(interview réalisée pour HARD FRENCH METAL)
BlackBirds est un groupe originaire de Gap qui pratique un Classic Rock métallisé d’excellente facture. Après l’EP Hero en 2015, la formation, qui évolue désormais en quintette après avoir commencé en trio, a sorti en 2018 l’album New Birds. L’occasion pour nous d’aller interroger ce drôle d’oiseau qui permet au Rock de résonner aussi dans les montagnes.

BlackBirds par Djaevan
Premier album acheté ?
Melline - Lead Vocals : Pour moi c'était un pack de cinq CD (à dix francs ! Rooo les dinosaures^^) vendu d'occasion par le grand frère d'une copine. J'avais dix ans, et dedans il y avait : No need to argue des Cranberries, Master of puppets et Reload de Metallica, Nervermind de Nirvana et Tostaky de Noir Désir. J'ai tout de suite adoré les Cranberries, je connais l'album plus que par cœur… Ensuite j'ai été plus attirée par Nirvana (qui reflétait bien mon état intérieur) et Noir Désir (dont je comprenais les paroles). Une fois tout ça bien écumé, je suis passée à Metallica, et là il m'a fallu plusieurs écoutes pour réaliser que c'était une musique qui me touchait.
Sébastien Slive - Lead and Rythm Guitars : C’était le Real Live One» d’Iron Maiden. En cassette ! Ça devait être en 1994 ou 1995 ! Ça remonte un peu… J’ai été complètement soufflé par l’énergie de ce groupe et les compos. Ça m’a beaucoup marqué.
Cyril Vidal - Rythm and Lead Guitars : C'était l'album Brave New World, qui marquait le grand retour d'Iron Maiden. Je venais de voir la publicité à la télé ( et oui, à l'époque c'était possible !) et j'ai eu un énorme coup de cœur pour le groupe, et pour la musique par la suite.
Maxime Mangeant - Drums : Nevermind, de Nirvana. Acheté trois fois : une fois pour remplacer celui que j'avais tiré à mon père ; un pour la voiture ; un pour la maison.
Sébastien Arrais Mendonça - Bass : Homework des Daft Punk. Ultra fan de ce style, à l'époque. Et les paroles étaient facile à retenir.
Qu'est ce qui a déclenché votre vocation artistique ?
Melline : La famille. La musique a toujours été très présente. Mes oncles avaient eu un groupe de Rock, plus jeunes. Ma mère est chanteuse / guitariste / pianiste et chef de chœurs, ce qui fait que j'ai baigné dedans depuis mon enfance. A la maison nous avions un piano, plusieurs guitares, et surtout on chantait des chansons à plusieurs voix avant même que je sache lire et écrire. A l’âge de quatorze ans, j’ai eu mon premier groupe. C'était une expérience inoubliable. L'ambiance, les concerts, les répètes, et cette appartenance à une team avec laquelle tu partages ta passion, m'ont vraiment donné envie de continuer dans cette voie.
Sébastien Slive : Cela remonte au début des années quatre-vingt dix, lorsque je voyais des Lives sur Canal+ (Dire Straits, Genesis etc). J’étais totalement fasciné du haut de mes six ans! Je me suis mis à la batterie et mon frère jouait de la guitare. Je me souviens qu’on reprenait exclusivement des morceaux de Dire Straits, dont mon frère était un fan absolu ! Plus tard, à l’âge de quatorze ans, je suis allé rendre visite à un de mes cousins qui est bassiste sur Paris. Il m’a emmené là où il jouait à peu près tous les soirs avec son groupe de reprises, et c’est véritablement là que j’ai compris que c’était le métier que je voulais faire !
Cyril : J'ai emprunté un jour, l'année de mes douze ans, la vieille guitare classique de ma mère, simplement pour tester. J'ai adoré la sensation. Par la suite mes parents m'ont offert ma première guitare électrique, et je me suis mis à prendre des cours, à écouter de plus en plus de musique, du Rock et du Metal essentiellement, au début. J'étais même abonné à certains magazines qui me permettaient de lire des interviews, chroniques, anecdotes, de découvrir des groupes. J'étais très friand de cet "univers", et grâce à l’école de musique de mon établissement scolaire, j'ai pu former mon premier groupe avec mes potes et composer mes premières chansons. C'est là que j'ai su que c'était plus qu'un simple amusement. Bien plus tard, j'ai carrément décidé d’abandonner mes études pour vivre de ma passion !
