Le Groupe : NIGHTMARE
L'Album : Aeternam (2020)
Genre : Metal
Origine : Grenoble
Par Ahasverus
Le Groupe :
Nightmare est un groupe de métal formé à Grenoble en 1979.
Il connaît une première période d'activité jusqu'en 1987, durant laquelle il enregistre deux albums et fait la première partie de Def Leppard.
Il se reforme en 1999. Jo Amore, batteur du Nightmare première période, passe au chant, cèdant ses fûts à son frère David Amore. Ils garderont ces postes jusqu'en 2015, et Nightmare enregistrera sept albums dans cette configuration.
En 2015, Jo et David quittent Nightmare pour former le groupe de power metal KingCrown. La puissante Maggy Luyten (Ayreon, Virus IV, The Prize) est recrutée pour le poste de chanteuse. Nightmare aborde avec elle un virage plus agressif, illustré par l'album "Dead Sun". Il sera l'unique témoignage discographique de leur collaboration.
En 2019, Nightmare choisit Madie, vocaliste de Faith In Agony, jeune groupe grenoblois ne comptant que deux EP, pour remplacer Maggy Luyten.
Nightmare, par Denis Charmot.
Madie se souvient : "Un soir en rentrant du travail, Niels (Batteur) m’appelle et m’expose la situation complexe que traverse Nightmare : Maggy Luyten ne continue pas l’aventure, une date est prévue en juillet (nous sommes début mars…), il leur faut absolument quelqu’un pour la remplacer au pied levé. Je m’interroge, je questionne mon entourage, tout le monde me pousse et m’encourage, je valide donc mon choix." (ahasverus.fr)
Le Nightmare 2020 se compose donc de Madie (chant), Franck Milleliri (guitare), Matt Asselberghs (guitare/chant), Yves Campion (basse - seul membre fondateur du groupe encore présent) et Niels Quiais (batterie).
En 2020, Nightmare revient avec un nouvel album :
"A E T E R N A M"
L'Album :
"Aeternam" compte dix pistes pour près de quarante-neuf minutes.
L'artwork est signé Mickey Mythrid Art, qui a notamment collaboré avec Benighted et Asylum Pyre.
"Aeternam" s'est constitué à partir d'idées ébauchées avant le départ de Maggy Luyten. Il a été finalisé pendant le premier confinement de 2020.
Sur l'écriture des textes, Madie nous confiait : "Beaucoup de riffs étaient déjà posés pour «Aeternam» mais aucun texte ou concept d’album n’avait encore été proposé. Nous avons donc longuement échangé sur le sens de l’album, des sujets que nous voulions aborder au cours des morceaux, de la manière d’écrire et d’interpréter ce qui allait en découler. Disons que j’ai proposé la trame générale des textes , quelques-uns ont été validés, d’autres ont été remaniés ensuite, «à la sauce heavy», des lignes mélodiques ont elles aussi été prises en compte ou gardées à l’identique afin d’apporter de l’exclusivité à Nightmare."
"Aeternam" est mixé et masterisé à San Marino, au Domination Studio (Michael Romeo, Eldritch, Vision Divine, Furies), studio du guitariste italien Simone Mularoni (DGM, EmpYrios).
Matt Asselberghs assure les voix masculines sur Anneliese, dernière piste de l'album.
Sur son travail des voix, Madie précise : "Je débarque au milieu d’une histoire que je n’ai pas créée, d’un style qui contient des codes bien rodés, presque stricts. Il a fallu tirer un peu sur les rênes dans les premiers temps. Une fois la frustration tamisée, j’ai su m’adapter et apprécier ces codes, en faire ma petite sauce et proposer quelque chose. La plus grande problématique que j’ai pu rencontrer dans la concrétisation de cet album fut la préparation. Nous étions hélas très pressés par le temps mais refusions catégoriquement de bâcler la sortie de ce nouveau line up. Il a donc fallu s’adapter vite, très vite... J’ai la chance d’avoir une assez bonne amplitude vocale, ce qui a permis de nous balader un peu partout sur les mélodies."
