Né en 2015, September Again est une combinaison d’univers, notamment Rock et Metal, capable de vous caresser avec la plus grande des douceurs pour, la seconde qui suit, exploser et marteler la scène avec rage. Son album, “Insomniac”, sorti en mars 2017, a recueilli des critiques dithyrambiques, et le groupe d’Annecy a foulé depuis des scènes aussi réputées que le Gibus de Paris ou le Rock’N Eat de Lyon. A la veille de son concert à Bogève, nous avons juste eu le temps d’interroger Pierre-Marie, l’un des guitaristes, pour en savoir un peu plus sur September Again, cette valeur montante de la scène française. C’est une interview toute fraîche, et c’est sur exactement ici, sur HFM !
(interview réalisée en juin 2018 pour Hard French Metal)
"On est complémentaires, même sur scène,
je pense que ça se voit."
Pierre-Marie, September Again
Pierre-Marie, quel est le premier album que tu as acheté ? Allez, pour commencer dans le “je veux faire court, mais je n’y arrive pas”, je t’en mets trois : “OK Computer” de Radiohead, “666 667 Club” de Noir Désir, et “Surrender” des Chemical Brothers.
Qu'est-ce qui a déclenché ta vocation de musicien ? Je pense que c’est les poils qui se dressent à l’écoute de certaines musiques, quel que soit le genre, de ne pas comprendre ce qui se passe quand on est môme, et ensuite de se dire qu’un jour on pourrait ressentir cette sensation à partir de sa propre musique, en la jouant, et en la faisant partager. Plus tard, trop tard même, j’ai découvert la gratte, et ce qu’on pouvait transmettre avec : du stratosphérique à la Gilmour, du jouissif à la Queens of the Stone Age, en passant par la Rage contre la Machine. Bref, toute la palette ! De la beauté d’un putain de son cristallin Vox à la puissance d’une disto bien compressée... Je crois que j’ai passé des heures à décortiquer ce qui faisait qu’un morceau déclenchait une décharge émotionnelle, à quel moment, pourquoi… Et à essayer de le reproduire.
Ton groupe s'appelle "September Again". C'est parce que vous n'aviez pas envie de reprendre le boulot après les vacances d'été ? (Rires) Oui un peu… En fait il y plusieurs raisons à cela : on a mis un moment à se mettre d’accord sur un nom qui fasse sens pour tous les quatre. Je crois que c’est Loïc qui l’a trouvé, et ça a été une évidence pour tout le monde. C’était le titre de travail d’un morceau à la base, qui au passage a déterminé l’identité du groupe. On retrouve d’ailleurs les mots “september again” dans les paroles de cette chanson, “Falls”, qui est la dernière piste d’Insmoniac : “September again has hold so much kind of pain, has hold my darkest ghosts”. C’est un nom qui évoque une certaine couleur, de la nostalgie, mais également des moments d’éclaircie. Ça rappelle également le cycle, la redondance des choses, de nos vies... Nos évolutions, nos défaites, nos victoires. Les prochaines étapes aussi…
Tu joues de la guitare, des claviers, tu assures choeurs et samples. Mais qui fait quoi dans l'élaboration de vos morceaux ? Je ne vais pas te la jouer en mode “C’est quasi chamanique, on allume des bougies, de l’encens et il se passe un truc…”, mais, je crois qu’on a l’obsession de travailler l’ambiance, ce qui se dégage d’une zik, ce que l’on veut faire ressentir… Souvent un bout de riff, de basse, une intro de batterie, ou un pattern électro, va déclencher un truc, qui va normalement aboutir très vite sur les mélodies finales, un enchaînement de plans, un joyeux bordel à mettre en place… On voit assez vite où le morceau doit aller mélodiquement… Ensuite, la clef, pour nous, qui a évité beaucoup de prises de têtes, c’est que chacun se met au service du morceau et oublie la notion de démonstration technique pour que le titre ait la structure et l’efficacité qu’on imagine…

Pierre-Marie par Michaël Ferrand
Après, c’est des discussions à n’en plus finir, à quatre, sur la structure, ou la déstructuration justement… Le vide voulu, l’absence de vide, et enfin, la texture du son. Si c’est trop “smooth”, il y en a toujours un qui se charge de le reconduire sur quelque chose de moins lancinant à écouter, si c’est trop bourrin, un des quatre se chargera de le ramener vers quelque chose de mélodique… Bref, vers ce qu’on considère comme du “September Again”. On trouve un équilibre comme ça, qui fait que l’alchimie prend malgré des sacrées différences d’influences. L’avantage que je peux avoir, c’est qu’effectivement, entre la gratte, les chœurs, les samples, je peux varier les approches, sentir qu’un gimmick peut passer sur de l’électro, ou serait plus sympa à jouer avec un son de Rhodes, et là je m’éclate réellement. On a la chance aussi de s’être tout de suite compris avec John, ce qui a eu l’avantage non négligeable d’éviter les sessions de mesurage de … Il n’y a pas de “lead”, ce qui peut perturber les ingés-son en concert. Suivant les parties qu’on a composé, chacun joue une rythmique, une envolée… Peu de solos à proprement parler, mais des montées progressives. Ça mise beaucoup sur la complicité et dans le pied qu’on prend à jouer sur les ambiances, les variations d’intensité. On est complémentaires, même sur scène, je pense que ça se voit.
J’ajouterai, avant de perdre tout le monde, que le fait d’avoir un bassiste/chanteur comme Loic (ouais ouais, comme Sting ouais ! ) qui a une approche instrumentale de sa voix, et pas un guitariste chanteur qui peut potentiellement imposer sa façon de traiter les guitares, apporte beaucoup à la liberté de chacun lors des phases de composition.
"Un disque fascinant de bout en bout" (Indie Music) ; "Volonté du groupe à proposer quelque chose de qualité sur toute la longueur de l’album" (Vacarme) ; "Un disque complet et abouti (Lords Of Rock)... Le premier LP de September Again a reçu un très bon accueil, puis vous avez tourné dans des salles réputées, notamment Le Gibus et Le Rock'N Eat... Quels étaient vos objectifs lorsqu'est sorti Insomniac (2017) ?

