Il était une fois une ville des Hauts de France, traversée par la Deûle, et connue pour ses draperies du XVI ème siècle. Euhhhh ! Oui !....
Hey, Dam'Aël, l'histoire, tout à fait d'accord, mais rappelle-toi, tu es sur le zine... et sur le zine on parle de l'histoire du Rock et de celle des groupes qui s'y adonnent.
Je reprends. Mais l'histoire qui nous intéresse aujourd'hui, c'est celle qui débute fin 2017 à Haubourdin (à 5 km au nord-ouest de Lille), née de la rencontre entre Alex (Alexis Ponchel ) et Léonard (Léonard Cakolli) ; le premier est bassiste et le second est batteur de passion, mais à l'époque il campe derrière une guitare en compagnie d'une chanteuse. Alors Ahas. tu vois où je veux en venir...
Léonard Cakolli, batteur
Bon, le duo devient trio mais pas suffisant pour satisfaire leur frénésie musicale largement influencée par les tranquilles Deep Purple, Mötley Crüe, Guns N'Roses, Kiss et bien d'autres tout aussi léthargiques.
Victor Taine à la guitare rythmique (Victor Taine)
Victor Taine, guitare rythmique
La jeune chanteuse est remplacée par Liam Geenens, plus aguerri dans les vocalises. Les répétitions s'enchaînent dans leur petit local, dans la joie, la bonne humeur et une motivation extrême.
Les potards à fond les manettes, les semelles bien burinées, et leurs faces bien lissées de jeunes à peine sortie de l'adolescence ( oui, ils ont entre 17 et 20 ans), les voilà en proie d'investir les scènes locales de leur Hard Rock US, parfois Glam voire même Sleaze . Sauf que les prestations locales, pour SHARX ce n'est pas suffisant !
Alexis Ponchel AKA Alex Queen, bassiste
Et v'lan pourquoi pas la Belgique, quelques festivals au passage, sans oublier quelques tournées dans les bars où les discussions de comptoir sont bien évidemment aux connotations Rock 80's.
Et c'est sans compter, leur prestation en première partie du Rocker américain Adam Bomb, le 8 juin 2019 ! Léonard, le batteur, est une véritable pile électrique sur scène, à tel point qu'il finit debout sur ses gambettes pour marteler de façon sismique la peau des fûts de sa batterie. Même assis, c'est pied au plancher qu'il fracasse sa grosse caisse et le tempo cavale, langue pendante, pour ne pas se laisser distancer... Plus sérieusement le jeu de ce batteur est exceptionnel ; rapidité, fluidité, dextérité et efficacité sont les maîtres mots de ce musicien qui laisse présager un bel avenir. C'est un show à lui tout seul. A noter qu'à partir de cette prestation Léo accompagne, évidemment à la batterie, le New Yorkais, au cours de sa tournée européenne - pas moins de 100 concerts à ses côtés, et hautement gratifié de compliments par Adam sur scène - Et ce ! jusqu'à Marseille, au Cherridon où, Alex Queen, assure, ce soir là, le poste de bassiste (Alex assure un second show, la fonction de roadie et de chauffeur par la même occasion) ! Vous commencez à cerner la qualité de ces jeunes musiciens, j'en suis certaine. Petite info bonus, une tournée aux USA est prévue, mais dans ces circonstances très particulières, difficiles de présager de l'avenir de cet American Tour.
Léonard Cakolli et Alex Queen aux côtés d'Adam Bomb à Marseille, au Cherridon.
SHARX décide, en guise de première carte de visite, de graver en un EP de près de 10 minutes, 3 de leurs compositions :
Verso de l'EP SHARX, 3 titres
1. Deep Blue :
entrée en matière avec une guitare très en retrait et en mono qui, en fait, se fait désirer ; la batterie de Léo ne tarde pas à ouvrir le bal avec panache, et les guitares explosives viennent regagner le premier plan tel un "blizzard tropical" (oui le climat est perturbé, on le sait tous) pour mettre la patate dans ce titre super bien ciselé ; une construction mathématique , un jeu carré et un tempo qui décoiffe sa m***.
2. Don't Wanna Be Your Dog : on aime la guitare en retrait et en mono chez SHARX pour démarrer les hostilités. Un groove, un rythme qui déménagent. Je vous conseille d'être hyper attentif à l'arrivée du solo de basse/batterie (1'49-1'59), très court mais excellent qui ravit les amateurs comme moi. Un morceau qui fait pogoter, headbanguer et dodeliner avec énergie du popotin. Jolie fin avec uniquement la batterie de Léonard.
