Je vous assure mon cher cousin que vous avez dit WIZARD

Le 08/01/2019

Dans interview

Nos régions ont du talent, assurait Leclerc, (l’industriel, pas le maréchal : il n’y connaissait rien au Rock). Tenez, par exemple, l’Aquitaine ! Voila un groupe de Math Rock qui remporte en 2017 le prix Sacem et le prix de la ville de Bordeaux au Tremplin des Deux Rives : Wizard ! Mine de rien, c’était la première fois qu’une formation raflait les deux récompenses ! Né en 2016, ce jeune trio bordelais ne se fixe aucune limite. Il a sorti en 2018 un surprenant album éponyme, une vidéo barrée, et il revient juste de ses concerts en Espagne et au Portugal. J’avais envoyé quelques questions à Romain, le bassiste, juste avant la tournée. Et j’ai bien fait, parce qu’il avait plein de choses à dire. Alors effectivement, mon cher cousin, j’ai bien dit « Wizard »… Et ça n’a rien d’étrange !

Wizard par Thierry Loustauneau

Ahasverus : Romain, tu as fait une école de musique, le CIAM de Bordeaux. Quels instruments pratiques-tu ? Romain Arnault - (Bass & Vocals) : J’ai fait le CIAM en tant que batteur, avec Finn. Il y avait également Geoffrey, qui est maintenant notre ingé-son, dans notre classe. On s’est bien marré pendant ces deux ans ! A côté de ça, j’ai appris la guitare et la basse en autodidacte, je sais faire quatre accords au piano, et j’ai fait… de la chorale !

Qu'est-ce qui t'a donné l'envie de faire de la musique ? Olow ! Ça remonte au collège, je crois… Il y avait une salle de musique avec une batterie pourrie et deux ou trois amplis. Je me suis mis derrière les fûts et j’ai joué avec un pote. Je me rappelle avoir fait vraiment n’importe quoi, pour finir par balancer la batterie sur mon pote ! Et le sentiment d’explosion, l’énergie et l’adrénaline que ça m’a filé, c’était magique ! (J’ai cassé beaucoup de matos après ça...) C’est comme ça que tout à commencé.

Wizard par Thierry Loustauneau

Tu assures la basse et le chant pour Wizard, et tu joues de la batterie dans Krazolta, dont la page Facebook crédite au moins 25 membres. Peut-on en savoir plus sur ce groupe ? Krazolta c’est plus qu’un groupe, c’est tout d’abord une « Rock Community » qui gravite autour de Guillaume Sciota, qui est également le manager de Wizard. Le premier disque regroupe en effet une vingtaine de musiciens. L’album a vraiment un relief fou grâce à ça, et de plus, l’enregistrement est à 100% analogique ! J’ai enregistré un morceau sur cet album, puis deux morceaux sur l’EP sorti cette année. Ce groupe, c’est également la recherche des performances les plus improbables : je me suis retrouvé sur des véhicules de type bateau, camion, etc, à essayer de jouer tout en rattrapant mes pieds de cymbales qui se faisait la malle !

A l'origine Wizard était un projet instrumental. Quel est ton rapport au chant, pour lequel vous êtes crédités tous les trois ? A-t'il toute sa place dans Wizard ou n'est-il qu'un instrument ? Pour l’instant, le chant a plus le rôle d’un instrument, afin de laisser à l’auditeur la possibilité d'interpréter les morceaux comme bon lui semble. Si un morceau à des paroles, l’auditeur va se laisser guider vers une histoire. Grâce à un titre instrumental, on peut créer des milliers de chemins et ressentir différentes émotions. Maintenant, on veut créer des chansons, car on a des choses à dire. Je dissèque beaucoup de morceaux de At the Drive In, La Dispute, et Frustration, pour m’inspirer. Pour le prochain album, on veut que la musique soit guidée par le texte.