Les Critiques :
"Aeternam prouve qu’après plus de quarante ans de carrière, le plus bel avenir de Nightmare est peut-être devant lui."
https://www.lagrosseradio.com
"Un très bon album aux accents Thrash, avec une très bonne chanteuse et des titres très bien composés qui installent définitivement le groupe parmi les chefs de file du Heavy Metal national."
http://lordsofchaoswebzine.com
"Clairement un retour en grande forme de nos Français."
https://www.auxportesdumetal.com
"Nightmare fait son retour de la plus belle des manières."
https://powermetalfrance.fr
"On peut clairement parler de retour en force et en forme pour Nightmare."
https://www.musicwaves.fr
"L’un des meilleurs albums du groupe à ce jour !"
http://rockmeeting.com
"Aeternam donne naissance au meilleur album du groupe à ce jour."
http://www.loudtv.net
"Même si vous n'êtes habituellement pas fans de NIGHTMARE, laissez-vous tenter, vous pourriez avoir une très belle surprise avec "Aeternam"."
http://metal.nightfall.fr/
"D’excellentes compositions servies par un travail d’écriture irréprochable et interprétées par des artistes dont le talent n’est plus à prouver."
https://hardrock80fr.wordpress.com
"Nightmare nous colle mandales sur mandales avec une malice qui frôle le sadisme… ou le Madisme… C’est comme on veut, au point où on en est !"
http://www.soilchronicles.fr
Notre Avis :
Meilleur skeud de Nightmare, "Aeternam" ? Je l'ignore.
Nightmare, c'est quand même onze albums, une histoire musicale qui balaie quarante ans de musique rock , un registre qui est allé du hard-rock jusqu'à bien au-delà du power métal.
N'empêche, il en faut un toupet pour aller recruter une quasi-inconnue ! Brillante certes, mais officiant dans un registre totalement différent. Il en fallait de la confiance en soi pour remplacer une pointure comme Maggy Luyten et un ténor comme Jo Amore. Il fallait avoir l'oreille sûre et le nez drôlement fin, pour arriver à emballer certains zines spécialisés désormais convaincus que "Aeternam" est le meilleur album des quarante ans d'histoire de Nightmare...
C'est qu'avec "Aeternam", les pionniers continuent à faire la trace, passant du mélodique à l'agressif, ouvrant le chemin à coups de riffs, à coups de blasts, parfois jusqu'aux limites du death, reprenant souffle dans les espaces dégagés par de légers claviers ("The Passenger"), s'accordant une courte respiration (la superbe intro de Crystal Lake) avant de repartir en rafales, innovant avec un chant masculin / féminin bien séduisant ("Anneliese").
Quand à Madie, la nouvelle recrue, qu'on croyait éloignée de ses bases, elle virevolte, elle est partout chez elle. Alors elle touche à tout, agressive (Black September, Downfall Of A Tyrant), délicate (Crystal Lake), aérienne sur les secondes voix (Lights On). Et on prend les paris - écrire au zine - qu'elle n'a pas encore dévoilé toutes ses facettes.
Loin de capitaliser sur des lauriers accumulés du haut de ses quarante ans, Nightmare en remontre donc à nombre de jeunes loups, construisant un mur du son de niaque et de modernité (l'énorme "Aeternam" qui donne son nom à l'album). Ils feraient bien de prendre leur mal en patience, les jeunes loups, parce que les vétérans en ont sous la semelle, ils ne semblent pas pressés de céder la place.
Nightmare est aujourd'hui un paquebot d'envergure internationale. Il est conduit de main de maître malgré les écueils qui jalonnent sa route. Il a bâti "Aeternam" sur un triptyque de puissance, de technique et d'agressivité. Et l'édifice est impressionnant.
Tandis que NIGHTMARE est dans les starting-blocks pour le lancement de son nouvel album (“Aeternam”, qu’il présentera le 11/09/2020 à Paris puis le 18/09/2020 à Grenoble) nous avons questionné Madie, sa jeune vocaliste.
Elle nous parle de son parcours, de son intégration au sein de la formation grenobloise, du nouvel opus, et de Faith In Agony où elle exerce également ses talents. (interview réalisée par Ahasverus pour Hard French Metal)
“Un soir en rentrant du travail, Niels (Batteur) m’appelle et m’expose la situation complexe que traverse Nightmare : Maggy Luyten ne continue pas l’aventure, une date est prévue en juillet (nous sommes début mars…), il leur faut absolument quelqu’un pour la remplacer au pied levé.”
Bonjour Madie. Pour commencer cette interview j'aimerais te proposer un saut dans le passé : premier souvenir d'enfance lié à la musique ?
Bonjour Ahasverus, et merci de ton intérêt ! Oula oui ! ça ne nous rajeunit pas tout ça ! Mon premier souvenir lié à la musique c’est déjà de voir ma mère, sa guitare folk et mon père qui chantonnent sur des tapis indiens entourés d’amis. De mon côté, aussi loin que je m’en souvienne, j’étais fascinée par la bande originale de la petite sirène de Disney que je tentais de maîtriser d’une traite sans respirer.
Premier album acheté avec ton argent de poche ?
“Dangerous” de Mickael Jackson, sans aucun doute. Le disquaire m’avait même gentiment offert le drapeau de l’artwork de l’album, aussitôt affiché dans ma petite chambre. Je me perdais dans ses innombrables détails en écoutant l’album.
