Il a intégré Mobius après l’excellent “The Line”, paru en 2016, et c’est sa guitare à huit cordes, mais sans tête, qu’on entendra sur le mystérieux futur album des Lyonnais.
On le voit également aux côtés d’autres guitaristes pour le “First International Strandberg Guitars Collaboration”.
“La curiosité est un vilain défaut”, affirme un dicton. “Personne n’est parfait”, lui répond un autre. Et puisque “faute avouée est à moitié pardonnée”,nous sommes retourné une fois de plus taper chez Mobius pour demander à parler, cette fois-ci, à Xavier Pompon, leur guitariste...
Xavier Pompon et sa huit cordes
Quel est le premier album que tu as acheté ? Xavier Pompon : Mon premier album rock était “Hybrid Theory”, de Linkin Park.
Quand as-tu touché ta première guitare et qu'est-ce qui a déclenché ta vocation ?
J'ai commencé la guitare à l'âge de 15 ans, après avoir pris des cours de batterie. Je pense que la chanson qui a déclenché cette envie de jouer à la guitare a été “Comfortably Numb”, de Pink Floyd. Et comme j'avais une vieille guitare acoustique à la maison, j'ai commencé à apprendre dessus.
Quand et comment as-tu rejoint Mobius ?
J'ai rejoint Mobius il y a environ deux ans, après avoir arrêté l'aventure avec un autre groupe de Rock Progressif. Je recherchais un groupe de Metal Prog’ un peu plus pêchu, avec plus de technique, surtout à la guitare. Et je suis tombé sur une annonce sur “Zikinf” !
Tu n'as pas participé à "The Line" (2016). Quel est ton regard sur cet album ?
Magnifique premier album ! L'attention aux détails est surprenante, et la composition est très riche ! Le mélange des styles sur cet album est également très bien dosé. J'ai tout de suite voulu rejoindre le groupe après l'avoir écouté !
Comment se passe l'élaboration des compositions chez Mobius ?
Pour l'élaboration des compositions, c'est surtout Guillaume et Adrien qui posent la base de la mélodie et les accords. Heli, quant à elle, écrit toutes les paroles et les mélodies pour la voix. Après avoir reçu toutes les bases et le gros de la mélodie, je refais un peu les parties guitares, que je modifie à ma sauce, et idem pour Alex notre bassiste.
A qui doit-on le magnifique motif qu'on voit sur vos tee-shirts (les deux bras et la spirale) ?
Ha, ha ! A notre cher graphiste, Vincent Fouquet, plus connu sous le nom de “Above Chaos” ! Pour le moment, je ne peux pas en dire plus sur la signification du design... Je vais juste dire que ce n'est que le début de ce qui est prévu pour 2018 !
La scène lyonnaise regorge de groupes talentueux. Y a t'il assez de place pour toutes ces formations en France, et le chemin que doit parcourir un groupe hexagonal tient-il du parcours d'obstacles ou des voies du paradis ?
Je dirais plutôt du “parcours d'obstacles”. Le Metal, en France, a vraiment du mal à se faire une place, et encore plus le Metal technique / progressif comme on le pratique avec Mobius. Avec de la patience, et beaucoup, beaucoup d'efforts, je pense qu'on va y arriver ! Mais ce n'est pas facile, financièrement et moralement...
Mobius jouera le 31 mai au Rock'N Eat à Lyon. Y a t'il d'autres concerts à suivre ?
Pour le moment, c'est notre dernier concert avant la rentrée, en septembre. Toutes les dates prévues sont sur notre page Facebook Mobius.
Le successeur de “The Line” est-il en vue ?
Oui, bien sûr ! On a déjà un titre, qui devrait sortir pour le plaisir de nos fans dans vraiment pas longtemps. Restez à l'affût ! C'est un gros pas en avant depuis le premier album. Nouveau son, nouvelle atmosphère, d'où le tee-shirt ! Je pense que les fans aimeront vraiment ce nouvel album, qui va aussi attirer beaucoup de nouvelles personnes ! Enfin on l'espère ! Je vais juste dire qu'il sera beaucoup plus moderne !
Tu as contribué au “First International Strandberg Guitars Collaboration”, dont la vidéo tourne sur Internet. De quoi s'agit-il ?
