Monsieur le Commissaire de la police
4 avenue des Villes-de-France
88000 EPINAL
(double envoyé à monsieur le préfet au cas où l'on voudrait étouffer l'affaire, comme d'habitude)
Objet : réclamation pour tapage
Lettre recommandée AR et anonyme
Monsieur le commissaire,
Riverains de la rue de Grandrupt à Golbey, ma famille et moi-même subissons depuis octobre 2015 des outrages fréquents, rapides, puissants, entêtants et intenses à toutes les heures de la journée, et parfois même la nuit. Ces bruits provoquent chez les membres de ma famille et moi-même des soubresauts à toute heure qui empêchent de dormir.
Au départ, ces nuisances étaient causées par monsieur Ahasverus Cornelius, résidant 44 rue de Grandrupt, deuxième étage, appartement 122, individu suspect qui tient toujours ses volets fermés et salue ses voisins en dressant l'index et l'auriculaire. Sous son impulsion, elles se sont peu à peu étendues à l'ensemble du bâtiment.
Elles consistent en un passage en boucle de l'album "Rest In Phantasy", pourtant daté de 2015. Il s'agit du premier album (soit-disant) auto-produit du groupe Dreamslave, au motif qu'il serait l'un des tout meilleurs dans sa catégorie, capable de rivaliser avec des pointures telles que Nightwish et autres Therion, et qui bastonne toujours aujourd'hui, trois ans après sa sortie.
Cette formation douteuse aurait pour chanteuse une nommée "Emma" à la voix puissante et lyrique, enfin vous voyez le genre... Un prénommé Peter assurerait growls et Keytar. Growls ? vous imaginez les dommages que cela peut causer à un bâtiment construit dans les années 1970, monsieur le commissaire ? Il serait en partie responsable des vocalises de la dite Emma. Mais il serait trop facile d'oublier la responsabilité des Quent (Batterie), Nils (Guitare) , Louis (Guitare) et Sajih (Basse). A la potence, monsieur le commissaire, à la potence !
Enfin ! Comme si tout ça ne suffisait pas, un nommé Najib Maftah, de Stolen Memories, (Stolen... On y vient !) donne la réplique à cette Emma sur Angel Requiem ! A la potence aussi, Najid Maftah ! Haut et court !
Ces gens douteux habiteraient Lyon. Leur "musique" est relayée à travers la France par tout un réseau d'individus tatoués aux cheveux longs et gras qui se complaisent à faire le signe du diable, dont le nommé Ahasverus Cornelius qui prétend même détenir une photo dédicacée d'Emma obtenue lors de l'achat de R. I. P. Une secte ? Comme vous, je m'interroge, monsieur le commissaire.
Avant de vous déranger, mon épouse et moi avons missionné Me Kernarek-Bigouden, huissier de justice à Epinal comme son nom l'indique. Débordant de sa mission, celui-ci nous a assuré que R. I. P. était un grand album, qu'Emma avait une voix exceptionnelle, qu'elle savait varier son chant, que les compos tenaient complètement la route, que cet album n'était jamais lassant, et que des titres comme Pirate's Anthem, The Vinland Saga, Eternitears, Join The Phantasy/The Dark Crusade, Torments, et patati-patata se plaçaient au plus haut niveau du Metal orchestral... Il a souligné l'originalité d'Emma et le potentiel ainsi que le sens de la composition de DREAMSLAVE, qu'il classait parmi les meilleurs mondiaux. Vivement le prochain album, a-t'il ajouté en partant... Je ne vous cache pas que mon épouse et moi avons quelques raisons d'avoir peur et de penser que Me Kernarek-Grosjean s'est trouvé manipulé par le gourou Ahasverus Cornelius, ou pire encore par DREAMSLAVE !!!
A ce jour, aucune solution amiable n'a été trouvée avec monsieur Cornelius. Il ne veut rien entendre (d'autre que cet album). Mon épouse et moi avons appris que le groupe cherche un nouveau batteur, et que le successeur de RIP serait disponible courant 2018. Nous avons donc quelques craintes pour la santé publique, ET POUR CELLE DE MADAME LEBRUN vu la puissance du premier album autoproduit. A ce propos, j'appelle notamment votre attention sur le fait que Madame Lebrun, résidant 44 rue de Grandrupt, appartement 121, deuxième étage, a dû consulter pour des problèmes cervicaux alors que cette personne N'AVAIT JAMAIS EU DE SOUCIS DE SANTE AUPARAVANT !!!
Espèrant avoir retenu votre attention, et déclinant toute responsabilité notamment quant à la santé de la nuque de madame Lebrun si aucune mesure n'était prise, nous vous assurons, monsieur le commissaire, de toute notre admiration et du bien que nous pensons de votre action.
Signé des bons Français.
