Genre : Metal orchestral
Origine : Lyon
La sortie le 21/06/2019 chez MASSACRE RECORDS (Anvil, King Diamond, Liv Kristine, pour ne citer qu’eux) de leur album Rest In Phantasy, initialement paru en autoproduction en 2015, remet Dreamslave sous les feux d’une actualité pleinement méritée. Elle permettra aux talentueux lyonnais d’atteindre un public international plus large.
Elle nous donne enfin le prétexte de finaliser un projet qui nous tenait à cœur depuis longtemps : réaliser l’interview d’une trop rare frontwoman : Elegy Emma. (article publié sur HARD FRENCH METAL le 17/06/2019)
"J'ai beaucoup d'émotion
à chaque fois que j'écoute «RIP».
Il fut une expérience formidable,
autant humaine que musicale."
Elegy Emma : Bonjour Hard French Metal. Allez... Repartons dans les limbes de mon passé de musicienne... Mon tout premier album ? Et bien je crois que c'était «The Freddie Mercury Album», son premier en solo, en 1992, où figurait le fameux «Barcelona», dédié aux jeux olympiques de la même année, en duo avec une grande soprano : Montserra Caballe.
Je n'ai pas eu la chance de connaître Freddie avec Queen... C'est bien dommage, il aurait fallu que je naisse dix ans plus tôt !
Elegy Emma : Oui, très bien. C'était un été à Perpignan, lorsque qu'un ami de ma famille a proposé de m'emmener voir Jean-Jacques Goldman à l'époque Fredericks Goldman Jones et de «Rouge», un concert avec les chœurs de l'Armée Rouge. Une vraie découverte de la scène pour moi, et de l'acoustique des concerts de musiques actuelles. C'est vrai qu'on était alors loin des premiers concerts de Metal, mais j'avais à peine quatorze ans. Peu après, la même année, je faisais partie des milliers de spectateurs du Parc des Prince pour les cinquante ans de Johnny Hallyday... Un public transcendé par un show à couper le souffle ! Même pour moi qui n'était absolument pas fan.

Elegy Emma : Ah ah... Ça... Je me le demande encore ! Je crois que j'ai toujours eu cela en moi. Née d'une famille où seul mon grand-père avait touché à un violon étant plus jeune, j'ai toujours aimé chanter. A chaque fois qu'il y avait un événement musical, en classe ou ailleurs, on s'arrangeait toujours pour me mettre au premier rang ou en soliste. Vers six ans, j'ai reçu en cadeau de Noël mon premier enregistreur cassette... C'était formidable ! Je pouvais m'enregistrer en chantant et saouler toute ma famille pour écouter la bande ensuite ! A douze ans, un ami de mon grand-père, qui jouait de l'orgue, a décelé chez moi une oreille musicale après m'avoir laissée jouer sur l'instrument. J'ai donc réellement commencé mon cursus musical avec le piano, pendant huit ans, entre cours privés et école de musique. Je suis allée jusqu'au bac avec une option musique et piano. C'est d'ailleurs peut-être grâce à ces points supplémentaires que j'ai eu mon diplôme du premier coup ! Ensuite, c'est la vie et ses chemins de traverses qui m'ont ramenée à mes premières amours : le chant.
En parlant du chant, j'imagine que tu n'as pas commencé avec Dreamslave... Quels styles avaient tes groupes, auparavant ?
Elegy Emma : Oui, bien sûr, tu t'en doutes... J'ai écumé les mers du Rock et du Metal avant d'arriver chez Dreamslave.
Dans ma période parisienne - Et oui, je ne suis pas lyonnaise d'origine ! - ma toute première expérience de groupe s'appelait Leethiom... D'ailleurs, l'histoire raconte qu'une jeune femme de vingt ans, écoutant principalement Muse et les Cranberries, débarqua un jour en tenue pas tout à fait appropriée, dans un grenier où répétaient de jeunes métalleux. Elle devait s'essayer au chant sur du Metal, après avoir rencontré l'un de ses camarades de fac qui lui avait demandé si elle serait intéressée pour chanter dans son groupe. Et voilà ma première expérience qui démarre : des reprises, de Deftones à Mass Hysteria... Puis quelques temps après, des compos Metal-Electro-Fusion déjantées, nées d'influences diverses, et quelques mémorables concerts pour débuter, où je chantais en duo avec un chanteur «énervé».