Michael Jackson, "Dangerous" (1991)
Premier concert ?
Je te passe les détails embarrassants d’Henri Des et Dorothée parce que ça la fout mal, mais mon premier véritable concert fut celui du groupe français Ange, formation que mon deuxième papa de cœur m’a fait découvrir très jeune. J’ai rapidement apprécié leurs textes alambiqués et leur prestance scénique théâtrale.
Comment le chant entre-t-il dans ta vie ?
Grâce à un vieux magnétophone que j’avais récupéré chez mes grands- parents. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours chantonné. Le spectacle et le chant ont toujours été mes moyens d’expression privilégiés. Vingt ans plus tard, je rencontre Bruno Jeanmart, mon premier mentor, un ami de ma mère, qui me propose de monter un groupe de reprises Jazz. C’est le début de Smoky Eyes…
Le chant représente combien de temps dans une journée de Madie ?
Je n’ai hélas pas de grande discipline en ce qui concerne le chant, je suis quasiment autodidacte dans ce domaine et n’ai aucune formation académique. Ça n’est que depuis très récemment que je tente de découvrir et perfectionner une technique. Je prends aujourd’hui quelques cours et repères afin d’aller plus loin dans mes possibilités vocales. Concernant le facteur temps, je ne chante pas du matin au soir car je me serais fait mettre à la porte de beaucoup de maisons (rire), mais je fredonne assez régulièrement au cours de la journée.
Madie par Megaloprod
Tu évoquais Smokey Eyes... C’était ton premier groupe ?
Smoky Eyes est ma première formation à proprement parler. Comme je le disais plus haut, ma rencontre avec Bruno a été décisive pour plein de raisons, personnelles, professionnelles et musicales. Nous avons rapidement troqué les reprises jazz pour le rock. J’avais envie de reprendre des classiques puis de commencer à composer et créer. Il nous fallait donc un guitariste en conséquence. Nous avons alors fait la connaissance de Grey et nous ne nous sommes plus lâchés. Nous avons parcouru beaucoup de routes, monté sur plein de scènes diverses et variées, vécu nos premières expériences de live, de studio, appris la rigueur que tous ces domaines représentent. Je suis plus que reconnaissante et fière d’avoir eu la chance de me produire avec Smoky Eyes !
Grey te rejoint donc dans Smokey Eyes puis en 2016 vous rencontrez Eva (basse) et Quentin (batterie). C'est le début de Faith In Agony... Comment présenterais-tu l'univers de ce groupe ?
Faith In Agony nait suite à un désir commun entre Grey et moi-même de professionnaliser notre créativité et de pousser plus loin nos propos musicaux. Nous avions envie d’une formation plus incisive, avec des riffs et des influences plus fortes frôlant le métal et le grunge. Quentin et Eva faisaient la paire concernant la motivation et le niveau musical énorme qu’ils proposaient. Une grande complicité se crée dans notre quatuor et le groupe était lancé.
L’univers de Faith in Agony est d’abord assez brut, nous voulions rentrer dedans, être efficaces et reconnaissables. Nos premiers morceaux sont très grunge, presque punk. Deux nanas dans un groupe de grunge, on avait bien sûr envie et besoin de se faire entendre, de trouver notre place tout en créant cette osmose en live avec nos deux complices. Les textes du premier EP éponyme sont très agressifs, si on y prête l’oreille, on peut entendre ce désir presque pulsionnel d’aller plus loin dans la concrétisation de nos idées.
Notre univers s’est un peu maturé avec «Do Not Repeat», nous avons travaillé d’arrache-pieds, plié nos étendards et nous nous sommes concentrés plus profondément sur nos sons et les ambiances plus précises à atteindre. Ce dernier EP nous a lentement guidé vers l’écriture de notre premier album «Drowned & Exalted» qui sortira tout prochainement.
Faith In Agony, "Do Not Repeat" (2017)
C'est toi qui écris les textes de Faith In Agony. Quentin disait à ce propos “ je vous conseille de vous pencher dessus car ils sont plutôt chiadés !” Comment aimes-tu travailler l'écriture, et quelles sont les thématiques qui t'inspirent ?