Groupe : Dreamslave
Genre : Metal orchestral
Origine : Lyon
La sortie le 21/06/2019 chez MASSACRE RECORDS (Anvil, King Diamond, Liv Kristine, pour ne citer qu’eux) de leur album Rest In Phantasy, initialement paru en autoproduction en 2015, remet Dreamslave sous les feux d’une actualité pleinement méritée. Elle permettra aux talentueux lyonnais d’atteindre un public international plus large.
Elle nous donne enfin le prétexte de finaliser un projet qui nous tenait à cœur depuis longtemps : réaliser l’interview d’une trop rare frontwoman : Elegy Emma. (article publié sur HARD FRENCH METAL le 17/06/2019)
Elegy Emma par Philippe Creusot.
"J'ai beaucoup d'émotion
à chaque fois que j'écoute «RIP».
Il fut une expérience formidable,
autant humaine que musicale."
Hard French Metal : Bonjour Elegy Emma. D'abord un retour en arrière, si tu le permets. Te souviens-tu du premier album que tu as acheté ? Elegy Emma :Bonjour Hard French Metal. Allez... Repartons dans les limbes de mon passé de musicienne... Mon tout premier album ? Et bien je crois que c'était «The Freddie Mercury Album», son premier en solo, en 1992, où figurait le fameux «Barcelona», dédié aux jeux olympiques de la même année, en duo avec une grande soprano : Montserra Caballe.
Je n'ai pas eu la chance de connaître Freddie avec Queen... C'est bien dommage, il aurait fallu que je naisse dix ans plus tôt !
Et ton premier concert en tant que spectatrice, tu t’en souviens ?
Elegy Emma :Oui, très bien. C'était un été à Perpignan, lorsque qu'un ami de ma famille a proposé de m'emmener voir Jean-Jacques Goldman à l'époque Fredericks Goldman Jones et de «Rouge», un concert avec les chœurs de l'Armée Rouge. Une vraie découverte de la scène pour moi, et de l'acoustique des concerts de musiques actuelles. C'est vrai qu'on était alors loin des premiers concerts de Metal, mais j'avais à peine quatorze ans. Peu après, la même année, je faisais partie des milliers de spectateurs du Parc des Prince pour les cinquante ans de Johnny Hallyday... Un public transcendé par un show à couper le souffle ! Même pour moi qui n'était absolument pas fan.
Elegy Emma par Philippe Creusot.
Qu'est-ce qui t'a conduit sur les chemins de la musique ?
Elegy Emma :Ah ah... Ça... Je me le demande encore ! Je crois que j'ai toujours eu cela en moi. Née d'une famille où seul mon grand-père avait touché à un violon étant plus jeune, j'ai toujours aimé chanter. A chaque fois qu'il y avait un événement musical, en classe ou ailleurs, on s'arrangeait toujours pour me mettre au premier rang ou en soliste. Vers six ans, j'ai reçu en cadeau de Noël mon premier enregistreur cassette... C'était formidable ! Je pouvais m'enregistrer en chantant et saouler toute ma famille pour écouter la bande ensuite ! A douze ans, un ami de mon grand-père, qui jouait de l'orgue, a décelé chez moi une oreille musicale après m'avoir laissée jouer sur l'instrument. J'ai donc réellement commencé mon cursus musical avec le piano, pendant huit ans, entre cours privés et école de musique. Je suis allée jusqu'au bac avec une option musique et piano. C'est d'ailleurs peut-être grâce à ces points supplémentaires que j'ai eu mon diplôme du premier coup ! Ensuite, c'est la vie et ses chemins de traverses qui m'ont ramenée à mes premières amours : le chant.
En parlant du chant, j'imagine que tu n'as pas commencé avec Dreamslave... Quels styles avaient tes groupes, auparavant ?
Elegy Emma : Oui, bien sûr, tu t'en doutes... J'ai écumé les mers du Rock et du Metal avant d'arriver chez Dreamslave.
Dans ma période parisienne - Et oui, je ne suis pas lyonnaise d'origine ! - ma toute première expérience de groupe s'appelait Leethiom... D'ailleurs, l'histoire raconte qu'une jeune femme de vingt ans, écoutant principalement Muse et les Cranberries, débarqua un jour en tenue pas tout à fait appropriée, dans un grenier où répétaient de jeunes métalleux. Elle devait s'essayer au chant sur du Metal, après avoir rencontré l'un de ses camarades de fac qui lui avait demandé si elle serait intéressée pour chanter dans son groupe. Et voilà ma première expérience qui démarre : des reprises, de Deftones à Mass Hysteria... Puis quelques temps après, des compos Metal-Electro-Fusion déjantées, nées d'influences diverses, et quelques mémorables concerts pour débuter, où je chantais en duo avec un chanteur «énervé».
