Chronique d'album : THE LOSTS (Metal), Mystery of Depths (2021)

Le 11/06/2021

Groupe    :    The Losts
Album    :  
« Mystery Of Depths »
Genre    :    Dark Heavy Metal (nuances Rock/Doom/Black/Thrash)
Influences    :    Megadeth/Iron Maiden/Judas Priest/Therion/ Ozzy/Melechesh
Origine    :    Lille (2010)
Sortie    :    07 mai 2021

Par Pépé St@kaTTo

 The losts(Crédit photo archives THE LOSTS)

 

Line-up actuel :

  • YGC    : Chant / guitares / Mandoline / Oud
  • DGC    : Guitares / chœurs
  • PPG    : Basse / chœurs (depuis fin 2020)
  • JCR    : Batterie / chœurs
    [Les pseudos sont composés d’un matricule en trigramme à l’image des « Egarés » qui évoluent dans un certain anonymat au milieu de nos sociétés.] YGC.                            

Ancien membre :

  • GGV : Basse (“Revelation Of The Losts”)

Discographie :

  • No God, No Devil (EP-2013)
  • …Of Shades & Deadlands (2016)
  • Mystery Of Depths (2021)


Depuis sa formation en 2010 The Losts, quatuor originaire des Hauts-de-France, composé des frères DGC et YGC aux guitares et chant, PPG à la basse (depuis fin 2020), et JCR à la batterie), a déjà de nombreux concerts à son actif dans le nord de l’hexagone : Hauts-de-France, Belgique et Pays-Bas, auprès de groupes tels que Lonewolf, Serenity, Fireforce, Dirty Shirt.
 1 the lostsArtwork Chadwick St. John - A noter la symbolique du noir et du blanc utilisée, symbolisant la dualité entre le mal et le bien, représentée dans le logo par les T en forme de croix inversées, mais également pour rappeler leur devise « Pas de dieu, pas de diable pour nous guider. Sous la croix sans tête, nous sommes les Egarés ».


12 titres – Durée : 49 minutes


01.Tattoo the child (03’51) * 02.The priests control * 03.Until the end (04’42) * 04.A path to Arabia (01’07) * 05.In the steam of opium (01’07) * 06.Write my name in the light (04’33) *07.Revelation of the Losts [feat. Orpheon Of The Losts] (01’00) * 08.Inner wounds (04’46) * 09.The drugs I miss (05’02) * 10.Mystery of the depths (03’55) * 11.Pharaoh's curse (04’42) * 12.The sand of war [May 1940] (06’34)

Ce deuxième album a été enregistré au studio The Losts, la batterie en Belgique au Nectar Recordings Studio par Jean-Charis Cauliez, produit et mixé par Phil Reinhalter au Psykron Studio, et masterisé par Frédéric Motte au Conkrete Studio, artwork réalisé par Chadwick St. John. Il poursuit la genèse des « Egarés » commencée en 2013 par « No God, No Devil » et en 2016 avec « …Of Shades & Deadlands ». L’album sort en partenariat avec Ellie Promotion et Seasons of Mist Distribution.

Explorons maintenant dans ce deuxième opus les profondeurs de ces âmes tourmentées et « égarées », nées de nulle part, sans dieu ni diable, ces êtres anonymes partis des limbes et qui sont irrémédiablement attirés par la civilisation pour pouvoir s’y intégrer par mimétisme, mais qui confrontés aux maux des humains s’interrogent sur leur destinée et leur propre salut.