Quentin a toujours été le premier curieux de mes textes et c’est très appréciable. Mon écriture n’est pas très académique non plus et je n’ai pas la prétention d’être bilingue. Écrire en anglais a toujours été une envie de ma part, ma langue natale, je la réserve pour des écrits plus personnels et poétiques. L’écriture des textes notamment pour «Drowned & Exalted» est on ne peut plus intimiste, très introspective. J’aime évoquer un sujet en particulier dans chaque morceau, j’essaie d’éviter les phrases bateaux et je fonctionne par tableaux mentaux. J’imagine, je retrouve une scène, je formalise une pensée et je tente de la concrétiser, de la traduire en écriture. Mon désir est d’être au plus proche de mes questionnements, de mes ressentis, sans pudeur, parfois même de manière très brute. Les thématiques que j’aborde sont universelles et peuvent toucher tout le monde, chacun se questionne à son échelle sur son rapport à l’autre, sa place en tant qu’individu, sa marginalité, sa finitude…
Madie par Megaloprod
“Nous ne nous sommes pas assagis pour autant mais disons qu’on accepte de ne plus mettre les coudes sur la table sans pour autant se tenir correctement !”
Quel regard portes-tu aujourd'hui sur vos deux EP ?
J’aime réécouter ces deux EP et retracer le chemin parcouru. Comme je le disais plus haut, le premier EP de Faith In Agony est très incisif, brutal rentre dedans, sans concessions, presque adolescent, on est dans le tout et tout de suite. «Do Not Repeat» est en recherche de maturation, nous ne nous sommes pas assagis pour autant mais disons qu’on accepte de ne plus mettre les coudes sur la table sans pour autant se tenir correctement ! «Drowned & Exalted», si on reste dans la métaphore du bon sens commun va questionner le «pourquoi», le «comment», le «d’où ça vient» et ce qu’on choisit d’en faire.
De ton côté tu rejoins l'aventure Nightmare... Comment se passe la rencontre ?
J’ai fait la rencontre de Yves Campion au 69 à Grenoble…
Je laisse un temps pour les blagues salaces…
...Voilà (Rire).
Je me produisais avec Smoky Eyes et il m’a apparemment repérée à cette époque-là, patient le mec ! Il nous a ensuite fait confiance avec Faith In Agony en nous offrant la première partie d’Ultra Vomit à L’Ilyade de Grenoble. Très grand moment pour nous quatre !
Un soir en rentrant du travail, Niels (Batteur) m’appelle et m’expose la situation complexe que traverse Nightmare : Maggy Luyten ne continue pas l’aventure, une date est prévue en juillet (nous sommes début mars…), il leur faut absolument quelqu’un pour la remplacer au pied levé. Je m’interroge, je questionne mon entourage, tout le monde me pousse et m’encourage, je valide donc mon choix. Je suis à la fois terrifiée et impatiente, je mesure la charge de travail, tous m’attendent au tournant mais croient malgré tout en moi.
Yves me teste sur quelques anciens titres, je découvre le groupe, son univers, le heavy métal qui m’est presque inconnu et je commence à travailler dur. J’apprends l’album entier en moins de trois mois, nous répétons quelques fois, je rencontre tous les membres et le staff affilié au groupe, tous sont très accueillants et confiants, cela me rassure beaucoup. C’est grand pour moi, très grand et mon impatience s’intensifie. Le concert au Panicfest se déroule plutôt bien, je suis accueillie avec le sourire par les fans présents ce jour. Je suis ravie. La complicité avec tous les membres du groupe ne fait que grandir depuis cette date et nous sommes tous très heureux et trépignants de vous faire découvrir «Aeternam».
Nightmare, par Denis Charmot.
“Je suis toute petite dans un monde de grands.”
Tu succèdes donc à Jo Amore et à Maggy Luyten... Tu as vécu ça comment ?
Je suis toute petite dans un monde de grands, ça a été mon premier ressenti. Jo Amore et Maggy Luyten sont des monstres de talents tant vocalement que scéniquement. Ils ont tous deux marqué l’identité du groupe, de temps forts, à leur manière. Je les remercie tous les deux d’avoir fait naître et perdurer la grande histoire Nightmare. Je suis honorée d’en faire partie aujourd’hui et compte bien donner le meilleur.
Les fans ont parfois la dent dure lors des changements de line-up, surtout quand il s'agit du poste de chanteur. Tu t'es sentie bien accueillie ou tu as dû faire tes preuves ?
Comme dans tout changement de la vie, il y a plusieurs formes de ressentis, certains restent attachés aux premières valeurs, d’autres constatent un changement, certains une belle évolution… Les retours sont bons, les gens apprécient la nouvelle identité de Nightmare, commentent que la nouvelle voix apporte de nouvelles couleurs originales dans le monde du heavy métal, hors du chant uniquement growl ou lyrique. Je suis heureuse que les gens apprécient le changement malgré tout car je serais tout à fait incapable de véhiculer un seul et même code musical. J’ai hâte de monter sur scène, défendre «Aeternam» et partir à la rencontre de notre public récent et ancien.
“Aeternam” et “Lights On”, les clips présentés par Nightmare avant la sortie de l'album “Aeternam” (02/10/2020) sont solides et prometteurs. Les titres étaient-ils finalisés avant ton arrivée ou tu as pu apposer la Madie's touch ?