Ensuite, je suis retournée vers le Rock avec Arden, groupe avec lequel j'ai pu jouer deux fois au Hard Rock Café Paris, et participer à la réalisation d'un album enregistré dans un studio parisien, en tant que chanteuse principale. (NDLR : il s’agit de l’album “Nocturnes”, aujourd’hui introuvable). Puis, retour au Metal, dans une veine symphonique avec le groupe Arvens, entre 2007 et 2009, avec lequel j'ai eu le privilège de jouer au Trabendo, salle mythique de Paris qui a vu par exemple passer Muse à ses débuts français. Enfin, entre 2009 et 2011, à Paris puis à Lyon, j'ai fait partie de différents projets Metal non aboutis, qui m'ont permis de lier des amitiés durables et m'ont menée jusqu'à Dreamslave.
Ta voix est exceptionnelle, et ton chant particulièrement réjouissant et inspiré. Est-il vrai que tu détestais le lyrique avant de découvrir Nightwish ? Elegy Emma : Je te remercie pour ce magnifique compliment.
J'ai presque honte de te répondre... Mais oui, c'est vrai que je n'ai pas du tout aimé Nightwish la première fois que je les ai entendus en 96 ! D'abord, je n'étais pas familière du son lourd que j'entendais, même s'il ne me déplaisait pas à l'époque. Mais le chant... Oh ! My God ! Je n'ai pas trouvé ce mélange écoutable... Je n'étais tout simplement pas prête pour l'apprécier. Il faut dire que j'écoutais du Rock et de la Pop anglaise, à l'époque. Et un jour de 2000, j'ai découvert Within Temptation, et ça a été une révélation pour moi. La voix si cristalline de Sharon Del Aden, la sensibilité et la fragilité de sa voix... Je suis tombée amoureuse de cette musique et elle a beaucoup inspiré mon chant dans mes groupes de l'époque.
WITHIN TEMPTATION - Mother Earth (2001).
J'ai découvert au même moment The Gathering, Lacuna Coil, Rammstein, Type O Negative, pour ne citer qu'eux. Un monde que j'ai exploré à chaque instant et que j'aime toujours autant. Et c'est en 2007, qu'un proche me reparle de Nightwish comme un groupe extraordinaire dans le style Metal Symphonique. Je décide alors de prêter à nouveau une oreille attentive à cette musique qui ne m'avait pas séduite à l'époque. Et là, c'est une deuxième révélation : le chant lyrique ! Je décide alors d'écouter toute leur discographie avec Tarja, dont le chant me transcende cette fois. Quelle tristesse de ne jamais avoir eu ce tilt avant, il m'aurait permis d'assister à l’un de leurs concerts !
D'ailleurs, ce qui est drôle, c'est que plusieurs fois après les concerts de Dreamslave, des chanteuses lyriques diplômées du conservatoire sont venues vers moi pour me féliciter et me demander dans quel conservatoire j'avais fait mes études, puis elles ouvraient de grands yeux étonnés quand je leur répondais que je le pratiquais en autodidacte.
En parlant de cours, j'ai lu que tu avais pris plus tard des cours avec l'étonnante Asphodel ( MVM - Ma Voix et Moi / Penumbra / öOoOoOoOoOo). Quels souvenirs en gardes-tu ?
Elegy Emma : Effectivement. C'est seulement en 2012 que j'ai décidé de prendre mes premiers cours avec Asphodel pour apprendre surtout à épargner ma voix lors des concerts avec Dreamslave, car le niveau avait grimpé d'un échelon par rapport à mes autres groupes et je ne devais pas forcer sur mes cordes vocales. J'en garde un souvenir chaleureux, ce fut une expérience qui m'a amené beaucoup de bien-être et de confiance en moi et en mes capacités vocales.
Lors de ma première rencontre avec Asphodel, je m’en souviens très bien, elle m'a dit après m'avoir faite chanter quelques instants sur «Somewhere» de Within Temptation : «Alors des fois j'ai des doutes sur la tessiture de mes élèves... Mais toi non ! C'est clair que tu es soprano et que tu as une sacrée voix !». Ma chère Aspho, je t'adresse un grand merci. Merci pour ces heures passées avec toi, ton humour et ton monde intérieur débordant d'idées farfelues. Merci d'avoir cru en moi.
Dreamslave naît en 2011, notamment à l'initiative de Peter, votre keyboardiste. Tu te souviens de votre première rencontre ? Elegy Emma :Oh la la oui ! Et j'ai même une anecdote à ce sujet qui te fera certainement sourire. Après avoir répondu à l'annonce internet d'un groupe nommé Dreamslave qui recherchait sa chanteuse, j'ai rencontré Peter et Mike autour d'un verre de jus de fruit dans un café lyonnais, et ils m'ont retenue pour une audition. Cette dernière s'est déroulée chez Peter, dans son appartement une pièce. Les gars jouaient sur des petits amplis, avec basse, guitare et clavier. Comme aucun micro n'était prévu pour moi, ils ont réglé les amplis au minimum de leur volume, en espérant qu'ils allaient réussir à m'entendre quand même. Au programme, deux morceaux d'Epica : une reprise de «Memories», de la comédie musicale Cats, et le morceau «Never Enough».