Sharx - Don't Wanna Be Your Dog
Recto de l'EP SHARX, 3 titres
3. One More For Love : les petits futés entrenten scène avec une batterie qui marque le tempo à la noire avec la grosse caisse, une guitare à l'image d'une femme qui aime se faire désirer, s'annonce en toute discrétion en arrière plan, et une autre qui s'avance avant de monopoliser, enfin presque, la toile. C'est une harmonie parfaite entre tous les instruments. La basse bien lourde forme un couple exemplaire avec la batterie, ce duo s'articule en bonne intelligence avec les guitares en les suivant de très près, sans qu'aucun instrument ne prenne la grosse tête. La fin s'évanouit tout en douceur, laissant une grande porte ouverte sur l’océan d’une suite...obligatoire. Personnellement, j’ai attaché un fil d’Ariane à l’aileron de SHARX pour ne pas laisser filer ce jeune poisson.
Et dans tout cela, une voix qui assure avec une identité propre, efficace, qui prend sa place sans piquer celle des autres, et qui rappellerait un tantinet celle de Phil Lewis de L.A. GUNS.
Pour ma part, je trouve en cet EP, un équilibre parfait, une énergie évidente, une rigueur, aucune fioriture laissant un certain mystère sur ce que SHARX va pouvoir nous préparer dans un avenir proche. Je pense qu’ils peuvent nous étonner très rapidement eu égard à la jolie qualité de ce petit EP éponyme SHARX. Mixé par Phil Reinhalter et Yannis Geenens au Wavelight Factory et masterisé par Frédéric Motte au Conkrete Studio, l’ensemble est juste à point. Il est auto-financé par les membres du groupe eux-mêmes, grâce aux cachets de leurs concerts. Et le logo me direz-vous ? Et bien devinez... c'est le graphiste en culotte courte qui mène à la baguette, avec son professeur de graphisme du lycée, l’élaboration du logo très sobre et très représentatif de la force du combo. Oui, Léonard Cakolli a essuyé les bancs de cet enseignement, désertant les lieux, pour répondre à une aventure qui ne se représente pas 2 fois dans le quotidien, celle de tracer, en parallèle de SHARX, l'équivalent de la route 66 musicale, auprès d'Adam Bomb.
en attendant une possible vente en ligne qui n'est pas encore en place.
Leur futurs espoirs seraient, après avoir joué aux côtés d'Adam Bomb, de KRAZY LIZZY (Bobble café à Lomme), de Nephtis et autres..., de faire la première partie de groupes tels que OVERDRIVERS ou Tyson Boogie, voire pourquoi pas ouvrir pour HELLECTROKUTERS dont léonard est fan depuis toujours... A bon entendeur salut...
« Elevate » confirme la grande forme de Lee Aaron, Metal Queen aujourd'hui plus que jamais.
Lee Aaron.
L'une des premières Metal Queen.
En tous cas certainement celle qui en a revendiqué le titre le plus tôt avec son album de 1984.
Pas usurpé, la couronne ! Une vraie rockeuse, Lee !
Elle débute la musique toute petite. Elle n'a qu'une quinzaine d'années quand elle rejoint en tant que chanteuse/saxophoniste et clavier un groupe baptisé... Lee Aaron ! Elle en fera son pseudo.
C'est donc avec The Lee Aaron Project qu'elle débute sa véritable carrière un poil plus tard.
Années 80, l'âge d'or du heavy metal. Lee enchaîne les albums. Notoriété internationale. Elle fait les backing vocals sur le titre « Rythm Of Love » de Scorpions en 1988... Elle connaît son plus gros succès commercial à la fin de la décennie avec « Body Rock » (1989). Vous pouvez l'écouter aujourd'hui, il sonne toujours savoureux.
Quelques albums encore, puis Lee met sa carrière musicale entre parenthèses pour se recentrer sur sa famille.
Un passage par le jazz (l'album « Slick Chick » notamment) avant de revenir à ses amours avec l'album « Fire And Gasoline » en 2016.
Le train est en marche à nouveau. On ne l'arrête plus : « Diamond Baby Blues » et « Almost Christmas » en 2020, « Radio On! » en 2021. Elle confesse que ses parents la croyaient hyperactive.
2022, le Lee Aaron nouveau est arrivé. Il s'appelle :
« Elevate »
Côté production, Mike Fraser. Il a bossé avec AC/DC, Aerosmith, Bon Jovi...
Ca s'entend d'ailleurs : le gros son, la basse qui sonne comme du Cliff Williams...