Hmm... J'ai toujours voulu participer à une collaboration entre guitaristes. J'ai cherché à participer à plusieurs projets, mais ça n’a jamais abouti. Alors j'ai créé ce projet : dix guitaristes, que j'ai contactés, jouent sur un morceau que j'ai composé à l'aide du batteur de Mobius, Adrien Brunet. On joue tous sur la même marque de guitare, “Strandberg”, une guitare moderne, sans tête, et hyper ergonomique.
Quelles sont tes influences, et quel album tourne actuellement dans ton lecteur CD ?
J'aime beaucoup les vieux groupes de Progressif, par exemple Pink Floyd, avec qui j'ai commencé à jouer à la guitare... Sinon, Gentle Giant, Marillion, Jethro Tull... Et maintenant, ma plus grosse inspiration vient de Haken. Leurs albums tournent tous les jours dans ma voiture ! Sinon, j'écoute beaucoup de Devin Townsend, Tesseract, Plini, David Maxim Mimic, Meshuggah, pour en citer quelques uns...
Un point que tu aimerais aborder avant de conclure ?
Le bacon, et la bière, c'est la vie !
Quel titre du répertoire Rock pourrait être ta devise ?
Si on reste sur du Rock, je dirais “The Pretender”, de Foo Fighters.
Voici à peine quatre ans, le 10/10/2016, sortait "The Line", le premier album de Mobius.
Les Lyonnais ont fait du chemin depuis. On les retrouvait début 2020 avec "Kala", qui mélangeait métal progressif et musiques du monde.
Mais qu'est-ce que "Kala" doit à "The Line" ? Et comment Mobius voit-il cet album aujourd'hui ?
Loin de tout challenge commercial, voici le genre de questions que nous posions aux Lyonnais, tout en soufflant avec plaisir les quatre bougies de cette première pierre à leur édifice. Guillaume Deveaux (claviers) et Heli Andrea (chant), ainsi que l'ingénieur du son Raphaël James, ont accepté de revenir sur ce premier album.
"The Line c'est un cri, parfois bancal dans les paroles, pas toujours bien cohérent, mais une écriture sincère qui m'a permis de mettre sur papier et en musique le passé."
Bonjour Mobius. Tout d'abord replaçons "The Line" dans son contexte : en 2016. François Hollande est président de la république. La France est en état d'urgence et la menace terroriste est "plus élevée que jamais". C'est aussi le temps de l'affaire Cahuzac, et Macron quitte le gouvernement pour fonder LREM. Musicalement, Gojira sort "Magma", Black Sabbath annonce "The End". Où est Mobius sur la scène française ? Guillaume (claviers) : Pour ces premières années, Mobius, vis à vis de la scène française, ça se passait... et bien à Lyon et sa banlieue ! Pas beaucoup plus loin... On a quand même eu l'occasion inouïe de jouer en première partie de Leprous en 2013, tout ça avec trois chansons-démo dans notre besace et le tout six mois après notre tout premier concert ensemble (c'est même la toute première scène foulée pour certains !). Cette date inoubliable nous avait mis un coup de boost, elle nous avait aussi ouvert les yeux sur ce qu'on était capables de faire.
Depuis quand le line-up se connaît-il ?
Guillaume : Le line-up d'origine, celui qui a donné naissance à The Line, s'est formé en deux étapes. D'abord Adrien, Anthony et moi même, qui nous connaissions depuis le collège (sur l'île de La Réunion). Une fois sur Lyon, on s'est mis à rechercher des musiciens pour compléter le groupe, et porter au mieux les ébauches de compositions que l'on avait sous le coude. On a rencontré Julien puis Héli, en 2012 il me semble. Quelques années pour se connaître, s'apprivoiser, faire murir les compositions, et on s'est lancé dans l'enregistrement de quelques titres en démo !
Mobius 2016. De gauche à droite : Julien Pelisson, Guillaume Deveaux, Héli Andrea, Anthony Laravine, Adrien Brunet. (photographie Julie Gobelin)
Trois ans après la démo trois titres dont tu parlais, vous préparez donc un album. Aviez-vous une idée de la direction à prendre ?