Dès le premier titre, je voyais les gars échanger des regards comme pour se dire : «Mais en fait, on ne s'entend pas !». Ma voix couvrait tout le reste ! Ils ont alors dû remonter leurs amplis pour que l'instrumental soit audible en me disant : «Ah bah toi, tu en as de la voix ! On ne s'attendait pas à ça... J'espère qu'on ne va pas trop déranger les voisins.»
Elegy Emma par Laurent Moulin.
Ton chant et les compositions de Peter se marient parfaitement. Avez-vous senti tout de suite que ça fonctionnait ?
Elegy Emma : La première fois que Peter m'a fait écouter ses compositions en devenir, c'était sur un logiciel qui ne traduisait pas forcément au mieux le potentiel qu'elles allaient acquérir. Il fallait beaucoup d'imagination pour entendre les chœurs, les orchestres et les chants de «The Vinland Saga» ou de «The Dark Crusade»... Mais j'ai réussi ! Et je me suis dit en premier lieu que c'était très rapide comme tempi, qu'il me faudrait du travail et de la persévérance pour relever le défi du chant sur ses compos.
Peter a tout de suite pensé que mon chant donnerait vie à ses œuvres, que ce serait une belle harmonie. Il a témoigné, et témoigne aujourd'hui encore, d'une grande confiance en moi et en mes capacités vocales.
"C'est comme une nouvelle ère
qui commence pour nous aujourd'hui !
RIP n'a pu recevoir l'accueil
que nous lui souhaitions à l'époque,
et il en a désormais l'opportunité."
"Rest In Phantasy", votre premier album autoproduit, parait en 2015. Il ressort aujourd’hui sur le label allemand MASSACRE RECORDS. Quel regard portes-tu aujourd'hui sur cet opus ?
Elegy Emma :J'ai beaucoup d'émotion à chaque fois que j'écoute «RIP». Il fut une expérience formidable, autant humaine que musicale. En premier lieu, ma participation au choeur que l'on peut entendre sur tous les titres. Des moments magiques de partage, des répétitions jusqu'à l'enregistrement. Ensuite, le temps passé en studio pour enregistrer le chant lead. A cette époque, je commençais seulement à maîtriser mon chant lyrique et je me laissais souvent embarquer par mes émotions. Finalement, les morceaux que je pensais être les plus difficiles pour moi - Pirate's Anthem, et surtout Angel Requiem - sont passés comme une lettre à la poste. Le plus difficile a plutôt été de faire ressortir un chant «Rock», plutôt dans les médiums, qui garde une cohérence avec mon chant lyrique.
Quant aux défauts et aux qualités de ce premier opus, je laisse les auditeurs libres de penser ce qu'il veulent de la production, des chants ou bien des paroles. Je n'ai aucun regret sur cet album, je pense que nous avons tous donné le meilleur à l'époque. Si aujourd'hui encore, un label s'y intéresse, c'est bien qu'il a un fort potentiel.
Que s'est-il passé pour Dreamslave après RIP ?
Elegy Emma :Après la sortie de RIP, nous avons tourné en Europe avec Lyriel, un groupe allemand, en 2016. Une expérience mémorable de plus de deux mille cinq-cents kilomètres en quinze jours, en camping-car. De belles scènes en Belgique et aux Pays-Bas, où l'accueil des organisateurs et du public a été des plus chaleureux. Puis le line-up de Dreamslave a évolué : le départ de notre ancien bassiste JR en 2015, et l'arrivée de Sajih ainsi que le passage de Louis à la guitare en 2016, qui reste une personne que nous affectionnons. 2016 a aussi été marquée par le départ de notre batteur Quent', ce qui n'a pas stoppé Dreamslave dans ses projets. Nous avons alors tourné le clip «Torments», en 2017, avec la collaboration d'une équipe de tournage très sympa et de Martial, que nous avions rencontré lors de notre tournée européenne et qui a accepté d'être notre batteur guest. Et l'année dernière, Mich' est arrivé au manche de la seconde guitare pour soutenir Nils, alors que Massacre Records signait notre premier album. C'est comme une nouvelle ère qui commence pour nous aujourd'hui ! RIP n'a pu recevoir l'accueil que nous lui souhaitions à l'époque, et il en a désormais l'opportunité. Avec le soutien de notre agence Aeon Music Management et la ressortie de RIP cette année, nous envisageons de reparcourir l'Europe - Et pourquoi pas plus ? - sur de belles scènes, pour le promouvoir à sa juste valeur, avec quelques années d'expérience supplémentaires.
