Chronique d'album : TARAH WHO? Supposedly a man (2021)

Le 28/09/2021

« Pour commencer cette nouvelle année scolaire 2021-2022, nous allons étudier le cas Tarah Who? et son nouvel album ‘‘Supposedly a man’’, qui sait qui est Tarah Who? ??? Non Môôôssieur PiTT Sk@Lp@, c’est très drôle, mais ce n’est pas la nouvelle copine du Docteur WHO !!! Prenez vos affaires et filez chez le Proviseur Ahasverus pour y faire le clown, et profitez-en pour récupérer vos deux heures de colle pour samedi prochain ! ‘tain, y a encore du lourd cette année ! … Reprenons … »

4ca435fa 6c8c 4598 87bf c5fdd0943e1a 1Photo Credit : Denis Lecocq

Line-up actuel :

  • Chant/Guitare : Tarah G. Carpenter (ex : Was The Sun/Fraulein/Jane Gray Black Orphan)
  • Batterie/Chœurs : Coralie Hervé

Membre passé :

  • Matt Peltcher ex Basse /chant

Discographie :

  • Little Out There (11 titres 2014)
  • Federal Circle of Shame (5 titres 2016)
  • Half Middle Child Syndrome (5 titres 2017)
  • 64 Women (5 titres 2020)
  • Supposedly A Man (8 titres 24/09/2021) Label M&O Music

Af69d120 8fcf 40fd 934f 8dbf581d4367Originaire de Paris, Tarah G. Carpenter a très tôt été accro au rock (dès l’âge de quatorze ans), d’abord en s’initiant en autodidacte à la batterie (car étant une fille, aucun prof ne voulait lui donner de cours !), puis à la basse (elle a d’ailleurs fait ses premières armes dans plusieurs formations Parisiennes comme batteuse et bassiste) et à la guitare (petite anecdote, elle a commencé à apprendre ses accords en utilisant un recueil de chansons d'Alanis Morissette), écrivant elle-même ses paroles elle se retrouve ainsi au chant, puis à la production.

Tarah ayant baigné toute son enfance dans la culture américaine, c’est donc tout naturellement qu’en 2006, avec pour tout bagage une guitare à l'épaule et pas beaucoup de monnaie en poche, elle déménage du Kentucky pour s’installer à Los Angeles et y former Tarah Who? ; rejointe quelque temps après par ses compatriotes français Coralie Hervé à la batterie et Matt Peltcher à la basse.

C’est sous la forme de ce trio (guitare/basse/batterie) que le groupe distille dans L.A, la Cité des Anges, son mélange de Punk/Grunge (Cowpunk), avant de se réduire en 2020 à un duo guitare/batterie, soit l’essentiel du groupe condensé en un noyau d’énergie brute !

« J’espère que tout le monde suit !?! J’en vois au fond de la classe qui dorment … Leur réveil va être brutal, j’vous le dis, moi ! Dès que j’aurai balancé la première piste de l’album, j’en connais au moins deux qui vont tomber de leur chaise ! ».

Tarahwho newcover2Artwork by Angie Joseph


Tracklist :

1. Bad Time - 2. Swallow That Pill - 3. Supposedly a Man - 4. La Petite Boche : un amour de guerre -5. Manners - 6. Illusion of Freedom - 7. Pantomath - 8. Little Pieces
 


C’est donc après avoir conquis de nombreux fans ainsi que les critiques avec leurs précédents EP et leur dernier album sorti en 2020, « 64 Women » nommé ainsi en hommage au 64 femmes détenues en 2014 dans un centre de détention pour immigrants du centre-ville de Los Angeles (dont Tarah elle-même a fait les frais), que Tarah Who? revient en force et exprime de nouveau sa rage sur les injustices sociales et personnelles dans un tout nouvel album résolument Punk-Rock intitulé « Supposedly A Man ».

Il débute par « Bad time », un titre qui démarre comme un 45 tours passé en 78, légèrement voilé : « Je me souviens, j’ai gardé la bouche fermée, mais maintenant, je me souviens de tout cela … ». Le riff d’intro est implacable, la rythmique hachée, la batterie impose sa puissance par sa vitesse, le chant est viscéral et grave, comme le sujet des paroles qui traite des violences faites aux jeunes filles. Entre grunge et punk ce premier brûlot va donner toute sa couleur à l’album.

« Swallow That Pill » cet entêtant second morceau qui a de fortes chances de tourner en boucle dans vos têtes comme un démoniaque mantra, contient de puissants riffs en staccato très abrasifs ! Le tempo rapide comme le temps qui file et que l’on se borne à vouloir rattraper est appuyé par le chant scandé et hurlé par Tarah. Le pont est chanté en français (comme un clin d’œil à leurs racines) et résume assez bien la maxime « boulot/métro/dodo ». 2’’35 seulement pour dénoncer les conditions de travail qui nous sont imposées, la routine qui s’installe, l’esclavage qui nous tue lentement … Nous seuls pouvons choisir de continuer ou d’arrêter ce mode de vie ! Libérons notre esprit …

« Monsieur Régis, vous avez les z’oreilles qui saignent ? C’est normal, faut bien que la musique se fraye un passage pour arriver jusqu’à votre cerveau … »

« Je viens de voir un homme qui a boudé parce qu’il n’a pas obtenu ce qu’il voulait, je viens de voir un homme qui a utilisé ses privilèges pour obtenir ce qu’il voulait » chante Tarah sur le titre « Supposedly a Man » qui donne son nom à l’album. « Un véritable instantané de la vie réelle d’hommes qui exigent le respect, mais ne font rien pour le mériter ». Ce titre pourtant très Punk/Rock dans sa structure balance un son relativement propre par rapports aux autres morceaux avec ses riffs clairs sur le pont et ses arpèges aérés de transition. Cependant, sa partie chant se veut toxique et corrosive comme le sujet qu’il aborde. Le duo réaffirme ici son soutien au mouvement #MeToo et sa participation active à la lutte féministe en dénonçant tous les abus de pouvoir des hommes.