Guillaume : On avait une idée de l'album sur papier avant de monter Mobius. En tout cas on avait les titres, le concept (bien éloigné du résultat final), le nombre de pistes, l'ambiance de chaque chanson. Adrien et Anthony avaient vraiment bien formalisé leurs idées. Même si au final "The Line" est assez éloigné du concept de base, ça nous a permis d'avoir une ligne directrice pour composer, agencer les chansons, ce qui n'est pas une mince affaire lorsqu'on se lance dans ce genre de projet pour la première fois. Première fois pour nous tous d'ailleurs, ingénieur du son inclus !
La démo en elle-même n'était pas sur le calendrier, l'objectif c'était de sortir un album. Mais quand on a rencontré Raphaël James (l'ingénieur du son), on avait déjà ces trois chansons de terminées. C'était l'occasion de voir ce que ça pouvait rendre. C'était aussi une opportunité de se confronter aux difficultés d'un enregistrement, de voir ce qui était impossible à faire, de cerner les éventuels problèmes sur les chansons dans leur version de l'époque. C'était vraiment excitant de découvrir nos chansons avec tous les arrangements que permettent le studio, et avec un son "professionnel", suffisamment pour mes oreilles de l'époque en tout cas ! Ca a été un exercice extrêmement important pour nous tous, ces premieres sessions.
Les tâches se répartissent naturellement ?
Guillaume : Déjà à l'époque, c'était Adrien et moi qui composions l'essentiel de la musique. Certaines chansons ont pu bénéficier d'arrangements de façon collégiale ("Rising Mind" et "The Heresiarch"), mais Adrien et moi avions déjà les idées claires sur la plupart des chansons. Je dis bien la plupart, parce que pour des chansons comme "Cosmopolis" ou "Evasion", je n'ai eu le "déclic" que très peu de temps avant la date d'enregistrement ! Pour le plus grand bonheur de mes camarades (rires).
Pour l'écriture, la tâche a naturellement été donnée à Héli. Rien de naturel là-dedans à vrai dire, elle n'avait pas plus d'expérience que nous sur le sujet. Mais au fil du temps elle a réussi à trouver les sujets qu'elle voulait aborder sur l'album dans sa globalité, et individuellement dans chaque chanson. C'est d'ailleurs elle qui est à l'origine du titre de l'album. C'était important qu'elle soit maître de ses textes et de ses mélodies pour ce premier essai.
Qu'est-ce qui lui sert de fil rouge dans l'écriture, et pourquoi l'album s'appelle-t-il "The Line" ?
Heli (chant) : A l'époque de la sortie de "The Line", je n'en parlais pas ouvertement, mais j'avais besoin d'exprimer des traumatismes pour avancer dans la vie. Maintenant je pense que c'est un bon moment pour ça, et ton interview me donne l'occasion de parler plus librement du concept de "The Line".
Les textes sont principalement axés sur le besoin de trouver de la force en soi pour se construire. Je sortais d'un procès contre mon père qui a duré huit ans pour violence physique et harcèlement. J'ai grandi dans un climat de violence et de terreur. Ma mère est passée près de la mort plusieurs fois et aujourd'hui elle en porte de lourdes séquelles. Pour ma part, je n'ai pas de séquelles physiques mais psychologiques : ne jamais se sentir en sécurité, se sentir abandonnée par la famille, la société, vivre dans la pauvreté et l'exclusion sont des choses qui ont fait partie de mon histoire et qui ont fait de moi une adulte fragilisée. Donc quand j'ai commencé à chanter j'étais effrayée de tout, je n'avais aucune confiance, ni en moi, ni dans la vie, mais j'avais une certaine force de résilience et j'aimais chanter avec Mobius. Ainsi pour moi, The Line, c'est un cri, parfois bancal dans les paroles, pas toujours bien cohérent, mais une écriture sincère qui m'a permis de mettre sur papier et en musique le passé, et de me dire : "Ok, c'est fini maintenant." La première phrase de l'album c'est "Who am I today?" c'est la question que je me posais. Les paroles sont volontairement larges pour que chacun puisse les plaquer sur son propre vécu, mais aussi parce qu'elles parlent de moi et que je ne me sentais pas, alors, de porter ce message publiquement.
Sur "The Line" vous réenregistrez les trois titres de la démo de 2013. Pourquoi avoir transformé "Heretic Disaster" en "The Heresiarch" ?