Ensuite, je suis retournée vers le Rock avec Arden, groupe avec lequel j'ai pu jouer deux fois au Hard Rock Café Paris, et participer à la réalisation d'un album enregistré dans un studio parisien, en tant que chanteuse principale. (NDLR : il s’agit de l’album “Nocturnes”, aujourd’hui introuvable). Puis, retour au Metal, dans une veine symphonique avec le groupe Arvens, entre 2007 et 2009, avec lequel j'ai eu le privilège de jouer au Trabendo, salle mythique de Paris qui a vu par exemple passer Muse à ses débuts français. Enfin, entre 2009 et 2011, à Paris puis à Lyon, j'ai fait partie de différents projets Metal non aboutis, qui m'ont permis de lier des amitiés durables et m'ont menée jusqu'à Dreamslave.
Ta voix est exceptionnelle, et ton chant particulièrement réjouissant et inspiré. Est-il vrai que tu détestais le lyrique avant de découvrir Nightwish ?
Elegy Emma : Je te remercie pour ce magnifique compliment.
J'ai presque honte de te répondre... Mais oui, c'est vrai que je n'ai pas du tout aimé Nightwish la première fois que je les ai entendus en 96 ! D'abord, je n'étais pas familière du son lourd que j'entendais, même s'il ne me déplaisait pas à l'époque. Mais le chant... Oh ! My God ! Je n'ai pas trouvé ce mélange écoutable... Je n'étais tout simplement pas prête pour l'apprécier. Il faut dire que j'écoutais du Rock et de la Pop anglaise, à l'époque. Et un jour de 2000, j'ai découvert Within Temptation, et ça a été une révélation pour moi. La voix si cristalline de Sharon Del Aden, la sensibilité et la fragilité de sa voix... Je suis tombée amoureuse de cette musique et elle a beaucoup inspiré mon chant dans mes groupes de l'époque.
D'ailleurs, ce qui est drôle, c'est que plusieurs fois après les concerts de Dreamslave, des chanteuses lyriques diplômées du conservatoire sont venues vers moi pour me féliciter et me demander dans quel conservatoire j'avais fait mes études, puis elles ouvraient de grands yeux étonnés quand je leur répondais que je le pratiquais en autodidacte.
En parlant de cours, j'ai lu que tu avais pris plus tard des cours avec l'étonnante Asphodel ( MVM - Ma Voix et Moi / Penumbra / öOoOoOoOoOo). Quels souvenirs en gardes-tu ?
Elegy Emma : Effectivement. C'est seulement en 2012 que j'ai décidé de prendre mes premiers cours avec Asphodel pour apprendre surtout à épargner ma voix lors des concerts avec Dreamslave, car le niveau avait grimpé d'un échelon par rapport à mes autres groupes et je ne devais pas forcer sur mes cordes vocales. J'en garde un souvenir chaleureux, ce fut une expérience qui m'a amené beaucoup de bien-être et de confiance en moi et en mes capacités vocales.
Lors de ma première rencontre avec Asphodel, je m’en souviens très bien, elle m'a dit après m'avoir faite chanter quelques instants sur «Somewhere» de Within Temptation : «Alors des fois j'ai des doutes sur la tessiture de mes élèves... Mais toi non ! C'est clair que tu es soprano et que tu as une sacrée voix !». Ma chère Aspho, je t'adresse un grand merci. Merci pour ces heures passées avec toi, ton humour et ton monde intérieur débordant d'idées farfelues. Merci d'avoir cru en moi.
Dreamslave naît en 2011, notamment à l'initiative de Peter, votre keyboardiste. Tu te souviens de votre première rencontre ?
Elegy Emma : Oh la la oui ! Et j'ai même une anecdote à ce sujet qui te fera certainement sourire. Après avoir répondu à l'annonce internet d'un groupe nommé Dreamslave qui recherchait sa chanteuse, j'ai rencontré Peter et Mike autour d'un verre de jus de fruit dans un café lyonnais, et ils m'ont retenue pour une audition. Cette dernière s'est déroulée chez Peter, dans son appartement une pièce. Les gars jouaient sur des petits amplis, avec basse, guitare et clavier. Comme aucun micro n'était prévu pour moi, ils ont réglé les amplis au minimum de leur volume, en espérant qu'ils allaient réussir à m'entendre quand même. Au programme, deux morceaux d'Epica : une reprise de «Memories», de la comédie musicale Cats, et le morceau «Never Enough».