Durant quarante-deux minutes la Canadienne envoie des morceaux calibrés, la guitare lead est bien présente. Un songwriting globalement hard, parfois teinté d'AOR, plus rarement de pop (« Highway Romeo ») compose un album très équilibré et si agréable qu'il glisse sur le lecteur comme une lettre à la Poste. Une ballade (« Red Dress ») et des choeurs lui apportent un peu de velouté. Le chant quant à lui atteint sa plénitude, réglé au cordeau, tantôt léger, tantôt agressif, mettant l'émotion ou la puissance quand il faut, changeant de registre comme de chemise, toujours avec maestria.
« Elevate » confirme donc que la grande dame est toujours une Metal Queen, et aujourd'hui peut-être plus que jamais. Elle enchaîne les albums de hard inspirés à un rythme effréné, mais les fers bien rivés au pavé. Allez-y de confiance.
Le songwriting et le talent ouvrent le champ des possibles à un groupe à fort potentiel dont on n'a assurément pas fini de vous parler.
Un peu d'histoire : le samedi 6 avril 1974, le groupe ABBA remportait l'Eurovision avec une chanson qui célébrait l'une de nos défaites.
DEPUIS, LES SUEDOIS DOMINENT LE MONDE DE LA MUSIQUE !
En ce 25 novembre de l'année 2022, ils reviennent — non pas Abba mais les Suédois ! — via le label The Sign Records, pépinière de talents incontestables. Sont nominés dans la pépinière : MaidaVale, Hot Breath, Heavy Feather, Children of the Sün, Grande Royale et autres NEPHILA. J'en oublie au fond de l'enveloppe, c'est certain.
C'est qu'ils arrivent en convoi de Stockholm (prononcé en suédois « stɔkː(h)ɔlm »), nos Scandinaves. Ou de Göteborg-Rock-City (prononcé en suédois « ʝøːtəˈbɔr »), ou de Malmö (prononcé en suédois « malːˈmøː ») ou de n'importe où en Suède (prononcé en suédois « ninːpø':tu' ») afin d'assurer leur suprématie et de faire en sorte à coups de prix modiques — 7 € seulement sur Bandcamp ? Ah les salauds ! — que le trou ne se referme pas...
La dernière saillie en date de The Sign Records est assurée par The Riven. Le quintet est actif depuis 2016. Il pratique un rock/hard rock influencé par les 70's — c'est le crédo du label — et il commet ici son second long format :
« Peace And Conflict »
« Peace And Conflict » est un neuf pistes d'environ trente-sept minutes.
Maarten Donders en a réalisé l'artwork.
L'album a été enregistré aux La Cavana Studios par Arnau Diaz, guitariste de The Riven. Le mixage et le mastering sont de Ola Ersfjord.
Passons à la musique. Ca commence en dynamique avec deux pièces assez proches. Les guitares hard-rock savoureuses (à la Foghat) et la basse s'activent (« On Time » et ses choeurs bien fichus, « The Taker »).
« Peace And Conflict » leur succède. Il donne son nom à l'album. Il est plus lent, se rapproche du rock psychédélique. La voix de Totta Ekebergh se fait rageuse. Puis le morceau part en guitares à la tierce. La pièce, bien ficelée, prend de la densité.
Les cordes et les lyrics de « La Puerta Del Tiempo » nous transportent en Espagne le temps d'un interlude. Ca ne dure pas : la batterie reprend la main avec le chaloupé « Sorceress ».
« On Top Of Evil » flirte avec le doom puis le quitte pour s'emballer dans un final aux séduisantes rythmiques sabbathiennes.
Un hard classique prend le relais (« Fly Free ») et, là encore, s'autorise de belles lignes de guitares.
Très jolie pièce aux cordes claires, « Sundown » permet à Totta Ekebergh de s'approprier l'espace et de nous donner la mesure de son talent.
Le bluesy « Death » cloture l'album. La fin est épique.
Ces neuf morceaux composent un cocktail très ouvert dans un album dont les influences puisent dans le rock, le hard-rock, le rock psychédélique intense et le heavy du début des 80's. Le chant féminin est puissant et bien ajusté, les guitares jouent volontiers à la tierce, la basse aime les chemins de traverse. L'interprétation est brillante tandis que le songwriting ouvre le champ des possibles à un groupe à fort potentiel dont on n'a assurément pas fini de vous parler. Décidément, on ne peut que vous recommander de suivre The Sign Records, leur label, qui continue à nous enchanter avec des ambassadeurs toujours de très haut niveau.
« The history book on the shelf /Is always repeating itself », prévenaient Agnetha et Anni-Frid. Nom d'un fjord ! La Suède, musicalement, n'est pas prête de lâcher l'affaire.