DREAMSLAVE - Rest In Phantasy dans sa version 2015.
Le packaging et le livret du RIP version 2019 ont été repensés. A découvrir le 21/006/2019 !
On sait qu'un nouveau DREAMSLAVE est en préparation. Peux-tu en dire un peu plus ?
Elegy Emma :Ah là... On est dans le secret professionnel... Voilà ce que je peux te dire pour le moment : il va être fidèle à Dreamslave, tant dans la diversité de ses influences musicales que dans l'émotion que dégageront les chants, les orchestres, les chœurs... Il se trouvera quelque part entre le fantasme et la réalité, dans notre monde... Ou plutôt dans celui de notre compositeur Peter. Un album que nos fans trouveront, j'espère, haut en couleurs ! Nous prenons notre temps pour le réaliser, il est vrai... Nous l'avons.
En ce qui concerne mon chant sur cet album, j'espère qu'il en surprendra plus d'un... Il a évolué en cinq ans, heureusement d'ailleurs ! Il faut avancer dans la vie et ne pas rester sur ses acquis. Depuis RIP, j'ai intégré le conservatoire de musique pour travailler mon chant lyrique. J'ai aussi rencontré des personnes exceptionnelles qui m'ont épaulée dans mon développement musical. Je pense notamment à ma chère Annie, que je remercie sincèrement. Je m'égare un peu, mais le nouvel opus de Dreamslave, c'est aussi tout ça ! Un gain en maturité, en réflexion sur soi et sur les autres, des sentiments jusqu'alors inexplorés, qui naissent et transparaissent dans certains titres, un passé révolu et un avenir positif qui se profile.
Comme tu l'as compris, la date de sortie n'est pas encore fixée. Nous voulons présenter à notre public un album dont nous serons aussi fiers que RIP car nous y aurons tous œuvré avec le cœur.
Il y avait de belles collaborations sur RIP, je pense bien sûr au savoureux duo avec Najib, de Stolen Memory, sur Angel Requiem, mais aussi au violon de Thibaut Noizet sur le très réussi Pirate's Anthem. Des contributions sont-elles au menu du futur opus ?
Elegy Emma : Allez... en exclusivité pour toi, oui ! Il y aura des collaborations, avec des personnes que nous estimons. Et je peux même te dire que l'on va retrouver des gens là où on ne les attend pas...
Question toute personnelle du fan que je suis : la vidéo Live de ton duo avec Najib Maftah au Le Blogg de Lyon fonctionne très bien, y compris dans le jeu de scène. On peut le trouver dans une vidéo sur Youtube, mais la qualité sonore n'y est pas. Vous n'avez jamais envisagé de faire de ce titre, très porteur, un clip ?
Elegy Emma :La vidéo de «Angel Requiem» avec Najib qui est sur Youtube est une vidéo de fan et retranscrit un son de qualité sonore approximative. Nous avons réfléchi à présenter d'autres titres que «Torments» pour un clip, mais il a été jugé comme le plus porteur et représentatif de RIP. Par sa structure aussi, il était plus simple d'en réaliser une version éditée, plus courte que l'original, adaptée à un premier clip.
Un artiste que tu aimerais ou aurais aimé rencontrer ?
Elegy Emma :Difficile comme question... Je dirais que pour sa voix, son charisme et l'état d'esprit que dégagent les titres de QUEEN, j'aurais rêvé de pouvoir rencontrer et pourquoi pas - soyons folle ! - chanter avec Freddie Mercury.
Deux albums à placer sur l'Arche de Noé pour tout reconstruire ?
Elegy Emma :Deux ça fait bien peu... Mais si je dois me prêter au jeu, je dirais que deux des albums les plus importants de ma vie sont «Showbiz» de Muse et «Mother Earth» de Within Temptation. Ce n'est certainement pas avec ceux là que je reconstruirais le monde, mais ils ont marqué une période de ma vie et représentent bien ma passion pour le chant, les mélodies mélancoliques et sombres, le Rock et le Metal... Mon monde quoi !
Que fait DREAMSLAVE dans les prochains mois ?
Elegy Emma :Nous préparons l'avenir... Entre la promotion de RIP qui ressort, les interviews et le travail sur le deuxième opus, nous avons de quoi faire ! Nous sommes aussi en réflexion sur un deuxième clip et sur d'autres projets tout aussi ambitieux... Avec une touche acoustique. Nous devrions reprendre la route des concerts à partir de la fin 2019, après une pause estivale bien méritée.
Merci Elegy Emma d'avoir bien voulu répondre à nos questions. On souhaite une longue nouvelle vie à Rest In Phantasy, et on attend le nouveau Dreamslave avec beaucoup de curiosité.