01. « Tattoo the child » démarre sur un rythme effréné dans un Heavy Metal en fusion digne des meilleurs Judas Priest (la voix de YGC est souvent comparée à celle de Rob Halford), la mélodie est belle, les soli croisés des frangins ciselés aux p’tits z’oignons (superbe pitch shifter !). La mélodie est entêtante et enjolivée par les différentes variations dans le chant d’YGC ainsi que par les nombreux chœurs qui s’y greffent ! Ce titre met en lumière le rite de passage à l’âge adulte utilisé ici comme une image face à la marche des « Egarés » vers l’humanisation.
02. « The priests control » est un morceau intéressant car (comme nous le verrons avec « Mystery Of Depths ») il mélange plusieurs styles définissant le mieux l’identité sonore des The Losts : d’abord Heavy, puis Death/Thrash (superbes growls de fin). La mélodie vocale hyperpuissante est ici aussi soutenue par des chœurs omniprésents, appuyés par une batterie lourde et une basse bien ronde. Côté texte, nous suivons les pérégrinations des « Egarés » face aux nombreuses déviances comme l’obscurantisme ou l’avilisation face à des icônes.
03. « Until the end » attaque le morceau sur un riff bien Heavy avant de basculer sur une bonne rythmique Black, les rafales de batterie sont bien speedées, on passe allègrement du Heavy au Black puis au Doom et inversement ! On retrouve également cet enchevêtrement « extrême » dans les parties chants, tantôt claires, tantôt saturées, voire growlées, le timbre de voix exceptionnel d’YGC, (appuyé par les vocalises saturées de JCR et DGC) pouvant allègrement moduler et amener le morceau dans plusieurs directions … Le thème de ce titre aborde l’effondrement des espoirs des « Egarés » face à leur désir d’humanité initial. La question se pose alors pour eux de disparaître avec le temps, ou de laisser les êtres humains s’autodétruire pour prendre leur place dans ce monde.
04. « A path to Arabia » amène nos « Egarés » jusque dans les contrées les plus reculées et va servir d’interlude et permettre à YGC une petite incursion dans la musique Orientale avec son improvisation au oud (instrument qu’il a ramené du Maroc, appelé également luth) associé à des samples en MAO concoctés par DGC à base de Ghayta (hautbois marocain) de flûte Nay (flûte oblique orientale) et de Mizmar (hautbois conique). Ce côté oriental fait également partie de l’ADN du groupe, même si l’utilisation d’instruments folkloriques reste ponctuelle (Cf. l’excellentissime « Lema Sabachthani » et ses passages à la mandoline sur l’album précédent).
05. « In the steam of opium » est un titre ancien, qui a fortement évolué avant de finir sur l’album. Le morceau démarre sur une ambiance Dark/Doom, l’atmosphère qui s’en dégage est sombre et glauque, la voix est mixée légèrement en retrait au début et à la fin du morceau, donnant cette impression de coma, de malaise permanent, indispensable pour mettre en exergue les dangers de l’Opium abordés dans le morceau.  Les riffs incisifs rajoutent un peu plus de lourdeur à ce titre, c’est corrosif, superbement abrasif, beau et puissant à la fois ! Du très bon Dark Metal pour aborder ici le sujet des addictions humaines dont s’imprègnent les “Egarés” …
06. « Write my name in the light » attaque directement le morceau sur le chant sans entrée en matière. Les paroles sont volontairement martiales car le morceau traite de l’écrasement de son prochain pour affirmer sa suprématie. La rythmique est carrée et soutenue pour un morceau qui fleure bon le Heavy Metal. Ah les beaux St@kattos en changement de tonalités, un régal. Le pont vient ensuite ralentir le rythme vers le milieu du morceau avec ses roulements déments de batterie avant de relancer les guitares leads. Un excellent morceau très riche et bien punchy (le refrain à lui seul est une tuerie !).
07. « Revelation of the Losts [feat. Orpheon Of The Losts*] » morceau très court d’une minute qui devait à l’origine débuter l’album se retrouve finalement en plage 7. Très « Therionesque » dans sa conception ce morceau permet donc d’associer dans les choeurs (baptisé pour cette occasion « Orpheon of The Losts ») les proches, copains ou fans ainsi que plusieurs chanteuses et chanteurs  «underground » avec qui habituellement le groupe tourne : Sythera, King Heavy, Hooded Priest, Giotopia, Fool’s Paradise, Archenterum, Shadow Breaker ; ce qui représente quand même une trentaine de personnes en guest ! La ligne de basse de GGV (l’ancien bassiste) a été conservée en mémoire de leur chemin parcouru ensemble. Il ne faudra donc que soixante secondes à The Losts pour révéler leur existence au grand jour …
08. « Inner wounds » et son intro orientale en son clair bascule très vite sur un riff ultra speed et une rythmique Heavy/Trash qui n’est pas sans rappeler Maiden voire Megadeth. Pas mal de clin d’œil donc à ces deux groupes dans ce morceau, ligne de basse avec son sublime solo de PPG, soli alterné son clair/saturé des deux gratteux, jusque dans le chant très Mustainien sur certains passages. Le riff principal est récurrent pour appuyer un peu plus les paroles hargneuses du morceau qui dénoncent les tensions et les déchirements intérieurs.
09. « The drugs I miss » que l’on a pu découvrir sur YTB avec les THE LOSTS  en Live et en mode « confinement » est mon morceau préféré et une pure pépite ! J’y retrouve l’influence de deux de mes chanteurs fétiches, à savoir Ozzy Osbourne et Rob Halford. Rien ne manque dans cette superbe ballade metallique : de magnifiques arpèges du début sur lesquels viennent se greffer les premiers soli envoutants, l’accompagnement de la voix et des chœurs à l’électroacoustique, également appuyés par des nappes de claviers tout au long du morceau … un refrain qui prend aux tripes, un pont lancé comme un cheval au galop avec ses soli décapants, une batterie et une basse enlacées qui bastonnent de concert dans un malström de décibels pour un final en beauté ! Sublissime ! Avec un texte qui souligne pourtant l’ambivalence des sentiments amoureux …