Merci pour ces mots. Nous avons beaucoup travaillé pour ces clips, j’en ai géré toute la trame scénaristique et artistique. Je ne conçois pas l’intégration d’un projet quel qu’il soit sans y apporter quelque chose. Beaucoup de riffs étaient déjà posés pour «Aeternam» mais aucun texte ou concept d’album n’avait encore été proposé. Nous avons donc longuement échangé sur le sens de l’album, des sujets que nous voulions aborder au cours des morceaux, de la manière d’écrire et d’interpréter ce qui allait en découler. Disons que j’ai proposé la trame générale des textes de ce bel album à venir, quelques-uns ont été validés, d’autres ont été remaniés ensuite «à la sauce heavy», des lignes mélodiques ont elles aussi été prises en compte ou gardées à l’identique afin d’apporter de l’exclusivité à Nightmare.
Je t'avoue que quand tu es partie dans Nightmare j'ai eu des craintes pour la suite de Faith In Agony. La question ne s'est pas posée ?
La question ne s’est absolument pas posée pour moi. Faith In Agony est et restera l’un de mes projets. J’ai pour habitude de mener tous mes objectifs à terme. Il n’est pas envisageable de quitter une formation pour une autre. Il faudra simplement travailler différemment avec ces deux projets qui demandent beaucoup de temps et d’investissement, je ne pourrais pas m’engager dans de nouvelles formations musicales mais une chose est sûre, «Drowned & Exalted» et «Aeternam» seront défendus de manière équitable et de tout cœur.
Madie par Megaloprod
“Je débarque au milieu d’une histoire que je n’ai pas créée, d’un style qui contient des codes bien rodés, presque stricts. Il a fallu tirer un peu sur les rênes dans les premiers temps.”
Faith In Agony/Nightmare, ce n'est pas le même registre. Comment as-tu adapté ton chant pour Nightmare ?
Le registre est en effet très différent. J’ai la chance de jouir d’une une parfaite liberté au sein de Faith In Agony. Nightmare c’est différent, je débarque au milieu d’une histoire que je n’ai pas créée, d’un style qui contient des codes bien rodés, presque stricts. Il a fallu tirer un peu sur les rênes dans les premiers temps. Une fois la frustration tamisée, j’ai su m’adapter et apprécier ces codes, en faire ma petite sauce et proposer quelque chose. La plus grande problématique que j’ai pu rencontrer dans la concrétisation de cet album fut la préparation. Nous étions hélas très pressés par le temps mais refusions catégoriquement de bâcler la sortie de ce nouveau line up. Il a donc fallu s’adapter vite, très vite... J’ai la chance d’avoir une assez bonne amplitude vocale, ce qui a permis de nous balader un peu partout sur les mélodies.
Revenons à Faith In Agony. Où en êtes-vous de l'album “Drowned & Exalted” ?
«Drowned & Exalted» est dans la boîte, tout est prêt pour le pressage à l’heure où j’écris ces lignes. Ce foutu virus a foutu une merde noire dans la culture en général et retarde le monde de la création. Cet album est très attendu et nous rongeons notre frein pour le moment. Nous voulons faire naitre cet album en anticipant toutes les possibles embuches. Nous ne sommes pour le moment pas protégés par un label qui pourrait être notre garantie de sécurité alors nous voulons faire les choses correctement.
Comme je le disais plus haut, «Drowned & Exalted» est le résultat de nos introspections respectives, tous les instruments ainsi que la voix transpirent une forme de lourdeur. Nous voulions faire un album très intimiste et au plus proche des émotions qui nous ont traversés ces dernières années.
Ton emploi du temps dans les prochains mois ?
Un emploi du quoi ? Ici on parle plutôt de tornade (Rire).
Il y a énormément de choses en préparation qui demandent beaucoup de temps et de réactivité. Ces deux albums enregistrés en moins d’un an, un troisième clip pour Nightmare, surement aussi pour Faith In Agony, beaucoup de répétitions, des contributeurs à remercier, des billets d’avions à réserver, des résidences, des release party et si on a encore du temps, peut-être pourrons nous dormir un peu ! Nous vivons dans la hâte de vous présenter tout ça !
Durant l'été 2021, Nightmare sera au Russian Metal Open Air puis au Rock Äm Stuck (Allemagne), sur la même scène que Skid Row, Stratovarius, Therion, Rose Tattoo, Testament, Bonfire et bien d'autres géants qui ont façonné l'histoire du Rock Metal international. Ca t'inspire quoi ?
