Tournant depuis 2010, The Losts, a sorti “No God, No Devil”, son premier EP, en 2013. “... Of Shades & Deadlands” suivait en 2016, album addictif et Heavy, rappelant le meilleur de la NWOBHM. La voix d’YGC - les membres du groupe ont pour nom des trigrammes - pourra d’ailleurs parfois vous rappeler celle d’un certain Rob “Metal God” Halford, même s’il ne revendique pas cet héritage. Aujourd’hui, le quatuor du Nord se concentre sur son futur album, qui ne sortira peut-être qu’en 2020. On n’allait pas rester tout ce temps sans nouvelles ! Voici l’interview de The Losts.

THE LOSTS par ALexis Godel.
"On rapproche parfois ma voix de celle de Rob Halford
(même si je n’ai aucunement la prétention
de me comparer à lui).
Ce n’est néanmoins pas le chanteur
que je citerais en priorité
dans mes influences."
YCG
Premier album acheté ?
JCR (Batterie/Chant Black/Choeurs) : Nightwing, de Marduk.
GGV (Basse/Chant Thrash/Choeurs) : La bande originale de Wayne’s World.
DGC (Guitare/Clavier/Choeurs/Design): Violator, de Depeche Mode.
YGC (chant/Guitare/Mandoline) : Ma première cassette achetée est sans doute Dangerous de Michael Jackson. J’avais dix ans. Slash n’était pas très loin quand on y repense ! Mon deuxième achat a été Countdown to Extinction de Megadeth.
Judas Priest n'est pas cité parmi vos influences (ou alors il est dans le “etc” final), pourtant la filiation me paraît évidente à l'écoute de votre album “... Of Shades & Deadlands” (2016).
DGC : J’imagine que c’est à cause de la coupe de cheveux de YGC que tu dis ça ! Plus sérieusement, Judas Priest fait effectivement partie de nos influences, mais nous avons tellement de références dans le groupe, avec une assez grande diversité entre les quatre membres, qu’il est difficile de lister tout le monde. Il nous arrive de reprendre Breaking The Law pour finir certains concerts et ça prend en général très bien.
YGC : Quand tu pratiques le Heavy Metal, Judas Priest est forcément passé dans ta platine à un moment donné ! C’est une telle institution ! On rapproche parfois ma voix de celle de Rob Halford (même si je n’ai aucunement la prétention de me comparer à lui). Ce n’est néanmoins pas le chanteur que je citerais en priorité dans mes influences.
Vos opus sont-ils des concepts ? Il me semble qu'ils ont pour fil rouge les Egarés, des personnages sans visage, sans nom et sans lois, qui vivent hors de la société ?
DGC : Tu as bien capté le concept global. Oui, nos prods tournent autour de ces personnages que nous incarnons lorsque l’on monte sur scène. Tous nos textes et nos visuels ont trait à leur histoire. « La Genèse des Égarés » est notamment narrée dans certains titres à l’ambiance atmosphérique. Notre concept est en fait une certaine représentation de la société moderne avec ses conflits intérieurs, ses doutes, son tiraillement entre gain de liberté et perte de repères. Ces personnages nous permettent également de théâtraliser notre univers et de lui donner une dimension plus visuelle.
“... Of Shades & Deadlands” est beaucoup plus agressif et Heavy que son prédécesseur “No God, No Devil” (2013), on a presque l'impression qu'il ne s'agit pas du même groupe. Avez-vous senti une évolution ?
DGC : En fait, les morceaux des deux disques ont été composés à peu près à la même période. Lorsque nous avons enregistré No God, No Devil, nous avons choisi des morceaux plutôt typés Classic Heavy, pour donner une certaine cohérence d’ensemble. C’est ce qui donne cette ambiance si particulière au disque mais qui, on le confesse, n’est pas complètement représentatif de notre musique. Pour … Of Shades & Deadlands, on a voulu montrer le vrai visage de The Losts, plus complexe et plus éclectique. On a aussi pris plus de temps dans la production, tout en gardant cet esprit old-school qui nous tient à cœur, et les parties de chants ont été beaucoup plus travaillées.
YGC : Le ton devrait se durcir encore sur la suite! C’est en tout cas l’impression que nous renvoient nos nouvelles chansons…