10. « Mystery of the depths ». Ce morceau qui donne le titre à ce deuxième album est également le plus représentatif de l’identité sonore des The Losts, et montre également le degré de maturité atteint depuis 2013 et leur premier EP « No God, No Devil ». On retrouve donc tous les codes ADN du groupe : des riffs bien Heavy (montées et descentes de manche à donner le tournis), des syncopes blast beats pour le Black/Death, des rythmiques bien Speedées qui mettent le feu au radar, une pincée de sonorités lourdes et épaisses pour le Doom ainsi qu’une touche de givre ténébreux et mélancolique pour le Gothique. Voilà pour la musique, n’oublions pas les parties vocales qui tapent dans tous les registres, claires et puissantes, saturées et growlées ! Du grand Art/Hard.
11. « Pharaoh's curse » est encore un titre ancien qui a été retravaillé avant de finir sur cet opus. Tout comme avec “Path to Arabia”, il explore les horizons lointains les plus reculés de notre monde mais également les plus complexes et obscurs de l’esprit. On retrouve donc ces inspirations orientales dans les riffs et cette ambiance très « Powerslave » (de qui vous savez !) dans les parties de PPG. A noter le riff d’intro qui sert de fil conducteur au morceau puissant et obsédant. Un voyage fort dépaysant …
12. « The sand of war (May 1940) » est vraiment un titre à part dans l’album qui se démarque côté texte puisqu’il n’a pas été écrit dans le cadre du concept général (même si on peut lui trouver des liens) mais davantage en hommage au grand-père de DGC et YGC, qui a directement vécu l’évacuation des soldats alliés britanniques et français de la ville de Dunkerque durant la Seconde Guerre Mondiale fin mai 1940 avec l’Opération dynamo. Le texte poignant lu à la fin du morceau par Rémi Vincent (acteur de la troupe de Théâtre Dunkerquoise « Les Artmateurs ») est donc un de extraits tiré des mémoires de guerre de Pierre Callipel, vibrant témoignage aux soldats et milliers d’anonymes tombés à la guerre. Musicalement ce morceau est à mon sens le plus travaillé et le plus riche de l’album, en adéquation totale avec les paroles. Le rythme très speed nous embarque et nous plonge rapidement dans l’histoire, la partie chant est hachée et haletante comme une course dérisoire vers les embarcations salvatrices, les riffs violents comme des shrapnels. Le pont en arpèges au milieu du morceau permet de reprendre notre souffle quelques secondes avant de repartir à l’assaut à une allure effrénée … pour un moment de bravoure extrême.

« Mystery of depths » est l’album que tous les fans du groupe attendaient, une véritable consécration et un tour de force exceptionnel tant il mélange habilement tous les styles de métal connus pour forger le son THE LOSTS, et que dire de la voix de YGC dont les prouesses vocales représentent à chaque morceau la quintessence même du groupe. Un opus ténébreux et mélancolique, violent et sombre, d’une incroyable puissance émotionnelle que je vous conseille fortement de découvrir, d’écouter et réécouter tellement les subtilités sont présentes.

Au regard des conditions encore incertaines de jeu et d’accueil pour un retour prochain dans les salles, The Losts n’a pas encore prévu de concert. Peut-être que dans ce cas, pour nous faire patienter, un petit Live en streaming serait grandement apprécié,  mais j’dis ça, j’dis rien moi …


Les Liens :

MATOSCOPE EN LIVE :

  • YGC : Guitares Reverend Volcano / BC Rich Mocking Bird Acrylic Série (montée en DiMarzio X2N) / Jackson Kelly Ke3 / Mandoline Fender FM 52e / préamp. lampe Line 6 Spidervalve à modélisation d’ampli et d’effets / cabs Framus Dragon 4*12 (Celestion V30) / système Wireless Xvive U2 / micro Shure Beta58.
  • DGC : Guitare Ibanez UV7SBK de 1997 [1ere 7 cordes de Steve Vai avec un look sobre] / Ampli EVH 5150III / Cabs 4*12 Framus (Celestion V30) ou 2 x 1*12 ENGL (Celestion V30) / Whammy Digitech 5 / Whawha Dunlop CRY BABY / Noise Gate ISP Technologies Decimator II G String / Looper Boss RC-2 / pédalier BOSS GT-1 / Micro SHURE SM58 / système Wireless SAMSON RT Airline.
  • PPG : Basse Ibanez SR 1605B / Tête d Ampli Mark Bass Little + cabs Mark Bass 4*10 et 1*15 / pédale Darkglass Ultra V2 / compresseur EBS Multi-Comp Blue Label / équaliseur Boss GEB7.
  • JCR : Batterie Tama Superstar Hyperdrive / cymbales Paiste / double pédale Iron Cobra Power Glide.

Un grand merci à YGC pour tous nos échanges et précisions qu’il m’a fourni pour rédiger ma chronique ! Thx man, I appreciated …


Jusqu'au 13/06/2021,sur Ahasverus - Métaux en tous genres gagnez l'album de The Losts et quatre autres CD au concours du mois.

Concours hd