Ça m’inspire déjà pas mal de tachycardie (Rire), mêlée à de l’impatience, un peu de stress mais surtout beaucoup de plaisir. Je n’aurai jamais pensé, ou oser rêver de telles possibilité musicales et artistiques, c’est tellement nourrissant ! Une nouvelle fois, je me sens toute petite dans ce monde de grands et j’ai hâte de faire des rencontres, d’échanger avec de tels artistes, de refouler enfin le sol d’une scène et de plonger dans l’arène !
L'album que tu écoutes, en ce moment ?
Et bien très curieusement, je m’attarde en ce moment sur des registres très pop. Je n’ai pas un album en particulier à proposer mais je suis à la découverte de mes possibilités vocales, je m’amuse à reprendre certains titres à la maison, je découvre d’autres types de chants plus actuels. Peut-être quelques covers en prévision d’ici quelques mois si vous êtes sages...
S’il faut citer un album en particulier, ce sera celui qui m’apporte le plus de calme et de sérénité en ces temps bien studieux et agités. Je ne me lasse pas de la transe dans laquelle me plonge Loreena McKennitt, en particulier sur “Mask and Mirror” ou “Book of secrets”.
Loreena McKennitt, "The Mask And Mirror" (1994)
Un grand merci pour le temps que tu as bien voulu consacrer à cette interview, Madie, et au plaisir d'écouter ces deux nouveaux albums et de t'applaudir sur scène.
Un grand merci à toi pour ton intérêt, la pertinence de tes questions et ta réactivité ! Au grand plaisir de te voir également !
Groupe : ALTA ROSSA
Origine: Besançon (FR)
Album: VOID OF AN ERA (18/02/2022) - Chronique d'album
Genre: Post-Metal, Sludge, Noise
Label : Source Atone Records(Fr)
Par Dam'Aël
ALTA ROSSA: LE GROUPE
Jeune groupe originaire du Doubt formé en 2020, ces cinq potes n'en sont pas à leur premier exercice. Tous issus de formations précédentes comme HORSKH (Metal, Transe, Electro), ou ASIDEFROMADAY (Harcore, Noise), mais aussi The Erkonauts ou Slaughters, Prison Life, Flesh et Khynn, ils mettent un point d'honneur à allier leur amitié à leur passion. Si leurs influences sont un peu différentes, elles se retrouvent dans une parfaite osmose de créativité, réglée non pas comme du papier à musique mais plutôt à l'instar du mécanisme d'horlogerie bien connu de cette ville de Franche-Comté qu'est Besançon. Et pas question pour ALTA ROSSA de rester dans sa coquille ou d'avancer à l'allure d'un escargot de Bourgogne malgré cette pandémie. Jordan Daverio et Thomas Dubois aux guitares, Mathieu Martinazzo à la batterie, David "Dess" Demesmay à la basse et Antoine Lauzel qui tient le micro, entendent bien délivrer leur Post-Metal qu'ils allient au rageux Punk-Hardcore, au ténébreux Sludge s'appuyant sans concession sur de grosses sonorités Noise et Black Metal. Et leur objectif n'est pas uniquement d'investir les scènes de cette première ville verte de France mais bien d'aller clamer haut et fort, et de toute urgence, la ligne rouge que l'humanité est en train d'atteindre, au son des watts poussés dans le rouge vif. Vous aurez dès lors compris la raison de leur patronyme. « C’est dans les moments d’urgence et de violence que le groupe exprime le mieux son talent », et il faut reconnaître que les Bisontins ont de la matière première en excédent au regard de la déroute générale qui s'est mise en place depuis quelques décennies...
Je vous signifiais un peu plus haut, l'importance de l'amitié dans la vie du combo ; et bien il confirme l'essai en signant sur le label français Source Atone Records lequel devient une référence dans le domaine du Post-Metal, en accordant leur confiance à Christophe Denhez et Arnaud Gillard qui ont "la passion commune pour les aspérités les plus sombres de la musique Metal" ; pour rappel Christophe est le chanteur du groupe français Demande à la poussière (vous trouverez une chronique de leur album en cliquant sur ce lien: http:// http://www.ahasverus.fr/blog/chronique-d-album-demande-a-la-poussiere-blackened-post-hardcore-quietude-hostile-26-03-2021.html ). Et si le quintet connait déjà une belle visibilité sur la scène locale, cette signature devrait pouvoir hisser le groupe à des niveaux de fréquentation scénique encore plus opportune. Alta Rossa a été amené à donner de beaux concerts notamment au Festival Détonation à Besançon même, à la Rodia, et en première partie de Hangman's Chair au Moloco à Audincourt. Je vous signifiais aussi le parallèle avec la passion. Et force est de constater que les cinq membres Bisontins sont "jusqu'au boutistes" en faisant appel à d'autres personnes fortement passionnées, Elodie Salicz et Romain Richez de l'agence Singularités ( http://https://agencesingularites.fr/ ).