Guillaume : Les trois chansons de la démo s'inscrivaient dans tous les cas dans l'album. Les enregistrer une première fois nous a permis de prendre un peu de recul sur la direction que l'on voulait prendre, et de ré-arranger certaines choses qui ne nous plaisaient plus (voire beaucoup de choses, sur "Herectic Disaster" par exemple). Dans tous les cas, les enregistrer de nouveau était un passage obligé pour avoir une unité de son et de production sur "The Line". Héli : A mon arrivée dans le groupe, il m'a fallu du temps pour prendre ma place et mettre mes concept dans les chansons. Donc pour les trois titres de la demo (qu'on a enregistrée en premier), les concepts et paroles ne sont pas vraiment les miens. J'essayais de coller au concept qu'Anthony, Guillaume et Adrien avaient écrit avant mon arrivée. Mais ce n'était pas vraiment personnel. L'écriture de "The Line" a réellement été le moment où j'ai pris ma place et où j'ai pu parler de choses qui me tenaient à coeur. Donc les trois chansons de la demo sont celles dans lesquelles je me reconnais le moins. On a gardé les anciens titres, mais ils ne représentaient plus, pour la plupart, le contenu réel des chansons. Les titres ont aussi un côté daté, comme "Heretic Disaster", donc on a essayé de faire un entre-deux : garder les titres et les moderniser un peu. "Heretic Disaster" est devenu "The Heresiarch" par exemple. Aujourd'hui, je vois ça comme un premier pas vers une écriture plus mature.
Un premier album j'imagine que c'est un peu Candide qui découvre le monde... Y a t-il des réalités techniques ou financières, des déconvenues qui vous font descendre de votre petit nuage ou revoir vos ambitions ? (je pense par exemple à Héli qui pensait faire chanter des amis en chorale...) Guillaume : La réalité financière, on y a été confronté avant même de commencer. Nous étions encore tous étudiants à l'époque, et louer un studio ou du matériel coûteux n'a même pas été envisagé. Le DIY (Ndlr : Do It Yourself) s'est vite imposé. J'exagère peut être avec le terme DIY, car même si Raphaël n'en était qu'à ses débuts en terme de mixage de cette envergure, ingénieur du son restait son métier et il était donc équipé en conséquence ! La réalité technique ne nous a pas vraiment effrayé, il faut savoir que pour 80% des enregistrements guitares, Anthony n'était pas à Lyon près de nous ! Il était retourné à La Réunion pour une longue période, mais on a pu trouver un autre ingénieur du son, de la même promotion que Raphaël, pour prendre en charge l'enregistrement des guitares. Héli : Je n'ai jamais été déçue parce que je ne m'attendais à rien de particulier, faire un album, c'était une totale découverte pour moi. Les réalités techniques d'abord. Je ne savais pas gérer la distance au micro pour chanter, je n'avais pas de technique vocale pour me préserver et avoir de l'endurance, ce qui est essentiel. Donc j'ai eu des passages assez éprouvants pendant les enregistrements. Parfois, il y avait le volume mais pas l'émotion, ou l'émotion mais pas la technique... C'est après ces enregistrements que j'ai décidé de prendre des cours de chant pour gagner en confort, en endurance et en technique globalement. Ça a été très formateur et j'ai pris des notes tout du long avec notre ingé-son qui m'a coachée pour ces enregistrements. En terme financier, comme tout était fait maison avec notre ingé son, ça a beaucoup amorti les coûts. La batterie était électronique, et pour la voix on a mis un canapé debout et du linge tendu dans un salon pour créer une cabine studio. Quant à la chorale de potes : j'ai tenté, mais le travail était plus important que je le pensais. On s'adapte, on trouve de nouvelles idées, de nouveaux arrangements... Au lieu d'une chorale de copains, j'ai enregistré toutes les voix moi-même et c'était super. Je fais plein de chorales moi-même maintenant, j'adore !
"The Line" marque le début de votre collaboration avec Above Chaos. Un mot sur l'artwork ? Quel message vouliez-vous véhiculer ?
Héli : Pour résumer l'album, notre ancien guitariste et moi-même avons écrit : "Their choices designed my path, now I design the future. On the Line of who we are, between resistance and possibility". On naît et on grandit dans un environnement qu'on n'a pas choisi. On est prédestinés à porter un bagage culturel et social, mais on peut se défaire d'une partie si on le veut. Le foetus sur la pochette est dans une bulle confortable mais il va naître dans un monde abstrait où il devra trouver sa place. C'est un individu fragile qui va tracer sa voie dans un univers qu'il devra décoder. Donc pour résumer cette pochette qui est très épurée : c'est une sensation de petitesse face au monde qui nous entoure.