Maxime : A sept ans, mon père m'a proposé de me mettre à la musique, et comme il avait été batteur étant plus jeune et qu'il voulait s'y remettre, on est allés tous les deux s'inscrire à des cours de batterie. Je crois que c'est aux alentours de treize ou quatorze ans, quand j'ai commencé à beaucoup jouer en groupe, que j'ai vraiment réalisé à quel point la musique était importante pour moi, et que ce n'était plus une simple passion. J'étais vraiment de plus en plus curieux, je piquais les disques de mon père pour les écouter. Je me revois même passer des longues nuits à repiquer et écrire les parties batterie des albums de Dream Theater, à la lampe frontale sous ma couette pour ne pas que mes parents voient que je n'étais pas couché ! Ça a certainement dû déclencher un truc. (Rires)
Sébastien Arrais Mendonça : J'ai démarré très tard, à la fin du lycée plus précisément. Un ami m'a fait essayer sa guitare sèche et j'ai passé l'après midi à apprendre... Come As You Are. Original, hein ? La période de la Fac m'a permis de jouer plus régulièrement. J'ai surtout joué en picking / arpèges, le médiator étant l'accessoire du Diable ( je n'arrivais pas à jouer avec ). Vint le temps des premiers groupes et un constat : mais où sont les bassistes ? Je me suis donc naturellement tourné vers la basse, et au bout d'un jour je jouais déjà dans plus de trente-six groupes sans savoir en placer une dedans ! (Rires) Blague à part, ce fût un coup de foudre, et cela m'a permis de conserver mon jeu en picking dans les projets ! La musique, c'est avant tout une histoire d'amitié, de bière et de rencontre ! Ce n'est pas (encore ?) mon métier, mais je ne saurai pas vivre sans...

BlackBird, par Djaevan
Comment s'est formé BlackBirds ?
Maxime : Avec Sébastien Slive, on se connaissait depuis un moment avant de monter le groupe, mais sans avoir jamais eu l'occasion de jouer ensemble. Puis un beau jour, il m'a proposé de venir boire un coup chez lui pour discuter, et on s'est vite aperçus qu'on avait pas mal d'influences en commun (Alter Bridge, Nirvana, Foo Fighters,...). Très vite, l'idée de monter un groupe a fait surface. On s'est mis à composer des morceaux à partir d'idées qu’il avait en stock depuis quelques temps, et on est vite arrivés avec suffisamment de matière à présenter à nos futur(e)s acolytes ! A l'époque, Mell venait d'arriver dans l'école de musique où nous travaillions tous les deux à Gap, et quand on l'a entendue chanter, on s'est dit : "C'est bon, c'est elle". On n'a pas eu beaucoup de mal à la convaincre puisqu'elle écoutait les mêmes groupes que nous, et la musique lui a tout de suite parlé ! Voilà comment est né le noyau dur du groupe. On a vite enregistré un premier EP à trois, suite à quoi Cyril, qui s'installait à Gap aussi, nous a rejoints à la guitare. On a perdu notre ancien bassiste pendant l'enregistrement de NewBirds, et c'est là que Seb, qui jouait avec Cyril dans Pryde, est arrivé à la rescousse! On a mis un petit moment à trouver un line-up stable, mais aujourd'hui on a la potion magique ! Je pense qu'aucun de nous désormais n'envisage le groupe sans un de ses membres actuels ! Amour, quand tu nous tiens…
Sébastien Slive : Max a tout dit, ou presque ! Personnellement, j’avais fait partie de pas mal de groupes de Metal ou de Prog, et je me suis rendu compte que j’aimais des choses beaucoup plus consensuelles comme la Pop en général. Mais j’avais tellement de difficultés à l’assumer ! Souvent dans le milieu du Metal, on n’aime pas trop tout ce qui est mainstream ! BlackBirds est venu comme une réaction personnelle à tout ça, et une envie d’assumer que j’aimais aussi bien Metallica que Phil Collins! (Rires)
Melline : Je me rappelle que Max et Seb m'avaient envoyé un morceau intitulé Say Yes. Et quand j'ai écouté, j'ai adoré! J'étais trop heureuse qu'ils me proposent de faire partie de cette aventure !
Comment définiriez-vous votre musique ?
Maxime : Je pense que l'étiquette "Rock US" est assez appropriée. L'énergie est résolument Rock, voire Metal sur certains morceaux à l'instar de All Is Not Lost, mais l'auditeur trouvera facilement des pointes de Pop, notamment dans les lignes de chant et les arrangements, et même des clins d'oeil à la country ! Pour ne citer qu'eux, je pense qu'on pourrait situer BlackBirds quelque part entre Alter Bridge, Paramore, Black Stone Cherry et Foo Fighters.
Qui s'occupe de quoi dans le groupe (à part de ses instruments) ?