Elegy Emma : Merci de nous soutenir comme tu le fais, ainsi que toute la scène française du Metal. Cela a été un réel plaisir de répondre à tes questions. Je te dis à bientôt pour la suite de nos aventures !
Dans une première partie d'interview, Seyminhol nous expliquait le contexte de la réalisation de l'album "Northern Recital" (2002). Dans cette suite, le groupe d'Algrange s'attache à l'album proprement dit et à son impact.
"Un volume sonore à ressusciter les Guerriers du Valhalla..."
Passionné d'histoire, Kevin s'est intéressé à l'expansion et à l'évangélisation du futur empire franc. Parce que c'est une thématique qui colle bien au Metal ?
Julien (batterie) : La thématique des Vikings et de la guerre païens/chrétiens colle bien au métal. Kevin est aussi croyant et c'est sans doute tout cela qui l'a fait écrire sur ce sujet. Nico (guitares, claviers) : Je pense surtout que cette thématique lui a toujours été propre. Je l'ai toujours entendu disserter de la civilisation Scandinave, de l'amalgame «sanguinaire» souvent propagé à tort à propos d'une culture avant tout marchande. Sa culture a fait le reste, surtout que, comme je le disais précédemment, peu de groupes mélangeaient à cette époque l'histoire (la culture) et la musique.
Kevin fait les textes, Nico la musique. Lequel s'adaptait à l'autre ?
Julien : C'était vraiment un travail d'équipe. Kevin donnait le thème général et le contexte pour que Nico puisse commencer à composer. On affinait ensemble une fois les textes terminés. Nico : Tout à fait. Kévin posait les bases écrites en détaillant le concept : temps forts, calmes, narrations... et je composais en conséquence. Ensuite tout était décortiqué et retravaillé en répétition, de façon à ce que chacun apporte sa contribution et surtout son avis.
Vous utilisez des instruments particuliers pour renforcer le côté "nordique" de cet opus...
Nico : Pas mal d'instruments ont été martyrisés durant cet album (mais encore plus sur le suivant), des percussions, des instruments à cordes médiévaux... Julien :Et nous avons fait jouer deux cornemuses sur certains titres. Un meilleur souvenir pour nous que pour l'ingé son… Nico : C'est clair ! Un volume sonore à ressusciter les Guerriers du Valhalla...
Photo d'archive fournie par Seyminhol
Le perfectionnisme dont est empreint Northern Recital (cf. les bruitages ou le livret avec l'histoire en Anglais et en Français...) deviendra une marque de fabrique de Seyminhol. Le mieux n'est-il pas l'ennemi du bien ?
Kévin (chant) : Non, il fallait montrer qu'un groupe français pouvait se hisser au niveau des grosses productions européennes et était en mesure d'aller taquiner les Allemands, les Italiens et les groupes anglo-saxons sur ce style. Nous voulions être estampillés groupe historique qui fait du travail sérieux. Et pour ça des cartes, une histoire, des faits explicités nous paraissaient essentiels.
La carte de Northern Recital. Julien : Tout ceci faisait intégralement partie du processus de création. Nous voulions aller au bout de notre idée. Le seul coté négatif était le coût d'un tel objet. Tant pour la création que pour l'impression. Nico : Par la suite, on a suscité une réelle attente, musicale, mais également artistique. Celle-ci nous a mené au superbe Digipack proposé sur «Septentrion's Walk».
L'artwork est réalisé sur vos indications ?
Kévin : Bien entendu. C'est Greg Lé, un ami graphiste, qui réalisait toutes nos pochettes de l'époque. Il avait lui aussi cet amour de l'heroic fantasy, des films épiques comme Conan le Barbare, Braveheart ou le Seigneur des Anneaux (nous étions en plein dedans) et il a largement contribué à façonner l'imagerie du groupe. Nous avions des backdrops dessinés par lui sur scène, des boucliers vikings en décoration près des amplis et un style bien adapté à notre musique. Nous ne laissions vraiment rien au hasard. Julien : C'est surtout Kevin qui a veillé à ce que tout colle bien aux légendes Nordiques. Pour le rendu général nous sommes vite tombés d'accord tant le travail de Greg était bon.
"Il y a une fougue, une envie et beaucoup de potentiel d'une manière générale sur cet opus."
Quelles sont les qualités et quels sont les défauts de Nordic Tales ?
Kévin : A mon sens, il y a très peu de défauts sur ce disque, excepté peut-être le son. Il y a une différence entre les deux premiers chapitres et la dernière partie issue de "Nordic Tales". Cela est dû au style des différents guitaristes qui ont interprétés les titres et aux orchestrations plus poussées lors de la composition des nouvelles parties de "Northern". Julien : Difficile d'être objectif… mais je pense qu'une des qualités est l'ambiance générale, on peut vraiment s'immerger dans l'album. La production aurait mérité plus de moyens pour être aux standards internationaux de l'époque, bien qu'il s'agisse d'un sacré tour de main pour un si petit studio ! Kévin : Pourtant il y a une fougue, une envie et beaucoup de potentiel d'une manière générale sur cet opus. Mon chant est très différent de tout ce que j'avais pu faire par le passé. Je fais des chœurs, des narrations et j'utilise vraiment pour la première fois toute la tessiture de ma voix.