Dès le premier titre, je voyais les gars échanger des regards comme pour se dire : «Mais en fait, on ne s'entend pas !». Ma voix couvrait tout le reste ! Ils ont alors dû remonter leurs amplis pour que l'instrumental soit audible en me disant : «Ah bah toi, tu en as de la voix ! On ne s'attendait pas à ça... J'espère qu'on ne va pas trop déranger les voisins.»

Elegy Emma : La première fois que Peter m'a fait écouter ses compositions en devenir, c'était sur un logiciel qui ne traduisait pas forcément au mieux le potentiel qu'elles allaient acquérir. Il fallait beaucoup d'imagination pour entendre les chœurs, les orchestres et les chants de «The Vinland Saga» ou de «The Dark Crusade»... Mais j'ai réussi ! Et je me suis dit en premier lieu que c'était très rapide comme tempi, qu'il me faudrait du travail et de la persévérance pour relever le défi du chant sur ses compos.
Peter a tout de suite pensé que mon chant donnerait vie à ses œuvres, que ce serait une belle harmonie. Il a témoigné, et témoigne aujourd'hui encore, d'une grande confiance en moi et en mes capacités vocales.
"C'est comme une nouvelle ère
qui commence pour nous aujourd'hui !
RIP n'a pu recevoir l'accueil
que nous lui souhaitions à l'époque,
et il en a désormais l'opportunité."
Elegy Emma : J'ai beaucoup d'émotion à chaque fois que j'écoute «RIP». Il fut une expérience formidable, autant humaine que musicale. En premier lieu, ma participation au choeur que l'on peut entendre sur tous les titres. Des moments magiques de partage, des répétitions jusqu'à l'enregistrement. Ensuite, le temps passé en studio pour enregistrer le chant lead. A cette époque, je commençais seulement à maîtriser mon chant lyrique et je me laissais souvent embarquer par mes émotions. Finalement, les morceaux que je pensais être les plus difficiles pour moi - Pirate's Anthem, et surtout Angel Requiem - sont passés comme une lettre à la poste. Le plus difficile a plutôt été de faire ressortir un chant «Rock», plutôt dans les médiums, qui garde une cohérence avec mon chant lyrique.
Quant aux défauts et aux qualités de ce premier opus, je laisse les auditeurs libres de penser ce qu'il veulent de la production, des chants ou bien des paroles. Je n'ai aucun regret sur cet album, je pense que nous avons tous donné le meilleur à l'époque. Si aujourd'hui encore, un label s'y intéresse, c'est bien qu'il a un fort potentiel.
Elegy Emma : Après la sortie de RIP, nous avons tourné en Europe avec Lyriel, un groupe allemand, en 2016. Une expérience mémorable de plus de deux mille cinq-cents kilomètres en quinze jours, en camping-car. De belles scènes en Belgique et aux Pays-Bas, où l'accueil des organisateurs et du public a été des plus chaleureux. Puis le line-up de Dreamslave a évolué : le départ de notre ancien bassiste JR en 2015, et l'arrivée de Sajih ainsi que le passage de Louis à la guitare en 2016, qui reste une personne que nous affectionnons. 2016 a aussi été marquée par le départ de notre batteur Quent', ce qui n'a pas stoppé Dreamslave dans ses projets. Nous avons alors tourné le clip «Torments», en 2017, avec la collaboration d'une équipe de tournage très sympa et de Martial, que nous avions rencontré lors de notre tournée européenne et qui a accepté d'être notre batteur guest. Et l'année dernière, Mich' est arrivé au manche de la seconde guitare pour soutenir Nils, alors que Massacre Records signait notre premier album. C'est comme une nouvelle ère qui commence pour nous aujourd'hui ! RIP n'a pu recevoir l'accueil que nous lui souhaitions à l'époque, et il en a désormais l'opportunité. Avec le soutien de notre agence Aeon Music Management et la ressortie de RIP cette année, nous envisageons de reparcourir l'Europe - Et pourquoi pas plus ? - sur de belles scènes, pour le promouvoir à sa juste valeur, avec quelques années d'expérience supplémentaires.