THE LOSTS - No God, No Devil (EP - 2013)
Justement, comment se passe l'élaboration des compositions chez The Losts ?
DGC : En règle générale, YGC amène la structure musicale et le chant. Le reste du groupe compose ensuite ses parties autour de ce squelette. Ça marche plutôt bien et ça nous permet de mélanger nos différentes approches musicales.
Stan W Decker a réalisé l'artwork de votre dernier album. Qu'est-ce qui vous a orienté vers cet artiste ?
DGC : YGC, également chroniqueur pour Lords Of Chaos Webzine, avait eu l’occasion de l’interviewer dans ce cadre et de faire connaissance avec lui. On a vraiment accroché à son style. Il avait déjà quelques belles références dans son book : Primal Fear, Vanden Plas, Jorn, Masterplan, Monument, Manigance… Il a su parfaitement comprendre et exprimer visuellement l’âme et l’esprit des Égarés.

THE LOSTS - Of Shades & Deadland (2016). L'artwork est de Stan W Decker.
Quelles indications lui aviez-vous donné et quel a été votre sentiment quand il vous a présenté son travail ?
DGC : On voulait qu’il retranscrive un univers post-apocalyptique tout en clair-obscur, mêlant ombres et lumières, et mettant en scène les personnages des Égarés. On lui a présenté les paroles des morceaux ainsi que nos éléments visuels, dont les masques des Égarés qu’on porte parfois sur scène. On n’a pas eu beaucoup de retouches à apporter au projet qu’il nous a présenté, il était en plein dans le mille ! Il a même réussi à intégrer un petit rappel visuel de “No God, No Devil” (on vous laisse trouver lequel !).
Un nouvel album est-il à l'étude ?
DGC : Oui, c’est dans les tuyaux, on planche dessus actuellement. Tous les morceaux sont prêts et calés. On lance les sessions d’enregistrement dès Janvier. On prépare encore quelques surprises des Égarés dans cet opus. [NDLR : la date de sortie de l’album n’est pas fixé, il sera prêt probablement en 2020].
Un mot sur la scène Metal française ?
YGC : Malgré des barrières culturelles qui marginalisent parfois notre style favori, la scène est bien dynamique. Il suffit de voir toutes les affiches, les petits ou plus grands festivals, les pages de groupe sur les réseaux sociaux qui fleurissent un peu partout dans le pays mais aussi les médias spécialisés. On s’intéresse pas mal, et on s’y frotte forcément de par notre activité, à la scène underground et ce que nous pouvons dire c’est qu’elle est grouillante, pleine de vie et de belles surprises. Pas toujours évident cependant de faire vivre sa musique parmi une offre fourmillante et la pénurie de structures d’appui. Il y a des associations qui œuvrent pour cette scène, je pense par exemple à UNDERGROUND INVESTIGATION . Et puis, dans le coin, on a de nombreux copains : BlackBart, Zaang, Hybrid, Fool’s Paradise, et tant d’autres, puis Haircuts That Kill, Doomforge ou The Guardian lorsqu’on passe la frontière belge.
Il ne reste de place que pour un album sur l'arche de Noé. Lequel choisiriez-vous pour reconstruire le Rock dans la bonne direction ?
JCR : Sleep of The Angels de Rotting Christ.
GGV : Les Keeper of The seven keys, de Helloween.
DGC : Appetite for Destruction des Guns’N’Roses.
YGC : S’il n’y en avait qu’un, il s’agirait du Holy Land d’Angra. Chef d’œuvre absolu et, de mon point de vue, jamais égalé !
Votre actualité dans un avenir proche ?
DGC : On est à fond dans le nouvel album et ça va nous prendre pas mal de temps et d’énergie. On prévoit néanmoins un retour sur scène en mars avec nos amis roumains de Dirty Shirts. On ne pouvait pas manquer les retrouvailles avec eux.
Le mot de la fin ?
YGC : On s’absente quelques temps pour bosser dans notre grotte mais ne vous éloignez pas, on compte bien revenir avec un disque tout beau, tout neuf ! Sinon, merci Ahasverus, pour ton intérêt et le temps consacré !

The Losts par Loïc Andrzejewski.
Retrouvez la discographie de The Losts sur Bandcamp : https://thelosts.bandcamp.com

The Losts, par Loïc Andrzejewski.
Crédits photographiques : Les photographies de The Losts sont de Alexis Godel et de Loïc Andrzejewski.