D'un point de vue de l'histoire également, on est vraiment sur un concept très novateur. Ce sera la marque de fabrique de Seyminhol. Nico : Peu de défauts, c'est un album frais, original avec de superbes moments. Effectivement, le son aurait pu être meilleur avec un budget bien plus conséquent...
"Je croyais dur comme fer que cette fois-ci c'était la bonne."
Il vous permet d'ouvrir pour Royal Hunt, Blaze Bailey, Virgin Steel, Clawfinger... Seyminhol entre dans une nouvelle dimension ?
Kévin :Mon rêve devenait réalité. On côtoyait certains de nos groupes favoris, les gros magazines et les fans étaient au rendez-vous et très nombreux à nous suivre. On participait à des festivals et des contacts sérieux nous laissaient présager le meilleur pour la suite. Je croyais dur comme fer que cette fois-ci c'était la bonne et que nous allions y arriver. Pourtant, des arnaques, des promesses non tenues (contrat avec NTS qui n'a pas abouti et qui aurait permis au groupe d'être mieux diffusé en Europe) et un manque d'argent ont contribué à nous faire redescendre rapidement de notre nuage. Le retour à la réalité a été très difficile. Ce qui explique la durée de réalisation entre "Northern Recital" et "Septentrion's Walk", là où nous aurions dû sortir un nouvel album dans la foulée pour profiter des exceptionnels retours reçus sur "Northern". Julien : Toutes ces opportunités nous ont appris énormément. On se «professionnalise» en jouant sur de belles scènes. C'est ici qu'on voit la limite de notre label. Nous avons dû le plus souvent trouver les dates nous mêmes grâce à un réseau local. Nico : On voit nos tronches dans des mag nationaux, voire internationaux, sur des samplers, dans la rubrique des meilleurs espoirs. Là tu te dis vraiment que tu as bossé dur pour quelque chose.
Quel était l'accueil critique de l'album ?
Kévin : Colossal dans de nombreux pays européens. Certains magazines pensaient que nous étions signés par un gros label et que nous vivions de notre musique. Or, nous étions tous étudiants, salariés ou en passe de le devenir. Des discussions avec des groupes étrangers ont aussi contribué à nous ouvrir les yeux sur le monde du business et de la musique. Certains groupes que nous pensions pro ne gagnaient pas assez d'argent pour vivre. Ils étaient obligés de donner des cours de musique, de travailler à côté dans des bars ou sur des projets qui étaient à des années lumières de leur quotidien musical. Bref, il y a peu d'élus et encore moins lorsque l'on est français. Mais en 2002-2005, il y a avait malgré tout encore des possibilités et de l'espoir. Julien : A l'époque l'essentiel se faisait dans la presse papier, et c'était dingue de voir l'album dans des magazines internationaux. Nico : Si on compare à l'époque actuelle, on peut vraiment se dire que l'album a bien circulé et voyagé (et surtout sans mettre la main à la poche, chose ultra courante aujourd'hui...). Hormis les quelques défauts de «jeunesse» les médias ont reconnu cette originalité et ce mélange heureux entre histoire et musique.
"Après cet album, notre vision de la musique a complètement changé."
Quid de l'accueil public ? On dit qu'il s'écoulera à plus de 12500 exemplaires mais que vous abandonnez les droits pour la Russie pour un cachet de... cinq cents dollars !
Kévin : Le public était présent à tous nos concerts. Je me souviens de soirées mémorables, avec des séances d'autographes à n'en plus finir. Des séances photos, des demandes d'interviews en rafale. Bref… Une autre époque. Pour les arnaques dont je parlais, le plan avec un label russe a été la cerise sur le gâteau. On a cédé nos droits pour cinq cents dollars, en effet, et l'album s'est écoulé dans les Pays Baltes, en Russie et jusqu'en Finlande, à plus de 12500 exemplaires. Une anecdote réelle à ce sujet m'a été comptée par notre ancien guitariste, Éric, qui n'était plus dans le groupe en 2003. Il travaillait pour Goodyear au Luxembourg et se trouvait régulièrement en déplacement en Europe dans le cadre de ses activités. Un jour, alors qu'il travaillait en Finlande, autant dire dans le trou ….. du monde, il s'est trouvé dans un bar dont le jukebox passait notre album. Un pur délire… Julien : Les gens étaient très enthousiastes aux concerts. Pour le reste, à l'époque, j'étais une jeune recrue et je ne m'occupais pas de cela. Nico : On a conclu ce deal afin de propager au maximum notre musique, afin de pouvoir plaire à un label étranger. L'argent de nous semblait pas (à l'époque) si dérisoire que ça. En fait , le souci est que l'on ne savait pas avec exactitude combien de CDs se vendraient en Russie. On était loin de la vérité.