ALTA ROSSA: L'ALBUM "VOID OF AN ERA"
Evidemment on connait tous la conjoncture générale dont on nous a fait cadeau à grands coups de virus, de piquouses, de bourrage de crâne et de masques... de quoi énerver le plus grand nombre d'entre nous générant une colère sismique qui a tout intérêt à fuser hors de nos cellules. Alta Rossa fait forcément partie du lot et il y a une véritable urgence à plaquer sur les sillons tout le venin accumulé. Mais ne vous méprisez pas, il ne s'agit pas que d'un exutoire, bien au contraire. Cela reste en priorité une démarche artistique réelle où la sensibilité reste reine, même si celle du groupe se colore de teintes sombres voire très sombres. Et ce seront plus particulièrement les textes qui vont prendre chers écrits pendant cette période, a contrario des compositions musicales déjà largement avancées. Le groupe s'exprime: « La terre est condamnée à être détruite si aucune action des plus riches et des plus puissants n’est entreprise dans un principe collectif. À contre courant des libéraux type colibris qui prônent des actions individuelles et remettent la responsabilité sur chacun alors que les plus riches polluent le plus ou de ceux qui, au lieu de s’occuper de la terre et des êtres humains, ont comme unique préoccupation d’aller faire du tourisme dans l’espace en toute impunité comme Jeff Bezos ou Elon Musk. »
VOID OF AN ERA est un opus qui livre depuis le 18 février dernier 31 minutes de colère, d'interrogations, de puissance sombre et violente assises sur un socle metal qui se veut noir. Et quand Alta Rossa voit rouge, noir c'est noir et certainement pas dans le registre des 50 nuances de gris. Vous l'avez compris, ça chauffe, ça rugit, ça rougit, ça détonne et ça charbone. Pas de demi-mesure chez ces burineurs car ces metallos de Besac poussent le potard du défi jusqu'à faire appel pour le artwork de la galette, à un artiste au travail surprenant de sinistrose: du Gore en barre que le Bitcoin aurait du mal à détrôner. Alors j'vous l'dis de suite, le travail est stupéfiant de talent et d'une certaine beauté. Sombre, angoissant, voire et même...glauque, l'univers de cet artiste russe Kirill Semenov est torturé mais expressif au possible dans son domaine de noirceur; il tire non pas un trait sur l'aspect sordide de l'humanité mais quantité de lignes superposées pour imager et sublimer l'expression d'une sensibilité à fleur de peau. Alta rossa rentre justement dans ce registre et l'affaire leur sied à merveille. Je vous conseille d'aller jeter un oeil sur le site de cet artiste ( http://Kirill Semenov Art ). Quant au niveau du son! Oh! Oh! Poto est arrivé-é-é! Je le rappelle l'amitié s'allie à la passion mais aussi... à la proximité. En effet, si les voix sont enregistrées chez Jordan dans son studio, toutes les prises sont capturées et travaillées chez un ami de la région Steph Lawansch au Divar studio (Blockheads, Whoresnation, Abyssal ascendant...). En piste!!!
ALTA ROSSA : piste par piste
1. Binary Cell:
introduit les 7 pistes dans un mid-tempo de guitares dissonnantes, oppressantes et inquiétantes, qui donnent un premier aperçu dosé bien gentiment. La suite aura une couleur beaucoup plus ténébreuse et violente. Le chant hurlé reste à un niveau rageux saisissant mais pas encore fracassant. Alta Rossa nous met en condition ; considérez Binary Cell comme un simple échauffement.
2. The Stardrainer:
Les 4 premières mesures de la batterie annonce une toute autre couleur; ça va dépoter sévère. La dynamique monte en puissance au même titre que cette dissonance qui mitraille l'ambiance : la fureur s'installe et le chant devient plus agressif. Fusion de hardcore, de noise sur section ryhtmique bien solide, et des guitares qui proposent un son qui saisit et prend aux tripes. La virulence de Alta Rossa installe une profondeur sonore abyssale, pesante et intense. Ce morceau fait l'objet d'un clip présenté en février dernier, qui met en scène de façon très furtive le personnage symbolique et générique présenté sur le artwork de l'album.
3. Cycle:
On aime les batos de la batterie pour ouvrir les morceaux chez les Bisontins, et personnellemnt j'adore. Les guitares se veulent encore plus dissonantes et saturées, folles et furieuses mais surtout de plus en plus pesantes et angoissantes. Cet univers fait flipper et nous éloigne de plus en plus d'une éventuelle sortie de secours en nous amènant avec lourdeur et fracas vers une sortie de route. En tout cas, ce n'est pas celle du combo qui proposent des compositions travaillées, cohérentes, évoluant jusqu'à présent dans leur logique post-métal bien verrouillée.