 

Après avoir créé votre musique, vous avez, j'imagine, découvert les obligations qui vont avec pour pouvoir la partager et la faire vivre. Comment vis-tu cette activité extra-musicale ? On est avant tout un groupe qui aime tout lâcher en live, et c’est comme ça qu’on transmet le mieux notre musique. Qu’importe la musique que tu fais, le but c’est de kiffer sur scène et de donner tout ce que tu as jusqu’à être complètement épuisé (Manu le guitariste vomit après chaque concert. Ha ! Ha !). Quand le public voit que tu donnes tout, il a envie de faire pareil. On a également une interaction assez forte avec les gens, pour qu’il n’y ait pas ce mur entre le groupe et le public.

Reggae, Rap, Punk Metal, vous venez d'horizons différents, et vous évoquiez dans une interview la possibilité d' intégrer des éléments Rap dans des nouvelles compos. Wizard ne se fixe-t'il aucune limite musicalement ? On écoute beaucoup de choses différentes et on s’inspire de tout ça (sauf le Reggae ! Ha ! Ha!) pour créer notre propre identité, notre propre son. Il n’y a pas de limites ! S’il y en avait, on serait une pâle copie d’une pâle copie, etc. On sait que tout est à créer dans la musique, et c’est pour ça que, maintenant, il faut explorer d’autres choses, tenter des trucs, quitte à se mettre en danger pour sortir du lot.

Vous déclariez dans une interview de Rockfanch "On n'a pas beaucoup de chant et c'est difficile parfois, dans un pays comme la France." Vous partez faire des dates au Portugal et en Espagne. La musique instrumentale est-elle mieux accueillie à l'étranger ? On te dira en rentrant de la tournée ! (Rires)

Wizard par Thierry Loustauneau

 

RADIOHEAD, "OK Computer" (1997)

S'il n'y avait de place, sur l'Arche de Noé du Rock, que pour un album pour tout reconstruire dans la bonne direction, lequel choisirais-tu ? « OK Computer », de Radiohead . C’est un album Rock Pop Electro. Il y a tous les sons de guitare possibles et inimaginables. Les mélodies et l’harmonie sont très riches. L’émotion est très forte, comme toujours avec ce groupe. Et c’est un album qui a la particularité d’avoir été enregistré dans des endroits différents pour chaque morceau.

Après avoir fait appel au crowdfunding pour financer votre album, vous avez remporté le prix Sacem et le prix de la ville de Bordeaux au Tremplin des Deux Rives, qui vous ont permis de couvrir vos frais et d'ouvrir certaines portes. Ceci mis à part, le public français soutient-il suffisamment sa scène locale, et qu'est-ce qui fait vivre les groupes émergents ? Malheureusement, à l’échelle française, le public soutient ce qu’on lui dit de soutenir, les gens vont de moins en moins voir des concerts, notamment les jeunes, qui préfèrent aller en club/boite payer des consos à dix euros, et qui après se plaignent du prix des concerts. Il y a quand même un public underground qui sera toujours là ! A l’échelle locale, quelque chose se reconstruit peu à peu autour du rock. Ce qui fait vivre les groupes émergents, c’est le soutien mutuel entre les groupes et les structures. Les accompagnements sont très bénéfiques. Nous sommes à la Rock School Pro cette année, et Nico Cabos vient de nous programmer au Garorock Festival.

Wizard par Thierry Loustauneau

Un titre du répertoire Rock qui pourrait être ta devise ? “I Cut Like a Buffalo”, de Dead Weather.


 

Retrouvez Wizard sur Facebook, et n’hésitez pas à « liker » leur page, les groupes ont besoin de votre soutien ! lien bandcamp : https://wizardofficial.bandcamp.com/ Quelques dates pour applaudir Wizard : 09/06 St Lon Les Mines / 21/06 Bordeaux. Une interview d’une rare qualité, réalisée par Rockfanch à propos de Wizard : http://www.rockfanch.fr/2018/04/wizard-avril-2018.html

Un grand merci à Thierry Loustauneau pour ses jolies photos et son aimable autorisation. Voici son site, déjà fort de 3000 abonnés. Il conjugue systématiquement une présentation sympa des groupes avec d’excellentes photographies : https://www.facebook.com/Lesdeuxpiedsdanslafosse-149543278543646/

Enfin, merci à Wizard, et à Romain particulièrement, pour leur accueil et leur patience.
(interview réalisée pour Ahasverus - Métaux en tous genres le 27/05/2018)

 

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