Maxime : On n'a jamais vraiment défini de rôle propre à chacun, mais disons que les compétences des uns et des autres dans certains domaines en ont naturellement attribué. Par exemple Seb Arrais Mendonça, qui travaille dans l'informatique, se charge de tout ce qui est visuels et graphisme. C'est d'ailleurs lui qui a réalisé tout l'artwork de New Birds ! Sébastien Slive et Mell s'occupent de la comm’ et des réseaux sociaux. Bien évidemment, chacun est libre d'apporter ses idées, et les décisions sont en général prises d'un commun accord entre nous cinq. On voudrait aussi rajouter qu'on a la chance d'être entourés par des très bons amis, notamment la photographe Djaevan, qui est l'auteure (entre autre) de toutes les jolies photos que vous pouvez voir sur le livret du CD, et qui a aussi réalisé notre premier clip sur le morceau Too Bad. Il y a aussi Jérémy Fach, notre ingénieur du son, qui a enregistré et mixé New Birds, épaulé par Slive. Leur soutien nous est vraiment très précieux, et on n'en serait certainement pas là sans eux aujourd'hui ! On les considère vraiment comme les deux membres additionnels du groupe ! Merci à vous deux, on vous aime !

BlackBirds par Djaevan
Quelle est la partie de votre activité artistique que vous préférez ?
Sébastien Slive : La compo a toujours été quelque chose de relativement douloureux pour moi donc je ne dirais pas que c’est ce que je préfère, même si j’aime ça bien sûr. J’aime énormément m’occuper de la production, des arrangements, de la direction artistique… Et bien sûr, j’adore toujours jouer sur scène, c’est presque uniquement pour ça que je fais ce métier, la scène est essentielle à ma survie ! (Rires)
Cyril : Tous les moments passés à composer et arranger ensemble ! Pour moi c'est là que la magie opère et qu'on ressent qu'un groupe est comme une famille ! Les concerts également, qui sont comme une nouvelle aventure à chaque fois, qui nous permettent de partager à la fois entre nous et avec le public notre bonheur de jouer notre musique et de tout simplement faire ce qu'on aime !
Maxime : Les conceeeeeeeeeeeeerts ! C'est un moment crucial puisque c'est là qu'on est vraiment confrontés au public et à ses réactions. C'est surtout l'aboutissement de tout ce temps passé dans notre bulle à composer, à répéter, à enregistrer, à re-répéter ! Jouer pour nous c'est bien, mais pour le public, surtout s’il aime ce qu'on fait, c'est le top !
Melline : Absolument TOUT ! De la création à la réalisation, jusqu'au partage sur scène. Chaque étape est dans mon TOP 10, même les plans foireux restent comme des anecdotes et des souvenirs fun. Mais ça, je sais que c'est parce que je suis entourée d'une bonne bande de dégénérés, pleins de talent et bienveillants les uns envers les autres. Si je vivais les mêmes expériences avec des gros c***, n'importe quelle activité artistique, aussi géniale soit-elle, pourrait se transformer en enfer. Sébastien Arrais Mendonça : Les bières ? (Rires) Et les concerts aussi ! Et les potes ! Bref, tous ces moments ensemble, qu'ils soient bons ou moins bons, car on les vit et on les partage comme une famille ! Vous êtes basés à Gap. Comment se porte la scène Rock dans les Hautes-Alpes ? Maxime : La scène quoi ?! (Rires) La culture dans les Hautes-Alpes est malheureusement très mal défendue. Les groupes et les associations qui essayent de faire bouger les choses ne manquent pourtant pas, mais aucun soutien ne leur est apporté par la ville. Finalement, le fait que deux d'entre nous soient à Lyon (Max) et Marseille (Seb) doit certainement être un atout de ce point de vue là, puisque le Rock existe réellement là-bas, et que ça nous permet de faire parler un peu de nous en dehors des Alpes et aussi d'y jouer de temps en temps.
Sébastien Slive : Oui effectivement, on ne peut pas dire que l’on soit vraiment au bon endroit pour développer un groupe de Rock ! Le moins qu’on puisse dire est que Gap reste une petite ville de montagne où le Rock ne fait pas vraiment partie de la culture populaire. Du coup, il est assez compliqué de s’y produire. En fait il n’y a pas vraiment de scène locale, tout simplement parce qu’il n’y a pas vraiment de lieu où les groupes locaux peuvent jouer régulièrement et trouver un public.
Quel souvenir gardez-vous du tournage du clip de Djaevan "Too Bad", qui illustre votre album New Birds ?
Cyril : Deux jours grandioses ! De ceux qu'on garde toute sa vie en tête, et qui ne pourraient simplement être expliqués avec des mots et des images ! C'est également la concrétisation d'un projet qui implique à la fois le groupe et un tas de gens bienveillants et ultra compétents qui permettent à notre formation de prendre vie, d'aller voir le public, et de dire "Hey, ça va ? voilà ce qu'on fait, ça te plait ? cool ! Viens nous voir en concert alors !"