"Northern Recital" me semble la pierre angulaire de la carrière de Seyminhol. Il orientera toute la suite de son parcours. Et pour vous, quelle est sa place dans la carrière de Seyminhol ?
Kévin : Sa place est fondamentale dans l'histoire de Seyminhol. Il nous a fait grandir musicalement et, après cet album, notre vision de la musique a complètement changé. C'est l'album dont je suis le plus fier avec "The Wayward Son" paru en 2015. Deux disques épiques, très symphoniques, avec une histoire forte. J'en suis fier parce qu'ils sont très originaux et un peu expérimentaux finalement dans leur forme. "Ophelians fields" est aussi un très bon album mais il est plus progressif, plus difficile d'accès. Susceptible de diviser. Julien : Cet album est très important dans ma vie de musicien. C'est mon premier enregistrement, mes premières vraies scènes. Dans la carrière du groupe il marquera le passage du heavy metal au metal symphonique. Chris (basse) : Tout à fait : la naissance du «nouveau» Seyminhol. Nico : A titre personnel, c'est l'album qui m'a permis de prendre conscience que j'étais capable de composer un album complet et varié et d'y mettre mes tripes.
"Je ne sais pas s'il y aura un jour un nouvel album. Est-ce d'ailleurs attendu ? "
Conseilleriez-vous cet album pour découvrir l'univers de Seyminhol ?
Chris : Comme bande son d'une série à succès sur les Vikings par exemple... Kévin : Absolument, bien que je conseillerais davantage "The Wayward Son" parce qu'il est plus homogène, plus abouti, et qu'il réunit tout ce que nous savons faire de plus dramatique dans le symphonique. "Wayward" est plus gothique, symphonique, là ou "Northern Recital" incarne le power metal epique fortement empreint de rythmiques heavy metal traditionnelles.
Pour moi "The Wayward Son" est plus moderne, alors que " Northern Recital " est à la fois moderne pour son époque et pleinement enraciné dans une tradition inspirée par la NWOBHM. Le travail énorme fait sur les orchestrations et l'ajout de synthétiseurs ont donné à "Northern Recital" les caractéristiques d'un album novateur, par rapport au heavy traditionnel, mais il reste malgré tout ancré dans un style déjà pratiqué par Manowar ou Virgin Steele à la fin des eighties. Julien : J'adore cet album mais je conseillerais peut-être le suivant, "Septentrion's Walk". La production est meilleure et l'album plus homogène grâce à un line-up stable. Nico : Pour découvrir notre univers tout à fait. Après, je rejoins Kévin quant à la maturité et l'homogénéité de «The Wayward Son», album produit à 100% par le groupe contre vents et marées...
Seyminhol, "The Wayward Son" (2015)
Seyminhol a mis un terme à sa carrière l'année dernière. Que faites-vous maintenant ?
Kévin : Personnellement, je ne fais plus grand chose. J'ai un projet en sommeil avec Symakya mais il sera difficile d'enregistrer cet album rapidement bien qu'il soit terminé (concept et compositions). J'ai arrêté Seyminhol par manque de temps mais aussi par lassitude. Je ne me reconnais plus dans la société actuelle. Elle est éphémère, inintéressante, quasi millénariste. Et donc je n'accroche pas non plus à la scène musicale émergeante. Il n'y a plus de groupes capables de me faire vibrer. J'écoute donc d'autres styles de musique. Pour Seyminhol, je ne sais pas. Je ne souhaite plus faire de concerts et Nico aime la scène, donc c'est très compliqué. Un véritable dilemme. Je ne sais pas s'il y aura un jour un nouvel album. Est-ce d'ailleurs attendu ? Je n'en suis pas sûr… Vanité tout est vanité… Peut-être la conclusion à toute cette aventure humaine. Julien : J'avais déjà quitté Seyminhol avant la fin du groupe. J'ai monté un nouveau projet, We Are Electric, et nous venons de sortir notre premier album «Nipples Erection». Nico : Une nouvelle aventure est en route avec Chris. Un groupe de Hard Rock chanté en Français, Antechaos, dont nous espérons sortir un album courant 2021, avec beaucoup d'ambition.
Merci en tout cas pour cette interview et pour l'intérêt que tu portes à cet album et à l'histoire de notre groupe. On espère te croiser bientôt et sortir de ce merdier au plus vite ! Merci Seyminhol d'avoir bien voulu m'accorder cette interview.