Avec Vincent Fouquet, alias Above Chaos, on a très vite accroché en terme de façon de travailler et dans notre manière de voir les choses. Il a rapidement dépassé son rôle de graphiste pour nous donner des conseils sur la promotion par exemple. On est devenus amis et au même titre que Raphaël, il fait partie des personnes qui nous ont boostés et encouragés, et qui nous suivent toujours aujourd'hui. Artistiquement, il a clairement une patte à lui, avec son background black metal (et donc pas du tout prog/djent/moderne), mais il a une palette d'émotions et d'univers riche. Il a donc réalisé la pochette de "Kala" par la suite, et on était vraiment sereins sur le résultat qu'il proposerait.
Comment votre son, signé Raphaël James sur cet album comme sur tous vos opus, a-t-il évolué ?
Raphaël (ingénieur du son) : L'évolution du son de Mobius c'est avant tout notre évolution à tous, techniquement et musicalement. "The Line" était notre premier LP, pour eux comme pour moi. Il y aurait beaucoup de choses que j'aimerais changer si je le refaisais maintenant, mais ça nous a permis d'évoluer avec Kala, de savoir où on voulait aller en terme de son, au niveau des arrangements, etc. Héli : En terme de voix, de performance, d'intention et d'arrangements, je pense que depuis "The Line" on est beaucoup plus sur la voie de trouver "notre propre son" en tant que groupe. Tout a évolué. "The Line" était très formateur mais "Kala" l'a été tout autant, et l'expérience de "The Line" nous a permis d'aborder "Kala" avec plus de maturité. On a une meilleure direction, avec plus de recherches ensemble et plus de liberté sur le son qu'on voulait.
Si vous deviez réenregistrer THE LINE, que changeriez-vous ?
Héli : Enregistrer une batterie acoustique, changer les sons de guitare, certains arrangements voix, faire un coaching avant d'entrer en studio, changer les noms des chansons, etc. Mais c'est un témoin des musiciens qu'on était à cette époque, une photo de nos goûts à ce moment là, donc je ne changerais rien. Guillaume : Je ne vais pas te mentir : TOUT ! Que ce soit le son des instruments, ou les arrangements musique et voix. Déjà à l'époque, les idées de modifications jaillissaient alors que l'enregistrement était terminé. Ca nous a appris l'importance des pré-productions pour chaque chanson. De toutes façons, je ne suis pas vraiment partisan de faire du neuf avec du vieux. Pour expérimenter sur "The Line", il nous reste le live ! Comme on a pu le faire avec la version maloya-acoustic de Rising mind au CriDuCol Festival.
Musicalement, y a-t-il eu des "fausses routes", des directions dont vous vous écarterez ?
Guillaume : Pas vraiment de fausses routes à mon sens, mais quand les chansons de "The Line" ont été enregistrées on peut dire qu'elles étaient déjà assez éloignées de nos aspirations musicales du moment. Certaines chansons dataient de plusieurs années, avant même que l'on pose le pied à Lyon ! Les premières ébauches de "Mist of Illusions", "Rising Mind" ou "Bursting Chaos" sont nées quand on baignait encore tous les trois (Adrien, Anthony et moi) dans le métal symphonique, le power et le prog traditionnel. Il y a forcément eu un travail de ré-arrangement assez conséquent pour harmoniser les compos anciennes et récentes, mais aussi pour intégrer les souhaits de Julien et Héli le mieux possible. Bref, il était clair pour nous tous que cet album n'était pas l'idéal musical que l'on aurait envisagé si l'on avait composé des choses entièrement nouvelles sur le moment. Mais ce projet de longue date nous tenait à coeur, on voulait le finir !
Aujourd'hui avec "Kala", on a volontairement laissé de côté l'aspect orchestre/choeur et chant lyrique, au profit de couleurs plutôt orientées moyen-orient et musiques du monde. Mais ça ne veut pas dire qu'on n'y retournera pas, rien n'est figé ! Malgré tout je n'ai pas résisté à mettre un ensemble de cordes sur Akasha et Bhati.