4. Dawn With Never rise:
Signant un accord diabolique avec dame la noirceur profonde, il convient de bien comprendre qu'il est nulle question de voir ne serait qu'une once de pénombre et encore moins d'éclaircie; Aube, jour, aude ou nuit, Black is Black et pas question de revenir la-dessus. Les guitares continuent leur trip sauvage, rageur et troublant et la batterie est une véritable merveille de "je te démonte tout, dégage de là, je mouline et tabasse à tom-larigot ( je sais! tire-larigot, mais c'est beaucoup moins drums-style). Si le jour a peu de chance de se lever, l'humanité elle, a encore moins de chance de se relever si nous ne bougeons pas nos popotins au plus vite. Alta Rossa (AR) vous le crie haut et fort et il est loin d'être le seul à vociférer cette urgence. Nos esgourdes saignent tant les gueulantes jouent un rôle de peeling et d'épilateur en mode rouleau compresseur. Continuons à jouer les sourds dingues, qui d'ailleurs ont bien des chances de recouvrir l'audition tant ces cinq loulous font bouillonner les vibrations ( Respect à tous les mal-entendants, il s'agit d'un 3ème degré au minimum).
5. Orbiting:
P*** de B*** qu'elle est bonne cette intro de batterie et ça suit en mode avalanche par la basse, les guitares et la colère hystérique du chant. Les mecs de AR sont loin de l'AOR et ils évitent toutes carabistouilles en mode yoyo: leur véhémence et leur nervosité sont des étalons Or mis sur orbite et pas question de freiner des 2 fers! Noise, Sludge, Black, Hardcore et autres, tout se retrouve sur ce titre que je trouve démentiel. Bravo les gars!
6. The Fall:
Près de 20 minutes de musique portée avec rage et cataclysme mais toujours en vie. Qui parle de vie introduit inévitablement la notion corrélative de mort. Certes on peut s'enfouir la tête dans le sable chaud de l'été ou encore plus approprié dans notre propos, dans l'eau saumâtre et boueuse des riffs et percussions des Bisontins, la descente vers cette échéance est incontournable. Le quintet aborde le sujet “Humain, oublie tes putains de rêves, la chute est inévitable.” Les guitares savent produire cette résonnance folle et furieuse qui ébranle nos consciences et ce n'est pas le chant d'Antoine qui a la moindre chance de nous rassurer tant l'ulcération est palpante. Un duo basse/batterie toujours au taquet et dans l'excellence.
7. Void Of An Era:
Etrangeté, sonorités inquiétantes, opressantes, sombres, lourdes, voix torturée, basse et batterie qui sonnent le glât, toujours aussi solides, voici le tableau de ce dernier titre qui donne le coup de grâce final et nous engloutit dans les ténèbres de la musique Metal de ces 5 garçons qui ont su faire évoluer leur galette du début jusqu'à la fin dans une cohérence incontestable et une identité bien propre sur sonorités bien sales.
Notre avis:
Je ne connaissais pas ALTA ROSSA; il est fort à parier que désormais, à l'écoute de quelques lignes musicales à l'aveugle, je serais capable d'affirmer l'origine de ces plages sonores tant l'identité du groupe est évidente. Notamment au vu de la nature du son lourd, sombre et particulier des guitares maintenues très organiques par une production qui leur est restée fidèle. Addicte à la batterie et adepte des duo basse/batterie efficaces et très bien construits, je salue Alta rossa qui sait véritablement miser sur des sections rythmiques magistrales, recherchées, travaillées et variées. L'énergie dégagée dans son cet opus, bien que sombre, lourde et rageuse, sur saturation et dissonance à gogo, aboutit à un album dont les 31 minutes s'aborbent d'un coup, d'un seul, y compris quand, et c'est mon cas, on n'est pas forcément fan du genre. C'est révéler l'ingéniosité de ce quintet qui devrait inévitablement faire parler de lui dans ce milieu à part, dit de niche moins suivi par la majorité. Challenge énorme et réussite totale sur Void Of an Era qui place Alta Rossa dans la lignée des groupes à suivre d'assez près.
On va plus loin chez Ahasverus.fr:
Revenons sur le label https://sourceatonerecords.bigcartel.com/# qui n'a pas encore fêter ses 2 ans d'existence et qui s'affaire à développer des genres obscurs que sont le post-Rock, le Sludge, le Black Metal et autres assimilés. Ils ont pour devise la fougue de vrais passionnés et l'efficacité de vrais professionnels. Il en résulte déjà de belles signatures avec :