Le packaging et le livret du RIP version 2019 ont été repensés. A découvrir le 21/006/2019 !
Elegy Emma : Ah là... On est dans le secret professionnel... Voilà ce que je peux te dire pour le moment : il va être fidèle à Dreamslave, tant dans la diversité de ses influences musicales que dans l'émotion que dégageront les chants, les orchestres, les chœurs... Il se trouvera quelque part entre le fantasme et la réalité, dans notre monde... Ou plutôt dans celui de notre compositeur Peter. Un album que nos fans trouveront, j'espère, haut en couleurs ! Nous prenons notre temps pour le réaliser, il est vrai... Nous l'avons.
En ce qui concerne mon chant sur cet album, j'espère qu'il en surprendra plus d'un... Il a évolué en cinq ans, heureusement d'ailleurs ! Il faut avancer dans la vie et ne pas rester sur ses acquis. Depuis RIP, j'ai intégré le conservatoire de musique pour travailler mon chant lyrique. J'ai aussi rencontré des personnes exceptionnelles qui m'ont épaulée dans mon développement musical. Je pense notamment à ma chère Annie, que je remercie sincèrement. Je m'égare un peu, mais le nouvel opus de Dreamslave, c'est aussi tout ça ! Un gain en maturité, en réflexion sur soi et sur les autres, des sentiments jusqu'alors inexplorés, qui naissent et transparaissent dans certains titres, un passé révolu et un avenir positif qui se profile.
Comme tu l'as compris, la date de sortie n'est pas encore fixée. Nous voulons présenter à notre public un album dont nous serons aussi fiers que RIP car nous y aurons tous œuvré avec le cœur.
Il y avait de belles collaborations sur RIP, je pense bien sûr au savoureux duo avec Najib, de Stolen Memory, sur Angel Requiem, mais aussi au violon de Thibaut Noizet sur le très réussi Pirate's Anthem. Des contributions sont-elles au menu du futur opus ?
Elegy Emma : Allez... en exclusivité pour toi, oui ! Il y aura des collaborations, avec des personnes que nous estimons. Et je peux même te dire que l'on va retrouver des gens là où on ne les attend pas...
Elegy Emma : La vidéo de «Angel Requiem» avec Najib qui est sur Youtube est une vidéo de fan et retranscrit un son de qualité sonore approximative. Nous avons réfléchi à présenter d'autres titres que «Torments» pour un clip, mais il a été jugé comme le plus porteur et représentatif de RIP. Par sa structure aussi, il était plus simple d'en réaliser une version éditée, plus courte que l'original, adaptée à un premier clip.
Elegy Emma : Difficile comme question... Je dirais que pour sa voix, son charisme et l'état d'esprit que dégagent les titres de QUEEN, j'aurais rêvé de pouvoir rencontrer et pourquoi pas - soyons folle ! - chanter avec Freddie Mercury.
Deux albums à placer sur l'Arche de Noé pour tout reconstruire ?
Elegy Emma : Deux ça fait bien peu... Mais si je dois me prêter au jeu, je dirais que deux des albums les plus importants de ma vie sont «Showbiz» de Muse et «Mother Earth» de Within Temptation. Ce n'est certainement pas avec ceux là que je reconstruirais le monde, mais ils ont marqué une période de ma vie et représentent bien ma passion pour le chant, les mélodies mélancoliques et sombres, le Rock et le Metal... Mon monde quoi !
Que fait DREAMSLAVE dans les prochains mois ?
Elegy Emma : Nous préparons l'avenir... Entre la promotion de RIP qui ressort, les interviews et le travail sur le deuxième opus, nous avons de quoi faire ! Nous sommes aussi en réflexion sur un deuxième clip et sur d'autres projets tout aussi ambitieux... Avec une touche acoustique. Nous devrions reprendre la route des concerts à partir de la fin 2019, après une pause estivale bien méritée.
Merci Elegy Emma d'avoir bien voulu répondre à nos questions. On souhaite une longue nouvelle vie à Rest In Phantasy, et on attend le nouveau Dreamslave avec beaucoup de curiosité.
Elegy Emma : Merci de nous soutenir comme tu le fais, ainsi que toute la scène française du Metal. Cela a été un réel plaisir de répondre à tes questions. Je te dis à bientôt pour la suite de nos aventures !
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Nous remercions pour leurs photographies et leur aimable autorisation :
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