"J'en parle comme si c'était une ascension de l'Himalaya, mais un premier album, et même le fait d'avoir un groupe et de vouloir le développer, c'est un peu ça. C'est des sensations fortes et un panorama magnifique, mais c'est aussi des prises de risques, des limites, des frustrations."
Les chroniques de "The Line" m'ont paru majoritairement très élogieuses. Elles soulignent déjà la maturité, la maîtrise technique et le potentiel du groupe (voir in fine). Comment avez vous ressenti cette phase ? Sortez-vous satisfaits de l'accueil critique de "The Line" ?
Héli : Quelques semaines avant la sortie de l'album, on faisait de la promo sur les réseaux sociaux, on était impatients. En même temps, j'étais stressée à l'idée que tous ces efforts payent et qu'on découvre ma voix plus largement. "Que vont penser les gens ? Vais-je être cataloguée "chanteuse symphonique ?" Je cachais mon visage sur les réseaux sociaux, je voulais être jugée sur ma voix et ce que j'avais à dire, donc sur ma personnalité musicale. C'était le stress, j'avais l'impression qu'on allait me voir nue (rires). Je crois que quand l'album a été publié sur Bandcamp (sortie officielle), je me suis tenue loin d'internet pendant plusieurs heures.
Les premières critiques sont tombées, plutôt positives, puis de plus en plus de super critiques. On a eu un retour très positif de certains musiciens et de personnes qu'on respecte pour leur travail. Tous ces retours nous ont encouragé à défendre cet album et notre musique, et nous ont donné confiance. C'était très valorisant, et accueillir ces retours ensemble avec le nouveau line-up fraîchement formé, ça nous a solidifiés en tant que groupe je pense.
Le line-up, j'y venais : il y a du mouvement après l'enregistrement de "The Line" : Anton (guitare) et Julien (basse) sont remplacés par Xavier (guitare) et Alexandre (basse). Un rapport de cause à effet ?
Héli : Faire un album, y mettre tout ce qu'on a, son temps, son énergie, sa patience, son argent, c'était quelques sacrifices. Et quand on se rend compte que l'album est fait mais qu'il faut donner encore plus d'efforts pour le promouvoir, ça pousse dans ses limites, du moins quand on est autoproduits et qu'on veut faire passer le mot. Je pense que quand on mène un tel projet, c'est dans le but de grandir et de réitérer l'expérience. J'en parle comme si c'était une ascension de l'Himalaya, mais un premier album, et même le fait d'avoir un groupe et de vouloir le développer, c'est un peu ça. C'est des sensations fortes et un panorama magnifique, mais c'est aussi des prises de risques, des limites, des frustrations. Donc chacun d'eux, pour des raisons différentes, ne se sentait pas de s'investir par la suite à la hauteur de ce qu'on voulait, ce qu'on a compris sans aucun souci.
L'album a-t-il pu être suffisamment distribué ?
Héli : A l'époque on ne connaissait rien à la promotion. J'ai bénéficié de quelques conseils de Vincent Fouquet et d'Eddy Chaumulot (ex-T.A.N.K et Vise Versa) qui m'ont expliqué le principe du teaser, des chroniques et du reste. Alors j'ai pris un ordinateur et commencé des petits messages et emails. C'était un travail de fourmi qui nous a permis d'atteindre un premier public sur la toile, confidentiel à l'échelle du monde musical, mais de plusieurs milliers de personnes tout de même. De mémoire, on a du vendre quelque chose comme trois cents CDs, en France principalement, puis en Europe (pays voisins), et puis carrément à l'autre bout de la planète (USA, Canada, Japon, Mexique, Indonésie...). Merci Internet ! Donc je dirais que c'était un bon début pour nos petits moyens et notre connaissance limitée du domaine.
Quel jugement portez-vous aujourd'hui sur "The Line" ?