« La Petite Boche : un amour de guerre » la quatrième piste est mon morceau préféré car c’est par lui que j’ai découvert Tarah Who ?. Un titre à la Pretenders, une voix suave à la Chrissie Hynde, nous retrouvons ici aussi une rythmique beaucoup plus Rock que Punk dans sa structure, avec l’utilisation d’arpèges en sons clairs, légèrement chorusés ; la guitare drivant tout le morceau à une vitesse effrénée appuyée par la batterie ultra-carrée de Coralie, efficace et superbement bien mixée !

Ce titre, véritable hommage à sa maman (fruit d’un amour interdit entre un soldat allemand et une française), vient du surnom que les écoliers utilisaient pour se moquer d’elle et l’humilier (d’où le titre en français). Il remercie également toutes les mamans pour l’amour qu’elles donnent à leurs enfants. Une véritable commémoration à travers la musique !

« Non mademoiselle Pat’, je sais que l’on est à la moitié du skeud, mais il n’y aura pas de récrée aujourd’hui, inutile de pogoter devant mon bureau ! »

« Manners » démarre sur un riff d’intro grungy bien typé années ’90, les breaks de batterie sont énormes, le rythme très soutenu entraine dans sa sarabande les paroles martelées par Tarah : « Laisse-moi être ton mentor, plutôt que d’écouter les soi-disant bonnes manières qui te sont enseignées par les prédicateurs et les familles religieuses ».

« Illusion of Freedom » est un morceau particulièrement intéressant car il s’articule sur plusieurs parties avec des passages à l’atmosphère étrange. Riffs répétitifs, chœurs et rythme de batterie tribaux sur le chant « It’s an illusion of freedom », pont sur une basse puissante bien mise en avant, soli hispanique et berbère pour clôturer ce titre. « Illusion of Freedom est une réflexion sur la situation des réfugiés, avec toutes ces frontières invisibles qui nous divisent en tant qu’humains et cultures. »

La piste n° 7 « Pantomath » est quant à elle un hymne typiquement Punk, de par sa vitesse d’exécution : la batterie bourrine à fond, la guitare feule comme une tigresse affamée, le son est sale et brutal, le chant rugueux et hargneux. C’est agressif et beau à la fois ! « Ce morceau se veut la réponse à tous ceux qui pensent tout savoir sur tout, qui ont toujours raison, et qui ont finalement la critique facile ! »

« Qui a dit : ‘‘bin comme le prof !’’ ? ‘tention j’vous ai à l’œil mes gaillards ! »

La petite ballade speedée « Little Pieces » que l’on retrouvait déjà sur l’EP « Half Middle Child Syndrome » va clôturer cet album en douceur. Un sublime morceau très mélodique, qu’aurait certainement pu chanter son idole Alanis Morissette, tant la voix de Tarah y est envoutante, suave et intense. Les parties de guitares en son clair sont fichtrement bien façonnées, et même si la batterie parait très métronomique elle reste cependant bien appuyée et énergique. Mon deuxième gros coup de cœur dans cet album !

Pour conclure, je dirai que « Supposedly A Man » est un album très travaillé, explosif, puissant, toujours aussi engagé et qui secoue les tripes.
Avec une identité sonore qui lui est propre, ses riffs abrasifs et sa batterie qui décape, Tarah Who? à travers ses textes autobiographiques, ses expériences, ses pensées, ses émotions, ses vibrations ressenties, nous délivre des messages sur l'acceptation de soi, l'amour mutuel malgré les différences physiques et idéologiques et les affaires qui affectent la société dans son ensemble.

Un duo qui envoie comme un quartet et qui nous fait vivre ses doutes, ses passions, et son combat perpétuel pour être accepté en tant que musiciennes dans un univers musical en majorité profondément macho, et rien que pour ça les filles vous méritez tout notre respect !

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« Bé voilà, c’est la fin du cours, n’oubliez pas d’acheter le CD ou sa version numérique ! Relisez bien vos notes, il y aura interro prochainement … »

L’interview de Tarah Who? par Ahasverus c’est ici :


Les liens :


MATOSCOPE

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  • Tarah :
    Guitares : Fender Vintera 60s Jaguar Modified HH PF Surf Green / Fender Strat.Lead III / G&L Tribute ASAT Classic-Black (Telecaster) / Epiphone Riviera / Custom Red Sunburst Chris Lai (Luthier Paris) / Gibson J45
    Amplis : Blackstar HT CLUB 40 MKII / VOX AC30 / Marshall 73' Super Lead
    Effets : Archer Icon / Friedsman / TC Electronic Hall Of Fame 2, Echoplex, Xotic EP Boster, Whammy / Fulltone Secret Freg
    Micro chant : Electro Voice 664
  • Coralie :
    Pearl Vintage / PDP by DW Concept Maple / GC 22, 12,14 / caisse claire ARDrums / TRX cymbals 20 ride ,16,18,13 HH, 15HH / Los Cabos Drumsticks, en gauchère.
 

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