est un clan.
Des poètes débarquant tout droit du Moyen Âge, chanteurs et musiciens. Unis par une même passion venue du passé nordique. Des passeurs de mémoire.
SKÁLD c’est un son.
Ce son c’est leur vibration, une vibration toute particulière issue des instruments d’un autre temps.
Un son qui ne ressemble à aucun autre, et pour cause ! Certains sont faits sur mesure par un luthier vosgien spécialiste de la musique scandinave.
Mais pas seulement.
En effet, au milieu des harmonieuses fréquences vibratoires émises par un Nyckelharpa, vièle à clefs, par des lyres, talharpa, moraharpa, et autres merveilles, nous parviennent d’autres cordes qui semblent venir d’un autre âge, d’une autre dimension, et entrer en résonance avec les Dieux.
Il vous semble entendre une guimbarde ? Un instrument indéfinissable ? Une source d’eau claire ? Un vent doux ? Une forte bourrasque ? Non, ce sont des chants.
Leurs voix, monodiques ou polyphoniques, issues d’une technique vocale ancestrale, répondent aux instruments et participent de cette énergie vibratoire exceptionnelle.
Instruments à elles seules, elles entrent dans une danse avec les autres instruments comme ceux à la vibration toute particulière de leurs cordes ‘’sympathiques’’, cordes libres qui entrent en vibration par simple résonance (par sympathie) avec les notes jouées de même hauteur.
Le tout porté par les percussions envoûtantes, coeur battant de ce message druidique.
Le choix des tempos est une particularité supplémentaire.
Certains changements de tempo,dans le même titre, par exemple le couplet à cinq temps et le refrain à douze, inoculent cette notion de vitalité des peuples du froid, et dans ces rythmes, nous voyons presque circuler la sève de la nature sauvage, nature de laquelle ils sont si proches. Une fusion de sons, de pulsations, et de vie.
La grande sagesse des anciens peuples nordiques parvient jusqu’à nous par ces vibrantes et vivifiantes harmonies.
La théorie des cordes promet d’unifier toutes les forces fondamentales de l’Univers.
De même, les cordes instrumentales et vocales de SKÁLD unissent le temps à l’espace, les forces mystiques et poétiques du passé, à celle de notre époque, la mémoire à l’instant présent.
Porté par les tambours aux sons graves et chamaniques, SKÁLD convoque le temps, le savoir, la légende et la sagesse ancestrale. Écoutez l’album, ils ont entendu l’appel.
Magnétique, vibratoire, hypnotique, mystique, grave, aérien, cristallin, un vocabulaire qui sort SKÁLD des sentiers habituels.
Laissez vous envahir par leur dernier album Huldufólk et sentez ce désir impétueux de goûter ce fameux Hydromel poétique créé par les nains en mélangeant le sang du dieu Kvasir et du miel, et transformez vous, vous aussi, en poètes et en savants.
Le peuple caché, Huldufólk, désire cohabiter harmonieusement avec les hommes et la nature.
Les contes tirés du Gylfaginning, du Skáldskapármal, ou encore du Grólgardr, ces histoires, qui se transmettent de générations en générations, nous parviennent à travers les chants lyriques et gutturaux de SKÁLD et viennent nous divertir et nous faire rêver.
Et me voici emportée par leur envoûtement, et je deviens une troll désireuse d’épouser un chevalier pour devenir humaine. Je me sens l’âme d’une elfe danoise ou d’une nymphe suédoise, surfant sur les accents graves puis aériens de "Då Månen Sken" le single déjà sorti, me racontant l’histoire de Huldufólk, ce peuple caché, et de ce jeune Björn ensorcelé par une skogsrå. Il rencontra une de ces nymphes de la forêt mais finira seul et mélancolique, obsédé par le bruit de la forêt.
À noter également le titre ‘’ Du Hast", déjà sorti, une réadaptation de l'un des classiques de Rammstein. (Ce qui nous fait penser que SKÁLD était présent au dernier Hellfest). « Du Hast » est une reprise qui n'est pas sans rappeler, "Seven Nation Army", l'un des précédents succès de SKÁLD (et qui comptabilise 35M de streams !).
Et "Troll Kalla Mik", single déjà dévoilé également.
Près de treize musiciens répondent à l’appel de SKÁLD et expriment leur savoir et leur sensibilité à travers l’album. La harpe et la cornemuse s’agitent sous les doigts de Daniela Heiderich, l’archer du nyckelharpa d’Aliocha Regnard font resurgir des notes du XIVème siècle, la Moraharpa, la Lyre et la Talharpa sont sublimées par Ravn, tandis que la vielle à roue de Laetitia Marcangeli nous hypnotise et que les percussions vibrent sous les coups puissants de Nicolas Montazaud, Marti Ilmar Uibo et Christophe Voisin-Boisvinet. Le chant, quant à lui, est un formidable condensé de talents assuré par Steeve Petit, Lily Jung, Marti Ilmar Uibo, Laetitia Marcangeli, Michel Abraham (uRYa), Kohann, Julien Loko et Chaos Heidi. Photographie : SKÁLD par Die Frau
Ils convoquent le passé.
De quelques cordes, font vibrer le présent.
Et le rendez-vous pour vous laisser emporter…
C’est aujourd’hui.