Héli : C'est un premier album dont je suis fière. C'est une étape dans ma vie musicale, et c'est un magnifique travail de groupe. Pour moi, il a ses défauts, ses petites longueurs, son aspect un peu démonstratif (cinquante-quatre minutes !) mais aussi son charme. Il porte les prémices d'un son et de concepts personnels, et c'est un beau témoin des musiciens que nous étions il y a des années. "Cosmopolis" et "Mist of Illusions" sont les morceaux dont je suis la plus fière parce qu'ils sont variés en intensité, punchy et hyper fun à jouer en live. Guillaume : Même si j'ai énormément de mal à l'écouter aujourd'hui (!), il a une place spéciale dans mon coeur. Contrairement à "Kala", il y a mille choses et mille choix que j'aurais voulu faire différemment. Mais c'était l'album de toutes les premières fois et dans cette optique je ne peux en être plus fier, que ça soit en terme de plaisir personnel mais aussi au regard des critiques de l'album. Le son global de "The Line" n'est peut être plus à mon goût, mais en tout cas jouer certains de ces titres sur scène avec notre son actuel reste un réel bonheur. Je me demande bien comment ça pourrait sonner si on devait ré-enregistrer une des chansons de "The Line" de nos jours, tiens...
Individuellement, qu'est-ce que "The Line" vous a appris, et qu'est-ce que "Kala" doit à "The Line" ?
Héli : Ce qu'on doit à "The Line" ? Tout ! L'expérience du studio, de la promotion, la communication, mais surtout découvrir que des gens aiment ce qu'on fait ; avoir des retours géniaux de la part de professionnels ; à titre personnel, que des gens aiment ma voix et qu'ils la trouvent émouvante, mes premiers concerts et d'autres.
The Line portait quelques prémices du style qu'on voulait aborder par la suite notamment avec un petit peu de chant mongol et la piste "A Mazing World" qui contient du duduk et une derbouka. On était curieux de ça mais on le réservait pour Kala.
Guillaume : "Kala" doit tout à "The Line". Je pense que chacun de nos projets nourrira le suivant. Cette première expérience nous a permis d'être meilleurs sur tous les aspects pour "Kala", que ce soit en terme d'organisation, de composition, de promotion. Chacun des choix pour "Kala" a été conscient et réfléchi, et si on avait pris la décision de se concentrer dès le début sur les compos qui allaient devenir celles de "Kala", le résultat n'aurait jamais été à la hauteur de ce que l'on a produit aujourd'hui.
Individuellement, "The Line" m'a appris à devenir un meilleur compositeur, à toujours réfléchir à ce qui rendra une chanson meilleure et à ne pas tartiner chaque section avec des claviers ! Ca a surtout été le point de départ d'une aventure humaine incroyable. C'est cliché, mais c'est vrai !
Merci, Mobius, pour votre accueil.
Merci à toi !
Mobius 2020. De gauche à droite : Adrien Brunet, Guillaume Deveaux, Héli Andrea, Xavier Pompon, Alexandre Gaudencio. (Photo Héli Andrea)
THE LINE - LES CRITIQUES ONT DIT :
Pour ce premier opus Mobius met la barre très haute.
https://www.unitedrocknations.com
Oui j’ai été séduit, et je ne peux que vous inviter vivement à découvrir ce groupe qui fera inévitablement parler de lui tant la maturité des musiciens transparait dans The Line.
https://amongtheliving.fr
Mobius a énormément de potentiel et en dévoile une grosse partie sur ce premier album.
https://one-standing.com
Un travail vocal d’autant plus impressionnant lorsque l’on sait qu’Héli assure à elle seule toutes les parties vocales et chœurs «féminins».
https://metaldream.soforums.com
Ce disque est bouleversant du début à la fin.
https://www.lesuricate.org
LES LIENS :
Mobius - site officiel :
http://mobius-band.com
Mobius - Facebook :
https://www.facebook.com/mobiusofficialband
Mobius sur Spotify :
https://open.spotify.com/artist/6EzDZf8lroTzeaeK4Xrk1R?fbclid=IwAR1HcGaS7iDpBjyJSdZJzU65cEqBTklTi867yMiaqX4UQSJS9yxj-3ev4HM
The Line sur Bandcamp :
https://mobiusofficial.bandcamp.com/
Groupe : Mobius
Album : Kala (01/2020)
Genre : Metal Prog’
Origine : Île de la Réunion/Lyon
Le Groupe :
Mobius est un groupe de Metal Progressif né en 2012 sur l’Île de la Réunion dont sont originaires Adrien (batterie) et Guillaume (claviers).
A propos du choix du nom de sa formation, Adrien explique dans une interview de 2016 : “«Mobius», c’est moi qui l’ai proposé. On cherchait un nom, et on voulait quelque chose d’efficace et de facile à retenir. Le ruban de Möbius est utilisé pour représenter l’infini, et c’est une forme géométrique complexe qui peut nous pousser à nous questionner sur plein de choses. On a trouvé ça classe, cool, et au final, c’est assez cohérent avec le style qu’on fait.”