Maxime : Impérissable ! Comme je l'ai dit plus haut, on a la chance d'être entourés par des amis très pros, avec qui il est très agréable de travailler. Alors au même titre que l'enregistrement de l'album, on s'est dit qu'on pouvait réutiliser la formule pour le clip. C'est donc encore notre chère Djaevan qui était derrière l'objectif, et elle a su retranscrire toutes nos idées farfelues avec brio !
Melline : Mémorable! Inoubliable! En plus sur "Mon morceau préféré de l'album" ! Et puis Djaevan a été hyper compétente, c'était la réalisation de son premier clip! En plus d'être de bon conseil, elle a su me mettre à l'aise! Et qu'est-ce qu'on a pu rigoler ! Les garçons sont toujours plein de ressources à connerie ! Je vous jure qu'on ne s'ennuie pas! Dudu, qui nous a filé le coup de main pour les lights, la famille de Laura qui nous a accueilli royalement, Akil, Pierrot, Jean-Louis, Scarlett, Robert et les autres potes bref nous étions vraiment bien entourés ! Merci à tous !
Sébastien Arrais Mendonça : Les salopettes de mon papounet qui étaient trop grande pour moi ! Je l'ai vécu un peu en "avant première" à travers le montage de Djaevan. Voir le clip, prendre forme au fur et à mesure, puis voir le montage final, était une belle conclusion à ce tournage. Je le vois plus comme un "tout".
Quelles sont les ambitions des BlackBirds ?
Maxime : Continuer à pouvoir faire la musique qu'on aime, l'enregistrer, la diffuser, la jouer, simplement.
Melline : Tellement d'accord avec toi Max!
Il ne reste de place sur l'arche de Noé que pour un album qui pourrait sauver le Rock. Lequel choisissez-vous ?
Melline : Aoutch!!! Dure question ! Mais s'il faut vraiment choisir, je garderais l'album qui regroupe les Greatest Hits de Foo Fighters. Vu qu'il faut "sauver le Rock", je cacherais dans le boitier un Best Of de Queen aussi.
Cyril : Impossible de choisir (Rires). Je me la joue moderne et je me fais une compilation qui comprend tous les meilleurs titres de Metallica, Foo Fighters, Guns and roses, AC/DC, et j'en passe... Désolé, le choix est trop dur !
Sébastien Slive : Whaaa… J’aurais tendance à dire comme Cyril c’est clair ! Là c’est vraiment chaud ! Mais à la rigueur je pourrais citer trois albums qui pour moi font partie des plus grands albums de tous les temps : Metallica - Master Of Puppets ; Iron Maiden - Powerslave ; et Guns n’ Roses - Appetite For Destruction ! A mon avis avec ça on est bien !
Sébastien Arrais Mendonça : Machine Head de Deep Purple ! Pour moi, le meilleur album de tous les temps...

BLACKBIRDS - New Birds (2018)
La fée Rockette, qui apprécie votre album, vous propose de passer une journée avec l'artiste de votre choix, sans aucune limite d'art ou d'époque. Qui désignez-vous ?
Sébastien Slive : Compliqué ça aussi… Il y en a beaucoup trop… Allez je dirais Steve Harris (Iron Maiden), que j’admire plus que tout pour toute sa carrière. Chère fée Rockette, tu sais ce qu’il te reste à faire !
Cyril : Sans hésiter, n'importe où, n’importe quand, avec Dave Grohl !
Melline : Ma première idée, c'est comme toi Cyril : Dave Grohl ! N’importe où et n'importe quand. Mais en fait, je crois que je serais vraiment trop intimidée… Non, je pense à une autre artiste que j'affectionne beaucoup : Anneke Van Giersbergen, en espérant faire un bœuf et s'amuser en faisant des harmonies…
Maxime : Je me permets de modifier la question et de choisir un lieu. Et je dirai le Rainbow à Los Angeles, histoire de siroter un bon Jack avec Lemmy, Slash et Dave Grohl. Sébastien Arrais Mendonça : Devin Townsend, car on passerait la journée à faire des grimaces !
Que va faire BlackBirds dans les prochains mois ?
Maxime : La trève hivernale des concerts approchant à grands pas, on va sûrement en profiter pour s'enfermer et composer, voir ce qui sort de nos têtes.
Merci d’avoir répondu à nos questions. Le mot de la fin ?
Melline : Merci de nous avoir lus et écoutés !
Les photos de BlackBirds et leur clip vidéo sont de Djaevan, que nous remercions pour son aimable autorisation : https://www.facebook.com/djaevan
Notez que Melline Martin poursuit également une carrière en solo. Son nouvel EP "Pop N’ Roll" est disponible depuis le 5/10/2018. Actuellement en Nouvelle-Calédonie, Melline se produira le 10/01/2018 à 20 heures au Public House Nc.