Insomniac (2017)
L’objectif principal était surtout de poser enfin tous ces morceaux, avant de passer à autre chose. Car à l’arrivée de Spoox dans la formation, nous avions déjà de la matière, et nous nous sommes dit “figeons ça avant de passer la seconde et de recomposer.” Nous n’avions pas forcément en tête d’aboutir à un album, du moins d’aller si loin dans ce travail. Et puis au final, on a peut-être un peu grillé les étapes… On a composé, composé, arrangé, arrangé. On s’est perdu un peu là-dedans. Spoox nous a mis un monstrueux coup de pied au cul et a lancé la machine sur les bons rails. Il est arrivé dans le groupe et, avec tout son naturel, a dit : “Bon... On fait un album les gars ?” Seb Camhi (NDLR : du Studio Artmusic, de Nice) s’est chargé de sublimer tout ça.
Par quoi commence le soutien d'un fan ? Un "Like" sur la page Facebook du groupe, ça compte ? Franchement, je crois que ce qui nous a donné envie de continuer, de sortir de notre trou (Bellegarde sur Valserine ça te parle ? Nan ? Surprenant !), c’est les retours des gens en direct… Je pense que vu la difficulté de concilier les vies de chacun, si on n’avait pas eu cela, on aurait arrêté depuis un moment… Les gens que tu ne connais pas et qui viennent te voir après un concert grand smile, pas juste de la politesse, pour te dire que tu les as transportés…Que ça ressemble à untel ou untel, mais que finalement, ça ressemble à rien d’autre, qu’il y a une patte… Perso je marche à cela ! On a eu tellement de retours hyper précieux depuis l’album qu’on a fait le plein pour dix ans de gens inconnus qui, via Facebook justement, te remercient…Ça restera toujours gravé ! Facebook, c’est un outil super pour faire connaitre notre musique au-delà des frontières de nos montagnes, où le Rock Indé… Bein… Entre le reblochon et le saucisson… C’est pas gagné ! Et effectivement, du “like”, ça fait forcément du bien au groupe, puisque parfois, aujourd’hui, on a l’impression que la visibilité et le matraquage l’emportent sur le temps passé à découvrir… Manque de bol pour nous, avec des morceaux de six minutes, et des intros à tout bout de champs… Faut se donner un peu de mal pour rentrer dans l’album, dans nos musiques, ça coupe aussi des gens qui cherche l’instantané... C’est un parti pris qu’on assume.

September Again par K's Photography
Trois mots qui caractérisent la vie en tournée ? “Rêve de gosse” (merde ça fait trois ! Mais ça compte pour un on disait...), “Complicité”, “Connerie”.
Si tu pouvais placer un album sur l'Arche de Noé du Rock, pour tout reconstruire dans la bonne direction, lequel sauverais-tu ? Un seul ? “Blow”, de Ghinzu.
Avez-vous déjà commencé à plancher sur un nouvel album ? Là on touche au cœur du problème. L’après-album… Qu’est qu’on fait les copains ? On refait la même ? En moins bien ? Autre chose, au risque d’être moins “Insomniac” ? Est-ce que l’on a encore des choses à dire ? Comment ? Bref… Je pensais être sec, avoir tout craché ce que j’avais de mieux pour “Insomniac”… Et pourtant… En laissant du temps, sans pression, des petits enchantements arrivent au détour d’une répet’ tardive... Pour être plus clair, je te dirais que oui, on retouche de la compo et on retrouve une dynamique de création. C’est super chouette, on savoure, même si parfois l’évolution artistique nous échappe individuellement, et que ça peut être déroutant. On aura bientôt de nouvelles choses à faire écouter !
Un titre Rock qui pourrait être ta devise ? Pas un titre, une parole : “But Together We’ll Fight The Long Defeat” (NDLR : extrait de “The Long Defeat”, du groupe Thrice).
Merci à Pierre-Marie pour son accueil et sa disponibilité. September Again sera en concert le 9 juin 2018 à Bogève, et le 21 juin à Chambéry. Pour continuer avec September Again, c’est ici : https://www.facebook.com/SeptemberAgain/ Pour les écouter, c’est là : https://septemberagain.bandcamp.com/releases Merci à Michaël Ferrand et à K's photography pour leurs jolies photos et leur aimable autorisation. K’S Photography c’est ici : https://www.ksphotography.fr/ et là https://www.facebook.com/ks.photography74/ Michaël Ferrand c’est ici : https://www.facebook.com/micky.way.1