(source : http://www.magicfiremusic.net/2016/10/25/interview-mobius/)
Rejoignant Lyon pour leurs études, Adrien et Guillaume rencontrent Héli (chant).
Xavier (guitare) et Alexandre (base) complètent le line-up actuel.
En 2013 Mobius enregistre une démo trois titres.
En 2016, les Lyonnais sortent leur premier album, “The Line”.
La technique d’Héli (que vous pouvez également écouter dans son side-project OLANE) est soulignée dès ce premier album :
“Heli nous guide à travers les dédales de ces compositions avec cette façon incroyable de poser sa voix de manière particulière et parfois totalement inattendue.” https://www.lesuricate.org/mobius-the-line/
“Kala” est un neuf pistes pour 44 minutes 37.
Son artwork est signé Above Chaos.
“Kala” est un mot sanskrit qui signifie “Temps”.
Empreint de spiritualité, l’album est une réflexion sur le passage de vie à trépas. Son sujet a été inspiré par le décès d’un proche de la chanteuse Héli. L’album lui est dédié.
Les paroles sont écrites essentiellement en Anglais. Les titres des chansons, ainsi que certains passages, sont en sanskrit. Pour une meilleure maîtrise de cette langue, Mobius a sollicité Kathir Aryaputra, chanteur et bassiste de la formation singapourienne Rudra. Il partage avec Héli le chant sur la septième piste de l’album.
Mobius a mis en ligne plusieurs publications dans lesquelles Héli explique, en Anglais et en Français, la naissance et l’intention des chansons du nouvel album. Shahira, Bhati, Abhinivesha et Akasha sont ainsi décortiquées dans la rubrique Articles de la page Facebook du groupe : https://www.facebook.com/pg/mobiusofficialband/notes/?ref=page_internal
Sur cet opus, Héli s’est notamment essayée au Konokol, un chant rythmique traditionnel originaire d’Inde. On y entend aussi du chant long mongol, ou des touches de chant diphonique.
A propos des influences orientales de l’album, le claviériste Guillaume expliquait à Hard French Metal : “Quand Adrien a proposé les trois premières chansons inspirées de l'hindouisme et de la musique indienne, tout le monde a accepté de suivre cette direction car c'était un territoire inconnu et inspirant pour nous tous (en termes de voix, de techniques de composition, et d'instruments).”
C’est Guillaume et son clavier qui se sont chargés de donner une coloration indienne à l’album en utilisant les sons du sitar, des tablas,du ghatam et du mrindangam (notamment sur Mukti), de la vînâ (notamment sur Agni), du santour et du dulcimer. Le duduk, déjà présent sur The Line, fait son retour sur Kala.
Kala est représenté par trois clips : Abhinivesha, Bhati et Akasha.
Ces données objectives précisées, voyons maintenant...
Les Critiques :
“Kala est sans aucun doute l’album le plus original et le plus intéressant de ce début d’année.” https://www.musicwaves.fr
“Mobius n’a aucune limite, tout au moins ne s’en impose pas, livrant un album riche, à la perfection presque clinique, et qui a su intelligemment incorporer ce petit quelque chose de délicat qui fait du combo un incontournable du genre.” https://amongtheliving.fr/chronique-album/mobius-kala/
Trouvant son inspiration dans l’exploration des musiques du monde, Mobius franchit un cap et bâtit avec “Kala” un phare qui impose son style, éclairant une certaine direction du paysage progressif français. Créativité, Talent, Technique, Audace, les Lyonnais cumulent des qualités qui forcent l’admiration. Leur intelligence musicale leur fait ciseler en orfèvres un album original, intense et homogène ; “Kala”, manifeste d’un groupe en plein essor, est la confirmationpuissance dix des espoirs placés dans son prédécesseur “The Line”. La scène Prog’ française compte donc désormais un ténor de plus et un ambassadeur sérieux à l’international.
Quant à nous, on adhère, on adore, notre seule incertitude restant sur le continent vers lequel les Mobius s’ingénieront à nous entraîner dans leur prochain opus. On s'en réjouit d'avance. En attendant, découvrez “Kala” : il est magistral et donc indispensable !